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Point de presse de M. Philippe Couillard, chef de l'opposition officielle, M. Marc Tanguay, porte-parole de l'opposition officielle pour la Charte de la langue française et en matière de laïcité, M. Gilles Ouimet, porte-parole de l'opposition officielle en matière de justice, et de Mme Kathleen Weil, porte-parole de l'opposition officielle en matière d’emploi et d’économie sociale

Version finale

Tuesday, January 21, 2014, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-trois minutes)

M. Couillard : Alors, bonjour, mesdames, messieurs. Je voudrais, avec mes collègues, M. Tanguay, M. Ouimet, Mme Weil, vous communiquer les conclusions — il y a un petit peu de bruit de fond, là — les conclusions du comité présidé par M. Gilles Ouimet. Je pense que je vais faire une pause, parce qu'il y a énormément de bruit, là.

Une voix : ...

M. Couillard : Pardon?

Une voix : C'est l'autre côté.

M. Couillard : C'est l'autre côté? Êtes-vous capables de m'entendre correctement, cependant? O.K.

Alors donc, je vais vous communiquer les conclusions du rapport présidé par M. Gilles Ouimet. Vous savez que c'est un comité qui a été important pour nous. Il était composé de 20 membres de notre parti : il y avait quatre militants, 14 députés de diverses régions du Québec, un représentant de mon cabinet et également une personne employée du service de recherche. Ce comité a tenu sept réunions plénières, mais de nombreuses autres réunions en petits groupes et des consultations de spécialistes et d'experts. Alors, on a rencontré des auteurs, des juristes de renom, des sociologues, des policiers, des dirigeants d'organisme public dans divers domaines en lien, bien sûr, avec les questions posées.

Le résultat, ce matin… cet après-midi, pardon, c'est une position claire, ferme et adoptée, qui reçoit l'assentiment de l'ensemble des membres du caucus libéral. Vous le savez, le Parti libéral du Québec adhère à des principes communs qui définissent notre société et qui font largement consensus au Québec. Rappelons-les : bien sûr, l'égalité entre les femmes et les hommes, la neutralité religieuse des institutions de l'État, le respect des droits et libertés individuels dans une société inclusive, tolérante et ouverte et la livraison et la réception des services publics à visage découvert. Cette vision est basée sur des principes que nous avons souvent exprimés : l'attachement à nos libertés et droits fondamentaux tels que définis par la Charte des droits et libertés de la personne, l'ouverture sur le monde, la tolérance et l'inclusion.

C'est très important de retenir que, s'il est vrai qu'une approche d'interdiction mur à mur telle que proposée par le Parti québécois est injustifiée et inapplicable, il est aussi nécessaire d'encadrer l'exercice des droits. Ne pas vouloir tout interdire ne signifie pas que tout doit être permis sans limite.

Le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes est incontournable dans notre société. C'est pourquoi nous l'avons renforcé, vous vous en souvenez, dans la Charte des droits en 2008. Il ne doit absolument pas y avoir de discrimination à l'emploi ni de perte d'emploi, car l'autonomie des femmes passe par l'emploi, particulièrement celle des femmes immigrantes. L'intégration passe par l'emploi, pas par le congédiement. Les Québécois sont profondément attachés à nos libertés et droits fondamentaux tels que définis dans la Charte des droits et libertés de la personne. Les chartes ne sont pas de simples lois passagères. Il s'agit d'un héritage libéral, d'ailleurs des plus significatifs, et les Québécois n'acceptent pas que la charte soit modifiée au gré des visées électoralistes. Nous proposons donc que toutes les modifications à la charte doivent désormais être soumises par un vote de deux tiers des membres de l'Assemblée nationale. C'était d'ailleurs une recommandation de la commission des droits, il y a quelques années.

Suivant les principes que je viens d'indiquer, le Parti libéral du Québec dit oui à la neutralité religieuse de l'État qui doit être incluse dans la charte; à la préservation du patrimoine religieux du Québec et du crucifix au salon bleu de l'Assemblée nationale, le crucifix reste au salon bleu de l'Assemblée nationale; aux services de l'État donnés et reçus à visage découvert; à l'interdiction du port de la burqa, du niqab et du tchador par les employés de l'État; à la nécessité de définir les balises des accommodements; au fait que tout accommodement doit respecter, bien sûr, la charte québécoise des droits et libertés et ne peut absolument pas, sans concession bien sûr, enfreindre le principe de l'égalité des femmes et des hommes.

Pour qu'un accommodement soit considéré comme raisonnable, nous proposons d'ajouter un nouveau critère d'analyse. Il faut que le demandeur doit prouver qu'il a fait… qu'il ou qu'elle a fait les efforts nécessaires pour s'intégrer dans son milieu de travail. Lorsque j'ai rencontré les Québécois, souvent, on me donne le message suivant : on a la perception que cette augmentation de la diversité chez nous s'accompagne de concessions qui vont toujours dans le même sens, des institutions de l'État vers les personnes qui font les demandes. C'est un principe qui n'est pas nouveau, qui existe, qu'il doit y avoir un effort des deux côtés. S'il n'y a pas d'effort du demandeur, il n'y a pas d'accommodement.

En ce qui concerne maintenant les policiers et les gardiens de prison, les fameux agents coercitifs, qui étaient une partie importante du mandat de M. Ouimet et de ses collègues, on le sait, ces agents sont déjà soumis... c'est-à-dire on le sait, mais tout le monde ne le sait pas, et laissez-moi le dire pour que les Québécois l'entendent bien, on ne se lève pas un matin, on ouvre son garde-robe puis on décide comment on s'habille pour aller travailler au poste de police. Il y a une loi sur la police, il y a un règlement sur le port de l'uniforme, qui prescrit de façon très détaillée, allant jusqu'au ceinturon, la couleur des souliers, le port de l'uniforme réglementaire.

Je rappelle encore une fois qu'il n'existe aucun cas recensé au Québec. C'est donc une situation hypothétique. Cependant, on me dit : Oui, mais si, un jour… Alors, si une demande d'accommodement est, un jour, faite, l'autorité compétente devra l'évaluer — c'est d'ailleurs son obligation légale — mais en tenant compte du respect incontournable de l'égalité entre les femmes et les hommes sur la base des critères de la sécurité, de la communication ou de l'identification et aussi en compatibilité avec la fonction occupée. Le demandeur devra prouver la nécessité de sa demande. Il y a un renversement du fardeau de démonstration. Le demandeur doit également, je le rappelle, faire une démonstration d'effort réciproque.

Le Québec est une société d'accueil ouverte et inclusive, mais les Québécois veulent que les valeurs de la société d'accueil s'affirment et soient préservées dans l'expression de la liberté religieuse de tous les Québécois. Pour nous, l'égalité entre les femmes et les hommes est incontournable. Personne, et surtout aucune femme, ne devrait être menacé de perdre son emploi en raison de ses croyances. Le Conseil du statut de la femme l'a à maintes reprises démontré, l'autonomie des femmes passe par l'emploi. L'intégration passe par l'emploi, pas par le congédiement.

