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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Thursday, June 12, 2014, 16 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Seize heures trois minutes)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Alors, en ma qualité de porte-parole de l'opposition officielle en sécurité publique, j'aimerais vous faire une déclaration aujourd'hui, à la lumière des informations reçues cet après-midi, la levée d'une partie de l'ordonnance de non-publication, les propos du juge Louis Dionne aujourd'hui à l'effet qu'il n'avait pas abaissé la cote de sécurité des trois fugitifs vendredi dernier car il n'était pas en cour ce jour-là.

Je suis devant vous pour vous dire que l'opposition officielle considère que le premier ministre doit demander la démission de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault. Cinq raisons motivent notre demande : temps de réaction de la ministre, légèreté avec laquelle elle a traité la question, elle est intervenue dans les médias sans briefing; transmis des informations erronées, notamment sur NAV Canada et l'ordonnance de non-publication; elle a mis la faute sur tout le monde sauf elle : le Parti québécois, les fonctionnaires. Elle a prétendu qu'on lui avait menti. Qui? Le D.G. de la Sûreté du Québec, sous-ministre, sous-ministre associée aux services correctionnels. De qui s'agit-il? Enfin, une évasion qui est devenue une crise interne.

Pour nous, cela est une crise importante, qui mine la confiance des citoyens envers nos institutions. C'est pourquoi nous demandons au premier ministre d'agir pour rétablir la confiance envers une institution fondamentale. On a laissé la chance au coureur, maintenant la farce a assez duré. Visiblement, cette crise a été gérée en amateur. La confusion du gouvernement, depuis le début de ce dossier, est consternante. Merci.

M. Robillard (Alexandre) : Donc, vous dites que le juge a affirmé qu'il n'avait pas abaissé la cote de sécurité.

M. Bérubé : Exact. Alors, le juge a émis un certain nombre de commentaires, notamment qu'il n'a pas pu émettre… abaisser lui-même et que, samedi dernier, il n'avait pas… l'essentiel des indications était sur la préparation au procès et que, samedi dernier, la cour ne siégeait pas. Donc, il a envoyé un message à la ministre en cour.

M. Robillard (Alexandre) : Pourtant, Mme Thériault, cette semaine, elle disait que… en Chambre, notamment en réponse à vos questions, que, quand un juge recommande quelque chose, le centre de détention doit s'y plier. Donc…

M. Bérubé : Ce n'était pas le juge dans ce cas-là.

M. Robillard (Alexandre) : O.K. Mais donc comment vous réagiriez à ces propos-là de Mme Thériault?

M. Bérubé : Je veux dire, bien, je dirais était manifestement mal informée ou elle a décidé de donner des informations erronées, mais, dans les deux cas, c'est inacceptable. Donc, c'est deux nouveaux éléments qu'on a cet après-midi, qui s'ajoutent à tout ce qu'on a évoqué cette semaine. Je vous rappelle également la question de NAV Canada, où très clairement, en Chambre, on a indiqué qu'on avait une entente, et que NAV Canada s'est empressée, dans les heures qui suivent, de nier cette information.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que ça mérite vraiment la démission?

M. Bérubé : Je crois que oui. Le premier ministre a dû venir à la rescousse de la ministre. Il suffit de voir la consternation dans l'ensemble des acteurs au Québec qui s'intéressent de près ou de loin à la sécurité publique, mais surtout de la population… et on représente la population et, en ce sens, on vient protéger l'institution qu'est la Sécurité publique, mais également le milieu carcéral.

Alors, bien sûr, il y a la traque pour trouver des fugitifs, mais il y a aussi le souci de trouver la vérité et s'assurer qu'on ait quelqu'un aux commandes de fort, qui est capable de réagir correctement dans les circonstances difficiles, et manifestement le premier ministre ne peut pas conserver Mme Thériault à ce poste, compte tenu des erreurs successives et nombreuses dans ce dossier, dont vous avez été témoins vous aussi, tout comme le public québécois.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que Mme Thériault, elle a porté atteinte à l'intégrité du juge Dionne avec ses propos?

