(Neuf heures trente-huit minutes)
M. Pagé
: Alors,
bonjour, merci de vous être déplacés pour ce point de presse où le sujet est
l'avenir de l'aérogare de Mirabel. Évidemment, je suis accompagné de la députée
de Mirabel, Sylvie D'Amours, du maire, préfet de Mirabel, Jean Bouchard, et je
le remercie d'être avec nous aujourd'hui. Je veux également le féliciter pour
la mobilisation qu'il a su créer autour du dossier de l'avenir de l'aérogare de
Mirabel, mobilisation qui est fort étonnante, où l'ensemble des élus de la
région des Laurentides, par résolution, la CRE des Laurentides, où il y a
76 municipalités, une résolution unanime, une résolution unanime également
de la CMM, 82 villes qui se sont prononcées pour le moratoire demandé de
trois mois pour qu'on reporte la démolition de l'aérogare de Mirabel.
Est-ce nécessaire de vous rappeler ce
fiasco autour de toutes les terres qui ont été spoliées autour de Mirabel? On
parle de plus de 100 000 hectares, évidemment, retournés au fil du temps. Ça
a eu des drames humains importants, et aujourd'hui on est face à une réalité
qui est assez désolante, et nous demandons au gouvernement du Québec
d'intervenir auprès d'ADM pour demander ce sursis à ADM ou encore intervenir
auprès du gouvernement fédéral pour une intervention musclée auprès d'ADM pour
que l'on reporte cette fameuse démolition de trois mois.
On vous rappelle qu'il y a 1 million
de pieds carrés, qui sont debout, qui sont en place, il y a un projet qui
pourrait être très structurant pour la communauté locale. La mobilisation, elle
est unanime dans la région des Laurentides, que ça soit tous les élus, les
citoyens. Et ce qu'on constate, c'est qu'on est en train de répéter les mêmes
erreurs qui ont été faites dans cette histoire d'horreur qu'est Mirabel, qui a
commencé il y a à peu près 45 ans, et on est en train de compléter cette histoire
d'horreur en allant de l'avant avec une démolition sans écouter le milieu,
cette mobilisation du milieu qui ne demande, finalement, que trois mois pour
faire la démonstration, qu'il y a un projet qui est viable, qu'il y a un projet
qui est rentable et qui pourrait être très structurant non seulement pour les
citoyens et les gens d'affaires de Mirabel, mais, somme toute, pour l'ensemble
de la région. Et on sait que ça déborde vers l'Outaouais, ça déborde vers la
région de Laval, ça déborde vers la région de Lanaudière parce que les projets
qui peuvent être mis en place dans cet espace, évidemment, c'est des projets
qui pourraient être créateurs de centaines, voire de milliers d'emplois directs
et indirects.
Alors, nous avons besoin d'une
intervention du gouvernement du Québec, nous avons besoin que le ministre
responsable de la région des Laurentides, qui est M. Arcand, se fasse
entendre. Il a été à l'écoute, mais il a dit bien peu de choses, alors nous demandons
ce matin, formellement et avec promptitude, au ministre régional et au gouvernement
du Québec d'intervenir auprès d'ADM pour que cesse cette histoire d'horreur à
Mirabel. Je laisse la parole à ma collègue la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci. Je suis
Sylvie D'Amours, députée de Mirabel. Pour ma formation politique, il était très
clair que la demande de M. Bouchard, le délai de trois mois, était très
raisonnable. On a envoyé deux communiqués de presse, j'ai fait des appels à
ADM, je les ai même rencontrés le lundi avant leur décision, qui était le
16 septembre, le mercredi, pour essayer de comprendre pourquoi que le
trois mois n'était pas accepté. Pour nous, comme mon collègue le
mentionnait, la région de Mirabel, l'aéroport a été un enfer pour plein de
familles, ça a mal débuté pour eux, et maintenant on voudrait démolir ce
bâtiment-là. Ma formation politique ne comprend pas pourquoi que le délai de
trois mois n'a pas été accepté. Tout ce qu'on demandait à ADM était le
trois mois.
Donc, il est certain que — je suis
d'accord avec mon collègue — le gouvernement libéral… silence radio.
On n'a rien entendu, il n'y a pas eu de communiqué de presse qui a été fait à
ce sujet.
Je sais que la démarche de M. Jean
Bouchard était de négociation. Ça n'a pas été un dossier qui a été porté avec une
revendication, avec le poing levé ou... Non, c'était vraiment en position de
négociation. Si on est ici ce matin, les deux formations politiques, c'est à la
demande de M. Bouchard parce qu'il ne voulait pas en faire un point
politique. Alors, c'est vraiment de l'aide qu'il avait de besoin, et nous, on
l'a appuyé dans son trois mois de délai. Et maintenant on est rendus où
est-ce qu'on est rendus là, ADM n'a pas écouté, n'avait aucune écoute, et ça
aurait pris la position du gouvernement qui est en place maintenant, le
libéral, qui n'a pas pris sa position. Alors, merci.
