(Treize heures quarante-sept minutes)
M. Coiteux : Alors, bonjour
messieurs, bonjour madame. Écoutez, la raison pour laquelle j'ai souhaité vous
rencontrer, c'est pour réagir à ce que j'entends en particulier depuis 24
heures de la part de M. Pierre Karl Péladeau. Alors, je comprends, bien
entendu, que le Parti québécois va avoir une course au leadership, je comprends
qu'il y a des candidats qui sont pressentis. Je crois comprendre que M. Pierre
Karl Péladeau est l'un de ces candidats pressentis, et qu'il a besoin de se
positionner, et il s'est positionné au cours des dernières heures.
Maintenant, se positionner dans le cadre
d'une course éventuelle à la chefferie du Parti québécois ne signifie pas
d'avoir le droit de tenir des propos qui sont irresponsables. Parce que, dans
ce que j'ai entendu depuis 24 heures, ce sont des propos qui sont totalement
irresponsables de la part de M. Pierre Karl Péladeau. Un chef d'entreprise
antérieurement, qui a pris des décisions de redressement financier de certaines
entreprises, qui a dû poser des gestes qui étaient extrêmement difficiles et
qui nous dit aujourd'hui que la situation financière du gouvernement du Québec,
elle n'est pas sérieuse, qui dit que la situation du gouvernement du Québec
aujourd'hui et de ses finances n'exige pas des efforts sérieux de redressement.
Alors, je voudrais simplement rappeler quelques
chiffres qui sont très importants. Le parti auquel, semble-t-il, aspire assumer
la... dans lequel M. Péladeau aspire... le parti que M. Péladeau espère diriger
éventuellement a été au pouvoir pendant 18 mois. En septembre 2012, son ministre
des Finances du gouvernement de Pauline Marois a dit que le retour à l'équilibre
budgétaire en 2013‑2014 était une nécessité et qu'il devait mettre en place
tous les moyens pour y arriver. Or, qu'est-ce qu'a fait l'administration
précédente? 2013‑2014, déficit de 3,1 milliards. Pourquoi? Parce qu'il y a
eu une augmentation totalement irresponsable des dépenses publiques, 5,4 %
d'augmentation des dépenses.
On a souvent dit, avec raison, que le déficit
du Québec, il est structurel, il ne disparaîtra pas sans des efforts sérieux.
Mais la situation est encore bien pire à cause du non-retour à l'équilibre
budgétaire en 2013‑2014. M. Péladeau devrait comprendre une chose très
importante aussi : cette année, exercice financier 2014‑2015, si on ne
menait pas l'exercice de redressement financier qu'on est en train de mener
actuellement, le déficit, il ne serait pas zéro, le déficit, il ne serait pas
de 2 350 000 000 $, qui est notre cible pour 2014‑2015, le
déficit, il serait de 5,8 milliards de dollars.
Alors, on a l'intention de défendre le
modèle que souhaitent les Québécois, on a l'intention de défendre les valeurs
auxquelles les Québécois sont attachés. Mais, pour que les Québécois aient la
liberté de choix, la capacité de défendre le modèle qu'ils choisissent, bien,
il va falloir qu'on fasse le ménage dans notre cour. Et M. Péladeau, en disant
qu'il n'y a pas de ménage à faire dans la cour des finances publiques au
Québec, tient des propos qui vont directement à l'encontre du maintien du
modèle que souhaitent se donner les Québécois.
Alors, le modèle québécois doit payer ses
factures. Le modèle québécois doit respecter la capacité des citoyens de payer.
Il doit respecter leur capacité réelle de payer. Le modèle québécois ne doit
pas se baser sur les agences de notation qui vont prendre les décisions à la
place. Ce sont les Québécois qui doivent prendre les décisions.
Alors, les propos qui ont été tenus par M.
Péladeau au cours des dernières 24 heures sont des propos qui sont totalement
irresponsables et que je dénonce.
