(Treize heures dix-sept minutes)
Mme David (Gouin) : Alors,
bonjour et rebonjour pour certains. Nous sommes très heureux, Andrés et moi — Andrés
Fontecilla, président et co-porte-parole de Québec solidaire — nous
sommes très heureux d'être, momentanément en tout cas, de retour à l'Assemblée
nationale, et, à partir du 20 mai, bien, évidemment, on sera présents chaque
jour que c'est nécessaire.
Alors, la première chose que je voudrais
dire en cette Journée internationale des travailleuses et des travailleurs,
c'est que je veux saluer l'ensemble des travailleurs et travailleuses du
Québec, qui travaillent fort pour faire du Québec ce qu'il est. On parle
souvent des investisseurs, on parle souvent des chefs d'entreprise. Moi, je
voudrais rappeler qu'au-delà des personnes qui innovent, qui dirigent, etc., il
y a des travailleuses, il y a des travailleurs. Il y en a pas mal dans le
secteur public aussi, dont on apprécie chaque jour la qualité et le dévouement.
Alors, je voudrais qu'on se rappelle de ça, d'ailleurs, quand il sera question
de négociation dans les services publics.
On est donc très fiers de leur apporter
notre appui, et l'une des façons que va prendre cet appui dans les prochains
mois va être de combattre pied à pied la logique d'austérité du nouveau
gouvernement, nouveau gouvernement qui, en cette matière, va juste un peu plus
loin que le précédent, mais il n'y a pas de changement spectaculaire. En
campagne électorale, le PLQ, la CAQ et le PQ avaient tous les trois promis des
compressions budgétaires. M. Couillard, lui, nous dit que c'est clair
qu'il va y en avoir, est prêt à ouvrir éventuellement un débat social
là-dessus. Ce que, nous, nous lui disons, c'est que, s'il doit y avoir débat
social, ça doit se faire sur l'ensemble de la fiscalité et sur une refonte de
la fiscalité. C'est là-dessus que le débat doit réellement se faire. J'aimerais
rappeler que la logique d'austérité est décriée maintenant par nombre d'économistes
dans le monde, y compris le très sévère Fonds monétaire international, qui
dit : Là, attention, quand on va trop loin, c'est l'économie elle-même
qu'on est en train de déstructurer.
Donc, nous ne sommes pas impressionnés du
tout, vous l'aurez compris, par les conclusions du rapport Godbout-Montmarquette.
Nous trouvons d'ailleurs un peu spécial qu'il ne leur ait fallu que
15 jours pour dresser un état général des finances publiques. Nous
attendons avec impatience le rapport certainement plus documenté du
Vérificateur général. Nous avons l'impression, en fait, que le rapport Godbout-Montmarquette
n'a que comme seul but de mettre la table pour ensuite faire apparaître notre
nouveau premier ministre comme un homme de compromis qui, finalement, n'ira pas
aussi loin que ce qui est proposé, alors un bon gars, là, qui va prendre soin,
dans le fond, de la classe moyenne, des travailleurs et tout. Très, très
vieille technique politicienne. Je pense que la population va très bien
comprendre de quoi il s'agit.
Donc, nous avons des propositions sur les
finances publiques, et je laisse mon collègue les expliquer.
M. Fontecilla (Andrés)
:
Bonjour. Comme Françoise le dit, nous pensons qu'il faut effectivement jeter un
regard sur l'ensemble des activités gouvernementales, non seulement regarder le
côté des dépenses, comme l'entend le faire le gouvernement de M. Couillard,
tout dans la même ligne que le gouvernement du Parti québécois, mais aussi il
faut regarder du côté des dépenses. Tout d'abord, il faut agir sans
précipitation et imposer rapidement un programme d'austérité et de rigueur
budgétaire, Françoise l'a dit, qui est dénoncé même par le Fonds monétaire
international.
