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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Friday, June 13, 2014, 9 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-cinq minutes)

M. Legault : Bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, on arrive à la fin de cette courte session. C'est certain que les attentes étaient très élevées envers ce nouveau gouvernement de M. Couillard. Je pense qu'on a assisté à un faux départ annoncé. On avait quelqu'un qui avait fait beaucoup de promesses durant la campagne électorale, et plusieurs de ces promesses ont été brisées.

La plus importante, celle concernant le fardeau fiscal des contribuables... M. Couillard avait dit clairement, durant la campagne électorale, qu'il ne hausserait pas le fardeau fiscal des Québécois. Or, il s'est empressé, dès le début de la session, de renier sa promesse concernant les tarifs d'électricité. Donc, il avait promis de les mettre au niveau de l'inflation, finalement il y aura augmentation de 4,3 %. On se souvient tous aussi, évidemment, des taxes scolaires. Les libéraux étaient les premiers à dénoncer les façons de faire du Parti québécois; or ils font exactement la même chose. On apprend, dans les documents budgétaires, que les taxes scolaires des Québécois, cette année, vont augmenter de 8 %. Donc, c'est une promesse brisée, puis je pense que le premier et le grand perdant de ces premiers deux mois, bien, ce sont les contribuables.

De l'autre côté, on a eu, évidemment, un budget qui a été déposé. Un budget où il y a des objectifs très ambitieux, par contre, très peu de moyens. Je pense que ce qu'on voit, c'est que le gouvernement et le Parti libéral n'avaient pas fait leurs devoirs, ils n'étaient pas prêts à gouverner. Donc, ils ont d'abord créé une première commission pour revoir les programmes, donc revoir surtout la partie du côté des dépenses.

Mais là où le budget est le plus décevant, c'est du côté de la relance économique. On a clairement d'abord un impact... On ne peut s'attendre, en augmentant le fardeau fiscal des Québécois, alors que la consommation représente 60 % de l'activité économique, que ça n'ait pas un effet négatif sur l'économie. Et, quand on regarde d'ailleurs les prévisions du ministre des Finances dans le budget pour les deux prochaines années, bien, c'est la résignation tranquille, on accepte que le Québec va continuer d'augmenter son écart de richesse avec le reste du Canada. Et ce qu'on fait, bien, c'est qu'on pellette par en avant, on crée une deuxième commission, celle-là sur la fiscalité, et on espère, avec les travaux de cette commission, d'avoir des mesures pour relancer l'économie. Donc, je pense qu'on peut dire : cette session parlementaire, qui devait être la session du redressement, c'est devenu la session du pelletage par en avant. On a perdu 30 000 emplois depuis le début de l'année, aucune mesure n'est proposée.

Je comprends que l'été s'en vient, mais moi, j'invite M. Couillard puis surtout toute l'équipe économique à travailler très fort sur un plan de relance économique parce qu'il n'y a pas de vacances pour la relance. Et évidemment on pense que, de notre côté, il n'y a pas nécessité d'attendre les travaux d'une commission, on en a un, plan. J'invite M. Couillard à lire le livre sur le Projet Saint-Laurent, à s'inspirer entre autres des zones d'innovation qui poussent, là, dans à peu près toutes les villes américaines.

Je pense que M. Couillard ne comprend pas le concept des zones d'innovation. Deux fois, je lui ai posé des questions, il mélange ça avec des zones franches en fiscalité. Je lui répète en deux mots, là : une zone d'innovation, c'est mettre ensemble des chercheurs d'université puis de cégep physiquement dans les mêmes locaux que des entreprises pour être capables d'innover dans un environnement où on a une qualité de vie exceptionnelle, donc des parcs, accès aux berges quand c'est possible, une architecture qui est spéciale. C'est la recette du succès partout dans le monde.

Donc, je ne comprends pas que M. Couillard soit obligé de faire une commission parlementaire, être obligé de faire une commission sur la fiscalité pour trouver des mesures. Puis je trouve ça malheureux qu'on perde un an. Je pense que l'économie du Québec ne peut pas se permettre de perdre un an à attendre les résultats d'une commission.

