(Douze heures quinze minutes)
M. Laframboise :
Bonjour, messieurs dames. Il me fait plaisir de vous donner notre réaction, la
réaction de la Coalition avenir Québec concernant les amendements déposés par
le ministre Moreau dans le cadre du projet de loi n° 3. Vous savez, l'objectif
de la Coalition avenir Québec, c'était d'avoir plus de flexibilité. On avait beaucoup
d'attentes par rapport aux amendements qui étaient déposés par le ministre
Moreau, et aujourd'hui on est déçus. On est déçus, dans le sens où le ministre — puis
je vais prendre l'exemple, là, parce que je ne veux pas être trop technique, là, mais... — tient aux plafonds,
donc chez les cadres, bon, tout ce qui est policiers,
pompiers, 20 %; et les autres,
18 %. Il a apporté certaines... certains... une façon de calculer pour
essayer de rendre ça plus acceptable, et je vais vous donner l'exemple, parce
qu'il s'est servi de l'exemple des policiers de Montréal, et c'est important,
parce que ça nous démontre bien... Parce que, dans ce que le ministre nous
apporte comme modifications, il nous dit :
Bon, bien, quand les régimes... les cotisants qui auront
un âge moyen supérieur à 45 ans, ils pourront bénéficier de
certains avantages, et dont... ou ceux où les femmes seront, et il a cité l'exemple des policiers de Montréal.Et là, évidemment, vous avez compris que les
policiers de Montréal, la proportion des femmes est de 35 %, donc ils ne
pourront pas bénéficier de cette exemption-là, et la moyenne d'âge, bien, vous
avez compris, ils prennent leur retraite plus jeunes, donc ils ne pourront pas
bénéficier non plus de... parce que la moyenne d'âge
est en bas de 45 ans, des cotisants. Donc, ils ne pourront pas… et leur régime est pleinement capitalisé.
Donc, nous, on a toujours demandé de la
souplesse, de la flexibilité, et surtout de reconnaître ceux qui avaient fait
un effort. Donc, quand on regarde les policiers de Montréal, bien, l'effort
était... ils sont capitalisés à 109 %, donc c'est un régime qui est en
santé. Donc, évidemment, ils seront soumis, et là il faut regarder quel est
l'objectif. Bon, bien, quand... ce qu'on s'aperçoit, c'est… l'objectif, c'est de baisser la masse salariale.
Et nous, on a toujours dit, pour la Coalition avenir
Québec, on voulait régler les déficits des fonds de pension, on ne
voulait pas régler le coût de la masse salariale, qui pourrait être réglé par
des négociations entre les employeurs et les employés à l'occasion. Donc, c'est
important d'avoir cette flexibilité-là.
Donc, on
va travailler, nous, avec des amendements qu'on déposera en commission
parlementaire. Évidemment, vous allez nous laisser le temps, là, d'analyser,
d'examiner tout ce qui est... tout ce qui nous a été déposé aujourd'hui, mais
on déposera des amendements pour essayer de rendre ça plus flexible, de façon à
ce que les régimes où il y a véritablement eu de l'effort, ceux qui sont
capitalisés, bien, évidemment, n'aient pas le même effort à faire que ceux qui
sont en plus grande difficulté financière. Donc, c'est un peu ce qu'on...
M. Laforest (Alain)
: On comprend que ça ne passe pas, pour
vous.
M. Laframboise :
Bien écoutez, ça ne passe pas… c'est-à-dire
que l'atteinte de la flexibilité... Vous savez, on était et on est toujours en
faveur d'un projet de loi pour régler les déficits actuariels
des fonds de pension. Il faut régler ça une fois pour toutes. On
maintient notre position, on veut que... 50-50 dans les cotisations futures, on
veut que le déficit passé soit partagé entre les employés et la ville, 50-50, parce que présentement la loi dit que c'est
la ville qui doit payer. Donc, nous, on ne veut pas
que le contribuable paie, mais on ne veut pas non plus qu'on ambitionne
sur le dos des employés.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous avez donc l'impression que le projet
de loi nivelle par le bas les conditions de travail des employés municipaux?
