(Onze heures cinquante-neuf minutes)
M. Poëti
: En fait — bien,
merci d'être là — ce que je voulais souligner, parce que la période
de questions nous limite évidemment, à certains égards... premièrement, avoir
des réponses, mais aussi préciser des dates, et je pense que les dates sont importantes
dans ce cas-ci.
Ma question était assez simple. Je pense
que vous l'avez tous très bien comprise. Quand la ministre, évidemment, nous
dit que, dès qu'elle a su, qu'elle a eu l'information, évidemment, qu'il y
avait des arrangements pour bloquer, justement, des entrepreneurs, dès qu'elle
l'a su, elle dit qu'elle l'a dit. Je vous invite à réécouter la partie de sa
tentative de réponse où elle a glissé «2007», et je vais la réécouter moi-même,
elle a glissé «2007».
Sous l'écoute électronique, elle est en 2009
et elle parle d'un dossier de la semaine précédente. Ça, c'est inquiétant. C'est
vraiment inquiétant, parce que, du moment où... Je comprends, et vous savez
tous qu'elle est allée fermer sa porte, qu'elle a dit : Il ne faudrait jamais
que ça sorte public. À cette heure que c'est public aujourd'hui, ma question, c'est :
Depuis quand, vous, vous le saviez que ceci se produisait? Et ce matin,
candidement, elle a glissé «2007». Elle était sous écoute en 2009.
Le président du Fonds de solidarité a été
guidé vers la porte avec 1,2 million de dollars compte tenu de ce qu'il a
dit, compte tenu de son attitude, compte tenu de son comportement. Et cette
dame-là, aujourd'hui, elle est ministre du développement, assise avec nous à
l'Assemblée nationale, et ils partent à rire lorsqu'ils disent : Bien,
nous, on n'a pas besoin de code d'éthique. Je m'excuse, je trouve ça
questionnable, je trouve ça inquiétant. Et une personne qui est dans un
gouvernement, assise dans une chaise de ministre, qui nous dit qu'en 2007 elle
était au courant de certaines choses… C'est ce qu'elle a dit tantôt, c'est elle
qui a donné la date, ce n'est pas moi qui le fais. Je vais réécouter les
bandes, je l'ai bien entendue. En 2009, elle nous parle d'un dossier d'une
semaine précédente, donc il y a une semaine, et aujourd'hui elle vient nous
dire que, dès qu'elle l'a su, elle a avisé. Bien, la réponse, c'est non.
Et deuxième chose qui m'embête un peu, on
parle de transparence, on parle d'éthique, ce n'est pas elle qui a dit qu'elle
a été rencontrée par les gens de la commission, c'est la première ministre qui
a dû… suite à la nouvelle, évidemment, de sa façon d'agir sur l'écoute
électronique, qui a confirmé ça. Alors, pour moi, je vous laisse faire vos
déductions, mais les dates sont importantes. C'était simplement l'objectif de
ma question ce matin et d'avoir la vérité, pas autre chose.
Mme Thériault
: Vous
allez tous convenir que, puisque la première ministre s'est engagée, lors du
discours inaugural, à faire preuve de transparence, c'est totalement
inconcevable qu'une ministre qui soit venue vous rencontrer ici, en point de
presse à l'Assemblée nationale, ne vous ait pas dit qu'elle avait rencontré les
gens de la commission, première des choses.
C'est un gouvernement qui doit répondre
aux questions, et ils ne le font pas. La seule chose qu'ils font, c'est qu'ils
s'essuient les pieds sur nous pareil comme si on était un tapis. Ils ont dit
qu'ils étaient pour être transparents, et on attend des réponses. Est-ce qu'il
y a eu un «cover-up»? Elle a passé 20 ans au fonds, elle a été longtemps dans
ses fonctions. À partir du moment… si là, 2007, d'après ce qu'elle semble dire…
ça n'empêche pas que, dans la transcription de l'écoute électronique, la
semaine précédente, il s'est passé quelque chose. Le fonds, c'est les fonds
régionaux, c'est la Solim, c'est le Fonds de la FTQ, c'est tous les placements potentiels.
Comment se fait-il qu'elle n'a pas allumé de lumière nulle part avant puis
comment ça se fait qu'ils n'ont pas fait de changement? On est en 2013, elle
est ministre depuis 2012, on n'a absolument aucune confiance en cette ministre-là.
M. Journet (Paul)
:
Est-ce que vous n'êtes pas en train d'accorder trop d'importance à ce qui
pourrait être une simple erreur quand elle a parlé au sujet d'une date, là? Ça
ne serait pas la première fois qu'un député, dans le feu de l'action, pourrait
se tromper sur l'année.
M. Poëti
: Bien, si tel
est le cas, je l'invite à l'expliquer immédiatement, de se corriger et de le
dire. Moi, je l'ai entendue comme vous et j'ai été étonné de cette réponse-là.
Évidemment, ma question, c'est que je voulais une réponse. Elle a glissé
«2007», et c'est sous écoute en 2009. Alors là, quand elle dit : J'ai
avisé dès que j'étais au courant de ça, du même souffle où elle s'est levée
pour fermer la porte puis dire : Il ne faudrait jamais que ça sorte
public. Et le... Et, pour un comportement comme celui-là, le président sort
avec 1,2 million, puis, elle, est nommée ministre? Excusez-moi, là, je
trouve que la marge entre les deux, là, est assez grande, là. Ça m'inquiète de
voir ça.