M. Dutrisac (Robert)
:
Maintenant, il vous accuse de crier au loup, que la dette du Québec n'est pas
celle de la Grèce, par exemple, et il vous accuse finalement d'austérité, de pratiquer
une politique d'austérité par idéologie.
M. Coiteux : M. Péladeau
semble, hein, parce qu'il n'avait pas le même avis il y a quelques semaines à
peine, il y a quelques mois à peine, il semble nous dire qu'il faudrait
continuer sur le rythme de nos prédécesseurs à 5,4 % de dépenses par
année. C'est sûr qu'aujourd'hui, là, on n'est pas dans la situation de la
Grèce, mais extrapolez ce type d'augmentation des dépenses au cours des
prochaines années, là, et on y arrive directement.
Notre plan budgétaire, c'est de ralentir
la croissance des dépenses pour atteindre l'équilibre budgétaire auquel le Parti
québécois avait dit qu'il était attaché dès 2013‑2014. Ils ont eu
1,3 milliard de déficit, ils s'en allaient à 5,8 milliards de
déficit. On va mettre un terme à cette spirale d'endettement dès l'exercice
financier 2015‑2016. C'est ça, poser des gestes responsables.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais il dit également, là, que vous coupez à la tronçonneuse de façon
grossière, notamment dans l'éducation, sans regarder les priorités du Québec.
M. Coiteux : M. Marceau
avait, à l'époque, une cible de déficit de zéro en 2013‑2014. Il avait une
cible de déficit de 1,75 en 2014‑2015. Ils n'ont pas déposé les crédits lorsqu'on
s'est lancés en élections. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont jamais dit ce qu'ils
allaient couper au lendemain de l'élection s'ils avaient été réélus.
Pensez-vous qu'ils auraient atteint une cible budgétaire de 1,75 en continuant
d'augmenter les dépenses de 5,4 % par année? Est-ce qu'on pense ça
sincèrement? Alors, si M. Péladeau dit que c'est ça, le plan de match,
bien, c'est un plan de match qui nous mène directement à la décote, c'est un
plan de match qui nous mène exactement là où il dit qu'il ne faut pas aller,
ultimement.
Alors, nous, on prend nos responsabilités,
on va rééquilibrer le budget, on va le faire de façon responsable. Ça passe par
un contrôle rigoureux des dépenses publiques, ça passe par ça et ça passe, bien
entendu, par toutes les mesures qu'on prend aussi pour relancer l'économie en
même temps. C'est un plan de redressement financier et de relance de
l'économie.
M. Lacroix (Louis)
:
Vous dites que, confrontés à la même situation, ils auraient pris les mêmes
décisions que vous. C'est ça?
M. Coiteux : Non, parce qu'ils
ont... ils auraient certainement dû faire des compressions budgétaires s'ils
avaient décidé d'être sérieux pour ramener l'équilibre budgétaire. La
différence, c'est que, nous, on a annoncé des instruments importants pour y
arriver, qui reposent sur un examen systématique de tous les programmes. Ils
n'ont jamais annoncé qu'ils feraient la commission de révision des programmes;
nous, on fait ça.
Ce que je vous dis, c'est qu'avec une
cible de déficit zéro, avec une augmentation des dépenses de 5,4 %, ils
auraient dû ramener la croissance des dépenses à quelque chose de plus
responsable. Alors, si M. Péladeau dit aujourd'hui que ce n'est pas le bon
choix à faire, M. Péladeau est en train de nous dire qu'il veut amener le
Québec à la décote.
M. Laforest (Alain)
:
M. Coiteux, moi, j'ai rarement vu un ministre tenir un point de presse
pour dénoncer la position d'un député. Est-ce que c'est parce que vous trouvez
que sa voix porte plus que les autres actuellement?
M. Coiteux : Ils sont en
train, tous, de se positionner pour une course au leadership qui va se tenir,
on le sait, bientôt. Certains épiloguent sur la date du prochain référendum, est-ce
que ça va être dans cinq ans, dans 10 ans, dans 25 ans?
