Point de presse de Mme Fatima Houda-Pepin, députée de La Pinière

(Neuf heures trente minutes)

Mme Houda-Pepin : Merci. Alors, merci de vous être déplacés en cette journée de relâche. Il me fait plaisir d'être avec vous ce matin, et je serai cet après-midi dans le comté de La Pinière pour annoncer que je serai candidate indépendante autorisée dans le comté de La Pinière pour les prochaines élections.

Pourquoi être candidate indépendante? Les citoyens et les citoyennes du comté de La Pinière savent que je les ai servis pendant une vingtaine d'années à titre de députée libérale et fédéraliste. Et tout en étant fière de mon allégeance, je les ai toujours servis sans partisanerie. À titre de députée de La Pinière, mon fonds électoral était plus que comblé, et ma photo de campagne était prise au Parti libéral du Québec. Donc, j'avais déjà décidé avec mon équipe de me porter candidate. Il n'y a pas de changement dans mon agenda.

Ma devise a toujours été La passion de servir. Et c'est une passion qui s'est matérialisée dans des gestes concrets, dans des réalisations concrètes dans le comté de La Pinière. À mon personnel, à mes bénévoles et à mes stagiaires, je disais toujours qu'ils n'avaient qu'un seul patron, et ce sont les citoyennes et les citoyens du comté de La Pinière. Je suis donc une députée de proximité, une députée à l'écoute des citoyens, qui a toujours reflété leurs préoccupations. J'ai toujours fait la politique avec et pour les gens, en les consultant, en les impliquant dans les projets qui les concernent. J'ai livré de nombreux engagements dans mon comté et attiré des investissements majeurs, et cela, peu importe le parti au pouvoir. Je l'ai fait dans le domaine du transport avec un investissement de 114 millions de dollars pour le réaménagement de l'échangeur Taschereau, cela même quand M. Charest, premier ministre, avant annoncé la fermeture de tous les chantiers à cause de l'impasse budgétaire en 2003. J'ai réussi à débloquer les fonds pour que les chantiers soient concrétisés.

Dans le domaine du développement économique local, la santé et les services sociaux, j'ai attiré des investissements pour l'ajout de 50 nouvelles places pour les personnes en perte d'autonomie. Dans le domaine de l'éducation, j'ai travaillé à obtenir les budgets nécessaires pour la construction d'une nouvelle école primaire dans le comté de La Pinière. J'ai soutenu des projets majeurs dans le domaine des loisirs et du sport; dans les arts et la culture, 1,4 million pour une bibliothèque alors qu'on sortait à peine, sous le gouvernement de Lucien Bouchard, du fameux moratoire sur les équipements culturels. J'ai toujours soutenu la promotion de la langue française en milieu scolaire et auprès des communautés culturelles de mon comté. J'ai toujours été loyale aux citoyens et aux citoyennes du comté de La Pinière. J'ai toujours été loyale à mon parti, le Parti libéral du Québec, et j'ai toujours loyale à mes chefs : Daniel Johnson, Jean Charest et Philippe Couillard.

Et puis il y a eu l'épisode de mon exclusion du caucus doublée d'une exclusion de mon parti par le chef actuel du Parti libéral du Québec, M. Philippe Couillard, sur une divergence qui touche à mes convictions profondes de lutte à l'intégrisme. M. Couillard m'a demandé, le 20 janvier dernier, de me soumettre ou de me démettre, de piler sur mes convictions et de défendre publiquement sa position. Comme l'a si joliment dit un libéral de longue date, l'échafaud était déjà installé depuis le 14 novembre 2013, date où je suis sortie contre le tchador. Il ne restait plus que la guillotine, et elle est tombée le 20 janvier dernier.

Je suis donc devenue députée indépendante, pas par choix, mais par la volonté du chef du Parti libéral du Québec, M. Couillard, qui m'a exclue de mon parti. Mais, au-delà du logo du Parti libéral du Québec, j'étais, je suis et je demeurerai toujours profondément libérale et profondément fédéraliste.