Les Québécois sont profondément attachés à nos libertés et aux droits fondamentaux, tels que définis, bien sûr, dans nos chartes. Ceci dit, encore une fois, l'exercice de ces droits et libertés doit être encadré de manière claire. Nous proposons non pas d'interdire, mais d'encadrer l'exercice des droits. Notre position s'articule autour du respect de ce que nous sommes, de ce qui nous définit tous collectivement, historiquement et culturellement. Je veux redire que je comprends et je partage les préoccupations exprimées par la population du Québec face, particulièrement, à la montée de l'intégrisme religieux dans plusieurs pays et la crainte que ce phénomène gagne notre territoire un jour. Parce que, disons-le encore une fois — et d'autres l'ont répété très récemment — le projet de loi n° 60 du Parti québécois passe complètement à côté de cette préoccupation : la menace de l'intégrisme. Et à ceux qui disent que la charte est une réponse contre l'intégrisme, je réponds : Ça n'a aucun sens, c'est le contraire. L'intégrisme se nourrit de mesures d'exclusion. Il s'en donne des munitions pour alimenter son recrutement.

Au Parti libéral du Québec, sur cette question d'intégrisme, nous dénonçons toute idéologie qui justifie des comportements portant atteinte à la liberté, à la dignité, à l'autonomie de la personne, au droit à l'égalité. L'intégrisme au Québec, c'est un phénomène heureusement peu présent chez nous encore, et on souhaite qu'il le demeure, mais ça doit être documenté, mesuré et étudié, et nous proposerons des mesures en ce sens. Nous allons nous doter, au Québec, d'un organisme qui va documenter, étudier, mesurer et publier les résultats de ses travaux sur les manifestations de l'intégrisme au Québec. Le comité a d'ailleurs recommandé d'autres mesures dans le domaine de la lutte contre l'intégrisme, par exemple… Et, bien sûr, ces mesures seront dans un projet de loi que nous allons commencer à rédiger au cours des jours qui viendront, mais je vous indique d'avance, avant que vous me posiez la question, que le projet de loi ne sera pas déposé avant la fin des travaux de la commission en cours, parce que nous allons entendre, lors de cette commission, des éléments, des informations qui pourraient nous aider à bonifier le texte.

Mais revenons à quelques exemples d'orientations qui seront contenues dans ce projet de loi. D'abord, nous voudrions renforcer la protection de la jeunesse en définissant, dans la Loi sur la protection de la jeunesse, la violence basée sur l'honneur comme constituant d'une violation grave des droits de l'enfant qui la subit, donnant ainsi à la Direction de la protection de la jeunesse un mandat clair et explicite sur cette question d'intervenir précocement. Nous suggérons également de mettre en place une équipe spécialisée au sein de la Direction de la protection de la jeunesse afin de porter assistance rapidement aux directions régionales confrontées à un enjeu de violence sur l'honneur ou d'autres enjeux similaires sur leur territoire.

Nous devons améliorer la formation des intervenants des milieux de l'éducation, de la santé, des services sociaux, de l'immigration, des services judiciaires et de la sécurité publique. Nous devons assurer une meilleure coordination entre ces intervenants. Nous devons améliorer l'accompagnement des immigrants et repérer les personnes qui pourraient être à risque d'être victimes de manifestations d'intégrisme.

Nous voulons aider les victimes de l'intégrisme en soutenant la mise sur pied de refuges pour les victimes, par exemple de violence basée sur l'honneur ou toute autre coercition portant atteinte à l'intégrité physique et psychologique de la personne. Nous voulons bonifier la stratégie d'intervention policière pour mettre sur pied une équipe conjointe d'experts qui assurera le lien entre les différents services de police concernés.

Mais il faut également aller dans la prévention, dans l'intervention en amont. Nous voulons soutenir les groupes communautaires qui sont dédiés à lutter contre ce phénomène, particulièrement dans le lien à faire entre la société civile du Québec et les jeunes dans les différentes communautés, de façon à encourager leur engagement civique. Le comité recommande également d'autres mesures législatives, par exemple pour prévoir des mécanismes de sanction contre les discours haineux, renforcer les règles relatives au mariage et à l'union civile afin de s'assurer du consentement libre et éclairé des époux et contrer, bien sûr, le phénomène des mariages forcés; mettre en place un mécanisme permettant de … sanctionner, pardon, devant les tribunaux de juridiction civile, des comportements tels que ceux que nous avons décrits.

Je conclurai en disant que le projet de loi n° 60 proposé par le Parti québécois ne règle pas et n'améliore pas ces situations, tel que l'ont affirmé encore récemment le Barreau du Québec et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Il est faux de dire que la neutralité de l'État signifie la neutralité des individus. Il est faux de dire que tout interdire est une approche justifiée, applicable. Il est vrai de dire que les droits ne sont pas absolus, que leur exercice doit être encadré et délimité. C'est ce que nous proposons au Québec. Merci.

Le Modérateur : On va passer à la période des questions. On va débuter à la droite de M. Couillard. Je vous demanderais de vous identifier ainsi que le média que vous représentez.

Mme Biron (Martine) : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard (Philippe) : Bonjour.

Mme Biron (Martine) : Martine Biron de Radio-Canada. Bon, le tchador, est-ce que vous changez encore d'opinion? Et ce que je comprends, c'est que ça ne serait pas soumis au test des accommodements raisonnables comme vous l'avez présenté la semaine dernière.

M. Couillard (Philippe) : Non. Je vais répondre de façon très claire. Nous ne voulons pas d'employé du secteur public, des services gouvernementaux, portant le niqab, la burqa ou le tchador.

Maintenant, c'est des mots que beaucoup de nos concitoyens ne comprennent pas et qui sont un peu théoriques. Les deux premiers comportent le voile facial. Donc, par définition, ils sont déjà couverts par la notion de service public à visage découvert. Nous ajoutons le tchador comme… Le tchador, c'est un grand vêtement sombre qui cache complètement la personne à l'exception de l'ovale du visage. Dans les trois cas, il s'agit de vêtements légaux. Il est permis par la loi d'avoir ce vêtement dans la rue.

Cependant, nous portons le jugement suivant. C'est que ces vêtements, outre la question du visage, sont également des manifestations d'une situation d'oppression de la femme, et d'exclusion, et de retrait social qui nous apparaît incompatible avec l'exercice des services publics.

Mme Biron (Martine) : Pour le reste, je comprends que ça passerait à travers le test de l'accommodement raisonnable.

M. Couillard (Philippe) : Ça doit, de toute façon, se faire de cette façon-là.

Mme Biron (Martine) : Est-ce qu'un policier pourrait porter le turban, par exemple?

M. Couillard (Philippe) : Il peut demander de porter le turban. Il doit justifier la raison pour laquelle il fait cette demande. Il doit…

Mme Biron (Martine) : Dans quel cas est-ce qu'il pourrait le…

M. Couillard (Philippe) : Pardon?

Mme Biron (Martine) : Dans quel cas est-ce qu'il pourrait le…

M. Couillard (Philippe) : Alors, voilà ce qu'il faut éviter…

Mme Biron (Martine) : …ça pourrait oui ou non?

