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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, May 22, 2014, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures quatre minutes)

M. Khadir : Je vous remercie de vous être déplacés. Françoise David et moi-même avons le plaisir, finalement, de rencontrer le ministre des Finances, M. Leitão, plus tard en cours de journée. Nous prenons acte de cette invitation d'abord avec en tête l'idée que ce gouvernement s'est prononcé et a insisté qu'il était prêt à du changement dans son attitude, dans son ouverture aux propositions qui viennent de l'opposition. Alors, c'est dans cet esprit-là que nous y allons.

On a entendu, bien sûr, le discours inaugural de M. Couillard avec vous, c'est un exercice très douloureux auquel invite M. Couillard la population du Québec. Nous rappelons que, s'il s'agit de couper plus de 3 milliards de dollars dans les dépenses du gouvernement, il est impossible, mathématiquement, logiquement, avec ce qu'on connaît de l'appareil de l'État, il est impossible de le faire sans couper dans les services. D'ailleurs, les directions des établissements et des différents ministères semblent avoir déjà saisi le message et se préparaient en conséquence. J'ai eu un appel du psychologue du CSSS de la Montagne à Montréal, en début de semaine, on les avait conviés à une rencontre pour annoncer qu'il y aurait 20 coupures de postes, deux de direction et 20 coupures de postes, dont des intervenants de première ligne. Et, dans le cas d'espèce, celle qui avait alerté ma collègue psychologue, c'était une éducatrice spécialisée. Donc, on peut passer pour les enfants qui ont des difficultés à l'école, etc.

Je voudrais vous rappeler que votre collègue, M. Gérald Fillion, de Radio-Canada, un de vos collègues, rencontre M. Thomas Piketty, qui est la sensation de l'heure dans le domaine économique. Pas à lui tout seul, il est un peu la sensation de l'heure parce qu'il était appuyé, dans son analyse de la situation économique, par des prix Nobel de l'économie, M. Paul Krugman, en l'espèce, un des plus récents prix Nobel de l'économie, qui écrit dans le New York Times. Tous les deux arrivent à la conclusion que les mesures d'austérité…Parce que ce que nous annonce M. Couillard, bien qu'il veuille parler de rigueur… La rigueur dont il parle, c'est une vieille recette qu'on appelle austérité budgétaire, puis ce n'est pas la première fois qu'on l'applique au Québec. Et vous savez quoi? Depuis qu'on l'applique, ce qu'on assiste — c'est exactement ce que M. Piketty, cet économiste français, vient nous dire — en Amérique du Nord et un peu partout dans le monde, c'est que les inégalités, là, ça nous coûte cher. Les austérités qui ont été appliquées, au Québec comme ailleurs, depuis 25 ans, ont produit des inégalités croissantes, et ces inégalités deviennent de plus en plus intolérables. Ce sont des dangers pour les démocraties, des dangers pour nos sociétés, en plus de nous coûter cher parce que ça affaiblit nos économies.

Alors, c'est drôle parce qu'on va rencontrer M. Leitão au même moment où votre collègue va avoir une interview de fond avec M. Piketty. Je ne sais pas si on va trouver le temps, quelques minutes, de l'écouter ensemble, mais c'est sûr que nous croyons qu'il y a intérêt à ce qu'on reste ouverts à la critique de ce qu'on a fait dans le passé. Et l'austérité, on l'a déjà faite dans le passé, avec des résultats relativement peu convaincants qu'on connaît.

Alors, nous, la première chose dont on voudrait saisir M. Leitão, c'est que l'équilibre budgétaire peut se faire autrement que par l'austérité. Parler d'équilibre budgétaire et austérité budgétaire et toujours prétendre que c'est synonyme, c'est faux. C'est une confusion dans les genres. On peut atteindre l'équilibre budgétaire par d'autres moyens que l'austérité par des coupures. On peut atteindre l'équilibre budgétaire en stimulant, par exemple, l'économie de toutes sortes de façons pour augmenter les rentrées d'argent pour l'État ou on peut atteindre l'austérité budgétaire… l'équilibre budgétaire, j'entends, en diminuant un peu des cadeaux inutiles et des dépenses inutiles, du gaspillage qui se fait dans notre système.