Depuis le 20 janvier dernier, j'ai consulté plusieurs personnes de mon comté, les membres de mon exécutif, dont M. Réal Hébert qui m'accompagne aujourd'hui et qui est vice-président de mon exécutif, ma présidente qui est restée dans le comté pour préparer la conférence de presse de cet après-midi et qui sera ma représentante officielle. Les autres membres de l'exécutif m'ont témoigné leur affection et leur appui. Plusieurs, sauf ceux qui sont en Floride, seront avec nous cet après-midi dans la conférence de presse à Brossard. Des libéraux qui m'ont accompagnée dans mon parcours et des jeunes de tous les horizons seront à mes côtés, de même que des électeurs qui n'avaient jamais voté libéral auparavant, mais, à cause de ce que j'ai vécu, sont venus me témoigner leur appui et m'assurer de leur vote.

Merci donc à toutes les personnes du comté de La Pinière et des différentes régions du Québec qui m'ont envoyé des torrents de courriels pour m'encourager et pour m'appuyer. Ça rentre à tous les jours. Les témoignages que j'ai reçus sont très émouvants et rassurants à la fois. Je vois que les citoyens et les citoyennes ne sont pas dupes. Il est urgent, il est urgent de combler le fossé qui se creuse de plus en plus entre les gouvernants et les gouvernés. La partisanerie à outrance est en train de tuer notre démocratie.

Je pose ce geste devant vous aujourd'hui par respect pour les électrices et les électeurs de ma circonscription, La Pinière, qui m'ont confié six mandats consécutifs, en les représentant fièrement et dignement à l'Assemblée nationale du Québec. Je les remercie pour leur appui qu'ils m'ont exprimé tout au long de cet épisode difficile que j'ai vécu au cours des derniers mois. Je pose ce geste pour répondre à l'appel qu'ils m'ont lancé de poursuivre mon engagement à titre de candidate indépendante autorisée, au-delà de la ligne de parti.

Comme moi, mes concitoyens croient qu'il est possible de faire la politique autrement, en misant sur nos convictions et non sur nos ambitions. Je pose ce geste par amour pour le Québec, dont j'ai toujours défendu les intérêts supérieurs en bâtissant des ponts entre les francophones, les anglophones et les Québécois de toutes origines. Je pose ce geste pour dire à tous les désabusés de la politique qu'être député est un métier noble quand on l'exerce noblement. Je pose ce geste pour tous les démocrates, de toutes les religions et sans religion, qui se reconnaissent dans mon combat contre les extrémismes religieux et qui veulent arrêter l'érosion de nos droits fondamentaux au nom d'une certaine idée de la liberté de religion. J'offre humblement aux électrices et aux électeurs de La Pinière d'écrire une nouvelle page d'histoire en renouvelant leur confiance à une députée loyale et intègre, une représentante qui a la passion de servir, une députée qui a refusé de piler sur ses convictions pour une promesse de poste de ministre. Je pose ce geste pour continuer à défendre les valeurs libérales et fédéralistes qui m'ont toujours animée et qui continueront de m'inspirer pour le bien commun. Merci de votre attention, et je cède la parole à M. Réal Hébert.

M. Hébert (Réal) : Bonjour. Je viens ici vous exprimer ma confiance dans la candidature de Mme Fatima Houda-Pepin. Je connais Mme Pepin depuis les tout débuts de sa vie politique, depuis 1994. Je suis moi aussi libéral depuis… de longue date, depuis de nombreuses années et engagé à la fois en politique, mais aussi comme bénévole dans multiples organisations de la région. Mais je suis encore plus fier de la force et des valeurs d'intégrité, d'indépendance et de détermination que nous a démontrées Mme Pepin tout au long de son travail dans la circonscription. J'ai donc choisi de demeurer à ses côtés avec toute une équipe pour pouvoir s'assurer de sa victoire lors de cette prochaine élection.