Dans l'immédiat, nous pensons qu'il faut
revoir l'échéancier du retour au déficit zéro, qui est même jugé par l'actuel
ministre des Finances comme un peu trop irréaliste. Et je vous rappelle que le
retour est prévu pour l'année 2015-2016, et ce scénario aussi rapide mène à des
mesures draconiennes, des mesures expéditives, comme, par exemple, les coupures
de services aussi essentiels que les soins dentaires pour enfants. Je vous
rappelle que les soins dentaires qu'on ne donne pas à des enfants aujourd'hui,
c'est des dépenses et même pour l'État plus tard.
Et on va nous rétorquer la question de la
cote de crédit. Ce que nous disons qui est le véritable danger pour la cote de
crédit du Québec, c'est des scénarios irréalistes qui conduisent à une
instabilité économique. Donc, faisons l'exercice de porter un regard neuf, un
regard innovateur sur nos finances publiques, et c'est ça qui va justement
assurer la pérennité de notre cote de crédit.
Ensuite, il nous paraît essentiel dans
l'immédiat de suspendre les paiements du Fonds des générations dès cette année
et il est, pour nous, à Québec solidaire, complètement illogique de couper dans
les budgets d'épicerie et, en même temps, augmenter les paiements de
l'hypothèque. Et, cette année, il s'agit d'un versement de 1,3 milliard au
Fonds des générations. Cet argent-là pourrait servir en bonne partie au
rétablissement des finances publiques, à l'atteinte du déficit zéro. Pendant ce
temps, on propose parallèlement de mettre fin à des soins aussi importants que
les soins dentaires pour enfants. Et le tout doit être encadré dans une
réflexion globale, une réflexion qui porte sur l'ensemble autant des dépenses
que des revenus du gouvernement. Donc, Québec solidaire met de l'avant l'idée
de convoquer des états généraux sur les finances publiques et la fiscalité pour
qu'on arrive collectivement à se faire une tête sur cette question-là. M.
Couillard appelle à un dialogue social sur les coupures qu'il entend faire; nous,
nous appelons à un dialogue social sur l'ensemble de la fiscalité de l'État.
D'autre part, dès maintenant, il faut
amorcer des travaux pour aller chercher des nouveaux revenus et lutter contre
toutes les formes de gaspillage. Ça va prendre le temps qu'il faut, mais il
faut y aller progressivement, et, dans la prochaine année, nous proposons de
mettre de l'avant trois solutions simples. Par exemple, rétablir la
progressivité de la fiscalité des particuliers, donc on irait chercher 1 milliard
de dollars supplémentaires. Nous proposons de réduire la facture des
médicaments et mettre sur pied Pharma-Québec, je vous rappelle, un système
d'achat regroupé des médicaments, ce qui nous permettrait d'économiser au moins
1 milliard de dollars. Et réimposer la taxe sur le capital des entreprises
financières, ce qui nous permettrait d'aller chercher 700 millions.
C'est des mesures concrètes, réalistes,
qui peuvent être mises de l'avant rapidement, et ça va contribuer grandement au
rétablissement des finances publiques.
La Modératrice
: Des
questions?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.
Vous avez évoqué le mot «gaspillage». Selon vous, l'évaluation que vous faites
des sommes gaspillées chaque année par le gouvernement…
M. Fontecilla (Andrés)
:
Les sommes gaspillées, il y a tout d'abord les partenariats public-privé qui
ont été faits sous la promesse, justement, que ça allait coûter moins cher au
trésor public, mais, dans les faits, ça coûte… il y a des dépassements assez
faramineux des prévisions dans ces projets-là. Donc, PPP. Et, par exemple
aussi, une mesure, c'est de réduire le nombre de cadres dans le système de
santé. Et on a remarqué que la croissance des cadres dans le système de santé a
augmenté beaucoup plus rapidement que la croissance du personnel qui donne des
services à la population. C'est des formes de gaspillage. On pourrait nommer
aussi le passage aux logiciels libres pour le gouvernement, qui coûtent une
fortune, quelques centaines de millions de dollars.