Je dirais malgré tout, soyons honnêtes, tout n'est pas mauvais. D'abord, on a adopté ensemble le projet de loi n° 52 sur les soins de fin de vie. Je pense que c'est un signe encourageant de voir les parlementaires être capables de travailler ensemble. Je pense aussi que c'était une bonne idée de la part du gouvernement de mandater le Vérificateur général pour examiner la situation des finances publiques. Malheureusement, ce qu'on attendait, c'était peut-être encore pire ce qu'on a eu dans le rapport du Vérificateur général, une hausse des dépenses, l'année dernière, de plus de 5 %. Je pense que c'est clair, là, que le Parti québécois, l'année dernière, avait complètement perdu le contrôle des dépenses. Là, il s'en allait dans le mur puis il pesait sur l'accélérateur avec les deux pieds. Donc, je trouve ça malheureux de ce côté-là.

Peut-être, en terminant, revenir sur le dossier de l'évasion de la prison d'Orsainville. Je pense qu'il faut quand même noter, là, beaucoup de cafouillage de la part de la vice-première ministre. J'ai demandé à M. Couillard d'avoir une enquête interne. Il a accepté. Par contre, il n'a toujours pas accepté que le rapport de cette enquête soit donné en commission parlementaire pour que nous, les élus, puissions poser toutes les questions. Parce que, si on écoute la vice-première ministre, il semble y avoir des personnes à des hauts niveaux qui ont menti, selon elle. D'ailleurs, ce matin, en Chambre, tantôt, je vais déposer une motion pour que tous les parlementaires réitèrent leur confiance dans le sous-ministre à la Sécurité publique, dans le D.G. à la Sûreté du Québec et dans la sous-ministre aux affaires, là… aux services correctionnels.

Donc, je veux être certain, là, que… parce que, M. Couillard, je lui ai posé la question hier, il a répondu : Oui, j'ai confiance dans les institutions. Moi, je lui avais posé une question : Est-ce qu'il a confiance dans ces trois individus, qui sont quand même importants, là, puis qui sont, je crois, les trois personnes avec qui Mme Thériault doit parler? Donc, est-ce qu'il y une de ces trois personnes là qui est visée par les accusations de mensonge de Lise Thériault? Je pense, c'est important, là, que tout le monde ait confiance dans ces trois personnes. Donc, on va avoir une motion pour s'en assurer.

Je ne peux pas non plus passer sous silence ce qu'on a encore vu hier à la commission Charbonneau. Écoutez, on a des révélations, là, qui s'accumulent. Je l'avais dit durant la campagne électorale que les Québécois auraient mal à la tête après la campagne. Je pense qu'on a de plus en plus mal à la tête quand on voit ce qu'il se passe à la commission Charbonneau. Évidemment, bon, il a été question de l'ADQ, je ne veux pas éviter le sujet. Moi, je l'ai déjà dit puis je le répète, là : toutes les sommes qui ont été collectées illégalement, on va les rembourser, même les sommes qui avaient été collectées par l'ADQ. J'aimerais ça que les deux autres partis prennent le même engagement.

Et, en terminant, bien, vous dire que je suis tellement fier de mon équipe, là. Vous commencez à en connaîtres quelques-uns, mais vous allez, au cours de l'automne, j'en suis certain, continuer à mieux les connaître, mieux les découvrir puis voir qu'on a vraiment une équipe exceptionnelle. Ils vont, cet été, évidemment, un peu plus avoir de temps dans leurs circonscriptions, assister à des barbecues, des épluchettes de blé d'Inde et toutes les activités naturelles, mais je veux quand même vous assurer que, malgré ça, on va rester, durant l'été, aux aguets, parce que le gouvernement Couillard, qui n'a pas fait ses devoirs avant la campagne électorale, bien, doit profiter de l'été pour faire ses devoirs, et on va les juger ensuite sur les résultats.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions. On va commencer avec le micro de gauche, Alain Laforest.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, messieurs dames. M. Legault, le Parti québécois a demandé la démission de Mme Thériault hier. Est-ce que vous allez dans la même voie ou vous trouvez que c'est exagéré?

M. Legault : Bien, nous, ce qu'on veut savoir… c'est que Mme Thériault dit : J'ai cafouillé parce que je n'ai pas eu des bonnes informations. Bon. Comme je le disais tantôt, il y a trois personnes, probablement, avec qui elle parle : le sous-ministre à la Sécurité publique, le D.G. de la Sûreté du Québec et la sous-ministre associée aux affaires correctionnelles.

Donc, est-ce qu'elle a toujours confiance? Est-ce qu'il y a une de ces trois personnes qui a menti? Je pense que, tant qu'on n'a pas cette réponse, c'est difficile de savoir, là, est-ce que le problème vient de la ministre ou le problème vient d'une de ces trois personnes-là.