Alors, freiner la croissance des dépenses, pour nous, ce n'est pas toujours la bonne mesure parce que freiner la croissance des dépenses, même dans le système de la santé, ça veut dire des coupures, et des coupures, ça veut dire des pertes d'emploi, et des pertes d'emploi en trop grand nombre, une fois qu'on coupe, on coupe, on coupe — et là le gouvernement libéral veut couper pour à peu près 3 milliards quelque part — ça, ça ralentit l'économie.

L'autre, c'est de voir comment on réforme un peu la fiscalité. Alors, voici, nous proposons au gouvernement, plutôt que de viser des échéanciers courts, de s'inspirer des meilleures pratiques, de viser des équilibres dans des cycles économiques, donc de viser des équilibres plus réalistes sur plusieurs années. Ça peut être des cycles de trois à cinq ans. Donc, l'équilibre budgétaire, pour nous, c'est un objectif à long terme et qui peut se prendre de différentes façons, pas uniquement par les coupes.

Nous, on pense, par exemple, aussi que, quand on a des difficultés à faire l'épicerie, là, on ne commence pas à augmenter les paiements d'hypothèque. Actuellement, le gouvernement, en même temps qu'il nous dit qu'il a de la difficulté à payer pour l'épicerie puis qu'il s'apprête à couper, il veut augmenter les mises de fonds dans le Fonds des générations, qui est un fonds… c'est un peu comme l'hypothèque à long terme qu'on doit payer. Moi, je pense que, là, il y a une piste pour M. Leitão, il y a des marges de manoeuvre qu'il peut aller chercher pour rendre l'exercice plus intéressant.

Et nous disons, pour revenir à ce que j'ai dit comme essentiellement : Diminuez le gaspillage. Je vous rappelle, M. Couillard a invité, lors de l'assermentation, son ministre de la Santé, M. Barrette, d'envisager de mieux négocier le prix des médicaments. Nous trouvons que c'est une excellente idée. Je le répète depuis que je suis à l'Assemblée nationale, c'est au centre de notre projet Pharma-Québec. Mais commençons par exactement ça, une meilleure négociation des prix des médicaments, négociation de groupe par l'État. C'est une économie de 1 milliard sur la facture d'Hydro-Québec. Il me semble que M. Leitão ne devrait pas dire non à une telle promesse et une telle possibilité.

Et ensuite, deux choses, puisque M. Couillard envisage déjà une réforme de la fiscalité, une revue, alors… Regardez, les crédits d'impôt pour gains de capital, là, ça nous coûte 500 millions. C'est un cadeau de 500 millions aux frais des contribuables qu'on fait actuellement parce que, quand on fait ce cadeau-là, c'est moins de revenus, et on coupe quoi? Dans les services aux contribuables ou dans des tarifs augmentés, comme on le voit.Donc, au lieu de donner ce cadeau-là, on pourrait peut-être commencer à réduire juste de moitié ce cadeau. Enlever le crémage sur le gâteau. Donc, ça serait une économie de 250 millions pour les crédits d'impôt pour gains de capital. Puis, pour ce qui est des gains de dividendes, suivant les calculs les plus conservateurs, c'est 400 millions que ça nous coûte inutilement, qu'on n'a pas besoin. C'est un cadeau qui a été donné à d'autres époques, dans d'autres situations, ça ne s'applique plus. Alors, on enlève 200 millions de ça, ça fait déjà une économie de 450 millions de dollars pour l'État québécois. M. Leitão devrait, je pense, être ouvert à notre proposition.

Mme David (Gouin) : J'ajoute tout simplement que, si on est si inquiet du discours inaugural et qu'on veut rencontrer M. Leitão parce qu'on aura bientôt un budget, c'est parce qu'on pense aux conséquences concrètes des coupures. Amir vient d'en parler dans un CSSS, il y en aura d'autres, là, c'est écrit dans le ciel. Dans mon CSSS aussi, la direction se demande où est-ce que… comment elle va faire pour organiser les services sans trop toucher à la clientèle, parce qu'il y a de moins en moins d'argent. Ça, là, c'est un phénomène qui dure depuis plusieurs années et que M. Couillard veut empirer.

