(Neuf heures vingt-cinq minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Bien, écoutez, on arrive à la fin de cette courte session. C'est
certain que les attentes étaient très élevées envers ce nouveau gouvernement de
M. Couillard. Je pense qu'on a assisté à un faux départ annoncé. On avait quelqu'un
qui avait fait beaucoup de promesses durant la campagne électorale, et plusieurs
de ces promesses ont été brisées.
La plus importante, celle concernant le fardeau
fiscal des contribuables... M. Couillard avait dit clairement, durant la campagne
électorale, qu'il ne hausserait pas le fardeau fiscal des Québécois. Or, il
s'est empressé, dès le début de la session, de renier sa promesse concernant
les tarifs d'électricité. Donc, il avait promis de les mettre au niveau de
l'inflation, finalement il y aura augmentation de 4,3 %. On se souvient
tous aussi, évidemment, des taxes scolaires. Les libéraux étaient les premiers
à dénoncer les façons de faire du Parti québécois; or ils font exactement la
même chose. On apprend, dans les documents budgétaires, que les taxes scolaires
des Québécois, cette année, vont augmenter de 8 %. Donc, c'est une
promesse brisée, puis je pense que le premier et le grand perdant de ces
premiers deux mois, bien, ce sont les contribuables.
De l'autre côté, on a eu, évidemment, un
budget qui a été déposé. Un budget où il y a des objectifs très ambitieux, par
contre, très peu de moyens. Je pense que ce qu'on voit, c'est que le gouvernement
et le Parti libéral n'avaient pas fait leurs devoirs, ils n'étaient pas prêts à
gouverner. Donc, ils ont d'abord créé une première commission pour revoir les
programmes, donc revoir surtout la partie du côté des dépenses.
Mais là où le budget est le plus décevant,
c'est du côté de la relance économique. On a clairement d'abord un impact... On
ne peut s'attendre, en augmentant le fardeau fiscal des Québécois, alors que la
consommation représente 60 % de l'activité économique, que ça n'ait pas un
effet négatif sur l'économie. Et, quand on regarde d'ailleurs les prévisions du
ministre des Finances dans le budget pour les deux prochaines années, bien,
c'est la résignation tranquille, on accepte que le Québec va continuer
d'augmenter son écart de richesse avec le reste du Canada. Et ce qu'on fait,
bien, c'est qu'on pellette par en avant, on crée une deuxième commission,
celle-là sur la fiscalité, et on espère, avec les travaux de cette commission,
d'avoir des mesures pour relancer l'économie. Donc, je pense qu'on peut dire :
cette session parlementaire, qui devait être la session du redressement, c'est
devenu la session du pelletage par en avant. On a perdu 30 000 emplois
depuis le début de l'année, aucune mesure n'est proposée.
Je comprends que l'été s'en vient, mais
moi, j'invite M. Couillard puis surtout toute l'équipe économique à travailler
très fort sur un plan de relance économique parce qu'il n'y a pas de vacances
pour la relance. Et évidemment on pense que, de notre côté, il n'y a pas
nécessité d'attendre les travaux d'une commission, on en a un, plan. J'invite
M. Couillard à lire le livre sur le Projet Saint-Laurent, à s'inspirer entre
autres des zones d'innovation qui poussent, là, dans à peu près toutes les
villes américaines.
Je pense que M. Couillard ne comprend pas
le concept des zones d'innovation. Deux fois, je lui ai posé des questions, il
mélange ça avec des zones franches en fiscalité. Je lui répète en deux mots, là :
une zone d'innovation, c'est mettre ensemble des chercheurs d'université puis
de cégep physiquement dans les mêmes locaux que des entreprises pour être
capables d'innover dans un environnement où on a une qualité de vie
exceptionnelle, donc des parcs, accès aux berges quand c'est possible, une
architecture qui est spéciale. C'est la recette du succès partout dans le
monde.
Donc, je ne comprends pas que M. Couillard
soit obligé de faire une commission parlementaire, être obligé de faire une
commission sur la fiscalité pour trouver des mesures. Puis je trouve ça
malheureux qu'on perde un an. Je pense que l'économie du Québec ne peut pas se
permettre de perdre un an à attendre les résultats d'une commission.
Je dirais malgré tout, soyons honnêtes,
tout n'est pas mauvais. D'abord, on a adopté ensemble le projet de loi
n° 52 sur les soins de fin de vie. Je pense que c'est un signe
encourageant de voir les parlementaires être capables de travailler ensemble.
