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Point de presse de Mme Véronique Hivon, ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse

Version finale

Thursday, February 20, 2014, 15 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures quatre minutes)

Mme Hivon : Bien, bonjour. Écoutez, je veux réagir, bien évidemment, à la décision, donc, de M. Couillard et du Parti libéral de refuser leur consentement pour pouvoir avoir, donc, quelques heures qui étaient réclamées par eux-mêmes pour pouvoir, donc, terminer l'adoption de cette… très important projet de loi, le projet de loi n° 52 sur les soins de fin de vie.

Vous m'avez entendue depuis le début de la semaine. J'étais très confiante, très confiante qu'on allait arriver à adopter ce projet de loi là. Bien sincèrement, pour moi, ça n'avait aucun sens de penser que, si près du but, après quatre années de travail très, très important, toujours dans la plus belle des collaborations, on n'allait pas adopter ce projet de loi là cette semaine, pour une question de quelques heures, alors qu'on a offert toute notre collaboration, comme vous le savez aussi, depuis hier, pour siéger les midis, les soirs. On nous parlait qu'ils avaient besoin de cinq heures. Déjà, il y a plus de deux heures qui sont faites. Donc, on parle peut-être d'un défi de deux heures pour pouvoir y arriver. On avait fait ces offres-là.

Donc, pour moi, c'était certain qu'on allait y arriver, compte tenu que ce n'est pas n'importe quel projet de loi. C'est un projet de loi fondamental, extrêmement important, qui nous concerne tous, parce que, oui, on va tous vivre une fin de vie et on veut tous pouvoir offrir le meilleur soutien et le meilleur accompagnement aux personnes en fin de vie. Et ce projet de loi là, il représentait une avancée extraordinaire par l'ensemble de sa philosophie, pas uniquement pour la question de l'aide médicale à mourir, mais pour toute la philosophie de dire : On accompagne chaque personne dans ses besoins individuels en fin de vie en constatant et en assumant toute la complexité de la fin de vie de chacune des personnes dans son individualité.

Donc, évidemment, c'est d'autant plus incompréhensible que, depuis quatre ans, on avait cette collaboration. On a toujours réussi à s'élever au-dessus des lignes de parti, à travailler dans la collaboration. Donc, je me demande bien sincèrement qu'est-ce qui a motivé cette décision-là. Je me demande ce que M. Couillard, ce que son équipe dit aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils répondent aux Québécois, à la population qui se demande pourquoi, c'est quoi, la raison, pourquoi, si près du but, on a mis fin, donc, à cette collaboration-là qui avait été présente depuis le départ.

Parce que, bien sincèrement, aujourd'hui, c'est tout le Québec qui est perdant, c'est toute la population du Québec, parce qu'on sait que la majorité de la population, une forte majorité était derrière ce projet de loi là. Et je peux vous dire qu'à la lumière de... l'ampleur des commentaires, et des messages, et des lettres que je reçois depuis le début de la semaine et particulièrement depuis la décision qui a été annoncée aujourd'hui par M. Couillard, je peux constater, une fois de plus, à quel point la population est derrière ce projet de loi là. Donc, la population est perdante, bien évidemment les personnes en fin de vie, mais, plus généralement, je veux dire que la démocratie aujourd'hui vit un jour difficile, parce qu'on n'a pas réussi, pour une question aussi fondamentale, à s'élever et à adopter ce projet de loi là.

Malgré ça, je demande à tout le monde de rester confiant et de ne pas céder au cynisme. Des fois, c'est difficile, il y a des journées où c'est plus difficile. Aujourd'hui, ça en est une, mais je pense qu'il ne faut pas céder au cynisme. Depuis quatre ans, on a eu un excellent exemple de ce que la démocratie, ce que le parlementarisme peut offrir de mieux, et je sais qu'on va pouvoir y arriver encore. Et moi, ce que je veux dire, c'est que je demeure convaincue, absolument convaincue, nous demeurons convaincus que ce projet de loi là va devenir une loi. On va tout faire, tout faire pour y arriver et, bien sûr, on espère que ce sera plus tôt que tard. Merci.

Mme Lajoie (Geneviève) : Vous parlez comme si votre projet de loi allait mourir au feuilleton, Mme Hivon.