M. Laforest (Alain) : Bien, vous savez très bien que vous n'aurez pas l'appui des libéraux pour cette motion-là ce matin, là, il y a peu de chance, là, compte tenu que vous posez des questions depuis trois jours puis qu'on ne répond pas. Ça veut dire quoi, si jamais on n'appuie pas votre motion ce matin?

M. Legault : Bien, moi, je m'attends à avoir l'appui du gouvernement, parce que, que le gouvernement refuse, par exemple, de donner son appui au directeur général de la Sûreté du Québec, là, je ne vois pas comment il pourrait refuser cet appui-là. Donc, moi, je m'attends à avoir leur appui. Si on n'a pas leur appui, je pense qu'on va avoir de sérieuses questions à se poser. Puis on ne peut pas attendre six mois après l'enquête avant de décider ce qu'on fait avec ces personnes-là.

M. Laforest (Alain) : Ça veut dire quoi? S'il n'y a pas l'appui, ça veut dire quoi?

M. Legault : Bien, s'il n'y a pas d'appui, ça veut dire qu'il n'a pas… M. Couillard n'a pas confiance dans ces personnes-là, qui sont des personnes clés. On ne peut pas ne pas avoir confiance dans le directeur général de la Sûreté du Québec, on ne peut pas ne pas avoir confiance dans le sous-ministre à la Sécurité publique, là. Je veux dire, on doit avoir une réponse.

Le Modérateur : Julien Lafille.

M. Lafille (Julien) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

M. Lafille (Julien) : Bonjour, MM, MMes les députés. Toujours une sous-question concernant ce dossier d'Orsainville. Qu'est-ce que vous fait de différent, si vous étiez au pouvoir, dans la gestion de cette crise?

M. Legault : Bien, d'abord, on aurait attendu d'avoir les réponses avant de parler aux journalistes. Et évidemment, là, il faut avoir toute l'information parce qu'il y a beaucoup de questions sans réponse. Comment se fait-il que, pendant 15 mois, le Parti québécois, parce que c'étaient eux autres qui étaient au pouvoir, n'ont rien fait suite à l'évasion par hélicoptère de Saint-Jérôme? Comment ça se fait, là, que les mesures... Moi, j'aurais demandé : Pourquoi des mesures n'ont pas été mises en place entre les deux dates d'évasion par hélicoptère? Je pense aussi qu'il faut avoir toute l'information sur ce que la SQ a dit aux dirigeants de la prison d'Orsainville concernant la possibilité que ces trois personnes-là s'évadent. Donc, avoir toute l'information... Je pense qu'actuellement, soit qu'il y a quelqu'un qui ne fait pas son travail comme il faut, puis là il faut agir rapidement, ou la ministre a dit n'importe quoi, là. Ce n'est pas mieux.

M. Lafille (Julien) : Mais donc est-ce qu'il ne serait pas plus prudent d'attendre les conclusions de l'enquête avant de critiquer la ministre, justement?

M. Legault : Bien, écoutez, là, on ne peut pas attendre six mois avant de savoir si on a toujours confiance dans un sous-ministre ou dans un directeur général de la police, là. Il y a quand même des limites, là. Je pense qu'il y a une certaine urgence d'agir.

M. Lafille (Julien) : Une autre question sur un autre sujet. Le gouvernement de M. Couillard promettait de la transparence, un ton respectueux, de la collaboration avec les oppositions. J'aimerais savoir quel bilan vous faites de cet aspect-là.

M. Legault : Bien, écoutez, je pense que le ton est peut-être un peu plus harmonieux qu'avant l'élection. Évidemment, on n'a pas été pleinement satisfaits de l'entente concernant le temps de parole à l'Assemblée nationale, puis l'ordre des questions, puis les droits de vote en commission parlementaire. Mais, écoutez, je pense qu'on va continuer à travailler. Moi, j'offre ma collaboration pour que le ton soit plus respectueux.

Le Modérateur : Régys Caron.

M. Caron (Régys) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

M. Caron (Régys) : Salutations aux membres de votre caucus. Faites-vous toujours confiance à la vice-première ministre, M. Legault?

M. Legault : À ce moment-ci, on n'a pas assez d'information pour être capables de répondre à cette question-là. Je pense qu'il faut d'abord savoir, là... puis vous avez vu la non-réponse de Philippe Couillard hier. Est-ce qu'il a… lui, a toujours confiance dans les personnes clés autour de la ministre? Parce que la ministre dit : Il y a des gens dans mon entourage qui ont menti. Écoutez, là, est-ce que c'est la ministre qui est le problème ou ce sont ces personnes clés là? C'est ça qu'il faut avoir comme réponse avant de pouvoir dire si on a toujours confiance dans la ministre ou non.