Je pense aussi que c'était une bonne idée de la part du gouvernement de
mandater le Vérificateur général pour examiner la situation des finances
publiques. Malheureusement, ce qu'on attendait, c'était peut-être encore pire
ce qu'on a eu dans le rapport du Vérificateur général, une hausse des dépenses,
l'année dernière, de plus de 5 %. Je pense que c'est clair, là, que le
Parti québécois, l'année dernière, avait complètement perdu le contrôle des
dépenses. Là, il s'en allait dans le mur puis il pesait sur l'accélérateur avec
les deux pieds. Donc, je trouve ça malheureux de ce côté-là.
Peut-être, en terminant, revenir sur le
dossier de l'évasion de la prison d'Orsainville. Je pense qu'il faut quand même
noter, là, beaucoup de cafouillage de la part de la vice-première ministre.
J'ai demandé à M. Couillard d'avoir une enquête interne. Il a accepté. Par
contre, il n'a toujours pas accepté que le rapport de cette enquête soit donné
en commission parlementaire pour que nous, les élus, puissions poser toutes les
questions. Parce que, si on écoute la vice-première ministre, il semble y avoir
des personnes à des hauts niveaux qui ont menti, selon elle. D'ailleurs, ce
matin, en Chambre, tantôt, je vais déposer une motion pour que tous les
parlementaires réitèrent leur confiance dans le sous-ministre à la Sécurité
publique, dans le D.G. à la Sûreté du Québec et dans la sous-ministre aux
affaires, là… aux services correctionnels.
Donc, je veux être certain, là, que… parce
que, M. Couillard, je lui ai posé la question hier, il a répondu : Oui,
j'ai confiance dans les institutions. Moi, je lui avais posé une question :
Est-ce qu'il a confiance dans ces trois individus, qui sont quand même
importants, là, puis qui sont, je crois, les trois personnes avec qui Mme
Thériault doit parler? Donc, est-ce qu'il y une de ces trois personnes là qui
est visée par les accusations de mensonge de Lise Thériault? Je pense, c'est
important, là, que tout le monde ait confiance dans ces trois personnes. Donc,
on va avoir une motion pour s'en assurer.
Je ne peux pas non plus passer sous
silence ce qu'on a encore vu hier à la commission Charbonneau. Écoutez, on a
des révélations, là, qui s'accumulent. Je l'avais dit durant la campagne
électorale que les Québécois auraient mal à la tête après la campagne. Je pense
qu'on a de plus en plus mal à la tête quand on voit ce qu'il se passe à la
commission Charbonneau. Évidemment, bon, il a été question de l'ADQ, je ne veux
pas éviter le sujet. Moi, je l'ai déjà dit puis je le répète, là : toutes
les sommes qui ont été collectées illégalement, on va les rembourser, même les
sommes qui avaient été collectées par l'ADQ. J'aimerais ça que les deux autres
partis prennent le même engagement.
Et, en terminant, bien, vous dire que je
suis tellement fier de mon équipe, là. Vous commencez à en connaîtres quelques-uns,
mais vous allez, au cours de l'automne, j'en suis certain, continuer à mieux
les connaître, mieux les découvrir puis voir qu'on a vraiment une équipe
exceptionnelle. Ils vont, cet été, évidemment, un peu plus avoir de temps dans
leurs circonscriptions, assister à des barbecues, des épluchettes de blé d'Inde
et toutes les activités naturelles, mais je veux quand même vous assurer que,
malgré ça, on va rester, durant l'été, aux aguets, parce que le gouvernement
Couillard, qui n'a pas fait ses devoirs avant la campagne électorale, bien,
doit profiter de l'été pour faire ses devoirs, et on va les juger ensuite sur
les résultats.
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions. On va commencer avec le micro de gauche,
Alain Laforest.
M. Laforest (Alain)
:
Bonjour, messieurs dames. M. Legault, le Parti québécois a demandé la
démission de Mme Thériault hier. Est-ce que vous allez dans la même voie
ou vous trouvez que c'est exagéré?
M. Legault
: Bien,
nous, ce qu'on veut savoir… c'est que Mme Thériault dit : J'ai
cafouillé parce que je n'ai pas eu des bonnes informations. Bon. Comme je le
disais tantôt, il y a trois personnes, probablement, avec qui elle parle :
le sous-ministre à la Sécurité publique, le D.G. de la Sûreté du Québec et la
sous-ministre associée aux affaires correctionnelles.
Donc, est-ce qu'elle a toujours confiance?
Est-ce qu'il y a une de ces trois personnes qui a menti? Je pense que, tant
qu'on n'a pas cette réponse, c'est difficile de savoir, là, est-ce que le
problème vient de la ministre ou le problème vient d'une de ces trois
personnes-là.