M. Pagé
:
M. Bouchard, un mot.
M. Bouchard (Jean) : Bien
oui, un mot. Alors, bonjour à tous. Écoutez, je suis heureux d'être ici
aujourd'hui. Ça démontre, évidemment, la mobilisation que nous avons faite
depuis les six derniers mois. Je remercie le Parti québécois, la Coalition
avenir Québec. Et maintenant, évidemment, le message s'adresse à
M. Arcand, que nous avons rencontré il y a trois semaines. M. Arcand
est au courant de notre projet du centre de foire.
Et, encore une fois, qu'est-ce qui presse
dans ce dossier-là? Pourquoi qu'ADM veut à tout prix démolir? Pourquoi ne pas
se donner trois mois, le temps de faire notre plan de travail, le plan
d'affaires et s'entendre, évidemment, pour un financement quelconque? Sachez
que, depuis la mise en demeure que nous avons envoyée à ADM la semaine
dernière, je ne reçois que des appels d'investisseurs. Alors, il y a de quoi à
faire avec ce bâtiment-là, c'est un bâtiment d'une architecture fort
intéressante encore, très moderne. Quand on démolit un bâtiment, c'est parce
qu'il est non sécuritaire. Ce n'est pas le cas. Alors, encore une fois, depuis
six mois, je pose la question à ADM : Qu'est-ce qui presse à tout
prix de démolir? Alors, pourquoi ne pas se donner encore un trois mois?
Alors, c'est le message, encore une fois, que nous lançons.
Et je suis convaincu que le gouvernement,
notre gouvernement va au moins intervenir et nous soutenir dans cette approche
que nous faisons, malgré que la démolition, l'entrepreneur a été engagé, et
tout. Il reste que, bon, le message doit être clair aussi au fédéral. Donc, je
tiens à ce que le gouvernement du Québec fasse aussi certaines démarches auprès
du fédéral pour, évidemment, reculer dans ce dossier-là. Je vous remercie.
M. Laforest (Alain)
:
Avez-vous l'impression que le gouvernement est en train de... a peur de se
lancer dans un autre projet éléphant blanc? C'est peut-être pour ça que vous
n'avez pas de réponse.
M. Bouchard (Jean) : Vous
pensez... Le gouvernement du Québec? Bien, écoutez, moi, j'ai toujours pensé
qu'on a des programmes qui sont offerts, autant Québec, fédéral. On peut parler
de programmes d'infrastructures, on peut parler de Chantiers Canada, on peut
parler de programmes de taxe d'accise, l'argent est là. Alors, il faut tout
simplement s'asseoir ensemble et voir si… Vous le savez, Mirabel, on a toujours
évalué à 30 millions que ça prendrait pour la mise aux normes de ce
bâtiment-là et convertir ça en centre de foires. Le 30 millions, Mirabel,
je l'ai toujours dit, on est prêts à faire largement notre part, jusqu'à 10 millions.
Donc, il manquerait 20 millions… bon, 20 millions, avec les deux
paliers gouvernementaux. Mais, comme je vous dis, il y aurait une ouverture
aussi avec l'entreprise privée. Parce que, depuis certains temps, bon, l'entreprise
privée montre un intérêt à investir dans ce bâtiment-là, ça…
M. Laforest (Alain)
:
On est dans une dynamique de compressions, là, actuellement, au Québec, et on
nous dit qu'il n'y a pas d'argent. Il faut que le gouvernement en ait pour son
argent. Mirabel, c'est triste, c'est un éléphant blanc. Est-ce que vous croyez
que le gouvernement pourrait mettre de l'argent en ne sachant pas si ça va
fonctionner?
M. Pagé
: Bien, avant
de juger si c'est un éléphant blanc, si c'est un projet moribond, il faut qu'on
se donne le temps. Et ce qu'on demande aujourd'hui, là, c'est trois mois.
M. Laforest (Alain)
:
Puis vous niez que c'est un éléphant blanc à venir jusqu'à maintenant?
M. Pagé
: Pardon?
M. Laforest (Alain)
:
Puis vous niez que c'est un éléphant blanc, Mirabel, jusqu'à maintenant?
