(Onze heures vingt-deux minutes)
M. Cloutier
: Alors, c'est pour le moins surprenant que, la
journée même où le gouvernement du Québec tient une importante journée contre
la lutte à l'intimidation, ce qu'on voit, c'est, du même souffle, ce même gouvernement
qui coupe vers des programmes qui… et vers des groupes qui sont carrément
défavorisés ou qui, par le passé, ont reçu le soutien du gouvernement.
Ce qu'on constate, c'est que les personnes
qui sont directement touchées ont eu le soutien de notre gouvernement avec beaucoup
de fierté par le passé. Je me souviens très bien du ministre de la Justice, qui
a présenté, au caucus des députés, la nouvelle campagne de sensibilisation
contre les gais… la lutte contre l'homophobie. Après avoir ciblé les personnes
pauvres, même les élèves en difficulté, des élèves qui ont de la difficulté,
même, à avoir leur repas le matin, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que les
groupes gais et lesbiennes sont directement
touchés par les coupures actuelles du gouvernement du Québec. Il y a même le
directeur de l'association qui représente les gais et lesbiennes, qui, aujourd'hui,
en plein forum, a senti le besoin de dénoncer ces
nouvelles coupes parce que non seulement on coupe dans la campagne de
sensibilisation, mais on coupe aussi dans le programme de formation. Ce qu'on a
constaté, c'est une démobilisation des inscriptions quant à la formation.
Évidemment, formation pourquoi? Pour
lutter contre les préjugés, pour s'adresser directement aux racines du
problème, aux racines des préjugés pour qu'il y ait une réelle lutte à
l'intimidation. Et, quand on parle de lutte à l'intimidation, bien, on parle
aussi nécessairement de prévention du suicide.
Alors, on a coupé à la fois dans la
campagne de sensibilisation, on a ajouté également tout le volet formation, qui
a pour conséquence un autre groupe plus marginalisé de notre société, qui, malheureusement,
est laissé pour compte.
Mme Poirier
:
Et on parlait de ça, il y a aussi, à l'aube de ces coupures, une coupure au
programme À égalité pour décider. Et, en décembre dernier, on se rappellera que
l'Assemblée nationale avait adopté une motion à l'unanimité pour le dépôt d'un
plan d'action sur l'exploitation sexuelle. Alors, il y a tout un lien,
naturellement, on le voit actuellement avec tout ce qu'on appelle le sextage,
particulièrement dans les écoles, qui vient faire en sorte que c'est une autre forme d'intimidation auprès des
élèves, auprès des jeunes. Et ce plan d'action sur l'exploitation sexuelle
devait justement s'attaquer à tout ce volet de la cyberintimidation qui se fait
actuellement au niveau de l'exploitation sexuelle. Alors, on vient couper
500 000 $, et le plan d'action est reporté. Alors, aujourd'hui, on
vient dénoncer le fait qu'à l'aube de ce forum on vient tout simplement retirer
les moyens d'action ainsi que les sommes qui auraient permis, justement, de
contrer l'intimidation.
M. Bellerose (Patrick) : On a vu qu'il n'y a pas nécessairement
de nouveaux fonds qui vont être alloués pour la lutte à
l'intimidation… du forum. Mme Charbonneau a dit qu'il n'y avait pas de nouveaux fonds, M. Couillard n'a
pas voulu s'engager non plus. Est-ce que vous croyez que la journée
d'aujourd'hui, c'est juste un show de boucane,
le forum qui se tient?
M. Cloutier
:
Bien, de toute évidence, non seulement il n'y a pas
de nouvel argent, mais en plus on coupe dans les programmes actuels. Ce
qu'on dénonce, c'est cette hypocrisie :
aller se présenter dans un forum, mais, du même souffle, couper dans les
programmes qui pourtant fonctionnaient. Le programme de sensibilisation dont je
vous ai parlé tout à l'heure non seulement a
été salué par tous les groupes concernés ici, au Québec, il a même été salué à
l'international. Il y a un rapport qui porte,
justement, sur les conclusions de cette… une évaluation, en réalité, de la campagne de sensibilisation, et ce qu'on réalise, c'est qu'on a atteint les objectifs. Alors, il faut, justement,
déboulonner les mythes, s'en prendre à ces préjugés. Évidemment, la
sensibilisation y est pour quelque chose, mais, bien évidemment, aussi de la
formation, hein, être outillé par les
professionnels, donc avoir accès à ces formations qui, malheureusement, ont été
coupées.
Mme Poirier
:
Puis on se rappellera que ces formations-là sont justement en lien avec
les nouvelles formes d'intimidation, et ces nouvelles formes là, qui se font, justement, par
les médias sociaux, sont tout à fait en lien avec tout le programme d'égalité
qui avait été mis en place. Alors, on fait d'un côté et on défait de l'autre
côté au même moment, donc c'est vraiment, pour ainsi
dire… c'est tout à fait un effet nul
qu'on va avoir sur le terrain. Il ne se passera rien,
finalement.
