(Quinze heures neuf minutes)
Mme
Maltais
:
Bonjour. Alors, nous voulons commenter un peu les propos du ministre Bolduc ce
matin, qui a annoncé qu'il rembourserait une partie des primes qu'il a reçues
pour la prise en charge de patients, alors qu'il était dans l'opposition
officielle. Nous considérons cela insuffisant et nous croyons qu'il devrait
rembourser toutes les primes ou démissionner de son siège de ministre de
l'Éducation, et des Loisirs et du Sport.
Yves Bolduc s'en tient toujours aux règles
du programme. Il essaie de suivre les règles du programme. Or, il continue à
trahir l'esprit du programme. L'esprit du programme, c'était qu'il devait y
avoir prise en charge de patients et il a pris en charge, pendant qu'il était
dans un gouvernement minoritaire, dans l'opposition officielle, 1 600
patients et il savait qu'il ne pouvait pas les prendre en charge. Il n'aurait
jamais dû les prendre en charge. Aujourd'hui, ces 1 600 patients sont
toujours abandonnés par Yves Bolduc et Yves Bolduc va continuer à toucher le
maximum, une grande partie des primes malgré l'abandon de ses patients.
Le ministre Bolduc a trouvé une faille
dans un programme qu'il a lui-même mis sur pied. Il en a profité au maximum, il
devrait rembourser le maximum. C'est ça, le message qu'on a. Et je veux
m'expliquer quand je dis qu'il a trahi l'esprit du programme. Vous le savez,
quel était l'esprit de ce programme qu'il a mis sur pied. C'était d'ajouter des
patients à des médecins qui étaient en exercice. C'était une prise en charge
supplémentaire. Comment a travaillé M. Bolduc? À la même clinique que… Bonjour…
Une voix
: Bonjour.
Désolée.
Mme
Maltais
: Je
vais vous laisser installer la caméra. Après ça, je vais vous amener un élément
supplémentaire pour bien comprendre pourquoi nous considérons qu'il doit
rembourser entièrement les sommes qui sont… les sommes des primes.
Une voix
: Merci
beaucoup de nous attendre.
Une voix
: En fait,
vous pouvez continuer, Mme Maltais, je pense que vous êtes en direct.
Mme
Maltais
:
Parfait. O.K. Alors, je vais vous expliquer pourquoi nous considérons qu'il toujours
rembourser. Dans la clinique médicale où exerçait M. Bolduc, il y a un médecin
qui a pris sa retraite. Moi, je l'ai depuis longtemps, le nom de ce médecin-là,
c'est sorti sur CHOI-FM ce matin, c'est le Dr Gauthier. Dr Gauthier a pris sa
retraite, Yves Bolduc a pris la liste du Dr Gauthier, qui prenait sa retraite
dans la même clinique médicale et a appelé les patients, il les a convoqués
pour les amener en rendez-vous pour se présenter comme leur médecin de famille,
faire quelques examens. Donc, il ne s'agit pas, là, de l'esprit du programme.
L'esprit du programme, c'est d'aller
chercher, pour des médecins qui exercent déjà, d'autres patients. Là, ce qu'il
a fait, c'est prendre la clientèle d'un médecin qui prenait sa retraite, se la
transférer et leur faire signer une prise en charge automatique, alors qu'il
savait qu'il était dans un gouvernement minoritaire. Ça n'aurait pas dû se
faire. Il a tiré le maximum du programme, il doit rembourser le maximum du
programme. Voilà ce que nous continuons à dire. Et sinon, bien, qu'il
démissionne.
Sur les 100 jours, au Parti libéral, plus
ça change, plus c'est pareil. Vous le savez que… on vous avait dit en fin de
session, au bilan, qu'il n'y a toujours pas de politique économique parce qu'il
y a eu abandon du 15 milliards de dollars de dépenses dans les
infrastructures, donc aucune politique au niveau des revenus. Il n'y a toujours
pas de politique au niveau des dépenses puisqu'on a sous-traité les décisions
quant aux compressions à faire à deux comités. Mais ce qu'on ajoute
aujourd'hui, la seule chose qui s'est passée depuis, c'est l'affaire Bolduc. Et
ce qu'on peut dire, après cet ajout, c'est qu'après 100 jours, déjà, le bon
vieux Parti libéral est de retour, aucun sens de l'éthique, aucune
compréhension fine de cet enjeu si important pour la société québécoise, et
qu'ils sont déjà retombés dans les mêmes ornières. Ce sont les bonnes vieilles
ornières. Plus ça change, plus c'est pareil. Tu changes la tête, la bête reste
la même. C'est le bon vieux Parti libéral qui est de retour. Voilà sur les 100
jours. Merci.