M. Caron (Régys) : La demande du Parti québécois est donc prématurée, diriez-vous?

M. Legault : Je pense que oui.

M. Caron (Régys) : Comment situez-vous la Coalition avenir Québec sur l'échiquier politique, deux mois après l'élection?

M. Legault : Ça va de mieux en mieux. Je pense qu'on a eu une bonne session. Je pense qu'on a joué un rôle constructif en économie. Prenez le dossier de la prison d'Orsainville, j'étais content de voir que le gouvernement accepte notre proposition de faire une enquête interne. Je pense qu'actuellement, évidemment, il va y avoir des grandes remises en question au Parti québécois.

Puis le Parti libéral, bien, a le fardeau de la preuve, déjà, a commencé à ne pas livrer la marchandise par rapport à ses promesses de la campagne électorale. Bien, il sera jugé sur les résultats. Il a fixé des objectifs ambitieux concernant le contrôle des dépenses, mais sans plan véritable. On donne la chance au coureur, mais les attentes sont très élevées. S'il fallait, là, que Philippe Couillard ne livre pas la marchandise concernant le contrôle des dépenses, je pense qu'il aurait un prix politique très élevé à payer. Donc, je pense qu'on est bien positionnés.

M. Caron (Régys) : Vous demandez une réduction du fardeau fiscal. Le gouvernement fédéral s'achemine vers d'importants surplus, annonce déjà des baisses d'impôt. Vous ne pensez pas que l'impulsion économique que vous demandez va venir d'Ottawa?

M. Legault : Bien, je pense, ça doit venir des deux gouvernements. On doit tous les deux se donner cet objectif-là. Puis n'oubliez pas qu'il y a une certaine compétition aussi avec les autres provinces canadiennes. Donc, si tout ce qu'on a, c'est la même chose que l'Ontario, bien, on n'y arrivera pas parce que, déjà, quand on regarde le fardeau fiscal provincial, il est beaucoup plus élevé ici qu'en Ontario. Donc, on doit faire quelque chose ici aussi, au Québec, puis moi, je ne crois pas qu'on puisse relancer l'économie du Québec sans une baisse du fardeau fiscal. Actuellement, les familles sont étouffées.

M. Caron (Régys) : Mais les finances publiques, dans l'état où elles sont, le Québec peut-il se permettre de baisser le fardeau fiscal?

M. Legault : On ne peut pas dire : On a seulement une priorité concernant les finances publiques. Il doit y avoir deux priorités. On a un problème de finances publiques puis on a un problème économique. On a perdu 30 000 emplois depuis le début de l'année. Notre écart de richesse continue de grandir avec le reste du Canada. Il faut agir sur les deux tableaux. Je pense que c'est possible de le faire sur les deux tableaux.

Évidemment, quand je parle aussi de réaménager le crédit d'impôt, c'est de prendre l'argent qui est déjà là, mais de mieux l'utiliser, d'une façon plus moderne, avec des zones d'innovation. M. Couillard a l'air soit de ne pas comprendre ou de ne pas s'intéresser à ce dossier-là. Moi, je vous le dis, là, ça prend des zones d'innovation. On peut créer des dizaines de milliers d'emplois rapidement avec des zones d'innovation.

Le Modérateur : Je vais répéter : une question et une sous-question. M. Salvet, s'il vous plaît.

M. Salvet (Jean-Marc) : Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault. Outre de dire qu'on pellette le problème en avant, est-ce que vous remettez en question la légitimité des deux commissions spéciales mises sur pied par le gouvernement, cette façon de procéder?

M. Legault : Non. C'est juste... À un moment donné, là, on a beaucoup de comités au Québec, et puis je pense que le défi, c'est beaucoup plus d'avoir du courage que d'avoir des rapports. Je pense qu'on en a, des rapports. Christian a fait un rapport très clair sur les dépenses, on en a un sur les revenus. Là, on a deux commissions qui vont faire essentiellement le même travail. Comment se fait-il, d'abord, que le Parti libéral n'a pas fait ses devoirs avant l'élection? M. Couillard a eu un an.

M. Salvet (Jean-Marc) : Le Parti québécois remet en doute la crédibilité de Mme Lucienne Robillard. Est-ce que vous êtes de cette opinion?

