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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, May 20, 2014, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-cinq minutes)

Mme David (Gouin) : Alors, c'est un plaisir pour nous d'être ici cet après-midi avec notre nouvelle députée, Manon Massé. On n'en est pas peu fiers et on pense qu'on va avoir une bonne rentrée parlementaire.

Ceci dit, cette rentrée parlementaire va être bien meilleure si le gouvernement libéral, qui fait de l'austérité sa marque de commerce, fait quand même très attention aux conséquences des gestes que, semble-t-il, il est tenté de poser en matière de compressions budgétaires et de tout ce qu'il appelle l'effort budgétaire, mais, en fait, soyons clairs, on appelle ça des coupures, et ça touche beaucoup de gens.

À Québec solidaire, ce que nous nous disons, c'est qu'il y a des gens auxquels on n'a pas le droit de toucher : les gens les plus pauvres, les gens vulnérables, les gens malades, par exemple, en mauvaise santé, les gens en difficultés financières, les travailleurs, les travailleuses, leurs familles, les enfants. Il faut faire attention à notre monde. Et c'est ça que nous allons plaider, nous, durant la courte session, là, que nous allons avoir, de quelques semaines.

Nous avons quelques priorités très concrètes et nous allons rapidement passer. D'abord, il faut absolument qu'il soit clair qu'aucune compression à l'aide sociale ne pourra être tolérée ni par Québec solidaire ni par l'ensemble des mouvements sociaux qui défendent les plus pauvres d'entre nous. Moi, je suis toujours très inquiète quand je vois qu'on parle de compressions administratives. À Emploi et Solidarité sociale, je ne vois pas quelles compressions on peut faire sans affecter vraiment les revenus ou les possibilités d'insertion des personnes assistées sociales. Donc, ça m'apparaît impensable que ce ministère ait quelque coupure que ce soit.

Deuxièmement, les organismes communautaires s'étaient fait promettre par l'ancien gouvernement un 120 millions additionnel pour leur fonctionnement. Ils sont très inquiets. Les organismes communautaires sont nombreux. Ils rejoignent des centaines de milliers de personnes au Québec. Si on ne leur donne pas les moyens de travailler, là, vraiment, ce sont des centaines de milliers de personnes qui se retrouvent avec de graves problèmes à tous les niveaux, parce que les organismes touchent aussi bien des enfants, des jeunes, des familles, des aînés, bon, toutes sortes de gens.

Troisièmement, et ça, c'est un dossier qui m'est très cher, quand je suis arrivée en septembre 2012 à l'Assemblée nationale, j'ai dit à la ministre de la Condition féminine : Quand est-ce qu'on abolit cette discrimination qui atteint les mères monoparentales à l'aide sociale, à qui on enlève la quasi-totalité de la pension alimentaire pour enfants? C'est une pure discrimination, puisque les autres femmes du Québec ne voient pas ce revenu considéré comme un revenu imposable. C'est une pension pour les enfants, ce n'est pas un revenu pour la mère. On m'avait promis de faire diligence. Il ne s'est rien passé du tout. Alors, nous avons un nouveau gouvernement. Je l'interpelle et je lui demande : Quand est-ce qu'il va mettre fin à cette discrimination?

Et enfin, et ça on pourra en reparler davantage la semaine prochaine, nous allons déposer un projet de loi balisant l'éviction et les reprises de possession de logement dans les cas où ça touche les aînés. Le projet de loi sera déposé la semaine prochaine. J'espère vraiment avoir la collaboration des collègues de tous les partis pour que ce projet de loi soit mis à l'étude et éventuellement adopté.

Donc, soyons clairs, à Québec solidaire, on n'est pas contre l'atteinte de l'équilibre budgétaire. On n'en fait pas un dogme. Mais on est contre le dogme d'une atteinte de l'équilibre budgétaire à n'importe quel prix, trop vite et surtout au prix des conditions de vie, de tout ce qui touche, là, les gens ordinaires de notre société, en fait la majorité des gens. Et nous suggérons vivement au trio économique, hein, ce trio issu des milieux d'affaires, des milieux de la finance, de l'économie, des HEC, donc des gens qui connaissent bien le milieu des affaires, qui connaissent bien le milieu de la finance, qui en ont sûrement rencontré beaucoup, de gens de ces milieux-là… Moi, je pense que ce trio-là sait très bien où aller chercher l'argent qui manque dans les coffres du gouvernement du Québec, et on l'invite à le faire plutôt que de s'en prendre à la population en général.

