(Treize heures trois minutes)
M. Couillard :
Bonjour à tous. Après 18 mois de gouverne péquiste, il y a un constat qui
s'impose : l'élan économique du Québec a été brisé, l'économie du Québec
est en panne. Les économistes, les entrepreneurs québécois puis même
aujourd'hui Jacques Parizeau confirment la situation et l'urgence d'agir.
Il y a beaucoup de chiffres qu'on pourrait
citer, mais il y en a un qui résume particulièrement la performance lamentable
du PQ sur le plan économique : 66 800 Québécois ont perdu un emploi à
temps plein en 2013, pendant qu'on en créait près de 137 000 ailleurs au
Canada. En fait, c'est assez simple, pendant qu'on crée deux jobs dans le reste
du Canada, on en perd une au Québec, puis les seuls emplois qui sont créés au
Québec sont à temps partiel et surtout dans le secteur public.
L'investissement des entreprises, de
véritables moteurs de l'économie du Québec, est en panne. Le PQ a détruit le
climat d'affaires au Québec. Les PME n'embauchent plus, les entreprises
n'investissent plus. Pire encore, les grandes entreprises songent à fermer
devant l'inaction de ce gouvernement. C'est le cas, par exemple, d'Alcoa, ce
qui met en jeu près de 10 000 emplois directs et indirects.
L'économie, ce n'est pas un mot théorique,
ce n'est pas un concept abstrait, c'est des emplois et des investissements pour
mieux soutenir les besoins de nos familles. Et le gouvernement du PQ,
actuellement, est le plus grand frein au développement économique du Québec.
Je l'ai dit et je le répète, la plus
grande menace qui pèse sur le Québec actuellement, ce n'est pas le Canada, ce n'est
pas les autres provinces, ce n'est pas les autres, c'est le gouvernement du
Parti québécois, un gouvernement toxique qui nuit au Québec. Franchement, les
Québécois méritent mieux, car nous, les Québécois, les Québécoises, on a tout
ce qu'il faut pour faire beaucoup mieux.
Notre faible performance économique a
conduit, on le sait, au dérapage des finances publiques. Et je vous dis tout de
suite que, quel que soit le chiffre de déficit éventuellement annoncé, il sera
très difficile de lui accorder la moindre crédibilité. Le passé est garant de
l'avenir. En fait, c'est probablement deux fois plus qu'au pire de la crise
financière de 2009, ce qui est carrément inacceptable.
Vous savez, dans nos familles, on planifie
les dépenses et les revenus pour l'année. À chaque paie, on prend un peu de
notre salaire, même pas mal, puis on l'envoie au gouvernement en taxes et en
impôts. Il est normal que les Québécois sachent ce que le gouvernement fait
avec notre argent et s'il le gère correctement.
On l'a entendu, Mme Marois et ses
lieutenants ont affirmé, la semaine dernière, la possibilité de déclencher les
élections sans déposer de budget en bonne et due forme, sans dire la vérité aux
Québécois. Je trouve ça scandaleux. Pire encore, Mme Marois banalise
l'importance du déficit budgétaire en renonçant à tout contrôle sur les
dépenses publiques. Puis, de l'autre côté, elle nous dit qu'elle n'a pas de
contrôle sur les revenus, elle dit : Il n'y a pas grand-chose que le
gouvernement peut faire pour les revenus.
À l'automne et en début d'année, elle
multiplie les annonces électoralistes sans compter, comme si l'argent durement
gagné des contribuables était de l'argent de Monopoly. Ce gouvernement ne
génère pas de revenus, mais, par contre, multiplie les dépenses et les annonces
non budgétées depuis cinq mois. Paradoxalement et de façon assez triste, les
seuls revenus stables de ce gouvernement viennent des taxes et des transferts
fédéraux. C'est carrément irresponsable, et je veux mettre un frein à ça.
Assez, c'est assez.
Mme Marois, elle ne se gêne pas non plus
pour faire des beaux discours sur la transparence, mais elle agit tout
autrement. Rappelons-nous la campagne de septembre 2012 avec un budget déposé
très tardivement. Maintenant, il n'y a pas de budget au Québec depuis près de
18 mois, et on a vu, il y a eu un retard, même au début un refus de collaborer
avec le Vérificateur général, malgré le mandat explicite de l'Assemblée
nationale.
