To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement durable et d'environnement

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement durable et d'environnement

Version finale

Wednesday, October 1, 2014, 9 h 28

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-huit minutes)

M. Gaudreault : Alors, bonjour à tous et à toutes. Je voulais vous rencontrer ce matin pour vous parler de nouveau des certificats d'autorisation qui ont été accordés par le ministère de l'Environnement, Développement durable, Lutte aux changements climatiques à la compagnie TransCanada pour les forages géotechniques à Cacouna.

Vous avez vu, hier, à la période de questions, j'ai demandé au ministre de faire une enquête publique indépendante sur tout le processus qui a conduit à l'émission de ces certificats d'autorisation, parce que le jugement de la Cour supérieure de la juge Claudine Roy de la semaine passée est profondément inquiétant sur la crédibilité du processus, mais aussi sur, évidemment, la crédibilité du ministre.

Donc, je vous informe que tout à l'heure, à l'Assemblée nationale, après la période de questions, je déposerai une motion qui se lira comme suit : «Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement libéral de mandater une enquête externe indépendante sur le processus d'octroi du certificat d'autorisation à TransCanada pour la tenue de forages géotechniques à Cacouna».

Évidemment, nous souhaitons que cette motion soit adoptée et que ça découle... que cette motion... c'est-à-dire que cette enquête publique se termine avec un rapport, qui sera public aussi évidemment, sur tout le processus.

Je vous rappelle que le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec est d'accord, a demandé déjà, la semaine passée, une telle enquête publique, parce que vous avez vu que le ministre Heurtel s'est déchargé complètement de sa responsabilité ministérielle, ce qui est en soi inacceptable et scandaleux, pour mettre ça sur le dos des fonctionnaires de la direction régionale de son ministère dans la région du Bas-Saint-Laurent.

En plus du Syndicat des professionnels du gouvernement, il y a également les organismes environnementaux Nature Québec et Greenpeace qui sont d'accord avec cette enquête publique.

Moi, je termine en vous disant que, dans la situation où est le ministre, avec l'absence de crédibilité, le manque de crédibilité criant sur ce dossier-là de la part du ministre, c'est la seule manière pour lui, en acceptant cette enquête publique, de retrouver un minimum de crédibilité, parce que ça vient entacher tout le processus d'émission des certificats d'autorisation en matière environnementale.

Je termine en vous disant : Le ministre devrait accepter, je le souhaite, cette motion d'enquête indépendante, et c'est là qu'il aura à démontrer s'il est, au fond, le ministre de TransCanada ou s'il est le ministre de l'Environnement de tous les Québécois et de toutes les Québécoises. Merci.

M. Lecavalier (Charles) : Le ministre Heurtel, quand on lui pose les questions s'il veut une enquête indépendante, il répond qu'il faut attendre la fin du processus judiciaire, qu'un processus judiciaire, il faut le respecter.

Qu'est-ce que vous pensez de…

M. Gaudreault : Bien, c'est pour ça qu'on demande une enquête indépendante, parce qu'hier vous savez que mon collègue de la Coalition avenir Québec, député de Nicolet-Bécancour, a proposé à la commission parlementaire de recevoir le ministre en commission parlementaire sur ce processus-là, et la commission parlementaire a refusé. Un des arguments invoqués par les libéraux, c'était justement la fin du processus judiciaire pour ne pas mêler les cartes entre le législatif et le judiciaire.

Alors, moi, j'arrive avec cette enquête indépendante qui ne serait pas faite par les parlementaires, qui serait faite par, il faudrait voir, un juge à la retraite ou quelqu'un d'indépendant complètement des législateurs de l'Assemblée nationale. Donc, je trouve, moi, c'est une belle piste d'atterrissage, une belle porte de sortie pour permettre au ministre de se retrouver un minimum de crédibilité.

M. Lecavalier (Charles) : Qu'est-ce qui va arriver le 15?

M. Gaudreault : Bien, écoutez, le 15… C'est ça qui est urgent, là, c'est que le 15 octobre, écoutez, c'est dans deux semaines, là, l'injonction interlocutoire se terminera, donc la suspension des travaux. Ça veut dire que techniquement la compagnie pourrait reprendre les forages géotechniques.

Alors, nous, on demande — vous le savez, je l'ai demandé encore hier à l'Assemblée nationale, à la période de questions — que le ministre révoque immédiatement les certificats d'autorisation parce que le processus est tellement entaché d'irrégularités. Le ministre, encore aujourd'hui… justement, sous votre plume, on apprend, dans le Journal de Québec, que ces fameux avis n'existaient pas. Bien, on le savait en lisant le jugement, là, mais là ça sort un peu plus publiquement que les fameux avis scientifiques sur lesquels devaient se baser le ministre, en provenance de Pêches et Océans Canada, ils n'existent pas.

