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Point de presse de M. Philippe Couillard, chef de l'opposition officielle, et de M. Pierre Paradis, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances

Version finale

Monday, February 10, 2014, 13 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trois minutes)

M. Couillard : Bonjour à tous. Après 18 mois de gouverne péquiste, il y a un constat qui s'impose : l'élan économique du Québec a été brisé, l'économie du Québec est en panne. Les économistes, les entrepreneurs québécois puis même aujourd'hui Jacques Parizeau confirment la situation et l'urgence d'agir.

Il y a beaucoup de chiffres qu'on pourrait citer, mais il y en a un qui résume particulièrement la performance lamentable du PQ sur le plan économique : 66 800 Québécois ont perdu un emploi à temps plein en 2013, pendant qu'on en créait près de 137 000 ailleurs au Canada. En fait, c'est assez simple, pendant qu'on crée deux jobs dans le reste du Canada, on en perd une au Québec, puis les seuls emplois qui sont créés au Québec sont à temps partiel et surtout dans le secteur public.

L'investissement des entreprises, de véritables moteurs de l'économie du Québec, est en panne. Le PQ a détruit le climat d'affaires au Québec. Les PME n'embauchent plus, les entreprises n'investissent plus. Pire encore, les grandes entreprises songent à fermer devant l'inaction de ce gouvernement. C'est le cas, par exemple, d'Alcoa, ce qui met en jeu près de 10 000 emplois directs et indirects.

L'économie, ce n'est pas un mot théorique, ce n'est pas un concept abstrait, c'est des emplois et des investissements pour mieux soutenir les besoins de nos familles. Et le gouvernement du PQ, actuellement, est le plus grand frein au développement économique du Québec.

Je l'ai dit et je le répète, la plus grande menace qui pèse sur le Québec actuellement, ce n'est pas le Canada, ce n'est pas les autres provinces, ce n'est pas les autres, c'est le gouvernement du Parti québécois, un gouvernement toxique qui nuit au Québec. Franchement, les Québécois méritent mieux, car nous, les Québécois, les Québécoises, on a tout ce qu'il faut pour faire beaucoup mieux.

Notre faible performance économique a conduit, on le sait, au dérapage des finances publiques. Et je vous dis tout de suite que, quel que soit le chiffre de déficit éventuellement annoncé,  il sera très difficile de lui accorder la moindre crédibilité. Le passé est garant de l'avenir. En fait, c'est probablement deux fois plus qu'au pire de la crise financière de 2009, ce qui est carrément inacceptable.

Vous savez, dans nos familles, on planifie les dépenses et les revenus pour l'année. À chaque paie, on prend un peu de notre salaire, même pas mal, puis on l'envoie au gouvernement en taxes et en impôts. Il est normal que les Québécois sachent ce que le gouvernement fait avec notre argent et s'il le gère correctement.

On l'a entendu, Mme Marois et ses lieutenants ont affirmé, la semaine dernière, la possibilité de déclencher les élections sans déposer de budget en bonne et due forme, sans dire la vérité aux Québécois. Je trouve ça scandaleux. Pire encore, Mme Marois banalise l'importance du déficit budgétaire en renonçant à tout contrôle sur les dépenses publiques. Puis, de l'autre côté, elle nous dit qu'elle n'a pas de contrôle sur les revenus, elle dit : Il n'y a pas grand-chose que le gouvernement peut faire pour les revenus.

À l'automne et en début d'année, elle multiplie les annonces électoralistes sans compter, comme si l'argent durement gagné des contribuables était de l'argent de Monopoly. Ce gouvernement ne génère pas de revenus, mais, par contre, multiplie les dépenses et les annonces non budgétées depuis cinq mois. Paradoxalement et de façon assez triste, les seuls revenus stables de ce gouvernement viennent des taxes et des transferts fédéraux. C'est carrément irresponsable, et je veux mettre un frein à ça. Assez, c'est assez.

