(Quinze heures huit minutes)
Mme Thériault
: Merci.
Donc, nous sommes heureux de constater que le Fonds de solidarité de la FTQ a
été à l'écoute des préoccupations de ses investisseurs. On salue évidemment les
changements qui sont apportés aujourd'hui. On considère que c'est vraiment un
pas dans la bonne direction. C'est des changements qui sont significatifs et vraiment
importants.
Ceci dit, c'est sûr que nous allons suivre
de près tous les changements qui seront faits. Je pense, c'est important de se
rappeler qu'en 2009 le Fonds de solidarité de la FTQ a été obligé de resserrer
ses règles d'éthique et de gouvernance à la suite des révélations qu'on a vues
dans les médias. Ce qu'on souhaite, c'est que le fonds puisse retrouver ses
lettres de noblesse. C'est un des plus importants leviers économiques du
Québec, et il est capital que le fonds ne soit soumis à aucune pression ou
influence indue pour effectuer librement ses investissements.
Je suis heureuse de voir que le fonds va
agir en toute transparence, c'est vraiment ce qu'on a besoin. Et, ceci étant
dit, c'est sûr que le futur, ça n'efface pas le passé. Il reste encore beaucoup
de questions à poser, notamment à Mme Marois, et je souhaite qu'elle aussi
fasse preuve de la plus grande transparence.
M. Journet (Paul)
: Est-ce
qu'il y a quelque chose... Vous dites que c'est un pas dans la bonne direction,
mais est-ce qu'il y a quelque chose qui manque, qui devrait être fait pour
réformer la gouvernance du fonds?
Mme Thériault
: Bien,
moi, je pense qu'il faut... Effectivement, le fait qu'il y ait plus
d'administrateurs indépendants, ça va faire une différence. J'ai vu aussi que
toutes les présidences de comité vont à des indépendants. Je trouve que c'est
une excellente idée. J'espère que ces gens-là vont avoir toute la latitude
requise pour prendre les décisions. J'imagine que non seulement les postes qui
seront élus, parce qu'il y a des gens qui sont élus puis il y a des gens
qui vont être nommés… j'imagine que les différents critères ou le profil
de l'emploi sera rendu public, évidemment, savoir sur quelle base on va choisir
ces administrateurs-là, je pense, c'est important aussi, dont notamment, comme
on le fait dans plusieurs circonstances, de ne pas avoir un dossier judiciaire,
là. Il m'apparaît évident que les gens qui ont un casier judiciaire ou qui
enfreignent les lois ne peuvent pas décider c'est qui qui va avoir des
subventions au fonds.
M. Laforest (Alain)
:
On est en campagne REER, Mme Thériault. Est-ce qu'aujourd'hui, avec ce que vous
avez entendu, vous considérez que c'est plus sécuritaire d'investir dans le
Fonds de solidarité de la FTQ que ce l'était il y a quelques heures?
Mme Thériault
: Bien,
il est évident que ça prendre un petit bout de temps avant que les changements
soient faits ou soient effectifs. On comprend tous qu'il y aura des
modifications à la loi. Je pense que le Fonds de solidarité de la FTQ envoie un
bon message aux gens qui veulent investir leur argent dans ses REER,
définitivement.
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce que vous le feriez?
Mme Thériault
: Moi, je
n'investis pas dans le fonds de la FTQ.
M. Laforest (Alain)
:
Vous n'avez pas confiance?
Mme Thériault
: Je
n'investis pas dans ces fonds-là.
M. Lafille (Julien)
: C'est
quoi, les questions qui restent à poser à Mme Marois?
Mme Thériault
: Bien,
les questions qui restent à poser à Mme Marois, il y en a quelques-unes qui
sont en suspens, où elle n'a toujours pas répondu. Moi, je pense qu'elle va
devoir s'expliquer sur le deal avec son mari, M. Blanchet. Elle va devoir aussi
s'expliquer sur la teneur de son tête-à-tête avec Michel Arsenault.
Vous savez, moi, comme ministre, je n'ai
jamais rencontré aucun président de centrale syndicale seul à seul. Ce n'est
pas logique. Quand on rencontre un président de centrale syndicale, il y a des
attachés politiques, il y a un ordre du jour, il y a des questions, on sait à
quoi s'attendre. Il y a une rencontre qui s'est faite en tête-à-tête, en
catimini, sans personnel politique. C'est parce qu'il y avait des sujets...
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce qu'il y a des chefs du Parti libéral qui ont déjà rencontrés des...
Mme Thériault
: Pardon?
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce qu'il y a des chefs du Parti libéral qui ont déjà rencontré les chefs
syndicaux en tête-à-tête?
Mme Thériault
: À mon
avis, à chaque fois que M. Charest a rencontré les chefs des centrales
syndicales, il les a rencontrés avec des gens, et j'ai déjà été présente dans
ces rencontres-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien,
visiblement, ce n'est pas le cas. On a entendu des conversations téléphoniques.
À part les agents de la Sûreté du Québec, il n'y avait personne d'autre lors de
ces conversations-là.