Alors là, je ne peux pas croire que le ministre va continuer de maintenir les certificats d'autorisation après le 15 octobre. Alors, nous, on lui demande de révoquer immédiatement ces certificats d'autorisation, comme il peut le faire en vertu de la loi, et sinon, ça voudra dire qu'il est le ministre de TransCanada.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous pensez que le processus judiciaire pourra suivre son cours, en fait, c'est-à-dire que ça va pouvoir procéder avant, justement, le 15 octobre?

M. Gaudreault : Bien, évidemment, je ne connais pas l'horaire de la cour, je ne connais pas l'horaire du juge. Moi, je ne veux pas mettre la main là-dedans, c'est au juge de faire son travail. Mais moi, de mon côté, ce que je constate, c'est que les délais sont extrêmement serrés. Le 15 octobre s'en vient. Il y a des risques très forts associés à la survie d'une espèce menacée qui s'appelle le béluga. Vous avez vu, par ailleurs, d'autres études hier qui démontrent que les espèces menacées à travers le monde, sur la planète, ont réduit considérablement. Donc, raison de plus en ce qui concerne les bélugas.

Alors, moi, ce que je demande, pour se préserver le plus de chances possible dans ce dossier-là, pour préserver le plus possible la diversité des mammifères marins et des espèces menacées, c'est immédiatement de révoquer les certificats d'autorisation parce que visiblement le processus a été vicié à la base. C'est ce que nous dit la juge. Alors, le ministre, s'il veut revoir un minimum de crédibilité, il doit révoquer les certificats d'autorisation et accepter notre motion pour avoir une enquête indépendante sur ce qui s'est passé.

Mme Biron (Martine) : Compte tenu du fait que la période de gestation des bélugas prend fin, justement, autour du 15 octobre, est-ce que ça ne réduit pas, justement, la pression puis que c'est moins inquiétant...

M. Gaudreault : Bien, écoutez, on ne le sait pas exactement parce qu'on n'a pas eu d'avis scientifique à cet égard. Il y a également une loi, hein, qui est en amont du ministère, qui est en amont même de toutes les décisions qu'on doit prendre, au Québec, en matière de développement durable, c'est la loi, justement, sur le développement durable, dans laquelle il y a un principe fondamental qui est appliqué partout à travers la planète, sauf dans les pays délinquants, mais je ne pense pas que le Québec veut être un pays délinquant à cet égard, c'est ce qu'on appelle le principe de précaution.

Alors, si on ne le sait pas, surtout en matière d'espèce menacée comme le béluga, bien, on applique le principe de précaution. Ça, ça veut dire : Je ne suis pas sûr, donc je suis mieux de ne pas prendre de chance. Autrement dit, vous voulez faire des rénovations sur votre maison, construire un deuxième étage, vous n'êtes pas sûr que le rez-de-chaussée peut supporter un deuxième étage, vous allez dire : Je ne prendrai pas de chance. C'est un principe de précaution. Bien là, c'est la même chose dans ce domaine-là. Le principe de précaution, c'est un principe de base en matière d'environnement.

M. Croteau (Martin) : Quel comportement attendez-vous de la compagnie TransCanada dans tout ça?

M. Gaudreault : Bien, moi, j'aimerais qu'elle ait un comportement de bon citoyen corporatif. Vous savez, présentement, j'ai l'impression que la compagnie parle des deux côtés de la bouche. Elle a ouvert sur la possibilité d'avoir le BAPE en disant : Il n'y a pas de problème, mais, en même temps, elle dit, de l'autre côté : Nous, de toute façon, on pense que c'est juste le gouvernement fédéral qui a le pouvoir ultime de décider de notre projet. Alors, moi, j'aimerais que la compagnie se dise clairement en faveur du respect de la compétence du Québec et du droit de refus du Québec sur un tel projet.

M. Croteau (Martin) : Êtes-vous d'avis que la compagnie devrait, à la lumière de l'imbroglio qu'on connaît, des derniers jours, est-ce que vous croyez que la compagnie devrait volontairement renoncer à ses forages au-delà du 15 octobre?

M. Gaudreault : Bien, ce n'est pas à moi de répondre pour la compagnie, mais, si j'étais un actionnaire de la compagnie ou un membre du conseil d'administration, je me questionnerais très sérieusement sur l'acceptabilité sociale du projet de la compagnie sur laquelle je siège, certainement dans cette région-là, mais plus globalement, au Québec, parce que moi... en tout cas, j'ai énormément de représentations. J'ai participé, comme d'autres, aux marches, il y a deux semaines, là, en même temps que le sommet de New York, et le projet de TransCanada pose beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions, bien sûr sur la survie des espèces menacées, mais sur ce qu'on veut faire plus globalement au Québec en termes d'énergie, puis je pense que la compagnie devrait être prudente.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'il y a des membres du C.A., selon vous, qui, plus particulièrement, devraient être interpellés par ça ou…