M. Couillard (Philippe) : Voilà ce qu'il faut éviter dans la question des accommodements. Il faut fixer les balises et respecter l'autonomie des organisations. Que nous ont dit les organisations qui ont témoigné et qui vont témoigner, les commissions scolaires, les hôpitaux? Nous sommes capables de régler et de gérer ces problèmes, nous le faisons sans problème. La réalité s'est adaptée au phénomène. La ville de Montréal, par exemple, a un guide, et, par définition, on ne peut pas prévoir, dans un guide, toutes les variantes.

Mais, pour reprendre votre exemple et votre question, si un directeur de police reçoit un jour… Je rappelle qu'il n'y a pas un seul policier au Québec qui porte un turban. On est dans une situation hypothétique. Mais, si un jour quelqu'un fait cette demande, la demande devra être étudiée en portant particulièrement attention aux critères de sécurité, de communication et d'identification. Alors, selon les différents types de fonctions policières, plusieurs types de réponses peuvent être possibles. Laissons l'autonomie aux dirigeants et assurons-nous également que les principes sont bien connus et diffusés.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

M. Couillard (Philippe) : Bonjour.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour, M. Couillard. Jocelyne Richer, LaPresse canadienne. Est-ce que vous ne prônez pas une neutralité religieuse à géométrie variable, dans le sens que vous transférez la responsabilité aux dirigeants d'organisme qui devront interpréter à leur façon les balises générales que vous proposez?

M. Couillard (Philippe) : Bon, d'abord, ça se passe comme ça dans la majorité des sociétés démocratiques. Ce n'est pas une invention du Parti libéral du Québec. Deuxièmement, il y a deux concepts qui se mêlent un peu dans votre question : le concept de la neutralité religieuse et le concept des accommodements. Ce n'est pas nécessairement toujours en nécessaire complète cohérence, les deux.

Sur la notion de la neutralité religieuse, je voudrais y revenir, si vous me le permettez, à l'aide de votre question, parce que je crois que ce sera le conflit fondamental ou l'opposition fondamentale. J'ai vu M. Drainville ce matin, qui a d'ailleurs fait des déclarations à ce sujet. Pour nous, la neutralité religieuse de l'État ne signifie pas la neutralité des individus. Puis, encore une fois, ce n'est pas une invention du Parti libéral du Québec, c'est de cette façon que ça se gouverne partout en Amérique du Nord, dans les autres provinces canadiennes et chez nos voisins des États-Unis d'Amérique.

De la même façon, le respect de notre patrimoine religieux catholique, historique au Québec ne met pas en cause la neutralité religieuse de l'État. Alors, ça, c'est une distinction fondamentale. Il y a des éléments, bien sûr, là-dedans, de discussion, il y a même des éléments d'accord. Je veux le rappeler parce qu'on ne le répète pas assez souvent, donc il faut répéter, il y a beaucoup d'éléments, dans le projet de loi du Parti québécois, qui correspondent à ce que nous appelons les objets de consensus : le visage découvert, la balise des accommodements — et, en passant, la géométrie variable s'applique également au projet de loi n° 60, parce qu'il prévoit également des balises d'accommodement — et, bien sûr, les autres mesures que nous avons mentionnées.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais est-ce qu'il n'y a pas beaucoup de place laissée à l'arbitraire, en ce sens que, devant une même situation, un dirigeant d'organisme pourrait dire : Bien, ceci est raisonnable, et un autre dirait : Non, ce n'est pas raisonnable? À ce moment-là…

M. Couillard : Ce que je dirais, plutôt qu'utiliser le mot «d'arbitraire», j'utiliserais le mot «jugement», le mot «jugement» et le mot «d'autonomie des institutions». Et, encore une fois, ce n'est pas un concept qu'on invente, qu'on sort de notre chapeau. C'est comme ça que ça se gouverne avec succès dans les sociétés dans le monde et c'est comme ça qu'au Québec, jusqu'à maintenant, on l'a gouverné. On a eu — je pense que le rapport Bouchard-Taylor l'indique — une pseudocrise des accommodements il y a quelques années, qui a été suivie d'une réaction positive dans le fait que les institutions se sont dotées de guides.

Depuis ce temps-là, vous devez admettre qu'il y a très peu d'épisodes qui ont été signalés à l'opinion publique, parce que les situations, justement, sont variées, sont toutes différentes et sont gérées localement.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour, M. Couillard. Bonjour, mesdames, messieurs. Robert Dutrisac du Devoir. Vous réclamez du Barreau du Québec et également de la Commission des droits de la personne, maintenant, toute interdiction générale d'un signe religieux, quel qu'il soit. Ça inclut la burqa, le niqab, le tchador et le visage découvert également. C'est des signes religieux dont on parle… et n'est pas conforme aux chartes. C'est ce que dit la commission, c'est ce que ça dit… Est-ce que vous pensez à une clause dérogatoire sur un éventuel projet de loi?

M. Couillard : Non. Alors, merci pour votre question. Une des raisons pour lesquelles, pour plusieurs de ces éléments, nous ne voulons pas emprunter la voie légale ou législative, c'est que, justement, nous n'ouvrirons pas la porte à l'utilisation de la clause dérogatoire pour des questions de vêtement. Franchement, là, je trouve qu'on irait très loin dans notre société, si on arrivait là. C'est donc pour ça qu'il y a d'autres outils qui arrivent exactement au même résultat.

Sur le préambule de votre question, je vous dirais la chose suivante : Notre approche n'est pas que légaliste. Bien sûr, vous avez entendu le Barreau et la commission des droits. Notre approche vient de ce que les Québécois veulent, de ce que j'ai entendu, de ce que nous avons entendu. Ils savent, les Québécois, qu'ils sont un peuple tolérant et ouvert, mais ils disent : Il y a des limites. Il y a des limites que nous devons exprimer. Donc, la façon dont nous exprimons les limites va varier selon les partis politiques ou, du moins, entre le Parti québécois, nous et Québec solidaire, essentiellement... et la CAQ, bien sûr, mais c'est ça qui définit le débat politique ici. Comment définissons-nous le niveau d'intervention de l'État? Comment définissons-nous le concept de la neutralité? C'est quoi, la neutralité? Qu'est-ce que ça veut dire, en français, pour le monde, là?

La neutralité, c'est que tu peux porter un signe religieux, et ça ne fait pas de notre État un État non laïque. Y a-tu quelqu'un qui doute, au Québec, qui pense qu'on est un État religieux, au Québec, actuellement, dans l'état actuel du droit? Y a-tu quelqu'un qui pense sérieusement ça? Non, on n'a pas d'État religieux au Québec, on n'en veut pas non plus. C'est pour ça que l'un et l'autre ne sont pas les mêmes…

M. Dutrisac (Robert) : Oui, mais vous parlez de quoi, de règlement de la fonction publique?

M. Couillard : Alors, par exemple, pour les policiers, là, on vient d'expliquer comment on va le gouverner. Dans le cas de la burqa et du niqab, ils ont le visage découvert. Il y a eu des arguments législatifs, à l'époque où ma consoeur a fait son projet de loi, parce que le même concept s'y retrouvait, et on croit que c'est solide, sur la base de la communication et de la sécurité, l'identification. Le tchador... on croit également que les tribunaux, et j'en discutais justement avec mon collègue M. Ouimet, ont reconnu la compétence des autorités pour codifier la façon dont les employés se vêtissent. D'ailleurs, on a des exemples de ça tous les jours dans nos écoles. Alors, ça se fait de cette façon-là.