Mme Marois, elle ne se gêne pas non plus pour faire des beaux discours sur la transparence, mais elle agit tout autrement. Rappelons-nous la campagne de septembre 2012 avec un budget déposé très tardivement. Maintenant, il n'y a pas de budget au Québec depuis près de 18 mois, et on a vu, il y a eu un retard, même au début un refus de collaborer avec le Vérificateur général, malgré le mandat explicite de l'Assemblée nationale.

Assez, c'est assez. Aujourd'hui, ma demande est simple. Je mets au défi Mme Marois de s'engager à ne pas déclencher d'élection générale avant le dépôt d'un budget en bonne et due forme et la publication du rapport du Vérificateur général. Les Québécois ont le droit de connaître la vérité avant les élections.

Je vais maintenant passer la parole à mon collègue Pierre Paradis qui vous fera part de nos attentes budgétaires. D'ailleurs, il doit rencontrer sous peu le ministre des Finances dans le cadre de ses consultations prébudgétaires. À toi la parole, Pierre.

M. Paradis : Merci, M. Couillard. C'est une situation, là, qui, sur le plan préparlementaire ou parlementaire, est un peu bizarre. D'un côté, vous avez la première ministre qui affirme vouloir aller en élection sans budget et, au même moment, vous avez le ministre des Finances qui nous invite à faire part de suggestions dans un cadre prébudgétaire. Ça fait qu'on ne sait pas trop sur quel pied danser, mais on va se tenir prêts pour les deux types de danse.

Le gouvernement du PQ est complètement déconnecté de la réalité économique des Québécois. Je l'ai dit et je le répète, c'est la première fois, moi, en 30 ans, qu'il n'y a aucun entrepreneur au Conseil des ministres du Parti québécois. Encore plus inquiétant, les ministres qui occupent des postes importants sur le plan économique, soit délégué à l'Économie ou aux Ressources naturelles, sont devenus des gens qui sont hostiles à leurs clientèles. Ils ont complètement bousillé, dans le cas des Ressources naturelles et dans le cas de la Banque de développement économique du Québec, les missions qui appartenaient à leurs ministères respectifs.

Le ministre des Finances, ça ne sera pas facile non plus, parce qu'on rencontre un ministre des Finances qui a déclaré en décembre qu'il n'avait pas été bon, qu'il s'était trompé. Puis il y a un vice-premier ministre qui a confirmé ces propos en disant qu'il était parfois un peu trop transparent, mais que, de toute façon, il disait la vérité quand il a dit qu'il n'a pas été bon puis qu'il s'est trompé. Comme l'a dit M. Couillard, le PQ est responsable de la mauvaise performance économique du Québec. Alors qu'ailleurs il y a une reprise économique qui s'amorce, qui prend de l'élan, ici, au Québec, on continue de ralentir. Ailleurs, les déficits diminuent; ici, ils augmentent. C'est dans ce contexte que nous demandons au Parti québécois, s'il ne peut contribuer à l'économie, qu'au moins il cesse de nuire au développement économique du Québec.

Nous demandons, de façon plus spécifique, un répit pour les contribuables. Ça veut dire quoi? Bien, les contribuables, ils viennent de recevoir, là, leurs factures de chauffage pour le mois de janvier et ils se sont aperçus que ça avait augmenté drôlement. Dans ce contexte-là, il faut limiter la hausse des tarifs d'Hydro au taux de l'inflation. On demande de modifier la demande d'Hydro-Québec qui est présentement en attente d'audition devant la Régie de l'énergie.

On n'exige également aucune hausse d'impôt ou de taxe dans le prochain budget. Ça prend absolument un répit pour le contribuable. On demande également des mesures pour stimuler l'emploi. La plus simple, la plus facile d'application rapidement, c'est qu'on demande au PQ de renoncer aux compressions de 15 milliards de dollars dans les infrastructures pour stimuler l'économie dans toutes les régions du Québec. On demande également l'abandon du nouveau régime des redevances minières qui pénalise l'économie des régions, qui pénalise l'emploi et qui pénalise les minières québécoises. Et on demande également un plan crédible de retour à l'équilibre budgétaire en protégeant la santé, en protégeant l'éducation et en protégeant également le contribuable.