M. Laforest (Alain)
:
Bien, vous savez très bien que vous n'aurez pas l'appui des libéraux pour cette
motion-là ce matin, là, il y a peu de chance, là, compte tenu que vous posez
des questions depuis trois jours puis qu'on ne répond pas. Ça veut dire quoi,
si jamais on n'appuie pas votre motion ce matin?
M. Legault
: Bien, moi,
je m'attends à avoir l'appui du gouvernement, parce que, que le gouvernement
refuse, par exemple, de donner son appui au directeur général de la Sûreté du
Québec, là, je ne vois pas comment il pourrait refuser cet appui-là. Donc, moi,
je m'attends à avoir leur appui. Si on n'a pas leur appui, je pense qu'on va avoir
de sérieuses questions à se poser. Puis on ne peut pas attendre six mois après
l'enquête avant de décider ce qu'on fait avec ces personnes-là.
M. Laforest (Alain)
:
Ça veut dire quoi? S'il n'y a pas l'appui, ça veut dire quoi?
M. Legault
: Bien, s'il
n'y a pas d'appui, ça veut dire qu'il n'a pas… M. Couillard n'a pas
confiance dans ces personnes-là, qui sont des personnes clés. On ne peut pas ne
pas avoir confiance dans le directeur général de la Sûreté du Québec, on ne
peut pas ne pas avoir confiance dans le sous-ministre à la Sécurité publique,
là. Je veux dire, on doit avoir une réponse.
Le Modérateur
: Julien
Lafille.
M. Lafille (Julien)
:
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Lafille (Julien)
:
Bonjour, MM, MMes les députés. Toujours une sous-question concernant ce dossier
d'Orsainville. Qu'est-ce que vous fait de différent, si vous étiez au pouvoir,
dans la gestion de cette crise?
M. Legault
: Bien, d'abord,
on aurait attendu d'avoir les réponses avant de parler aux journalistes. Et évidemment,
là, il faut avoir toute l'information parce qu'il y a beaucoup de questions
sans réponse. Comment se fait-il que, pendant 15 mois, le Parti québécois,
parce que c'étaient eux autres qui étaient au pouvoir, n'ont rien fait suite à
l'évasion par hélicoptère de Saint-Jérôme? Comment ça se fait, là, que les
mesures... Moi, j'aurais demandé : Pourquoi des mesures n'ont pas été
mises en place entre les deux dates d'évasion par hélicoptère? Je pense aussi
qu'il faut avoir toute l'information sur ce que la SQ a dit aux dirigeants de
la prison d'Orsainville concernant la possibilité que ces trois personnes-là
s'évadent. Donc, avoir toute l'information... Je pense qu'actuellement, soit qu'il
y a quelqu'un qui ne fait pas son travail comme il faut, puis là il faut agir rapidement,
ou la ministre a dit n'importe quoi, là. Ce n'est pas mieux.
M. Lafille (Julien)
:
Mais donc est-ce qu'il ne serait pas plus prudent d'attendre les conclusions de
l'enquête avant de critiquer la ministre, justement?
M. Legault
: Bien, écoutez,
là, on ne peut pas attendre six mois avant de savoir si on a toujours confiance
dans un sous-ministre ou dans un directeur général de la police, là. Il y a quand
même des limites, là. Je pense qu'il y a une certaine urgence d'agir.
M. Lafille (Julien)
:
Une autre question sur un autre sujet. Le gouvernement de M. Couillard
promettait de la transparence, un ton respectueux, de la collaboration avec les
oppositions. J'aimerais savoir quel bilan vous faites de cet aspect-là.
M. Legault
: Bien, écoutez,
je pense que le ton est peut-être un peu plus harmonieux qu'avant l'élection. Évidemment,
on n'a pas été pleinement satisfaits de l'entente concernant le temps de parole
à l'Assemblée nationale, puis l'ordre des questions, puis les droits de vote en
commission parlementaire. Mais, écoutez, je pense qu'on va continuer à
travailler. Moi, j'offre ma collaboration pour que le ton soit plus
respectueux.
Le Modérateur
: Régys
Caron.
M. Caron (Régys)
:
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Caron (Régys)
:
Salutations aux membres de votre caucus. Faites-vous toujours confiance à la vice-première
ministre, M. Legault?
M. Legault
: À ce
moment-ci, on n'a pas assez d'information pour être capables de répondre à
cette question-là. Je pense qu'il faut d'abord savoir, là... puis vous avez vu
la non-réponse de Philippe Couillard hier. Est-ce qu'il a… lui, a toujours
confiance dans les personnes clés autour de la ministre? Parce que la ministre
dit : Il y a des gens dans mon entourage qui ont menti. Écoutez, là,
est-ce que c'est la ministre qui est le problème ou ce sont ces personnes clés
là? C'est ça qu'il faut avoir comme réponse avant de pouvoir dire si on a
toujours confiance dans la ministre ou non.