De tout temps, mes plus grandes préoccupations ont été liées à la famille, aux enfants, et je me suis impliqué, dans la communauté, dans de multiples organisations et c'est pourquoi je vous conte une petite histoire. Il y a de ça bon nombre d'années, plus de 15 ans maintenant, Mme Pepin est venue me voir en me disant : On va créer un carrefour jeunesse-emploi dans le comté. Je l'ai un peu pris à la légère au départ, mais j'ai décidé de m'embarquer avec elle et de travailler à bâtir un dossier. À ce moment-là, le Parti libéral était dans l'opposition. On a bâti ce dossier, elle l'a défendu à l'Assemblée nationale, et maintenant, depuis 15 ans, il y a un carrefour jeunesse-emploi dans notre circonscription, dans notre comté. C'est grâce à son travail.

Je pourrais nommer de multiples dossiers qui ont été créés par elle, de dossiers qu'elle a défendus au nom des citoyens, peu importent leurs pouvoirs, peu importent leurs convictions. Elle est une députée qui est prête à servir les gens, elle est près des citoyens, et je peux en témoigner, je l'ai vu très souvent. Il n'y a pas d'allégeance, il n'y a pas de conviction, elle est avec les citoyens, et, quand on lui apporte un problème, c'est notoire qu'elle travaille pour arriver au succès et à répondre aux besoins de ce citoyen ou de ces citoyens.

Donc, pour ma part, il vaut mieux avoir une députée engagée dans son milieu, quelqu'un à l'écoute des préoccupations des gens, capable de porter leurs préoccupations auprès des ministères, auprès du Parlement, auprès de l'Assemblée nationale que quelqu'un qui finalement veut simplement être député. Elle saura bien sûr comprendre, documenter, préparer les documents pour l'Assemblée nationale. Elle aura, comme à l'habitude, obtenu gain de cause, même dans des rôles… quelquefois, on pensait, peine perdue. Comme indépendante, je n'ai aucun doute que les citoyens de La Pinière vont être bien servis, comme je suis convaincu que ses profondes convictions libérales n'en sont en rien altérées. Je suis heureux de la décision que Mme Pepin ait prise, de se présenter comme candidate indépendante dans le comté de La Pinière et je renouvelle, pour ma part, ma confiance en son immense talent. Je suis convaincu qu'elle saura encore une fois relever le défi pour le bien-être de nos citoyens, mais aussi pour l'Assemblée nationale.

Vous savez, elle vous disait que beaucoup de gens ont écrit au comté pour souligner leur appui. J'ai reçu une lettre de quelqu'un qui suit les nouvelles même de la Floride. Il dit ceci : Étant retenu à l'extérieur du pays, c'est à regret que je ne peux être avec vous aujourd'hui pour la conférence de presse du 4, où vous annoncerez votre décision quant aux suites à donner à votre engagement à titre de députée à La Pinière en vue de la prochaine élection générale. Je tiens à vous exprimer mon appréciation pour votre travail, vos réalisations, votre dévouement dans le comté de La Pinière et comme députée libérale depuis une vingtaine d'années.

À titre d'ex-conseiller municipal de la ville de Brossard et comme membre du comité exécutif libéral dans le comté de La Pinière, je salue votre courage, votre force, vos convictions et votre loyauté à l'égard des citoyens de notre comté. Connaissant la profondeur de vos valeurs libérales et fédéralistes, c'est avec plaisir que j'appuie votre décision de vous porter candidate indépendante lors de la prochaine campagne électorale et j'invite les citoyens et citoyennes de La Pinière à vous renouveler leur confiance pour continuer à être… représentant dignement et fièrement à l'assemblée générale du Québec. Mes salutations. M. Jean-Gilles Senécal. Merci beaucoup pour votre écoute.

Mme Houda-Pepin : Alors, je suis prête à vos questions.

Mme Richer (Jocelyne) : Ça fait très longtemps au Québec qu'il n'y a pas eu d'élection de député indépendant. Qu'est-ce qui vous fait croire que cette fois-ci ça pourrait être différent avec vous?

