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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Thursday, May 1, 2014, 13 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures dix-sept minutes)

Mme David (Gouin) : Alors, bonjour et rebonjour pour certains. Nous sommes très heureux, Andrés et moi — Andrés Fontecilla, président et co-porte-parole de Québec solidaire — nous sommes très heureux d'être, momentanément en tout cas, de retour à l'Assemblée nationale, et, à partir du 20 mai, bien, évidemment, on sera présents chaque jour que c'est nécessaire.

Alors, la première chose que je voudrais dire en cette Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, c'est que je veux saluer l'ensemble des travailleurs et travailleuses du Québec, qui travaillent fort pour faire du Québec ce qu'il est. On parle souvent des investisseurs, on parle souvent des chefs d'entreprise. Moi, je voudrais rappeler qu'au-delà des personnes qui innovent, qui dirigent, etc., il y a des travailleuses, il y a des travailleurs. Il y en a pas mal dans le secteur public aussi, dont on apprécie chaque jour la qualité et le dévouement. Alors, je voudrais qu'on se rappelle de ça, d'ailleurs, quand il sera question de négociation dans les services publics.

On est donc très fiers de leur apporter notre appui, et l'une des façons que va prendre cet appui dans les prochains mois va être de combattre pied à pied la logique d'austérité du nouveau gouvernement, nouveau gouvernement qui, en cette matière, va juste un peu plus loin que le précédent, mais il n'y a pas de changement spectaculaire. En campagne électorale, le PLQ, la CAQ et le PQ avaient tous les trois promis des compressions budgétaires. M. Couillard, lui, nous dit que c'est clair qu'il va y en avoir, est prêt à ouvrir éventuellement un débat social là-dessus. Ce que, nous, nous lui disons, c'est que, s'il doit y avoir débat social, ça doit se faire sur l'ensemble de la fiscalité et sur une refonte de la fiscalité. C'est là-dessus que le débat doit réellement se faire. J'aimerais rappeler que la logique d'austérité est décriée maintenant par nombre d'économistes dans le monde, y compris le très sévère Fonds monétaire international, qui dit : Là, attention, quand on va trop loin, c'est l'économie elle-même qu'on est en train de déstructurer.

Donc, nous ne sommes pas impressionnés du tout, vous l'aurez compris, par les conclusions du rapport Godbout-Montmarquette. Nous trouvons d'ailleurs un peu spécial qu'il ne leur ait fallu que 15 jours pour dresser un état général des finances publiques. Nous attendons avec impatience le rapport certainement plus documenté du Vérificateur général. Nous avons l'impression, en fait, que le rapport Godbout-Montmarquette n'a que comme seul but de mettre la table pour ensuite faire apparaître notre nouveau premier ministre comme un homme de compromis qui, finalement, n'ira pas aussi loin que ce qui est proposé, alors un bon gars, là, qui va prendre soin, dans le fond, de la classe moyenne, des travailleurs et tout. Très, très vieille technique politicienne. Je pense que la population va très bien comprendre de quoi il s'agit.

Donc, nous avons des propositions sur les finances publiques, et je laisse mon collègue les expliquer.

M. Fontecilla (Andrés) : Bonjour. Comme Françoise le dit, nous pensons qu'il faut effectivement jeter un regard sur l'ensemble des activités gouvernementales, non seulement regarder le côté des dépenses, comme l'entend le faire le gouvernement de M. Couillard, tout dans la même ligne que le gouvernement du Parti québécois, mais aussi il faut regarder du côté des dépenses. Tout d'abord, il faut agir sans précipitation et imposer rapidement un programme d'austérité et de rigueur budgétaire, Françoise l'a dit, qui est dénoncé même par le Fonds monétaire international.

Dans l'immédiat, nous pensons qu'il faut revoir l'échéancier du retour au déficit zéro, qui est même jugé par l'actuel ministre des Finances comme un peu trop irréaliste. Et je vous rappelle que le retour est prévu pour l'année 2015-2016, et ce scénario aussi rapide mène à des mesures draconiennes, des mesures expéditives, comme, par exemple, les coupures de services aussi essentiels que les soins dentaires pour enfants. Je vous rappelle que les soins dentaires qu'on ne donne pas à des enfants aujourd'hui, c'est des dépenses et même pour l'État plus tard.

Et on va nous rétorquer la question de la cote de crédit. Ce que nous disons qui est le véritable danger pour la cote de crédit du Québec, c'est des scénarios irréalistes qui conduisent à une instabilité économique. Donc, faisons l'exercice de porter un regard neuf, un regard innovateur sur nos finances publiques, et c'est ça qui va justement assurer la pérennité de notre cote de crédit.

