(Dix heures)
Mme Thériault
: Merci.
Bon matin à tout le monde. Vous allez me permettre, pour débuter cette
conférence, d'offrir mes condoléances à la population de L'Isle-Verte. Je sais
que mon collègue Jean D'Amour, qui est le député de la place, est déjà avec ses
citoyens. Je sais que mon chef Philippe Couillard va s'y rendre aussi et je veux
assurer la population de notre support ainsi que de nos pensées et nos prières
en ces moments qui sont vraiment difficiles pour les gens.
On a eu hier l'occasion d'entendre Mme Zakaïb,
et, ce matin, Mme Marois défend sa ministre. Le Parti québécois, en d'autres
termes, nous demande simplement de se taire et d'arrêter de poser des questions.
Rappelez-vous, hier, Mme Marois a dit : Il n'y a pas de deal. Peu après, Stéphane
Bédard est sorti en disant que Mme Marois, c'était la dame de béton, qu'elle
disait la vérité puis qu'on ne devait pas poser de questions.
Par la suite, Élaine Zakaïb est venue vous
rencontrer puis elle vous a raconté une histoire qui ne reflète pas vraiment la
réalité des écoutes électroniques qu'on a entendues hier à la commission
Charbonneau. Je pense que c'est important de rappeler que l'écoute
électronique, c'est de la preuve qui a été admise à la commission Charbonneau.
Ça a été fait avec la base des enquêtes policières.
Autant pour l'histoire du deal avec M.
Blanchet qu'avec le silence de Mme Zakaïb dans les dossiers de Tony Accurso, ça
me semble être deux exemples concrets et graves de collusion qui touchent le
Parti québécois. Il reste encore trop de questions, que ce soient les vôtres et
celles des partis d'opposition. Ça mérite des réponses, et je pense qu'il est
important que le Parti québécois comprenne que de nier, ça ne suffit plus. On a
le droit de poser des questions, on va continuer à en poser. On ne mettra pas
le couvert sur leur marmite, c'est notre rôle de le faire.
Mme Marois disait, au discours inaugural, que
ce serait la tolérance zéro. La question que j'ai pour elle
aujourd'hui — elle est à Davos, elle répond aux questions — c'est :
Quand est-ce qu'elle va donner la preuve et faire exactement ce qu'elle dit,
suspendre sa ministre? Qu'est-ce qu'elle attend pour respecter son engagement
numéro un sur l'intégrité?
Le Modérateur
:
Questions?
M. Dutrisac (Robert)
:
Oui. Bien, écoutez, vous... Quels sont le point ou les points qui vous semblent
incohérents, là, de l'explication de Mme Zakaïb?
Mme Thériault
: Oui.
Mme Zakaïb, hier, disait que ça remontait à plusieurs mois, la vérification des
mesures qu'elle avait mises en place. Dans la conversation qu'elle a avec M.
Arsenault, elle donne un exemple qui s'est passé dans le dossier de
l'Universel, la semaine précédente. Mme Zakaïb dit que Johnny Lavallée l'a
appelée. Au moment où M. Lavallée l'a appelée, c'est là qu'il aurait fallu
qu'elle s'ouvre la boîte, qu'elle appelle la police puis qu'elle prenne les
mesures, pas dire : Il m'a appelée, puis changer ses règles pour trouver
c'est quoi, le problème.
Mme Zakaïb a dit qu'il y avait un conflit
entre deux dirigeants syndicaux à la FTQ-Construction. Le transcript, ce
qu'elle dit, c'est : Je n'ai pas posé de questions, j'aimais mieux ne pas
savoir. Mme Zakaïb, elle a demandé à M. Dupuis de dormir là-dessus. Elle lui a
demandé de se fermer les yeux, quasiment d'aller se calmer pour ne pas faire de
vagues. Ce n'est pas ça qu'elle a dit, mais ça ressemble à ça. Je vous invite
fortement à prendre le transcript de la commission Charbonneau.
Mme Zakaïb n'a pas répondu aux questions.
Mme Zakaïb, elle a essayé de vous donner une version qui ne tient pas la route
entre ce qu'on a entendu hier à la commission Charbonneau et le transcript — parce
qu'il y a des écrits aussi — ça ne tient pas la route. Moi, je n'ai
pas les réponses suffisantes. Mme Zakaïb, hier, elle était sur la colline parlementaire,
elle aurait pu aller faire l'émission 24 heures en 60 minutes de Mme
Dussault, une heure après son point de presse. Elle n'a pas répondu aux
questions.
Mme Marois a dit ce matin : Mme
Zakaïb répond aux questions. Elle ne répond pas aux questions. Il y a des zones
d'ombre, elle va répondre aux questions. Puis, si elle ne veut pas répondre aux
questions, qu'elle donne sa démission. Puis Mme Marois doit la suspendre de ses
fonctions le temps qu'on ait toutes les réponses sur ces dossiers-là.
M. Pépin (Michel)
:
Vous semblez croire que... Bon, vous dites : Elle aurait dû appeler la
police. Vous semblez croire qu'il y a des gestes illégaux qui ont été commis. Quels
gestes illégaux ont été commis?
