(Douze heures quarante-cinq minutes)
M.
Therrien
:
Alors, merci. Aujourd'hui, je suis avec vous pour parler du dossier des régimes
de retraite, un dossier chaud s'il en est un, évidemment, là, mis dans
l'actualité par la manifestation qu'on voit actuellement à l'extérieur de nos
murs. Et nous, on veut tout simplement, là, rappeler que l'ancien gouvernement
avait géré de façon responsable ce dossier, qui est un dossier important.
On avait d'abord fait une commission sur
le rapport D'Amours, très intéressant, très pertinent. Ensuite, on avait donné
ensuite des pistes de solution par rapport à la pérennité des retraites à
prestations déterminées et, évidemment, on avait discuté et cherché un
consensus autour d'une démarche, justement, pour faciliter le financement de
ces régimes de retraite. Et ça avait abouti au projet de loi n° 79, qui a
été présenté le 20 février dernier et qui avait amené un consensus à travers
l'ensemble des intervenants, consensus important s'il en est un.
Et les objectifs qu'on avait ciblés autour,
justement, de ce projet de loi là, c'était d'abord d'avoir une équité
intergénérationnelle, d'avoir aussi la vérité des coûts, de faire en sorte
qu'on soit bien ancrés dans la réalité financière de notre contexte, du
contexte de l'ensemble des citoyens, aussi le respect de la capacité de payer
des citoyens et finalement la protection des rentes de base des retraités. Ça,
c'est important. En aucun temps, on laissait la possibilité de revenir sur un
changement des fonds de retraite des retraités actuels. Ça, il n'en était pas
question, et cette démarche de négociation là devait aboutir, justement, si…
Donc, évidemment, on laisse beaucoup de place à la négociation, mais ça devait
aboutir, s'il y avait encore des litiges entre les différents négociateurs, à
un arbitrage qui était garanti par une personne neutre, objective, qu'est la
Commission des relations de travail, qui avait à juger de l'état de ces
négociations-là à partir du passé des différents intervenants mais aussi à
partir de la bonne foi de ces négociateurs-là.
Alors, nous, on pensait à l'époque qu'on
avait mis en place une stratégie qui laissait la place à la négociation à la
bonne entente, à la situation gagnant-gagnant. Et ce qu'on a actuellement avec
les libéraux, bien, c'est l'incertitude. On ne sait pas où ils s'en vont. Ils
ont brisé le consensus. On le voit par la manifestation aujourd'hui. Écoutez,
il faut… on ne peut pas jouer avec l'avenir de nos citoyens comme ça, on ne
peut pas palabrer, penser à des différents éléments de solution sans en divulguer
quoi que ce soit aux gens qui sont concernés par ça. Alors, moi, je vous dis :
Il est temps que ça cesse, il faut que les libéraux nous donnent un message
clair à ce niveau-là, comme on l'a fait le 20 février dernier, et nous, on
attend ce qui sera déposé justement pour qu'on puisse donner notre opinion puis
aussi accompagner les différents intervenants dans le milieu pour faciliter la
négociation puis des ententes qui ne se veulent pas du mur-à-mur, mais tout
simplement des ententes qui vont satisfaire les gens impliqués dans les
différents milieux.
M. Boivin (Simon)
: Est-ce
que vous craigniez pour la paix sociale dans les prochains mois?
M.
Therrien
:
Écoutez, je ne suis pas un devin, là, je suis économiste de formation, je suis
habitué dans les prévisions, mais, au niveau des prévisions sociales, je ne
sais pas s'il y a une menace de paix sociale, c'est juste qu'on voit, par les
manifestations, ce qui est évident, c'est que les gens sont inquiets. Et on ne
peut pas jouer avec l'inquiétude de ces gens-là comme ça. Il faut assurer une
certaine stabilité dans notre façon d'orienter les décisions qu'on va prendre.
Vous savez, un gouvernement, c'est sa responsabilité de faire en sorte que les
gens soient justement informés de ce qui va en venir avec leur situation
financière actuelle ou future.
M. Boivin (Simon)
:
Pour vous, la question des déficits passés, est-ce que vous conservez la même…
on laisse ça à la négociation ou…
M.
Therrien
: Exactement.