Ensuite, il nous paraît essentiel dans l'immédiat de suspendre les paiements du Fonds des générations dès cette année et il est, pour nous, à Québec solidaire, complètement illogique de couper dans les budgets d'épicerie et, en même temps, augmenter les paiements de l'hypothèque. Et, cette année, il s'agit d'un versement de 1,3 milliard au Fonds des générations. Cet argent-là pourrait servir en bonne partie au rétablissement des finances publiques, à l'atteinte du déficit zéro. Pendant ce temps, on propose parallèlement de mettre fin à des soins aussi importants que les soins dentaires pour enfants. Et le tout doit être encadré dans une réflexion globale, une réflexion qui porte sur l'ensemble autant des dépenses que des revenus du gouvernement. Donc, Québec solidaire met de l'avant l'idée de convoquer des états généraux sur les finances publiques et la fiscalité pour qu'on arrive collectivement à se faire une tête sur cette question-là. M. Couillard appelle à un dialogue social sur les coupures qu'il entend faire; nous, nous appelons à un dialogue social sur l'ensemble de la fiscalité de l'État.

D'autre part, dès maintenant, il faut amorcer des travaux pour aller chercher des nouveaux revenus et lutter contre toutes les formes de gaspillage. Ça va prendre le temps qu'il faut, mais il faut y aller progressivement, et, dans la prochaine année, nous proposons de mettre de l'avant trois solutions simples. Par exemple, rétablir la progressivité de la fiscalité des particuliers, donc on irait chercher 1 milliard de dollars supplémentaires. Nous proposons de réduire la facture des médicaments et mettre sur pied Pharma-Québec, je vous rappelle, un système d'achat regroupé des médicaments, ce qui nous permettrait d'économiser au moins 1 milliard de dollars. Et réimposer la taxe sur le capital des entreprises financières, ce qui nous permettrait d'aller chercher 700 millions.

C'est des mesures concrètes, réalistes, qui peuvent être mises de l'avant rapidement, et ça va contribuer grandement au rétablissement des finances publiques.

La Modératrice : Des questions?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Vous avez évoqué le mot «gaspillage». Selon vous, l'évaluation que vous faites des sommes gaspillées chaque année par le gouvernement…

M. Fontecilla (Andrés) : Les sommes gaspillées, il y a tout d'abord les partenariats public-privé qui ont été faits sous la promesse, justement, que ça allait coûter moins cher au trésor public, mais, dans les faits, ça coûte… il y a des dépassements assez faramineux des prévisions dans ces projets-là. Donc, PPP. Et, par exemple aussi, une mesure, c'est de réduire le nombre de cadres dans le système de santé. Et on a remarqué que la croissance des cadres dans le système de santé a augmenté beaucoup plus rapidement que la croissance du personnel qui donne des services à la population. C'est des formes de gaspillage. On pourrait nommer aussi le passage aux logiciels libres pour le gouvernement, qui coûtent une fortune, quelques centaines de millions de dollars.

Mme David (Gouin) : J'ajouterais aussi toute la question de la sous-traitance et particulièrement dans les agences privées de placement. Ça a été souvent dénoncé dans le cas des infirmières. On perd de l'argent en faisant ce genre de choses là. Il vaut mieux faire nos travaux nous-mêmes, avec le personnel que nous avons dans le système public. Mais nous n'avons pas chiffré, au total, ce que tout ça rapporterait.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais je comprends... MM. Montmarquette et Godbout avaient identifié un déficit structurel, que les programmes coûtaient plus cher que les revenus de l'État puis qu'il fallait mettre fin à ces déficits, en fait à ce cycle de déficit structurel là.

Vous, vous dites qu'il n'est pas question d'abolir, à ce moment-ci, des programmes. Il faut éviter le gaspillage, aller chercher des nouveaux revenus. Mais, pour les programmes, par exemple la suggestion qui est faite d'avoir une commission qui va passer au crible chacun des programmes, est-ce que vous êtes favorable à cette proposition-là?

Mme David (Gouin) : Regardez, examiner une situation avec un budget de l'État qui est considérable quand même, regarder si tous les programmes, 100 % des programmes sont aujourd'hui aussi utiles qu'autrefois, sont administrés de la bonne façon, etc., il n'y a pas de problème. Le problème, il commence à partir du moment où deux économistes nous disent : Il y a un déficit structurel de l'État, il faut donc abolir des programmes, point barre, ou encore, autre solution, augmenter les taxes et les tarifs.

