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Point de presse de M. Alexandre Cloutier, ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, à la Francophonie canadienne et à la Gouvernance souverainiste

Version finale

Wednesday, February 12, 2014, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures une minute)

M. Cloutier : Alors, il n'est pas question pour le gouvernement du Québec de céder à toute forme de chantage de la part du gouvernement fédéral. Pas question non plus de céder à cette nouvelle forme de fédéralisme : le fédéralisme prédateur. Il faut prendre conscience aussi de l'incohérence de la part du gouvernement fédéral. Est-ce que vous vous souvenez que c'est le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui a mis en place l'entente de 2008? C'est son gouvernement à lui qui a négocié une bonne entente avec le gouvernement du Québec en 2008 pour mettre en place des mesures pour la formation de la main-d'oeuvre. Quelle incohérence d'entendre M. Denis Lebel, partout sur les médias hier, vanter l'excellence de l'entente actuelle puis conclure en disant qu'il fallait la revoir. Au Québec, il y a un consensus, consensus de tous les partis politiques, consensus aussi pour les partenaires du marché du travail, et il n'est pas question pour le gouvernement du Québec de céder à toute forme de chantage.

Pensez-vous vraiment qu'à partir du 1er avril Service Canada est capable de remplacer les services offerts par Emploi-Québec? C'est quoi? Le gouvernement fédéral va engager des nouveaux fonctionnaires pour faire exactement le travail qui est fait par Emploi-Québec? Y a-tu quelqu'un, vraiment, qui croit ça?

Alors, le gouvernement fédéral manque de cohérence dans son approche. De toute évidence, il fait preuve d'improvisation et, au lieu de menacer le Québec, il devrait plutôt donner suite à l'entente. Nous avons envoyé une entente en octobre 2013. Nous n'avons reçu aucun commentaire sur l'entente que nous avons envoyée à Ottawa pour reconduire cette fameuse entente sur la main-d'oeuvre. Alors, au lieu d'improviser et au lieu de vouloir créer une double structure pour venir faire exactement ce que fait Emploi-Québec, là, il devrait plutôt donner suite à l'entente sur la main-d'oeuvre qui a été envoyée. Et, pire encore, il faut quand même se souvenir que l'entente de 2008 vise particulièrement les personnes les plus vulnérables, donc les personnes les plus éloignées du marché du travail.

Je veux vous dire aussi qu'on retrouve la même incohérence du gouvernement conservateur dans le dossier des infrastructures. Pourquoi je vous dis ça? Parce que ça fait des mois qu'on nous dit : Attendez le budget fédéral, vous allez enfin connaître quels sont les paramètres pour les programmes d'infrastructure au Québec, alors qu'hier absolument aucun détail n'est donné. Pourtant, les nouvelles enveloppes vont être en vigueur à compter du 1er avril 2014, là, puis ça, ce que ça veut dire concrètement, comme on n'a aucun détail de ces programmes-là… que les projets d'arénas, partout à travers le Québec, les projets de routes, bref, les projets d'infrastructure, bien, ce sont des projets qui seront retardés par l'hésitation et l'improvisation du gouvernement d'Ottawa. Et, encore sur ce dossier-là, comme on le savait, nous, le gouvernement du Québec, qu'on en arriverait… c'est-à-dire que les programmes seraient en vigueur à compter du 1er avril, bien, on n'a pas attendu à la dernière minute, on a envoyé le projet d'entente dès l'automne dernier, dès le mois d'octobre dernier. Savez-vous ce qu'on a reçu comme réponse de la part du gouvernement fédéral? Aucun commentaire. Alors, on est encore dans ce même scénario où le Québec fait face à un programme qui est annoncé sans pourtant faire connaître le détail sur la manière dont il sera déployé.

Avez-vous entendu de quoi, hier, sur le SLR? On nous annonce qu'on va faire un péage sur le pont Champlain, qu'on va mettre en place une structure de train pour accueillir le SLR, mais on ne dit pas comment on va le financer. Comment voulez-vous qu'on se lance pour la construction d'un nouveau pont avec un train, si on ne s'assure pas que le financement du train en fait partie? Alors, c'est pour ça que le gouvernement du Québec a demandé au gouvernement d'Ottawa, dans son enveloppe sur l'infrastructure, de prévoir le milliard à même les fonds qui doivent revenir au gouvernement du Québec. Le maire de Montréal a lui-même fait cette même demande, et hier, malheureusement, on n'a absolument rien retrouvé dans le budget du gouvernement fédéral.

