(Onze heures trente-deux minutes)
Mme
Ouellet
: Bien, bonjour. Donc, sur le pont
Champlain, on a encore constaté aujourd'hui que M. Poëti,
dit le fédéraliste, fait tellement d'aplaventrisme qu'au
lieu d'avoir le péage sur un pont Ottawa, avec M. Lebel, est rendue à penser à avoir un péage sur trois ponts entre la
Rive-Sud et Montréal. Donc, on parle du pont Champlain, on parle du pont
Jacques-Cartier et du pont Mercier. Et donc c'est suite aux déclarations
du ministre conservateur, M. Denis Lebel, cette semaine, où il
faisait cette ouverture-là, au lieu d'avoir un
seul péage, donc de passer d'une attitude assez intransigeante à une attitude
d'arrogance envers les travailleurs de la Rive-Sud de
Montréal.
Je pense
qu'on voit que Québec n'a pas fait de démarches. Et le fédéralisme, qui, supposément, est sensé nous amener à des
meilleures relations avec Ottawa et avoir des ententes avec Ottawa, bien, dans ce dossier-là, c'est du recul, et je crois que c'est complètement inacceptable. C'est un impact très important sur le développement
économique du Québec et de la région métropolitaine.
Il y a des études Steer Davies que le fédéral refuse de rendre publiques et que M. Poëti refuse de
demander au fédéral de rendre publiques. Il y a le bureau fédéral qui a aussi
fait une analyse qui… Les deux concluent qu'il y aura une augmentation de
trafic extrêmement importante. En fait, ça va être du trafic monstre sur les
autres ponts où il n'y aurait pas de péage. Donc, je
crois que M. Poëti doit sortir de son aplaventrisme, et se lever
debout, et se tenir debout pour les travailleurs de la Rive-Sud et pour les
Québécois.
M.
Bergeron
: Bien, comme vient de le dire ma
collègue, je pense que le moins qu'on puisse
dire, c'est que le ministre Poëti fait preuve
d'une désinvolture pour le moins
déconcertante, voire inquiétante dans le dossier des ponts de la Rive-Sud.
D'abord, on a appris aujourd'hui que non seulement n'a-t-il
pas demandé, tel qu'on lui avait demandé au
printemps, de rendre publiques les études du gouvernement fédéral, mais il
semble même qu'il ne les ait… qu'il n'en ait pas
pris connaissance, alors qu'on s'attendrait de
la part du ministre des Transports du Québec qu'il
ait le maximum d'outils entre les mains pour défendre la position québécoise.
Mais là on a appris aujourd'hui que ses relations avec le gouvernement fédéral, avec son homologue fédéral se limitaient à prendre
des photos puis les diffuser sur Facebook. Alors, on s'attend de la part du ministre des Transports du Québec qu'il défende de façon beaucoup plus vigoureuse les
intérêts des Québécoises et des Québécois.
Et ce qu'il faut comprendre, c'est
que, dans ce dossier-là, depuis le début, il n'y a eu à peu près aucun geste
posé par le gouvernement du Québec et par le ministre des Transports. On a
demandé, au printemps,
à ce qu'il pose des gestes. Quelques mois plus
tard, il nous dit qu'il en est à peu près au
même point. Je pense que ça relève du fait qu'il
estime que le simple fait d'être fédéraliste
va faire avancer les choses. Or, le résultat, on le connaît, c'est qu'on est
passé d'un péage prévu par le gouvernement
fédéral sur un pont à un péage prévu par le gouvernement fédéral sur trois
ponts. Alors, si c'est ça, le résultat de
l'effet libéral, le moins qu'on puisse dire, c'est que, pour la grande région métropolitaine et
particulièrement la Rive-Sud de Montréal, c'est
un effet catastrophique.
M. Lisée
:
Alors, tout à fait. Donc, ce qui nous inquiète particulièrement, c'est que le ministre
responsable des Transports et ministre responsable de la région métropolitaine
ne semble pas intéressé à avoir des munitions, ne semble pas intéressé à
vouloir documenter l'impact négatif qu'aurait ce péage ou ces péages sur la
région métropolitaine.
Alors, ce que nous lui demandons aujourd'hui,
puisque maintenant il est avéré que le gouvernement fédéral songe à un péage
sur trois ponts, nous lui demandons de commander une étude québécoise du ministère
des Transports à des experts locaux ou internationaux
sur l'impact qu'aurait un péage sur trois ponts sur la congestion routière et
sur l'économie de la région métropolitaine, que
le gouvernement du Québec ait ces munitions, que le gouvernement du Québec
documente l'impact d'une décision aussi grave prise unilatéralement par le
gouvernement fédéral, que le gouvernement du Québec se mette à se tenir debout,
à se préoccuper de la chose, à documenter les impacts et à pouvoir débattre
avec le gouvernement fédéral sur la base de faits scientifiques avérés.
Alors, si le gouvernement du Québec ne
veut pas faire ça, si le gouvernement du Québec pense que ce qui est important,
c'est d'avoir des photos sur Facebook avec le ministre Lebel, ce n'est
pas une bonne façon de défendre le Québec. Alors, c'est la demande qu'on
formule aujourd'hui, qu'il commande, dans les
plus brefs délais, une étude d'impact de ce nouveau scénario fédéral pour qu'on
puisse au moins, face aux partis fédéraux, face à l'opinion publique
canadienne, l'opinion publique québécoise, dire :
Regardez ce qui est en train de se préparer contre les intérêts des Montréalais
et des habitants de la Rive-Sud.