M. Caron (Régys)
: La
demande du Parti québécois est donc prématurée, diriez-vous?
M. Legault
: Je pense
que oui.
M. Caron (Régys)
:
Comment situez-vous la Coalition avenir Québec sur l'échiquier politique, deux
mois après l'élection?
M. Legault
: Ça va de
mieux en mieux. Je pense qu'on a eu une bonne session. Je pense qu'on a joué un
rôle constructif en économie. Prenez le dossier de la prison d'Orsainville, j'étais
content de voir que le gouvernement accepte notre proposition de faire une
enquête interne. Je pense qu'actuellement, évidemment, il va y avoir des
grandes remises en question au Parti québécois.
Puis le Parti libéral, bien, a le fardeau
de la preuve, déjà, a commencé à ne pas livrer la marchandise par rapport à ses
promesses de la campagne électorale. Bien, il sera jugé sur les résultats. Il a
fixé des objectifs ambitieux concernant le contrôle des dépenses, mais sans
plan véritable. On donne la chance au coureur, mais les attentes sont très
élevées. S'il fallait, là, que Philippe Couillard ne livre pas la marchandise
concernant le contrôle des dépenses, je pense qu'il aurait un prix politique
très élevé à payer. Donc, je pense qu'on est bien positionnés.
M. Caron (Régys)
: Vous
demandez une réduction du fardeau fiscal. Le gouvernement fédéral s'achemine
vers d'importants surplus, annonce déjà des baisses d'impôt. Vous ne pensez pas
que l'impulsion économique que vous demandez va venir d'Ottawa?
M. Legault
: Bien, je
pense, ça doit venir des deux gouvernements. On doit tous les deux se donner
cet objectif-là. Puis n'oubliez pas qu'il y a une certaine compétition aussi
avec les autres provinces canadiennes. Donc, si tout ce qu'on a, c'est la même
chose que l'Ontario, bien, on n'y arrivera pas parce que, déjà, quand on
regarde le fardeau fiscal provincial, il est beaucoup plus élevé ici qu'en
Ontario. Donc, on doit faire quelque chose ici aussi, au Québec, puis moi, je
ne crois pas qu'on puisse relancer l'économie du Québec sans une baisse du
fardeau fiscal. Actuellement, les familles sont étouffées.
M. Caron (Régys)
: Mais
les finances publiques, dans l'état où elles sont, le Québec peut-il se
permettre de baisser le fardeau fiscal?
M. Legault
: On ne peut
pas dire : On a seulement une priorité concernant les finances publiques.
Il doit y avoir deux priorités. On a un problème de finances publiques puis on
a un problème économique. On a perdu 30 000 emplois depuis le début de
l'année. Notre écart de richesse continue de grandir avec le reste du Canada.
Il faut agir sur les deux tableaux. Je pense que c'est possible de le faire sur
les deux tableaux.
Évidemment, quand je parle aussi de
réaménager le crédit d'impôt, c'est de prendre l'argent qui est déjà là, mais
de mieux l'utiliser, d'une façon plus moderne, avec des zones d'innovation. M.
Couillard a l'air soit de ne pas comprendre ou de ne pas s'intéresser à ce
dossier-là. Moi, je vous le dis, là, ça prend des zones d'innovation. On peut
créer des dizaines de milliers d'emplois rapidement avec des zones
d'innovation.
Le Modérateur
: Je vais
répéter : une question et une sous-question. M. Salvet, s'il vous plaît.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault. Outre de dire qu'on pellette le problème
en avant, est-ce que vous remettez en question la légitimité des deux commissions
spéciales mises sur pied par le gouvernement, cette façon de procéder?
M. Legault
: Non. C'est
juste... À un moment donné, là, on a beaucoup de comités au Québec, et puis je
pense que le défi, c'est beaucoup plus d'avoir du courage que d'avoir des
rapports. Je pense qu'on en a, des rapports. Christian a fait un rapport très
clair sur les dépenses, on en a un sur les revenus. Là, on a deux commissions
qui vont faire essentiellement le même travail. Comment se fait-il, d'abord,
que le Parti libéral n'a pas fait ses devoirs avant l'élection? M. Couillard a
eu un an.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Le Parti québécois remet en doute la crédibilité de Mme Lucienne Robillard. Est-ce
que vous êtes de cette opinion?