M. Lafille (Julien)
:
Mme Maltais, sur M. Bolduc, qui est quand même allé au-delà des règles en
proposant de rembourser la moitié additionnelle en forme de dons de charité, est-ce
que… ce n'est quand même pas…
Mme
Maltais
: Il
essaie de se dépêtrer, là, mais ce n'est pas ça. L'esprit, c'est que le programme,
c'était une prise en charge, et la prise en charge, il savait qu'il ne devait
pas la faire. Il n'aurait jamais dû les prendre en charge. Il va garder quoi? 1 000,
1 100 patients, 1 200 patients? 200 primes associées à ça? On pense
que c'est… Il a profité au maximum, qu'il rembourse au maximum. On reste
là-dessus.
M. Boivin (Simon)
: Sur
le fait, là, qu'il a pris des patients d'un médecin qui partait à la retraite,
et donc des patients qui devenaient de facto orphelins…
Mme
Maltais
:
Ils étaient dans la même clinique, il faut le savoir, là. C'est un transfert de
patients d'un médecin à un autre. Est-ce que c'est ça, l'esprit du programme
qu'il avait, lui, mis sur pied? Et l'esprit du programme qu'il avait donné à ce
programme, là, c'était que des médecins en exercice s'ajoutent des patients,
qu'ils en prennent en charge plus. C'était ça, l'esprit. C'étaient 100, 200
patients de plus pour des médecins. Il a pris une liste… Est-ce que c'est ça,
l'esprit du programme? Non, ce n'est pas l'esprit du programme.
M. Boivin (Simon)
:
Mais j'essaie de voir qu'est-ce que ça change que ce soit ces patients-là qu'il
inscrive par rapport à que ce soit des patients sur une liste d'attente. C'est
des gens qui n'avaient plus de médecin parce que le gars était à la retraite,
non?
Mme
Maltais
:
Oui, tout à fait. C'est des gens qui n'auraient plus eu de médecin parce que le
docteur prenait sa retraite, sauf que c'est la façon dont a travaillé Dr
Bolduc. Il le savait très bien. Il avait une liste de patients de disponibles,
puis il a rempli les rendez-vous, puis c'est… il a fait, je l'ai dit, le beurre
et l'argent du beurre.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Qu'est-ce qu'il aurait dû faire à la place?
Mme
Maltais
: Il
aurait d'abord… il aurait dû exercer son travail de député à temps plein. Il
aurait dû aussi faire comme le veulent les règles éthiques de l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire exercer la médecine comme les autres députés de l'Assemblée
nationale, qui, eux, ont tous compris la règle, hein — tout le monde
a compris la règle sauf Yves Bolduc : exercer de façon à ne pas empiéter
sur le travail de député ou de façon raisonnable. Il a été déraisonnable. C'est
ça, le problème. Il en a profité au maximum, de cette faille du programme qu'il
a lui-même mis sur pied.
Pour que le gouvernement, actuellement, se
dise qu'il faut : un, changer les balises du programme; deux, regarder la
conduite des députés, il y a un problème chez Yves Bolduc. C'est le seul cas,
il n'y en a pas d'autre. Personne d'autre à l'Assemblée nationale n'avait
compris les règles comme Yves Bolduc les a appliquées. Il est là, le problème.
Le problème n'est pas dans les balises de l'Assemblée nationale; le problème,
il est chez Yves Bolduc.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Le Dr Barrette nous a déclaré tout à l'heure que cette affaire-là va
probablement nuire aux fédérations de médecins dans leurs négociations avec le
gouvernement.
Mme
Maltais
: C'est
le Dr Barrette qui l'a dit. C'est clair que le sujet sur toutes les
lèvres, c'est : comment est-ce qu'on paie les médecins au Québec et
l'addition des primes et tout ça. C'est clair que ça va demander un regard.
Mais je tiens à dire que Réjean Hébert l'avait revu, ce programme-là, justement
parce qu'il trouvait qu'il y avait des failles inadmissibles, dont a profité
Yves Bolduc.
M. Lavoie (Gilbert)
: Est-ce
que vous croyez aussi que... Est-ce que vous croyez, comme le Dr Barrette,
que ça peut nuire aux négociations du côté des médecins et, en d'autres mots,
aider le gouvernement?
Mme
Maltais
: Je
ne peux pas vous le dire. Je ne peux pas vous le dire. Nous verrons au fil du
temps.
M. Lavoie (Gilbert)
: Est-ce
que vous estimez que c'est une déclaration malheureuse du Dr Barrette,
aujourd'hui, ou...
Mme
Maltais
:
Écoutez, je ne veux pas commenter les déclarations du Dr Barrette, on ne
sait jamais quelle déclaration il va nous faire en retour.
Journaliste
: Briefly, in English, if you
can summarize what you think of Mr. Bolduc's offer to refund the bonus…
Mme
Maltais
: Mr. Bolduc has… Attendez un peu, je vais essayer de… Mr. Bolduc has taken the most profit he could from a program that he
has personally written. He took the maximum, he should give back the maximum. That's the point. We believe he must pay all or he must resign.
Une voix
:
C'est clair.
Mme
Maltais
:
Pour me résumer, c'est clair. Merci beaucoup. Au revoir.
(Fin à 15 h 17)