En pratique, maintenant, je voudrais dire la chose suivante, parce que cette question du tchador a occupé beaucoup l'attention au cours des derniers jours, vous en conviendrez, et on a rarement vu une question hypothétique prendre autant de place dans l'opinion publique. La chose à redire, c'est que ce vêtement est un indicateur — je vous l'ai déjà dit ici — d'un retrait social, d'un manque de désir de participer à la société et, particulièrement pour les femmes, d'entrer en contact avec les personnes du sexe opposé, en contact rapproché, par exemple dans un milieu professionnel. Alors, non seulement cette situation n'existe pas, mais il est hautement improbable qu'elle se produise pour la raison que je viens de vous expliquer.

Ceci dit, si un jour elle devait se produire, il faut donner les outils à l'État, aux autorités pour statuer sur cette question.

M. Dutrisac (Robert) : Maintenant, Mme Houda-Pepin a dit ce matin à la radio qu'elle avait dit au caucus que la position libérale, telle qu'elle est formulée, allait faire perdre les prochaines élections au Parti libéral. Est-ce à dire que vous placez la défense des libertés individuelles par-dessus, si on veut, ou au-delà des préoccupations électorales à court terme?

M. Couillard : Alors, d'abord, je n'ai pas l'intention d'entreprendre un dialogue avec Mme Houda-Pepin par l'intermédiaire des médias. Je vous l'indique d'avance, là, au cas où il y aurait des déclarations, des choses. Vous pouvez me le demander, mais je vais vous répéter la même chose.

Maintenant, vous m'ouvrez, avec votre question, la porte que j'empresse d'ouvrir. Justement, faire de la politique, ce n'est pas ça. Faire de la politique, c'est dire au monde : Voici dans quoi je crois. Moi, je crois au Québec, puis je crois à nos traditions, puis je crois à notre patrimoine, mais je crois également qu'on a des règles à suivre en société, puis voici la façon dont moi, comme chef d'un gouvernement libéral, je vais mettre ces règles en place. Je pense que les gens respectent ça, respectent quelqu'un qui est capable d'exprimer ses principes. Je ne dis pas que tous seront d'accord, mais tous seront d'accord avec ce qu'on dit. Je vois déjà nos adversaires politiques être en désaccord, il y a une partie de la population qui va être en accord, d'autres en désaccord. Ce que je dis à la population, ce que je leur répéterais dans la campagne électorale qu'on aura un jour : Voici ce que je crois, voici ce que je pense, voici ce que je vais faire. Vous décidez. Si vous voulez soutenir ce que je propose, vous voterez pour le Parti libéral du Québec.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Geneviève Lajoie, Journal de Québec. M. Couillard, vous avez dit que vous ne présenterez pas de projet de loi maintenant, vous attendez la fin des consultations. Vous avez dit, question peut-être, suite aux interventions dans la commission, peut-être de bonifier ou d'améliorer le projet. Est-ce que c'est donc dire que vous pourriez à nouveau changer de position?

M. Couillard : Non. Ce que je veux déterminer, c'est notre position. Puis je voudrais faire un commentaire, parce qu'il y avait une petite remarque dans votre question quand même, je crois, sans vouloir abuser de mes prérogatives de celui qui parle au micro ici. Notre position, sur l'essentiel, elle n'a jamais changé. Si vous regardez ce que j'ai dit en septembre, en décembre, aujourd'hui, je répète que, pour nous, l'interdiction du port de signe religieux par les employés de l'État, ça n'a aucun sens. Je répète que je veux qu'il n'y ait personne qui perde sa job au Québec pour une histoire semblable. Je veux que personne ne soit congédié. Je veux que personne ne se fasse refuser le droit à l'emploi. Je veux que particulièrement les femmes immigrantes du Québec s'intègrent à notre société en ayant accès au milieu du travail. Je ne veux pas qu'elles en soient exclues. Ça, ça n'a jamais changé, ça reste là.

Maintenant, au fil de l'actualité, il y a des questions nouvelles, des concepts nouveaux. Puis on a fait beaucoup de discussions un peu théoriques, au cours des dernières semaines, des derniers jours. L'exemple de ça, c'est les deux que j'ai traités dans mes remarques, les polices puis la question du tchador. Je n'ai jamais vu autant d'attention donnée à des situations non existantes que ça. C'est quand même un phénomène intéressant. Il y a des raisons politiques pour ça, bien sûr, puis on va le faire puis on en parle, mais c'est quand même, avouez-le, surprenant de voir que, alors qu'il n'y a pas de policier qui porte des signes religieux, il n'y a pas une seule femme avec un tchador dans les services publics, on en fait une question, là, brûlante d'actualité. Ça me paraît quand même intéressant comme phénomène. Ceci dit, on y répond et on le dit clairement.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais, à la vue des résultats, des perceptions des gens, est-ce que vous reconnaissez avoir peut-être fait des erreurs dans les mois qui... dans les derniers mois sur ce sujet-là?

M. Couillard : Alors, je vais vous rassurer tout de suite, je ne prétends pas à la perfection humaine. Comme tout le monde, il m'arrivera, il m'arrive, il m'est arrivé de faire des choses que j'aurais pu faire différemment. Par exemple, les gens me reprochent de ne pas être allé assez vite dans ce dossier-là. Bien, j'ai voulu prendre le temps, parce que c'est une situation compliquée, avec beaucoup de demi-teintes. Ce n'est pas du blanc puis du noir, malgré ce que le PQ vous dit, c'est beaucoup de demi-teintes puis de nuances. Alors, j'ai voulu prendre le temps de bien étudier la question, pas tout seul, avec mes collègues puis avec mon parti. J'ai voulu ouvrir une espace de discussion avec tous les membres du caucus pour que toutes les opinions soient exprimées.

En faisant ça, je vous dirais cependant que je savais que je m'exposais aux critiques. Le jour où je suis venu vous voir avec Mme Houda-Pepin ici, je vous ai dit que je formais le comité de M. Ouimet, j'avais parfaitement conscience des remarques médiatiques, éditoriales et autres que j'aurais à recevoir et je l'ai accepté. Je l'ai accepté parce que c'était important pour moi de remplir mon rôle de chef de parti de cette façon. Maintenant, la situation ne peut pas être éternelle et, comme vous le voyez, elle ne l'a pas été.

Maintenant, est-ce que les choses peuvent toujours être mieux faites? Bien sûr. Et moi, comme les autres, je m'analyse, je peux vous dire, constamment, parfois même plus sévèrement que vous, et je suis prêt à faire toutes les remarques sur la façon dont je fais les choses. J'accepte, en passant, dans les réunions que nous faisons à huis clos, j'accepte que mes collègues me fassent des remarques : On aurait pu faire ça différemment, cela différemment. C'est ça qu'est un groupe, c'est ça qui fait qu'un groupe est uni puis c'est ça qui fait qu'un groupe fonctionne bien.