J'ai été sidérée de lire, la semaine dernière et l'autre avant, qu'il se pouvait qu'on pense à des économies du côté d'Emploi et Solidarité sociale. J'aimerais rappeler au gouvernement actuel qu'en 1996 déjà des coalitions incroyables d'organismes communautaires et féministes — et j'avais l'honneur d'être, à cette époque, présidente de la Fédération des femmes du Québec — se sont mobilisées contre cette idée d'appauvrir les plus pauvres au nom du déficit zéro. M. Bouchard, Lucien Bouchard, à l'époque, ne nous a pas écoutés, on a sabré dans les budgets pour les plus pauvres, mais la force de la mobilisation citoyenne a fait en sorte que, plusieurs années plus tard, le gouvernement du Québec, l'Assemblée nationale, en fait, a adopté à l'unanimité une loi-cadre pour l'élimination de la pauvreté.

Je tiens à le rappeler, c'est une loi-cadre qui est censée régir l'ensemble de nos politiques et censée s'assurer qu'on ne va pas vers l'accroissement de la pauvreté. On va, évidemment, étape par étape, vers l'élimination de la pauvreté. Alors, je vais le rappeler à M. Leitão ce soir, peut-être qu'il ne se rappelle pas de l'adoption de cette loi, mais moi, je vais certainement lui rappeler pour lui dire : Attention! Si vous touchez aux plus pauvres, eh bien, la mobilisation, elle sera encore au rendez-vous, et nous ne serons pas les derniers à y être.

L'appui aux organismes communautaires. On ne peut pas non plus sabrer dans les budgets des organismes communautaires.Au contraire, il faut leur donner l'augmentation qui avait été promise par le gouvernement précédent parce que tous ces gens vulnérables, pauvres, isolés, jeunes ou moins jeunes dont l'État s'occupe de moins en moins bien, qui s'en occupe dans le fond? Bien, c'est les organismes communautaires. Alors, il faut leur donner les moyens d'agir.

Je suis préoccupée aussi par la situation du logement social. Il y avait eu un engagement du précédent gouvernement de la construction de 3 000 nouveaux logements sociaux par année. Hier, dans le discours inaugural, il n'y a pas eu un mot sur la réduction des inégalités et sur la lutte à la pauvreté. La question du logement, elle est centrale pour beaucoup de gens qui sont à statut précaire, au salaire minimum, à l'aide sociale. Il faut absolument que les engagements soient, au minimum, maintenus, puisqu'on est tellement loin du compte.

Et finalement, en matière d'environnement, je rappellerai que, si M. Couillard nous dit : Je veux mettre dix ou 11 milliards dans des projets d'infrastructures — il l'a dit en campagne électorale — bien là il ne faudrait pas que ce soit encore des autoroutes, là. On a besoin de développer le transport en commun au Québec. Voilà quel pourrait être un beau projet, à la fois écologique, donc, visant à lutter contre la pollution et l'augmentation des gaz à effet de serre, mais aussi un projet de création d'emplois et un projet utile pour la population, du moins à court terme, celle qui vit dans l'ensemble des grandes villes du Québec.

Alors, c'est tout ça que nous allons dire au ministre des Finances ce soir. Nous aurions aimé être invités beaucoup plus tôt pour nous assurer d'avoir une meilleure influence sur ce budget, mais nous y allons tout de même avec ouverture et dans un esprit constructif.

M. Caron (Régys) : Le premier ministre a tracé un tableau assez réaliste, dit-il, quant à l'état des finances publiques. Il a admis que les gouvernements précédents, y compris celui des libéraux de M. Charest, avaient perdu le contrôle des dépenses. Quelle cible d'augmentation de dépenses voyez-vous, Québec solidaire? De combien les dépenses pourraient-elles augmenter pour qu'on puisse contrôler?

M. Khadir : En dollars constants, les dépenses de l'État québécois, par rapport à notre PIB, n'ont pas augmenté par rapport, par exemple, pour prendre des années de référence, au début des années 90, au milieu des années 90. Si on pense qu'on a perdu le contrôle des dépenses, c'est parce que la dette augmente. Pourquoi? En raison peut-être — on pourrait le voir sous cet angle-là — que l'État s'est privé de revenus légitimes en accordant trop de cadeaux. Rappelez-vous, M. François Legault, dernière législation, se demandait : Pourquoi l'État québécois offre, bon an, mal an, 4 à 6 milliards de dollars de crédits et de cadeaux à des entreprises, dont une partie est sans doute superflue? Ça, c'est un ancien millionnaire… enfin, un ancien homme d'affaires, un millionnaire qui en parle, hein? François Legault disait : On pourrait couper peut-être 20 % de ce cadeau-là. Donc, vous avez raison qu'on perd le contrôle quand on se prive de moyens de revenus légitimes.