Même incohérence aussi sur le respect des compétences du Québec. Vous savez que les conservateurs aiment dire, d'un côté de la bouche, qu'ils respectent les compétences du Québec. Vous vous souvenez du fameux discours de la Chambre de commerce de Québec à l'effet qu'ils allaient respecter le partage des compétences. Pourtant, hier, à nouveau, on nous arrive avec une bonification des programmes de bourses pour les étudiants aux études supérieures. S'il y a un domaine qui fait consensus puis que c'est clair pour tout le monde que c'est de la responsabilité du Québec, c'est certainement les prêts et bourses, auxquels, comme vous le savez, on s'est battus, à l'époque, pour les fameuses bourses du millénaire. Alors là, on nous arrive avec bourses du millénaire version conservateurs, et vous aurez compris que le Québec a l'intention de réclamer sa juste part. S'ils étaient sérieux, les conservateurs, dans leur volonté de vouloir aider le Québec, justement, à soutenir ses programmes d'éducation, bien, ils reviendraient aux fameuses coupures qu'il y a eu en 1994‑1995 pour les transferts pour les programmes sociaux qui représentent 800 millions.

Je veux juste vous faire un peu d'historique, là. Souvenez-vous quand c'était Fournier qui était ministre de l'Éducation du Québec, la priorité de l'ancien gouvernement, c'était justement de régler la question du sous-financement des universités et de mettre la main sur ce fameux 800 millions. Force est de constater qu'ils n'y sont pas arrivés et qu'aujourd'hui, au lieu de transférer l'argent au Québec, bien, on préfère plutôt bonifier et dédoubler des activités que le Québec fait déjà. Même chose pour les valeurs mobilières. On dit qu'on veut respecter les compétences du Québec. Vous avez vu, au fil des derniers jours particulièrement, plusieurs acteurs économiques importants du Québec se manifester, expliquer en quoi le transfert du secteur financier de Montréal à Toronto aura d'importantes conséquences pour le Québec et aussi de l'inéquité.

Il faut parler d'inéquité envers les Québécois parce que c'est assez incroyable de voir le gouvernement conservateur mettre sur pied un nouveau fonds de 500 millions pour l'industrie automobile, qui se concentre bien évidemment en Ontario, par rapport à l'industrie forestière. C'est 11 fois plus d'argent qu'on met dans l'industrie de l'automobile par rapport à l'industrie forestière. Pourtant, l'industrie forestière, au Québec, vous le savez, représente plus de 60 000 emplois. S'il y a quelqu'un au Québec qui devrait savoir que l'industrie forestière a besoin d'aide, c'est bien Denis Lebel. C'est dans le comté de Denis Lebel, dans Roberval, qu'on a tenu notre sommet sur la forêt, où le gouvernement du Québec a tenu plusieurs engagements pour l'industrie forestière. Pourtant, Denis Lebel semble rejeter ça du revers de la main et accepter que l'industrie forestière reçoive 11 fois moins d'argent que le secteur de l'automobile. Et je lance un défi à M. Lebel parce que le gouvernement du Québec vient de lancer sa nouvelle politique pour l'électrification des transports : est-ce qu'il est prêt à garantir que le Québec aura sa part de ce fonds de 500 millions pour nous permettre de nous aider à développer notre secteur d'électrification des transports du Québec? Je m'attends à de l'équité aussi pour ce fonds de 500 millions.

Je termine en vous présentant non pas notre tableau, mais bien le tableau du directeur du budget parlementaire, qui illustre bien le déséquilibre fiscal qui va s'amplifier au fil des prochaines années. Alors, essentiellement, ce que vous retrouvez dans le tableau du haut, ce sont les dépenses fédérales, qui sont en décroissance. Comme vous pouvez voir, là, c'est plus spectaculaire à compter de 2021. C'est relativement stable, puis ensuite on est vraiment en décroissance. Parallèlement, bien, vous voyez la croissance de l'ensemble des provinces. Alors, la problématique, elle est vraie pour le Québec, mais elle est aussi vraie pour les autres provinces canadiennes. Vous l'avez d'ailleurs vu dans la sortie de Mme Wynne, c'est essentiellement ce à quoi elle faisait référence : plus de croissance des dépenses en matière de services sociaux, plus de croissance des dépenses en santé.