Mme Houda-Pepin : Merci pour la question, elle est très pertinente. En fait, tous ceux qui sont sceptiques me donnent la même réponse. Moi, je me base sur la relation de confiance que j'ai bâtie avec les citoyennes et les citoyens du comté de La Pinière qui ultimement vont prendre cette décision. Ils vont faire l'histoire d'une certaine manière, parce que, comme vous l'avez dit, généralement, les gens votent pour les partis, ils ne votent pas pour les candidats. Si on veut que la politique se fasse autrement, on l'a dit et redit je ne sais combien de fois, il va falloir qu'à un moment donné que l'on puisse prendre les moyens pour que cette politique se fasse réellement autrement.

Alors, humblement, je me propose pour servir et continuer à servir les citoyens de mon comté avec le même dévouement, avec la même ardeur, avec la même efficacité, parce que, pour moi, ça ne change pas grand-chose dans ma vie. Être députée indépendante, ce n'est pas vrai qu'à l'Assemblée nationale je n'aurai plus de droit de parole. Vous l'avez constaté durant les deux dernières semaines où nous avons siégé, j'ai pris la parole pratiquement à chaque jour de la session, parfois deux, trois fois... deux fois par jour, selon les dossiers sur lesquels j'aurai à intervenir. Ce n'est pas vrai que cela va m'empêcher de défendre les dossiers de mes concitoyens, parce que moi, quand quelqu'un arrive et me propose un... me soumet un dossier, mon souci premier, c'est de trouver la solution.

Combien de fois les gens sont venus me voir en désespoir de cause? Je me rappelle, par exemple, en 1998, un citoyen qui est venu me voir et m'a dit : J'ai un problème de pyrite. Je pensais que c'était une maladie, la pyrite. Qu'est-ce que c'est, la pyrite? Bien, je me suis instruite. J'ai ramassé, avec mon équipe, l'information nécessaire. Je suis venue à l'Assemblée nationale et j'ai dit : Je vais défendre ce dossier. Même mes collègues à l'intérieur du caucus, ils m'ont dit : Écoute, Fatima, ça n'a pas d'allure, ton dossier, ça ne tient pas la route. Mais je l'ai défendu mon dossier. Il n'y avait pas d'argent, il n'y avait pas de programme. J'ai obtenu le programme et j'ai obtenu l'argent, et c'était un gouvernement du Parti québécois. Je suis revenue à la charge aussi en l'an 2000 pour des citoyens qui avaient un problème avec l'assèchement du sol et j'ai demandé des programmes. On les a sortis… l'argent. Tout ce que ça prend, ce n'est que la conviction qu'on doit être au service des citoyens, mettre toutes les ressources autour de nous pour défendre un dossier puis le faire aboutir.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que vous vous sentez menacée par Gaétan Barrette?

Mme Houda-Pepin : Pas du tout. Qui est Gaétan Barrette dans La Pinière? Hier, il s'est présenté. Combien de fois il vous a parlé de La Pinière? Des citoyens de La Pinière, qu'est-ce qu'il en sait? M. Barrette, il vient chercher une limousine sur le dos des citoyens de La Pinière, une limousine que moi-même j'ai refusée, justement, au nom des mêmes citoyens, parce que je ne veux pas qu'on les prenne pour acquis parce qu'ils sont libéraux majoritairement. Et donc…

M. Dutrisac (Robert) : Est-ce que c'est une marque de profond cynisme de la part de M. Couillard de mettre un transfuge opportuniste dans votre comté contre vous?

Mme Houda-Pepin : M. Couillard a choisi d'exclure une députée profondément libérale, profondément fédéraliste, sur ses convictions, solide sur ses convictions, pour un transfuge solide sur ses ambitions. C'est ça, le choix que M. Couillard a fait. Il vivra avec. C'est comme tous les autres choix qu'il a faits à ce jour.

M. Lafille (Julien) : Considérez-vous que vous allez pouvoir vous battre à armes égales maintenant que vous n'avez plus la machine libérale derrière vous pour ces élections?

