(Douze heures trente-cinq minutes)
M.
Bédard
: Bon.
Bien, alors, bonjour. Tout simplement vous dire qu'actuellement on vit sûrement,
pour moi, le moment le plus décevant de toute ma carrière de 15 ans, ici, au Parlement.
Je viens pour rétablir les faits, parce que, sur un dossier aussi important,
qui a été mené pendant quatre ans, entendre les propos que j'ai entendus de
Philippe Couillard le déshonore et déshonore l'institution dans laquelle nous
sommes.
De dire qu'on manque de temps, dans un
Parlement, c'est faux. Avec des gens de bonne foi, je n'ai jamais manqué de
temps en quatre ans. Sur un projet de loi qui, pendant toutes les années, a
fait l'objet d'un traitement qui était au-delà de la partisanerie, on est ici à
un point de rupture. On est face à homme qui est incapable d'assumer son
leadership, et c'est le seul problème que j'y vois. Je l'ai même entendu tantôt
nous dire qu'il était prêt à revenir le 11 mars et déplacer le débat sur le
budget pour traiter du projet de loi, alors qu'il a été incapable de convaincre
ses troupes de déplacer le débat sur Télé-Québec, imaginez-vous. Cet homme
n'est pas à la hauteur de la situation, c'est évident. Et les problèmes qu'ils
ont à l'interne ont malheureusement un impact sur une approche sociale au
Québec, qui, je pense, était mûre pour être adoptée dès maintenant. Son manque
de leadership va faire en sorte qu'on va retarder l'adoption du plus important
projet de loi de l'actuelle législature, et on va le reporter dans le temps,
dans un calendrier où là on ne peut pas prévoir son atterrissage à court terme.
Je tiens à saluer les gens de la CAQ et de
Québec solidaire, qui ont été à la hauteur de leurs responsabilités, qui ont
accepté de prendre le temps qui était imparti pour mener les débats et donner
le temps de parole à tout le monde. J'aurais pu, jusqu'à minuit ce soir,
jusqu'à... pendant la nuit, entendre tous ceux et celles qui voulaient
s'entendre et... qui voulaient parler, plutôt, et qui n'auraient pas eu le
temps de parler pendant les quatre dernières années. Nous avons fait toutes les
propositions pour permettre l'adoption de ce projet de loi. J'ai même entendu
M. Couillard dire qu'ils ont restreint leur temps de parole, ce qui est
strictement faux. Chaque député a le droit à 10 minutes, et ça, c'est le
règlement. Mais, il souhaiterait en avoir plus, je lui en donnerais plus.
Alors, où est le problème? Ce n'est pas un
problème de temps. À l'évidence, c'est un problème de leadership, c'est un
problème de cohésion, et, derrière ça, il se cache d'autre chose, que M.
Couillard devra répondre, là, à titre de chef du Parti libéral.
On me dit... J'ai même entendu le leader
de l'opposition dire que je ne lui ai pas parlé avant de parler aux
journalistes qui étaient face au bureau du leader. J'ai essayé à de nombreuses
reprises de lui parler. J'ai parlé au leader de la CAQ, et lui n'a pas retourné
mes appels. J'ai laissé ma porte ouverte tout le temps pour qu'il vienne
m'expliquer pourquoi le Parti libéral refusait de prendre son heure du midi. Et
je ne sais pas ce qu'ils font sur l'heure du midi de si important pour ne pas
discuter de ce projet de loi. Aujourd'hui, ce qui était le plus important pour
le Québec, c'était ce projet de loi, et ce que je constate, c'est que M.
Couillard manque cruellement à ses responsabilités.
Autre élément de fait, on nous a demandé
mardi qu'il n'y aurait pas d'adoption s'il n'y avait pas le dépôt de tableaux au
niveau des soins palliatifs. Nous avons déposé ces tableaux séance tenante.
Alors, M. Couillard, à chaque étape, il demande une condition additionnelle. Pourquoi?
