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Point de presse de M. Stéphane Bédard, chef de l'opposition officielle, Mme Agnès Maltais, leader parlementaire de l'opposition officielle, M. Marjolain Dufour, whip en chef de l'opposition officielle, et M. Stéphane Bergeron, leader parlementaire adjoint de l'opposition officielle

Version finale

Friday, June 13, 2014, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-trois minutes)

M. Bédard : Merci. Merci, Antonine. Merci à vous, donc, en cette fin de session qui n'est pas tout à fait une fin de session, il faut bien le dire, parce que nous allons nous revoir lors des crédits. Donc, je suis très heureux de tracer un bilan de notre équipe et je ne vous cacherai que je suis particulièrement fier du travail qu'on a fait comme opposition officielle. Je pense humblement qu'on a même surpris à certains égards. Moi, je ne doutais pas de la qualité de notre équipe, mais ce qu'on a démontré, c'est une compétence et le fait qu'on s'est ressaisis rapidement de la dernière élection pour montrer aux Québécois qu'on était bien en poste et qu'on veille au grain.

Les Québécois ont confié une lourde responsabilité à l'opposition officielle dans un contexte, vous le savez, qui n'est pas évident, que le gouvernement a choisi lui-même de créer, soit l'austérité, la crainte et l'inquiétude et il faut que le gouvernement rende des comptes. Il rende des comptes par rapport à ses actions, mais aussi par rapport aux promesses qu'il avait prises en campagne électorale et qui, malheureusement, n'ont pas été rencontrées et… Les Québécois s'attendent à ce que les élus soient constructifs et collaborent et on l'a montré aussi. Je m'étais engagé à ça avec l'équipe, et nous avons livré. Nous sommes une opposition constructive, vigilante et intraitable sur certains points. Il est évident qu'on ne laissera pas les institutions être fragilisées. Je pense que les événements de cette semaine le démontrent encore une fois, qu'on ne laissera pas les familles du Québec être victimes d'une politique d'austérité à leur égard, puis aussi de faire entendre une voix qui est importante et qu'on n'a pas vue dans le budget, c'est celle des régions du Québec et des plus démunis.

À tous les Québécois qui nous regardent, sachez que vous pouvez compter sur l'équipe solide du Parti québécois, car actuellement on fait face à un gouvernement, vous le voyez, qui est hésitant et qui est plutôt insensible face aux besoins de la population. C'est un gouvernement aussi qui a agi dans la confusion.

Évidemment, l'élément… l'événement incontournable, c'est celui qui s'est passé à Orsainville, un événement malheureux et dont on n'a pas l'aboutissement encore par rapport aux trois prévenus, aux trois évadés, et ça, c'est quand même inquiétant pour la population. Mais ce qui est encore plus inquiétant, le gouvernement a contribué à cette inquiétude, d'abord en gérant cette crise avec un amateurisme, moi, que j'ai rarement vu. Les déclarations de la ministre conduisent directement au climat de méfiance qui s'est installé envers nos institutions. Imaginez-vous, actuellement, ceux et celles qui sont appelés à coordonner les recherches, quel est l'état de leur esprit quand la ministre a dit ouvertement qu'ils avaient menti. C'est sûr qu'elle a mis en cause, tour à tour, les forces policières, le système carcéral et le système de justice, même dans son refus de parler, par la suite, en disant qu'il y avait une ordonnance de publication. Imaginez, elle a forcé un juge à sortir de sa réserve et dire qu'il n'y avait pas eu de jugement à cet égard le vendredi précédant les événements. C'est du jamais vu. Honnêtement, la farce a assez duré, le premier ministre doit confier le ministère de la Sécurité publique à quelqu'un d'autre. Je comprends que son choix est tout récent, mais la ministre n'a pas été à la hauteur, et il doit maintenant corriger le tir rapidement.

Quand au budget Leitão, vous avez vu, rapidement, c'est un budget… on le qualifie de libéralocaquiste, ce n'est pas hasard, là, c'est parce qu'on y retrouve beaucoup d'engagements, effectivement, de la CAQ. C'est un jugement où on ne voit pas de traces, d'ailleurs, des engagements libéraux de la dernière campagne, et c'est pour ça que, sans hésitation, on l'appelle le budget des promesses brisées.