M. Bellerose (Patrick) : …programme À
égalité pour décider… sexuel. À égalité pour décider, c'était sur les C.A. et sur les… municipaux, non?
Mme Poirier
:
Ça, c'était un volet, mais il y a tout le volet au
niveau du communautaire, au niveau des écoles aussi, qui était, dans le
fond, le fait d'introduire, par la formation… et
il y avait une combinaison là-dedans entre les programmes pour favoriser, justement, un
langage «genré» qui faisait en sorte que, dorénavant, il n'y avait plus,
justement, de genre dans l'approche tant gouvernementale que dans ces instances
en tant que telles.
M. Hicks (Ryan) : What was the
training that you were referring to? Vous avez fait référence à une
formation. Qu'est-ce que c'était, la formation?
M. Cloutier
:
C'est la formation qui est donnée par
l'Institut national de santé publique, qui offrait gratuitement une formation
et… qui a été non seulement dénoncé
aujourd'hui par notre opposition officielle — j'allais dire notre gouvernement — mais qui
a été repris aujourd'hui durant le forum.
M. Hicks (Ryan) : So, on that
point, I spoke with the INSPQ, and they said that the decision was made by the previous PQ Government with INSPQ
to make them… to make people have to pay for the training. So, they say that it was your previous Government that made
that decision. So, what do you have to say about that?
M. Cloutier
: Well, obviously, everything that
goes… we believe in training and we believe in sharing of information, and we will have to check, definitely, when exactly
those moments… but when you want to fight against intimidation,
obviously training is definitely a part of that.
M. Hicks (Ryan) : What do you think… Just so you know, it is a fact that it was
a decision made by your Government.
M. Cloutier
: Well, those are things I prefer to
check before talking more, but what I know, it's quite clear that the
inscription and the training of those programs seem to have decreased quite a
lot. And, in all sense, I mean, it's… the training is definitely part of a
measure that has to be put forward to fight… And I was listening at some of the
interveners, this morning, by the news, and the training part is definitely a
big aspect of the fighting against intimidation.
M. Hicks (Ryan) : And in what the INSPQ said is that, after the PQ Government made them have to
start charging for those trainings, that's when the patient went down.
M. Cloutier
: Well, as I said, we have to check
exactly when that occurred, but that's a fact that there is decrease in the inscription but,
again, it doesn't mean that training is not part of the fighting against
intimidation.
M. Hicks (Ryan) : But… and isn't it partially your previous Government to blame for this
decrease and participation?
M. Cloutier
: Well, what
I'm saying, generally speaking : We have to include training in the
process of fighting against intimidation. There's no doubt for me about that.
M. Bellerose (Patrick) : Mais, en général, les compressions
seraient condamnables, peu importe si c'est le
gouvernement Marois ou Couillard.
M. Cloutier
:
Ça va de soi parce que la formation sous toutes ses formes est une partie
intégrante de lutte à l'intimidation. Maintenant… Souvent,
ce qui arrive… il faudrait vérifier, dans ce cas-ci, s'il y a d'autres mesures
qui ont été mises en place pour compenser puis à quel moment précisément, mais
il n'y a aucun doute dans mon esprit que, de façon générale, la formation fait
partie intégrante de la lutte contre l'intimidation. Maintenant, la mesure qui
a été… qui est coupée présentement s'inscrit dans un long processus de coupes
où on voit quoi? On voit des individus plus vulnérables de notre société, que
ce soient les personnes malades, que ce soient les déficients intellectuels,
ceux qui ont des maladies psychiatriques, on a vu des élèves qui ont de la difficulté
à manger le matin qui n'ont même plus accès à ces programmes-là. On a vu les
coupes à l'aide aux devoirs. On est en train de restructurer le réseau de la
santé. En bout de course, ça ne donne pas un service de plus à la population.
Alors, quand on regarde l'ensemble du
portrait, ce qu'on réalise, c'est que ce sont à la fois les personnes les plus
vulnérables… Puis, quand on se présente à des
colloques sur la lutte à l'intimidation, ce qu'on
réalise, c'est que non seulement on n'a pas
d'argent de plus, mais, du même souffle, on reporte des campagnes de
sensibilisation qui étaient extrêmement prometteuses.
M. Hicks (Ryan) : Just quickly, what do you think about the fact
that the Government is
suspending these antihomophobia adds that experts
say are the base to help fight homophobia but,
at the same time, there is a forum on bullying going on, you know, right next door?
M. Cloutier
: As I just
said, it doesn't make any sense. It's quite a contradiction. It's... You speak on both sides. And obviously the
conclusion… I mean, the analyses that we've made of those
campaigns seem to have worked. This is why it's so important to bring
again, in 2004, such a campaign.
You might have noticed,
in the answer of the Justice Minister, she said today at the National Assembly she has no intention to
move on this year, in 2004, with such a campaign, which is very sad. Merci.
(Fin à 11 h 32)