Nous nous présentons donc à cette rencontre avec le ministre des Finances avec l'intention ferme de défendre le contribuable québécois. Les Québécois ont droit à la vérité et méritent un répit dans la situation économique actuelle où 66 800 d'entre eux ont perdu un emploi à plein temps. Toutefois, nous pouvons nous interroger sur le sérieux de la démarche de consultation budgétaire du Parti québécois. Comment ce gouvernement peut-il sérieusement être à l'écoute quand la première ministre affirme qu'il y a une possibilité de déclencher des élections sans présenter de budget? Poser la question, c'est y répondre. Vos questions.

Mme Richer (Jocelyne) : Pourquoi faire tout ça, M. Couillard, en disant à l'avance que c'est fort probable, de toute façon, que vous allez voter contre le budget?

M. Couillard : Je répète qu'on va lire le budget, on va se rendre aux consultations prébudgétaires, on va y participer, on va faire les demandes que vous avez vues. On va lire le budget, on va l'analyser, hein? On vous fera part de notre décision par la suite, s'il y a un budget. On ne sait même pas s'il va y avoir un budget.

La question, aujourd'hui, là, c'est : Avant de décider comment on va voter, il va-tu y en avoir un budget? Ce n'est pas acceptable d'aller en élection ou même de laisser planer la possibilité d'aller en élection sans budget. Les Québécois ont le droit de savoir.

M. Lavallée (Hugo) : Mais comment est-ce que vous interpréteriez la décision d'un gouvernement du Parti québécois de ne pas déposer de budget? C'est comme une tentative de cacher quelque chose?

M. Couillard : C'est du camouflage, clairement, pour cacher la réalité des finances publiques et de l'économie aux Québécois. Ce serait inacceptable. Ce sera jugé sévèrement, sévèrement par la population, j'en suis convaincu. Et le moins qu'on puisse… auquel on puisse s'attendre, c'est le dépôt d'un budget, un vrai budget en bonne et due forme, pas un résumé, un énoncé ou une mise à jour, un budget et des livres de crédits.

M. Dutrisac (Robert) : Sur la question du retour à l'équilibre budgétaire, vous dites… vous parlez d'un plan crédible de retour à l'équilibre budgétaire. Un plan, ça s'étale dans le temps. C'est peut-être… Quelle est votre position exactement? Est-ce que vous réclamez, comme la CAQ, un plan de… un retour à l'équilibre budgétaire dès l'an prochain?

M. Couillard : Pour 2014‑2015, attendons de voir les chiffres. Savez-vous, par exemple, M. Dutrisac, c'est quoi le déficit cette année? Je ne le sais pas. L'an prochain, je ne le sais pas. S'il y en a un autre l'année suivante? Probablement, mais on ne le sait pas.

Alors, avant de répondre à ces questions, voyons les chiffres, voyons les chiffres vérifiés. C'est pour ça que je parle d'un budget et du rapport du Vérificateur général. Puis je vous rappelle que le rapport du VG, Vérificateur général, porte sur la mise à jour de l'automne. Alors, il va falloir l'actualiser également. J'espère que, s'il y a un budget déposé, il sera également regardé par le Vérificateur général.

M. Dutrisac (Robert) : Juste un autre point peut-être. Vous avez parlé de Jacques Parizeau, de la critique qu'il faisait, de l'inquiétude qu'il avait par rapport à l'état de l'économie québécoise. Ce que note M. Parizeau, c'est un recul, en matière de productivité, de 2002 à 2012, là, c'est-à-dire sous un gouvernement libéral et sous un gouvernement dans un cadre fédéral. Comment expliquez-vous que Québec a reculé, là, par rapport aux autres pays de l'OCDE?

M. Couillard : Ce qu'il faut demander, c'est : Comment ça se fait que le Québec était mieux géré sur le plan de l'économie et des finances publiques pendant la pire crise financière des dernières décennies que maintenant. Alors que nos voisins sont en relance — elle est difficile, la relance, mais elle est là — nous, au Québec, on traîne la patte. C'est ça, la vraie question. Je vois que M. Parizeau qui prend conscience publiquement des grands défis de l'économie du Québec, parfait, tant mieux, qu'on arrête de piger dans la poche des contribuables, de se servir de la dette puis d'attendre l'argent du fédéral. Déjà, il y a une prise de conscience qui est salutaire.