M. Bérubé : Je crois que je ne vais pas parler pour un juge, mais disons que le message qui lui a été adressé... Le juge Dionne n'a pas pris de décision vendredi dernier, il a été très clair — vous pourrez retrouver ses propos — il n'a pas pu le faire. Alors, ça s'ajoute aux informations que la ministre choisit elle-même de dire. Elle aurait pu être dans le mutisme depuis le début. Souvenons-nous que ça a pris du temps avant qu'elle réagisse. Elle a même choisi de faire une activité d'inauguration lundi dernier, en matinée, au lieu d'avoir le briefing avec la Sûreté du Québec, et s'en est suivi un ensemble de déclarations à l'emporte-pièce qui étonnent même son gouvernement, qui nous amènent dans la crise actuelle.

M. Robillard (Alexandre) : Et puis le fait qu'elle ait dit qu'il était responsable de la diminution des mesures de sécurité, est-ce que vous considérez que ça ne porte pas atteinte à la réputation du juge ou à son intégrité?

M. Bérubé : Disons que la magistrature... et un juge peut se défendre avec les moyens qui sont les siens. Je vais lui laisser l'occasion de manifester son désaccord avec la ministre sur cet enjeu-là. Disons que, d'un point de vue du public, de ce qu'on peut observer, de ce qui nous est livré en Chambre, quand même, comme parlementaires, on s'attend à avoir la meilleure information possible. Et moi, comme porte-parole de l'opposition en sécurité publique, j'en ai appris davantage aujourd'hui sur les entrevues que la ministre a accordées de son bon gré à certaines radios qu'en Chambre. Ça ne m'apparaît pas normal, et ce qui vient de nous être communiqué cet après-midi est encore plus préoccupant dans la séquence qui nous occupe.

Mme Biron (Martine) : Mais elle prétendait… il y a une enquête, c'est pourquoi une enquête a été mise en place...

M. Bérubé : Interne.

Mme Biron (Martine) : Elle prétend qu'elle a reçu des informations contradictoires, qu'elle a été mal informée. Alors, c'est possible? Vous ne la croyez pas?

M. Bérubé : Bien, écoutez, deux éléments là-dessus. Si quelqu'un lui a donné de l'information erronée, donc elle connaît la vérité pour pouvoir prétendre que c'est erroné. De qui s'agit-il? Est-ce qu'il y a quelqu'un, qui est toujours à l'emploi du ministère de la Sécurité publique, qui transmet des informations erronées? Manifestement, on n'a pas annoncé le départ de personne. Et là j'imagine, pour avoir été ministre moi-même, qu'on parle à des personnes de haut rang lorsqu'on a ces informations-là. Alors, il s'agit… Vous avez le choix : est-ce que c'est le D.G. de la Sûreté du Québec, le sous-ministre, la sous-ministre associée aux services correctionnels ou quelqu'un d'autre? Ça, c'est une première question.

L'autre élément qui nous fait douter de cette version, c'est que le premier ministre lui-même, ce matin, souvenez-vous, a parlé de cette version, si elle était avérée. Donc, il n'a pas confirmé les dires de la ministre en Chambre, là où, pourtant, il y a une immunité. Il m'apparaît que c'est un doute sérieux qui a été livré en cette Chambre ce matin. Donc, on n'a pas voulu répéter que quelqu'un avait menti sciemment. Puis un mensonge, c'est un acte délibéré. Où résiderait l'intérêt de quelqu'un à l'emploi du ministère de la Sécurité publique de mentir à la ministre? Je peux vous dire que c'est quelque chose d'extrêmement grave. Et on ne peut pas affirmer ça sans indiquer que, dans les heures qui vont suivre, quelqu'un a été limogé de son poste à la Sécurité publique.

Mme Biron (Martine) : Mais pour réclamer la démission d'un ministre, d'un vice-premier ministre aussi…

M. Bérubé : D'une ministre. C'est cette dimension-là qui m'intéresse.

Mme Biron (Martine) : …il faut avoir fait quelque chose de grave.

M. Bérubé : C'est fait. C'est une accumulation de gestes graves. Écoutez, à deux reprises, à deux reprises, on a donné des informations erronées en Chambre. Un juge a même dû prendre position, presque, dans un débat public pour dire : On m'a prêté des intentions. Il est assez clair que… D'avoir affirmé que la décision a été prise vendredi par un juge, c'est la ministre qui l'a affirmé en Chambre, je pense qu'on peut en convenir.