Assez, c'est assez. Aujourd'hui, ma
demande est simple. Je mets au défi Mme Marois de s'engager à ne pas déclencher
d'élection générale avant le dépôt d'un budget en bonne et due forme et la
publication du rapport du Vérificateur général. Les Québécois ont le droit de
connaître la vérité avant les élections.
Je vais maintenant passer la parole à mon
collègue Pierre Paradis qui vous fera part de nos attentes budgétaires. D'ailleurs,
il doit rencontrer sous peu le ministre des Finances dans le cadre de ses consultations
prébudgétaires. À toi la parole, Pierre.
M.
Paradis
:
Merci, M. Couillard. C'est une situation, là, qui, sur le plan préparlementaire
ou parlementaire, est un peu bizarre. D'un côté, vous avez la première ministre
qui affirme vouloir aller en élection sans budget et, au même moment, vous avez
le ministre des Finances qui nous invite à faire part de suggestions dans un
cadre prébudgétaire. Ça fait qu'on ne sait pas trop sur quel pied danser, mais
on va se tenir prêts pour les deux types de danse.
Le gouvernement du PQ est complètement
déconnecté de la réalité économique des Québécois. Je l'ai dit et je le répète,
c'est la première fois, moi, en 30 ans, qu'il n'y a aucun entrepreneur au Conseil
des ministres du Parti québécois. Encore plus inquiétant, les ministres qui
occupent des postes importants sur le plan économique, soit délégué à
l'Économie ou aux Ressources naturelles, sont devenus des gens qui sont
hostiles à leurs clientèles. Ils ont complètement bousillé, dans le cas des
Ressources naturelles et dans le cas de la Banque de développement économique
du Québec, les missions qui appartenaient à leurs ministères respectifs.
Le ministre des Finances, ça ne sera pas
facile non plus, parce qu'on rencontre un ministre des Finances qui a déclaré
en décembre qu'il n'avait pas été bon, qu'il s'était trompé. Puis il y a un vice-premier
ministre qui a confirmé ces propos en disant qu'il était parfois un peu trop transparent,
mais que, de toute façon, il disait la vérité quand il a dit qu'il n'a pas été
bon puis qu'il s'est trompé. Comme l'a dit M. Couillard, le PQ est responsable
de la mauvaise performance économique du Québec. Alors qu'ailleurs il y a une
reprise économique qui s'amorce, qui prend de l'élan, ici, au Québec, on
continue de ralentir. Ailleurs, les déficits diminuent; ici, ils augmentent.
C'est dans ce contexte que nous demandons au Parti québécois, s'il ne peut
contribuer à l'économie, qu'au moins il cesse de nuire au développement
économique du Québec.
Nous demandons, de façon plus spécifique,
un répit pour les contribuables. Ça veut dire quoi? Bien, les contribuables,
ils viennent de recevoir, là, leurs factures de chauffage pour le mois de
janvier et ils se sont aperçus que ça avait augmenté drôlement. Dans ce
contexte-là, il faut limiter la hausse des tarifs d'Hydro au taux de l'inflation.
On demande de modifier la demande d'Hydro-Québec qui est présentement en
attente d'audition devant la Régie de l'énergie.
On n'exige également aucune hausse d'impôt
ou de taxe dans le prochain budget. Ça prend absolument un répit pour le
contribuable. On demande également des mesures pour stimuler l'emploi. La plus
simple, la plus facile d'application rapidement, c'est qu'on demande au PQ de
renoncer aux compressions de 15 milliards de dollars dans les
infrastructures pour stimuler l'économie dans toutes les régions du Québec. On
demande également l'abandon du nouveau régime des redevances minières qui
pénalise l'économie des régions, qui pénalise l'emploi et qui pénalise les
minières québécoises. Et on demande également un plan crédible de retour à l'équilibre
budgétaire en protégeant la santé, en protégeant l'éducation et en protégeant
également le contribuable.