M. Lacroix (Louis) : Bien, M. Parizeau se base sur une étude des HEC qui remonte jusqu'à 1999, et, à cette époque-là, là, il y a une période de presque 10 ans où les libéraux étaient au pouvoir. Est-ce que vous reconnaissez une partie de responsabilité dans ce recul, entre autres, qu'ont connu les entreprises dans leur développement au cours de cette période-là? Alors, c'est ça, le gros constat.

M. Couillard : Moi, je vous parle du présent et de l'avenir…

M. Lacroix (Louis) : Moi, je vous parle du passé.

M. Couillard : …puis je reconnais également que l'étude des HEC, elle montre clairement le grand défi, le grand défi du Québec.

M. Lacroix (Louis) : ...M. Couillard, c'est les libéraux qui étaient là pendant 10 ans, là, avant, là, et l'étude des HEC, sur laquelle se base M. Parizeau, fait état d'une situation qui a duré pendant 10 ans à l'époque. C'étaient les libéraux qui étaient au pouvoir.

M. Couillard : Bon. Mais moi, je me souviens…

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous reconnaissez une responsabilité?

M. Couillard : Moi, je me souviens très bien, en 2003, de nous être fait envoyer un budget avant l'élection, dans lequel il y avait un trou de 4 milliards, qu'on a réussi à équilibrer le budget puis baisser les impôts des Québécois en protégeant la santé et l'éducation. Ça, je me souviens de ça. Je me souviens également qu'on a créé de l'emploi, qu'on a allégé le fardeau fiscal. Je me souviens de ça aussi.

Ce que l'étude de M. Gagné montre, c'est les défis fondamentaux auxquels il faut s'attaquer dès maintenant et de façon importante.

M. Lacroix (Louis) : Alors, c'est oui ou c'est non? Reconnaissez-vous une responsabilité ou pas?

M. Couillard : Le Parti libéral a fait beaucoup pour développer l'économie du Québec. Pensez au Plan Nord, par exemple. Depuis son arrêt, c'est toute l'économie du Québec, qui est en panne. Autre question.

M. Chouinard (Tommy) : M. Couillard, je comprends que, pour 2014‑2015, vous ne demandez pas nécessairement que ce soit déficit zéro.

M. Couillard : Je veux voir les chiffres avant. Sans les chiffres, je maintiens l'objectif de 2014‑2015. On va voir les chiffres, on s'attend à ce que les chiffres soient vérifiés. Je ne sais même pas s'ils vont être vérifiés, je ne sais même pas s'ils vont être crédibles.

Je vous le dis tout de suite, là, si un jour il y a un dépôt d'un budget, je ne suis même pas certain qu'on peut croire le chiffre de déficit qui va être là, mais espérons qu'il sera vérifié, il sera crédible. Lorsqu'on aura les chiffres crédibles devant nous, nous, on fera part de notre stratégie pour le retour à l'équilibre. Je vous rappelle qu'en 2003, avec un trou de 4 milliards, on est arrivés à le rétablir, et à créer également de l'emploi, et baisser de fardeau fiscal des Québécois.

M. Chouinard (Tommy) : Je comprends que vous n'allez pas vous engager, vous n'allez pas fixer une date claire. Il y a une élection qui s'en vient, là, on s'entend là-dessus. Donc, vous n'allez pas promettre un déficit zéro à votre arrivée au pouvoir, la première année, là? Je comprends que ça, c'est…

M. Couillard : On va s'engager à rétablir l'équilibre budgétaire. Pour le reste, je veux voir les chiffres. C'est pour ça que c'est inacceptable d'aller en élection sans les chiffres puis sans les budgets. Ça n'a aucun sens. C'est un manque de respect complet envers la population du Québec.

M. Chouinard (Tommy) : Donc, selon vous, dans quel délai le Vérificateur général peut se prononcer sur la validité des chiffres qui sont présentés dans le budget?