M. Caron (Régys)
: Est-ce qu'il n'y a pas une certaine
logique sur le fond de la question, compte
tenu de l'état des infrastructures routières, qu'on institue des péages pour
financer la rénovation de ces infrastructures? Est-ce qu'il n'y a pas une logique là-dedans?
Mme
Ouellet
: Bien là, le problème, là, c'est que
c'est des infrastructures qui sont existantes, c'est une rénovation d'un pont
qui aurait dû durer beaucoup plus longtemps. Et
c'est au fédéral à assumer le financement de ce pont-là, c'est lui qui n'a pas
assuré l'entretien puis qui n'a pas assuré, lors de la construction, je vous
dirais, l'ingénierie pour faire en sorte que ce pont-là dure un nombre d'années
normal. C'est anormal qu'on soit à reconstruire le pont Champlain à ce
moment-ci.
M. Lecavalier (Charles)
: Vous vous opposez sur le fond à un
seul péage, mais est-ce qu'il n'y a pas une logique, à partir du moment où on
impose un péage sur Champlain, en mettre sur d'autres ponts pour éviter
justement le détournement de toute cette
congestion-là vers Longueuil?
Mme
Ouellet
: Bien, il y a cinq ponts entre la
Rive-Sud et Montréal, et ce n'est certainement pas du ressort du fédéral de
décider comment, au Québec, on va gérer le trafic
entre la Rive-Sud et Montréal et comment, au Québec, on veut gérer la question des transports, c'est très
clairement une compétence du Québec.
M. Chouinard (Tommy)
: Vous demandez une étude d'impact,
mais vous semblez déjà présumer de la conclusion.En tout cas, il n'y a pas... Est-ce que votre
demande n'est pas,
en fait, la commande d'une étude qui va dire
qu'il n'en faut pas du tout, de péage?
Mme
Ouellet
: Non.
M. Chouinard (Tommy)
: Une étude pourrait très bien conclure
que ce serait peut-être approprié, avoir des...
M.
Bergeron
: Bien, on
le saura.
Mme
Ouellet
: On le saura. Mais il faut être documenté.
Là, actuellement, ce que fait M. Poëti,
là... même, il se vante de ne pas lire les
études. Ça, c'est de gérer dans l'ignorance. C'est irresponsable, de la
part d'un gouvernement et particulièrement d'un ministre, de se vanter
de ne pas lire des études. Moi, je n'ai jamais vu ça, là. C'est complètement irresponsable.
Donc, c'est
de se documenter. Les études qui ne sont pas publiques, il y en a une du
fédéral, Steer Davies, on a eu certaines informations à travers Radio-Canada,
l'étude du bureau parlementaire à Ottawa, et là ces deux études-là parlaient
d'un péage sur un pont, le pont Champlain, et déjà les impacts de trafic sur
les autres ponts sont catastrophiques pour le développement économique. Là, si
on parle de trois ponts, je pense que c'est important
de le documenter parce que, très clairement, avec l'attitude
complètement fermée d'Ottawa, il faut aller chercher des munitions, là, et ça,
ça fait partie des…
M. Chouinard (Tommy)
: Est-ce que c'est une demande qui est partagée — avez-vous vérifié? — par les élus de la
grande région de Montréal, la CMM, les élus de
la Rive-Sud?
Mme
Ouellet
: En tout cas, très clairement, ce
qu'ils partagent, les élus de la Rive-Sud et de Montréal, c'est notre objectif
de ne pas avoir de péage, et je crois qu'ils ne seront que d'accord avec des
demandes pour avoir plus d'informations pour se documenter. Et moi, je crois
que c'est juste normal de vouloir se documenter alors que maintenant on nous
annonce des péages sur trois ponts sur cinq.
M. Chouinard (Tommy)
: Je reviens, mais commander une étude sur
la base des prémisses que vous présentez, est-ce qu'Ottawa va dire : Bien oui, ils font une étude orientée, là… Québec fait une étude orientée pour dire que ça ne prend pas de péage?
M. Lisée
:
Si on demande une étude indépendante à une organisation internationale qui est
spécialisée là-dedans, ils vont nous donner une
réponse. Évidemment, nous, on a l'impression que ce n'est pas une bonne idée. S'il fallait que l'étude dise : C'est une bonne idée, on la déposera. Ce qui
nous préoccupe, c'est la soif d'ignorance du ministre Poëti en ce moment. Il ne
veut pas savoir, il ne veut même pas lire les études existantes, et on dit : Mais l'ignorance n'est pas une bonne
stratégie lorsqu'on s'oppose à Ottawa. Merci.
M. Robitaille (Antoine)
: M. Bergeron, vous avez posé une
question ce matin sur Jean-Marc Fournier, son passage à SNC-Lavalin. Vous le
soupçonnez de quoi, exactement? Pensez-vous qu'il a trempé dans les manoeuvres
douteuses de son ex-patron?
M.
Bergeron
: Je vous invite à relire le libellé
précis de la question. Le libellé précis de la question, c'est simplement de
demander au ministre s'il a communiqué avec les enquêteurs de la Sûreté du
Québec pour les informer de ce dont il aurait pu être témoin alors qu'il travaillait comme bras droit de M. Ben Aïssa.
Alors, ça ne va pas plus loin que ça. Merci.
(Fin à 11 h 42)