Mme Lajoie (Geneviève) : ...technique, c'est l'approche, donc, des accommodements raisonnables que vous prônez.

M. Couillard : Sauf, excusez-moi, sauf pour la burqa, le niqab et le tchador, qui sont les interdictions.

Mme Lajoie (Geneviève) : O.K. Dans le cas des accommodements... Expliquez-moi d'abord, je ne comprends pas le tchador. La burqa, d'accord, le niqab, d'accord, puisque ce n'est pas le... c'est en raison du visage découvert. Mais le tchador, vous vous appuyez sur quoi?

M. Couillard : Voilà. Alors, c'est un jugement qu'on pose. Lorsqu'on établit des politiques publiques, on établit également ce à quoi on croit puis les jugements. Forcément, il y a une part de subjectivité là-dedans. Alors, je vais vous indiquer tout de suite la limite. Le rôle d'un chef de parti, d'un gouvernement, d'un parti politique, c'est de tracer la limite, la ligne dans le sable, comme on dit.

Alors, pour nous, la limite, elle est là. On a des femmes sous nos yeux, dans notre société — j'en voyais ce matin même ici, à l'Assemblée — qui portent le foulard ou le hidjab, pour parler en français — c'est la variante où on voit moins le cou, là — qui sont des exemples frappants, frappants et admirables de participation, et d'intégration sociale, et d'égalité. On en voit. Il peut y avoir des situations différentes, mais ces situations existent aussi.

Dans le cas de ces trois vêtements, outre la question du visage découvert, nous considérons que le port de ces trois vêtements par la femme est l'instrumentalisation de la religion pour des fins d'oppression et de soumission. Nous posons ce jugement, nous en réclamons la légitimité. Pour le faire correctement et éviter les clauses dérogatoires puis les procès à n'en plus finir, nous allons utiliser non pas les accommodements, mais l'autorité des administrations pour statuer sur la façon dont les gens se vêtissent.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

M. Journet (Paul) : Bonjour. Paul Journet.

M. Couillard : Bonjour.

M. Journet (Paul) : Je comprends que la question du tchador est devenue une pelure de banane médiatique. Mais au nom de quoi faites-vous cette distinction-là entre le tchador et le hidjab? Est-ce que vous vous êtes basé sur des spécialistes ou sur des études? Parce qu'il y a plusieurs personnes qui sont venues, depuis le début, de la communauté musulmane dire que ce que vous dites du tchador, eh bien, ils le disent aussi du hidjab, c'est-à-dire un certain lien avec l'exclusion. Donc, d'où ça vient cette distinction-là, nouvelle?

M. Couillard : Non. Alors, j'ai répondu, mais je vais répondre à nouveau. La différence est la suivante : d'abord, moi, je connais, par mon expérience de vie, peut-être un peu mieux que la moyenne des Québécois, ces situations vestimentaires. J'ai vécu dans ces régions et dans ces pays et je comprends très bien les messages qui sont envoyés par les vêtements. Premièrement. Et, pour moi, entre le tchador… Je répète, pour les gens qui nous écoutent, pour que ce soit simple, là, le tchador, c'est la grande tunique où on voit juste le visage. C'est la seule partie du corps qu'on voit, et les deux autres ont, en plus de ça, le visage caché. Dans ces trois cas, le message d'oppression, de soumission et de retrait social de la femme, pour nous, n'est pas acceptable et n'est pas compatible avec les services publics.

À l'opposé, pour aller directement avec votre question sur le foulard et le hidjab, il est venu la semaine dernière — je crois que c'est la semaine dernière, corrigez-moi si c'était… il faut que ce soit la semaine dernière parce que la commission a commencé la semaine dernière — il est venu une dame avec un foulard témoigner, vous devez vous en souvenir. Elle a dit : Vous êtes qui, vous, pour me dire que, ça, ce que je porte, ça témoigne de mon oppression? Elle a dit : Vous êtes qui, vous, pour me dire que je ne peux pas travailler si je porte ça? Alors, on voit tous et toutes, dans notre société, pas partout au Québec, surtout dans les grandes régions comme la région de Montréal, on côtoie des femmes qui portent le foulard ou le hidjab dans la rue, dans les interactions sociales, dans les administrations publiques, par rapport au tchador qui est hautement hypothétique, il existe des enseignantes, il existe des infirmières, il existe des éducatrices.

Puis je vais vous dire également quelque chose qui, pour moi, est important. Moi, je crois que les Québécois, quand ils vont à l'hôpital puis qu'ils se font traiter pour une maladie, puis qu'il rentre un docteur dans leur salle avec une kippa ou même un turban, je peux-tu vous dire qu'ils n'en ont rien à faire. Ce qu'ils veulent, c'est des bons soins, des bons services médicaux. Puis, quand une infirmière rentre dans leur chambre pour leur donner des soins puis qu'elle a un foulard, ça ne les dérange pas. Ils veulent des bons soins. C'est ça qui est important.

M. Journet (Paul) : Mais n'êtes-vous pas de faire précisément ce que vous reprochez à M. Drainville, c'est-à-dire de décider, pour ces femmes-là, ce que symbolise et ce que représente le signe religieux qu'elles portent? Je parle du tchador encore une fois.

M. Couillard : On fait une remarque et une limite qui est objective et démontrable. Pourquoi je vous dis qu'il n'y a aucune femme avec un tchador dans les services publics? Parce que, par définition, le comportement, et de façon objectivement vérifiable, là, le comportement social de retrait associé au tchador rend incompatible même une demande d'emploi dans les services publics. C'est pour ça qu'il risque peu ou pas d'en avoir, parce que ça signifie le retrait et la non-participation sociale.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous. Alain Laforest, TVA.

M. Couillard : Bonjour.

M. Laforest (Alain) : Certains diront que votre position va moins loin que Bouchard-Taylor.

M. Couillard : Bien, écoutez, je vais vous dire également quelque chose : s'il y a un concours d'interdiction, je ne participe pas; s'il y a un concours d'encadrement des droits, je participe. O.K.? Alors, quand on a décidé qu'on allait revoir la question des agents d'autorité comme les... pas d'autorité, coercitifs, pour citer M. Bouchard et M. Taylor correctement, des policiers, on l'a fait correctement. C'est pour ça que ça a pris quelques semaines. On l'a remis à plat, on a recommencé à zéro puis on s'est dit : Quels sont les arguments qui justifient une intervention législative, j'insiste, législative, dans ce domaine-là? Puis on n'a trouvé aucun argument valable.

Par contre, on a vérifié la réalité, on a constaté la réalité dont je vous parlais : Il n'y en a pas. Mais on s'est dit... parce qu'une fois, dans une entrevue à la télévision, j'ai dit : Bien, il n'y en a pas, madame. Mais oui, mais, un jour, il pourrait y en avoir. Puis c'est ça également que les gens craignent. Qu'est-ce qu'on va faire si ça arrive? Bien, il faut prescrire la gouverne de ça, comment qu'on va se comporter si quelqu'un demande ça un jour dans nos services publics. Alors, c'est la façon dont on aborde.

