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Point de presse de M. Philippe Couillard, député de Roberval

Version finale

Tuesday, April 8, 2014, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures deux minutes)

M. Couillard : Alors, bonjour à tous. Je voudrais, en ce lendemain d'élections générales, faire quelques brèves remarques et, bien sûr, répondre à vos questions.

D'abord, je voudrais brièvement retourner… revenir sur la campagne électorale qui s'est terminée hier par la décision de la population, que nous avons apprise ensemble, pour vous dire que je suis très fier de la campagne, du style de campagne que j'ai menée, que nous avons menée avec notre équipe, une campagne positive, une campagne respectueuse, une campagne également basée sur les propositions concrètes et chiffrées. J'engage tous et toutes des médias, de la population, à aller sur notre site Web, plq.org, ses engagements, ses propositions sont toutes regroupées. Elles concernent de nombreux aspects qui sont importants pour les Québécois et les Québécoises, tels que, bien sûr, la question des infrastructures, de l'économie, de la création d'emplois, les PME, l'accès à la propriété, la forêt, l'agriculture. Il y a très peu de domaines de l'intervention de l'État qui n'ont pas été touchés.

Je voudrais également parler de ce que j'ai mentionné hier dans mon allocution, c'est la nécessité pour le Québec, dans l'ambiance actuelle, particulièrement après cette campagne, de nous atteler tous ensemble à la tâche de définir et de maintenir un nouveau discours et un nouveau comportement politique. Je crois l'avoir fait depuis mon retour en politique, la course à la direction du parti, puis mon passage à l'opposition officielle, et maintenant, pendant la campagne et au cours des jours qui viennent, il est important qu'entre nous, Québécois, entre nous qui sommes en politique, on redécouvre le sens des mots «respect», des mots «écoute» et des mots «confiance».

J'ai expliqué hier que je voulais travailler de façon constructive avec les partis de l'opposition. Je vais le faire. Le fait que nous ayons obtenu — et j'en suis heureux et j'en remercie la population — un mandat majoritaire ne signifie pas que nous nous comporterons de façon arrogante ou que nous ne voudrons pas parler avec les partis d'opposition sur des enjeux qui touchent tous les Québécois. Par exemple, le retour au feuilleton législatif du projet de loi sur la fin de vie, qui est un exemple rare de consensus sur une question très délicate.

Je veux également aborder la question de la transparence et de l'intégrité pour dire d'abord que, sur le plan de la transparence, comme je l'avais mentionné pendant la course à la direction du parti, pendant la campagne électorale, mon intention est de donner aux Québécois et aux Québécoises le gouvernement le plus transparent qu'ils auront eu au Québec, qu'elles auront eu au Québec, avec une divulgation proactive de renseignements de toutes sortes, qui sont dans l'intérêt public, par exemple la progression des travaux d'infrastructure, les comptes de dépenses, les activités de formation des ministères et des organisations de l'État. Ce type de divulgation proactive existe dans d'autres États, dans d'autres législations, et il a, en général, un effet très positif sur l'ambiance, et la confiance, et le rétablissement du lien de confiance entre la population et nos institutions publiques.

Sur l'intégrité, je réponds encore une fois et je répète encore une fois qu'il n'y aura pas de compromis de ma part. On voit que la classe politique est sous examen, la classe politique dans son entier est sous examen avec la commission Charbonneau qui se poursuit. Chaque fois qu'une question sera posée au sujet de personnes liées antérieurement à notre formation politique, nous y répondrons de façon transparente. Et, encore une fois, j'indique qu'il n'y aura pas de compromis de ma part sur cette question absolument essentielle.

Finances publiques. Il faut, dès que possible, avoir une lecture juste et confirmée de l'état réel des finances publiques. Non pas que je soupçonne que des vastes montants aient été nécessairement... je ne dirais pas cachés, mais non pas montrés à la population, j'ai l'intention, comme je l'avais dit en campagne électorale, de demander un examen complet et indépendant de l'état des finances publiques. Ce sera fait à partir de l'assermentation de notre gouvernement, parce que le Vérificateur général, à partir de ce moment-là, peut intervenir sur demande du gouvernement.

Bien sûr, un comité de transition est en place. Il est présidé par M. Daniel Johnson. Je vous annonce que j'ai désigné comme secrétaire général le Dr Roberto Iglesias, qui sera le secrétaire général du gouvernement. D'ailleurs, M. Iglesias et M. Johnson ont aujourd'hui même une rencontre avec M. Jean St-Gelais, le secrétaire général en titre, afin de planifier la suite des choses. M. Iglesias et M. Johnson sont assistés d'un conseiller à la transition, un homme bien connu dans l'administration publique, très expérimenté, il s'agit de M. André Dicaire. J'ai également communiqué… En fait, mon directeur de cabinet a communiqué avec la directrice de cabinet de Mme Marois de façon à ce que nous obtenions… que nous ayons une rencontre le plus tôt possible pour fixer les modalités de la transition, la date effective de cette transition.

Enfin, nous tiendrons demain, vers 14 heures, un caucus de l'ensemble de nos candidats et candidates ici, près de l'Assemblée, comme nous l'avions fait d'ailleurs lors d'élections précédentes, afin de rassembler notre équipe, de nous porter ensemble dans une perspective d'avenir, rappeler un peu sur quoi nous avons basé cette campagne électorale et également rappeler quelle est la tâche qu'est la nôtre et quelles seront les actions que nous devrons poser ensemble au cours des prochaines semaines.

Alors, voilà, en bref, les remarques brèves que je voulais vous faire. J'imagine que vous avez des questions. Je serais heureux d'y répondre. Merci.

Le Modérateur : On va procéder à la période de questions destinées aux membres des médias. On va commencer par le micro de gauche, Mme Prince. Pour les journalistes, veuillez vous identifier ainsi que le média que vous représentez.

Mme Prince (Véronique) : Véronique Prince, à TVA. Bonjour, M. le premier ministre.

M. Couillard : Bonjour, Madame.

Mme Prince (Véronique) : Quel effet ça vous fait de vous faire appeler comme ça?

M. Couillard : Écoutez, c'est un grand honneur. C'est également un service public majeur. J'ai énormément de respect pour les institutions. J'y pensais ce matin et hier soir, mais surtout ce matin. Il n'y a pas d'arrogance en moi, il n'y a pas de vanité en moi. Il y a un immense respect pour la tâche et l'institution que maintenant je vais diriger, et j'estime devoir faire tous les efforts pour que ce qu'on avait dit qu'on ferait soit fait et soit fait correctement.

