(Quinze heures vingt-sept minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour,
tout le monde. En fait, je suis ici aujourd'hui… Québec solidaire est ici
aujourd'hui parce que plusieurs ont entendu parler de ces pics anti-itinérants
qui ont poussé à Montréal dans les dernières semaines. On sait que
l'intervention, ce matin, a été de les enlever. On connaît un certain nombre
d'endroits, notamment le McDonald's sur Sainte-Catherine, où ils existent
encore. On est allé le vérifier il y a quelques minutes.
C'est pour vous dire que ces pratiques
nous illustrent comment, lorsque nous ne nous occupons pas des questions
majeures, comme celle de l'itinérance, les gens doivent trouver des solutions,
et ce n'est pas toujours des solutions très souhaitables. On le sait que la
politique en itinérance qui a été déposée au mois de février comportait
plusieurs éléments qui rappelaient le droit de cité de ces personnes-là. Ces
gens-là ont le droit d'exister, ont le droit d'être dans l'espace public comme
vous et moi. Et de voir qu'on en est arrivés à, par exemple, des endroits comme
à Londres, comme en France, à utiliser toutes sortes de moyens pour empêcher
l'utilisation de l'espace public à ces personnes-là, on trouve ça extrêmement
indignant, et c'est pourquoi aujourd'hui je demandais à la ministre responsable
de s'engager très clairement à ce qu'à la première journée où nous allons
revenir en Chambre, à l'automne, elle déposera son plan d'action.
La politique de lutte à l'itinérance est
déjà écrite, on sait les chemins à prendre. Ce qu'il faut maintenant, c'est
d'avoir des actions concrètes. Les groupes travaillent là-dessus depuis des
semaines et des semaines. Je pense que ce n'est pas trop compliqué d'avoir un
plan d'action qui fait en sorte qu'on cesse de lutter… qu'on cesse, dans le
fond… je m'excuse, qu'on cesse de viser — c'est ça que je veux
dire — à éliminer les itinérants au lieu de travailler à éliminer
l'itinérance. Merci.
M. Teisceira-Lessard (Philippe) :
Il y a plein de gens qui ont des clôtures devant leur domicile pour empêcher
les gens d'accéder à pied sur leur terrain. En ce sens-là, donc, ça empêche les
citoyens d'une ville de faire un… poser une action. En quoi est-ce que c'est
différent d'avoir des pics devant un commerce pour empêcher les gens de se
coucher devant le commerce?
Mme Massé : Bien, en fait, les
pics, je ne sais pas si vous avez vu où ils étaient, là, on est… vous parlez
probablement plus de ce qui s'est passé à Londres. À Montréal, les pics
n'étaient pas au sol, parce que ça, ce serait un problème de santé publique… de
sécurité publique. Les pics sont sur le rebord des vitrines, là où, vous et
moi, on arrête manger notre crème glacée, là où d'autres, des travailleurs de
l'entreprise en face vont s'asseoir pour fumer une cigarette. Et, lorsqu'on a
vu ces pics-là arriver, ce qu'on s'est rendu compte, c'est que, dans les faits,
la distance qu'ils sont installés, c'est une distance qui ne permet même pas de
s'accoter un petit peu sur cet endroit-là.
Alors, quand vous me référez, par exemple,
aux terrains privés, les clôtures, etc., c'est une chose généralement très
facilement enjambable d'ailleurs. Le fait de pouvoir se déposer un tant soit
peu sur le bord, ce qui arrive partout et par toutes sortes de monde… le problème,
c'est quand c'est sur la rue Sainte-Catherine de Montréal. Le message est
clair.
Et jusqu'où serons-nous prêts à aller?
Quand on voit ce qui se passe en France, où chaque petit racoin où un itinérant
va pouvoir tirer son matelas pour pouvoir se coucher, on y construit des infrastructures,
pas toujours des pics, des fois, c'est très design, très beau, mais juste pour
s'assurer qu'il n'y a personne qui va se retrouver là. C'est une cohabitation. L'augmentation
de la pauvreté va nous amener inévitablement dans des routes comme augmenter la
pauvreté, augmenter le nombre d'itinérants.
Mais, ceci étant dit, quand on se met
ensemble, on est capable de trouver des solutions, et plusieurs organisations,
ici même, à Québec, à Montréal, ont trouvé des solutions de cohabitation au
lieu de faire le ménage, repousser constamment les gens qui vivent à la rue, à
l'extérieur de chez nous. Merci.
(Fin à 15 h 31)