Mme Houda-Pepin : Deux choses. Premièrement, concernant la machine libérale, dans le comté de La Pinière, j'ai fait six élections, et, pendant les six élections, la seule chose que le Parti libéral nous a fournie dans La Pinière, c'est les pancartes. Le reste, c'était mon organisation, c'était le travail de notre équipe, c'était la mobilisation citoyenne et c'était l'appui que les gens m'apportaient et apportaient à toute notre équipe. C'est comme ça qu'on s'est toujours organisé. C'est La Pinière qui donne au parti puis c'est tout à fait normal parce que c'était mon parti, puis j'y ai contribué. C'était ma façon de faire.

Dernièrement, dernièrement, dernièrement, vous savez que le financement est très difficile pour le parti, mais je ne me suis pas arrêtée à ça. On a travaillé très fort, on a ramassé suffisamment d'argent. J'ai aidé les comtés orphelins à recueillir de l'argent pour leur campagne électorale : Taillon, Marie-Victorin, Vachon, La Prairie. On a organisé un événement rassembleur pour que tous les comtés puissent pouvoir en profiter. J'ai toujours fait ça pour le parti et pour… J'ai participé, j'ai marrainé des comtés orphelins, j'ai travaillé avec les militants. Ça, ce n'est pas quelque chose de secret pour personne. Donc, pour moi, la machine libérale, dans le comté de La Pinière, c'était les bénévoles, c'était l'organisation que j'avais constituée autour de moi et qui me supportait à chaque campagne électorale.

Par contre, là où vous avez raison, c'est sur le financement, parce que, le financement, comme mon fonds électoral était déjà constitué, comme je venais de vous le dire, eh bien, le fait que M. Couillard m'ait expulsée du caucus et du parti, hein, par surcroît, alors, lui, il met la main sur la cagnotte, c'est-à-dire le fonds électoral que j'avais constitué, plus de 20 000 $ qui étaient là. Deuxièmement, l'association, parce qu'elle ramasse des fonds à chaque année et que le parti nous donne des ristournes, on était rendus à 20 000 $ dans l'association locale de La Pinière. Donc, 40 000 $ qui vont aller pour payer les pancartes, la publicité de Dr Barrette. Alors, quand vous allez voir les pancartes de Dr Barrette, et c'est marqué dessus : autorisées et payées par l'agent officiel du Parti libéral, ce que vous devez lire, c'est ceci : autorisées par le représentant officiel du Parti libéral et payées par Fatima Houda-Pepin.

Mme Biron (Martine) : Mme Houda-Pepin, La Pinière, là, selon vous, si je comprends ce que vous dites, ce n'est pas un fief libéral, c'est votre fief, c'est le fief de…

Mme Houda-Pepin : Non, je n'ai jamais dit que c'était le fief, ni le mien, ni celui du Parti libéral. J'ai toujours fait mes campagnes électorales comme si mon élection dépendait d'un seul vote. Je faisais du porte-à-porte du jour 1 jusqu'au jour 30, c'est-à-dire sans arrêt. Je n'ai jamais pris pour acquis le vote du citoyen. C'est contraire à ma philosophie, et je ne supporte pas l'idée que l'on considère que le vote est automatique et que les gens votent tout simplement sans conviction. Moi, je propose que les citoyens votent par conviction.

M. Dutrisac (Robert) : Il y a combien de gens de votre exécutif, c'est-à-dire jadis libéral, de votre… qui sont passés… qui sont restés avec vous?

Mme Houda-Pepin : Bien, écoutez, moi, à ma connaissance, et sauf ceux qu'il n'a pas pu rejoindre en Floride, mais, pour le reste, ils sont tous avec nous. Alors donc, on va continuer à faire la route ensemble.

Mme Biron (Martine) : Il n'y a plus d'exécutif libéral...

Mme Houda-Pepin : Non. Bien, c'est-à-dire, l'exécutif libéral que j'avais avait été dissous parce que le... J'ai été exclue le 20 janvier. Le 21, le président du parti, Saul Polo, a appelé des membres de mon exécutif, parce qu'il n'a pas pu rejoindre ceux qui sont en Floride pareil ou, je ne sais pas, il n'a pas pu parler à tout le monde. En tout cas, il a parlé à quelques-uns. Il a dit deux choses. Il a dit, premièrement, que Fatima est exclue et il a dit, deuxièmement, que l'association libérale de La Pinière allait être sabordée, et, par conséquent, ils vont créer un autre exécutif.

