(Douze heures trente et une minutes)
M. LeBel :
Bonjour. J'ai voulu vous rencontrer pour… Depuis
deux jours, j'ai posé des questions à la ministre concernant l'avenir des
conservatoires en région, avec ma collègue Véronique Hivon, hier, et
aujourd'hui j'ai profité de la présence des gens de
Rimouski mêlés au milieu culturel qui
travaillent avec les gens du conservatoire
pour poser la question à la ministre puis lui faire comprendre l'impact que ça
avait. Ce n'est pas qu'une colonne de chiffres, ce n'est pas que des coupures
administratives, ça a un impact, ça touche le coeur même de la culture dans nos
régions puis de la vie culturelle en région. À Rimouski, c'est majeur, ça a un impact sur les jeunes, ça a un
impact sur les festivals, on parle du Festi Jazz, des festivals des Îles du
Bic, il y a des cours, la formation jazz-pop qui est donnée aussi. Bref, tout
ça a un impact majeur, et c'est important de…
puis ça, c'est pour la région de Rimouski,
mais c'est ça pour les autres conservatoires partout en région.
Actuellement, on a un gouvernement qui
n'est pas très sensible aux régions dans plein de domaines. On fait des… C'est
l'austérité, puis c'est l'austérité, puis des calculs qui sont faits au central, très
centralisés, et on ne réfléchit pas à l'impact, aux particularités de chacune
des régions. Et là, dans le cas du conservatoire, bien, c'est très clair. Puis ce matin, en plus, on voit un
rapport qui nous arrive, la ministre parlait de plusieurs hypothèses, et là on
parle d'une hypothèse, qui est la fermeture des conservatoires.
Bref, je pense que les gens de Rimouski puis
des autres conservatoires ont été très, très patients depuis des années, ils
ont fait confiance, ils se sont dit que ça ne se pouvait pas qu'on puisse
fermer… Là, aujourd'hui, l'inquiétude a monté d'un cran, et c'est ce que je voulais démontrer à la ministre, et j'ai profité
de la présence de ces gens-là dans nos tribunes pour demander à la ministre si
elle voulait les rencontrer, si elle voulait discuter avec eux autres pour voir
est-ce qu'il y a des solutions à tout ça, est-ce qu'on doit… Parce que les gens de chez nous vont se battre, vont
se battre jusqu'à la fin, ils vont se battre pour garder le conservatoire. Ça
fait que la ministre a accepté de les rencontrer. Ça fait que je vais laisser
la parole à ces gens-là, qui vont vous
expliquer, un peu, l'impact que ça a, et peut-être qu'ils vont pouvoir vous
parler aussi de la rencontre qu'on a eue avec
la ministre. Mme Bourassa.
Mme Bourassa (Mélanie) : Alors,
bonjour, je m'appelle Mélanie Bourassa. Je suis, à la base, musicienne,
clarinettiste. Je joue aux Violons du Roy comme surnuméraire, à l'Orchestre
symphonique de Québec, à l'Orchestre symphonique de Montréal, dans plusieurs
autres orchestres à travers le Québec et puis je joue aussi avec un groupe de
musique contemporaine de Victoria, un autre groupe à
Ottawa et j'enseigne au conservatoire de Rimouski. Donc, je crois aux
conservatoires de région et à tout le réseau des conservatoires pour plusieurs
raisons. Je connais beaucoup de musiciens qui ont été formés là, dont Yannick Nézet-Séguin.Et tout ça pour dire qu'en tant que professeur je peux vous dire
que le conservatoire a un impact majeur sur le parcours d'un étudiant en
musique. C'est clair qu'on n'aurait pas cette qualité de musiciens là à travers le Québec
et le Canada si on n'avait pas le réseau des conservatoires.
Au niveau préparatoire, même au
conservatoire, ils offrent, dans le fond, le programme de théorie musicale, en plus du programme d'orchestre, en plus du
programme de cours privés à chaque semaine et d'ensemble. Donc, c'est extraordinaire d'avoir ça.C'est impossible de faire tout ce travail-là dans
une autre institution, je pense. Ça demande extrêmement d'organisation et de
temps. Et puis les élèves qu'on va chercher, c'est des élèves qui sont très, très talentueux, qu'on n'aurait pas pu découvrir autrement. Donc, je
pense que le conservatoire a un impact majeur sur la formation musicale au Québec,
et c'est important qu'on
le sauvegarde. Voilà.
