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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, et de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Wednesday, February 12, 2014, 9 h 33

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-trois minutes)

Mme David : Bonjour. Mon collègue et moi, nous allons rencontrer le ministre des Finances à 4 heures, cet après-midi, dans le cadre des consultations prébudgétaires. Évidemment, vous comprendrez que c'est sans grande illusion que nous allons essayer de lui apporter nos propositions, puisque, si on en croit les rumeurs, le budget est probablement presque terminé et sera présenté très bientôt. Mais toutefois, nous tenons à participer à cette consultation pour dire au ministre des Finances et au gouvernement du Québec : Arrêtez de faire semblant de nous préparer un budget de prospérité, vous faites exactement la même chose que l'ancien ministre des Finances, et ça, vous le faites depuis 18 mois. Vous êtes dans l'austérité, vous êtes dans les compressions. En fait, si je voulais ironiser un peu, je dirais que je crains très fort que nous ayons un budget conservateur la semaine prochaine au Québec.

Le document de consultation prébudgétaire nous parle très peu, en fait, de prospérité, mais annonce des mesures d'austérité tout à fait conséquentes d'ailleurs avec ce qu'on connaît depuis 18 mois. Par exemple, on ne va pas chercher de nouveaux impôts, de nouvelles taxes, y compris chez les gens les plus fortunés ou dans les grandes entreprises. On préfère augmenter les taxes et les tarifs de la classe moyenne et des gens à revenus modestes. On met le garrot sur le financement des services publics. 2 % d'augmentation, concrètement, ça veut dire nécessairement des coupures. Nous le vivons dans nos circonscriptions, dans les CSSS, nous le voyons dans les commissions scolaires, nous le voyons partout.

L'austérité, c'est une hausse des tarifs d'électricité qui pourrait atteindre 22 % sur quatre ans et 5,8 % dès cette année, ce qui est énorme pour les gens ordinaires. C'est aussi la multiplication de d'autres hausses : hausse des tarifs de transport en commun, possiblement hausse des tarifs en services de garde. Là-dessus, le gouvernement se garde bien d'annoncer ses vraies couleurs. On continue d'avoir des frais accessoires dans la santé. Bref, on est vraiment dans une situation de budget d'austérité, c'est ce qu'on vit depuis l'arrivée au pouvoir du Parti québécois. Nous craignons très fort que ce soit comme ça qu'on continue.

M. Khadir : En fait, souvent, le gouvernement va invoquer le fait qu'on ne peut pas aller d'autres revenus. C'est parfaitement faux, c'est un choix politique. Le premier exemple qui me vient à l'esprit, il s'agit de Pharma-Québec, par exemple. Ça fait des années qu'on en fait la proposition. À chaque fois qu'on présente le projet, personne ne peut contester les chiffres. On se rappelle que l'Ontario, déjà depuis 2006, a une politique d'achats groupés des médicaments qui lui permet de faire des économies suivant les chiffres officiels qu'ils peuvent avancer. Étant donné les ententes secrètes, c'est limité ce qu'ils peuvent dire là-dessus, mais c'est 500 millions au moins. Moi-même, j'ai rencontré des responsables. 500 millions, au moins de réduction de dépenses inutiles, des prix des médicaments qu'on paie en trop. On sait qu'en Nouvelle-Zélande un gouvernement conservateur a réussi à réduire de 65 % ces coûts de médicaments. Ça, ça veut dire 2 milliards, si c'était aujourd'hui au Québec, pour la RAMQ.

Donc, vous voyez bien à quel point le gouvernement peut réduire des dépenses inutiles pour les consacrer à d'autres besoins, mais, en plus, il y a des revenus. Le gouvernement libéral, en 2007, a aboli la taxe sur le capital des entreprises sans faire de distinction entre entreprises petites et moyennes, qui créent des emplois, qui doivent investir dans leurs équipements, etc., et les entreprises financières. Or, le gros de ce cadeau fiscal a été gobé par des banques et des entreprises financières qui sont l'investissement spéculatif. Ils n'en ont pas besoin, c'est entre 600 et 800 millions, dépendamment de comment on le calcule, mais juste rétablir une taxe qu'il y avait avant aux banques et aux entreprises financières, c'est un autre 600 millions, au bas mot, de revenus pour l'État.