Nous nous présentons donc à cette
rencontre avec le ministre des Finances avec l'intention ferme de défendre le
contribuable québécois. Les Québécois ont droit à la vérité et méritent un
répit dans la situation économique actuelle où 66 800 d'entre eux ont
perdu un emploi à plein temps. Toutefois, nous pouvons nous interroger sur le
sérieux de la démarche de consultation budgétaire du Parti québécois. Comment
ce gouvernement peut-il sérieusement être à l'écoute quand la première ministre
affirme qu'il y a une possibilité de déclencher des élections sans présenter de
budget? Poser la question, c'est y répondre. Vos questions.
Mme Richer (Jocelyne)
:
Pourquoi faire tout ça, M. Couillard, en disant à l'avance que c'est fort
probable, de toute façon, que vous allez voter contre le budget?
M. Couillard : Je répète
qu'on va lire le budget, on va se rendre aux consultations prébudgétaires, on
va y participer, on va faire les demandes que vous avez vues. On va lire le
budget, on va l'analyser, hein? On vous fera part de notre décision par la
suite, s'il y a un budget. On ne sait même pas s'il va y avoir un budget.
La question, aujourd'hui, là, c'est :
Avant de décider comment on va voter, il va-tu y en avoir un budget? Ce n'est
pas acceptable d'aller en élection ou même de laisser planer la possibilité
d'aller en élection sans budget. Les Québécois ont le droit de savoir.
M. Lavallée (Hugo)
:
Mais comment est-ce que vous interpréteriez la décision d'un gouvernement du
Parti québécois de ne pas déposer de budget? C'est comme une tentative de
cacher quelque chose?
M. Couillard : C'est du
camouflage, clairement, pour cacher la réalité des finances publiques et de
l'économie aux Québécois. Ce serait inacceptable. Ce sera jugé sévèrement,
sévèrement par la population, j'en suis convaincu. Et le moins qu'on puisse…
auquel on puisse s'attendre, c'est le dépôt d'un budget, un vrai budget en
bonne et due forme, pas un résumé, un énoncé ou une mise à jour, un budget et
des livres de crédits.
M. Dutrisac (Robert)
:
Sur la question du retour à l'équilibre budgétaire, vous dites… vous parlez
d'un plan crédible de retour à l'équilibre budgétaire. Un plan, ça s'étale dans
le temps. C'est peut-être… Quelle est votre position exactement? Est-ce que
vous réclamez, comme la CAQ, un plan de… un retour à l'équilibre budgétaire dès
l'an prochain?
M. Couillard : Pour 2014‑2015,
attendons de voir les chiffres. Savez-vous, par exemple, M. Dutrisac, c'est
quoi le déficit cette année? Je ne le sais pas. L'an prochain, je ne le sais
pas. S'il y en a un autre l'année suivante? Probablement, mais on ne le sait
pas.
Alors, avant de répondre à ces questions,
voyons les chiffres, voyons les chiffres vérifiés. C'est pour ça que je parle
d'un budget et du rapport du Vérificateur général. Puis je vous rappelle que le
rapport du VG, Vérificateur général, porte sur la mise à jour de l'automne.
Alors, il va falloir l'actualiser également. J'espère que, s'il y a un budget
déposé, il sera également regardé par le Vérificateur général.
M. Dutrisac (Robert)
: Juste
un autre point peut-être. Vous avez parlé de Jacques Parizeau, de la critique
qu'il faisait, de l'inquiétude qu'il avait par rapport à l'état de l'économie québécoise.
Ce que note M. Parizeau, c'est un recul, en matière de productivité, de 2002 à
2012, là, c'est-à-dire sous un gouvernement libéral et sous un gouvernement
dans un cadre fédéral. Comment expliquez-vous que Québec a reculé, là, par
rapport aux autres pays de l'OCDE?
M. Couillard : Ce qu'il faut
demander, c'est : Comment ça se fait que le Québec était mieux géré sur le
plan de l'économie et des finances publiques pendant la pire crise financière
des dernières décennies que maintenant. Alors que nos voisins sont en
relance — elle est difficile, la relance, mais elle est
là — nous, au Québec, on traîne la patte. C'est ça, la vraie
question. Je vois que M. Parizeau qui prend conscience publiquement des grands
défis de l'économie du Québec, parfait, tant mieux, qu'on arrête de piger dans
la poche des contribuables, de se servir de la dette puis d'attendre l'argent
du fédéral. Déjà, il y a une prise de conscience qui est salutaire.