Mme Hivon : Vous savez, je parle comme je parle aujourd'hui, parce que, nous, ce qu'on a souhaité, et ce n'est pas... Quand j'entends qu'on n'a pas fait ce qu'il fallait la semaine dernière et tout ça, écoutez, ce n'est pas vrai. Depuis la semaine dernière qu'on veut faire la législation. Il y avait toutes sortes de débats, là, c'est très technique, mais il y avait toutes sortes de débats qui émanaient de rapports de commission qui, selon le règlement, devaient être priorisés, mais ça se fait couramment que ces débats-là puissent être reportés. Malheureusement, on n'a pas eu de consentement. C'est ce qui fait en sorte que le projet de loi a seulement pu commencer cette semaine, mais ce n'est pas faute d'avoir voulu qu'il commence avant.

Nous, bien sincèrement, c'est vraiment la consternation, parce que, quand on a terminé l'étude détaillée après 60 heures, le 16 janvier, il y a eu un communiqué d'émis par le Parti libéral disant à quel point ça avait été une commission formidable, à quel point il y avait eu de l'écoute, à quel point ça avait été constructif. Donc, deux semaines après, M. Couillard lui-même annonçait qu'il allait voter pour le projet de loi. C'est certainement parce qu'il pensait que le vote s'en venait à très brève échéance.

Donc, dans ce contexte-là, ce qu'on voulait, à partir du moment où il y a un budget, vous savez très bien, en contexte de gouvernement minoritaire... c'est toujours un moment névralgique, mais, en contexte de gouvernement minoritaire, ce l'est encore plus. Les partis d'opposition menacent de nous défaire sur le budget depuis des mois, et on ne sait pas, après, ce qu'il peut arriver une fois qu'un budget a été déposé. On nous demandait de le déposer avant fin février, c'est le dernier jour de session en février.

Donc, nous, ce qu'on voulait, c'est protéger ce projet de loi fondamental des aléas, des aléas d'un budget, des aléas pour la suite des choses, parce qu'à partir du 11 mars c'est le débat, d'ailleurs, sur le budget qui va prendre préséance. Donc, c'est pour ça qu'il faut être honnête aussi de tout côté. Le but, ce n'est pas de s'accuser, je l'ai dit aussi. On est dans une période excessivement fébrile en ce moment, ces jours-ci à l'Assemblée nationale. C'est évident qu'il y a des jeux partisans.

Mais moi, ce que je demandais et ce que j'espérais, c'est qu'on soit encore capables de mettre ce projet de loi là à l'abri, comme on a réussi à le faire pendant quatre ans, même si, pendant ces années-là, on a vécu des moments excessivement houleux à l'occasion, on a toujours réussi à le faire. Donc, c'est ce que je demandais, qu'il soit protégé et qu'on puisse l'adopter. Et le fait est que, pour une question probablement de une heure ou deux, au bout du compte, on ne sera pas capable de protéger ce projet de loi là des aléas qui viennent à la suite du dépôt d'un budget en contexte de gouvernement minoritaire.

Journaliste : Est-ce que vous n'auriez pas pu le protéger, justement, un petit peu plus tôt, pour éviter cette situation?

Mme Hivon : Bien honnêtement, non. On a déposé ce projet de loi en juin dernier, là, c'est après presque trois ans de travaux préparatoires avec la commission spéciale et tout ça. On a déposé le projet de loi en juin. On est près de neuf mois plus tard, il y a eu, donc, une adoption de principe très étendue avec beaucoup de gens qui ont pris la parole, il y a eu des consultations pendant un mois, il y a eu 60 heures en étude détaillée. On a terminé le 16 janvier. C'était clair pour tout le monde. Je peux vous le dire que, dès qu'on revenait, c'était la priorité législative de tous côtés. Tout le monde était très heureux de ça. 