M. Laforest (Alain)
:
Ce n'est pas ça, ma question, M. Coiteux.
M. Coiteux : Non, mais...
Alors, chacun se positionne…. Alors, chacun se positionne...
M. Laforest (Alain)
:
Vous tenez un point de presse... est-ce que c'est parce que vous trouvez que sa
voix porte plus et c'est pour ça que vous voulez faire ça de façon plus
solennelle?
M. Coiteux : Alors, il se
positionne en disant que la situation des finances publiques n'est pas
sérieuse, il se positionne en disant que le Québec n'a pas de problème budgétaire.
Ce sont des propos qui sont graves, ce sont des propos qui sont totalement
irresponsables et ce sont des propos qui doivent être dénoncés.
Mme Prince (Véronique)
:
M. Coiteux, j'ai une question sur les garderies. C'est-u correct, les
collègues? C'est que, ce matin, les responsables de services de garde disent :
Avant que vous fassiez des compressions, venez donc enquêter dans le milieu, il
y a des subventions qui sont inappropriées. Est-ce que c'est effectivement une
avenue que vous explorez, faire enquête?
M. Coiteux : Quand on dit que
tout est exploré… Dans l'exercice qu'on fait actuellement, il n'y a pas un seul
ministère qui est exempté de la nécessité de revoir toutes ses façons de faire,
y compris les subventions qui sont versées, y compris la gouvernance des
organismes et des entités dont ils sont responsables. Tout doit être revu.
Alors, bien entendu, il y a les programmes
actuels qui doivent être livrés mieux et, dans certains cas, il y a des
programmes qui doivent être revus plus fondamentalement.
Mme Prince (Véronique)
:
Mais faut-u enquêter si… Avant d'aller couper, est-ce qu'on doit…
M. Coiteux : Ce n'est pas
avant… Il n'y a pas… il faut faire plusieurs choses en même temps. On ne va pas
rééquilibrer le budget du Québec sans regarder l'ensemble des façons de faire,
et regarder l'ensemble des façons de faire, bien, ça implique d'impliquer tous
les ministères dans l'exercice qu'on fait actuellement de revue des programmes.
La Modératrice
: On va
prendre les questions en anglais maintenant.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Mr. Coiteux, Pierre Karl
Péladeau was a very establish businessman. Doesn't he have a lot of credibility
to what he is saying, behind what he is saying?
M. Coiteux :
Well, if he keeps on saying that the budget situation in Québec is not serious,
he is going to lose that credibility very, very quickly because the situation
is very serious. As I've mentioned before, they were supposed to balance the
budget in 2013 and 2014, and yet what they had is a deficit of
$3.1 billion. And why did they have a deficit of $3.2 billon? It's
because they increased spending by 5.4%. So if the kind of commitment he's
taking now, because he is trying to find his place in the coming leadership
race in the Parti québécois, if he says that he wants to continue this over
time, he will lead to a major financial crisis in Québec.
Mme Plante (Caroline) :
Why is even important what he says?
M. Coiteux :
It's important what he says because he want's to run as the leader of Parti
québécois. He has not yet announced it, but it's very clear that this is what
he's doing in the coming days. He is trying to get more attention. And how does
he try to get more attention? By saying that the problem is not serious, that
we don't have real efforts to make. And we're conveying all society here to
make serious efforts and we're asking everybody, in this society, to make
serious efforts because the situation is really very, very serious.
The deficit this year, if
we hadn't done absolutely nothing, would have been $5.8 billion. The
deficit in 2015 and 2016 would have been over $7.8 billion. We were
supposed to be at zero in 2013 and 2014. So we have to make very important… we
have to take very important decisions right now. We're doing it with whole of society. And Mr. Péladeau, who has been a business leader
in the past, who had to take those tough decisions, should participate in this
effort instead of saying that the problem doesn't exist. Thank you. Thank you
very much.
(Fin à 13 h 57)