Il y a plusieurs façons qui peuvent l'illustrer, mais deux qui nous touchent particulièrement. On avait dit : Pas de hausses de taxes et d'impôt. Or, les taxes ont augmenté, on parle pour la bière, entre autres. C'est quand même une hausse importante de taxes pour les citoyens du Québec, mais l'autre, c'est sur l'impôt. Ça a presque passé inaperçu. C'est assez incroyable de déclarer une hausse d'impôts pour les gens de 60 ans et plus. Moi, je n'avais vu ça nulle part dans le programme libéral, et le ministre nous a dit, le ministre des Finances, que c'était leur façon de contribuer à l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Il me semble que ça aurait été bien de l'entendre lors de la dernière campagne électorale.

La rigueur, c'est bien. Vous le savez, je pense qu'on l'a incarnée lorsqu'on était au gouvernement par rapport aux objectifs budgétaires. Mais l'austérité, ce n'est pas la bonne voie, et il manque cruellement, actuellement, de mesures structurantes pour la création d'emplois. Nous avions un plan très clair. Eux, pendant la campagne, souvenez-vous, avaient parlé de la création de 250 000 emplois. Alors, l'effet libéral jusqu'à maintenant, c'est la diminution de 50 000 emplois. Mais ce qu'on voit, c'est qu'on n'a pas de plan pour la suite des choses. Le plan, lui, il portait sur de l'asphaltage, et l'asphaltage, par rapport à l'endettement du Québec, c'était impossible d'aller plus loin dans cet asphaltage. Le problème, c'est qu'on n'a pas d'autre plan.

Nous, on avait proposé des mesures concrètes. Au niveau de la création d'emplois, il y avait une politique économique, on l'a mise de côté tout simplement. On avait une politique de recherche, on l'a mise de côté, on ne l'a remplacée par rien. On avait un engagement clair au niveau du programme des gazelles. Je comprends que c'est le Parti québécois qui avait fait ça avec Élaine Zakaïb, mais ça répondait à un besoin des PME du Québec. On a tassé cet engagement, 500 entreprises étaient prêtes à aller de l'avant, et on ne l'a remplacé par rien. Actuellement, on est en attente.

Ce qu'on voit aussi pour les régions, c'est dramatique. La baisse des crédits d'impôtde façon aveugle va avoir une… je vous dirais, un effet déstructurant pour les PME. Dans nos régions au Québec, ils ont besoin de cette aide. Même chose pour le secteur de la culture. On a vu la ministre de la Culture de dire : Écoutez, moi, je ne me suis pas battue, alors battez-vous maintenant. Battez-vous pour faire en sorte que cette culture-là puisse rayonner partout au Québec, et je pense qu'une coupure aveugle comme on a vu inquiète les milieux, mais va avoir un effet direct sur notre capacité de produire en français, dans notre langue, des produits qui sont consommés, qui sont aimés par les Québécois, et je pense que c'est très grave.

On a vu aussi le gouvernement revenir… ramener des dossiers dont il n'était pas fait mention lors de la dernière campagne. D'abord, la filière du gaz de schiste. Qui, au Québec, avait décidé de ramener ce débat inutile? On aurait dû maintenir le moratoire, comme nous le souhaitions. Le SLR, on est revenus en arrière, on n'a pas d'autres solutions. On est à la veille de construire un pont puis on a un ministre qui pose encore la question : Qu'est-ce qu'on doit faire?, alors que c'était un consensus. Et les minicentrales, qui ne correspondent à aucun des débats que j'ai vus pendant la campagne, j'aurais bien aimé entendre le premier ministre en faire mention. C'est un débat d'arrière-garde. Les régions ont besoin de soutien, mais ce n'est sûrement pas en divisant les Québécois autour de cette question qu'on va aider les régions.

Donc, nous serons… Grâce à notre travail, le gouvernement, vous avez vu, a dû reculer et entendre raison sur des questions importantes. La liste est très longue, mais abandon du plan de 15 milliards, qui était irresponsable, sur l'asphaltage, recul sur la vente partielle d'Hydro-Québec. C'était quand même un des éléments du rapport Montmarquette et ils ont reculé, je pense que c'est une bonne chose. Les services de garde, on a, au niveau partiel, on était prêts, même, à garder des immeubles vides pour les parents du Québec, sans y mettre d'enfants — c'est incroyable, là! — alors que les besoins étaient évidents. Et je ne vous cacherai pas que, concernant la lutte à l'itinérance et les groupes communautaires, je suis très inquiet. Le gouvernement avait les moyens de soutenir ces gens dans le contexte qu'on connaît. C'était la moindre des choses. Ils s'étaient engagés dans le cadre d'une motion, ils ont reculé.