M. Couillard : Bien là, il va se présenter… on sait que son rapport date… sera prononcé, pardon, sur la mise à jour de l'automne. Il pourrait être possible pour lui de faire un ajustement et un commentaire, je suppose, lors du budget, mais on va également analyser le budget, là, on sait lire entre les lignes. On va voir s'ils ont péché par excès d'optimisme. D'ailleurs, Mme Marois, en 2003, dans son livre, je crois, disait par la suite qu'elle avait été quelque peu optimiste dans ses prédictions. Alors, on peut s'attendre à la même recette puisque c'est la même personne.

Mme Biron (Martine) : M. Couillard, vous dites : On veut les chiffres. Est-ce que ça va être difficile pour vous, par exemple, de faire vous-même un plan de retour à l'équilibre budgétaire si vous n'avez pas de budget?

M. Couillard : C'est difficile pour n'importe qui de faire un plan de retour à l'équilibre budgétaire sans les vrais chiffres, pas des chiffres lancés en l'air, des chiffres solides, vérifiés, c'est clair. L'objectif doit être le plus rapide possible. Ce n'est pas un à-côté, l'équilibre budgétaire, c'est fondamental.

Mme Biron (Martine) : …ça veut dire que vous ne serez pas capable de faire de prédiction, pas capable, en campagne électorale, de présenter un plan…

M. Couillard : Nous, on reste sur 2014‑2015. Je vous rappelle que nous, dans notre cas, le passé est garant de l'avenir. En 2003, on est arrivés, on a trouvé un trou de 4 milliards, on a équilibré le budget puis on a, par la suite, réduit le fardeau fiscal des Québécois.

M. Laforest (Alain) : Il y a à peu près un mois et demi, M. Couillard, vous nous avez dit que c'était à peu près… que c'était logique de faire un déficit. Là, on sent que ce n'est plus logique ou ça doit se faire… l'atteinte au retour à l'équilibre doit être plus rapide que bous l'aviez dit il y a deux mois, là.

M. Couillard : Non. Le déficit, on sait qu'il est là. Dans la mise à jour de l'automne, nos craintes se sont avérées vérifiées, parce que la mise à jour de l'automne, si vous la lisez correctement, nous entraîne sur un déficit sur trois ans parce que la fameuse année du retour, 2015‑2016, il y avait 1 milliard.

M. Laforest (Alain) : …trois ans, c'était logique, là.

M. Couillard : Bien, c'est-à-dire que je craignais que le déficit… que le Québec soit plongé en déficit sur trois mois. Malheureusement, mes craintes ont été justifiées. Voyons les nouveaux chiffres qui vont être présentés, et on se prononcera avec précision à ce moment-là.

M. Laforest (Alain) : Au niveau des tarifs hydroélectriques — corrigez-moi si ma mémoire me fait défaut — mais ce n'est pas M. Bachand qui demandait la hausse du bloc patrimonial? Donc, là-dessus, vous trouvez que ça n'a plus de bon sens?

M. Couillard : Les contribuables ont assez payé, là, on veut limiter la hausse des tarifs d'électricité à l'inflation.

M. Laforest (Alain) : Donc, avant, ce n'était pas une bonne idée de vouloir les augmenter, là, ce qui a été fait il y a deux ans, là.

M. Couillard : Dans l'état actuel des finances publiques… avant, c'est l'année où on lançait le Plan Nord, où on créait de l'activité économique et de l'innovation partout au Québec, où il y avait un élan économique au Québec. Maintenant, c'est l'arrêt de l'élan économique du Québec, c'est l'arrêt de l'investissement, c'est l'arrêt de l'emploi.

Alors, les contribuables, là, ils en ont plein, plein la soupe. C'est toujours les mêmes recettes, hein, soit on va piger dans les contribuables, soit on met ça sur la dette, soit on attend l'argent du fédéral. Là, les contribuables ont besoin d'un répit.

M. Laforest (Alain) : Parlant de plein la soupe, je veux vous amener dans votre ancien domaine. Là, à Québec, les urgences, ça déborde, ça n'a pas de maudit bon sens, là. C'est problème sans fin, ça?