M. Legault : Non. Je pense que Mme Robillard a déjà occupé les postes de ministre de l'Éducation, ministre de la Santé, donc elle connaît les deux gros postes de dépenses. La seule chose, c'est que je me demande ce qu'elle va apporter de plus à ce qu'on a fait avec Christian Dubé.

M. Salvet (Jean-Marc) : Et puis à quand le remboursement des sommes frauduleusement obtenues par l'ADQ?

M. Legault : Ah! Bien, écoutez, dès qu'on reçoit la facture du DGEQ. Mais nous, on s'engage à le faire. M. Couillard ne s'est pas engagé, lorsqu'il recevra les factures, à payer. Moi, je voudrais qu'il s'y engage.

Le Modérateur : Véronique Prince.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour, tout le monde.

M. Legault : Bonjour.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour. Est-ce que je me trompe ou vous vous entendez mieux, la Coalition avenir Québec, avec le Parti libéral que ça a été le cas avec le Parti québécois?

M. Legault : Je ne peux pas dire ça, là. Ce que je vois, c'est qu'entre autres au niveau du contrôle des dépenses il faut les prendre un par un, les dossiers. Sur le contrôle des dépenses, dernière année, Stéphane Bédard et Nicolas Marceau ont laissé les dépenses augmenter de 5,7 %. Donc, c'est difficile de s'entendre avec des gens qui ne contrôlent pas les dépenses, qui les laissent augmenter de 5,7 %.

Là, l'équipe économique de M. Couillard se fixe des objectifs ambitieux, mais ils viennent d'arriver. On va laisser la chance au coureur, là. Il ne faut pas que ça se fasse sur le dos des contribuables, puis ça, malheureusement, ils ont commencé à le faire.

Bon. Puis en économie, bien honnêtement, je ne vois pas beaucoup de différence, là. Le PQ n'avait pas de plan costaud pour relancer l'économie du Québec, les libéraux non plus. Donc, c'est blanc bonnet, bonnet blanc, du côté de la relance économique.

Mme Prince (Véronique) : J'ai une question cliché. Quelle note donnez-vous au gouvernement Couillard?

M. Legault : Ah! Ça, c'est vous qui donnez les notes, ce n'est pas moi, là, hein? C'est comme un élève qui noterait lui-même, là. C'est à vous...

Mme Prince (Véronique) : Non, je ne vous demande pas de vous noter, je vous demande de noter le gouvernement Couillard.

M. Legault : Ah! Le gouvernement? Bien, écoutez, moi, je dirais cinq sur 10. Il y a...

Mme Prince (Véronique) : Même pas la note de passage?

M. Legault : Je pense 10 sur 10 sur les objectifs de contrôle des dépenses, mais zéro sur 10 sur la relance économique. Donc, ça fait une moyenne de cinq sur 10.

Le Modérateur : Robert Dutrisac.

Mme Prince (Véronique) : Vous êtes sûr que ne vous voulez pas vous noter, là?

M. Legault : Non.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour mesdames, bonjour messieurs. J'essaie de comprendre votre position en matière de crédit d'impôt. Vous dites : Il faut abolir les crédits d'impôt, les rediriger vers des zones d'innovation. Mme Samson s'est levée hier, pour dire : Écoutez, couper 20 % des crédits d'impôt en matière de production télévisuelle ou cinématographique, ça n'a pas d'allure.

Est-ce que vous ne faites pas, justement… vous ne tombez pas dans le clientélisme en défendant des crédits d'impôt spécifiques, alors que vous prônez l'abolition des crédits d'impôt spécifiques?

M. Legault : Surtout pas, surtout pas. Ce qu'il faut, là, c'est de faire dans la nuance. Si vous relisez les documents qui avaient été déposés à l'époque par Stéphane Le Bouyonnec, là, vous allez voir, entre autres, il y a 700 millions de crédits d'impôt sur la recherche et développement, qui ne donnent pas des bons résultats. Nous, on dit : On devrait redéployer ces 700 millions de crédits d'impôt. Quand on parle du cinéma, on a des crédits d'impôt qui coûtent 90 millions, mais qui rapportent 300 millions. Ce n'est pas une question de clientélisme, là, c'est une question de gros bon sens économique. Je veux dire, si on sauve 90 millions, mais qu'on en perd 300 millions, comme le disait… où est-ce qu'elle est, mon amie Claire? C'était quoi, ton exemple, déjà?