C'est drôle, hein, la seule solution qu'ils n'ont pas envisagée, et c'est là où ça devient très idéologique, c'est la solution d'aller chercher de nouveaux revenus pour l'État. Alors, le choix de ces deux économistes par le gouvernement actuel n'était pas du tout innocent. Nous, nous pourrions lui en proposer d'autres. C'est ce que nous disons.

M. Boivin (Simon) : Mais la notion, là, de déficit structurel, vous niez qu'elle pourrait caractériser la situation budgétaire du Québec?

Mme David (Gouin) : Il y a, au Québec, la plupart du temps, c'est vrai, des déficits. Souvent. Pas toujours, souvent. Est-ce que c'est structurel? Est-ce qu'on va se faire une chicane de mots, là, pour se demander si c'est structurel? Autrement dit, par «structurel», est-ce qu'il faut entendre que c'est inhérent à la façon de travailler de l'État québécois? Moi, je ne le crois pas.

L'État québécois est capable — et même s'il devait être le seul en Amérique du Nord à le faire, moi, je continuerais d'être une fervente défenseure de cet État québécois — il pourrait continuer, oui, de donner des services publics supérieurs, si vous voulez, en nombre et en diversité que ce qu'on voit dans les autres provinces canadiennes. Oui, il pourrait le faire, mais il y a une condition, par exemple, il y en a une importante : c'est d'aller chercher des nouveaux revenus. Comme on dit dans d'autres milieux : on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. On ne peut pas... C'est impossible, là, de continuer à donner les services publics auxquels les gens ont droit et auxquels ils s'attendent sans aller chercher de nouveaux revenus. C'est tout simplement impossible.

Alors, c'est sûr que, si des économistes nous disent : Il y a des déficits, qu'ils soient structurels ou non, en tout cas, il y en a, mais on ne va pas chercher de nouveaux revenus, bien, c'est sûr que, logiquement, ils nous amènent à dire : O.K. Bien, dans ce cas-là, il faut couper des programmes et/ou augmenter les taxes et les tarifs. Tout ça, c'est logique. C'est une logique économique de droite.

Nous, nous proposons une logique économique de gauche, c'est-à-dire continuer à donner les programmes auxquels les gens s'attendent et auxquels ils ont droit dans une société démocratique, une société avancée, mais aller chercher des nouveaux revenus. C'est inéluctable. Et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas taxer davantage les gains en capital et en dividendes des banques. Voulez-vous bien me dire pourquoi on ne pourrait pas faire ça? Est-ce qu'elles vont se sauver en Amérique latine ou dans le sud des États-Unis, là, la Banque Nationale, les caisses populaires, la Banque Laurentienne? Allons donc! Donc, c'est une question de choix et de volonté politique.

M. Lafille (Julien) : Est-ce que vous êtes contre une révision permanente des programmes, donc?

Mme David (Gouin) : Non. Non, on est d'accord avec l'idée d'être en réflexion permanente, si vous voulez, sur la fiscalité, sur les finances publiques, sur les programmes. Ça, théoriquement, là, noir sur blanc, ça ne pose pas de problème. Ça dépend qui veut le faire et pourquoi. C'est sûr que cette révision des programmes, je ne la confierais pas, en tout cas, sûrement pas uniquement à MM. Godbout et Montmarquette. Il faut aussi assumer qu'il y a une pluralité d'opinions au Québec et que, si on veut un véritable débat social, on va le faire tout le monde ensemble, avec des économistes de droite, de centre, de gauche, puis on va le faire avec la population, avec les mouvements sociaux, y compris avec les chambres de commerce et tout. Il faut que ça devienne un débat de société.

M. Boivin (Simon) : Vous avez parlé aussi, là, des dangers qui guettent la cote de crédit par des mesures d'austérité. En même temps, vous dites : Il faudrait suspendre les paiements au Fonds des générations. S'il y a une chose que les agences de cotation regardent, c'est la façon dont une administration s'occupe de la question de sa dette, et le Fonds des générations, c'est une des choses qui est souvent soulignée comme étant une bonne chose dans le budget du Québec par les agences de cotation. S'il y a une décote, il y a une augmentation des taux d'intérêt, et donc le service de la dette, il y a des centaines de millions qui augmentent la dette. Est-ce que c'est vraiment une bonne idée de suspendre les versements au Fonds des générations?