Mme Prince (Véronique) : Juste une autre petite question qui peut paraître banale, mais, en même temps, je pense, les gens sont curieux de le savoir : Comment vous vous êtes senti ce matin? Est-ce que vous vous êtes pincé pour voir si vous aviez rêvé?

M. Couillard : Bien, j'ai vu la caricature de M. Chapleau, dans laquelle je semble flotter au-dessus de l'horizon. Non, c'est curieux, ma femme et moi étions très sereins. Non pas que nous avions anticipé les résultats, mais, à cause de cet état d'esprit que je vous décrivais tantôt, nous mesurons… Évidemment, pour elle également, il y a un changement de notre vie quotidienne qui va être très important, mais nous mesurons l'ampleur de la tâche et surtout l'importance des institutions. Cette élection, elle a été rude, mais elle a été également l'expression de la démocratie, de la chance immense qu'on a au Québec de pouvoir voter pour nos gouvernements. Je vais diriger le gouvernement, un gouvernement démocratique, un gouvernement parlementaire, et, pour moi, c'est un grand honneur et c'est également un service à accomplir.

Mme Prince (Véronique) : Et quand comptez-vous former votre Conseil des ministres?

M. Couillard : Il n'y a pas encore aujourd'hui de date précise déterminée. Bien sûr, lorsque ce sera fait, on vous la communiquera. C'est une des raisons pour lesquelles je dois rencontrer Mme Marois le plus rapidement possible. En général, vous connaissez la tradition, si vous regardez les précédents, c'est quoi? En général, une quinzaine de jours entre la date d'élection générale et la formation du gouvernement. Il faut d'abord que le Directeur général des élections confirme l'élection des différents candidats. Ça prend une dizaine de jours; par la suite, les formalités suivent.

Mme Prince (Véronique) : J'aurais juste une dernière question. Concernant vos dossiers prioritaires, en campagne électorale, vous nous avez dit que le premier projet de loi que vous vouliez déposer et faire adopter était Mourir dans la dignité. Est-ce que c'est toujours le cas? Est-ce que ce serait dans sa forme actuelle ou il y aurait des modifications?

M. Couillard : Alors, je vais répondre précisément à votre question, mais reculons un peu. Ce que je vais vouloir poser comme geste avec le gouvernement, dès que ce sera possible de le faire, lorsqu'on sera en poste, c'est poser des gestes immédiats pour relancer l'économie et l'emploi. Alors, j'ai parlé des infrastructures, j'ai parlé du crédit d'impôt à la rénovation domiciliaire. Tout ce qu'il est possible de faire pour relancer l'emploi immédiatement, sans nécessairement attendre un budget, sera fait.

Maintenant, sur la question des projets de loi, effectivement, souvenez-vous, j'avais dit que je réintroduirais le projet de loi sur la fin de vie — je préfère dire ça parce que la question de l'aide médicale à mourir n'est qu'une partie de ce projet de loi — dans son état actuel à la reprise de la session et qu'il sera, du moins dans notre caucus, soumis encore une fois à un vote de conscience. Il faudra donc, pour nos nouveaux collègues qui n'ont pas siégé lors de la dernière session, avoir une formation quant au contenu et au type de débat, mais on ne veut pas prolonger le processus. C'est une rare occasion d'un sujet excessivement sensible, délicat, dans lequel l'ensemble des partis se sont associé, et je voudrais également associer à cette adoption l'ensemble des formations politiques.

Le Modérateur : On va passer au micro de droite.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour, M. Couillard, Jocelyne Richer, LaPresse canadienne. Au cours des derniers mois, Mme Marois avait pris pour quelques milliards d'engagements. J'aimerais savoir si vous pensez effacer l'ardoise ou si vous allez honorer ces engagements-là.

M. Couillard : On va vérifier, on va tout vérifier, bien sûr. Maintenant, en ce qui nous concerne, beaucoup de ces engagements sont dans le budget du gouvernement, du moins la partie à court terme, leurs conséquences financières à court terme. Je vous rappelle que le Vérificateur général, lorsqu'il a fait le relevé de l'état des finances publiques, a noté qu'il y avait des sommes importantes, en rapport avec ces engagements, qui n'étaient pas identifiées. Alors, on va bien sûr faire cet examen.

Mme Richer (Jocelyne) : O.K. Au sujet du projet de charte de la laïcité de l'État, comment vous voulez procéder là-dessus? Est-ce que vous avez un échéancier, un… Comment vous voyez la suite des choses?

M. Couillard : Alors, il est important pour moi de traiter cette question tôt dans notre gouvernement. C'est une question qui a énormément divisé les Québécois, qui a apporté même des souffrances et des inquiétudes marquées pour beaucoup de nos concitoyens et particulièrement de nos concitoyennes. Je veux légiférer, nous allons légiférer sur cette question, et, en fait, on y retrouvera les éléments qui font consensus, qu'on aurait pu adopter déjà auparavant, sur l'encadrement des accommodements, le visage découvert, la question de la neutralité de l'État dans la Charte des droits, la protection de notre patrimoine historique, dont notre patrimoine religieux, et les dispositions spécifiques sur la lutte contre l'intégrisme.

Alors, il y aura un projet de loi déposé. Il est temps d'amener ce dossier à sa conclusion et d'aller vers l'avant.

Mme Richer (Jocelyne) : Hier soir, vous avez dit que vous vouliez faire du Québec, dans les prochaines années, un leader de la fédération canadienne. Est-ce que vous voulez élaborer là-dessus? Vous vouliez dire quoi exactement?

M. Couillard : Bien, le Québec est un des fondateurs de ce pays, et, pour moi, c'est important qu'il retrouve son rôle de leadership avec nos partenaires des autres provinces et territoires canadiens, avec le gouvernement fédéral. On va aller s'asseoir à la table, on va y aller pour, encore une fois, parler du Québec, montrer et rappeler à quel point notre caractère spécifique fait partie de la nature même de la fibre canadienne et qu'on veut agir de façon à créer de l'emploi et de la prospérité en collaboration avec tous nos collègues du Canada.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Salvet (Jean-Marc) : Bonjour, M. Couillard. Jean-Marc Salvet du Soleil.