M. Legault
: Non. Je
pense que Mme Robillard a déjà occupé les postes de ministre de l'Éducation, ministre
de la Santé, donc elle connaît les deux gros postes de dépenses. La seule
chose, c'est que je me demande ce qu'elle va apporter de plus à ce qu'on a fait
avec Christian Dubé.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Et puis à quand le remboursement des sommes frauduleusement obtenues par l'ADQ?
M. Legault
: Ah! Bien,
écoutez, dès qu'on reçoit la facture du DGEQ. Mais nous, on s'engage à le
faire. M. Couillard ne s'est pas engagé, lorsqu'il recevra les factures, à
payer. Moi, je voudrais qu'il s'y engage.
Le Modérateur
:
Véronique Prince.
Mme Prince (Véronique)
:
Bonjour, tout le monde.
M. Legault
: Bonjour.
Mme Prince (Véronique)
:
Bonjour. Est-ce que je me trompe ou vous vous entendez mieux, la Coalition
avenir Québec, avec le Parti libéral que ça a été le cas avec le Parti
québécois?
M. Legault
: Je ne peux
pas dire ça, là. Ce que je vois, c'est qu'entre autres au niveau du contrôle
des dépenses il faut les prendre un par un, les dossiers. Sur le contrôle des
dépenses, dernière année, Stéphane Bédard et Nicolas Marceau ont laissé les
dépenses augmenter de 5,7 %. Donc, c'est difficile de s'entendre avec des
gens qui ne contrôlent pas les dépenses, qui les laissent augmenter de
5,7 %.
Là, l'équipe économique de M. Couillard se
fixe des objectifs ambitieux, mais ils viennent d'arriver. On va laisser la
chance au coureur, là. Il ne faut pas que ça se fasse sur le dos des
contribuables, puis ça, malheureusement, ils ont commencé à le faire.
Bon. Puis en économie, bien honnêtement,
je ne vois pas beaucoup de différence, là. Le PQ n'avait pas de plan costaud
pour relancer l'économie du Québec, les libéraux non plus. Donc, c'est blanc
bonnet, bonnet blanc, du côté de la relance économique.
Mme Prince (Véronique)
:
J'ai une question cliché. Quelle note donnez-vous au gouvernement Couillard?
M. Legault
: Ah! Ça, c'est
vous qui donnez les notes, ce n'est pas moi, là, hein? C'est comme un élève qui
noterait lui-même, là. C'est à vous...
Mme Prince (Véronique)
:
Non, je ne vous demande pas de vous noter, je vous demande de noter le
gouvernement Couillard.
M. Legault
: Ah! Le
gouvernement? Bien, écoutez, moi, je dirais cinq sur 10. Il y a...
Mme Prince (Véronique)
:
Même pas la note de passage?
M. Legault
: Je pense
10 sur 10 sur les objectifs de contrôle des dépenses, mais zéro sur 10 sur la
relance économique. Donc, ça fait une moyenne de cinq sur 10.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac.
Mme Prince (Véronique)
:
Vous êtes sûr que ne vous voulez pas vous noter, là?
M. Legault
: Non.
M. Dutrisac (Robert)
:
Bonjour mesdames, bonjour messieurs. J'essaie de comprendre votre position en
matière de crédit d'impôt. Vous dites : Il faut abolir les crédits
d'impôt, les rediriger vers des zones d'innovation. Mme Samson s'est levée
hier, pour dire : Écoutez, couper 20 % des crédits d'impôt en matière
de production télévisuelle ou cinématographique, ça n'a pas d'allure.
Est-ce que vous ne faites pas, justement… vous ne
tombez pas dans le clientélisme en défendant des crédits d'impôt spécifiques,
alors que vous prônez l'abolition des crédits d'impôt spécifiques?
M. Legault
: Surtout
pas, surtout pas. Ce qu'il faut, là, c'est de faire dans la nuance. Si vous
relisez les documents qui avaient été déposés à l'époque par Stéphane Le
Bouyonnec, là, vous allez voir, entre autres, il y a 700 millions de crédits
d'impôt sur la recherche et développement, qui ne donnent pas des bons
résultats. Nous, on dit : On devrait redéployer ces 700 millions de crédits
d'impôt. Quand on parle du cinéma, on a des crédits d'impôt qui coûtent 90 millions,
mais qui rapportent 300 millions. Ce n'est pas une question de
clientélisme, là, c'est une question de gros bon sens économique. Je veux dire,
si on sauve 90 millions, mais qu'on en perd 300 millions, comme le
disait… où est-ce qu'elle est, mon amie Claire? C'était quoi, ton exemple,
déjà?
Mme Samson : Mon exemple de
St-Hubert?
M. Legault
: Oui.