Donc, je leur souhaite bonne chance, mais, les gens qui m'entouraient, on a fait les choses dans l'ordre, dans le respect. Moi, je leur ai dit : Voyez-vous, je suis obligée d'être députée indépendante. Ceux et celles d'entre vous qui voudraient poursuivre avec moi sont les bienvenus. Ceux et celles d'entre vous qui voudraient se retirer… parce que cet épisode, ça a vraiment affecté beaucoup de gens sur le plan personnel, de voir qu'une députée est traitée comme ça. Et puis ceux qui veulent se retirer peuvent le faire carrément, là, qui veulent aller s'impliquer ailleurs. Et ce que je sais, c'est qu'il n'y a personne qui m'a dit qu'ils veulent aller changer de parti ou quoi que ce soit. Mais le monde est autour de nous.

Il faut aussi dire que, dans le comté de La Pinière, il y a des personnes qui comptent pour moi et qui sont des personnes, des... qui ont fait le chemin avec moi, qui ont suivi mon parcours, qui étaient là pour moi à chacune des étapes de ma vie politique, et donc, ces gens-là, c'était important pour moi qu'ils puissent être là. Ils vont être là. Alors, c'est ça qui compte.

Maintenant, moi, je suis une libérale, et, dans le mot «libérale», il y a le mot «liberté», quelqu'un d'autre avait dit ça avant moi. Alors, les gens, ils ont le choix. Les libéraux peuvent choisir de voter pour leur députée ou choisir de voter pour quelqu'un d'autre. Je sais qu'à la dernière campagne électorale on avait des libéraux qui avaient leur carte de membre et qui ont voté pour la CAQ parce qu'ils n'étaient pas satisfaits du leadership du parti, à ce moment-là. Alors, les gens, ils sont libres. Il faut leur laisser cette liberté-là.

M. Caron (Régys) : Qu'est-ce que vous pensez que sera l'enjeu de la prochaine campagne électorale, Mme Houda-Pepin?

Mme Houda-Pepin : L'enjeu de la prochaine campagne électorale, bon, il se dessine déjà, on parle de la charte. Mme Marois a réussi, il faut dire, hein? Mme Marois, je ne suis pas du tout d'accord avec sa stratégie qui a été très divisive pour le Québec. La charte des valeurs, c'est une charte qui ne répond pas nécessairement aux vrais problèmes, je l'ai dit et je le redis. C'est pour ça que j'ai déposé un projet de loi qui s'attaque à des situations concrètes, qui propose des solutions concrètes.

Mais il faut reconnaître à Mme Marois une chose, c'est qu'elle a réussi à imposer son agenda. Et je vous dirai qu'elle a réussi à imposer son agenda non pas parce qu'elle est forte, mais parce qu'en face d'elle le chef du Parti libéral, qui devait lui donner la réplique, qui devait proposer des solutions et des alternatives aux Québécois, lui a décidé qu'il n'y avait pas de débat sur la charte puis qu'il ne ferait pas de débat sur la charte. Et puis il a fait des... il a présenté des positions qui ne tenaient pas debout, à telle enseigne qu'il y a des libéraux aujourd'hui qui vont voter pour la charte.

M. Caron (Régys) : Fait-il la même erreur que M. Charest a faite, c'est-à-dire en ignorant ce problème-là, Mme Houda-Pepin?

Mme Houda-Pepin : Je ne fais pas de comparaison et je ne... Je ne fais pas de comparaison à cet effet.

Mme Richer (Jocelyne) : Selon vous, quel parti va former le prochain gouvernement?

Mme Houda-Pepin : Ça, c'est les citoyens qui vont en décider. Bien malin... Je ne fais pas de prédiction à cet effet. Bien malin celui qui voudrait prédire. Et par respect pour les citoyens, par respect pour les citoyens, je pense que c'est eux qui vont nous dire le dernier mot, et il faut le respecter. Merci.

Mme Plante (Caroline) : I have a few questions in English.