Maintenant, moins loin, plus loin, encore une fois, si c'est une question d'interdiction, là, que celui qui gagne, celui qui interdit le plus, là, je ne suis pas dans la compétition.

M. Laforest (Alain) : On va faire une parenthèse. Vous trouvez qu'on ne parle pas assez d'économie. Vous avez entendu parler de l'arrêt de la CSeries, des pertes de 1 700 emplois ou reports. Qu'est-ce que vous en pensez?

M. Couillard : Bien, c'est inquiétant, là, le retard du développement de la CSeries, surtout que l'État est intervenu dans ce projet-là et que ça met le Québec à l'avant-scène de l'industrie aéronautique. On va tout faire, nous, comme gouvernement, comme parti politique, pour soutenir le développement de l'aéronautique au Québec.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Pépin (Michel) : Bonjour, madame, messieurs.

M. Couillard : Bonjour.

M. Pépin (Michel) : Michel Pépin, Radio-Canada. J'avais l'impression que la légalité de votre position, c'était vraiment extrêmement important. Compte tenu... Et, compte tenu des critiques qu'on a entendues de M. Tanguay à l'égard du projet de loi n° 60, en regard du mémoire du Barreau, de la commission des droits notamment, j'ai de la difficulté à croire que l'interdiction du tchador, niqab et tout ça, compte tenu de ce qui est écrit dans le mémoire du Barreau… On peut le contester, on peut ne pas être d'accord, mais j'avais l'impression que vous étiez d'accord avec ça. Est-ce que vous êtes convaincu que votre position est conforme? Même si vous n'adoptez pas de loi, le fait d'interdire...

M. Couillard : Alors, M. Pépin...

M. Pépin (Michel) : Je ne comprends pas en quoi... Quelle est la différence?

M. Couillard : Je vais vous dire d'abord que rien ne m'effraie plus que la certitude. Vous trouverez la référence, peut-être, dans vos lectures. Mais je vous dirais également que, justement, notre approche n'est pas que légaliste. Notre approche vient également des craintes de la population et de la nécessité d'utiliser les bons outils. Justement, dans les trois cas de vêtements, encore une fois théoriques, que nous discutons ici, là, pour les services publics, les deux premiers, selon nous, se justifient. Et, à l'époque, Mme Weil qui a écrit… non, laissez-moi terminer, s'il vous plaît.

M. Pépin (Michel) : Non, non, non, c'est parce que vous l'avez expliqué trois fois, je le comprends.

M. Couillard : Non, mais vous posez la même question, donc je réponds la même chose.

M. Pépin (Michel) : Non, non, je ne pose pas la même question. Je pensais que c'était vraiment hyperimportant. Vous me dites que vous êtes convaincu, c'est légal, ça.

M. Couillard : Bien oui, parce que justement…

M. Pépin (Michel) :

M. Couillard : Oui, pour le visage couvert, il y a eu des consultations et des consultations juridiques étendues à l'époque. Pour l'autre…

M. Pépin (Michel) : Vous avez lu le mémoire du Barreau?

M. Couillard : Je vous réponds. Pour l'autre, justement, on ne veut pas utiliser la voie législative, on passe par le code vestimentaire. Je vais vous faire un parallèle un peu éloigné, pas mal éloigné même, du tchador, par exemple, la façon dont certaines jeunes filles s'habillent à l'école. Effectivement, la distance est lointaine. Mais on a reconnu que les autorités scolaires, et c'est la même chose pour les enseignants, ont à respecter certaines normes vestimentaires. Il n'y a jamais un tribunal qui n'a pas donné l'aval à ça. Alors, c'est la même chose. Quelque chose peut être légal dans la rue, puis un employeur ou une organisation peut décider que ça ne cadre pas avec sa mission. C'est le raisonnement qu'on suit.

M. Pépin (Michel) : Même pour des symboles religieux. C'est lié à la liberté de religion aussi.

M. Couillard : Alors là, à mon avis, vous faites, selon nous, une erreur, parce que les trois vêtements en question ne sont pas que religieux. Ils sont également des outils politiques, où on instrumentalise la religion pour transmettre un message sur la condition des femmes.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

M. Pépin (Michel) : Je comprends votre point de vue, mais vous reconnaissez l'orthodoxie du droit et vous…

M. Couillard : Je pense qu'on va laisser une chance à vos collègues.

M. Pépin (Michel) : Ah! Tiens, tiens, tiens.

M. Couillard : Non, non. J'aime nos discussions socratiques, M. Pépin, mais…

M. Pépin (Michel) : Non, non, ce n'est pas du tout socratique…

M. Couillard : Mais je veux respecter vos collègues un peu. Allez-y.

M. Robitaille (Antoine) : Passons de Pépin à Houda-Pepin. Je veux revenir sur le cas de…

M. Couillard : Est-ce que ce sera dans Mots et maux, Antoine?

M. Robitaille (Antoine) : Absolument, tout revient à Mots et maux. Donc, j'entendais ce matin Françoise David dire : On devrait inviter, pardon, Fatima Houda-Pepin en commission comme députée indépendante. J'ai entendu M. Tanguay dire ce matin qu'elle avait une contribution inestimable à fournir sur ces questions-là. Est-ce que votre formation politique va l'aider quand même, là, à venir produire cette contribution inestimable en commission, à la Commission des institutions, ou est-ce que vous allez tenter de la bloquer?

M. Couillard : Non. D'abord, deux choses : notre parti ne brime pas le droit de parole des députés à l'Assemblée nationale. Si Mme Houda-Pepin veut venir participer à titre de députée indépendante, ce qu'elle est maintenant, à la commission, ce sera gouverné par les règlements habituels de la commission.

Maintenant, je vais revenir également à ce sujet de la contribution majeure, parce que, malgré ce qui est arrivé hier, je demeure convaincu que cette femme, qui a de grandes qualités et une expérience valable, a une contribution majeure à faire au Québec sur la question de lutte sur l'intégrisme. J'aurais préféré qu'elle continue à la faire avec notre formation politique. D'ailleurs, en passant, quelques-unes de ses idées se retrouvent dans ce que je vous ai exposé aujourd'hui, ce qui prouve qu'on a écouté et non seulement écouté, mais on a incorporé sa pensée dans notre travail. J'ai vu quelques caucus politiques dans ma vie, là, à mon premier séjour puis maintenant, je n'ai jamais vu un caucus comme celui d'hier, où les gens ont tendu la main avec beaucoup d'émotion, lui ont demandé : Reste avec nous, continue ce travail qui est le travail de ta vie, entends-toi avec nous pour te rallier à notre définition de la neutralité religieuse, qui, pour nous, est majeure, et on va continuer à travailler ensemble.

M. Robitaille (Antoine) : Qu'avez-vous pensé ce matin de ce qu'on a entendu à la commission Charbonneau sur les rapports entre la FTQ et le gouvernement… pas le gouvernement, mais Pauline Marois?