Mme Samson : Alors, mon
exemple, c'était comme si le président de St-Hubert Bar-B-Q annonçait à son
conseil d'administration qu'ils ne feront plus de livraison pour économiser sur
l'essence, sans leur dire toutefois combien de quarts, poitrines ils ne
vendront plus. Alors, il faut calculer le retour.
M. Dutrisac (Robert)
: Donc,
c'est par une analyse de ces crédits d'impôt là, spécifiques, en fonction de
leur rentabilité. Ceux qui vont être avec l'image, vous allez les garder.
M. Legault
: Bien, effectivement…
Bien, on voit, là, quand on regarde la recherche et développement, quand on
regarde le nombre de brevets qu'on dépose, on est mauvais au Québec, O.K., on
est parmi les derniers dans le monde. Donc, il faut être capable à un moment
donné de dire : Le 700 millions qu'on met en R&D ne donne pas des
bons résultats, ni au niveau de la productivité, ni au niveau des brevets.
Donc, actuellement, la formule qui
fonctionne, là, c'est de dire, entre autres aux départements, aux facultés de
génie : Rapprochez-vous physiquement des entrepreneurs, des entreprises,
dans un milieu qui est agréable, où même on a des impacts positifs au niveau de
l'environnement, parce qu'il y a aussi des résidences, donc les travailleurs
vont travailler à pied ou à vélo, donc moins d'autos. Il y a des parcs, on a
accès aux berges, c'est beau, on attire les meilleurs chercheurs du monde, qui
travaillent avec les meilleurs entrepreneurs. C'est ça qui marche.
On a, je dirais, une dizaine, là, de zones
d'innovation, mais c'est des petites zones d'innovation. Il faut accélérer ce
développement-là, il faut le faire dans Lanaudière, il faut le faire en
Montérégie, il faut le faire à Trois-Rivières, il faut le faire à
Lévis — hein, je vais me faire chicaner, si on ne le dit pas — donc,
c'est ça qu'il faut, là, développer des zones d'innovation. Puis j'ai même
envoyé un document, là… Je vous invite, là, je l'ai envoyé sur Twitter
à Philippe Couillard, allez lire ça, c'est ça qui marche aux États-Unis,
c'est ça qui marche dans le monde, à Stockholm, à Barcelone. Philippe
Couillard, il n'a pas encore compris ça. Donc, je ne sais pas s'il fait juste
des lectures en santé, là, mais qu'il fasse un petit peu de lecture en économie
cet été.
Le Modérateur
: Martine
Biron.
Mme Biron (Martine)
:
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
Mme Biron (Martine)
:
Bonjour, messieurs dames les députés. Je vais suivre un peu dans la lignée de
ma collègue qui disait : Vous êtes plus proches des libéraux que des
péquistes, mais n'empêche, on sent que vous êtes dans la mouvance libérale, c'est-à-dire
qu'ils parlent de ménage, ça fait votre affaire. Je regarde le projet de loi
sur les régimes de retraite, vous êtes dans cette lignée-là. Vous êtes assez
proches, finalement.
M. Legault
: Sur le
contrôle des dépenses, vous avez raison, quoiqu'on doit voir s'ils vont livrer
la marchandise, là. Parce que, je vous donne un exemple, hier, que j'ai vécu
hier, là… Est-ce que Gérard est ici, à matin? Il n'est pas là.
Martin Coiteux, O.K — moi, je
suis allé aux HEC, je connais bien Martin Coiteux, prof des
HEC — Martin Coiteux ne peut pas ne pas comprendre que ça n'a pas
d'allure, ce qu'on fait avec l'éolien. Tu sais, je veux dire, on subventionne
des jobs à 200 000 $ par année pour créer des jobs à
48 000 $ par année, tu sais. Il me semble même, tu n'as pas besoin d'être
prof aux HEC pour comprendre ça. Et là Martin Coiteux, parce qu'il est devenu
ministre libéral, bien, il a l'air à accepter ça, ces mauvaises façons de
faire.
Moi, je m'attends à un certain débat à
l'interne, là, tu sais. J'avoue que j'ai pas mal plus confiance en Martin
Coiteux qu'en M. Leitão, puis M. Couillard, puis M. Daoust. Mais quel poids M.
Coiteux va-t-il avoir? C'est certain, là, qu'on parle un peu le même langage
que M. Coiteux. Mais il est-u pesant? Est-ce que M. Couillard va l'écouter? Il
va-tu avoir le courage? C'est ça qu'on va vivre, là, dans les prochains mois.