Mme David (Gouin) :
J'ajouterais aussi toute la question de la sous-traitance et particulièrement
dans les agences privées de placement. Ça a été souvent dénoncé dans le cas des
infirmières. On perd de l'argent en faisant ce genre de choses là. Il vaut
mieux faire nos travaux nous-mêmes, avec le personnel que nous avons dans le
système public. Mais nous n'avons pas chiffré, au total, ce que tout ça
rapporterait.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais je comprends... MM. Montmarquette et Godbout avaient identifié un déficit
structurel, que les programmes coûtaient plus cher que les revenus de l'État
puis qu'il fallait mettre fin à ces déficits, en fait à ce cycle de déficit
structurel là.
Vous, vous dites qu'il n'est pas question
d'abolir, à ce moment-ci, des programmes. Il faut éviter le gaspillage, aller
chercher des nouveaux revenus. Mais, pour les programmes, par exemple la
suggestion qui est faite d'avoir une commission qui va passer au crible chacun
des programmes, est-ce que vous êtes favorable à cette proposition-là?
Mme David (Gouin) : Regardez,
examiner une situation avec un budget de l'État qui est considérable quand
même, regarder si tous les programmes, 100 % des programmes sont
aujourd'hui aussi utiles qu'autrefois, sont administrés de la bonne façon,
etc., il n'y a pas de problème. Le problème, il commence à partir du moment où
deux économistes nous disent : Il y a un déficit structurel de l'État, il faut
donc abolir des programmes, point barre, ou encore, autre solution, augmenter
les taxes et les tarifs.
C'est drôle, hein, la seule solution
qu'ils n'ont pas envisagée, et c'est là où ça devient très idéologique, c'est
la solution d'aller chercher de nouveaux revenus pour l'État. Alors, le choix
de ces deux économistes par le gouvernement actuel n'était pas du tout
innocent. Nous, nous pourrions lui en proposer d'autres. C'est ce que nous
disons.
M. Boivin (Simon)
: Mais
la notion, là, de déficit structurel, vous niez qu'elle pourrait caractériser
la situation budgétaire du Québec?
Mme David (Gouin) : Il y a, au
Québec, la plupart du temps, c'est vrai, des déficits. Souvent. Pas toujours, souvent.
Est-ce que c'est structurel? Est-ce qu'on va se faire une chicane de mots, là,
pour se demander si c'est structurel? Autrement dit, par «structurel», est-ce
qu'il faut entendre que c'est inhérent à la façon de travailler de l'État québécois?
Moi, je ne le crois pas.
L'État québécois est capable — et
même s'il devait être le seul en Amérique du Nord à le faire, moi, je
continuerais d'être une fervente défenseure de cet État
québécois — il pourrait continuer, oui, de donner des services
publics supérieurs, si vous voulez, en nombre et en diversité que ce qu'on voit
dans les autres provinces canadiennes. Oui, il pourrait le faire, mais il y a
une condition, par exemple, il y en a une importante : c'est d'aller
chercher des nouveaux revenus. Comme on dit dans d'autres milieux : on ne
peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. On ne peut pas... C'est
impossible, là, de continuer à donner les services publics auxquels les gens
ont droit et auxquels ils s'attendent sans aller chercher de nouveaux revenus.
C'est tout simplement impossible.
Alors, c'est sûr que, si des économistes
nous disent : Il y a des déficits, qu'ils soient structurels ou non,
en tout cas, il y en a, mais on ne va pas chercher de nouveaux revenus,
bien, c'est sûr que, logiquement, ils nous amènent à dire : O.K. Bien,
dans ce cas-là, il faut couper des programmes et/ou augmenter les taxes et les
tarifs. Tout ça, c'est logique. C'est une logique économique de droite.