Alors, nous allons rencontrer, Amir Khadir et moi, le ministre Leitão en fin de journée jeudi et nous allons lui exposer nos attentes budgétaires, donc on vous en reparlera jeudi. Nous aurons des propositions concrètes à lui faire pour aller chercher de l'argent non pas dans les poches de la classe moyenne et des plus pauvres, mais chez ceux qui en ont, et il y en a, de l'argent au Québec, il ne faut surtout pas en douter. Et c'est ainsi que nous allons, donc, dans les prochaines semaines, faire notre travail à Québec solidaire, qui est toujours, toujours, toujours de travailler pour le bien commun, pour la solidarité sociale, pour les gens les plus vulnérables.

M. Chouinard (Tommy) : Oui, bonjour.

Mme David (Gouin) : Bonjour.

M. Chouinard (Tommy) : Mme David, d'abord, M. Couillard répète constamment que, derrière toute cette opération de compression, de révision de programmes, il y a l'objectif de préserver… là, tantôt, vous nous parliez du modèle québécois, là, qui se décline en trois axes : l'affirmation du caractère spécifique du Québec, mais aussi la solidarité qu'on a entre nous puis la préservation d'une société parmi les plus équitables, sinon la plus équitable en Amérique du Nord. Est-ce que ce sont des propos de nature à vous rassurer?

Mme David (Gouin) : Vous savez, il y a une chose qui s'appelle le discours, il y a une autre chose qui s'appelle les gestes. Alors, si M. Couillard prépare, en fait, un peu avec vous et avec le public, son discours inaugural, et que tout ça nous donne un avant-goût de ce qu'il va dire demain, c'est intéressant. Mais c'est le budget et qui, plus encore, c'est l'étude des crédits qui va venir nous dire : Est-ce que, oui ou non, ce gouvernement met à l'avant-plan la solidarité sociale? Parce que le précédent gouvernement, je vous le rappelle, disait la même chose. Pourtant, quand on avait étudié les crédits, on avait bien vu qu'il y avait des coupures dans quelque chose, par exemple, d'aussi névralgique que le transport adapté pour les personnes handicapées.

Donc, les paroles, c'est une chose, les gestes en sont une autre. Je vous rappelle que le précédent gouvernement a coupé dans l'allocation de contrainte temporaire à l'emploi pour les personnes de 54 à 57 ans. Le Parti libéral, à l'époque, a dénoncé ce geste, d'ailleurs. Alors, moi, je les attends. Je les attends. Nous les attendons.

M. Gentile (Davide) : Donc, vous verriez où les pistes, là, quand vous évoquez le fait que le trio économique sait où aller chercher l'argent? Vous l'avez déjà dit, mais peut-être que vous pouvez revenir là-dessus. À votre avis, il devrait faire quoi? Vous vous attendez à quoi dans le prochain budget?

Mme David (Gouin) : Écoutez, c'est sûr que ça demande de la volonté politique, ça demande de sortir d'un carcan idéologique, là, qui nous dit, depuis 30 ans : Non, non, il ne faut surtout pas imposer les plus riches, il ne faut pas taxer les plus riches parce qu'ils vont tous se sauver puis ils n'investiront plus, alors que ce que toutes ces opérations ont démontré depuis les années 80, c'est qu'on a beau réduire les impôts des plus riches, on a beau détaxer les plus riches, ils n'investissent pas plus, ils ne créent pas plus d'emplois, ça n'augmente pas la richesse et, surtout, ça ne diminue pas les inégalités.

Je vous rappellerai que, même s'il est vrai que le Québec, en Amérique du Nord, est loin d'être le territoire le plus inégalitaire — ça, c'est un fait — on peut tellement faire mieux. Alors, on va répéter à M. Leitão des choses qu'on a déjà dites, comme taxer le gain en capital des banques et des autres entreprises financières, comme le beau projet de Pharma-Québec de mon collègue Amir Khadir, qui permettrait d'économiser au minimum 1 milliard par année. C'est dans des projets comme ça qu'il faut aller : lutte au gaspillage, avoir moins de cadres pour le nombre de travailleurs, travailleuses dans le monde de la santé. Il y en a plein de façons d'économiser.