La semaine dernière, il y avait des rapports de commission. On a essayé de vouloir prioriser le projet de loi, malheureusement ça n'a pas été possible. Depuis mardi, on offre... mardi, on a offert de reporter le débat sur la commission sur Télé-Québec. Hier, vous avez vu, on a offert plus d'heures. Donc, visiblement, il y avait vraiment une volonté de ne pas adopter ce projet de loi là de la part du Parti libéral. Et moi, sincèrement, je me demande pourquoi et je pense que tous les Québécois se demandent pourquoi aujourd'hui, parce que c'est incompréhensible qu'une si belle avancée pour les personnes en fin de vie, avec toutes les énergies…

Puis je veux remercier, là, je prends l'occasion pour remercier tous les gens qui sont venus, des centaines de personnes qui sont venues témoigner aux différentes étapes, partager leurs expériences de vie, nous interpeller sur l'importance de franchir ce pas supplémentaire pour l'accompagnement des personnes en fin de vie, les experts, les ordres professionnels qui, encore hier, interpellaient tous les élus pour dire : Il faut l'adopter maintenant. Ça fait quatre ans qu'on en parle, il faut l'adopter maintenant.

Donc, je veux les remercier parce qu'il y a énormément d'énergies qui ont été investies dans ce projet de loi là. Ce n'est pas que mon projet de loi ou que notre projet de loi du gouvernement, c'est notre projet de loi de l'Assemblée nationale, c'est notre projet de loi collectivement au Québec, qui, aujourd'hui, vit un moment excessivement difficile.

M. Lafille (Julien) : In English, Mme Hivon. How do you feel about what's happening with Bill 52?

Mme Hivon : I'm deeply, deeply disappointed and completely puzzled. I don't understand at all the decision that has been taken today by Mr. Couillard and the Liberal Party of Québec. Really, I was confident. I was confident because this is not just an ordinary bill. It's a bill that we've been working on for four years, the process preceding the bill and the bill in itself, for almost nine months. We've been working in such a non-partisan manner, in such a very collaborative way that has been unprecedented and that I know was truly appreciated by the Québecpopulation.

So I'm very disappointed. I'm disappointed, of course, for people who've worked very hard on this bill, but I'm disappointed because it's all Québec that is losing today. It's all the population that is behind this bill in a very vast majority. It's, of course, the people who are at the end of their lives, who, for some, are writing to us, hoping to see this bill pass, who take the energy to see this bill pass. And it's also the democratic process because everybody had such faith in the process. Many people were reconciled with politics because of what has been going on with this process. So, today, it's a very difficult day, I think, for all these reasons.

M. Lafille (Julien) : What do you think went wrong? What do you think led to that situation today?

Mme Hivon : Really, I don't understand, and that's the question I'm asking today Mr. Couillard and the Liberal Party : Why? I can say that from all the letters, people who are calling on me and on the social media, the letters I've been receiving this week. But today I have to say that the reactions are really, really strong, nobody understands.

So I'm asking Mr. Couillard and the Liberal Party why. It's a question of maybe two hours, and we've been offering these hours since Tuesday. Even last week, we said we could start legislating. But, since Tuesday, very, very precisely, we said we can postpone the debate on... a commission on Télé-Québec to start legislating on Bill 52. We said it yesterday again, we can sit through lunch, we can sit at night. It was the same today.

So are they telling us that, for a question of maybe two hours, three hours... That's because on Tuesday they said they needed five hours, and since then we've debated the bill for a few hours. So are they telling us that, for a question of two or three hours maximum, they are willing to put at risk all this undertaking that has been so widely praised for the last four years and this bill, which is so important, because it deals with the end of life, it deals with how, as a society, we take care of people at the end of life in all the complexity, all the individuality of their needs, of their values and of their wishes?

M. Lafille (Julien) : And one last question : What do you think will be the impact on the future of Bill 52? And can people still hope that this bill will become law eventually?

Mme Hivon : Yes. I want people to still have hope. I am somebody who always has hope, even if today is a difficult day. I don't want people to become cynical about politics. We know how people are cynical. I can understand sometimes because we don't always offer the best, but, in the last four years, I think we offered the best we could offer as a democratic process.

So I'm asking them to keep faith and I want to assure them that I am convinced and I am dedicated, as we are, to do everything to see this bill adopted. We will do everything for this bill to become a law and we want to do it, of course, sooner than later, and that's what we will be working on.

Merci beaucoup.

(Fin à 15 h 18)

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