M. Couillard : Bonjour.

M. Salvet (Jean-Marc) : Quand comptez-vous reconvoquer... convoquer, pardon, l'Assemblée nationale? Et, sur la laïcité, si vous permettez, j'ai compris que vous alliez déposer votre projet tout prochainement. Est-ce que vous espérez que tout soit bouclé avant la relâche parlementaire d'été?

M. Couillard : Bien, écoutez, c'est un sujet... Autant on peut anticiper une adoption assez rapide pour le projet de loi sur les soins de fin de vie, autant sur celui-là, compte tenu des positions exprimées pendant la campagne, il n'est pas certain que le débat parlementaire va être rapide. Mais moi, je ne le prolongerai pas. Je pense que les Québécois veulent également qu'on aille plus loin, qu'on passe à autre chose, et on le fera. Mais je ne peux pas vous dire… Est-ce que ce sera terminé pour la relâche de l'été? Ça dépend de la progression des travaux parlementaires, mais on ne posera pas de geste de notre côté pour retarder cette adoption.

M. Salvet (Jean-Marc) : Très bien. Et sur la convocation de l'Assemblée nationale…

M. Couillard : Bien, je ne suis pas en mesure, vous comprendrez, aujourd'hui, de vous donner la date précise. Il y a cette rencontre avec Mme Marois que je dois avoir, il y a l'assermentation du gouvernement. C'est certain qu'on va convoquer l'Assemblée, on va déposer un budget des crédits et on va tout faire ça avant de partir pour l'été.

M. Salvet (Jean-Marc) : Excusez-moi. Avez-vous parlé à M. Harper et lui avez-vous fait part de souhaits qui pouvaient être les vôtres?

M. Couillard : Alors, M. Harper, également… M. Harper m'a appelé, M. Trudeau m'a appelé, M. Mulcair m'a appelé, d'autres premiers ministres provinciaux également. Dans tous les cas, il s'agissait d'appels essentiellement de félicitations et d'appels à collaborer et d'avoir des rencontres. On n'a pas discuté d'enjeux spécifiques.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Journet (Paul) : Bonjour, M. Couillard. Paul Journet de LaPresse. Dans la composition de votre Conseil des ministres, est-ce que vous allez avoir la préoccupation de nommer beaucoup de sang neuf pour essayer de rompre avec l'ère du gouvernement Charest?

M. Couillard : Alors, il y aura un mélange de personnes expérimentées, mais il y aura également du renouveau. C'est certain qu'il y aura beaucoup de renouveau, et il y aura également des représentations régionales qui sont importantes. La question de la représentation féminine au Conseil des ministres est importante pour moi aussi. On aura, je crois, une approche équilibrée là-dessus.

M. Journet (Paul) : Serez-vous à l'aise à travailler avec certains des gens nommés par le gouvernement péquiste — je pense, par exemple, à Nicolas Girard à l'AMT, aussi aux patrons de la Sûreté du Québec — et avez-vous l'intention de les rencontrer pour faire le point avec eux?

M. Couillard : On va faire l'évaluation de certains de ces postes, mais je vous rappelle le critère sur lequel je vais me guider, d'une part, qui est le fait que la compétence, le curriculum vitae, les capacités de la personne doivent être clairement en rapport avec le poste occupé. Je répète que le fait d'avoir une affiliation politique, en soi, n'est pas un facteur qui, pour moi, disqualifie une personne d'exercer des responsabilités. Je rappelle que, quand j'étais ministre de la Santé, un des premiers gestes que j'ai posés a été de confirmer David Levine comme P.D.G. de la régie régionale de Montréal, à l'époque.

M. Journet (Paul) : Allez-vous les rencontrer?

M. Couillard : Pardon?

M. Journet (Paul) : Allez-vous les rencontrer?

M. Couillard : Peut-être pas moi personnellement, là, mais il y a un secrétaire général qui va être nommé, qui va faire cet examen, puis il nous fera des recommandations.

M. Journet (Paul) : Dernière question, si vous permettez. Qu'est-ce que la défaite du Parti québécois dit, selon vous, sur l'avenir du projet souverainiste?

M. Couillard : Je vais être prudent, parce que je ne veux pas jouer à l'analyste politique. C'est votre métier, puis vous le faites beaucoup mieux que moi. Mais j'ai parlé, pendant la campagne électorale, d'une impression que j'avais et qui semble se confirmer, qu'il y avait un réalignement des forces politiques au Québec, ce que j'appelais les plaques tectoniques qui bougent. On le voit dans les régions. Regardez le résultat de l'élection; en termes de représentation régionale, le chef du Parti libéral du Québec , moi-même, a été élu dans un comté de l'Est du Québec, comté du Lac-Saint-Jean. En soi, c'est un événement significatif.

Il y a la jeunesse également qui semble aller vers des horizons totalement différents de ce projet. Mais, ceci dit, je ne veux certainement pas laisser entendre que je voudrais indiquer aux autres formations politiques comment gouverner, l'examen qu'ils devront faire des résultats de cette élection.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Poinlane (Pascal) : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour.

M. Poinlane (Pascal) : Pascal Poinlane, ICI RDI. Vous parlez d'un comité de transition. Est-ce qu'il y a des projets qui pourraient être mis sur la glace, particulièrement dans la région de Québec?

M. Couillard : Non. On a déjà, nous, pendant la campagne, entériné la plupart des projets d'infrastructure, par exemple l'élargissement de l'autoroute Henri-IV de même que l'anneau de glace. Je rappelle également que j'ai été fort intéressé par la proposition de M. Labeaume d'amener un réseau de fibre optique à haute densité jusqu'à Québec pour en faire une ville intelligente, «a smart city» comme on dit en anglais. Ça m'intéresse. Alors, ces projets-là vont aller de l'avant.

M. Poinlane (Pascal) : Et, plus globalement, pour la province au complet, est-ce qu'il y a des projets qui pourraient être mis sur la glace...

M. Couillard : Au contraire, on veut accélérer les infrastructures dans le but de relancer l'emploi rapidement et on veut remettre ce qui a été retiré par le Parti québécois. En gros, ça augmente de 1,5 milliard par année le budget consacré aux infrastructures. Donc, non seulement on ne retardera pas de projets, on risque d'en accélérer — Turcot par exemple — et de mettre sur la table à dessin ou d'exécution des projets, dès maintenant, qui seraient prêts à démarrer.

Journaliste : Merci.

Le Modérateur : Micro de droite.

Journaliste : M. Couillard, bonjour.

M. Couillard : Bonjour.

Journaliste : Comment allez-vous vous assurer, si vous accélérez le tempo, qu'on ne retombera pas dans des travers qu'on a déjà connus là-dessus?