M. Fontecilla (Andrés) : Ce que nous vous avançons, ce qui est véritablement important, c'est le poids de la dette par rapport à la taille de l'économie, par rapport au produit intérieur brut. Si on arrive à maintenir et à baisser cette proportion-là dans le moyen et long terme, on est sur la bonne voie. La dette, en soi, n'est pas quelque chose de foncièrement négatif. Les États s'endettent de façon continuelle, et aujourd'hui nous sommes en train de payer la dette que nous avons contractée il y a 30 ans pour construire des routes, des hôpitaux, des services que nous utilisons actuellement.

L'important, ce n'est pas de faire une obsession sur la diminution rapide de la dette en termes absolus, mais c'est de viser la diminution de la taille de la dette par rapport à l'économie. Et je pense que les agences de notation sont capables de comprendre cette situation-là, parce qu'en même temps, si on fait trop d'efforts pour payer rapidement la dette, on est en train d'affecter l'économie, de provoquer un ralentissement économique qui, justement, va faire en sorte que l'État va avoir moins de revenus et qu'on aura moins d'argent pour allouer à la dette.

Ce qui nous paraît inconcevable, encore une fois, c'est qu'on coupe dans les frais d'épicerie, c'est-à-dire ce que nous avons besoin quotidiennement pour manger, et, en même temps, on augmente les paiements de l'hypothèque. Ce n'est pas logique. D'un point de vue économique, ce n'est pas logique. On doit pouvoir assurer les services essentiels donnés par l'État tout en faisant des efforts pour payer normalement la dette, mais on ne doit pas surcharger l'effort collectif pour payer cette dette-là.

M. Lafille (Julien) : Vous avez dit tout à l'heure, si je ne me trompe pas, que vous vouliez reporter la date de l'atteinte du déficit zéro. Est-ce que vous avez une date à laquelle vous souhaiteriez le reporter?

M. Fontecilla (Andrés) : Nous n'avons pas de date précise, mais ce qui nous semble certain, c'est que l'atteinte rapide, d'ici deux ans, est irréaliste, et, de plus, si jamais on s'embarque dans cette voie-là, elle va affecter non seulement les services donnés à la population, donc un appauvrissement collectif, mais elle va affecter aussi l'économie générale du Québec.

Donc, il faut se doter d'un échéancier réaliste, qui dépasse l'horizon d'un an ou deux ans, pour viser peut-être trois, quatre, cinq ans, c'est-à-dire un plan réaliste pour atteindre ce déficit-là sans s'appauvrir collectivement en termes de services sociaux et sans affecter négativement l'économie.

Une voix : Quel est le mandat…

Mme David (Gouin) : Excusez-moi. J'aimerais juste ajouter un tout petit point. Vous savez, pendant qu'on est en train de discuter de ces grandes notions économiques tous ensemble — c'est très bien qu'on le fasse — j'aimerais ça rappeler qu'il y a des conséquences concrètes sur les gens aux décisions qui sont prises ici, à l'Assemblée nationale.

Quand il y a des compressions budgétaires, il y a moins de services à domicile, il y a moins de soutien aux parents qui ont des enfants en difficulté. Puis là vous savez très bien que je ne vous parle pas de choses inventées, là, je vous parle de problèmes réels, auxquels je suis confrontée, comme députée, dans ma circonscription, et d'ailleurs mes collègues le savent très bien aussi puisque les citoyens vont voir les députés. Dans Hochelaga-Maisonneuve, comme dans d'autres quartiers de Montréal, il y a des écoles qui tombent en ruines. Dans Côte-des-Neiges, l'école secondaire n'y arrive tellement plus, ça fait 20 ans qu'ils demandent une nouvelle école, il n'y en a pas. Les enfants vont devoir aller faire des kilomètres pour aller à l'école. Moi, ça, j'appelle ça des vrais problèmes, des vraies questions qui touchent M. et Mme Tout-le-monde au quotidien.

Et le danger quand on vit ici, quand on travaille ici, que l'on soit politicien — je m'inclus là-dedans — ou que l'on soit journaliste, c'est, à un moment donné, d'être tellement dans le global, puis c'est normal qu'on le soit, qu'on en oublie les gens, les gens ordinaires qui vivent des situations concrètes. Et c'est quand je pense à ces gens-là, dont beaucoup viennent me voir à mon bureau, que je suis obligée de dire clairement : Si l'atteinte du déficit zéro, là, d'ici un an ou deux, c'est au prix de la santé, de la sécurité, de l'éducation des enfants, c'est non. Je pense que ça, il faut que ça soit très clair dans notre message.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, justement, le président du Conseil du trésor, hier, avant d'entrer au Conseil des ministres, disait que l'électorat, donc les gens ordinaires, le 7 avril, avait donné comme mandat au gouvernement libéral de resserrer les dépenses publiques et d'atteindre l'équilibre budgétaire.