Sur l'aspect constructif, on est très fiers du projet de loi Mourir dans la dignité — c'est l'événement marquant de la présente session — un travail formidable, mené de main de maître par Véronique Hivon, qui a reçu, je pense, tous les éloges qu'elle mérite. Elle l'a fait dignement, et ça a fait en sorte que le Québec,maintenant, est un exemple par rapport aux soins de vie et, en même temps, s'est engagé dans la voie de l'investissement sur les services palliatifs. Donc, on voit à quel point… agit avec vision et, en même temps, en consultant les gens, en les respectant, bien, on est capables d'arriver à des bons résultats.

Donc, ce que nous souhaitons maintenant, c'est s'assurer que le gouvernement nous entende, parce que M. Couillard avait dit qu'on allait être préoccupés des consensus. On a parlé de Mourir dans la dignité, mais, dans le cadre du budget, on n'a pas agi par consensus, on a agi à l'aveuglette, très clairement. Des coupures, je vous dirais, de 20 % de façon… en l'appliquant à tout le monde, sans regarder…

Une voix :

M. Bédard : …paramétriques, effectivement, ce qui… Ce qu'on aurait dû faire, c'est regarder les crédits d'impôt, comme on l'avait fait, d'ailleurs, sur la protection du milieu pharmaceutique. Souvenez-vous, on les avait consultés, on avait dit : On va diminuer la protection sur les brevets, mais on va arriver avec une politique de développement économique, au niveau du secteur pharmaceutique, qui va être adaptée. On ne l'a pas fait.

Donc, je suis inquiet. J'espère que M. Couillard va passer du geste à la parole, parce que je crois, moi… les gens, je crois leurs gestes. Leurs paroles, je vous avouerais que, depuis 15 ans ici, j'ai beaucoup de doute par rapport aux paroles. Donc, je souhaite qu'il passe de ce geste… de cette parole aux gestes.

Quant à la complaisance de la CAQ, vous l'avez vue. Lors du discours du budget, on a vu la CAQ approuver le budget; là, maintenant, ils sont comme entre deux eaux. Ce qu'on veut rassurer les Québécois, c'est que nous serons à la défense des travailleurs, des régions, des plus démunis, de la création d'emplois et des familles. Et ce qui a fait cruellement défaut, c'est des mesures de création d'emplois. Je pense qu'on risque d'avoir des conséquences dans les prochains jours, les prochaines semaines, les prochains mois. Et ça fera partie de notre travail, au niveau constructif et de vigilance, que le gouvernement reprenne des propositions qu'on avait faites. Je vous parlais des gazelles, mais notre politique économique pour la création d'emplois, il faut absolument que le gouvernement soit, comme l'était l'ancien, obsédé par la création d'emplois plutôt que l'austérité et l'idéologie, comme je vois actuellement. Merci.

La Modératrice : Donc, pour la période de questions…

M. Bédard : Et en terminant…

La Modératrice : Pardon, pardon.

M. Bédard : …seulement… Antonine, tu me permettras… mais j'ai avec moi la leader et le leader adjoint, je les remercie parce que, pour eux, c'étaient des nouvelles fonctions, un nouveau travail qui est important à réaliser, et je tiens à vous dire qu'ils ont… en tout cas, vous aurez peut-être votre appréciation, mais ils ont été à la hauteur du défi qui était devant nous, ce qui nous a permis d'être la seule véritable opposition au gouvernement libéralocaquiste qu'on a actuellement au Parlement à Québec. Voilà.

La Modératrice : Donc, je recommence. Pour la période de questions, c'est au micro, une question, une sous-question. Je vais commencer avec le micro de gauche. Marc-André Gagnon, Journal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Oui. Bien, vous avez parlé abondamment d'Orsainville dans votre bilan. La CAQ n'a pas tellement moins de députés que vous en avez en ce moment, en nombre. Est-ce que la crise d'Orsainville n'a pas aidé le Parti québécois à se réaffirmer davantage en tant qu'opposition officielle?

