(Douze heures vingt minutes)
M. Legault
: …le député
de Nicolet-Bécancour, qui est notre porte-parole en matière d'environnement.
Peut-être, avant de vous parler de la
cimenterie en Gaspésie, un petit mot d'abord pour offrir, au nom de la
Coalition avenir Québec, nos sympathies à la famille de Gilles Latulippe. Ceux
qui sont plus vieux, hein… je vois qu'il y en a qui sont plus jeunes, là, mais
les plus vieux se rappellent de Gilles Latulippe avec le Capitaine Bonhomme,
hein? On ne comprenait pas toujours les farces, mais je me souviens que mon
père écoutait ça, et Symphorien, évidemment, qui a commencé avec Cré
Basile puis Olivier Guimond.
Quel être sympathique! Je me rappelle,
j'étais au secondaire puis j'avais appelé Gilles Latulippe parce que j'avais un
travail à faire, et puis il avait accepté de me recevoir au Théâtre des
Variétés. Et on avait une caméra qu'on ne savait pas comment faire fonctionner,
puis c'est lui qui nous avait aidés puis il nous avait amenés, il nous avait
dit : Avez-vous des billets pour le spectacle? Et puis on avait dit non,
il nous avait placés dans la première rangée. Puis franchement, le burlesque,
là, c'était le plus bel exemple, et puis quel être sympathique. Donc, toutes
nos sympathies à la famille de Gilles Latulippe, là, qui est un grand comique
de l'histoire du Québec.
Je voudrais, ce matin, vous parler de la
cimenterie en Gaspésie. Vous le savez, depuis le début, on est le seul parti…
En tout cas, le Parti libéral et le Parti québécois ont appuyé ce projet, 450 millions
de fonds publics. 450 millions pour 200 emplois, c'est donc plus de
2 millions de dollars par emploi. C'est probablement un des projets les
plus coûteux de l'histoire du Québec. Justement, on a notre ami Jacques Daoust
qui fait la tournée des médias actuellement pour dire que les projets
d'Investissement Québec devraient être payants, bien, c'est peut-être le
projet… un des projets les moins payants de l'histoire d'Investissement Québec.
Mais, plus on fouille le dossier, plus on
s'aperçoit que, non seulement le projet n'est pas payant pour les Québécois
économiquement, mais il n'est pas payant non plus pour les Québécois au point
de vue environnemental. N'oublions pas, là, on parle d'un projet où on va
ajouter 2 millions de tonnes par année de gaz à effet de serre.
Actuellement, le gouvernement refuse de faire faire les études
environnementales. Et habituellement, au Parti québécois, ils aiment faire des
leçons sur l'environnement. Or, hier, le porte-parole du Parti québécois a dit
qu'il était d'accord avec cette absence de consultations publiques. Moi, ce que
j'aimerais bien, c'est que les Jean-François Lisée, Bernard Drainville, Pierre
Karl Péladeau qui sont les candidats pressentis à la chefferie du Parti
québécois, je sais qu'il y en a qui aiment beaucoup écrire des lettres
ouvertes, là, j'aimerais ça qu'ils écrivent une lettre sur pourquoi ils
appuient le projet de cimenterie, le projet qui est le plus polluant de toute
l'histoire du Québec.
Ce qu'on voudrait savoir aussi de la part
du gouvernement libéral, c'est combien ont-ils donné d'unités de crédit de carbone.
Parce que j'entendais hier le premier ministre Couillard dire : La cimenterie,
ils auront le choix : ou ils feront de l'innovation ou ils paieront les
crédits de carbone. D'abord, ça ne fait pas de sens de dire : On fera de
l'innovation; c'est une usine neuve. On ne peut pas avoir des nouvelles
innovations, c'est déjà une usine neuve.
Deuxièmement, bien là, il nous dit… Philippe
Couillard, je ne sais pas s'il est au courant du deal qui a été signé par son
gouvernement, il nous dit : La cimenterie paiera les crédits de
carbone. Or, ce que le ministre de l'Environnement nous a dit, M. Heurtel, c'est
qu'il a donné des crédits de carbone à la cimenterie. Donc, est-ce qu'on
pourrait savoir c'est quoi la valeur marchande des crédits de carbone qui ont
été donnés à la cimenterie? Parce que là, ce qu'on apprend finalement, c'est
qu'on a donné 450 millions d'investissement de fonds publics, mais, en
plus, on a donné des crédits de carbone. Parce que les entreprises, si la
bourse du carbone fonctionne, vont devoir payer pour ces crédits de carbone.