M. Lacroix (Louis)
:
Bien, M. Parizeau se base sur une étude des HEC qui remonte jusqu'à 1999, et, à
cette époque-là, là, il y a une période de presque 10 ans où les libéraux
étaient au pouvoir. Est-ce que vous reconnaissez une partie de responsabilité
dans ce recul, entre autres, qu'ont connu les entreprises dans leur
développement au cours de cette période-là? Alors, c'est ça, le gros constat.
M. Couillard : Moi, je vous
parle du présent et de l'avenir…
M. Lacroix (Louis)
: Moi,
je vous parle du passé.
M. Couillard : …puis je
reconnais également que l'étude des HEC, elle montre clairement le grand défi,
le grand défi du Québec.
M. Lacroix (Louis)
:
...M. Couillard, c'est les libéraux qui étaient là pendant 10 ans, là, avant, là,
et l'étude des HEC, sur laquelle se base M. Parizeau, fait état d'une situation
qui a duré pendant 10 ans à l'époque. C'étaient les libéraux qui étaient au
pouvoir.
M. Couillard : Bon. Mais moi,
je me souviens…
M. Lacroix (Louis)
: Est-ce
que vous reconnaissez une responsabilité?
M. Couillard : Moi, je me
souviens très bien, en 2003, de nous être fait envoyer un budget avant l'élection,
dans lequel il y avait un trou de 4 milliards, qu'on a réussi à équilibrer
le budget puis baisser les impôts des Québécois en protégeant la santé et l'éducation.
Ça, je me souviens de ça. Je me souviens également qu'on a créé de l'emploi,
qu'on a allégé le fardeau fiscal. Je me souviens de ça aussi.
Ce que l'étude de M. Gagné montre, c'est
les défis fondamentaux auxquels il faut s'attaquer dès maintenant et de façon importante.
M. Lacroix (Louis)
:
Alors, c'est oui ou c'est non? Reconnaissez-vous une responsabilité ou pas?
M. Couillard : Le Parti
libéral a fait beaucoup pour développer l'économie du Québec. Pensez au Plan
Nord, par exemple. Depuis son arrêt, c'est toute l'économie du Québec, qui est
en panne. Autre question.
M. Chouinard (Tommy)
:
M. Couillard, je comprends que, pour 2014‑2015, vous ne demandez pas nécessairement
que ce soit déficit zéro.
M. Couillard : Je veux voir
les chiffres avant. Sans les chiffres, je maintiens l'objectif de 2014‑2015. On
va voir les chiffres, on s'attend à ce que les chiffres soient vérifiés. Je ne
sais même pas s'ils vont être vérifiés, je ne sais même pas s'ils vont être
crédibles.
Je vous le dis tout de suite, là, si un
jour il y a un dépôt d'un budget, je ne suis même pas certain qu'on peut croire
le chiffre de déficit qui va être là, mais espérons qu'il sera vérifié, il sera
crédible. Lorsqu'on aura les chiffres crédibles devant nous, nous, on fera part
de notre stratégie pour le retour à l'équilibre. Je vous rappelle qu'en 2003,
avec un trou de 4 milliards, on est arrivés à le rétablir, et à créer également
de l'emploi, et baisser de fardeau fiscal des Québécois.
M. Chouinard (Tommy)
:
Je comprends que vous n'allez pas vous engager, vous n'allez pas fixer une date
claire. Il y a une élection qui s'en vient, là, on s'entend là-dessus. Donc,
vous n'allez pas promettre un déficit zéro à votre arrivée au pouvoir, la
première année, là? Je comprends que ça, c'est…
M. Couillard : On va
s'engager à rétablir l'équilibre budgétaire. Pour le reste, je veux voir les
chiffres. C'est pour ça que c'est inacceptable d'aller en élection sans les
chiffres puis sans les budgets. Ça n'a aucun sens. C'est un manque de respect
complet envers la population du Québec.
M. Chouinard (Tommy)
:
Donc, selon vous, dans quel délai le Vérificateur général peut se prononcer sur
la validité des chiffres qui sont présentés dans le budget?