M. Pagé
: Sauf qu'il y
a une proposition qui est sur la table, il y a une proposition qui est fort
intéressante, et ces gens, là, la SOGEMM, ont besoin de trois mois. Alors,
il n'y a pas d'urgence nationale, là, ça fait 45 ans qu'on vit l'horreur à
Mirabel. Alors, est-ce qu'on peut se donner ce trois mois-là? Parce que
les études préalables, là, de préfaisabilité, là, sont fort intéressantes. Mais,
après la démolition, il va être trop tard, donc…
M. Bouchard (Jean) :
Irréversible. Démolition…
M. Pagé
: Bien, voilà!
Alors, qu'on se donne le trois mois, s'il vous plaît, et on pourra regarder.
Si, effectivement, il n'y a pas de projet intéressant, on passera à la
démolition.
M. Dutrisac (Robert)
:
Quelle est la probabilité qu'au bout de trois mois le projet se réalise?
Et évidemment vous demandez aussi une participation du gouvernement du Québec
dans ce projet-là?
M. Bouchard (Jean) : La probabilité…
Écoutez, on a soumis des études de faisabilité, l'idée d'un centre de foires
est rentable dès la première année. L'étude de faisabilité démontre que
seulement 20 % de l'exploitation… nous pouvons être rentables dans cette…
Et, comprenez, le centre de foires, ce n'est pas juste un centre de foires
qu'on veut convertir de cet immeuble-là de 1 million de pieds carrés. On
ne transformera pas 1 million de pieds carrés en centre de foires, on
parle de 270 000 pieds carrés. Mais il y a toutes sortes de projets aussi
pour les autres niveaux de ce bâtiment-là. Sachez que la sous-traitance en
aéronautique est très, très intéressée à investir pour un centre de recherche
et de développement dans ce bâtiment-là.
Alors, il y a plein d'idées, il y a plein
de projets, et Dieu sait que nous, on travaille, bon, très fort depuis
six mois, et nous sommes très, très persuadés que le centre de foires est…
peut être réalisable, peut être rentable dès la première année, et tout est sur
la table par la suite, là. Se donner trois mois… J'ai toujours dit à ADM
que je serais le premier à m'asseoir avec eux après avoir fait le tour du
jardin. Pouvons-nous se donner encore trois mois, et s'asseoir, par la
suite, et constater que, bon, malheureusement, bon, se rendre à l'évidence qu'il
faut démolir? Quant à moi, dans ma tête à moi, on n'a pas fait encore cette
réflexion-là.
M. Laforest (Alain)
: À
Ottawa, on vous dit quoi? Parce que ça leur appartient, là.
M. Bouchard (Jean) : Silence
radio.
M. Pagé
: Silence
radio. C'est incroyable.
M. Bouchard (Jean) : M. Lebel
se cache dans ce dossier-là. Je trouve ça très malheureux parce que le
propriétaire est tout de même le fédéral. Alors, le message est clair, c'est de
demander au fédéral de réagir rapidement, malgré que l'octroi de la démolition
ait été donné, là.
M. Laforest (Alain)
:
Mais, si le fédéral ne veut rien entendre, qu'est-ce que vous croyez que le
Québec a comme influence sur le fédéral, alors qu'on n'est même pas capables de
régler le dossier du registre des armes à feu?
M. Bouchard (Jean) : Bien,
écoutez, si c'est ça, mais que le fédéral le dise une fois pour toutes, là.
Alors, que M. Lebel arrête de se cacher et qu'il dise ouvertement aux Québécois
qu'il ne croit plus à ce bâtiment-là.
M. Laforest (Alain)
:
Donc, c'est au ministre des Affaires intergouvernementales que demandez
d'intervenir, là?
M. Pagé
: À la ministre
des Travaux publics, Mme Rae, mais M. Lebel, en tant que lieutenant.
M. Laforest (Alain)
:
Non, mais, ici, au Québec, là, vous demandez au ministre des Affaires intergouvernementales
d'intervenir, là?
M. Pagé : Bien, il y a un
ministre responsable de la région des Laurentides, je pense qu'il est de son
devoir... J'ai eu cette responsabilité dans le dernier gouvernement, je pense
qu'il est de son devoir d'écouter les citoyens, et l'unanimité autour du
dossier… et, jusqu'à maintenant, ça a été silence radio. Là aussi, là, on
attend toujours des réponses. Il y a des coups de téléphone polis, là, mais il
n'y a pas de position ferme, et ce qu'on demande à notre gouvernement et à
notre ministre régional, c'est une position ferme d'une intervention pour
cesser, là, ce qu'on est en train de vivre, là. En fait, c'est trois mois.
Alors, si on ne peut pas se donner trois mois après 45 ans, il y a un
problème ou il y a anguille sous roche. Ça va? Merci tout le monde.
(Fin à 9 h 50)