M. Couillard : Alors, je suis certain que nous sommes tous préoccupés par cette question. Je dirais que la réponse à cela, c'est, par exemple, la transparence. Moi, je suis persuadé qu'un des antidotes à cette perte de confiance entre la population et ses institutions, c'est parfois le manque perçu de transparence. Par exemple, vous vous souvenez, lorsqu'on a parlé des infrastructures durant la campagne, on a mentionné qu'on publierait l'état d'avancement des travaux sur un site Web, incluant les fameux extras ou les changements qui se produisent à l'occasion, et, bien sûr, on aura une surveillance constante des activités de ce côté-là. Mais le plus de transparence possible, meilleur sera le résultat.

Journaliste : Vous pensez que le MTQ est à même de gérer plus, là, et tous les ministères ont ce qu'il faut pour surveiller, encadrer une augmentation des travaux.

M. Couillard : Bien, en fait, on rétablit essentiellement le niveau d'investissement qui était prévu déjà. Et il n'y a pas que le MTQ qui fait des investissements en infrastructures, il y en a en santé. J'étais à Victoriaville cette semaine, où on m'a parlé du projet de l'hôpital. Il y en a également d'autres ailleurs. Il y a des projets en éducation, des projets en culture. Alors, là-dessus, je crois que ce sera certainement possible de le faire, et c'est une des mesures par lesquelles l'expérience montre — de l'OCDE en général — que c'est une façon efficace de relancer l'emploi à court terme.

Journaliste : Vous voulez réimpliquer le Québec dans la fédération, en tout cas j'essaie de calquer vos mots, là, le plus fidèlement possible. Il y avait, sous M. Charest, des rencontres, là, avec M. McGuinty; même, les cabinets se rencontraient. Est-ce que vous...

M. Couillard :…c'est une façon efficace de relancer l'emploi à court terme.

Journaliste : Vous voulez réimpliquer le Québec dans la fédération — en tout cas, j'essaie de calquer vos mots, là, le plus fidèlement possible. Il y avait, sous M. Charest, des rencontres, là, avec M. McGuinty, même les cabinets se rencontraient. Est-ce que vous pourriez ressusciter un peu cette formule-là?

M. Couillard : Oui, je suis intéressé à cela, mais je dirais que, parmi toutes les relations que je voudrais établir au début de notre mandat de gouvernement, celles avec nos voisins sont particulièrement importantes, bien sûr l'Ontario, les Provinces maritimes, le Nord-Est des Etats-Unis. Ce sont nos premiers partenaires, et il faut établir des relations, et je veux établir des liens personnels également avec les chefs de gouvernement de ces régions.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Marissal (Vincent) : Oui. Bonjour. Vincent Marissal de LaPresse. Bonjour, M. Couillard.

M. Marissal (Vincent) : Bonjour.

M. Marissal (Vincent) : Au Canada anglais, depuis hier soir, il y a un certain empressement à enterrer le mouvement souverainiste. Qu'est-ce que vous comptez dire à vos homologues, par exemple, qui vont vous en parler? Est-ce que vous partagez cette analyse que, cette fois-ci, c'est pour vrai et le mouvement est mort?

M. Couillard : Une idée ne meurt jamais. Une idée ne meurt jamais. Il ne faut pas que les idées meurent. Cependant, là où la question peut se poser, c'est quelle est la capacité de cette idée de mobiliser la population politiquement et de former un gouvernement, par exemple. Mais ça, c'est du ressort du PQ à faire cette analyse-là.

M. Marissal (Vincent) : Par ailleurs, il y a… La commission Charbonneau a repris ses travaux ce matin, là. Il y a encore des noms qui circulent, vous les avez entendus comme moi. Je ne veux pas personnaliser, là, puis accuser personne, mais ce qui se dit, là, est-ce que ça pourrait avoir une influence sur, par exemple, les choix pour la composition de votre cabinet?

M. Couillard : On va faire des vérifications profondes avant de faire ces nominations-là, c'est clair. Cependant, comme vous l'avez fait, M. Marissal, dans votre introduction, je mets en garde contre des conclusions hâtives de … parce qu'un nom est mentionné, nécessairement, cette personne est fautive, également contre toute tentative de culpabilité par association. Il faut faire attention à ça. Cependant, s'il y a des faits avérés, des choses qui sont sérieuses, elles seront certainement vérifiées avant les nominations.

M. Marissal (Vincent) : Ce qui veut dire par exemple qu'un candidat potentiel au cabinet pourrait être rencontré peut-être plus que moins, on pourrait peut-être lui poser plus que moins des questions pour être sûrs…

M. Couillard : Oui, oui. D'ailleurs, on pense à cette question-là, et je pense qu'on a besoin de montrer et de pratiquer le contrôle le plus grand possible et la transparence la plus grande possible également.

Le Modérateur : Micro de droite.

Journaliste : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour.

Journaliste : Vous allez bien?

M. Couillard : Oui. Heureux de vous revoir.

Journaliste : Oui, moi aussi. M. Couillard, est-ce que vous allez changer la direction de la Surêté du Québec? Est-ce que c'est… Parce que ça a été fait sous le Parti québécois, ils ont placé d'autres personnes à la direction de la Sûreté du Québec, qui est quand même un organisme avec un statut particulier au Québec, là. Est-ce que vous avez l'intention de changer les choses à la direction?

M. Couillard : Alors, c'est un poste qui va être réévalué, c'est clair. Cependant, j'attire votre attention sur le fait que, comme d'autres postes semblables, dans le cas de la Sûreté du Québec, j'ai fait, pendant la campagne électorale, des remarques quant au mode de sélection du directeur de la Sûreté du Québec et j'ai suggéré, et on verra à en discuter avec les gens concernés, avec les collègues, que, par exemple, on ait un processus un peu voisin de celui des juges, où un comité de sélection indépendant évalue des candidatures, rencontre les personnes, établit une très courte liste de personnes aptes à exercer la fonction, et que le gouvernement choisisse dans cette liste-là. On n'a pas fini la réflexion là-dessus, mais je pense que le processus de nomination doit être amélioré.

Journaliste : Vous avez dit que vous allez… c'est un des postes qui doit être réévalué, là. Sous quel motif? Pourquoi, au juste? J'aimerais juste que vous précisiez, là.