Mme Samson : Mon exemple de St-Hubert?

M. Legault : Oui.

Mme Samson : Alors, mon exemple, c'était comme si le président de St-Hubert Bar-B-Q annonçait à son conseil d'administration qu'ils ne feront plus de livraison pour économiser sur l'essence, sans leur dire toutefois combien de quarts, poitrines ils ne vendront plus. Alors, il faut calculer le retour.

M. Dutrisac (Robert) : Donc, c'est par une analyse de ces crédits d'impôt là, spécifiques, en fonction de leur rentabilité. Ceux qui vont être avec l'image, vous allez les garder.

M. Legault : Bien, effectivement… Bien, on voit, là, quand on regarde la recherche et développement, quand on regarde le nombre de brevets qu'on dépose, on est mauvais au Québec, O.K., on est parmi les derniers dans le monde. Donc, il faut être capable à un moment donné de dire : Le 700 millions qu'on met en R&D ne donne pas des bons résultats, ni au niveau de la productivité, ni au niveau des brevets.

Donc, actuellement, la formule qui fonctionne, là, c'est de dire, entre autres aux départements, aux facultés de génie : Rapprochez-vous physiquement des entrepreneurs, des entreprises, dans un milieu qui est agréable, où même on a des impacts positifs au niveau de l'environnement, parce qu'il y a aussi des résidences, donc les travailleurs vont travailler à pied ou à vélo, donc moins d'autos. Il y a des parcs, on a accès aux berges, c'est beau, on attire les meilleurs chercheurs du monde, qui travaillent avec les meilleurs entrepreneurs. C'est ça qui marche.

On a, je dirais, une dizaine, là, de zones d'innovation, mais c'est des petites zones d'innovation. Il faut accélérer ce développement-là, il faut le faire dans Lanaudière, il faut le faire en Montérégie, il faut le faire à Trois-Rivières, il faut le faire à Lévis — hein, je vais me faire chicaner, si on ne le dit pas — donc, c'est ça qu'il faut, là, développer des zones d'innovation. Puis j'ai même envoyé un document, là… Je vous invite, là, je l'ai envoyé sur Twitter à Philippe Couillard, allez lire ça, c'est ça qui marche aux États-Unis, c'est ça qui marche dans le monde, à Stockholm, à Barcelone. Philippe Couillard, il n'a pas encore compris ça. Donc, je ne sais pas s'il fait juste des lectures en santé, là, mais qu'il fasse un petit peu de lecture en économie cet été.

Le Modérateur : Martine Biron.

Mme Biron (Martine) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

Mme Biron (Martine) : Bonjour, messieurs dames les députés. Je vais suivre un peu dans la lignée de ma collègue qui disait : Vous êtes plus proches des libéraux que des péquistes, mais n'empêche, on sent que vous êtes dans la mouvance libérale, c'est-à-dire qu'ils parlent de ménage, ça fait votre affaire. Je regarde le projet de loi sur les régimes de retraite, vous êtes dans cette lignée-là. Vous êtes assez proches, finalement.

M. Legault : Sur le contrôle des dépenses, vous avez raison, quoiqu'on doit voir s'ils vont livrer la marchandise, là. Parce que, je vous donne un exemple, hier, que j'ai vécu hier, là… Est-ce que Gérard est ici, à matin? Il n'est pas là.

Martin Coiteux, O.K — moi, je suis allé aux HEC, je connais bien Martin Coiteux, prof des HEC — Martin Coiteux ne peut pas ne pas comprendre que ça n'a pas d'allure, ce qu'on fait avec l'éolien. Tu sais, je veux dire, on subventionne des jobs à 200 000 $ par année pour créer des jobs à 48 000 $ par année, tu sais. Il me semble même, tu n'as pas besoin d'être prof aux HEC pour comprendre ça. Et là Martin Coiteux, parce qu'il est devenu ministre libéral, bien, il a l'air à accepter ça, ces mauvaises façons de faire.

Moi, je m'attends à un certain débat à l'interne, là, tu sais. J'avoue que j'ai pas mal plus confiance en Martin Coiteux qu'en M. Leitão, puis M. Couillard, puis M. Daoust. Mais quel poids M. Coiteux va-t-il avoir? C'est certain, là, qu'on parle un peu le même langage que M. Coiteux. Mais il est-u pesant? Est-ce que M. Couillard va l'écouter? Il va-tu avoir le courage? C'est ça qu'on va vivre, là, dans les prochains mois.