Les déficits passés, on laisse l'ouverture à la négociation pour les gens qui
sont interpellés, pour les gens qui ont des régimes de retraite, interpellés
par le projet de loi n° 79 qu'on avait déposé à l'époque. Il est évident
que, nous, on fait confiance, justement, à la négociation pour les déficits
passés. C'est assez délicat, parce que, quand on parle de déficits passés, on
parle d'ententes qui sont survenues il y a un moment et sur lesquelles les gens
s'étaient entendus de bon aloi. Il faut faire attention, et c'est pour ça que,
nous, on ne veut pas de mur-à-mur, on veut simplement laisser la chance aux
différents intervenants du milieu, aux gens qui vont négocier, de pouvoir
trouver des ententes, et c'est à ce moment-là qu'on pourra justement mieux gérer
la situation des déficits passés.
M. Harrold (Max) : Comment les
libéraux ont brisé la confiance puisque vous ne savez pas le contenu, qu'est-ce
qui va être dans la loi? Comment vous pouvez dire ça?
M.
Therrien
: En
partant, M. Couillard a laissé la porte ouverte à des possibilités de décret au
niveau des municipalités. Vous savez, quand tu arrives avec une négociation
puis, à la fin de la négociation, tu es censé avoir un arbitrage neutre et
éclairé, c'est à ce moment-là que la négociation s'active et qu'elle apporte
ses fruits. Mais là, quand vous voyez le gouvernement qui dit : Bien,
nous, on laisse la possibilité d'un décret, de faire en sorte que peut-être que
la municipalité pourrait devenir l'arbitrage comme tel, on ne peut pas arriver
avec un négociateur qui devient un arbitre, parce qu'à partir de ce moment-là
vous lui donnez un pouvoir de négociation qui devient complètement… qui vous
amène justement à une négociation qui ne sera pas portée à avoir des avantages
pour les intervenants.
Alors, de facto, de parler dans ce
sens-là, tu amènes une incertitude auprès des intervenants, puis, en plus,
quand on parle des déficits passés qui auraient la possibilité de diviser 50-50
les déficits passés, bien, vous amenez encore une fois, là… vous portez flanc à
la critique et vous amenez de l'incertitude, et nous, on dénonce ça.
M. Boivin (Simon)
: …M.
Couillard a parlé d'un arbitre qui serait un tiers, il n'a jamais parlé de la
possibilité que ce soient les villes qui décrètent les conditions de travail. La
CAQ avait ouvert cette porte-là, mais, dans mon souvenir, M. Couillard n'a
jamais…
M.
Therrien
: La
CAQ avait définitivement ouvert la porte à ça, ils en faisaient un cheval de
bataille quand on parlait des négociations avec le rapport D'Amours, je me
rappelle très bien, j'étais sur la commission. Mais M. Couillard a ouvert la
porte à ces possibilités-là, et donc, à partir de ce moment-là, je veux dire,
tout est sur la table. On ne peut pas laisser un arbitre qui soit de ce type-là
parce que vous arrivez avec des négociations qui vont s'effondrer.
M. Ouellet (Martin)
: Mais
c'est parce que… je m'excuse, mais, si j'ai bien compris la question de mon
collègue, c'est qu'il disait que Couillard n'avait pas ouvert cette possibilité-là.
M.
Therrien
:
Bien, nous, ce qu'on a entendu, c'est qu'il avait ouvert cette possibilité-là,
il avait ouvert une porte en ce sens-là.
M. Ouellet (Martin)
: Pouvez-vous
donner des détails? Où est-ce que vous avez vu ça, entendu ça?
M.
Therrien
: Ah!
Bien, écoutez, je n'ai pas ça avec moi, là, mais, je veux dire, si vous voulez,
on peut vous les envoyer, ces détails-là, plus tard, là, mais c'est clair qu'il
avait ouvert cette possibilité-là.
M. Ouellet (Martin)
: Vous
comprenez que c'est important.
M.
Therrien
:
Bien oui, absolument.
M. Ouellet (Martin)
: Si
vous dites qu'il l'a ouvert puis qu'il ne l'a pas ouvert, vous comprenez que c'est…
M.
Therrien
:
Oui, absolument. On va envoyer les informations subséquemment. Ça va? Merci.
(Fin à 12 h 52)