M. Couillard : Bien là, il va
se présenter… on sait que son rapport date… sera prononcé, pardon, sur la mise
à jour de l'automne. Il pourrait être possible pour lui de faire un ajustement
et un commentaire, je suppose, lors du budget, mais on va également analyser le
budget, là, on sait lire entre les lignes. On va voir s'ils ont péché par excès
d'optimisme. D'ailleurs, Mme Marois, en 2003, dans son livre, je crois, disait
par la suite qu'elle avait été quelque peu optimiste dans ses prédictions.
Alors, on peut s'attendre à la même recette puisque c'est la même personne.
Mme Biron (Martine)
:
M. Couillard, vous dites : On veut les chiffres. Est-ce que ça va être
difficile pour vous, par exemple, de faire vous-même un plan de retour à
l'équilibre budgétaire si vous n'avez pas de budget?
M. Couillard : C'est
difficile pour n'importe qui de faire un plan de retour à l'équilibre
budgétaire sans les vrais chiffres, pas des chiffres lancés en l'air, des
chiffres solides, vérifiés, c'est clair. L'objectif doit être le plus rapide
possible. Ce n'est pas un à-côté, l'équilibre budgétaire, c'est fondamental.
Mme Biron (Martine)
:
…ça veut dire que vous ne serez pas capable de faire de prédiction, pas capable,
en campagne électorale, de présenter un plan…
M. Couillard : Nous, on reste
sur 2014‑2015. Je vous rappelle que nous, dans notre cas, le passé est garant
de l'avenir. En 2003, on est arrivés, on a trouvé un trou de 4 milliards, on a
équilibré le budget puis on a, par la suite, réduit le fardeau fiscal des
Québécois.
M. Laforest (Alain)
:
Il y a à peu près un mois et demi, M. Couillard, vous nous avez dit que c'était
à peu près… que c'était logique de faire un déficit. Là, on sent que ce n'est
plus logique ou ça doit se faire… l'atteinte au retour à l'équilibre doit être
plus rapide que bous l'aviez dit il y a deux mois, là.
M. Couillard : Non. Le
déficit, on sait qu'il est là. Dans la mise à jour de l'automne, nos craintes
se sont avérées vérifiées, parce que la mise à jour de l'automne, si vous la
lisez correctement, nous entraîne sur un déficit sur trois ans parce que la
fameuse année du retour, 2015‑2016, il y avait 1 milliard.
M. Laforest (Alain)
: …trois
ans, c'était logique, là.
M. Couillard : Bien,
c'est-à-dire que je craignais que le déficit… que le Québec soit plongé en
déficit sur trois mois. Malheureusement, mes craintes ont été justifiées.
Voyons les nouveaux chiffres qui vont être présentés, et on se prononcera avec
précision à ce moment-là.
M. Laforest (Alain)
:
Au niveau des tarifs hydroélectriques — corrigez-moi si ma mémoire me
fait défaut — mais ce n'est pas M. Bachand qui demandait la hausse du
bloc patrimonial? Donc, là-dessus, vous trouvez que ça n'a plus de bon sens?
M. Couillard : Les
contribuables ont assez payé, là, on veut limiter la hausse des tarifs d'électricité
à l'inflation.
M. Laforest (Alain)
:
Donc, avant, ce n'était pas une bonne idée de vouloir les augmenter, là, ce qui
a été fait il y a deux ans, là.
M. Couillard : Dans l'état
actuel des finances publiques… avant, c'est l'année où on lançait le Plan Nord,
où on créait de l'activité économique et de l'innovation partout au Québec, où il
y avait un élan économique au Québec. Maintenant, c'est l'arrêt de l'élan économique
du Québec, c'est l'arrêt de l'investissement, c'est l'arrêt de l'emploi.
Alors, les contribuables, là, ils en ont
plein, plein la soupe. C'est toujours les mêmes recettes, hein, soit on va
piger dans les contribuables, soit on met ça sur la dette, soit on attend l'argent
du fédéral. Là, les contribuables ont besoin d'un répit.
M. Laforest (Alain)
:
Parlant de plein la soupe, je veux vous amener dans votre ancien domaine. Là, à
Québec, les urgences, ça déborde, ça n'a pas de maudit bon sens, là. C'est problème
sans fin, ça?