Donc, si on en donne à la cimenterie, on en a donné combien d'unités, on en a
donné pour combien d'années? Combien ça vaut? Donc, combien ce cadeau
représente, encore une fois, de la part du Parti libéral?
Et je terminerais en vous disant que, dans
le fond, ce qu'on voit, là, c'est que les deux vieux partis, autant le Parti
québécois que le Parti libéral, qui ne veulent pas de consultation publique sur
ce projet de cimenterie qui est le plus polluant de l'histoire du Québec, bien,
tous les deux, dans le fond, ce qu'ils nous disent, c'est : Faites ce qu'on
dit, ne faites pas ce qu'on fait.
Mais en pratique, là, c'est bien beau
aller faire des belles visites à New York pour la conférence de l'ONU sur le
climat, mais on peut-u au moins agir puis se poser des questions sur ce
projet-là qui n'est pas payant pour les Québécois puis qui est le plus polluant
de l'histoire du Québec?
Le Modérateur
: On va
passer aux questions.
M. Ouellet (Martin)
:
On ne peut pas reculer, M. Legault, là-dessus, là?
M. Legault
: Écoutez, d'abord,
on pourrait faire des évaluations environnementales. Pourquoi on le fait pour
les autres projets, puis là il semble y avoir une urgence de ne pas en faire? Pourquoi
on donne ce cadeau-là spécifiquement aux investisseurs de la cimenterie
McInnis?
Deuxièmement, bien, c'est en construction.
Moi, je n'ai pas vu personne évaluer combien ça coûterait de stopper le projet,
mais on est en train d'investir 450 millions de fonds publics pour le
projet le plus polluant de l'histoire du Québec, qui va effacer la grande
partie des gains qu'on a faits au cours des dernières années sur les gaz à
effet de serre.
Moi, là, je suis le premier... puis la
CAQ, on est les premiers à dire : Il doit y avoir un équilibre entre
l'économie puis l'environnement. Mais, dans ce dossier-là, c'est un dossier
perdant-perdant : perdant pour l'économie, perdant pour l'environnement.
Donc, pourquoi les deux vieux partis
s'obstinent à défendre ce projet-là puis à vouloir le mettre sur un «fast
track» en plus?
M. Lecavalier (Charles)
:
Le ministre de l'Environnement, ce matin, a avancé l'idée que la cimenterie
pourrait utiliser du gaz naturel liquéfié. Est-ce que vous trouvez ça réaliste?
M. Legault
: Bien,
écoutez, là, on peut-u, justement, avoir une étude? On nous parle de coke de
pétrole, on nous parle d'éléments les plus polluants. Est-ce qu'on peut, s'il y
a des changements, s'il y a de l'innovation...
M. Couillard, à New York, nous dit :
Oui, mais la cimenterie va innover. Aïe! Écoute, c'est quelle innovation? C'est
quoi les impacts sur l'environnement de ces innovations-là, si c'est vrai? Ce
que je doute beaucoup, parce qu'on a une usine qui est neuve. Voyons donc! Des
nouvelles innovations dans une usine qui est déjà neuve, il y a quelque chose
qui ne marche pas.
Donc, peut-on avoir, par transparence,
plus d'information pour les Québécois?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Pourquoi le gouvernement puis l'opposition officielle souhaitent-ils que ce
projet aille de l'avant sans évaluation environnementale, selon vous? Bien,
pourquoi cette obstination?
M. Legault
: Essentiellement
pour des raisons politiques. Ils veulent créer 200 emplois en Gaspésie et ils
ont promis de le faire. Ils achètent des votes en Gaspésie, un peu comme ils
font avec l'éolien, mais ce sont les Québécois qui vont payer en bout de ligne
puis c'est l'environnement qui va payer en bout de ligne, donc tous les Québécois.