M. Caron (Régys) : Vous parlez des revenus, là. Moi, je vous parle d'augmentation de dépenses par rapport à l'année précédente. Vous, vous dites : Par rapport au PIB, les dépenses n'augmentent pas. D'une année à l'autre, les dépenses augmentent, là.

M. Khadir : Oui, mais, il faut… Bien, il y a l'inflation, bien sûr.

M. Caron (Régys) : Mais là on est trois fois l'inflation, là.

M. Khadir : Mais, si on ne considère pas d'associer les revenus pour accoter l'inflation et si on ne considère pas que… Oui, il y a certains secteurs où les dépenses augmentent davantage. Pourquoi? Parce que votre population vieillit et nos attentes par rapport à nous-mêmes augmentent : on veut avoir plus de place, puis on est au XXIe siècle, on veut avoir de meilleurs services, on veut que nos aînés soient accompagnés, on veut… on a des patients de plus en plus âgés qui ont besoin de soins à différentes étapes de leur existence, c'est très légitime. Pourquoi est-ce qu'on se questionnerait? On ne peut pas avoir un diagnostic général. Si c'est des besoins légitimes, faisons-le. Mais il y a de ces secteurs, oui, où c'est complètement illégitime. Je vous donne un exemple : le prix des médicaments. Nous, on l'a décrié, ce n'est pas nous qui sommes d'accord avec ça, ça fait 10 ans au moins que moi, je me bats pour dire : On paie trop cher nos médicaments. Il y a une commission royale d'enquête qui disait que c'est trois à six fois plus cher. Mais c'est drôle, quand il s'agit de prix de médicaments, qui bénéficient à des multinationales, le gouvernement ne fait rien. Quand il s'agit de couper dans des services aux assistés sociaux, là il n'y a pas de problème.

M. Caron (Régys) : Mais je vous repose la question : Quelle cible serait acceptable pour Québec solidaire quant à l'augmentation des dépenses en 2014‑2015?

Mme David (Gouin) : On va le prendre autrement. À Québec solidaire, s'il est vrai — et ça, moi, j'attends le rapport du Vérificateur général, O.K.? — que nous serions dans un déficit de 3,7 milliards, il y a une chose qui est claire, là, claire, avec ce que M. Couillard nous propose, ça ne peut pas être résorbé en un an, à moins de coupes extrêmement sévères non seulement dans l'administration, dans le nombre de cadres, etc., de coupes dans les services. Alors, ça veut dire non-remplacement du personnel, non-remplacement des congés de maternité, départs par attrition. Ça veut dire plein de choses. Mais ce n'est pas possible, ça. Qu'est-ce qu'on va couper au juste, là, après ça? On va couper des médecins. On va éliminer des médecins. On va dire : Bien, non, les infirmières, finalement, il va falloir couper des postes d'infirmière ou… on ne peut pas couper les postes de professeur, c'est gênant de laisser les classes sans professeur, mais on pourrait couper dans le personnel qui est en soutien aux professeurs et qui rend les classes vivables. Ce n'est pas possible, ce n'est juste pas possible.

Moi, je ne suis pas en train de vous dire : Il serait tout à fait acceptable — je vais caricaturer, là — d'augmenter les budgets des ministères de 20 %, là. On n'est pas là-dedans, à Québec solidaire. Ce qu'on est en train de dire, c'est : Il faut assumer les dépenses raisonnables qui sont induites par — mon collègue l'a dit — le vieillissement de la population, on peut parler aussi de la pauvreté d'une partie de la population. On pourrait les résoudre, les problèmes de pauvreté, mais, en attendant, bien, il y a des gens qui tombent malades parce qu'ils sont pauvres. On va s'en occuper.

Alors, je pourrais bien vous dire cinq, six, huit; ce n'est pas le chiffre qui est important. Ce qui est important — mon collègue vous l'a dit — c'est : On donne les bons services aux bons endroits. Là où il y a du gaspillage, trop de bureaucratie, et tout, on l'a dit, nous, en campagne électorale...