Je l'invite à s'expliquer sur les faits et sur les raisons de son refus plutôt
que de parlementer puis d'essayer d'invoquer le règlement, alors qu'actuellement
nous serions capables, de consentement, de tout faire, et je l'ai fait à chaque
étape. Vous avez vu d'ailleurs des projets de loi qui ont été adoptés après les
heures, alors que la session était normalement suspendue, où nous nous sommes
entendus. Pas plus tard que tantôt, ils ont donné leur accord pour sauter une
étape au niveau de la prise en considération sur la loi sur le Code de
procédure civile, qui était fort importante aussi. Alors, comment ces gens
peuvent donner un consentement sur le Code de procédure, mais ils ne sont pas
prêts à donner un consentement pour se donner du temps pour parler?
Donc, à l'évidence, cet homme a abdiqué
ses responsabilités, et je pense qu'il souhaite surtout ne pas voter sur ce
projet de loi. Le problème, ce n'est pas le temps de parole, c'est de voter, et
le Parti libéral a décidé que le Parlement ne se prononcerait pas sur cet
important projet de loi. Voilà.
M. Lafille (Julien)
:
M. Couillard a dit que c'est avec la possibilité que vous déclenchiez des
élections que vous rendez le débat politique et partisan, dans le fond.
Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M.
Bédard
: Je
pense que, quand on est face aux échéances, on ne se sert pas du calendrier. La
seule raison qu'il invoque, c'est qu'il souhaite que ses députés parlent. Nous
lui disons : Nous sommes prêts à vous entendre tant qu'il y aura du temps.
Alors, qu'est-ce qu'il lui manque?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce qu'on a atteint le bout de ce que peut faire un gouvernement
minoritaire? Est-ce qu'on est arrivé au bout de ce qu'on peut faire en
gouvernement minoritaire?
M.
Bédard
: Je
ne veux même pas traiter… Parce que ce projet de loi là, il dépasse l'aspect
même majoritaire, majoritaire. Puis ça, j'aurai peut-être mon commentaire sur d'autres.
Non, dans ce cas-ci, clairement, ce qu'on manque, c'est… Ce qu'on voit, plutôt,
c'est quelqu'un qui manque à ses responsabilités. Et vous avez été témoin, Mme
Lajoie, pendant les quatre dernières années, on ne peut pas dire que ça a été
le calme plat au Parti québécois, hein? On a vécu des événements internes qui
nous ont amenés à se requestionner, parfois à vivre dans la division. En aucun
moment, cette démarche que Véronique Hivon menait, avec tout un groupe de
députés, n'a été entachée de quelque façon que ce soit par nos problèmes
internes. On l'avait placé au-dessus de toute partisanerie puis au-dessus de
nos problèmes qu'on peut vivre à l'interne. M. Couillard est incapable de faire
ça.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Le ton, en Chambre, pour la dernière période de questions, a été, disons,
intense, disons-le comme ça. Est-ce que ça augure mal pour le retour en Chambre
en mars?
M.
Bédard
: Vous
savez, moi, j'ai, face à nous, une opposition qui est désespérée, qui change
d'idée comme ils changent de chemise. J'ai vu tantôt M. Couillard changer
encore d'idée, décider de voter en faveur d'une motion alors qu'il a dit qu'il
a voté contre. Le Parti libéral et M. Couillard sont déconnectés de la population,
sont déconnectés du Québec. Moi, c'est ce que je perçois. Et je n'aurais jamais
permis ce que j'ai vu, là, dans les derniers jours, au niveau de la période des
questions. On est même allé jusqu'à attaquer les enfants, la famille. Pourquoi?
Pour quel motif?
M. Couillard devra se regarder dans le
miroir, regarder ce qu'il a fait dans le passé et, s'il veut s'intéresser à
l'éthique, bien, qu'il s'intéresse à sa propre éthique. Et lui qui nous avait
promis un changement de ton, là, des changements de façon de faire, moi, ce que
je vois, malheureusement, c'est un cruel manque des responsabilités puis une
incapacité de connecter avec la population puis de savoir où sont les attentes
des gens.