M. Couillard : C'est très
inquiétant, puis, ce qui a attiré également mon attention, vous avez vu également
les chiffres sur l'attente dans la Capitale-Nationale, ici, le nombre de
patients en attente de chirurgie après les délais de six mois a doublé. Il est
passé, en gros, de 1 600 à 3 200 en l'espace de quelques mois. On a
un gouvernement d'abord qui n'est donc pas capable de générer de revenus, donc
qui n'a pas de fonds publics, qui coupe partout dans le système de santé. J'ai
parlé des chirurgies, bien, ils ont coupé 50 millions dans les chirurgies.
Puis on a un ministre qui a un dossier unique en tête, c'est clair, là, on
l'entend partout. Tout passe par l'assurance autonomie, qui est un projet qui
ne va nulle part. Alors, il faut que ce ministre-là assume ses responsabilités,
s'assure d'avoir les fonds nécessaires pour donner l'accessibilité aux soins et
s'occupe d'autres choses que de son projet.
M. Lavallée (Hugo)
:
Donc, on est à la veille de la rentrée parlementaire, demain vous allez faire
vos premiers pas. Comment est-ce que vous vous sentez? Êtes-vous nerveux?
M. Couillard : J'ai la bonne
nervosité, c'est-à-dire que, quelqu'un qui vous dirait… C'est comme un artiste
qui va faire son concert au piano puis qui dit qu'il n'a pas le trac, là.
Méfiez-vous des gens qui vous disent ça. Mais c'est constructif pour moi, c'est
quelque chose que je vois très positivement, ça me met dans un état de
fébrilité que j'aime ressentir. Puis, vous savez, j'ai été à l'Assemblée
nationale pendant cinq ans, mais dans un rôle différent, bien sûr, mais il n'y
a pas une journée, à la période de questions, où tu te demandes qu'est-ce qu'il
va arriver, quelle question je vais avoir. Là, la différence, c'est que je sais
quelles questions je vais poser, mais je vais être peut-être surpris des
réponses. On verra. Mais je suis content de revenir à l'Assemblée.
M. Laforest (Alain)
:
Avez-vous peur du jugement demain?
M. Couillard : Moi, je l'ai
dit l'autre jour, la vie, c'est une succession d'examens. J'ai passé plein
d'examens dans ma vie, de toutes sortes, pour arriver où je suis aujourd'hui.
Il y en a un autre cette semaine, puis il y en aura un autre après, puis il y
aura l'élection. Je les prends un par un, avec la détermination que j'ai en moi
de remettre le Québec sur la voie de la prospérité pour une meilleure qualité
de vie pour tous les Québécois. C'est pour ça que je suis ici avec mes
collègues, et on ne me fera pas changer de direction.
M. Lacroix (Louis)
:
Quel ton vous allez adopter, M. Couillard, à l'Assemblée nationale?
M. Couillard : Un ton ferme,
des questions précises sur des enjeux précis. Évidemment, vous me connaissez,
je respecte les personnes, je ne changerais pas ça, mais le ton sera ferme. C'est
certain qu'on va demander précisément des réponses à des questions précises. Il
ne pourra pas y avoir de faux-fuyants.
Mme Plante (Caroline)
:
M. Couillard, is a budget that necessary when the Premier argues the numbers
haven't changed?
M. Couillard : Well, that's what worries me. If the numbers haven't changed,
they're very bad, so we absolutely need a budget. Quebeckers are entitled to
know the truth about the status of our public finances, how deep is the deficit
for this year, next year, what is the plan for the Government? In our families,
we do this every year. It's just not acceptable that we
haven't had a budget in Québec
for the last 15 months.
Mme Plante (Caroline)
: Will it be possible to campaign without a budget, either for the PQ
and for your…
M. Couillard : If an election is called, we will campaign, but, of course, not
knowing the numbers… and maybe this is the agenda of the PQ, maybe this is
exactly what they want to achieve, to hide the numbers, and to hide reality,
and go on others subjects. We will not allow this to go on. We will talk about
the economy, jobs and public finances, that's for sure.
Mme Plante (Caroline)
: …just about Charles Lapointe, in this time of economic hardship,
how do you see Charles Lapointe misspending…
M. Couillard : There is a parliamentary commission today. Let's listen to what they will do and say, and we'll look at
the report.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Can we get your reaction
to Parizeau's comments this morning?