M. Khadir : On coupe.

Mme David (Gouin) : ...on coupe. On regarde sérieusement. On fait le ménage dans tous les crédits, là, donnés aux entreprises. Ça, là-dessus, le gouvernement a l'air de vouloir bouger un peu. On verra, mais on ne coupe certainement pas dans les services aux gens, c'est impossible.

M. Khadir : Ou la rémunération des médecins spécialistes, et c'est un médecin spécialiste qui vous parle. Vous avez parlé de croissance déraisonnable, parfois, des dépenses, voilà une croissance qui était spectaculaire.

M. Gentile (Davide) : Donc, vous allez l'appuyer là-dessus.

M. Khadir : Absolument. Et on l'a dit, et moi, je l'ai dit dès le moment où ça a été introduit, j'ai dénoncé l'entente entre la FMSQ — bien que je suis membre, moi-même, de la FMSQ — et M. Bolduc, pour dire : Non. Au moment où on impose tant de rigueur à tout le monde, c'est juste déraisonnable, inacceptable. Et vous savez quoi? Je ne suis pas persuadé que l'ensemble des spécialistes étaient du même avis que M. Barrette. Beaucoup de médecins que je connais… mais je ne peux pas donner des chiffres parce que je n'ai pas les moyens de le vérifier, mais beaucoup de médecins que je connais étaient eux-mêmes gênés et pensaient que l'État avait mieux à faire que d'augmenter de manière si rapide leur rémunération.

M. Caron (Régys) : M. Barrette est-il le mieux placé pour négocier un étalement ou...

M. Khadir : C'est une question que vous devez poser à M. Couillard. Moi, je pense que, s'il le veut, s'il y a une volonté de la part du gouvernement… Ça ne tient pas au ministre, à personne, si le gouvernement veut — puis, quand le gouvernement veut, il peut — si le gouvernement le veut, il peut demander à M. Barrette : Tu vas au bâton puis tu rouvres ce contrat.

M. Gentile (Davide) : Quelles sont vos chances de succès quant au crédit d'impôt, bon, gain en capital… le gain en dividende — excusez-moi? Avez-vous l'impression que vous allez avoir une oreille attendrie... attentive...

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Khadir : J'espère qu'il sera même attentif et attendri. Enfin, je ne sais pas comment je vais attendrir M. Leitão, je vais l'essayer. Non, mais la réalité est que, je pense, on est rendus quand même à un moment de l'évolution de nos sociétés, avec tous les problèmes qu'on connaît depuis 2007‑2008, qu'il y a des questionnements légitimes. Les paradis fiscaux, on a parlé des îles Caïmans, de Delaware, de la Suisse, de l'île Jersey… Et je pense que M. Couillard et les trois banquiers, ou presque, qui forment son équipe économique… enfin, les deux banquiers… M. Coiteux, qui vient des finances, et il y a M. Leitão et M. Daoust. Ils ont une obligation supplémentaire d'agir pour être au-dessus de toute critique, de montrer qu'ils sont tout à fait impartiaux et, quand ils sont au gouvernement, agissent dans l'intérêt public, ils sont capables de saisir les critiques qui viennent de partout, dont de Thomas Piketty, qu'il faut commencer à questionner des privilèges déraisonnables accordés aux multinationales, aux grandes corporations, notamment aux banques.

Donc, je vais dire à M. Leitão :Écoutez, vous venez de la Banque Royale, vous connaissez les problèmes liés aux échappatoires fiscaux, vous connaissez les problèmes liés… tout l'argent que ça représente, tous ces crédits d'impôt qu'on donne. Est-ce que c'est vraiment les bonnes dépenses à faire? Est-ce que les contribuables ont les moyens de donner ces cadeaux-là à des banques et des institutions financières? On va lui poser la question.

M. Gentile (Davide) : Dans le cas des… Parlant de déductions d'impôt ou d'avantages, entre guillemets, avez-vous réfléchi… vous êtes-vous penchés sur la question des CPE totalement privés? Je ne parle pas des garderies privées subventionnées. Il y a un crédit qui est accordé aux parents qui envoient leurs enfants là. On sait qu'il y a des problèmes financiers dans ce réseau-là. Est-ce que vous avez l'amorce d'une réflexion là-dessus?