Donc, je ne comprends pas, je ne comprends pas, là. Puis en plus Jacques Daoust
nous dit à mots couverts : Le PQ acceptait n'importe quoi comme projet
pour faire des annonces. Bien, en quoi sont-ils différents du PQ, le Parti
libéral?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, vous, vous faites une sortie publique aujourd'hui pour dénoncer ce
projet-là. Vous dites que c'est une mauvaise décision économique, c'est une
mauvaise décision environnementale parce que… puis vous pensez qu'il y a un
appui populaire pour ce genre de réaction là.
M. Legault
: Bien, moi,
je pense que oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
C'est une décision politique que vous avez prise aujourd'hui, de venir dénoncer
publiquement ce projet-là.
M. Legault
: Écoutez,
là, la CAQ, là, fait de l'économie une priorité, mais l'économie, là, ce n'est
pas à tout prix. Il faut qu'il y ait un équilibre entre le développement
économique puis la protection de l'environnement. Ce que je vous dis, c'est
que, dans ce dossier-là, les deux sont perdants. Économiquement, investir
450 millions pour créer 200 emplois, je ne me souviens pas d'avoir vu ça
dans l'histoire du Québec. Puis de l'autre côté, de dire : On va démarrer
le projet le plus polluant de l'histoire du Québec puis on ne veut pas
d'évaluation environnementale, on ne veut pas savoir… Puis je voudrais savoir
aussi combien nous, les contribuables, là, on a donné en unités de crédit de
carbone à la cimenterie? Est-ce qu'on peut savoir ça? Ça vaut combien? Ça vaut
1 million, 10 millions, 100 millions? Ça vaut combien? Est-ce
qu'on peut l'avoir, le chiffre? C'est de l'argent public.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais il n'y a pas de nécessité à avoir une étude puisque le projet a vu le jour
avant 1995.
M. Legault
: Bien,
écoutez, oubliez le…
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ce
n'est pas une dépense d'argent inutile si le projet va de l'avant?
M. Legault
: Écoutez,
là, de dire, là : Le projet a vu le jour avant 1995… Est-ce que c'est le
même projet? On a, pas plus tard qu'hier, Philippe Couillard qui parle
d'innovation. Est-ce que c'est le même projet? Est-ce qu'on peut avoir une
étude sur le projet actuel? Est-ce qu'on peut savoir… Philippe Couillard est à
New York, là, puis il dit : Nous, on est pour une bourse du carbone. Donc,
tantôt, là, il va aller faire la leçon aux entreprises pour dire : Au
Québec, si vous ne respectez pas certains standards, vous allez payer pour des
unités de carbone. Puis en même temps, là, il dit à la cimenterie : Je
vous donne, en dessous de la table, des crédits, comme ça vous n'aurez pas à
payer. On peut-u savoir qu'est-ce qu'il leur a donné en dessous de la table?
Le Modérateur
: Questions
en anglais.
M. Ouellet (Martin)
:
Mais, M. Legault, juste pour finir…
Le Modérateur
: Dernière
question en français.
M. Ouellet (Martin)
:
Je pense qu'il apparaît très clair que ce sont des décisions politiques qui ont
amené cet investissement-là et l'appui des partis en question. Maintenant, est-ce
que, chaque semaine, vous allez nous entretenir là-dessus ou... Vous dites
qu'il faudrait biffer. Votre position, aujourd'hui, c'est quoi? Parce qu'on
vous entend souvent le dénoncer, on vous entend, depuis des semaines, le
dénoncer, mais là, c'est quoi, la nouvelle affaire?
M. Legault
: Moi, là,
si j'étais premier ministre du Québec, là, je serais en train d'évaluer combien
ça coûterait d'annuler le projet, pour arrêter le projet. Ça, c'est la première
chose. Deuxièmement, moi, j'aimerais savoir, là… Je ne comprends pas que le gouvernement
donne des crédits de carbone à la cimenterie, et le ministre Heurtel nous dit :
Oui, on en donne, mais c'est confidentiel. Je ne peux pas vous dire combien. Aïe!
On n'est pas dans une compagnie privée qui fait affaire avec une autre entreprise
privée, là. C'est de l'argent du gouvernement, de l'argent des contribuables. Donc,
on demande aussi de la transparence.