M. Bédard : Bien, on voit une complaisance des caquistes, c'est évident. Mais, vous avez vu, Hydro-Québec… personne de la CAQ ne s'est levé sur… pour défendre Hydro-Québec. Ça a été le Parti québécois qui s'est levé pour dire : Écoutez, on ne peut pas vendre des revenus à long terme pour faire face à une situation budgétaire à court terme, c'est complètement fou. Alors, dès le départ, on a vu une différence dans l'approche. Donc, bien avant ça, on a marqué… Les garderies, c'est incroyable, là. La CAQ non plus ne s'est pas levée. On a été les seuls à défendre les familles du Québec. On a dit : On ne peut pas avoir des immeubles avec pas d'enfants, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Donc… Et on voit les caquistes très peu critiquer l'approche par rapport aux médecins, actuellement. Je vous rappellerai qu'on n'a pas d'entente au moment où on se parle, alors qu'il y a trois… deux semaines c'était une question d'heures, là. Qui peut prendre au sérieux quelqu'un qui avait fixé un échéancier qu'il ne respecte pas?

M. Gagnon (Marc-André) : Il a aussi été question, en fin de session — bien, en fait, à partir d'hier — du nouveau projet de loi sur les régimes de retraite. Comme Mme Maltais est là et qu'elle a porté le dossier — il en a été question abondamment, dans la région de Québec — Mme Maltais, comment vous voyez un peu les modifications, la différence entre les… votre projet de loi et celui qu'on a vu hier?

Mme Maltais : Écoutez, il va y avoir une commission parlementaire, il va y avoir des gens qui vont venir étudier le projet de loi. Il est clair que, quand j'ai quitté, il y avait un consensus, et le projet de loi qui est déposé ne semble plus faire consensus. Et j'ai lu aujourd'hui la nouvelle inquiétante à l'effet qu'il y avait des pompiers qui étaient en train de démissionner en masse. C'est exactement le genre de mouvement de panique que j'essayais d'éviter. Je trouve ça dommage. Maintenant, nos critiques viendront à la suite de l'étude article par article.

La Modératrice : Merci. Jean-Marc Salvet, Le Soleil.

M. Salvet (Jean-Marc) : Peut-être juste en sous-question de celle de mon collègue : Est-ce que ça veut dire que vous allez voter contre ce projet de loi?

Mme Maltais : On va…

M. Bédard : Nous aurons des consultations, c'est ce que disait Agnès, mais il est évident qu'on avait présenté un point de vue équilibré, un projet de loi qui faisait en sorte que tout le monde y trouvait son compte. Cet équilibre, actuellement, est rompu, il va y avoir des conséquences. Mais, dans le cadre des consultations, on va entendre les gens pour bien comprendre et, après ça, on vous annoncera.

Mme Maltais : …amendements. Y aura-t-il des amendements?

M. Bédard : Nous aurons peut-être la possibilité, si on nous dit qu'il y a une main tendue, bien, de proposer des façons de rétablir cet équilibre.

M. Salvet (Jean-Marc) : Sur les deux commissions spéciales, celle sur la fiscalité et celle sur la révision des programmes, est-ce qu'il n'était pas le temps de procéder ainsi pour tenter de faire les choses autrement?

M. Bédard : Moi, des fois, M. Salvet, je me demande pourquoi on est élus, hein? C'est quand même assez incroyable qu'on sous-traite une responsabilité aussi importante. Qui… Est-ce que vous pensez que c'est un comité qui va dire, par exemple, selon ce que j'ai entendu de M. Leitão ou de monsieur… du président du Conseil du trésor, par exemple, sur l'assurance médicaments? Lui, peut-être qu'il trouve que ça serait une mesure d'économie de ne plus avoir d'assurance médicaments. L'assurance médicaments, est-ce que vous pensez réellement qu'on va confier ça en sous-traitance à un comité?

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais c'est le gouvernement qui va trancher en bout de ligne.

M. Bédard : Bien oui, mais alors elle est où, l'utilité? Vous auriez siégé une seule journée au Conseil du trésor, à une seule séance… le Conseil du trésor a le mandat de réviser chacun des programmes de façon… à toutes les séances, de façon annuelle, biennale et parfois sur deux ans ou sur trois ans, tout dépendant des programmes. C'est exactement la responsabilité d'un élu. Qu'il ne soit pas capable de le faire, c'est une chose, qu'il confie en sous-traitance, moi, ce que ça annonce, je vais vous le dire, c'est de l'indécision. Ce qu'on voit, c'est un gouvernement qui ne sait pas où est-ce qu'il s'en va. Alors, quand tu ne sais pas où est-ce que tu t'en vas, qu'est-ce que vous pensez qu'on fait? On confie ça à un comité de non-élus qui va faire un rapport. On va parler du rapport. Puis, pendant ce temps-là, est-ce que vous pensez réellement que les bonnes décisions vont se prendre pendant qu'on fait ces débats-là? On est le premier gouvernement en 15 ans qui est arrivé sur ses cibles budgétaires justementparce qu'on n'est pas entrés dans cette façon de faire là.