M. Couillard : C'est très inquiétant, puis, ce qui a attiré également mon attention, vous avez vu également les chiffres sur l'attente dans la Capitale-Nationale, ici, le nombre de patients en attente de chirurgie après les délais de six mois a doublé. Il est passé, en gros, de 1 600 à 3 200 en l'espace de quelques mois. On a un gouvernement d'abord qui n'est donc pas capable de générer de revenus, donc qui n'a pas de fonds publics, qui coupe partout dans le système de santé. J'ai parlé des chirurgies, bien, ils ont coupé 50 millions dans les chirurgies. Puis on a un ministre qui a un dossier unique en tête, c'est clair, là, on l'entend partout. Tout passe par l'assurance autonomie, qui est un projet qui ne va nulle part. Alors, il faut que ce ministre-là assume ses responsabilités, s'assure d'avoir les fonds nécessaires pour donner l'accessibilité aux soins et s'occupe d'autres choses que de son projet.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, on est à la veille de la rentrée parlementaire, demain vous allez faire vos premiers pas. Comment est-ce que vous vous sentez? Êtes-vous nerveux?

M. Couillard : J'ai la bonne nervosité, c'est-à-dire que, quelqu'un qui vous dirait… C'est comme un artiste qui va faire son concert au piano puis qui dit qu'il n'a pas le trac, là. Méfiez-vous des gens qui vous disent ça. Mais c'est constructif pour moi, c'est quelque chose que je vois très positivement, ça me met dans un état de fébrilité que j'aime ressentir. Puis, vous savez, j'ai été à l'Assemblée nationale pendant cinq ans, mais dans un rôle différent, bien sûr, mais il n'y a pas une journée, à la période de questions, où tu te demandes qu'est-ce qu'il va arriver, quelle question je vais avoir. Là, la différence, c'est que je sais quelles questions je vais poser, mais je vais être peut-être surpris des réponses. On verra. Mais je suis content de revenir à l'Assemblée.

M. Laforest (Alain) : Avez-vous peur du jugement demain?

M. Couillard : Moi, je l'ai dit l'autre jour, la vie, c'est une succession d'examens. J'ai passé plein d'examens dans ma vie, de toutes sortes, pour arriver où je suis aujourd'hui. Il y en a un autre cette semaine, puis il y en aura un autre après, puis il y aura l'élection. Je les prends un par un, avec la détermination que j'ai en moi de remettre le Québec sur la voie de la prospérité pour une meilleure qualité de vie pour tous les Québécois. C'est pour ça que je suis ici avec mes collègues, et on ne me fera pas changer de direction.

M. Lacroix (Louis) : Quel ton vous allez adopter, M. Couillard, à l'Assemblée nationale?

M. Couillard : Un ton ferme, des questions précises sur des enjeux précis. Évidemment, vous me connaissez, je respecte les personnes, je ne changerais pas ça, mais le ton sera ferme. C'est certain qu'on va demander précisément des réponses à des questions précises. Il ne pourra pas y avoir de faux-fuyants.

Mme Plante (Caroline) : M. Couillard, is a budget that necessary when the Premier argues the numbers haven't changed?

M. Couillard : Well, that's what worries me. If the numbers haven't changed, they're very bad, so we absolutely need a budget. Quebeckers are entitled to know the truth about the status of our public finances, how deep is the deficit for this year, next year, what is the plan for the Government? In our families, we do this every year. It's just not acceptable that we haven't had a budget in Québec for the last 15 months.

Mme Plante (Caroline) : Will it be possible to campaign without a budget, either for the PQ and for your…

M. Couillard : If an election is called, we will campaign, but, of course, not knowing the numbers… and maybe this is the agenda of the PQ, maybe this is exactly what they want to achieve, to hide the numbers, and to hide reality, and go on others subjects. We will not allow this to go on. We will talk about the economy, jobs and public finances, that's for sure.

Mme Plante (Caroline) : …just about Charles Lapointe, in this time of economic hardship, how do you see Charles Lapointe misspending…

M. Couillard : There is a parliamentary commission today. Let's listen to what they will do and say, and we'll look at the report.