M. Couillard : Bien, je ne ferai aucun commentaire sur la personne en titre actuellement. Je veux juste m'assurer que toutes les nominations qui sont là sont optimales. Je veux m'assurer également que les processus de nomination sont modernisés, et il n'y a pas que ce poste-là qui va être examiné, il y en a d'autres également.

Journaliste : Mais juste… permettez-moi d'insister, mais, si vous considérez… si vous voulez réévaluer ce poste-là, ça doit être parce qu'il doit y a un certain niveau d'insatisfaction, j'imagine. Si vous étiez complètement satisfait de la façon dont ça se déroule, vous n'auriez pas cette réflexion, il me semble.

M. Couillard : Je vais être très prudent dans mes commentaires là-dessus en indiquant, comme je l'ai fait déjà, qu'il est essentiel pour moi, compte tenu de ma fonction à venir, là, de ne rien faire ou dire qui minerait le lien de confiance essentiel entre la population et les forces policières.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Bonjour. Jean-Luc Lavallée, Journal de Québec.

M. Couillard : Bonjour.

M. Lavallée (Jean-Luc) : M. Couillard, vous avez tout à l'heure parlé, pour la composition de votre futur cabinet, là, de représentation féminine et d'une approche équilibrée. Est-ce que ça signifie 50-50, hommes-femmes?

M. Couillard : Là, évidemment, quand je vous disais… quand je disais «équilibré», je parlais spécifiquement du lien entre des personnes expérimentées, qui sont nécessaires, et les personnes nouvelles. C'est de ça dont je parlais.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Mais au niveau de la représentation féminine, il n'y a pas d'engagement de ce genre-là, là.

M. Couillard : Alors là, je veux avoir le plus de parité possible. Je parlais d'une zone de parité, souvenez-vous, pendant la campagne. Là, il faut voir, comme on dit, quelles sont les cartes du jeu devant moi. Avoir les meilleures personnes aux meilleurs postes, mais, pour moi, la présence de femmes en position de direction est essentielle, et je ferai le maximum d'efforts pour leur donner le plus de place possible dans mon gouvernement.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Ça a été une campagne dure, vous avez beaucoup parlé du ton. Encore, là, au début de votre allocution, vous avez fait, bon, référence au respect, là, qu'il est important de maintenir et de garder. Pensez-vous qu'il va être possible de panser les plaies de cette campagne ou ça va laisser des séquelles avec les partis d'opposition?

M. Couillard : Je vais vous dire : Oui, j'espère. Personnellement, là, puis je ne fais de philosophie à cinq sous quand je vous dis ça, moi, je pardonne, je pardonne à ceux et celles qui, pendant la campagne, ont eu des mots durs envers moi. Je n'en ai pas eu, moi, envers les adversaires. Je veux maintenir ce discours-là, parce que ce que je crains, c'est qu'on glisse dans une sorte d'ambiance permanente, une sorte de déshumanisation des adversaires politiques. Je n'aime pas ça. Dans d'autres pays, pas loin de chez nous, ça se pratique abondamment. On n'a pas besoin, nous, les Québécois, d'aller dans cette direction-là.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Avez-vous pris connaissance des propos de Marc Laviolette hier soir, lors d'un discours aux militants?

M. Couillard : Malheureusement, non.

M. Lavallée (Jean-Luc) : J'espérais que vous me disiez oui, alors je vais être obligé de le citer. Il a dit…

M. Couillard : À votre grand regret, j'en suis sûr.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Il a dit que, finalement, les Québécois avaient élu, avec plusieurs députés du Parti libéral, un concentré de crosseurs hier soir. Alors, je voudrais vous entendre là-dessus. Concentré de crosseurs, excusez.

M. Couillard : Bien, voilà une démonstration de propos qui n'ont pas leur place sur la scène publique, et, à mon avis, les gens qui utilisent ce genre... ce niveau de langage là se disqualifient eux-mêmes du débat public.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Lavoie (Gilbert) : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour.

M. Lavoie (Gilbert) : Gilbert Lavoie du Soleil. Vous avez dit, parlant des nominations au cabinet et de la commission Charbonneau : On va faire des vérifications profondes. Est-ce à dire qu'on doit... on peut tenir pour acquis que toutes les personnes que vous allez inviter à faire partie du cabinet ne sont pas susceptibles, vous aurez l'assurance personnelle qu'elles ne sont pas susceptibles de se faire interpeller par la commission Charbonneau?

M. Couillard : Bien, définissons, M. Lavoie, le mot «interpeller». Si quelqu'un est appelé à témoigner pour faire état des processus d'attribution de contrats à l'époque où une personne occupait des responsabilités ou que son nom est mentionné par une tierce personne, c'est un niveau très différent d'allégations directes et avérées de pratiques irrégulières. Je pense qu'il faut quand même garder les choses en perspective, là.

M. Lavoie (Gilbert) : Deuxième question. Vous parlez beaucoup de transparence. Les gens... les politiciens dans l'opposition promettent la transparence, la pratiquent peu une fois rendus au pouvoir. Mme Marois avait pris ses distances de la presse parlementaire, on la voyait moins souvent. Comment voyez-vous vos communications avec la presse parlementaire pendant votre mandat de quatre ans?

M. Couillard : Et demi.

M. Lavoie (Gilbert) : Et demi.

M. Couillard : Elles seront constantes et ouvertes, comme je l'ai toujours fait. Je ne me suis jamais défilé pour répondre aux questions. Je le ferais puis je vous rencontrerais régulièrement, c'est certain. Je n'ai pas l'intention de me défiler du tout.

Sur ce qui est de la transparence, je crois qu'on est rendus là au Québec, et on n'est pas les premiers à passer par là. Au cours de mon retour en politique, de la campagne au leadership, j'ai étudié les exemples de pays scandinaves, par exemple, ou de l'administration américaine de M. Obama, qui met véritablement en place des actions concrètes pour rétablir ce lien de confiance dont je parlais tantôt. Chez nous, par exemple, ça irait jusqu'à la divulgation proactive de comptes de dépenses, de dépenses liées à des activités de formation dans les ministères ou organismes, de contrats de consultants et autres, parce que la population, d'une part, veut savoir et est irritée lorsqu'ils ont l'impression que c'était de l'information cachée qu'il a fallu aller chercher avec beaucoup d'efforts. Et vous le savez très bien, vous, des médias, ce que ça signifie.

Alors, pour moi, ça fait partie du changement profond de culture politique, cette question de la transparence. Et je n'en fais pas un instrument politique de campagne électorale, mais un de mes objectifs à titre de chef de gouvernement.