M. Salvet (Jean-Marc) : En complément, peut-être… moins d'impôt sur le revenu et plus de taxes à la consommation, laisse entendre M. Leitão. Est-ce que c'est quelque chose que vous voyez d'un oeil favorable si c'est à coût nul, au total?

M. Bédard : Oui, je pense que les Québécois ont d'affaire aussi à être vigilants. Le gouvernement libéral a augmenté les taxes la dernière fois. Avez-vous vu des baisses d'impôt dans les deux dernières années de règne? Non, mais on a augmenté deux points de TVQ. Là, ce qu'on leur dit, c'est que les tarifs d'électricité vont continuer à augmenter, puis, un jour, il y aura des baisses d'impôt. Je suis plutôt inquiet. C'est rare qu'un exercice de révision de la fiscalité va amener un abaissement, surtout dans les circonstances où le gouvernement est en perte de revenus. Qu'est-ce que ça annonce? C'est une hausse généralisée de taxes. C'est sûr qu'on va défendre, nous, la classe moyenne et les familles du Québec, c'est évident.

La Modératrice : Véronique Prince, TVA.

Mme Prince (Véronique) : Oui, j'aimerais revenir sur les 150 pompiers de Montréal qui prennent leur retraite en bloc, parce que Mme Maltais l'a commenté brièvement, mais je voudrais vous entendre davantagelà-dessus, là, ce n'est quand même pas rien, là, ça risque d'affecter les services.

M. Bédard : On a une inquiétude, évidemment, on n'a pas pu poser la question à la ministre. Si elle a de la misère à gérer et à donner la bonne information, je ne vois pas comment elle pourrait s'occuper d'un dossier d'une telle importance. Donc, je pense que le ministre du Travail a un gros travail à faire pour ramener les gens puis leur dire : Écoutez, je vais être à l'écoute. Ce qu'on sent, actuellement, c'est un gouvernement qui est fermé. Donc, quand on brise des équilibres, il peut y avoir des conséquences. Moi, ce que je souhaite, évidemment, pour la sécurité de la population, c'est que tout le monde rencontrent leurs responsabilités, les pompiers en font partie, les autres corps, donc, ils doivent se faire entendre d'une façon qui ne mettra pas en péril la sécurité de la population. Mais je suis déçu avec la légèreté dont le gouvernement a abordé ce dossier-là. Je pense… et maintenant, c'est ouvrir la porte puis dire : On est prêts à entendre tout le monde. Et ça, nous, on va être entendus, et il faut rétablir… s'assurer qu'on a un équilibre dans cette approche.

Mme Prince (Véronique) : Puis il y aplusieurs députés dans votre formation qui ont dit qu'ils n'étaient pas nécessairement pressés à avoir une course à la direction au Parti québécois, que tout le monde voulait prendre son temps. À la lumière de la session écourtée que vous avez eue là, est-ce que vous vous sentez assez solides pour passer une autre session parlementaire à l'automne sans chef, sans rien vous enlever à vos capacités, là?

M. Bédard : Bien, je pense que vous avez un gros jugement de valeur, hein? On a montré qu'on était l'opposition officielle, c'est quand même… et on l'a montré à tous égards, et on est responsables des reculs du gouvernement qui auraient eu un impact, donc, le reste, ça appartient au parti, ça sera au parti à déterminer quelles seront les conditions de cette course. Mais, ce qu'on a vu… on s'était donné un objectif, c'est que la population soit fière de l'opposition, et de montrer que, oui, on peut être constructifs, vigilants et intraitables. On l'a bien démontré, donc, on va continuer à le faire.

La Modératrice : Julien Lafille, Radio-Canada

M. Lafille (Julien) : Oui, bonjour. Je voudrais revenir sur les circonstances entourant l'évasion du centre de détention de Québec. L'enquête administrative pourrait très bien démontrer que la ministre a agi de bonne foi selon les informations dont elle disposait. Pourquoi alors vous acharner sur elle plutôt que d'attendre, justement, les conclusions, qui vont venir quand même assez vite?