Là, il s'est donné un budget, là,
ambitieux, avec des cibles ambitieuses. Mais va-t-il livrer la marchandise ou
s'il va faire patate comme M. Charest en 2003 avec sa réingénierie qui a mené
nulle part, puis qu'il a dit à Monique Jérôme-Forget après six mois : Je
ne veux plus entendre le mot «réingénierie», là? Tu sais, c'est… Est-ce que,
là, c'est juste des voeux pieux, et on va ne pas livrer, ou si on va livrer?
Mais c'est sûr qu'on… Quand je regarde les
cibles en termes de contrôle de dépenses, bien, on s'entend mieux avec ces
cibles-là qu'avec ce que proposait Nicolas Marceau puis Stéphane Bédard, c'est
certain.
Mme Biron (Martine)
:
Sur Orsainville, sur la motion que vous allez déposer aujourd'hui, vous avez
dit tout à l'heure : On ne peut pas être contre le directeur général de la
SQ, on ne peut pas être contre ci et ça. Autrement dit, vous ne pensez pas,
vous, que ce soient ces têtes dirigeantes, en fait, qui sont responsables du
mensonge ou qui auraient mal informé la ministre.
M. Legault
: Bien, moi,
je veux savoir, là...
Mme Biron (Martine)
:
Mais est-ce que ce n'est pas finalement…
M. Legault
: Je suis
certain que la ministre, là, ne parle pas au gars qui donne des tickets, là,
sur le bord de la route, là. Elle doit parler au D.G. de la SQ quand elle parle
à la SQ. Donc, quand elle dit que quelqu'un lui a menti, bien, on a besoin de
savoir, là, c'est qui qui lui a menti.
Mme Biron (Martine) : Mais est-ce
que cette motion-là n'est pas là pour ça, justement, pour essayer de savoir si
ce sont ces gens-là qui auraient menti?
M. Legault
: Bien, effectivement,
parce que j'ai posé la question hier à M. Couillard, puis il a détourné la
réponse en disant : J'ai confiance dans les institutions. Mais il ne nous
a jamais dit s'il avait confiance dans ces trois individus là.
Le Modérateur
: Période
de questions oblige, ça va être la dernière question en français. Michel Pépin.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour.
M. Legault
: Bonjour.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour à tous. Je veux revenir un peu sur une question de Martine et d'autres
aussi concernant la différence entre vous et le Parti libéral. Dans le fond,
là, ce n'est peut-être pas de votre faute, là, on peut peut-être dire que c'est
le Parti libéral qui s'est rapproché de vous, c'est possible. Mais qu'est-ce
qui vous différencie maintenant? Qu'est-ce qui différencie la CAQ du Parti
libéral?
M. Legault
: Moi, je
dirais…
M. Pépin (Michel)
:
Vous n'arrêtez pas de dire qu'ils vous volent des idées.
M. Legault
: Non, non,
mais, regardez, là, je pense… Non, non, mais je vous explique, là. Pour nous,
il y a deux grandes priorités : mieux contrôler les dépenses, O.K. Là, le
Parti libéral semble avoir copié nos objectifs, mais on ne sait toujours pas
s'ils ont un plan. Nous, on avait un plan. O.K.?
Du côté de l'économie, ils n'ont rien
proposé, ils pellettent par en avant, en disant : Je vais avoir une
commission avec Luc Godbout qui va regarder ça puis qui va nous faire des
suggestions. Puis là, même d'ailleurs assez inquiétant ce que j'ai entendu de
M. Leitão aujourd'hui, qu'on pourrait augmenter les taxes à la consommation et
diminuer les impôts, puis qu'au net il pourrait y avoir une facture même pour
la classe moyenne. Wo! Ce n'est pas comme ça qu'on va relancer l'économie, là.
Donc, effectivement, la différence, c'est
que je pense qu'on a un plan, on est plus visionnaires, on a fait nos devoirs
concernant l'économie. Puis il reste que je pense aussi qu'on a une approche
plus nationaliste. On va avoir des dossiers… Nous, on était pour une charte.
Nous, on pense qu'il faut défendre le français, donc on est plus nationalistes.
On va voir comment M. Couillard va négocier avec Ottawa, mais je pense que,
nous, c'est le Québec d'abord, alors que M. Couillard, c'est le Canada d'abord.
Le Modérateur
:
Philippe Lessard.
M. Teisceira-Lessard (Philippe) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Teisceira-Lessard (Philippe) :
Lors de plein de déclenchements d'enquêtes administratives dans des entreprises
ou dans des organisations publiques, on suspend ou on relègue à des tâches
administratives les gens qui font l'objet de cette enquête-là. Est-ce que vous
pensez que c'est une bonne avenue pour cette enquête administrative ci?