M. LeBel : Merci. Mme Gagnier.
Mme Gagnier (Esther) : Alors, mon nom, c'est Esther Gagnier. Je suis la directrice des Concerts aux îles
du Bic, et c'est un festival de musique de
chambre qui rayonne dans le Bas-Saint-Laurent,
dont principalement au Bic et à Saint-Fabien.
Notre festival, bien, il compte beaucoup
sur le conservatoire, qui est un partenaire
majeur pour notre festival. On engage des musiciens qui ont étudié au
conservatoire de Rimouski et qui font maintenant carrière internationale, et
qui reviennent à Rimouski pendant notre festival durant l'été. Nos directeurs
artistiques sont des professeurs au conservatoire. On
engage aussi des jeunes de la relève pour faire des prestations musicales
durant l'été. Donc, c'est vraiment… on
emprunte des instruments, des partitions et toutes sortes d'équipements spécialisés au conservatoire, alors c'est vraiment un partenaire majeur.
Et je représente également l'Orchestre des
jeunes du Québecmaritime. Alors, c'est un orchestre de jeunes, là, une trentaine, plus de 30 jeunes musiciens, qui sont issus de
tout le Bas-Saint-Laurent, donc il y en a d'Amqui, il y en a d'un peu partout
qui rayonnent, de Matane et de Rimouski, qui répètent chaque semaine au
conservatoire même. Alors, c'est vital pour
notre région. Alors, je parle de l'Orchestre des jeunes, mais, dans notre région,
il y a aussi l'Orchestre symphonique de l'Estuaire, il y a également le Festi
Jazz, il y a plein d'autres festivals et de groupes…
et d'ensembles de musique qui font que la ville rayonne… et un milieu
musical stimulant. Merci.
M. LeBel : Mme Proulx.
Mme Proulx (Martine) : Bonjour, je
suis Martine Proulx, représentante du Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent.
Donc, c'est clair que, pour une région comme
le Bas-Saint-Laurent, la présence d'un conservatoire de musique, c'est essentiel, c'est
vital à la diversité culturelle. Par les liens qui sont faits, il y a tout un
groupe d'organismes satellites qui gravitent autour du conservatoire, comme Mme Gagnier l'a mentionné. Donc,
s'il n'y avait pas de conservatoire, il n'y aurait probablement pas d'orchestre
symphonique à Rimouski, mais qui dessert tout le Bas-Saint-Laurent, il n'y aurait pas d'Orchestre des jeunes,
il n'y aurait pas tous ces autres organismes qui gravitent autour. Le
conservatoire, bien qu'il soit basé à Rimouski, dessert tout le
Bas-Saint-Laurent, même la Gaspésie, la Côte-Nord. Des jeunes, donc, qui choisissent de venir y étudier… bien, qui
choisissent ou qui sont sélectionnés. Donc, c'est
clair que c'est essentiel dans un milieu pour
la vitalité du milieu culturel, mais aussi pour faire d'une région comme la
nôtre un milieu de vie attractif pour des jeunes familles qui choisissent
maintenant, de plus en plus, là où ils vont s'établir en fonction de l'offre
culturelle, des services offerts dans leur milieu. Donc, c'est clairement essentiel pour tout le
Bas-Saint-Laurent.
M. LeBel : M. Saint-Pierre.
M. Saint-Pierre (Francis) : Oui, bonjour.
Francis Saint-Pierre, je suis maire de
Saint-Anaclet et préfet de la MRC de Rimouski-Neigette. C'est clair que,
nous autres, au niveau politique, ça nous inquiète. On a eu vent d'un document
qui circulait où est-ce que le conseil d'administration du conservatoire
prendrait une décision demain de fermer nos conservatoires. On a lancé une
pétition en ligne, on s'est présentés
aujourd'hui, on a rencontré la ministre, et
l'assurance qu'elle nous a donnée, c'est que,
peu importe la décision de demain, ça ne sera pas une décision finale. Nous
autres, on disait : Bien, il y a beaucoup
de documents auxquels on n'a pas accès, là, je veux dire au niveau des états
financiers, on a des états financiers consolidés, on n'a pas d'autre chose, on
n'est pas capables de savoir tous les détails des états financiers. Elle, elle
nous dit : Bien, on va s'organiser pour
que vous ayez les documents. Il va y avoir des consultations. La ministre, si
ce n'est pas elle, il y a quelqu'un de son ministère qui va venir nous
rencontrer en région pour discuter de l'avenir des
conservatoires.