Mme David (Gouin) : Ah oui! Bien, il fait une belle interprétation du vote du 7 avril. Il a le droit d'en faire celle qu'il veut. Moi, je pourrais lui dire que le 7 avril, et je le sais d'ailleurs, bon nombre de gens, par exemple, parmi les communautés culturelles, ont voté libéral parce qu'ils étaient incapables de faire face, puis je les comprends, à l'idée qu'il y aurait une charte péquiste des valeurs, hein? On peut avoir plein d'interprétations, mais il y a une chose qui est sûre : les gens ne pouvaient pas, le 7 avril, faute d'information, voter pour un parti qui disait : On a 3,7 milliards à aller chercher, puis ça, très, très rapidement. C'est clair que les gens n'ont pas voté pour ça puisque personne ne le savait. Alors, attention. Je soumets respectueusement que les analyses des résultats du vote doivent être prises avec précaution.

M. Fontecilla (Andrés) : Tout à fait. Ce que nous savons concrètement, c'est que le Parti libéral de M. Couillard a fait porter la campagne électorale sur deux éléments : la question d'un référendum imminent, semble-t-il, et la question de la charte des valeurs. C'est sur ces deux éléments qu'il a fait toute sa campagne électorale. Il n'a jamais parlé des compressions généralisées dans les services publics. Il n'a jamais évoqué, même — et ce qu'il admet peut-être comme une possibilité aujourd'hui — la privatisation partielle d'Hydro-Québec et de la SAQ. Je ne pense pas que l'électorat ait voté pour la privatisation de la SAQ et d'Hydro-Québec.

La Modératrice : Questions en anglais.

M. Harrold (Max) : Are you then denying that the Liberals have a mandate to cut services to reshape the economy the way they, I think, for their plea, they talked about in the program?

Mme David (Gouin) : Oh! If they want to reshape the economy, it's OK. We want jobs in Québec, that is not a problem. But, if they think they have the mandate to cut public services, I say: No, you don't have a mandate to do that. That is not true.

So we will have big discussions, I think, in the National Assembly, but not just there. We will have very good discussion with all the society. I think we will see more and more social movements, not only unions, any kind of movements say to M. Couillard: No, no. We didn't vote to cutand big cuts in the public services. And also I say that, when people realize that, OK, we talk about cuts in general, OK, but, when these cuts have an impact on real people: parents, children, workers, women who take care of old people, that is another thing. Then, people realize that, OK, global cut have an impact on my life. And then you will see people angry.

M. Harrold (Max) : You talked about the difference between the logic of the right and the logic of the left. Can you explain the logic of the left?

Mme David (Gouin) : Yes.

M. Harrold (Max) : More revenues?

Mme David (Gouin) : I think the left wants to have a State who works correctly, without inefficient expense, you know. We want to do our job correctly, but, when we are in the left wing of the population and of the political parties, we want to see the social justice in the heart of all our decisions. And social justice cannot be cut public services.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'on peut vous entendre sur les avis juridiques? Qu'est-ce que vous décodez que le ministre Drainville ou tout autre membre du gouvernement n'ait pas sollicité l'avis juridique du ministère de la Justice concernant le projet de loi n° 60?

Mme David (Gouin) : Écoutez, alors, j'ai lu comme tout le monde ce que les journaux nous ont rapporté. Si c'est exact, si c'est exact que le gouvernement péquiste n'a jamais demandé à des juristes du ministère de la Justice de produire des avis juridiques sur la charte et sur le projet de loi n° 60, ça voudrait dire que M. Drainville et que l'ensemble du gouvernement péquiste ont menti à la population. Si cela s'avère exact, là, on a menti, et ça ne me fait pas plaisir.

J'aurais aimé mieux apprendre qu'il y a eu des avis juridiques, divergents peut-être, mais, s'il s'avère exact qu'il n'y en ait pas eu, cela s'appelle un mensonge que je ne comprends même pas parce que c'est tellement plus simple de dire la vérité. Donc, ou bien ils ont demandé des avis juridiques ou bien ils n'en ont pas demandé et puis ils disent la vérité, c'est tout. Qu'ils assument leur geste. Alors, j'attends les réactions officielles du Parti québécois. Pour le moment, disons que je trouve les réactions un peu timides et discrètes, ce qui me porte à penser qu'il y a quelque chose là.