Vous savez, c'est pas mal plus facile pour un gouvernement de couper dans le militaire que de couper dans les soins de santé. Il est hors de question pour nous de couper les services sociaux, de couper les soins de santé, puis c'est pour ça qu'on va exiger de la part du gouvernement d'Ottawa notre juste part et que nous lui demandons de cesser le plafonnement qu'il fait aux transferts canadiens en santé. Parce que ce qui explique, essentiellement, le tableau dont je viens de vous présenter... il s'explique essentiellement par le plafonnement qu'on vient d'annoncer pour le transfert canadien en santé : alors qu'on était aux alentours… pas aux alentours, on avait un transfert qui croissait de 6 %, il sera dorénavant entre 3 % et 4 %. Cet écart crée un manque à gagner de plus de 9 milliards de dollars pour le Québec : 9 milliards de dollars de moins pour les services sociaux, 9 milliards de moins pour payer nos médecins, pour offrir des services de soins à la population, et c'est ce qui explique en gros le déséquilibre fiscal qui va se projeter et s'amplifier au fil des prochaines années.

Le statut de province du Québec nous oblige à être en réaction au budget du gouvernement fédéral. Tant et aussi longtemps que nous serons dans cette fédération, on sera en réaction des mauvaises décisions d'Ottawa. La solution, pour notre gouvernement, est bien évidente et c'est celle de la souveraineté du Québec pour qu'enfin on décide pour la nation québécoise, pour le peuple québécois et qu'on arrête de s'enfarger dans les décisions qui sont prises ailleurs au Canada et qui ne sont pas prises dans l'intérêt du Québec.

M. Laforest (Alain) : À Ottawa, hier, vous avez laissé entendre que vous étiez des dépendantistes.

M. Cloutier : Tant et aussi longtemps qu'on sera dans la fédération, on sera dépendants des mauvaises décisions d'Ottawa, et la façon d'y mettre fin, c'est l'indépendance du Québec.

M. Gentile (Davide) : Mais, dites-moi, s'il y a un problème... Parce que, si on demeure une province — ce qui fait aussi partie du rayon des possibilités — avez-vous songé à créer une alliance, à moyen terme, avec les autres provinces pour, justement, essayer de contrer cet effet-là, là, quant à la baisse des transferts en santé?

M. Cloutier : Nous travaillons déjà avec l'Ontario, et nous allons continuer de le faire. Nous vivons des problèmes qui, effectivement, sont similaires en ce qui a trait à la croissance des dépenses, particulièrement en matière de santé et de services sociaux. Nous allons continuer à collaborer. Mais vous savez ce qui s'est passé dans le dossier du plafonnement des transferts canadiens. Savez-vous de quelle manière ça a été annoncé, qu'on allait plafonner les transferts canadiens en matière de santé? Quelque part le 20 décembre 2011, comme par hasard, la veille de Noël de 2011, où qu'à peu près personne n'a réagi parce que la nouvelle est passée à peu près inaperçue, et c'est après, parallèlement à ça, que tout le monde s'est dit : Bon, bien, qu'est-ce qu'on peut faire à partir de maintenant? Mais il faut comprendre que le Québec partage et travaille déjà avec, particulièrement, l'Ontario pour exprimer cette problématique qui va croître dans les prochaines années.

M. Dutrisac (Robert) : Vous avez plusieurs fronts, puis il y aplusieurs éléments que vous avez mentionnés. La liste est longue. C'est quoi, votre priorité?

M. Cloutier : Bien, ils sont tous prioritaires. Comment voulez-vous que je dise que les valeurs mobilières, c'est moins important que la main-d'oeuvre ou que l'industrie forestière est moins importante pour les travailleurs? C'est extrêmement difficile pour nous. C'est pour ça qu'on arrive avec une liste relativement exhaustive. Mais regardez les sommes en jeu, là. Le programme d'infrastructure… Juste la taxe sur l'accise, c'est 450 millions annuellement, le programme d'infrastructure, c'est un 200 millions, le fameux fonds au mérite, c'est 1 milliard de dollars. Les sommes en jeu pour la main-d'oeuvre sont extrêmement importantes. Ce que je veux dire, c'est que l'ensemble de l'oeuvre m'apparaît très important.

M. Corbeil (Michel) : J'imagine que ça va vous aider pendant… J'imagine que ce budget-là va pratiquement vous aider pour la prochaine campagne électorale. Vous allez vous en servir.