M. Legault
: Bien,
suspendre ou carrément congédier, mais on ne peut pas avoir des doutes sur le
sous-ministre à la Sécurité publique, le directeur général de la Sûreté du
Québec et la sous-ministre associée aux services correctionnels. On ne peut pas
avoir des doutes, là.
M. Teisceira-Lessard (Philippe) :
…
M. Legault
: …une
suspension parce qu'on n'est pas certains ou c'est un congédiement parce qu'on
pense vraiment qu'une de ces personnes nous a menti, mais on ne peut pas garder
en poste des personnes qui prennent des décisions à chaque semaine, des
décisions importantes.
M. Teisceira-Lessard (Philippe) :
Encore très rapidement, est-ce que le bilan que vous tracez des deux mois et
demi du gouvernement Couillard est meilleur que le bilan que vous tracez des
18 mois du gouvernement Marois? Bref, est-ce que le gouvernement Couillard
a été meilleur que le gouvernement Marois?
M. Legault
: Oui, sur
les objectifs. Évidemment, on a deux mois de faits, là, donc on ne peut pas
parler d'objectifs. Comme je vous disais tantôt, il y a deux priorités. Sur le
contrôle des dépenses, on est satisfaits des objectifs qui ont été fixés. Donc,
sur ce point-là, ils sont meilleurs que le PQ. Sur l'économie, c'est zéro pour
les deux. Donc, les deux n'avaient pas de plan, et, on l'a vu encore le mois
dernier, ils continuent à perdre beaucoup d'emplois, surtout des emplois de
qualité, des emplois bien payés, des emplois permanents. C'est inquiétant, la situation
économique. On est à contresens de tout le reste de l'Amérique du Nord.
Le Modérateur
: Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline)
: Mr. Legault, good morning.
M. Legault
: Bonjour. Hi.
Mme Plante (Caroline)
: Good morning. Good morning to you all. And, first of all, should...
do you agree with the PQ that Lise Thériault should step down?
M. Legault
: I think it's too soon to answer this question. Right now, what we'll ask this morning, we'll table a motion to
ask if they still have confidence in the General Director of the Sûreté du Québec and in the Deputy Minister
of Mrs. Thériault. So we need
to know… because she said that they lied, so we need to know who's wrong. But,
at this point, we can not say that it's the fault of Mrs. Thériault.
Mme Plante (Caroline)
: And, if we look at what have been achieved in this session... You know, we had a budget, we had
Bill 52 that passed, Bill 1, two commissions that were launched on program reviews and fiscal reform. So it
seems to me that the Liberal objectives were met. They said that they would do
these things and they did them. But do you see things otherwise?
M. Legault
: OK. I think we have, in Québec, two important priorities : have a better control over
expenses... I think that the targets that were settled in the budget were right, but still, they shoveled
the measures needed to reach those targets. They put in place a first commission on programs. Regarding kicking
the economy, I think, there, we have no measures, no important measure in the
budget, and we have a committee... a commission with Mr. Godbout, so we'll lose one year and we can not
afford, with the economic situation in Québec, to lose
one year.
Mme Plante (Caroline)
: But can you really talk about broken promises?
M. Legault
: I think they also broke promises regarding taxpayers. I think it's
clear, Mr. Couillard said, during the electoral campaign that he would not
increase the tax burden and he already announced that he's increasing
electricity tariffs by 4% and school taxes by 8%. So,
unfortunately, he already broke two important promises.
Le Modérateur
:
Thomas.
Journaliste :
Bonjour. How would you compare the Liberals' two or three months in power to
the PQ's 18 months?
M. Legault
:
I think that, so far, the Liberals seem to have targets to better control the
growth of expenses than the PQ, but, regarding the economic measures to stop
losing jobs in Québec, I think that they are just like the PQ. They have no
plan.
Journaliste :
And one more thing. The Charbonneau inquiry, this morning, an email showed an
invite to meet with Premier Jean Charest from 2009, but he had to pay two…
rather $500 to be at the meeting, to meet with the Premier. What does that
demonstrate, do you think?
M. Legault
:
I think that, with all what we are hearing still at the Charbonneau Commission,
I said it during the electoral campaign that we would have a headache after the
election. That's what's happening. We hear everyday ways of doing things at the
Liberal Party but also at the Parti québécois, where they were collecting
money, being friends with the engineering firms, and I think we have to stop
this way of doing things.
Journaliste :
Do you think these practices still exist within the Liberal Party? Is that what
you're suggesting?
M. Legault
:
You have to ask the question to Mr. Couillard. Merci. Thank you.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Thank you.
M. Legault
: Merci tout
le monde.
(Fin à 9 h 59)