M. Couillard : Alors, je vais vous dire la façon dont je crois qu'il faut répondre à ça, que j'ai moi-même démontrée avec vous ici, puis pas trop loin une couple de fois. Il faut prendre ses responsabilités. Je crois que c'est la responsabilité de Mme Marois de venir vous rencontrer, comme je le fais ici, et de donner les explications, les éclaircissements. Ce qu'on a entendu, c'est qu'il y a eu un deal, mais je pense que tout le monde au Québec veut savoir c'était quoi, le deal. Maintenant, c'est à Mme Marois de répondre, de la même façon que je suis venu vous voir quand on aura… quand on a eu ou qu'on aura peut-être encore des enjeux. C'est à elle de répondre.

M. Robitaille (Antoine) : Vous dites : On sait de quoi cette entente-là est faite…

M. Couillard : Non, je ne le sais pas. Justement, on ne sait pas. Donc, la question, c'est : C'est quoi, l'entente? C'est quoi, le deal? Je ne le sais pas, moi. Alors, vous m'avez posé souvent des questions sur les visites de la police à nos locaux, sur… d'autres questions. J'ai répondu. Est-ce que je me suis défilé? Je suis venu vous voir puis j'ai répondu aux questions. C'est à elle de faire la même chose.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

M. Corbeil (Michel) : Bonjour, M. Couillard. Michel Corbeil, Le Soleil. Vous nous rencontrez pour présenter votre…

M. Couillard : Excusez-moi.

M. Corbeil (Michel) : Vous nous rencontrez pour présenter une version définitive de vos positions, entre autres sur le tchador. Qu'est-ce qui n'était pas définitif la semaine passée? Qu'est-ce qui a changé?

M. Couillard : On était dans cette direction-là. Ces conclusions que je vous livre aujourd'hui, là, elles étaient quasiment déjà écrites la semaine passée. Il y avait une autre réunion de conclusion à faire samedi matin, qui a eu lieu avec M. Ouimet et les collègues, et ça prenait ça pour présenter au caucus un rapport final. C'est juste ça. La base de la question, elle a été réglée, sur le plan du concept, il y a quelque temps déjà.

M. Corbeil (Michel) : Mais il y avait un flottement encore cette semaine, non?

M. Couillard : Ça, écoutez, on a…

M. Corbeil (Michel) : En début de semaine…

M. Couillard : …on a volontairement puis, encore une fois, on m'en a fait le reproche, puis je ne nie pas que le reproche n'était pas justifié. J'ai choisi volontairement de ne pas commenter au cours de la semaine pour ne pas influencer, par des commentaires, les conclusions de mes collègues. Je voulais qu'ils aient l'occasion d'en discuter samedi et qu'ils soient également capables d'en discuter librement, là et au caucus.

Maintenant, vous conviendrez comme moi que cette question du tchador est arrivée assez récemment, là. On n'avait jamais entendu parler de ça avant, là. Il n'y en a pas de tchador dans la fonction publique. Alors, c'est devenu un sujet d'intérêt, là, bon. On comprend la préoccupation des gens, on a voulu l'étudier, on l'a fait correctement.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

Journaliste : Je veux revenir… Bonjour, M. Couillard. Je veux revenir un peu sur le même thème, parce qu'avec M. Tanguay la semaine passée, on a tergiversé sur la question du tchador. M. Tanguay nous a dit que la position c'était… dans certains cas, c'était non, puis, dans d'autres cas, c'était au cas par cas sur le tchador, puis que c'était oui dans d'autres cas, etc. Ça ne démontre pas, justement, une confusion sur cette question-là, M. Couillard? Et quel est le degré de responsabilité que vous prenez dans cette confusion-là?

M. Couillard : Alors, d'abord, on vous présente aujourd'hui la position définitive du Parti libéral sur cette question. Maintenant, laissez-moi vous dire quelque chose. Moi, j'en ai assez des reproches qui sont faits à M. Tanguay, qui est un homme dévoué, intellectuellement compétent, un homme d'équipe qui s'engage avec ses collègues dans tout ce qu'il fait, alors que, de l'autre côté de l'Assemblée, on a un flot de démagogie, de demi-vérités puis de désinformation. Puis c'est lui qu'on met sur la place publique. On peut toujours améliorer les choses dont on parle… la façon dont on parle à la population, il n'y a aucun doute, autant M. Tanguay, Mme Weil, M. Ouimet que moi. Mais je pense qu'à un moment donné il y a des limites, puis les limites ont été atteintes.

Journaliste : Mais…

Le Modérateur : Merci.

M. Couillard : Merci.

Journaliste : Non, mais je pense que tout le monde a eu deux questions. Je pense que j'en mérite une deuxième aussi.

M. Couillard : Oui. Excusez-moi, une supplémentaire.

Journaliste : Oui, j'ai assez faim pour ça d'ailleurs. Je voudrais qu'on revienne sur Mme Marois et sur, en fait, le deal, là, le fameux deal de la FTQ…

M. Couillard : Je ne sais pas… je n'ai aucune idée c'est quoi, là.

Journaliste : Non, je comprends, mais vous ne semblez pas attaquer Mme Marois là-dessus. Mme Thériault, ce matin, a été un petit peu plus directe, elle a dit que c'était inacceptable. Qu'est-ce que vous pensez de cette conversation-là? Est-ce que… parce que vous dites : Oui, elle doit des explications, mais visiblement, M. Blanchet semble avoir une influence sur le Parti québécois.

M. Couillard : Alors, c'est troublant. C'est troublant et c'est la raison pour laquelle elle doit s'expliquer. C'est ce que je vous répète. Ce n'est pas acceptable s'il y a eu un deal, s'il y a eu une entente financière sur les investissements du fonds avec des… mêlés à d'autres enjeux. Ce n'est pas acceptable. Mais là vous me parlez du reportage sur une conversation téléphonique. On va attendre de voir… Il y a d'ailleurs un ancien chef du PQ qui a eu une phrase célèbre à cette question-là. Je ne la répéterai pas, rassurez-vous, mais on va attendre de voir ce que la principale intéressée a à dire. S'il y a eu une transaction, une entente sur toute nature d'investissement public ou d'investissement… pas public, mais du Fonds de solidarité, mêlée au processus politique, c'est totalement inacceptable dans notre société. Mais laissons à Mme Marois l'occasion de donner sa version des choses, et, ensuite, nous jugerons.

Par contre, le retard ne peut pas être éternel. On m'a reproché l'été dernier de ne pas avoir immédiatement communiqué avec vous sur la perquisition au parti. J'avais des raisons d'enquête policière de ne pas le faire. Il est possible qu'en rétrospective j'aurais dû immédiatement communiquer. Je vous l'avais dit d'ailleurs il y a quelque temps. Mais, sur cette question, compte tenu du flou, il faut rapidement que Mme Marois amène des éclaircissements.

Le Modérateur : On va passer en anglais au micro de droite.

M. Dougherty (Kevin) : Kevin Dougherty, Montreal Gazette. Now you're proposing a sort of a test, right? You're shifting the burden of proof on newcomers to this society…

M. Couillard : Well, not… all people requiring accommodations are not all newcomers, OK? Some of them have been there all their lives. So let's not mix the two.