M. Daigle (Thomas) : Perhaps just get another question in English. I just want to… You talked about boosting revenues instead of cutting services. How should the Government go ahead with boosting revenue?

Mme David (Gouin) :OK. For today, we propose, as examples, three things: have central negotiation for the drugs' price. That is the beginning of Pharma-Québec. And I have to say, I listened last week Mr. Couillard asking Mr. Barrette to renegotiate the prices of drugs. Interesting. Where they will go? We will see. We think that, just with that, have a centralized negotiation could bring to the Government $1 billion. And also, we want — ouf, it's difficult to say in English — we want an increase of the progressivity of the fiscality. We think we can have $1 billion with that. And finally, have a tax on the capital of the financial enterprises, $700 millions.

So, just with that, we think, at Québec solidaire, we can have $2,7 billion in one or two years, you know. It's a beginning and it is just examples. So, you know, before cutting programs, social programs or education, who are important for the people, we have to have a look on that kind of propositions.

M. Daigle (Thomas) : And just to… if I could also hear you on the legal advice or lack of legal advice from the previous PQ Government. What do you make of that?

Mme David (Gouin) : What I say is: If it's true that there are no study, no advice, nothing, so that will say the PQ Government lied to the population, and, for me, it's not serious. We don't have to lie to the people. Tell the truth. It's so simple to tell the truth. Why lie if it is exact? And I will hear with a big interest what will say the Parti québécois, because, for the moment, I didn't see anything or… enfin, très peu de choses, quoi.

La Modératrice : Dernière question.

M. Lafille (Julien) : Mme David, une petite question sur la hausse du salaire minimum. Donc, c'est une hausse d'à peu près 0,20 $ de l'heure. À quel point est-ce que c'est suffisant, selon vous?

Mme David (Gouin) : Je vais laisser Andrés répondre.

M. Fontecilla (Andrés) : C'est un pas dans la bonne direction. Nous ne pouvons qu'applaudir à cette décision-là, qui a été décidée il y a quand même quelque temps, il faut le dire, mais c'est loin d'être suffisant. Je vous rappelle que, pour le Québec, pour atteindre le seuil du faible revenu pour une personne, il faut gagner, à 40 heures de travail par semaine, il faut gagner 11,50 $. Si on réduit à 35 heures, ce qui est plutôt la norme au Québec, là, il faut gagner autour de 13,50 $… 13,10 $, pardon, là, de l'heure, là, pour arriver seulement au seuil du faible revenu établi par Statistique Canada. Donc, c'est un pas dans la bonne direction, mais c'est loin d'être suffisant.

Mme David (Gouin) : Il y a beaucoup de gens au travail minimum… pardon, qui travaillent au salaire minimum, en fait, là…

M. Fontecilla (Andrés) : Surtout des femmes.

Mme David (Gouin) : …dans les bars, dans les supermarchés, beaucoup de femmes, dans les centres d'achats, etc., qui travaillent à peine 30 heures-semaine. Alors, on est vraiment loin du compte. Et voilà d'autres questions importantes à soulever lorsqu'on est de gauche et lorsqu'on a à cœur l'intérêt des gens. Les gens au salaire minimum sont de plus en plus nombreux à recourir aux banques alimentaires au Québec. Ça, c'est prouvé, là. Les banques alimentaires, les Moissons nous le disent année après année, il y a une augmentation incessante de clientèle, entre guillemets, qui sont des gens au salaire minimum. Est-ce que c'est normal? La réponse, c'est non. Et voilà pourquoi Québec solidaire existe.

M. Boivin (Simon) : M. Couillard a rencontré les chefs des grandes centrales syndicales un peu plus tôt aujourd'hui. Est-ce que, dans le contexte de la situation financière pas facile du Québec, est-ce que vous appelez les syndicats à être raisonnables dans leurs demandes?

Mme David (Gouin) : Nous appelons les syndicats à mener les combats nécessaires pour que les travailleuses — je le dis au féminin, c'est 75 % des femmes — pour que les travailleuses du secteur public soient payées à leur juste valeur, ce qui n'est pas le cas.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. Fontecilla (Andrés) : Merci.

Mme David (Gouin) : Merci à vous.

(Fin à 13 h 45)

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