Nous, nous proposons une logique
économique de gauche, c'est-à-dire continuer à donner les programmes auxquels
les gens s'attendent et auxquels ils ont droit dans une société démocratique,
une société avancée, mais aller chercher des nouveaux revenus. C'est
inéluctable. Et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas taxer davantage les
gains en capital et en dividendes des banques. Voulez-vous bien me dire
pourquoi on ne pourrait pas faire ça? Est-ce qu'elles vont se sauver en
Amérique latine ou dans le sud des États-Unis, là, la Banque Nationale, les
caisses populaires, la Banque Laurentienne? Allons donc! Donc, c'est une
question de choix et de volonté politique.
M. Lafille (Julien)
:
Est-ce que vous êtes contre une révision permanente des programmes, donc?
Mme David (Gouin) : Non. Non,
on est d'accord avec l'idée d'être en réflexion permanente, si vous voulez, sur
la fiscalité, sur les finances publiques, sur les programmes. Ça,
théoriquement, là, noir sur blanc, ça ne pose pas de problème. Ça dépend qui
veut le faire et pourquoi. C'est sûr que cette révision des programmes, je ne
la confierais pas, en tout cas, sûrement pas uniquement à MM. Godbout
et Montmarquette. Il faut aussi assumer qu'il y a une pluralité d'opinions au
Québec et que, si on veut un véritable débat social, on va le faire tout le
monde ensemble, avec des économistes de droite, de centre, de gauche, puis on
va le faire avec la population, avec les mouvements sociaux, y compris avec les
chambres de commerce et tout. Il faut que ça devienne un débat de société.
M. Boivin (Simon)
:
Vous avez parlé aussi, là, des dangers qui guettent la cote de crédit par des
mesures d'austérité. En même temps, vous dites : Il faudrait suspendre les
paiements au Fonds des générations. S'il y a une chose que les agences de
cotation regardent, c'est la façon dont une administration s'occupe de la
question de sa dette, et le Fonds des générations, c'est une des choses qui est
souvent soulignée comme étant une bonne chose dans le budget du Québec par les
agences de cotation. S'il y a une décote, il y a une augmentation des taux
d'intérêt, et donc le service de la dette, il y a des centaines de millions qui
augmentent la dette. Est-ce que c'est vraiment une bonne idée de suspendre les
versements au Fonds des générations?
M. Fontecilla (Andrés)
:
Ce que nous vous avançons, ce qui est véritablement important, c'est le poids
de la dette par rapport à la taille de l'économie, par rapport au produit
intérieur brut. Si on arrive à maintenir et à baisser cette proportion-là dans
le moyen et long terme, on est sur la bonne voie. La dette, en soi, n'est pas
quelque chose de foncièrement négatif. Les États s'endettent de façon
continuelle, et aujourd'hui nous sommes en train de payer la dette que nous
avons contractée il y a 30 ans pour construire des routes, des hôpitaux,
des services que nous utilisons actuellement.
L'important, ce n'est pas de faire une
obsession sur la diminution rapide de la dette en termes absolus, mais c'est de
viser la diminution de la taille de la dette par rapport à l'économie. Et je
pense que les agences de notation sont capables de comprendre cette
situation-là, parce qu'en même temps, si on fait trop d'efforts pour payer
rapidement la dette, on est en train d'affecter l'économie, de provoquer un
ralentissement économique qui, justement, va faire en sorte que l'État va avoir
moins de revenus et qu'on aura moins d'argent pour allouer à la dette.
Ce qui nous paraît inconcevable, encore
une fois, c'est qu'on coupe dans les frais d'épicerie, c'est-à-dire ce que nous
avons besoin quotidiennement pour manger, et, en même temps, on augmente les
paiements de l'hypothèque. Ce n'est pas logique. D'un point de vue économique,
ce n'est pas logique. On doit pouvoir assurer les services essentiels donnés
par l'État tout en faisant des efforts pour payer normalement la dette, mais on
ne doit pas surcharger l'effort collectif pour payer cette dette-là.
M. Lafille (Julien)
:
Vous avez dit tout à l'heure, si je ne me trompe pas, que vous vouliez reporter
la date de l'atteinte du déficit zéro. Est-ce que vous avez une date à laquelle
vous souhaiteriez le reporter?