Là, il s'est donné un budget, là, ambitieux, avec des cibles ambitieuses. Mais va-t-il livrer la marchandise ou s'il va faire patate comme M. Charest en 2003 avec sa réingénierie qui a mené nulle part, puis qu'il a dit à Monique Jérôme-Forget après six mois : Je ne veux plus entendre le mot «réingénierie», là? Tu sais, c'est… Est-ce que, là, c'est juste des voeux pieux, et on va ne pas livrer, ou si on va livrer?

Mais c'est sûr qu'on… Quand je regarde les cibles en termes de contrôle de dépenses, bien, on s'entend mieux avec ces cibles-là qu'avec ce que proposait Nicolas Marceau puis Stéphane Bédard, c'est certain.

Mme Biron (Martine) : Sur Orsainville, sur la motion que vous allez déposer aujourd'hui, vous avez dit tout à l'heure : On ne peut pas être contre le directeur général de la SQ, on ne peut pas être contre ci et ça. Autrement dit, vous ne pensez pas, vous, que ce soient ces têtes dirigeantes, en fait, qui sont responsables du mensonge ou qui auraient mal informé la ministre.

M. Legault : Bien, moi, je veux savoir, là...

Mme Biron (Martine) : Mais est-ce que ce n'est pas finalement…

M. Legault : Je suis certain que la ministre, là, ne parle pas au gars qui donne des tickets, là, sur le bord de la route, là. Elle doit parler au D.G. de la SQ quand elle parle à la SQ. Donc, quand elle dit que quelqu'un lui a menti, bien, on a besoin de savoir, là, c'est qui qui lui a menti.

Mme Biron (Martine) : Mais est-ce que cette motion-là n'est pas là pour ça, justement, pour essayer de savoir si ce sont ces gens-là qui auraient menti?

M. Legault : Bien, effectivement, parce que j'ai posé la question hier à M. Couillard, puis il a détourné la réponse en disant : J'ai confiance dans les institutions. Mais il ne nous a jamais dit s'il avait confiance dans ces trois individus là.

Le Modérateur : Période de questions oblige, ça va être la dernière question en français. Michel Pépin.

M. Pépin (Michel) : Bonjour.

M. Legault : Bonjour.

M. Pépin (Michel) : Bonjour à tous. Je veux revenir un peu sur une question de Martine et d'autres aussi concernant la différence entre vous et le Parti libéral. Dans le fond, là, ce n'est peut-être pas de votre faute, là, on peut peut-être dire que c'est le Parti libéral qui s'est rapproché de vous, c'est possible. Mais qu'est-ce qui vous différencie maintenant? Qu'est-ce qui différencie la CAQ du Parti libéral?

M. Legault : Moi, je dirais…

M. Pépin (Michel) : Vous n'arrêtez pas de dire qu'ils vous volent des idées.

M. Legault : Non, non, mais, regardez, là, je pense… Non, non, mais je vous explique, là. Pour nous, il y a deux grandes priorités : mieux contrôler les dépenses, O.K. Là, le Parti libéral semble avoir copié nos objectifs, mais on ne sait toujours pas s'ils ont un plan. Nous, on avait un plan. O.K.?

Du côté de l'économie, ils n'ont rien proposé, ils pellettent par en avant, en disant : Je vais avoir une commission avec Luc Godbout qui va regarder ça puis qui va nous faire des suggestions. Puis là, même d'ailleurs assez inquiétant ce que j'ai entendu de M. Leitão aujourd'hui, qu'on pourrait augmenter les taxes à la consommation et diminuer les impôts, puis qu'au net il pourrait y avoir une facture même pour la classe moyenne. Wo! Ce n'est pas comme ça qu'on va relancer l'économie, là.

Donc, effectivement, la différence, c'est que je pense qu'on a un plan, on est plus visionnaires, on a fait nos devoirs concernant l'économie. Puis il reste que je pense aussi qu'on a une approche plus nationaliste. On va avoir des dossiers… Nous, on était pour une charte. Nous, on pense qu'il faut défendre le français, donc on est plus nationalistes. On va voir comment M. Couillard va négocier avec Ottawa, mais je pense que, nous, c'est le Québec d'abord, alors que M. Couillard, c'est le Canada d'abord.

Le Modérateur : Philippe Lessard.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Lors de plein de déclenchements d'enquêtes administratives dans des entreprises ou dans des organisations publiques, on suspend ou on relègue à des tâches administratives les gens qui font l'objet de cette enquête-là. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne avenue pour cette enquête administrative ci?