What we are doing, in the way we suggest accommodation should be governed, is adding two, I would say even three new concepts. The first is security, communication, identification, which you've heard about before. The second is, exactly as you said, that the person has to make a demonstration that this is required, and this has been tested, by the way, before. And the third is that there has to be a reciprocal effort, you know.

When I talk to Quebeckers, they say : Well, yes, we are open, yes, we are inclusive, but we have the feeling that accommodation always goes the same way, it's always us making the effort. And it's a concept… again it's not a new concept, it has been tested before and even mentioned in some of the reports, that an effort should be made as well by the person who is asking.

M. Dougherty (Kevin) : I'm trying to figure how that would work because, as you have said today, there's doctors in Montréal hospitals and nurses in Montréal hospitals who wear a hijab, or a kippa, or something like that. Would they have to prove…

M. Couillard : This is something else. This will never happen. It's a prohibition that we'll never accept. I will never be complice about that. It's a totally different matter. It's not a question of accommodation.

M. Dougherty (Kevin) : So when will this test apply then?

M. Couillard : Oh, let's say someone… for example, I was talking about the police personal or people asking for an extra room for religious purposes, special arrangements in a cafeteria. You know, there has to be a reasonable solution, by definition. The name implies that. But the effort to reach that reasonable conclusion has to be coming from both sides.

M. Dougherty (Kevin) : And Mme Houda-Pepin said today : Now, your problems begin. You have this position, which she opposes and she said : This is going to cause you more problem than solve.

M. Couillard : I will not have a dialogue with Mme Houda-Pepin through the media. Thank you.

Le Modérateur : Micro de gauche.

Journaliste : So, as I understand, the ban on the three garments would apply to all employees of the State, whether they work in an office or serve the public. Didn't you say once before that the only one is «visage découvert» or… Can you justify this?

M. Couillard : That's why the burqa and the niqab, the first two ones, who have a veil face are already dealt with. We are adding, and we are saying it very explicitly, we are adding the concept that this garment, the chador… and let's be clear because nobody maybe understand what exactly it is. We are talking about a very dark garment that covers the whole body, except for a very small oval in the face. That's what it is. We say that this garment, contrary to the scarf where we see daily examples of people in full participation in society, this garment translates a message of withdraw of the women, submission of the women, and this is not something that, for us, is compatible with public services.

Journaliste : Do you think that this will sell... I mean, I know you are not doing it for that reason.

M. Couillard : I'm not a salesperson. Well, politics, in some way…

Journaliste : There is an issue that needs to be received by the Québec public… Do you think this will hit home more with a wider public?

M. Couillard :You know, this is a… by the way, this is a hypothetical detail, I would put to you. What we want to send as a message is that we do understand that Quebeckers say : We are an open and inclusive people, but we want our values, our traditions also to be taken into account and put into consideration. That's the main message.

This being said, Quebeckers also believe in freedoms. You know, I'm always struck when people say : We have Montréal and the regions. It's rather insulting for the person… the people who live in the regions, who have as much respect for freedoms as people in Montréal. That's what we send as a message.

Journaliste : And I know, on the latter, third question, but could I just get you to repeat what you said about M. Blanchet?

M. Couillard : But you're very short, so you're good. In English.

Journaliste : Yes.

M. Couillard : So that we have heard serious allegations at the commission today. My comment is that Mme Marois herself should come before the medias and give her version of what has been said, as I did before.

Journaliste :

M. Couillard : It's very troubling that there should have been, maybe,  that's what's been mentioned, a deal of a financial nature mixed with the political process. Merci.

Le Modérateur : On va rester sur le micro de gauche. Le micro de gauche.

M. Couillard : One more? Sorry.

Mme McKinnon (Catou) : J'ai Rhéal Séguin derrière moi aussi. Catou McKinnon, from CBC.

M. Couillard : Sorry, I didn't see you coming. I was about to leave.

Mme McKinnon (Catou) : No, please, stay.

M. Couillard : OK. Go ahead.

Mme McKinnon (Catou) : You mentioned that there are some rare cases of extremism. What are they?

M. Couillard : Well, we have been seeing the… you know, should I remind you the Shafia story? Should I remind you that some of the terrorists that have been arrested elsewhere transited through Québec? Should I remind you that once, someone found a map of the subway of Montréal somewhere, that car licences, car immatriculation — what's the name — licences were found in Syria?

So we are not saying that this is here, but we shouldn't be naïve and think that, because we are Quebeckers and nice people, these things cannot happen here. So, fortunately, we have not been dealing with this on a very high scale, a very minimal scale probably, but it still exists. And there are other manifestations : genital mutilations, forced marriage. All these things exist. We just want to give our society the tools to react now.

Mme McKinnon (Catou) : …the time, but there's FTQ business with the wiretap. How much influence does that union have in this province?

M. Couillard : Well, this is the question that has been raised. I would say… I would narrow your questions by putting it that way… this way, sorry. Influence between the union and this political party, that has been mentioned before. The PQ has been very close, we know, to the union sector. I'm not assuming that everything wrong was done, I'm just saying that what has been said today is very troubling. If there should have been any transaction where, in return for an investment, the political process has been altered, this is a very serious allegation. But again, without going further, I would say that Mme Marois herself has to be in front of you and give her version.

Mme McKinnon (Catou) : Without making a judgment though, do you think that that is possible that something like that could somehow get done without anybody noticing?

M. Couillard : You know, I would not go further and say that Mme Marois needs to come and…

Une voix :

M. Couillard : Ah! Rhéal, you were safe. 

M. Séguin (Rhéal) : …I mean, she is in Europe right now. You said yourself, this is a very troubling allegation, this whole issue about the wiretapped conversation, a possible deal involving Mr. Blanchet. Right now, the Premier of Québec is outside the country, she's in Europe. She may not be back for what, another week…

M. Couillard : Well, you know, we've seen…

M. Séguin (Rhéal) : People have a right too. What do you feel? Do you feel she should make a comment in Europe?

M. Couillard : Even if she's been in Europe… you know, we've seen many examples of chiefs of government abroad having to comment on domestic issues. So, in my view, it's not a sufficient excuse. You know, she can be briefed there, she can think about it, she can consult with her staff and she can make a comment where she is or say when she's going to be… at least tell you when she's going to be in front of you.

M. Séguin (Rhéal) : Are you surprised to hear something like this,  allegations made during a wiretapped conversation?

M. Couillard : You know, it's a very significant issue. Yes, I'm surprised. We don't want to say this in our society and we are, in Québec, in the process of, I would say, looking at all those matters with all political parties. And by the way, I just want to remind you that, when there were questions about the Liberal Party, I said : Look, there will be questions about other political parties too. So I'm just being careful here to apply the same standards that I used in my answers to your questions about our party, to what she should be doing in response to the allegations on her party.

M. Séguin (Rhéal) : This is a potential influence peddling involving the Premier of Québec.

M. Couillard : …I'm not minimizing it at all, Rhéal. I'm just telling you, before going to the next stage, I want to… sorry, to hear her comments. I mean, it's fair-play here. She has to be given the opportunity of presenting her version as early as possible. Now, any delay from today is also a significant issue. This is something I would add.

Le Modérateur : Merci.

M. Couillard : Merci.

(Fin à 14 h 24)