M. Gentile (Davide) : Donc, ça, vous appuieriez le ministre de la Santé, s'il se lance dans cette opération qui est complexe...

Mme David (Gouin) : Il y a toujours la manière. Là, vous parlez de la question des cadres?

M. Gentile (Davide) : Oui.

Mme David (Gouin) : Oui. Il y a toujours la manière, là. On fait attention, c'est quand même des personnes aussi, là, qui sont au travail. Mais, par attrition, par exemple, je pense qu'il faudrait vraiment examiner sérieusement comment il se fait que le nombre de cadres s'est multiplié par trois depuis 10 ans, alors que le nombre d'employés a doublé. Il y a quelque chose qui ne marche pas, là.

M. Khadir : Même chose dans les établissements de santé, hein? Ce qu'on a vu progresser de manière exponentielle, c'est les postes de cadre, d'ailleurs, malheureusement, sous l'administration Couillard, lorsqu'il était ministre de la Santé. Il y a énormément de choses à faire là, mais ça, c'est des mesures nécessaires, sans doute très saines pour l'administration.

Mais rappelons-nous qu'il y a une série d'autres mesures, que Mme David a nommées, qui permettraient, ces mesures-là, d'épargner des centaines de millions, voire quelques milliards de dollars, qu'on a énumérées. Mentionnons-en juste un pour lequel des employés des cimenteries, des travailleurs des cimenteries sont devant l'Assemblée nationale : 450 millions de l'argent des contribuables que le PQ a investi dans ce projet de Bombardier, qui n'en a pas besoin et qui va déshabiller Paul pour habiller Pierre. Bien, ça, c'est de l'argent qui serait mieux investi ailleurs.

M. Gentile (Davide) : Vous feriez quoi dans ce dossier-là? Si vous aviez pris le pouvoir, vous auriez fait quoi?

M. Khadir : Bien, j'aurais... M. Couillard, lorsqu'il était dans l'opposition, disait que ça n'avait pas d'allure, faire ça. Pour Anticosti, il disait la même chose. Bien, moi, si j'étais à la place de M. Couillard, j'agirais comme je l'ai dit avant la campagne électorale. J'ai dit aux gens que ce n'est pas bon pour le Québec, la cimenterie de Port-Daniel, alors j'agirais en conséquence. J'ai dit aux gens que c'est prendre des risques et jouer à la loterie, l'histoire d'Anticosti, le pétrole à Anticosti, j'agirais en conséquence. Agir en conséquence, comme on l'a dit avant de se faire élire.

Mme David (Gouin) : Et ça veut dire, par exemple, dans le cas de Port-Daniel : Non, on ne mettra pas tout cet argent public dans une cimenterie. On pourrait probablement, avec la moitié de cet argent-là, créer autant d'emplois dans d'autres secteurs diversifiés. Il y a toutes sortes de propositions qui émergent d'autres groupes dans la Baie-des-Chaleurs. On peut créer de l'emploi au Québec, là, le problème n'est pas là, mais on peut décider quels emplois on veut créer dans quels domaines.

M. Gentile (Davide) : Pourquoi il s'entête? Est-ce que c'est politique, là?

Mme David (Gouin) : Pardon?

M. Gentile (Davide) : Pourquoi, à votre avis, le gouvernement s'entête là-dessus, même si plusieurs disent que c'est...

M. Khadir : La question que vous posez...

Mme David (Gouin) : C'est une bonne question.

M. Khadir : C'est une bonne question. Donc, ce n'est pas rationnel. La CAQ était contre; nous, on était contre; le PQ... le Parti libéral, dans l'opposition, était contre. Tous les acteurs économiques disent : Ça n'a pas de bon sens, ça va être probablement un éléphant blanc. Donc, qu'est-ce qu'il y a, autre que ça? Bien, c'est le lobby des milieux industriels, c'est le lobby de Bombardier. C'est ça qui est malheureux.

Mme David (Gouin) : Merci.

(Fin à 13 h 45)