M. Bédard : Quel est le rôle d'un ministre? Quand il y a une crise, là, est-ce que vous pensez qu'un ministre doit déléguer sa responsabilité? Savoir la raison pourquoi on a baissé la cote de sécurité, c'était la responsabilité de la ministre. Elle est incapable de le faire. Son problème, c'est de ne pas avoir été briefée puis, quand elle l'a été, de ne pas poser de questions. Après ça, ça a été de donner des fausses informations, littéralement, qui ont attaqué la justice, qui ont attaqué la confiance du ministère.

Mais, après ça, pour être sûre de ne rien dire, elle a dit : Il y a une entente de non... il y a une ordonnance de non-publication qui m'empêche de parler. Or, c'était faux. Le juge a... Elle a forcé le juge à sortir pour dire : Écoutez, ce n'est pas vrai, il n'y a pas eu de jugement le vendredi précédent. Et ce n'était pas... ça ne visait pas la situation des trois prévenus. Alors, vous voyez?

L'enquête administrative... Est-ce quequelqu'un pense ici au Québecqu'il n'y aurait pas eu d'enquête administrative? Y a-tu quelqu'un qui pense ça? Le problème, c'est que, pendant ce temps-là, on ne l'a pas, l'information. Alors, pour un gouvernement qui avait dit qu'il allait être transparent, ce qu'on a, dans les faits, de facto, c'est une ministre qui n'est plus en poste, elle n'a plus la faculté de gérer ce dossier-là, qui est un des plus importants. Alors, on demandait...

Ce n'est pas s'acharner que de demander au premier ministre, de dire : Écoutez, l'intérêt public commande que, pour coordonner les recherches, ramener la confiance puis arrêter de mettre la faute sur tout le monde, ça prend quelqu'un de nouveau. S'il veut la nommer ailleurs, ça sera son choix, mais je pense que ça aurait commandé une action rapide. Et souvenez-vous, à l'époque, on a demandé la démission d'un certain ministre de l'Environnement pour à peu près cinq fois moins, là. Là, on est intervenu directement dans le judiciaire : forcer un juge à sortir pour s'expliquer, de ma carrière juridique, je n'avais jamais vu cela.

M. Lafille (Julien) : Donc, vous lui reprochez, essentiellement, qu'elle ne prend pas ses responsabilités? Est-ce que vous acceptez une part de responsabilité, étant donné que vous étiez au gouvernement lorsqu'il y a eu l'évasion de Saint-Jérôme en mars 2013?

M. Bédard : La question, c'est de savoir comment se sont évadés les gens. La question, c'est de savoir : Est-ce que c'est par hélicoptère? Est-ce que c'est en se déguisant ou s'en allant dans la malle à linge? L'idée, c'est qu'à la base, ces gens-là avaient un code de sécurité particulier, parce que, justement, il y avait un risque d'évasion qui était connu par le ministère. Alors, si on n'agit pas en fonction du risque, c'est là qu'on a un problème, là.

Avoir été ministre de la Sécurité publique, Stéphane l'aurait fait. La première question que j'aurais posée dimanche matin en me levant : Pourquoi on a abaissé la cote de sécurité? Et je vous aurais donné la réponse, pas pour accabler quelqu'un, mais pour vous dire : Voici la cause, on a baissé la cote de sécurité, et après ça de comprendre pourquoi on l'avait baissée. C'est évident, dans le contexte actuel, qu'il est très difficile de justifier, avec les informations que détenait le ministère, qu'on ait pu baisser cette cote, voilà. Quant à nos responsabilités, on les a prises à l'époque.

M. Lafille (Julien) : Est-ce que ça serait possible d'entendre le leader adjoint là-dessus, s'il vous plaît?

M. Bédard : Oui, oui, bien, Stéphane a fait ses commentaires, effectivement, là-dessus.

La Modératrice : Parfait. Kevin Dougherty.

M. Bédard : Mais c'est qu'on a un porte-parole, et Stéphane va être très disponible. Il l'a été, d'ailleurs.

Mme Maltais : Pascal.

La Modératrice : On va terminer en français.

M. Bédard : Pascal Bérubé est le porte-parole en cette matière. Et on a assumé nos responsabilités, Stéphane l'incarne très bien.

La Modératrice : Kevin Dougherty, La Gazette.

M. Dougherty (Kevin) : Yes… Pardon, je ne veux pas passer...

M. Bédard : C'est votre dernière conférence de presse, Kevin? Ah oui?

M. Dougherty (Kevin) : Une dernière fois, oui. Alors là, on a commencé la session avec des belles intentions, on a parlé d'ouverture, transparence. Vous voulez changer l'atmosphère de l'Assemblée, vous avez parlé de la loi n° 52. Mais là avec certains événements — il y a Orsainville, il y a la loi sur les régimes de retraite — qu'est-ce que vous attendez pour l'automne par rapport à cette ouverture d'esprit qu'on a vue, déjà?