D'affirmer également que quelqu'un de manifestement haut gradé ait pu mentir, c'est extrêmement grave aussi, sans identifier cette personne, ce qui laisse planer le doute sur un ensemble de hauts fonctionnaires du ministère de la Sécurité publique. Et, de façon générale, et ultimement, le public, les intervenants au dossier, les gens qui s'intéressent à la question de la sécurité au Québec — et ils sont de plus en plus nombreux — ne voient pas où on s'en va avec la direction qui est offerte présentement par la ministre.

Alors, deux choix s'offrent pour le premier ministre : de décider de poursuivre avec la ministre actuelle dans les conditions qu'on connaît, et il sera sanctionné là-dessus par la population qui lui demandera pourquoi, ou de suivre le bon sens et de confier cette responsabilité à une autre personne membre de son cabinet ou de sa députation.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais en quoi désigner un nouveau ministre de la Sécurité publique, à ce moment-ci, faciliterait les opérations pour retrouver les trois fugitifs?

M. Bérubé : Manifestement, la ministre est dépassée par les événements et a de la difficulté à bien cerner l'essentiel. L'essentiel, c'est la quête de la vérité, c'est de poser des gestes qui rassurent la population, qui ne créent pas de la confusion, à la fois chez les parlementaires, à la fois chez le public et surtout…

Et j'essaie d'imaginer l'ambiance présentement au ministère de la Sécurité publique. Ça doit être intenable. Écoutez, à la Sûreté du Québec, du côté des sous-ministres, tout le monde se pose la question : Est-ce que je suis la personne qui est pointée par la ministre sans preuve? Et on ne peut pas dire : Il y aura une enquête puis, en même temps, commenter des éléments importants qui pourraient faire l'objet de l'enquête.

Et là, cet après-midi, on apprend qu'on ne va pas mettre un procès en danger avec les questions qu'on pose, ça a été confirmé cet après-midi. Alors, deux éléments qui arrivent et qui s'ajoutent à une longue liste qui, pourtant, a commencé samedi dernier. Samedi dernier, on aurait dû rassurer la population, envoyer un message rassurant sur la traque des fugitifs, essayer de comprendre ce qui s'est passé, mais l'essentiel du temps que la ministre a accordé à ce dossier a été essentiellement pour blâmer le gouvernement précédent, gouvernement qui a été sanctionné, au lieu de prendre les responsabilités qui s'imposaient et surtout de donner une information lorsqu'elle est vérifiée, et juste, et indiscutable, surtout dans un enjeu aussi sensible que celui-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais quelle crédibilité accordez-vous à la thèse qui circule présentement, que les agents de l'État auraient donné un coup de main aux trois détenus, aux trois prévenus pour qu'ils réussissent leur évasion du centre de détention?

M. Bérubé : Écoutez, je ne sais pas si la ministre dispose d'informations, mais, pour moi, c'est la question la plus fondamentale. Vous savez, on a parlé de l'espace aérien, on a parlé des brouilleurs d'ondes, on a parlé des filets, on a parlé des câbles, mais qu'est-ce qui a rendu possible? C'est d'avoir abaissé les cotes de sécurité, d'avoir permis à des gens sans menottes de se retrouver au centre… dans une cour intérieure d'un centre de détention et d'avoir des complices qui viennent les chercher. Sans l'abaissement des cotes de sécurité, les gens auraient été accompagnés, menottés, et la tâche aurait été passablement plus ardue. Alors, le principal élément, c'est l'abaissement des cotes de sécurité. On comprend maintenant que ce n'est pas le juge Louis Dionne qui a demandé cela. Donc, l'étau se resserre, ça s'est passé à l'intérieur du centre de détention d'Orsainville et c'est là qu'il faut essayer de comprendre ce qui s'est passé.