Mme Thériault
: Ce
qu'on a entendu dans l'écoute électronique, c'est que tous les dossiers qui
impliquaient les concurrents de Tony Accurso ont été bloqués dans les subventions
pour la région de Montréal : la Montérégie, la Rive-Nord, Montréal-Est
puis Montréal-Ouest. Ça, c'est de la collusion pour favoriser les entreprises
de Tony Accurso. Ça, ça méritait un coup de téléphone auprès de la police. Elle
ne l'a pas fait, elle a fermé les yeux sciemment. Elle s'est faite complice par
son silence. Elle ne voulait pas savoir. Elle n'a pas juste fermé les yeux,
elle a fermé la porte pour ne pas que le monde l'entende.
M. Pépin (Michel)
:
L'argument de Mme Zakaïb, qu'elle a exposé hier, si je comprends bien ses
propos, c'est de dire qu'il est normal que le fonds s'interroge sur l'aide
qu'il pourrait apporter à des entreprises concurrentes dans lesquelles le fonds
a déjà investi.
Mme Thériault
: Il est
normal également que la présidente-directrice générale en charge des fonds
appelle la police à partir du moment où il y a des irrégularités. Ce n'est pas
son argent, ce n'est pas son portefeuille. L'argent du fonds, là, c'est l'argent
des contribuables. C'est de même qu'elle a géré ça, en mettant un couvert sur
la marmite. Ce n'est pas correct, elle a attendu des mois avant de faire des
changements. Elle avait juste à appeler la police au moment où ça a été porté à
sa connaissance.
M. Dutrisac (Robert)
:
Mais, en réduisant la concurrence comme ça, ça fait en sorte que le placement
du Fonds de solidarité dans les entreprises d'Accurso devient plus rentable.
Donc, le fonds a, en quelque sorte, un avantage à ce qu'il y ait le moins de
concurrence pour faire le plus de profit possible.
Mme Thériault
: C'est
illégal puis c'est immoral. C'est exactement ce qu'on a... un exemple devant
nous. Il y a des lois sur la concurrence. Parce que tu ne t'appelles pas Tony
Accurso puis parce que tu n'es pas dans ses entreprises, on va te tasser parce
que tu lui fais de la compétition? C'est illégal puis c'est immoral.
M. Dutrisac (Robert)
:
Donc, la FTQ tirait profit de la collusion de Tony Accurso, essentiellement.
Mme Thériault
: Ça
semblait être le cas, oui.
M. Laforest (Alain)
:
Concernant… je voudrais revenir sur L'Isle-Verte, Mme Thériault, par rapport à
vos anciennes fonctions. On a souvent remis en question toutes les mesures de
sécurité qu'il y avait dans ces types de bâtiments là. Vous avez été à la tête
de la Régie du bâtiment. Est-ce qu'il n'y a pas urgence, justement, de revoir,
là, en profondeur toutes les mesures de sécurité?
Mme Thériault
: Je
crois que, pour le moment, ce qui est important, c'est d'apporter le support
aux gens qui vivent un drame épouvantable là-bas. D'un coup, perdre 30
personnes d'une communauté, quand c'est des grands-parents, c'est des parents,
c'est des arrière-grands-parents, c'est un dur choc. Par contre, je suis
convaincue que le coroner... parce qu'il y aura certainement enquête du coroner
pour savoir qu'est-ce qui s'est exactement passé, et, s'il y a des recommandations
pour resserrer les règles, bien, j'imagine que les ministres qui sont en poste
vont prendre les décisions qui s'imposent pour protéger les personnes âgées
dans les résidences privées de personnes âgées.
M. Laforest (Alain)
:
Ça avait déjà été évoqué par le passé qu'il y avait des lacunes.
Mme Thériault
: Ça
avait déjà été évoqué, et je vous rappellerai qu'il y a déjà eu, voilà
plusieurs années, à Sherbrooke, une résidence qui avait été ravagée par un
incendie aussi où il y avait eu des décès, c'est suite à ça qu'il y a eu des recommandations.
Donc, à chaque fois qu'il y a un dossier comme ça qui se passe, le coroner doit
faire enquête, et les ministres doivent suivre les recommandations.
Ce que je sais puis ce que je peux vous
dire, autant pour le ministre qui est responsable des résidences privées pour les
personnes âgées que pour les ministres qui sont responsables de la Régie du
bâtiment, c'est que, s'il faut changer nos lois pour mieux protéger nos aînés,
changeons-les.
M. Lacroix (Louis)
:
Dans une situation comme celle-là, on dit souvent que les chefs de gouvernement
doivent agir en bons pères de famille et se rendre là-bas pour rassurer la population,
etc. On comprend que Mme Marois est à Davos. Croyez-vous qu'elle devrait
écourter son voyage et rentrer au Québec pour se rendre… aller rassurer les
gens de L'Isle-Verte, aller les voir, les réconforter?
Mme Thériault
: Bien, je
pense que Mme Marois a l'occasion de passer son message de Davos. Elle a aussi
des représentants sur place. Je pense que ce n'est pas nécessaire qu'elle mette
fin à son voyage. Elle va certainement se tenir informée de la situation au fur
et à mesure qu'il y aura des développements, puis il y a d'autres ministres du gouvernement
qui peuvent aller porter les voeux de sympathie de Mme Marois et voir de quelle
manière on peut réconforter la population. Merci.
(Fin à 10 h 8)