Le Modérateur : Micro de gauche.

Journaliste : Oui, bonjour, M. Couillard. Juste pour compléter sur la transparence. Certains disent qu'on serait dus pour une réforme, entre autres, de la loi d'accès à l'information. Est-ce que ça peut faire partie des outils de transparence?

M. Couillard : Oui. D'ailleurs, il y a des travaux qui sont en cours et qui étaient en cours, comme vous le savez, là-dessus. Il faut bien sûr s'assurer que les décisions gouvernementales puissent être faites dans une ambiance qui amène à des décisions sereines, là. Ceci dit, on peut faire beaucoup plus de proactivité. On peut être beaucoup plus proactifs dans la communication de renseignements à la population, et ça passe nécessairement par une révision de la loi d'accès à l'information.

Journaliste : Pour compléter sur votre commentaire tout à l'heure sur la Sûreté du Québec, le processus de nomination, vous avez dit : On pourrait l'encadrer davantage. Est-ce qu'on ne serait pas dû pour avoir, par exemple, une nomination du directeur de la Sûreté du Québec par l'Assemblée nationale, élu aux deux tiers ou à l'unanimité de l'Assemblée nationale? Les corps policiers, c'est quand même quelque chose d'important. Est-ce qu'on ne pourrait pas avoir quelque chose, donc, de plus largement…

M. Couillard : Bien, j'ai réfléchi à cette question et c'est pour ça que j'ai fait le parallèle avec la magistrature. Il faut quand même qu'un gouvernement démocratiquement élu garde une zone de discrétion dans ses décisions, dont il est imputable par la suite. Les gens vont savoir publiquement que telle personne a été nommée pour telle fonction, quelles sont les compétences, quelles sont les raisons qui sous-tendent cette nomination. D'aller à l'Assemblée nationale et rendre l'Exécutif, finalement, complètement détaché d'une partie de ses responsabilités, je ne pense pas que c'est dans l'intérêt public. Ce qui est dans l'intérêt public, c'est le caractère indépendant du processus de nomination et la transparence également de cette nomination.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour.

M. Bergeron (Patrice) : Patrice Bergeron, de LaPresse canadienne. Vous avez dit que vous voulez donc avoir un gouvernement intègre et transparent et vous ne voulez pas être arrogant. Donc, vous êtes un gouvernement majoritaire pour les quatre prochaines années. Vous savez qu'il ne suffit pas de vouloir collaborer avec l'opposition pour ne pas être arrogant. Qu'est-ce que ça signifie, ne pas être arrogant, pour un gouvernement majoritaire?

M. Couillard : Bien, ça signifie, par exemple, sur des enjeux comme les orientations budgétaires, avoir de véritables conversations avec les partis d'opposition, même si on est majoritaires puis qu'on pourrait dire : Bien, ce n'est pas… de toute façon, on va faire le budget qu'on fera. Moi, j'ai entendu, durant la campagne, M. Legault et d'autres avoir des idées intéressantes sur la question des finances publiques. Pourquoi nous priverions-nous de ces idées-là? Alors, on ne laissera pas les partis d'opposition gouverner à la place d'un gouvernement majoritaire, ce n'est pas ça que je dis, mais d'avoir une attitude d'ouverture et de collaboration m'apparaît très judicieux. Et le premier élément concret qui va revenir à l'Assemblée, ce qui était le cas auparavant, c'est la question du projet de loi des soins de fin de vie, où c'est un exemple rare, que beaucoup nous envient, d'un consensus de population et parlementaire sur un enjeu excessivement difficile.

M. Bergeron (Patrice) : Vous avez dit que vous n'avez pas aimé le ton de cette campagne-là. Donc, pour le retour en Chambre, est-ce que ce n'est pas là une forme d'invitation aux partis d'opposition à changer de ton pour que ça soit plus serein en Chambre?

M. Couillard : Il faut que ce soit des deux côtés. Quand on dit que c'est toute la faute de l'autre, on commence bien mal la discussion. Je pense que toute la classe politique a intérêt à faire un examen de ces questions-là. Ce que je peux vous dire, c'est qu'après avoir parlé à des citoyens et des citoyennes partout au Québec la population n'aime pas ça. On peut avoir l'impression, entre guillemets, qu'on gagne des points, là, politiquement, mais, dans la grande réalité du Québec, ce n'est pas quelque chose qui est vu positivement, et on ne fait pas avancer le débat politique. Alors, oui, l'opposition, mais également le gouvernement, il faut avoir une attitude respectueuse et surtout posée, à mon avis.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Plouffe (Robert) : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour, heureux de vous revoir.

M. Plouffe (Robert) : Félicitations. Oui, heureux de vous revoir également.

En matière de transparence. Il a été question, entre autres, dans le passé, du dévoilement des comptes de dépenses des députés. Il y a aussi toute la question… Je sais que vous avez dévoilé vos revenus, etc. Dans ce sens-là, est-ce que… Bon, par exemple, pour les députés, est-ce que c'est quelque chose que vous pourriez considérer? Et, par ailleurs, pour ce qui est du dévoilement des revenus ou des avoirs, est-ce que c'est quelque chose que vous allez formaliser?

M. Couillard : Alors, prenons les deux choses. D'abord, pour ce qui est de la divulgation d'actifs, moi, j'ai bien indiqué, lorsque je l'ai fait, que je pensais que c'était requis pour les chefs de parti, ceux ou celles qui voulaient assumer la fonction de premier ministre. Je n'en fais pas une obligation pour les personnes destinées à être ministres ou les membres de la députation. On pourrait penser que l'effet d'exemple a un effet d'entraînement, parce que je suppose que, m'ayant vu faire ça cette année, à la prochaine élection, vous allez demander avec insistance à chaque chef de parti de faire le même exercice. Est-ce qu'il faut le formaliser de façon légale ou non? On va y réfléchir, mais je ne peux pas aujourd'hui vous donner cet engagement-là. Je vais étudier cette question.

Pour ce qui est des comptes de dépenses, bien, ça fait partie de ce que j'appelle la divulgation proactive. Au gouvernement fédéral, ils sont… si vous allez voir là-bas, ils sont plus avancés que nous là-dessus. Vous trouvez rapidement, là, beaucoup de comptes de dépenses, beaucoup d'informations sur des dépenses de fonds publics, qui, normalement, ne sont pas accessibles. Je pense qu'on y gagne beaucoup.