M. Fontecilla (Andrés)
:
Nous n'avons pas de date précise, mais ce qui nous semble certain, c'est que
l'atteinte rapide, d'ici deux ans, est irréaliste, et, de plus, si jamais on
s'embarque dans cette voie-là, elle va affecter non seulement les services
donnés à la population, donc un appauvrissement collectif, mais elle va
affecter aussi l'économie générale du Québec.
Donc, il faut se doter d'un échéancier
réaliste, qui dépasse l'horizon d'un an ou deux ans, pour viser peut-être
trois, quatre, cinq ans, c'est-à-dire un plan réaliste pour atteindre ce
déficit-là sans s'appauvrir collectivement en termes de services sociaux et
sans affecter négativement l'économie.
Une voix
: Quel est le
mandat…
Mme David (Gouin) :
Excusez-moi. J'aimerais juste ajouter un tout petit point. Vous savez, pendant
qu'on est en train de discuter de ces grandes notions économiques tous ensemble — c'est
très bien qu'on le fasse — j'aimerais ça rappeler qu'il y a des
conséquences concrètes sur les gens aux décisions qui sont prises ici, à
l'Assemblée nationale.
Quand il y a des compressions budgétaires,
il y a moins de services à domicile, il y a moins de soutien aux parents qui ont
des enfants en difficulté. Puis là vous savez très bien que je ne vous parle
pas de choses inventées, là, je vous parle de problèmes réels, auxquels je suis
confrontée, comme députée, dans ma circonscription, et d'ailleurs mes collègues
le savent très bien aussi puisque les citoyens vont voir les députés. Dans Hochelaga-Maisonneuve,
comme dans d'autres quartiers de Montréal, il y a des écoles qui tombent en
ruines. Dans Côte-des-Neiges, l'école secondaire n'y arrive tellement plus, ça
fait 20 ans qu'ils demandent une nouvelle école, il n'y en a pas. Les enfants
vont devoir aller faire des kilomètres pour aller à l'école. Moi, ça, j'appelle
ça des vrais problèmes, des vraies questions qui touchent M. et Mme
Tout-le-monde au quotidien.
Et le danger quand on vit ici, quand on
travaille ici, que l'on soit politicien — je m'inclus là-dedans — ou
que l'on soit journaliste, c'est, à un moment donné, d'être tellement dans le
global, puis c'est normal qu'on le soit, qu'on en oublie les gens, les gens
ordinaires qui vivent des situations concrètes. Et c'est quand je pense à ces
gens-là, dont beaucoup viennent me voir à mon bureau, que je suis obligée de
dire clairement : Si l'atteinte du déficit zéro, là, d'ici un an ou deux,
c'est au prix de la santé, de la sécurité, de l'éducation des enfants, c'est
non. Je pense que ça, il faut que ça soit très clair dans notre message.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, justement, le président du Conseil du trésor, hier, avant d'entrer au
Conseil des ministres, disait que l'électorat, donc les gens ordinaires, le 7
avril, avait donné comme mandat au gouvernement libéral de resserrer les
dépenses publiques et d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Mme David (Gouin) : Ah oui!
Bien, il fait une belle interprétation du vote du 7 avril. Il a le droit d'en
faire celle qu'il veut. Moi, je pourrais lui dire que le 7 avril, et je le sais
d'ailleurs, bon nombre de gens, par exemple, parmi les communautés culturelles,
ont voté libéral parce qu'ils étaient incapables de faire face, puis je les
comprends, à l'idée qu'il y aurait une charte péquiste des valeurs, hein? On
peut avoir plein d'interprétations, mais il y a une chose qui est sûre :
les gens ne pouvaient pas, le 7 avril, faute d'information, voter pour un parti
qui disait : On a 3,7 milliards à aller chercher, puis ça, très, très
rapidement. C'est clair que les gens n'ont pas voté pour ça puisque personne ne
le savait. Alors, attention. Je soumets respectueusement que les analyses des
résultats du vote doivent être prises avec précaution.