M. Journet (Paul)
:
Est-ce que vous lui avez demandé de vérifier s'il ne s'agissait pas d'une
erreur avant de venir nous voir?
M. Poëti
: Bien, moi,
je ne pense pas que c'est une erreur, là.
Mme Thériault
: Bien,
honnêtement, ce n'est pas une simple erreur. La question, elle est légitime.
Nous, on demande : Qu'est-ce qu'elle a caché? Est-ce que c'est un
«cover-up»? Pourquoi elle ne l'a pas dit avant? Pourquoi elle n'a pas pris les
mesures avant? Elle s'est faite complice, de par son silence, d'un stratagème
qui a favorisé les entreprises de Tony Accurso sous le principe qu'elle doit
protéger les actionnaires du fonds. Voyons donc! Ce n'est pas de la libre
concurrence, ça. Elle a favorisé, elle a participé à tout ça, elle se ferme les
yeux puis aujourd'hui elle ne répond pas à nos questions.
M. Robitaille (Antoine)
:
Est-ce que les policiers devraient s'en mêler? Tant qu'à y être, est-ce que les
policiers...
Mme Thériault
: Elle
aurait dû appeler la police. Il y a des lois pour, justement, favoriser la
concurrence.
M. Robitaille (Antoine)
:
...une opération qui, selon vous, est potentiellement délictuelle et
criminelle?
Mme Thériault
: Bien,
il y a des questions qui se posent, puis j'espère que l'AMF va se les poser,
ces questions-là. Il y a des sérieuses questions qui se posent.
M. Poëti
: Il y a
toujours le volet criminel et il y a toujours le volet de l'éthique. Je réitère
encore une fois que ce n'est pas un hasard que le président de la FTQ est
sorti, là, tout d'un coup, avec un excellent contrat. C'est bien beau, mais,
elle, elle se retrouve ministre ici aujourd'hui. Elle sort où exactement, là?
De quelle façon, elle, au niveau de l'éthique, elle est capable de justifier
son comportement? Ce n'est pas des propos qu'on lui attribue, c'est ce qu'on a
entendu sur l'écoute, vous l'avez entendu aussi. Excusez-moi, là, j'ai un réel
problème, ça, sur le fond même de la situation, j'ai un réel problème sur sa
position dans ce gouvernement-là.
Et qu'est-ce que la première ministre a
fait pour dire : Je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas? Rien,
elle n'a rien fait. Elle est encore assise ici aujourd'hui. Alors, écoutez,
moi… regardez les dates, regardez ce qui a été dit sur l'écoute, regardez les
ententes qu'il y avait justement pour faire du blocage pour avantager certaines
compagnies. Ça, c'est de la collusion. Alors, je trouve ça un peu étonnant.
Et l'autre chose que je voudrais
souligner, on ne peut pas vraiment le faire à l'Assemblée, le temps est assez
particulier, j'entends, sur une base régulière, ce gouvernement dire qu'ils
avaient demandé, hein, énormément cette commission-là. C'est important, cette
commission. Je ne me rappelle pas de les avoir entendus nous remercier d'avoir
créé l'UPAC, l'Unité permanente anticorruption, parce que c'est eux qui font le
travail. À la commission, on entend des gens; avec l'UPAC, on les arrête.
Merci.
M. Corbeil (Michel)
: Allez-vous
demander des précisions à Mme Marois? Est-ce qu'elle doit s'expliquer aussi dans
ce dossier-là?
M. Poëti
: Bien sûr, c'est
certain.
Mme Thériault
: Oui,
oui.
M. Corbeil (Michel)
:
...vous ne posez plus de questions sur BLF, là...
Mme Thériault
: Bien,
je vous ferai remarquer qu'on a 45 minutes seulement de période de questions,
et regardez toutes les questions qui ont été posées par les autres députés, y
compris par une députée ministérielle, pour nous empêcher de poser d'autres
questions.
Les questions pour Mme Zakaïb sont
aussi importantes que celles de la première ministre. La première ministre, en
ce qui nous concerne, elle n'a pas répondu aux questions et elle ne fait pas ce
qu'elle a dit qu'elle était pour faire, soit prêcher par l'exemple en
instaurant de la transparence. C'est la première qui devrait répondre, c'est la
première ministre, plutôt que d'envoyer son leader jeter de la boue puis
ressasser des vieilles affaires. Elle doit répondre, et il y aura encore
d'autres périodes de questions, et on prendra tous les moyens qui sont à notre disposition
pour poser des questions à la première ministre.
M. Corbeil (Michel)
:
Dans un autre dossier, BLF — bien, en fait, on en a parlé un peu là — est-ce
que vous demandez à M. Blanchet de s'expliquer?
Mme Thériault
: Je
pense que M. Blanchet pourrait s'expliquer, mais je pense que la première
ministre, puisqu'elle est première ministre, puisqu'elle a pris l'engagement de
la transparence, c'est à elle de s'expliquer et de s'expliquer clairement. On
aura certainement l'occasion de reposer d'autres questions aussi. Ne soyez pas
inquiets. Merci.
(Fin à 12 h 7)