M. Legault : Bien, suspendre ou carrément congédier, mais on ne peut pas avoir des doutes sur le sous-ministre à la Sécurité publique, le directeur général de la Sûreté du Québec et la sous-ministre associée aux services correctionnels. On ne peut pas avoir des doutes, là.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) :

M. Legault : …une suspension parce qu'on n'est pas certains ou c'est un congédiement parce qu'on pense vraiment qu'une de ces personnes nous a menti, mais on ne peut pas garder en poste des personnes qui prennent des décisions à chaque semaine, des décisions importantes.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Encore très rapidement, est-ce que le bilan que vous tracez des deux mois et demi du gouvernement Couillard est meilleur que le bilan que vous tracez des 18 mois du gouvernement Marois? Bref, est-ce que le gouvernement Couillard a été meilleur que le gouvernement Marois?

M. Legault : Oui, sur les objectifs. Évidemment, on a deux mois de faits, là, donc on ne peut pas parler d'objectifs. Comme je vous disais tantôt, il y a deux priorités. Sur le contrôle des dépenses, on est satisfaits des objectifs qui ont été fixés. Donc, sur ce point-là, ils sont meilleurs que le PQ. Sur l'économie, c'est zéro pour les deux. Donc, les deux n'avaient pas de plan, et, on l'a vu encore le mois dernier, ils continuent à perdre beaucoup d'emplois, surtout des emplois de qualité, des emplois bien payés, des emplois permanents. C'est inquiétant, la situation économique. On est à contresens de tout le reste de l'Amérique du Nord.

Le Modérateur : Caroline Plante.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Legault, good morning.

M. Legault : Bonjour. Hi.

Mme Plante (Caroline) : Good morning. Good morning to you all. And, first of all, should... do you agree with the PQ that Lise Thériault should step down?

M. Legault : I think it's too soon to answer this question. Right now, what we'll ask this morning, we'll table a motion to ask if they still have confidence in the General Director of the Sûreté du Québec and in the Deputy Minister of Mrs. Thériault. So we need to know… because she said that they lied, so we need to know who's wrong. But, at this point, we can not say that it's the fault of Mrs. Thériault.

Mme Plante (Caroline) : And, if we look at what have been achieved in this session... You know, we had a budget, we had Bill 52 that passed, Bill 1, two commissions that were launched on program reviews and fiscal reform. So it seems to me that the Liberal objectives were met. They said that they would do these things and they did them. But do you see things otherwise?

M. Legault : OK. I think we have, in Québec, two important priorities : have a better control over expenses... I think that the targets that were settled in the budget were right, but still, they shoveled the measures needed to reach those targets. They put in place a first commission on programs. Regarding kicking the economy, I think, there, we have no measures, no important measure in the budget, and we have a committee... a commission with Mr. Godbout, so we'll lose one year and we can not afford, with the economic situation in Québec, to lose one year.

Mme Plante (Caroline) : But can you really talk about broken promises?

M. Legault : I think they also broke promises regarding taxpayers. I think it's clear, Mr. Couillard said, during the electoral campaign that he would not increase the tax burden and he already announced that he's increasing electricity tariffs by 4% and school taxes by 8%. So, unfortunately, he already broke two important promises.

Le Modérateur : Thomas.

Journaliste : Bonjour. How would you compare the Liberals' two or three months in power to the PQ's 18 months?

M. Legault : I think that, so far, the Liberals seem to have targets to better control the growth of expenses than the PQ, but, regarding the economic measures to stop losing jobs in Québec, I think that they are just like the PQ. They have no plan.

Journaliste : And one more thing. The Charbonneau inquiry, this morning, an email showed an invite to meet with Premier Jean Charest from 2009, but he had to pay two… rather $500 to be at the meeting, to meet with the Premier. What does that demonstrate, do you think?

M. Legault : I think that, with all what we are hearing still at the Charbonneau Commission, I said it during the electoral campaign that we would have a headache after the election. That's what's happening. We hear everyday ways of doing things at the Liberal Party but also at the Parti québécois, where they were collecting money, being friends with the engineering firms, and I think we have to stop this way of doing things.

Journaliste : Do you think these practices still exist within the Liberal Party? Is that what you're suggesting?

M. Legault : You have to ask the question to Mr. Couillard. Merci. Thank you.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Thank you.

M. Legault : Merci tout le monde.

(Fin à 9 h 59)

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