M. Fontecilla (Andrés)
:
Tout à fait. Ce que nous savons concrètement, c'est que le Parti libéral de M.
Couillard a fait porter la campagne électorale sur deux éléments : la
question d'un référendum imminent, semble-t-il, et la question de la charte des
valeurs. C'est sur ces deux éléments qu'il a fait toute sa campagne électorale.
Il n'a jamais parlé des compressions généralisées dans les services publics. Il
n'a jamais évoqué, même — et ce qu'il admet peut-être comme une
possibilité aujourd'hui — la privatisation partielle d'Hydro-Québec
et de la SAQ. Je ne pense pas que l'électorat ait voté pour la privatisation de
la SAQ et d'Hydro-Québec.
La Modératrice
:
Questions en anglais.
M. Harrold (Max) : Are you then denying that the Liberals have a mandate to cut
services to reshape the economy the way they, I think, for their plea, they
talked about in the program?
Mme David
(Gouin) : Oh! If they want to reshape the
economy, it's OK. We want jobs in Québec, that is not a problem. But, if they think they have the mandate to
cut public services, I say: No, you don't have a mandate to do that. That is
not true.
So we will have big
discussions, I think, in the National Assembly, but not just there. We will have very good discussion with all the
society. I think we will see more and more social movements, not only unions,
any kind of movements say to M. Couillard: No, no. We didn't vote to cutand big cuts in
the public services. And also I say that, when people realize that, OK, we talk
about cuts in general, OK, but, when these cuts have an impact on real people:
parents, children, workers, women who take care of old people, that is another
thing. Then, people realize that, OK, global cut have an impact on my life. And
then you will see people angry.
M. Harrold (Max) :
You talked about the difference between the logic of the right and the logic of
the left. Can you explain the logic of the left?
Mme David
(Gouin) : Yes.
M. Harrold (Max) :
More revenues?
Mme David
(Gouin) : I think the left wants to have a State who works correctly,
without inefficient expense, you know. We want to do our job correctly, but,
when we are in the left wing of the population and of the political parties, we
want to see the social justice in the heart of all our decisions. And social
justice cannot be cut public services.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce qu'on peut vous entendre sur les avis juridiques? Qu'est-ce que vous
décodez que le ministre Drainville ou tout autre membre du gouvernement n'ait
pas sollicité l'avis juridique du ministère de la Justice concernant le projet
de loi n° 60?
Mme David (Gouin) : Écoutez, alors,
j'ai lu comme tout le monde ce que les journaux nous ont rapporté. Si c'est
exact, si c'est exact que le gouvernement péquiste n'a jamais demandé à des
juristes du ministère de la Justice de produire des avis juridiques sur la
charte et sur le projet de loi n° 60, ça voudrait dire que
M. Drainville et que l'ensemble du gouvernement péquiste ont menti à la population.
Si cela s'avère exact, là, on a menti, et ça ne me fait pas plaisir.
J'aurais aimé mieux apprendre qu'il y a eu
des avis juridiques, divergents peut-être, mais, s'il s'avère exact qu'il n'y
en ait pas eu, cela s'appelle un mensonge que je ne comprends même pas parce
que c'est tellement plus simple de dire la vérité. Donc, ou bien ils ont
demandé des avis juridiques ou bien ils n'en ont pas demandé et puis ils disent
la vérité, c'est tout. Qu'ils assument leur geste. Alors, j'attends les
réactions officielles du Parti québécois. Pour le moment, disons que je trouve
les réactions un peu timides et discrètes, ce qui me porte à penser qu'il y a quelque
chose là.
M. Daigle
(Thomas) : Perhaps just get another question in English. I just want to… You
talked about boosting revenues instead of cutting services. How should the Government
go ahead with boosting revenue?
Mme David
(Gouin) :OK. For today, we propose, as examples, three things: have central negotiation for the drugs' price. That is
the beginning of Pharma-Québec. And I have to say, I listened last week Mr.