M. Gaudreault : Écoutez, je ne connais pas les membres du C.A. de la compagnie.

M. Robillard (Alexandre) : Juste vérifier, je ne sais pas si ça a été abordé, là, je suis arrivé un petit peu en retard…

M. Gaudreault : Bien oui, on vous le reproche.

M. Robillard (Alexandre) : Bon, bien, excusez-moi. Mais est-ce que… Vous savez, le ministre a dit que c'était impossible de faire une enquête indépendante tant que le processus judiciaire n'est pas complété…

M. Gaudreault : Oui, ça a effectivement été abordé pendant votre absence. Moi, je vous dis que c'est pour ça qu'on veut une enquête indépendante. C'est qu'hier la commission parlementaire a refusé de tenir une commission parlementaire sur le sujet, parce qu'une commission parlementaire c'est les parlementaires. Donc, il y a… les libéraux nous disaient : Il peut y avoir confusion entre le rôle du législatif — les parlementaires — et le processus judiciaire.

Moi, je vous dis : Avec une enquête indépendante, qui pourrait être présidée, par exemple, un juge à la retraite ou par je ne sais pas qui, bien là, à ce moment-là, on se dégage de la commission parlementaire comme telle. Alors, moi, je trouve que c'est une belle piste d'aterrissage qui donne… Je ne vois pas pourquoi le ministre refuserait cela, parce que ça lui permet de se redonner un minimum de crédibilité puis de comprendre ce qui s'est passé dans son ministère, parce qu'il met ça sur le dos des fonctionnaires, ce que je trouve en soi cheap.

M. Croteau (Martin) : …préciser, mais en quoi est-ce qu'une enquête indépendante permettrait de faire la lumière d'une manière que le processus judiciaire ne permettrait pas de faire? C'est-à-dire, en quoi est-ce qu'une enquête indépendante…

M. Gaudreault : Bien, le processus judiciaire n'a pas le mandat de voir ce qui s'est passé à l'intérieur du ministère puis de la chaine de commandements, alors que l'enquête indépendante permettrait, justement, d'entendre le ministre, d'entendre les sous-ministres, d'entendre les fonctionnaires en question pour voir où que ça a accroché. Parce que le ministre lui-même dit : Écoutez, là, des certificats d'autorisation, on en émet 5 000 par année. Mais là, ce n'est pas pour faire un ponceau sur un chemin forestier pour respecter la traverse de couleuvres; c'est des travaux exploratoires géotechniques à la hauteur de Cacouna, dans la pouponnière des bélugas. Puis je n'ai rien, là, contre les ponceaux, là, mais quand même, là, ça reste que c'est hyper d'actualité. On en parle… moi, je me suis levé pour la première fois le 22 mai là-dessus, c'est dans l'actualité. Comment ça se fait que le ministre n'a pas suivi ça?

Moi, quand j'étais ministre des Affaires municipales puis des Transports, là, les dossiers les plus importants… les permis du ministère des Transports pour faire une calvette, là, c'est vrai que c'étaient les sous-ministres qui s'en occupaient, mais les permis pour Turcot, mettons, ou pour Henri-IV, ou pour les échangeurs de Dorval, bien, c'est moi qui les regardais parce que c'est des dossiers tellement importants. Alors, je ne comprends pas que le Turcot du ministre Heurtel, ce n'était pas Cacouna.

M. Lecavalier (Charles) : Mais le président du syndicat des professionnels va quand même un peu plus loin que vous. Lui demande une enquête parce qu'il croit qu'il y a eu influence, parce que la jeune biologiste n'a pas de sécurité d'emploi, parce qu'elle était un peu à la merci de son patron. Est-ce que, vous, vous croyez qu'il y a eu influence? Qu'est-ce que vous pensez trouver avec une enquête?

M. Gaudreault : Bien, moi, je veux le savoir. Moi, je veux le savoir. Je ne peux pas vous affirmer aujourd'hui : Il y a eu influence. Mais souvenez-vous, la semaine passée, quand il y a eu le jugement de la Cour supérieure, j'ai dit : Ce que la juge dit laisse entendre qu'il peut y avoir eu de l'influence politique, parce qu'elle dit dans son jugement — je pourrais vous le retrouver, je ne sais plus c'est quel paragraphe, là — c'est le paragraphe 102° : «L'impatience de TransCanada ne saurait justifier de mettre fin au processus d'analyse.» Aïe! c'est sérieux, là, l'impatience de TransCanada. Est-ce qu'elle est en train de nous dire, la juge, que TransCanada a cogné du marteau au ministère puis a fait valoir son impatience... donc influence de TransCanada sur le ministre? Ça laisse entendre ça. Moi, c'est ça que je veux savoir. Merci.

(Fin à 9 h 40)

Participants


Document(s) Related