M. Bédard : Vous avez vu, on l'a fait, ça a été un choix. Nous, notre objectif, c'est ramener la confiance des gens, je vous l'avais dit au départ, et on l'a réalisé. Le ton avec lequel on aborde… Moi, j'avais trouvé, à l'époque, que l'agressivité à l'égard de Mme Marois, dans un contexte qui ne le justifiait pas, n'était pas la bonne chose à faire. Par contre, ça ne nous empêche pas, je vous dirais, d'être à la hauteur de nos responsabilités. C'est pour ça qu'on a demandé la démission de la ministre.

Quant à cet automne, c'est sûr que le gouvernement, au-delà des mots, devra agir dans la transparence, rendre compte par rapport à ses engagements. Une campagne électorale, c'est un moment qui est important, là, dans une vie démocratique. Comment on peut reculer sur autant d'engagements sans donner des justifications? Et on va le faire, mais, je pense, avec le bon ton, en étant respectueux de la population et des institutions — c'est ce qu'on souhaite faire — et en apportant des solutions quand c'est le cas. D'ailleurs, en matière économique, création d'emplois, c'est sûr qu'on va avoir des bonnes propositions. Ils ont décidé de mettre de côté le budget, les éléments qu'il y avait au niveau des mesures de création d'emplois. Il va falloir revenir à la charge, mais on va le faire dans le bon ton, là.

M. Dougherty (Kevin) : …pas des conflits, tu sais, avec les manifs, et tout ça, ça va être un peu comme dans le temps de Charest, non? Au début.

M. Bédard : On est arrivés au gouvernement où la paix sociale au Québec était rompue. Personne ne peut souhaiter, au Québec, qu'on revive des situations où, justement, les gens sont en situation soit d'insécurité ou d'instabilité par rapport à cette paix sociale. Donc, notre objectif, nous, ça va être de préserver cette paix sociale, et j'invite le gouvernement à ouvrir les oreilles, là; pas seulement d'ouvrir la bouche, d'aller rencontrer les gens. Quand on coupe des crédits d'impôt, bien, on rencontre les gens. Quand on adopte des lois qui ont des impacts sur la vie de tous les jours des gens, il faut aller leur parler, et actuellement le gouvernement, il est en vase clos, là. On dirait qu'ils sont tous seuls dans leur bulle et ils adoptent des politiques à partir d'une colonne de chiffres. Ce n'est pas suffisant.

La Modératrice : Philippe Teisceira-Lessard, à LaPresse.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Bonjour, M. Bédard. Vous dites : C'est évident qu'il y aurait eu une enquête administrative sur la situation, même si... bon, même s'il n'y avait pas eu une enquête administrative annoncée publiquement puis en grande pompe, tout ça. Est-ce qu'il y en a eu une en 2013 sur l'évasion de Saint-Jérôme? Et, si oui, à quoi ressemblaient les conclusions de cette enquête administrative là?

M. Bédard : Ce qu'on avait en 2013, versus ce qui s'est passé... Dans ce cas-ci, ce qu'on a, c'est une norme de... Maintenant, on le sait, la raison, il y a eu une baisse de la norme de sécurité, c'est ce qui a entraîné l'évasion. Et cette décision est prise de façon administrative, ce n'est pas un juge qui l'a prise, et maintenant on le sait aussi. Donc, il y aurait eu, effectivement, une enquête administrative, il y aurait eu des gens qui auraient posé la question : Pourquoi les normes administratives ont été baissées? À l'époque, vous le savez, quand sont arrivées les évasions par hélicoptère, on a demandé des mesures additionnelles au fédéral.

Mais, entre vous et moi, on ne transformera pas les prisons du Québec à haute sécurité comme au fédéral. Je vais tenter très brièvement, là, de vous expliquer qu'une prison au Québec — Stéphane le pourrait aussi bien que moi — c'est pour l'incarcération des gens de deux ans moins un jour. En général, les gens ont moins d'intérêt à vouloir s'évader, ils vont quitter plutôt rapidement. Au fédéral, c'est les lourdes peines. C'est pour ça qu'on a des cotes de sécurité pour les prévenus qui sont en attente de procès, qui peuvent, eux, représenter un risque à la sécurité.