Mme Thériault
: Bien,
une conversation téléphonique, c'est une conversation téléphonique. Moi, je
vous parle d'une rencontre qui a eu lieu dans club privé, où il n'y avait aucun
personnel politique, et il n'y a pas personne qui peut se souvenir de la
conversation pendant une heure ou une heure et demie, ni M. Arsenault, ni Mme
Marois. Voyons donc!
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis pourquoi M. Blanchet ne doit pas s'expliquer à l'Assemblée nationale?
Mme Thériault
: Bien,
parce que c'est la première ministre qui est à l'Assemblée nationale. C'est
elle qui a parlé de transparence, c'est elle qui dit qu'elle laverait plus
blanc que blanc, c'est à elle de répondre aux questions, et toutes les tribunes
sont bonnes.
M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est
une position partagée par vos collègues, tous vos collègues?
Mme Thériault
: Bien,
moi, je considère que Mme Marois n'a pas répondu aux questions. Pourquoi elle
maintient en poste Mme Zakaïb qui a manqué de jugement flagrant dans ses
responsabilités avant d'être ministre? Elle a fermé les yeux sur de la
collusion pour favoriser les entreprises de M. Accurso. In est en droit de se
demander ce qu'elle fait comme ministre. Est-ce qu'elle ferme ses yeux aussi?
Elle a incité M. Dupuis à ne pas faire de niaiseries. Ça veut dire quoi, ça? Ne
pas parler, ne pas dénoncer sur la place publique? Comment les gens peuvent
aller voir Mme Zakaïb s'ils ont des choses à dénoncer? Est-ce qu'elle va les
écouter ou si elle va fermer les yeux? Les questions sont tout à fait
légitimes. Quel genre de leadership elle exerce dans son ministère?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Et, selon vous, M. Blanchet ne dispose pas d'informations que ne dispose pas
Mme Marois et qui pourraient être utile aux parlementaires?
Mme Thériault
: Vous
allez convenir avec moi qu'un mois après le reportage qui a été diffusé sur le
fameux tête-à-tête avec Mme Blanchet et monsieur… avec Mme Marois et M.
Arsenault, un mois après, tout le clan de Mme Marois, son fils, son frère, son mari, sortait
de Capital BLF. Pourquoi? La question est toute entière. J'attends que Mme
Marois donne des réponses.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous, vous interprétez ça comment, cette transaction-là?
Mme Thériault
: C'est
bizarre. Je ne veux pas interpréter, moi, je pose les questions. Mme Marois,
c'est elle la première ministre, qu'elle y réponde.
M. Laforest (Alain)
:
Mais M. Blanchet devrait s'expliquer, lui, selon vous?
Mme Thériault
: M.
Blanchet est libre de s'expliquer lui aussi. Moi, en autant que je suis
concernée, je suis une élue du Québec, Mme Marois est élue.
M. Laforest (Alain)
: Mme
Marois a déjà répondu, donc vous n'êtes pas satisfaite des réponses. C'est M.
Blanchet qui est impliqué dans le deal. Est-ce qu'il devrait venir s'expliquer?
Mme Thériault
: Bien,
savez-vous quoi? Bien, peut-être que c'est Mme Marois qui a voulu se servir de
son influence auprès de M. Arsenault. La question est tout à fait légitime. On
a toujours pensé que c'était peut-être M. Arsenault qui faisait de la pression
indue sur Mme Marois. Peut-être que c'est l'inverse, peut-être que c'est Mme
Marois qui a demandé des choses à M. Arsenault. Les questions sont là, il faut
répondre.
Le Modérateur
: En anglais?
Je ne vois pas…
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien,
une question rapide. En déposant son livre blanc sur l'avenir du Québec, est-ce
que le Parti québécois vous prend de court? Est-ce qu'il prend de court les
libéraux?
Mme Thériault
: Bien, honnêtement,
le livre blanc, il n'est pas écrit, puis j'ai bien plus l'impression qu'on va
se ramasser en campagne électorale avant d'avoir le temps de lire quelques
pages du livre blanc.
M. Journet (Paul)
: Qu'est-ce
que Mme Marois aurait pu demander à M. Arsenault?
Mme Thériault
:
D'investir dans Capital BLF.
M. Bélair-Cirino (Marco) : En
lui promettant quoi?
Mme Thériault
: C'est à
elle de répondre.
Le Modérateur
:
Parfait. En anglais, une question en anglais.
Mme Verville (Marie)
: On the FTQ, you are satisfied with the changes that are going to be
operated?
Mme Thériault
: Yes. We think the FTQ understand the people who put the money on
the Fonds de solidarité. We think it's a good thing, all the presidents of the committees,
it's independent people. And I think it's really good to add a majority of
people… they are not at la FTQ.
Mme Verville (Marie)
: You seem to say in French that it was a good step in the right
direction. Do you think that more should be done?
Mme Thériault
: We think they're supposed to make some changement, and I think it's
really important to know how…
what is the profile about the people who were elected or chose by the FTQ to
make the «conseil d'administration».
Mme Verville (Marie)
:
So, you're talking about more transparent system?
Mme Thériault
: Yes. I think, with the independent people, it's more easy to add
more transparency. Merci.
(Fin à 15 h 16)