Journaliste : Sur la question des nominations partisanes, vous avez parlé de la compétence, mais il y a quand même eu des nominations partisanes de la part du PQ. On parlait d'une quarantaine. Est-ce qu'on doit s'attendre à une purge de ce côté-là, changements majeurs?

M. Couillard : Bien, ce n'est pas notre style. Si vous regardez les transitions, d'un côté ou de l'autre, vous verrez que le comportement peut être différent. Je reviens à la compétence, à l'engagement de la personne et également à, comment dire, à la convergence de ce qu'on veut faire. Par exemple, nous, une de nos ambitions, c'est de diminuer la taille de l'État, notamment en santé et en éducation, pour investir dans les services. Alors, si quelqu'un, dans la fonction publique, ne veut pas aller dans cette direction-là, bien, ça devient difficile de travailler avec cette personne. Mais ça, on en fait l'examen lorsqu'on commence à travailler avec les personnes.

Le Modérateur : Micro de droite, dernière question en français.

M. Gagnon (Marc-André) : Marc-André Gagnon, du Journal de Québec. Vous avez réussi, M. Couillard, à enlever plusieurs comtés qui étaient caquistes dans la région de Québec. Est-ce qu'il fallait absolument dire oui à presque l'ensemble des projets chers au maire Labeaume pour obtenir ces victoires?

M. Couillard : Non, parce que, paradoxalement, vous pourriez penser qu'une partie de l'électorat voudrait qu'on aille dans une direction différente. J'ai dit oui à ses projets parce que ce sont de bons projets. L'autoroute Henri-IV, c'est pour faire face à un problème réel, qui est la congestion routière ici, dans la région de Québec. L'anneau de glace, c'est pour donner à Québec sa vocation d'une ville sportive internationale et également une infrastructure qui peut être utilisée par l'ensemble de la population. La ville intelligente et les fibres optiques, Dieu sait, au XXIe siècle, c'est quelque chose d'extraordinaire sur le plan économique. Alors, je suis persuadé de la valeur de ces projets. C'est la raison pour laquelle je les ai appuyés.

M. Gagnon (Marc-André) : Avez-vous eu l'occasion de parler avec le maire Labeaume?

M. Couillard : M. Labeaume m'a appelé hier soir, très gentiment, M. Coderre d'ailleurs aussi. Les deux m'ont adressé leurs félicitations, et on va faire, bien sûr, des rencontres pour qu'on aille plus loin, notamment sur la question des municipalités. Les régimes de retraite, je le répète, on ne m'a pas posé la question, mais ça fait partie des projets de loi qu'on va vouloir introduire assez rapidement.

Le Modérateur : Passons aux questions en anglais. Micro de gauche.

Mme Plante (Caroline) : Caroline Plante, Global News.

M. Couillard : Hello.

Mme Plante (Caroline) : Premier, congratulations.

M. Couillard : Thank you.

Mme Plante (Caroline) : What will be your first order of business?

M. Couillard : Well, check the real status of public finances, independently. And we will do this, of course, as I said, involving the Auditor General after the swearing in of our Government. Then we need to launch initiatives that will boost job creation in the short-term : infrastructures, home renovation credit and a variety of other actions, including with small and medium businesses, that we can take now without waiting for a budget.

We will also have some legislation on the table. We'll bring back the end-of-life bill, we'll legislate on accommodations and on the pension plans in the municipal sector. That's one of the… a few examples.

Mme Plante (Caroline) : What will you do with the Charter of Québec values?

M. Couillard : We will have a proposal that will be a consensus, and it's unfortunate that we could not do this in the fall. Everybody agrees, in Québec, I said this many times, that faces should be uncovered, that accommodations should be better defined, that our history and our patrimony should be protected and that the concept of the neutrality of the State has to be defined in the Charter of Rights and Freedoms and that we must act in order to prevent certain manifestations of fundamentalism. So that's what we're going to do, but we're not going to do anything, anything that goes even close to job discrimination. This, I can tell you.

Mme Plante (Caroline) : And do you expect the next few months to be difficult with what the Charbonneau Commission might reveal?

M. Couillard : You know, I said many times : We'll take what comes out of the commission. Each time, the following questions will be asked : Is this still possible, in existence, legal? Are the people mentioned or in cause still in position of influence? Those will be the questions I'll be asking and answering each time something will come out. But my impression, again, is that it's the whole political class and the whole system of financing that existed before the recent changes that is going to be under examination.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Dougherty (Kevin) : Yes, Mr. Couillard. Kevin Dougherty, Montréal Gazette

M. Couillard : Hello, Kevin.

M. Dougherty (Kevin) : How does it feel, first of all?

M. Couillard : I feel great but calm too. You know, when my wife and I woke up this morning, we kind of were surprised how calm we felt, she and myself. Why? Because… not that I expected that, I don't have that arrogance, but I have so much respect for the institution that I will now lead that, for me, it's a service asked to me by the public rather than only a honor. That's why I feel positive and good about it, and I want to do my best to put Québec back on the track of prosperity over the next four years and a half.

M. Dougherty (Kevin) : OK. You talked about the charter. Your values charter, whatever it would be called, secularism charter, would change the…

M. Couillard : It will not be called a value… because those are not only values, it's broader. Anyway, sorry.

M. Dougherty (Kevin) : But it would change the human rights charter. Do you have to have unanimous support with something like that?

M. Couillard : You know, we said, by the way, this is not the case right now for the Québec charter. One of our proposals, remember when we discussed this last fall, was that for any changes in the charter to happen, they should be supported by two thirds of the National Assembly, which I think should be done.

Now, the only impact on it will be the definition, delineation of the concept of neutrality of the State and also landmarks for accommodations. So it's not going to be a wide impact, but still.

M. Dougherty (Kevin) : And do you talk about realignment? Can you tell… elaborate a bit on, you know, what has happened here? Because the dynamic going into this election, you had a government that was talking about values, that was talking about, at some point, a referendum and still, last night, the candidates to succeed Mme Marois are stalking with the same thing, having another referendum. Do you… What is this realignment?