Donc, ce qui est triste dans tout cet épisode, c'est le fait qu'on n'ait pas retrouvé les gens, mais qu'en même temps on ait créé une crise de confiance dans le ministère. Et M. Bouchard, moi, vous savez, il a tout mon respect. Il a travaillé à l'époque de mon père, c'est juste si ce n'est pas lui qui l'a nommé, Michel Bouchard, qui est un homme très respecté. Mais vous voyez à quel point la ministre n'est plus en contrôle? On a besoin d'aller chercher quelqu'un à la retraite parce qu'elle n'est plus capable d'assumer cette responsabilité.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Une deuxième... ou une sous-question, peu importe comment on le voit, en deux points. M. Legault, ce matin, a eu l'audace de donner une note sur 10 au gouvernement. Je me demandais si vous feriez de même. Et par ailleurs l'autre volet de la question : Sans vous donner une note à vous-même, comment est-ce que, comme chef, vous voyez votre performance individuelle?

M. Bédard : Je pense que les notes, je vais laisser ça à tous les commentateurs. Je trouve ça toujours bien, là, d'entendre des gens là-dessus, et c'est... Si vous les notez, je pense que c'est... Il y a plus que ça, là. Actuellement, promesses brisées, moi, c'est ça que je retiens de l'action gouvernementale, et beaucoup d'inquiétude pour les familles et les travailleurs actuellement, puis, pour l'emploi, bien, pas de mesures concrètes. Donc, ça sera à la population à donner son bulletin, pas à moi.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Vous? Votre performance individuelle?

M. Bédard : Très heureux. Je vous l'ai dit, les gens ont fait leur travail, on s'est retournés... Beaucoup auraient souhaité qu'on fasse un exercice de contrition sans fin. Au contraire, on a bien analysé les résultats, on les a bien compris, on a compris le message de la population. Maintenant, la population, ce qu'elle veut, c'est une opposition qui est solide. C'est ce qu'on a démontré, je pense, sans le moindre doute.

Journaliste : Bonjour. Est-ce que je peux demander quelques questions en anglais à M. Bergeron?

M. Bédard : Oui, oui, oui. Avec grand plaisir.

Journaliste : M. Bergeron, I wonder if you could tell me… if you could sum up what is your biggest concern about the direction of the Government right now.

M. Bergeron : We are a bit concerned about the fact that this Government broke a lot of his promises, the promises that he made during the last election. There are some backwards… some back forward, back…

Une voix : Backtracking?

M. Bergeron : …backtracking, backtracking during this short session, we saw it in the speech, the inaugural speech and the speech on the budget, and this is our main preoccupation for the families, for the middle-class workers and…

Journaliste : M. Bédard touched on pensions and said that the consensus that was in the previous bill has been lost. Can you expand on that a little? Why do you think that this bill is getting the kind of declaration of war statements from the unions?

M. Bergeron : This is probably a question you should address to the unions, but, from what we can see right now, is that we had this… équilibre?

Une voix : Consensus? Compromise?

M. Bédard : Consensus, on avait un consensus.

Une voix : A balance.

M. Bergeron : Balance, yes. It was a balanced bill, and I'm… The way I see it, the unions are quite preoccupied by the fact that only the point of view of the municipalities has been taken in consideration, and that they will loose a lot in this bill.

So, it is impossible for us to tell right now what will be our position, because we don't know if the Government is open to any amendment, and we'll have to listen to the representations that will be made in a parliamentary commission. So… But we'll work, as our leader told us… told you, we want to work in collaboration with the Government and we hope that the Government is in the same mood, to… with this bill.

Journaliste : And, on Mme Thériault, do you think it's premature… do you not think it's premature to call for her resignation already, before we know exactly what happened? There's been a lot of confusion this week.

M. Bergeron : You just tell it… you just told it. There was a lot of confusion this week. The main mission of a Public Security Minister is, when those kinds of situations occur, to reassure the population. And we had a minister this week that was not in a position to reassure the population. In fact, if I can say it bluntly, I think there were most concerns after every declaration she made than before. And, I think, only for this reason, for the confusion, for the wrong accusation that she made on a judge, for not telling the truth to the Parliament, I think this resignation is more than… is the situation that should happen.

La Modératrice : Tom.

M. Daigle (Thomas) : Bonjour. Just to follow up on what my colleague was asking about, if you were still Public Security Minister, what would you have done differently?

M. Bergeron : Ah! I'm not.

M. Bédard : Ha! Ha! Ha! Good try! Thank you.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 5)