Mme David (Gouin) : Bien, oui, on a l'amorce d'une réflexion, mais c'est vraiment une situation très difficile. Pourquoi? Parce que l'ex-gouvernement libéral de M. Charest a développé tous azimuts les services de garde privés. Que ce soit en installations, en garderies, là, ou que ce soit en milieu familial, vraiment, là, on a largement diminué la création de CPE pour laisser plus de place au privé. Mais, ce faisant, évidemment, les garderies privées, qui sont des garderies à profit, demandent aux parents des coûts assez élevés, là. Moi, j'entends des chiffres, là, allant jusqu'à 50 $, là — je suis assez sidérée — par jour.

Une voix :Je vous le confirme, que ça existe.

Mme David (Gouin) : Vous confirmez, très bien.Donc, bien sûr, le gouvernement est obligé face aux parents, qui sont des contribuables, de leur accorder un crédit d'impôt parce que, écoutez, là, les parents du Québec, payer 250 $ par semaine de leur poche sans recevoir le moindre crédit d'impôt pour une garderie, ça serait pas mal difficile. Donc, les parents accueillent quand même ce crédit d'impôt avec une certaine satisfaction. Mais le problème, il est profond, c'est que l'État québécois a accordé des permis à des tonnes d'institutions privées qui chargent cher, puis l'État ensuite donne un crédit d'impôt aux parents.

M. Gentile (Davide) : Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'un peu baroque là-dedans? Est-ce que…

Mme David (Gouin) : C'est baroque, oui. C'est baroque, c'est bancal. C'est vraiment la privatisation d'un réseau. Ça s'est fait pendant plusieurs années. J'avoue que, là-dessus, on était pas mal d'accord avec le gouvernement péquiste, qui a tenté de rétablir… de ramener la barre un peu en créant beaucoup plus de nouvelles places en CPE que de places — d'ailleurs, il n'en créait pas — dans les garderies privées non subventionnées. Avec le nouveau gouvernement, j'ai bien hâte de voir comment ça va se passer. Est-ce que ça va être encore priorité aux CPE ou si on revient à des formes de privatisation qui, malgré tout, coûtent moins cher à l'État, là — ça peut être ça, là, le mécanisme — alors que les CPE sont de loin de meilleure qualité, contrôlés par les parents et par les représentants du personnel?

M. Gentile (Davide) : Vous allez lui passer votre message là-dessus?

Mme David (Gouin) : Bien, c'est certain parce que c'est une aberration ce qui s'est passé dans les années 2000, c'est le détournement d'une très, très belle idée puis du sens du réseau des centres à la petite enfance. Ça a été complètement détourné par le gouvernement Charest.

M. Caron (Régys) : Parlez-vous des garderies privées subventionnées ou des garderies privées…

Mme David (Gouin) : Bien, je pense que la question portait sur les garderies privées, privées, privées, là, non subventionnées. Parce que celles qui sont subventionnées nous, dans notre programme, nous proposons que…nous, nous disons que, si nous prenons le pouvoir un jour, nous allons leur proposer de se transformer en centres à la petite enfance, pour que les parents aient un droit de regard aussi sur ce qui se passe là-dedans.

M. Caron (Régys) : Et, pour ce qui est des garderies privées subventionnées, bon, les libéraux ont une préférence… en tout cas, le précédent gouvernement libéral avait une préférence pour ces garderies-là.Craignez-vous le dérapage qui a été dénoncé par le Parti québécois…

M. Khadir : Dans l'octroi des permis?

Mme David (Gouin) : L'affaire Tomassi.

M. Caron (Régys) : Oui, l'octroi des permis.

M. Khadir : J'espère que non, mais c'est sûr que, dans ce genre de considération, il en va de la volonté, vraiment, des deux partis qui ont formé le pouvoir de se réformer de l'intérieur. Qu'on mette n'importe quel programme, que ça soit ça ou autre chose, c'est susceptible de connaître des dérapages de cette nature si les deux partis, sérieusement, de l'intérieur, ne font pas une réforme de leur financement, de leur approche du pouvoir, parce que ce n'est pas juste ça, hein, on peut en étaler d'autres. Merci.

Mme David (Gouin) : Merci.

(Fin à 14 h 26)

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