Couillard asking Mr. Barrette to renegotiate the prices of drugs. Interesting.
Where they will go? We will see. We think that, just with that, have a
centralized negotiation could
bring to the Government
$1 billion. And also, we want — ouf, it's difficult to say in English — we want an increase of the progressivity of the fiscality. We think
we can have $1 billion with that. And finally, have a tax on the capital
of the financial enterprises, $700 millions.
So, just with that, we
think, at Québec solidaire, we
can have $2,7 billion in one or two years, you know. It's a beginning and
it is just examples. So, you know, before cutting programs, social programs or
education, who are important for the people, we have to have a look on that
kind of propositions.
M. Daigle
(Thomas) : And just to… if I could also hear
you on the legal advice or lack of legal advice from the previous PQ Government.
What do you make of that?
Mme David
(Gouin) : What I say is: If it's true that there are no study, no
advice, nothing, so that will say the PQ Government lied to the population,
and, for me, it's not serious. We don't have to lie to the people. Tell the
truth. It's so simple to tell the truth. Why lie if it is exact? And I will
hear with a big interest what will say the Parti québécois, because, for the
moment, I didn't see anything or… enfin, très peu de choses, quoi.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Lafille
(Julien)
: Mme David, une petite question sur la hausse du
salaire minimum. Donc, c'est une hausse d'à peu près
0,20 $ de l'heure. À quel point est-ce que c'est suffisant, selon vous?
Mme David (Gouin) : Je vais
laisser Andrés répondre.
M. Fontecilla (Andrés)
:
C'est un pas dans la bonne direction. Nous ne pouvons qu'applaudir à cette
décision-là, qui a été décidée il y a quand même quelque temps, il faut le
dire, mais c'est loin d'être suffisant. Je vous rappelle que, pour le Québec,
pour atteindre le seuil du faible revenu pour une personne, il faut gagner, à
40 heures de travail par semaine, il faut gagner 11,50 $. Si on
réduit à 35 heures, ce qui est plutôt la norme au Québec, là, il faut
gagner autour de 13,50 $… 13,10 $, pardon, là, de l'heure, là, pour
arriver seulement au seuil du faible revenu établi par Statistique Canada.
Donc, c'est un pas dans la bonne direction, mais c'est loin d'être suffisant.
Mme David (Gouin) : Il y a
beaucoup de gens au travail minimum… pardon, qui travaillent au salaire
minimum, en fait, là…
M. Fontecilla (Andrés)
:
Surtout des femmes.
Mme David (Gouin) : …dans les
bars, dans les supermarchés, beaucoup de femmes, dans les centres d'achats,
etc., qui travaillent à peine 30 heures-semaine. Alors, on est vraiment
loin du compte. Et voilà d'autres questions importantes à soulever lorsqu'on
est de gauche et lorsqu'on a à cœur l'intérêt des gens. Les gens au salaire
minimum sont de plus en plus nombreux à recourir aux banques alimentaires au
Québec. Ça, c'est prouvé, là. Les banques alimentaires, les Moissons nous le
disent année après année, il y a une augmentation incessante de clientèle,
entre guillemets, qui sont des gens au salaire minimum. Est-ce que c'est
normal? La réponse, c'est non. Et voilà pourquoi Québec solidaire existe.
M. Boivin (Simon)
: M.
Couillard a rencontré les chefs des grandes centrales syndicales un peu plus
tôt aujourd'hui. Est-ce que, dans le contexte de la situation financière pas
facile du Québec, est-ce que vous appelez les syndicats à être raisonnables
dans leurs demandes?
Mme David (Gouin) : Nous
appelons les syndicats à mener les combats nécessaires pour que les
travailleuses — je le dis au féminin, c'est 75 % des
femmes — pour que les travailleuses du secteur public soient payées à
leur juste valeur, ce qui n'est pas le cas.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Fontecilla (Andrés)
:
Merci.
Mme David (Gouin) : Merci à
vous.
(Fin à 13 h 45)