Puis je ne comprends pas, là, puis en même
temps je lance... je fais un appel à Jean-François Lisée puis Bernard
Drainville, là, d'écrire une lettre ouverte là-dessus, là. J'ai hâte de les
entendre, moi, sur comment et pourquoi ils appuient ce projet-là, le projet le
plus polluant de l'histoire. Ces gars-là, là, qui viennent faire des leçons à
la CAQ sur l'environnement, ils sont en train d'appuyer un projet puis dire :
C'est correct, je suis à l'aise avec le fait qu'il n'y ait pas de consultation
publique? Aïe! On peut-u au moins aller interpeller ces gentils messieurs là du
PQ.
Le Modérateur
: Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline)
: Do you still question the necessity of this project, given the fact
that also there are others cement plants in the province? That's one more of
your argument?
M. Legault
: You can add this argument. Right now you already have some plants
operating under 60% of their capacity. So why do you put $450 million of
public money in this project? And also, at the same time, we don't know how
much carbon units the Government is giving to the company. I would like to know.
It's very nice to go to New York and have a nice speech about reducing
pollution, but it's the worst project in Québec. So can we have more information? And how come it's a lose-lose project? You know, sometimes, you
have some projects where it's a winner for the economy but a loser for the
environment. Right now, it's a lose-lose project.
Mme Plante (Caroline)
: Wouldn't the Government lose even more if it stops the project? There is some money...
M. Legault
: I think, first, we need more information. Second, I think we have to look at the possibility how much would
it cost to stop the project. I think we should look at that right now.
Mme Plante (Caroline)
: ...on private schools. Do you think that we should stop subsidizing
private schools? Is that a good idea?
M. Legault
: At this point, I will not comment on another balloon from the Government trying to get the reaction of
everybody on something. I will wait to see what do they propose.
Mme Plante (Caroline)
: And lastly, if I can just ask one more question, on the federal tax cuts to the… possibly eventual federal tax cuts,
is that a good idea also to avoid offsetting those taxes?
M. Legault
: Right now, we have a deficit of $3 billion in Québec. I thought the
Government had a plan to eliminate this deficit in
cutting expenses. So why would they need to get more revenues, taking the
fiscal area left by the federal Government? I don't understand. I think that right now taxes are already too
high and it's a burden for consumption in Québec.
So, of course, if the federal Government reduce taxes, be good for
all provinces, we cannot be the province where we increase. And why would we do
that, except if the Government
doesn't have any plan to find another way to eliminate a deficit? And that's
where I see that this Government doesn't know where to go. They've asked two commissions to give them some ideas, but
again it's important that the elimination of deficit be done in reducing
expenses, not in increasing taxes.
Mme Plante (Caroline)
: …they want to increase taxes, but wouldn't that help, to increase
taxes?
M. Legault
: It will be an increase. If other provinces don't increase, it will
be an increase. And I think that, right now, we need to decrease taxes.
M. Bélair-Cirino (Marco) : M.
Legault, comment le gouvernement peut prétendre qu'il y a un déséquilibre
fiscal entre Ottawa et les provinces tout en disant qu'il ne va pas investir le
champ fiscal qui pourrait être libéré par Ottawa, mais qui pourrait, en plus,
diminuer les taxes, les tarifs et les impôts des Québécois après l'atteinte de
l'équilibre budgétaire.
M. Legault
: Bon, regardez,
actuellement, il y a un déficit de 3 milliards de dollars, hein? Le gouvernement
a demandé à deux commissions de lui donner des idées, comment éliminer
3 milliards. Nous, ce qu'on dit, là, c'est que le 3 milliards doit
être éliminé en réduisant les dépenses. Donc, on devrait être capable
actuellement, là, pour, disons, les deux années qui viennent — parce
que l'objectif, c'est de le faire d'ici deux ans, d'ici l'année
prochaine — d'atteindre l'équilibre budgétaire. Pour les années
suivantes, si on a besoin de petits montants pour financer la santé, parce que
la santé augmente de 5 %, c'est une autre question. Mais là, de toute
évidence, M. Leitão, là, il n'a pas de plan pour atteindre l'équilibre
budgétaire puis là il cherche désespérément des solutions. Mais ça, ce n'est
pas une solution. On ne peut pas actuellement augmenter les taxes des
Québécois, il faut les réduire. Merci, tout le monde. Bonne journée.
(Fin à 12 h 36)