M. Couillard : Well, he's finally acknowledging, you know, after years of maybe
pink glasses, if I could say so, that the economy of Québec is in dire straits, and we need to have serious actions to correct
the fundamental flaws that are present in our economy. And it's not only him,
the economists say it, the specialized… the press also says it. The priority
today can only be about economy, jobs and public finances. There cannot be any
more sideshows like the charter or the white book… the white paper on
separation.
Mme Montgomery
(Angelica)
: How are you feeling the
day before you start…
M. Couillard : I feel great, like James Brown.
M. Daigle (Thomas) : You used the word «toxic» to describe the Government. Is that a preview of the tone you're going to take in the coming
weeks?
M. Couillard : Well, I think it's a very… it's a good word, it's very precise. You
know, the PQ always calls to other people responsibility to explain Québec's difficulties : it's the
federal Government, it's the other provinces, it's the foreigners now. Well,
the root of our difficulties is here, in Québec, and particularly now because of the fact that this Government hasn't created any, any spirit of
optimism in economic circles in Québec. People are just withholding, keeping their investments on the
shelves rather than out there to create jobs, and this is what is happening,
and that's…
M. Daigle (Thomas) : …your tone. What's going to be your tone with the Government?
M. Couillard : Well, I'm going to be very firm, and I'm going to ask very precise
questions on precise subjects, and, if I don't get an answer, I'll just repeat
the question like you do sometimes.
Mme Plante (Caroline)
: Are you nervous in French but great in English? You're feeling
nervous in French but great in…
M. Couillard : I feel great in both official languages.
M. Harrold (Max) : M. Parizeau pointed out to some of the structural deep-rooted
problems in Québec, going back
the last decades. What part does the Liberal government play? I know, you said :
The PQ left, in 2003, Liberal government with a deficit. Is that the way we're
going to see this : if you win power, you're going to blame a whole on
this PQ government?
M. Couillard : Well, this will be part of the discourse, there is no doubt about
that. But look at the M. Gagné's, an HEC… text is very to the point. They show exactly the reality of Québec, and three numbers summarize that
reality, 20, 23, 27. We are roughly 23% of Canada's
population, we create only 20% of wealth in Canada, but our provincial expenses
are close to 27% in Canada. So we have to correct all three factors. And I
noticed that, in Mme Marois' remarks, she never talks about the need to control
expenses and actually she's way of target now by 75% compared to her budget.
M. Harrold (Max) :
Is it possible that the Liberal Government of Jean Charest contributed or
didn't do enough to rectify some of these structural problems?
M. Couillard : There are some structural problems that go a long way before us in
the recent years, and now they have to be addressed, but now the PQ is making
it worse. Let me repeat it, because I heard it all across Québec : People
don't trust this government. They don't feel that they understand their
reality.
When M. Paradis told you
that there's not a single «entrepreneur» on this cabinet, that's a reality that
people know and immediately noticed. So they keep their money, they don't
invest. The Plan Nord's arrest has been devastating for the economy of Québec
all across. I've met «entrepreneurs» in Beauce, for example. We've felt that
they had to lay off people because of the fact of the Plan Nord was abandoned.
So they have created a
very negative, negative climate in the economy and finances, while embarquing
on sideshows, the charter and now the white paper on separation.
M. Dougherty (Kevin)
:
Mme Marois suggests that it's justified for her to call in election without a
budget because you want to bring down her government.
M. Couillard : We've said, and I've said it again, we will read the budget, we will
judge it, but our judgment on this government's economic policy is already
very, very harsh. But we'll read the budget and will communicate our decision
if there's a budget. But let me repeat that it is totally unacceptable for this
Government to call an election without a proper budget, not a summary, a proper
budget and budgetary credits.
M. Dougherty (Kevin)
:
Last year, your party voted against the budget, but not all members voted. I
mean, it was just by one vote…
M. Couillard : We were in the middle of a leadership race.
M. Dougherty (Kevin)
:
But this time, if you read the budget and you don't like it, will you vote
against it and bring down the Government?
M. Couillard : All members will be there to vote according to their conscience.
Thank you.
(Fin à 13
h 26)