Mme Houda-Pepin : Yes.

Mme Plante (Caroline) : How much do you think you'll be able to accomplish if you're re-elected? How much do you think you'll be able to accomplish as an independent?

Mme Houda-Pepin : Well, I will accomplish a lot because I am the same person. I know my convictions, I know how a hard worker I am, I know how supportive I am with my team, so I will not change my way of defending the dossiers or defending the priorities of my riding. I had a great success with the PQ, when they were in the Government, having major investments in transport, in education, in health, in culture. Many projects were funded by the PQ Government as well as by the Liberal Government. And every time I have to work very hard, very hard to get money, because this is the same problem, you have some money and you have so many demands coming from all over Québec. So I'm always perseverant and I always got positive results.

Mme Plante (Caroline) : Surely, belonging to a big party helped?

Mme Houda-Pepin : Yes. Well, you have so many MNAs in various parties. Did they work the same? Did they achieve the same? No. What's the difference? The difference is when a member of Parliament decided to work harder than others, to work for his constituency instead of his or her personal interests. That's the difference, and you have in front of you an MNA who always stood for the interest of her constituency first and foremost.

Mme Plante (Caroline) : How difficult will it be to run against Dr. Barrette?

Mme Houda-Pepin : Well, I'm not running against Dr. Barrette. I am running for my values, for my principles, for my achievement, for the future of my riding and the future of Québec.

Mme Plante (Caroline) : Are you threatened by…

Mme Houda-Pepin : Not at all. Not at all. I never… By the way, I never attacked the adversaries in my riding in six elections, so I'm not going to start doing that. I am on issues, I am on ideas, I am on principles, I am on values. That's where I stand for.

M. Harrold (Max) : Do you worry about splitting the federalist vote in your riding and letting the PQ win?

Mme Houda-Pepin : The only way not to split the vote in my riding is to vote for a true liberal and a true federalist; and Dr. Barrette, we don't know where he stands on these values. He was caquiste 18 months ago; today he is Liberal because he feels that maybe he has chances to become a minister.

I'm not the kind of person to go that way. I am for my principles, and I will stand for my convictions, and I have a great respect for the population of my riding, Francophones, Anglophones and minorities. I try to build bridges between all these communities in small projects, in big projects, to give them the possibility to live in harmony. And what this charter of values is doing is dividing the communities, and that's why I'm against it because I wanted to find a common ground for all Quebeckers, regardless of their religion, regardless of their ethnic background, or race, or whatever. We are here to build a country for the future.

M. Harrold (Max) : How would you do this on the terms of the money you said it's gone, the campaign funds? So how are you going to do it? How many volunteers have you got? How are you going to do this campaign?

Mme Houda-Pepin : Well, I want to assure you there is a lot of will and a lot of people coming to support, in terms of volunteers. In term of money, a few days ago, I registered as a «députée indépendante autorisée», authorized independent MNA, which is… I'm still liberal but this is what Mr. Couillard decided for me, and I'm registered at the DGE, «le Directeur général des élections», and money is coming already.

M. Daigle (Thomas) : How much money did you raise?

Mme Houda-Pepin : I can't tell you really but I need of lot of money because… to organize a campaign needs a lot of money. So, as… I will find out how much money they got, this is a question of organisation, but I can tell you that the support is there, because, from what I see… I don't have time to read all the e-mails we receive, because it's just huge, but I saw so many e-mails where people are telling me : If there is something I can do, I will support you financially. So people are asking how to help.

M. Daigle (Thomas) : …people feeling that you're a Liberal… excuse me, and you're independent only in name. Will you vote with the party, even as an independent or… How will that play out?

Mme Houda-Pepin : I will vote for Fatima Houda-Pepin.

Mme Montgomery (Angelica) : How do you respond to people who feel like this is a betrayal of the Liberal Party that you will be running up against a Liberal candidate?

Mme Houda-Pepin : Well, I'm not betraying the Liberals. It's Mr. Couillard who betrayed an honest and a profound Liberal; that's me. And it's his decision. Thank you very much, merci beaucoup.

(Fin à 10 h 4)