Dans ce sens-là, la rencontre de ce matin
a été positive, mais je pense que le geste qu'on a posé aujourd'hui était
essentiel pour permettre de se faire entendre puis de dire à la ministre : C'est
important. C'est important. Les gens vous ont
parlé plus au niveau culturel, mais, au niveau économique, quand on a une organisation
comme le conservatoire sur notre territoire, il y a beaucoup d'organismes qui
en dépendent, il y a beaucoup… ça amène beaucoup d'activité économique, ça
amène… parlez-en aux hôteliers, aux restaurateurs, là, ils sont contents
d'avoir un conservatoire qui va faire en sorte que, quand il va y avoir un
spectacle, ces gens-là vont aller consommer dans
leurs établissements.Ça a un impact
majeur.
Tantôt, on… quelqu'un me disait… le maire
de Rimouski citait : C'est au moins aussi
important à Saint-Anaclet que… à Rimouski, excusez, que le… que Telus. En tout
cas, moi, je pense que ça démontre l'importance que ça a pour nous autres. Merci
beaucoup.
M. LeBel : Pour terminer, deux secondes, vous dire que la
ministre a montré de l'ouverture, mais il y a deux
éléments importants. M. Saint-Pierre l'a mentionné, la ministre dit
souvent… nous a dit : Il faut que la
région… si vous avez des idées, faire vos efforts, c'est parfait, mais il faut
avoir les informations pour ça, il faut avoir les données économiques, il faut
savoir le… il faudrait avoir une copie du rapport, il faudrait savoir
exactement qu'est-ce que le ministère voulait, puis
avoir toutes les informations pour pouvoir prendre des décisions, pour pouvoir
en discuter avec eux, première chose.
Deuxième chose, c'est : il faut que le ministère se rende en région,
puisse se rendre pour rencontrer les intervenants en région. Il faut… pour une
fois, il ne faudrait pas que ça se fasse d'une façon centralisée, il faudrait
que ça se fasse d'une façon décentralisée, en écoutant tout le monde. Merci.
M. Salvet (Jean-Marc)
: La ministre cherche à se faire
rassurante. Ce matin, devant tous les journalistes, elle a
déclaré — puis c'est un peu ce qu'elle a dit également au salon bleu par la suite — qu'aucune décision
n'est prise, que c'est elle qui décidera en bout de ligne, elle et son
ministère, et donc laissait entendre que ce n'est qu'un rapport et que, quelle
que soit la décision qui sera prise demain, elle pourrait dire non. C'est
rassurant?
M. LeBel :
Bien, c'est sûr que c'est elle qui prend la décision,
elle est ministre, elle est responsable, puis c'est
pour ça qu'on lui pose des questions. Mais hier
elle nous parlait de plusieurs hypothèses. Elle parlait…
Elle disait en août : Nous regardons, nous
regardons les hypothèses, mais aujourd'hui ce qu'on voit, c'est qu'il y
a une hypothèse, il y a une façon de voir les choses. Et là il faut… c'est là-dessus,
là… c'est ça qui nous inquiète un peu.
Maintenant, à
partir de ce rapport-là qui est déposé demain,
elle nous dit qu'il y aura une décision, mais pas demain. Entre le
rapport et la décision finale qui lui appartient, il y a un moment, il y a un
laps de temps, et c'est là qu'il faut qu'elle donne les informations aux
régions, toutes les informations, puis qu'elle se rende en région pour les
rencontrer.
M. Salvet (Jean-Marc)
: Il y a un vrai problème avec ce
déficit, qui serait à hauteur de 14 millions.
Est-ce un véritable problème et comment le résorber?
M. LeBel :
Bien, effectivement, il y a un problème, effectivement, il faut regarder tout
ça, puis je pense que c'était ça, le mandat. Mais, entre regarder tout ça puis
décider d'une façon centrale… Puis c'est souvent ça :
c'est Dieu le Père, qui est à Québec, qui décide
qu'en région c'est comme ça que ça marche.
Bien là, entre ça, il y a moyen de parler aux gens.
Puis les gens en région, quand on leur
donne l'information, puis quand on les
considère, puis qu'on considère leurs
particularités, ils sont capables de parler, mais il faut les informer. Pour
l'instant, ils ont été patients, tout ce monde-là, là. Pendant des mois et des
mois, ça circulait, des choses, mais ils ont continué à enseigner, les jeunes
ont continué à… tu sais, tout le monde a continué à travailler en se disant : Bon, on fait confiance. Aujourd'hui, avec le
rapport, la confiance est ébranlée. Maintenant, la ministre, c'est vrai, elle dit :
On va aller vous voir, c'est bien tant mieux. Il
faut qu'elle vienne avec les informations pour qu'on
puisse discuter.
M. Salvet (Jean-Marc)
: Merci beaucoup. Merci à tous.
(Fin à 12 h 42)