M. Cloutier : Bien, ce budget-là est un autre budget qui ne respecte pas les compétences du Québec, où on pratique le fédéralisme, là, dominateur, un  fédéralisme prédateur. Et, pour nous, c'est un autre mauvais budget, qui s'inscrit dans une continuité. Le dernier budget, c'est là qu'on avait appris qu'on allait mettre fin à l'entente sur la main-d'oeuvre, qu'on allait couper les fonds des travailleurs, qu'on allait de l'avant avec la Commission des valeurs mobilières. Ils nous ont habitués à des mauvaises décisions par le passé.

M. Caron (Régys) : M. Cloutier, la dernière fois que le déséquilibre fiscal a été réglé — il y a eu un règlement il y a quelques années, en 2008 — le gouvernement Charest avait décidé de réduire les impôts à hauteur du règlement, c'est-à-dire autour de 800 millions. Quelle crédibilité ça laisse au Québec aujourd'hui pour prétendre qu'il y a déséquilibre fiscal?

M. Cloutier : En fait, ce n'est pas le Québec, hein, qui le prépare. Le tableau dont je vous ai fait part, là, tout à l'heure, c'est vraiment un tableau qui montre la croissance des dépenses pour l'ensemble des provinces. Alors, la réalité québécoise, elle est vraie aussi pour, particulièrement, l'Ontario. Maintenant, la crédibilité qu'on a, c'est… Regardez les chiffres, là, en santé, puis le vieillissement de la population.

M. Caron (Régys) : …ça, est-ce que vous vous engagez, une fois, hypothétiquement, que le conflit serait réglé, à ne pas réduire les impôts, à affecter l'argent aux services?

M. Cloutier : À l'époque, on l'avait dénoncé. Ce qu'on avait dit, c'est qu'on avait de la misère à payer les services. On avait été surpris par la décision du gouvernement Charest de l'époque. Mais vous aurez compris qu'on est dans l'hypothétique, là. À ce stade-ci, là, je n'ai pas encore entendu Ottawa dire et reconnaître qu'il y avait le déséquilibre fiscal. Notre premier défi, c'est celui-là, puis ensuite c'est le règlement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, si, l'année prochaine, le ministre des Finances annonce un surplus budgétaire et une baisse des impôts ou de la taxe de vente fédérale, vous allez combler cet espace fiscal là?

M. Cloutier : Bien, de un, vous présumez qu'il y aura une baisse des impôts. Vous…

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous présumez qu'il n'y aura pas de surplus budgétaire l'année prochaine?

M. Cloutier : Ah non! Pour ce qui est du surplus budgétaire, je n'ai aucun doute. En fait, je serais même surpris qu'on ne termine pas l'année courante avec un surplus budgétaire. Maintenant, qu'est-ce que le gouvernement conservateur fera à partir de là? À ce stade-ci, il est trop tôt pour spéculer.

M. Bélair-Cirino (Marco) : …c'est une option de combler un espace fiscal plutôt que d'attendre les transferts fédéraux qui ne pourront jamais venir?

M. Cloutier : Oui, mais l'espace fiscal puis l'imposition, ce n'est pas nécessairement la même chose que le transfert de points d'impôt, comme ça avait été le cas sur la TPS, par exemple. À ce stade-ci, les mesures fiscales… de spéculer sur quelles mesures fiscales le Québec pourrait mettre en place, il est beaucoup trop tôt pour spéculer là-dessus, ce n'est pas… on ne travaille pas là-dessus.

M. Harrold (Max) : M. Cloutier, how does this budget, the federal budget help you sell you case about all the bad things about Ottawa and the federal system?

M. Cloutier : Well, I'm just saying to the federal Government : Stop trying to blackmail the Québec Government. I mean, we will not respond to that and we will continue to negotiate. I don't believe at all in their capacity to put in place a new employment program in Québec. I don't think they have the resources, except if they tell the truth to Quebeckers that they will hire new public servants to do the job, which I don't think will be a good idea because Québec is already doing this work.

M. Harrold (Max) : And you said it's $9 billion that we're going to miss over the next several years?

M. Cloutier : Absolutely, in terms of transfers to health system, over the next 10 years, that will be a lack to gain, for Quebeckers, up to $9 billion.

M. Harrold (Max) : For health care?

M. Cloutier : Yes, $9 billion for health care, for public services… essentially health care. Thank you. Merci.

(Fin à 10 h 17)

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