Mme Montgomery (Angelica) : Can we get your reaction to Parizeau's comments this morning?

M. Couillard : Well, he's finally acknowledging, you know, after years of maybe pink glasses, if I could say so, that the economy of Québec is in dire straits, and we need to have serious actions to correct the fundamental flaws that are present in our economy. And it's not only him, the economists say it, the specialized… the press also says it. The priority today can only be about economy, jobs and public finances. There cannot be any more sideshows like the charter or the white book… the white paper on separation.

Mme Montgomery (Angelica) : How are you feeling the day before you start…

M. Couillard : I feel great, like James Brown.

M. Daigle (Thomas) : You used the word «toxic» to describe the Government. Is that a preview of the tone you're going to take in the coming weeks?

M. Couillard : Well, I think it's a very… it's a good word, it's very precise. You know, the PQ always calls to other people responsibility to explain Québec's difficulties : it's the federal Government, it's the other provinces, it's the foreigners now. Well, the root of our difficulties is here, in Québec, and particularly now because of the fact that this Government hasn't created any, any spirit of optimism in economic circles in Québec. People are just withholding, keeping their investments on the shelves rather than out there to create jobs, and this is what is happening, and that's…

M. Daigle (Thomas) : …your tone. What's going to be your tone with the Government?

M. Couillard : Well, I'm going to be very firm, and I'm going to ask very precise questions on precise subjects, and, if I don't get an answer, I'll just repeat the question like you do sometimes.

Mme Plante (Caroline) : Are you nervous in French but great in English? You're feeling nervous in French but great in…

M. Couillard : I feel great in both official languages.

M. Harrold (Max) : M. Parizeau pointed out to some of the structural deep-rooted problems in Québec, going back the last decades. What part does the Liberal government play? I know, you said : The PQ left, in 2003, Liberal government with a deficit. Is that the way we're going to see this : if you win power, you're going to blame a whole on this PQ government?

M. Couillard : Well, this will be part of the discourse, there is no doubt about that. But look at the M. Gagné's, an HEC… text is very to the point. They show exactly the reality of Québec, and three numbers summarize that reality, 20, 23, 27. We are roughly 23% of Canada's population, we create only 20% of wealth in Canada, but our provincial expenses are close to 27% in Canada. So we have to correct all three factors. And I noticed that, in Mme Marois' remarks, she never talks about the need to control expenses and actually she's way of target now by 75% compared to her budget.

M. Harrold (Max) : Is it possible that the Liberal Government of Jean Charest contributed or didn't do enough to rectify some of these structural problems?

M. Couillard : There are some structural problems that go a long way before us in the recent years, and now they have to be addressed, but now the PQ is making it worse. Let me repeat it, because I heard it all across Québec : People don't trust this government. They don't feel that they understand their reality.

When M. Paradis told you that there's not a single «entrepreneur» on this cabinet, that's a reality that people know and immediately noticed. So they keep their money, they don't invest. The Plan Nord's arrest has been devastating for the economy of Québec all across. I've met «entrepreneurs» in Beauce, for example. We've felt that they had to lay off people because of the fact of the Plan Nord was abandoned.

So they have created a very negative, negative climate in the economy and finances, while embarquing on sideshows, the charter and now the white paper on separation.

M. Dougherty (Kevin) : Mme Marois suggests that it's justified for her to call in election without a budget because you want to bring down her government.

M. Couillard : We've said, and I've said it again, we will read the budget, we will judge it, but our judgment on this government's economic policy is already very, very harsh. But we'll read the budget and will communicate our decision if there's a budget. But let me repeat that it is totally unacceptable for this Government to call an election without a proper budget, not a summary, a proper budget and budgetary credits.

M. Dougherty (Kevin) : Last year, your party voted against the budget, but not all members voted. I mean, it was just by one vote…

M. Couillard : We were in the middle of a leadership race.

M. Dougherty (Kevin) : But this time, if you read the budget and you don't like it, will you vote against it and bring down the Government?

M. Couillard : All members will be there to vote according to their conscience. Thank you.

(Fin à 13 h 26) 

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