Enfin, il y a le gain de dividende et le gain de capital. Vous savez qu'ils sont imposés à moitié. Autrement dit, moi, comme médecin, si je travaille à voir des patients, mon impôt s'applique à l'ensemble de mes revenus, mais si je mets cet argent-là, qui travaille pour moi, dans la bourse et j'ai le même revenu, bien, c'est la moitié de cet argent-là qui est imposé. Et vous savez qui en profite, essentiellement? C'est les gens les plus fortunés, qui ont des investissements capitalisés ou touchent des dividendes.

C'est 800 millions de dollars de revenus supplémentaires que le gouvernement pourrait aller chercher. Alors, faites les calculs, entre 2,5 et 3,5 milliards de dollars de revenus supplémentaires que le gouvernement, juste en ces trois chapitres là, peut aller chercher. Donc, je pense que le gouvernement ne peut pas invoquer qu'il n'a pas de revenus, c'est une question de choix. On décide d'imposer ces choix-là, de serrer la ceinture des gens ordinaires, d'augmenter leurs tarifs, d'augmenter leurs coûts ou on le fait à ceux qui sont déjà très, très fortunés, les banques, les entreprises multinationales pharmaceutiques.

M. Caron (Régys) : Ne croyez-vous pas que, ce faisant, si le gouvernement, là, adoptait les mesures que vous suggérez, ils joueraient le jeu du fédéral qui, selon le ministre Marceau, ramène le déséquilibre fiscal?

Mme David : Attention. On sait très bien — on s'est documentés, quand même, là — que le gouvernement fédéral peut diminuer la péréquation à l'égard du Québec si l'on augmente de façon importante les redevances au niveau des ressources naturelles et que ça nous rapporte beaucoup d'argent. Là, il y a effectivement un enjeu, pas si on adopte les mesures dont mon collègue vient de parler.

M. Khadir : Aucun rapport, et, de toute façon, un gouvernement indépendantiste… à un moment donné, un gouvernement est indépendantiste ou pas. Il choisit les politiques qui, à long terme, l'avantagent ou pas. On ne peut pas continuellement faire le quêteux au niveau fédéral et se dire indépendantiste. Il y a des choix à faire, le peuple du Québec a besoin de voir un gouvernement qui est décidément et assurément investi d'une capacité d'agir souverainement en fonction des meilleurs intérêts de la population.

M. Laforest (Alain) : Justement, à Ottawa, hier, ce qui a circulé après la sortie du ministre des Finances, c'est que le gouvernement du Québec était dépendantiste par rapport à Ottawa.

Mme David : Il y a tellement de démagogie qui se fait autour de ça. Ça s'est beaucoup dit, dans les dernières semaines, qu'il y avait énormément d'argent qui était donné au Québec, mais, si on calcule ces montants-là per capita, c'est-à-dire au prorata de la population du Québec, on reçoit moins qu'au moins, de mémoire, là, quatre provinces canadiennes. Donc, qu'ils arrêtent de nous bassiner à Ottawa.

Et j'en profite pour dire que leur budget, leur budget conservateur, est une véritable honte à toutes sortes de niveaux, mais aussi et entre autres parce qu'il empiète sur les compétences du Québec en matière de formation de la main-d'oeuvre et que ça, c'est inacceptable.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Pourrait-il y avoir un transfert d'espace fiscal entre Ottawa et Québec, selon vous?

M. Khadir : Oui. La réponse à ça, c'est l'indépendance du Québec, tout simplement. Vous savez où on loge, un gouvernement Québec solidaire, dans son premier mandat, engage un véritable processus d'accession à l'indépendance. Donc, c'est des questions qu'on peut toujours poser en termes particuliers sur quelques points d'impôt, mais nous, on a choisi la voie de l'indépendance, d'une action énergique pour mener le peuple québécois à un choix clair sur son destin et sur son avenir.

Mme David : Merci beaucoup.

M. Khadir : Merci.

(Fin à 9 h 40)

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