Donc, sur le reste, le débat, je suis
convaincu que nous allons revenir avec de meilleures façons de faire puis je
vais souhaiter au Parti libéral plus de leadership, avec des idées...
M. Lafille (Julien)
: Est-ce
que, dans les circonstances, le refus de prolonger le débat, vous n'êtes quand
même pas un peu satisfait tout de même que le Parti libéral s'engage à
reprendre le débat là où il s'est arrêté, après les élections?
M.
Bédard
:
Jusqu'où va aller la fourberie? Jusqu'où va aller cette fourberie? Comment quelqu'un
peut dire cela? Il manque cinq heures. Il est quelle heure? 12 h 30.
On me dit qu'une démarche de quatre ans va être reportée parce qu'il manquerait
une heure à l'agenda parlementaire ou une heure et demie ou deux heures. Je
peux lui en donner quatre, des heures de plus. La CAQ est d'accord, Québec
solidaire est d'accord. Tout ce qui manque, c'est le consentement de Philippe
Couillard, qui est incapable de convaincre ses troupes. Pour le Parlement,
c'est ce que j'ai vu de plus décevant de toute ma carrière.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que Mme Marois et M. Blanchet sont prêts à comparaître en commission
parlementaire?
M.
Bédard
: Les
démarches qui ont été faites par la CAQ et le Parti libéral sont odieuses. Mme
Marois a répondu à toutes les questions, vous avez vu, même sur des questions
qui ont été posées devant la commission d'enquête. On est face à des partis qui
sont désespérés et qui vont utiliser tous les stratagèmes pour faire perdre du
temps à tout le monde jusqu'à même à attaquer la famille et les enfants. Je
n'ai pas de respect pour ça.
Alors, on va se diriger en conséquence,
puis M. Couillard, s'il veut comparaître, qu'il comparaisse donc sur ces liens
qu'il avait avec M. Porter, qu'il commence donc par, je vous dirais, répondre
de tous les gestes qui ont été posés par le Parti libéral pour éviter cette
commission d'enquête, les liens qu'ils avaient avec des gens associés au crime
organisé. Je n'ai entendu rien. Ils n'ont même pas été capables d'adopter un code
d'éthique.
Alors, quand je vois ça ce matin, une
motion de cette nature-là, je me dis : Ils sont bien bas, ces gens qu'on a
devant nous. Ils sont désorientés puis ils manquent à leurs responsabilités.
M. Lafille (Julien)
:
Sur 52, juste sur la suite des choses, est-ce que vous allez faire une dernière
tentative auprès des libéraux ou si c'est vraiment fini, contreproposition…
M.
Bédard
: Je
n'ai même pas eu de retour d'appel. Alors, moi, j'ai toujours pensé que la
parole était ce qu'il y a de plus important dans le Parlement. Ce que j'ai
entendu tantôt m'a malheureusement démontré qu'il y a des gens qui n'ont pas la
même philosophie. Vous parlerez à M. Deltell, je n'ai jamais manqué à ma parole
dans toutes les années que j'ai fait cette fonction-là, dans des conditions qui
parfois étaient, vous le savez, assez costaudes, parce que je pense que, la
parole donnée, c'est ce qu'il y a de plus important. Mais, de me faire dire
que je n'ai pas essayé de parler à quelqu'un, alors qu'on a essayé de le
contacter, je suis catastrophé, sur un projet de loi de cette nature-là. Alors,
je vais limiter à ça. Ma collègue Mme Hivon va vous parler plus tard, parce que
nous sommes tous amèrement déçus de ce qui se passe, profondément déçus et
ébranlés que des problèmes internes vont emporter un important projet de loi
pour la société québécoise. Merci.
(Fin à 12 h 47)