(Quatorze heures)
M. Lisée
: Alors, comme
vous le savez, depuis ce matin, à Montréal, il y a un débat qui est en cours,
en fait, une indignation assez générale sur le fait que, devant deux commerces,
pour ce qu'on en sait en ce moment, il y a des pics qui ont été installés pour
empêcher la présence d'itinérants.
Je partage l'indignation du maire de la
ville, M. Coderre, qui les a appelés les «pics de la honte». Je partage
l'indignation des organisations, évidemment, de défense des itinérants et un
très grand nombre de Montréalais face à cette mesure, et ça m'inspire, évidemment,
une réaction qui est due au refus de ce gouvernement d'aller de l'avant avec un
travail très général, très consensuel, très conséquent, qui avait été fait au
cours des trois dernières années pour avancer une politique de lutte contre
l'itinérance, qui avait été unanimement acceptée. Et, dans cette politique de
lutte contre l'itinérance, il y avait cinq axes, dont un axe de la cohabitation
sociale des lieux.
Et il est important… Nous savons qu'il y a
des tensions au centre-ville de Montréal sur la présence d'itinérants. Nous
savons que ça pose une problématique réelle, mais il est important de l'aborder
dans un sens général, et c'est pourquoi nous avions proposé des orientations à
privilégier concernant la cohabitation sociale. Cela voulait
dire combattre les préjugés, favoriser une cohabitation harmonieuse,
sensibiliser la population au phénomène d'itinérance, sensibiliser et outiller
les intervenants judiciaires et policiers au phénomène, favoriser les
interactions entre les commerçants, les citoyens et les personnes en situation
d'itinérance dans des démarches visant à définir les conditions d'un meilleur
partage de l'espace public.
Alors, il est évident qu'à partir du
moment où il y a une action gouvernementale concertée, avec des sommes
conséquentes pour faire en sorte de réduire le nombre d'itinérants, parce qu'on
veut faire des logements, parce qu'on veut faire de l'insertion socioprofessionnelle,
parce qu'on veut faire de la prévention et du curatif sur les problèmes qui
sont liés à l'itinérance, de santé mentale et d'accoutumance à des drogues, à
partir du moment où on a une vision cohérente et une action cohérente, bien, la
société peut s'inscrire là-dedans. C'est ce que nous avions, mais, lorsque le
nouveau gouvernement a été élu, il a décidé de ne pas aller de l'avant avec une
politique générale de l'itinérance. Dans le budget Leitão, on parle de
8 millions de dollars, mais c'est un 8 millions de dollars qui
étaient préexistant. Il n'y a pas un sou pour appliquer les nouvelles mesures qui
faisaient consensus. Et donc est-ce qu'il y a un lien de cause à effet? Je ne
sais pas, mais, en tout cas, ce genre d'initiative individuelle, négative, de
répression de l'itinérance pure, bien, c'est ce genre de chose que nous voulons
éviter et c'est ce genre de chose que nous pouvons davantage éviter si les
commerçants, les propriétaires savent que nous sommes en train d'agir sur le
problème.
Alors, je pense que c'est un signal d'alarme
qui a été lancé ce matin au gouvernement Couillard, à la ministre, de dire :
Ça ne peut pas attendre, l'engagement du Québec, sur une lutte cohérente sur
l'itinérance. Et nous lui demandons d'annoncer pour très bientôt le plan
d'action, qui était en élaboration il y a encore quelques mois, avec les sommes
afférentes, pour montrer aux commerçants, aux propriétaires et aux itinérants qu'il
y a quelque chose qui va se passer sur ce thème-là.
M. Dutrisac (Robert)
:
Est-ce qu'il faut bouder ces commerces-là, essentiellement?
M. Lisée
: Est-ce qu'il
faut les...
M. Dutrisac (Robert)
:
Les bouder, les boycotter, essentiellement.
M. Lisée
: Bien, je
pense que la bonne réaction, ça a été de dire : Bien, de toute façon, nous
ne savons pas si c'est le commerce ou le propriétaire de l'immeuble ou/et le
commerce qui a pris cette décision. Je pense qu'il faut... Je pense que la
réaction du maire était bonne. D'abord, il y a probablement une infraction à
certains éléments du Code de la construction ou du code d'aménagement des
lieux. En plus, il y a une dangerosité, non seulement pour les itinérants, mais
pour les enfants ou pour les piétons. On ne peut pas mettre des pics sur la rue
sans penser que ça peut avoir des conséquences.
Alors donc, ceux qui ont enfreint un règlement
en mettant ces pics doivent assumer leurs responsabilités, mais il ne faut pas
être en mode rapport de force ou en mode intimidation, il faut être en mode
dialogue avec les commerces. On sait qu'ils ont des raisons de se plaindre de
la présence des itinérants, on sait que les itinérants ont des raisons de se
plaindre de comment ils sont accueillis ou non accueillis dans l'espace social.
La seule façon d'y arriver, c'est de réduire le nombre d'itinérants en ayant
des mesures actives et de favoriser la cohabitation sociale des lieux.
M.
Harrold (Max) : Can I ask a question in
English?
M.
Lisée
: Sure.
M. Harrold (Max) : Are you saying then that… well, I'm going to ask you what he says. Where
do we go from here? Do we boycott these businesses? Is there a hand of the law
that has to come down?
M. Lisée
: Well, first, a signal has to be given to all Montrealers,
Quebeckers, commerces, owners and the owners of these buildings that something
is being done. I think, what we have now is the result of a sentiment that
nothing is being done. If nothing is being done, people will take the case into
their own hands and come up with stupid ideas like this one, OK?
So the first signal that
this Government has to say is that there was a policy on homelessness. Social
responsibility and cohabitation of the areas is part of the discussion we
should have. We are actively seeking to reduce the number of homeless people, and
so do not take this issue into your own hands, let's do this together. Since
the Québec Government has decided to break the stride that we had in that
direction... we see cases like this... I think the mayor is right if in some
cases, putting these...
Journaliste
:
Spikes.
M. Lisée
:
Spikes. If putting these spikes is an infraction to some code, people should be
accountable for it. But I think we shouldn't make a big case out of it, except
to say that this will not be tolerated. So, those that are there, take them
out, but then the next step is for the Québec Government to go ahead with a comprehensive plan about homelessness.
Mme Plante (Caroline)
: Mr. Lisée, we're talking about homelessness and poverty. Do you
think that Quebeckers can afford
new hikes in school taxes?
M. Lisée
: Well, I think the Quebeckers are entitled to have a government that is held accountable to its electoral promises. This Government has made a number… this party has
made a number of promises just two months ago, and it seems that its game is to
break everyone of these promises one day after the next.
And on this issue of
taxes, on school taxes, we believe that the school boards have gone overboard,
some of them, not all of them, and we were in the process of reimbursing a hundred
millions to Quebeckers. Now, clearly, this
Government decided not to go on that route and say that there would be no
relief until the zero deficit would be reached. We thought that relief should
have come sooner and, like many Quebeckers, we're disappointed in this
Government breaking its promises.
M. Authier (Philip)
:
Who would be responsible for putting those spikes in front of the Archambault store
on Sainte-Catherine Street?
M. Lisée
: Well, I have the same information as you have, I mean…
M. Authier (Philip)
: We know that Archambault issued a statement saying it wasn't necessarily
them…
M. Lisée
: It could be the owner of the building.
M. Authier (Philip)
: Yes. Do you know anymore?
M. Lisée
: I don't know more of that, but surely someone who has a stake in
this corner, but I'll let the Montréal police look into that, or The Gazette reporters, or CTV, or Global.
(Fin à 14 h 8)