D'où viennent les informations qui laissent croire à la ministre qu'on lui aurait menti? De l'intérieur du centre de détention? De l'intérieur de son ministère? Et, si c'est à l'intérieur de son ministère, ça laisse planer le doute sur de nombreux loyaux serviteurs de l'État qui, présentement, seront pointés en se disant : Est-ce que c'est vous qui avez menti à une ministre? Moi, ça fait sept ans que je suis parlementaire à l'Assemblée nationale, je n'ai jamais vu une telle situation.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, la personne qui a pris la décision d'abaisser les cotes de sécurité…

M. Bérubé : La ou les personnes.

M. Bélair-Cirino (Marco) : …doivent être suspendues sur-le-champ.

M. Bérubé : Bien, il y a quelqu'un qui… à moins qu'on ne soit pas capables de les identifier. Mais manifestement on sait que ce n'est pas le juge, c'est exclu. Alors, c'est quelqu'un quelque part qui a pris cette décision. Est-ce que c'est sur la base d'un argumentaire, sous la contrainte? On ne le sait pas pour l'instant. Mais ce qui nous a menés là, la recherche de la vérité a fait en sorte que toutes sortes d'informations ont été lancées de part et d'autre par la ministre. Écoutez, ça va tellement loin qu'à un moment donné la ministre a dit : Ce qui crée de la confusion, c'est les questions de l'opposition. Alors, nos questions ont un peu brouillé, semblerait-il, son jugement sur certaines questions.

Écoutez, on pose des questions au nom du public, ça m'apparaît légitime, et il y a un intérêt certain d'avoir quelqu'un en poste qui comprend bien la situation, qui la maîtrise et qui aura la confiance à la fois de la population et de tout le système carcéral du Québec.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Précisément, est-ce que la ou les personnes qui ont pris la décision d'abaisser la cote de sécurité doivent être suspendues sur-le-champ, avant même que l'enquête administrative soit complétée?

M. Bérubé : Si on les connaît. Bien, je crois que, si on les connaît, oui, si ça ne nuit pas au procès. Et manifestement, ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est qu'on avait beaucoup trop de limitations. Ils sont évadés, là, les trois fugitifs, ils sont évaporés dans la nature ou, pire, à l'extérieur du Québec. Alors, est-ce qu'on peut comprendre à tout le moins comment ils ont quitté le pénitencier? Puis le procès, c'est une autre chose, puis il va continuer, le procès, dans des circonstances particulières, on en convient, mais le procès va se poursuivre.

Là, on ne parle pas du procès, on ne parle pas des crimes qui ont été... qui auraient été commis par ces accusés. On parle des conditions d'évasion du centre de détention d'Orsainville. Donc, c'est deux choses différentes, quant à nous.

M. Daigle (Thomas) : In English. What did you learn today that is leading you to ask the minister to step down?

M. Bérubé : Well, let's say we have more information, new data about what the Judge Dionne tells us about the fact that he's not responsible, though, is... He didn't take the decision about lower the security conditions last Friday, so it's new, and now we have, like, this secret document of court telling us that it's not a matter of ruining the court, the process.

So what we say is : Since last Saturday, we have a lot of bad information, a confusion, and the Minister Thériault has to step down for the sake of the Justice of the Government of Québec. And I ask the Premier Couillard to make sure he takes the good decision for the health of the system.

M. Daigle (Thomas) : What does she said that mislead Quebeckers?

M. Bérubé : Well, a couple of things. First of all, she took too much time to react after the escape. That's a first thing. Then she decides to tell us information without having any briefing from the SQ, which is not a good idea, because she needs good information. She could wait a little bit before saying : It's the fault of the opposition or it's the fault of a judge. And this is what she says... she tells us.

Then she told us, in the Chamber, that Nav Canada has an agreement with the Government of Québec about the aerial area and… which is not true, that we know, now, since Nav Canada tell us that a few hours after that. And then she told us that some people in her entourage are lying to us. So who's lying to us? Is it the Director General of the SQ or someone in… her Minister? We don't know but that put suspicion on a lot of people. And then we have this new information about the Judge Dionne today and the nonpublication document telling us that, since the beginning, it's not the right path. So it's too much for us and it's too much for the Quebeckers, and we do think that she has to step down. Fair enough? Merci.

(Fin à 16 h 19)

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