M. Couillard : Well, I'm not going to be too much commenting on internal matters of other parties. What I would say is that I felt, during the campaign mostly, that there was some movement of what I call the tectonic plates of politics in Québec, both regionally — look, I've been elected as leader of the Liberal Party of Québec in an Eastern riding, which is unprecedented, I'm quite proud of that, by the way — also among generations. I really felt, during the campaign, that the young generation, the youth of Québec, is not at all attracted by anything that limits us or prevents us from having broader horizons or anything at all, even touching job discrimination in Québec. So there is a generational change, there is a regional change. It's going to be quite interesting for you to write on this in the coming years. But I will not venture, only when I write, maybe, one day, my memoirs. Otherwise, I'll stay away from it.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Couillard : Hello.

Mme Shivji (Salimah) : Hello, Salimah Shivji, CBC. You talk a lot about transparency and the importance of it. So what concretely would you do… what are you promising to do to improve transparency?

M. Couillard : Well, I have studied the examples of Scandinavian Governments and what the Obama administration has been doing in Washington, D.C., putting proactively disclosing information that normally has to be dugged out literally by the media or certain citizens : expense accounts, certain types of expenses for activities in ministries and other organizations, infrastructure projects, where is the project compared to the timeframe, compared to the budget, has there been any addition to the budget and why. This type of information, I think, would be, in an advantageous way, quite profitable for the public if they were this close to openly, proactively, rather than having to be literally, again, dugged out by the media. Yes.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Couillard : Hello.

M. Perreaux (Leslie) : Hello. Les Perreaux, from The Globe and Mail. Just getting back to the tectonic plates for a second, we talked about that two weeks ago, was this a result you envisioned from a shift of those plates?

M. Couillard : I could feel it, but I did not, at that time, translate it in electoral results. But I could really feel that, that both regionally and in terms of generations, a significant change in politics is happening in Québec. And it's not over. I think this will carry on in the coming years, so politicians better be realigning themselves on the new reality.

M. Perreaux (Leslie) : You mentioned waking up this morning and being fairly calm about it. I'm wondering if, for you or your wife, has it even occurred to… How your life has changed?

M. Couillard : Yes. Well, of course, and we were ready, we are ready to do this. Of course, you lose a lot of your private sphere, of your private life, both my wife and myself. On this, I would please advice, ask the media… My children were asked for interviews, my mother. I don't think it's that necessary, I don't think this has any public interest. They're not keen on doing this. I don't think this will help the political debate in any way.

But, apart from that, my self and my wife know now that we'll be public persons and we'll have to be seen and answer. That's OK, we are ready to do this and I'm, again, personally decided… when I came back into politics last year that I wanted to give many years of my life ahead to Québec and make it an even better place that it is right now.

M. Perreaux (Leslie) : Has your wife given any thought to what public role she might take? We've seen other spouses who have taken on fairly premier role…

M. Couillard : You know, she is not a very political person, meaning that she doesn't get involved too much in partisan politics but I'll give you an example. During the campaign, she went around the riding in Roberval, to see youth organization that was closed because of budgetary cuts. She's quite interested in this, being… doing some volunteer work in those areas.

I, myself, I said during the campaign that among everything that a premier can be interested in, what is particularly compelling to me, is the case of children, little children that are marginalized by poverty, handicap or elsewhere. And I think we don't talk enough about those cases, and, you know, if the head of State decides to take it as a personal mission, it helps, you know, to make life better for these children.

Le Modérateur : Micro de gauche.

Journaliste : Congratulations, Mr. Premier elected.

M. Couillard : Thank you.

Journaliste : I wonder if you can tell Quebeckers what different style or what immediate actions they can expect right away in the next few weeks, few months.

M. Couillard : Well, after the swearing in of our Government, we will want to take immediate action on job creation and economic growth, launching infrastructure projects, introducing the home renovation credit and everything that we can do in small and medium businesses that we can do immediately, without waiting for a formal budget to be tabled. This is what we are going to do first.

At the same time, we will have a legislative program that is going to bring back the end-of-life bill, also the pension situation for municipalities and the accommodation question, of course, which I think we have to put behind us now.

Journaliste : And how worried are you that the Auditor General is going to check the finances, you're going to find something you didn't expect? Have you accounted for that and what's your, you know… how do you look forward with that…

M. Couillard : Well, it's a good question. I've been asking myself from the moment I said that we will do this. Of course you have to be prepared for such a conclusion, that, you know, instead of having $2.5 billion deficit you actually have a $3 or $4 billion deficit. So my answer will be : If it happens — and I'm not saying that it will necessarily happen — the solution will not be to claw back on our commitments but to increase our operation of reducing bureaucracy and the weight of the State in the economy of Québec. That will be my answer.

Le Modérateur : Dernière question en anglais, micro de gauche.

M. Couillard : Sorry, I almost fell down.

Journaliste : Yes. So, first of all, why do you feel that it's necessary to have the Auditor coming and review the books often when there's a change of power? Every political party says that the last one left a big hole there. Why do you feel that it's necessary to bring the Auditor in?

M. Couillard : Well, first, we already know there's a big hole. I just want to know the size of the hole and I want it to be done independently, so that people can trust the validity of the conclusions. The use I will make of this information, which of course will be communicated, not, you know, prejudging the results of that investigation, this is that I will not again go back on my commitments but I will tell the bureaucracy, the public services to increase the work they have to do in reducing bureaucracy and the weight of the State in Québec's economy. But I think it's good.

We always have this, as you said in your questions : Oh! It was worse than I thought, therefore I can not do this, this and that. Citizens are fed up about this, they don't want to hear that, but I need to know. We are going to table a budget, I want to know what's the real figure, what's the real deficit we have to deal with and how it affects, you know, things that we must do and the intensity that we have to do.

Journaliste : You shocked a lot of people in your second debate when you talked about bilingualism and this is something that a lot people thought was a gaffe, but, in the end, it seemed to have no impact on voters. Do you feel that this shows a changing of attitude among Quebeckers about English?

M. Couillard : I think it shows a gap between certain politicians and what I call the real people in the society out there. We are all attached to French and the French face of Québec is absolutely crucial to our identity, which by the way I want to be shared by all Quebeckers from all origins. This being said, for everybody to say that it's not advantageous to someone to become bilingual or for our kids to be bilingual is nonsense, and everywhere I went in Québec during the campaign, and I mentioned our intention to increase sixth grade teaching of English, well, you know, people applauded. They want that. There is not a single parent in Québec that doesn't want this, and the same goes for English-speaking parents.

So it's obvious that it's, in the 21st century, a necessity, but what I oppose is make a link between this and the intensity of our action to protect and promote French. It has no relationship at all. Merci.

Le Modérateur : Ceci met un terme au point de presse. Merci.

(Fin à 14 h 45)

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