M. Laframboise :
Bien, écoutez, surtout que je me sers de
l'exemple que le ministre a utilisé, là, les policiers de Montréal, là. S'il y
a une façon de… C'est très complexe, ce projet de loi là, là. Et on peut l'utiliser de toutes les façons, et aujourd'hui le
ministre l'a utilisé d'une mauvaise façon. Aller se servir de l'exemple des
policiers de Montréal pour donner l'exemple des assouplissements qu'il a faits, ce n'est pas un bon exemple. Il n'y a pas d'assouplissement pour les policiers
de Montréal. C'est un choix, là. Et même on maintient…
Là, le ministre dit : Il n'y aura plus
d'indexation automatique, là,l'indexation
ne sera pas automatique. Nous, là-dedans, je veux dire, on peut… Tout un chacun
a des opinions par rapport aux salaires des uns et des autres, là. Ça, les
Québécois sont très critiques présentement par rapport aux salaires. Mais il
reste quand même que, dans une rémunération globale,
les policiers du Québec sont… quand on regarde le salaire net à la fin
de la semaine, ce sont parmi les moins bien payés du reste du Canada. Donc,
quand on rajoute les fonds de pension, bien là
ils montent dans la moyenne canadienne.
Donc, il faut faire attention aussi à
cette situation-là. Nous, on ne veut pas… On souhaite,
comme parti politique, que tous les Québécois
améliorent leur situation financière. Donc, on ne veut pas nécessairement se
servir d'un projet de loi pour baisser le salaire juste pour baisser le
salaire. On veut régler le problème des fonds de pension. Ça, on est dedans. Et
ça, là-dessus, on va suivre le gouvernement. On veut régler, une fois pour toutes,
le problème des déficits actuariels des fonds de pension. Mais, quand ça va
bien, on veut de la souplesse entre les employeurs et les employés. Puis ce n'est
pas de leur donner une année supplémentaire de négociation que c'est de la
souplesse, là. On leur donne une année supplémentaire, mais il faut atteindre
le même objectif.
Mme Biron (Martine)
: Mais vous semblez, quand même, presque là.
M. Laframboise :
Pardon?
Mme Biron (Martine)
: On a l'impression, quand même, que
vous êtes presque rendus à votre but.
M. Laframboise :
Bien, écoutez, si vous me dites que le but,
c'est de régler les déficits des fonds de pension qui sont en mauvaise
situation, bien, oui, le projet de loi fait partie de
cette solution-là, et nous, on va être
dedans. Donc, nous, c'est sûr qu'on va être là. Mais par contre il faut être
capables de les regarder un par un puis être
capables de donner la flexibilité à chacune des villes parce que c'est très complexe. Les régimes sont différents d'une ville à l'autre. C'est d'ailleurs
pourquoi ils sont capitalisés différemment d'une ville à l'autre. Donc, il faut
leur donner la marge de manoeuvre pour être capables… Et, dès que tu mets un
plafond du pourcentage du coût du régime par rapport
à la masse salariale, bien là, inévitablement,
tu enlèves la souplesse. Là, la meilleure preuve, c'est que le ministre
essaie de trouver des ajustements avec la moyenne d'âge des cotisants, avec
plus de femmes. Donc, ça, c'est correct, là. Le but du projet de loi, ça va
être pour les cadres. Carrément, là, si vous me demandez, oui, il a donné de la
flexibilité aux cadres. Mais au reste, là… Parce que les cadres,
traditionnellement, la moyenne d'âge est plus élevée et puis il y a plus de
femmes dans ce secteur-là. Donc, oui, ça fait ça. Mais, dans les autres régimes,
c'est faux de penser que… En tout cas, l'exemple qu'il a donné, de policiers, ce n'est pas un bon exemple. Il
avait utilisé aussi des cadres de Gatineau, c'est correct, là, mais les
policiers, ce n'est pas un bon exemple.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais, dans
la mesure où le projet de loi, avec les
amendements qui nous sont présentés aujourd'hui,
règle la question des déficits passés, vous devez fort probablement préférer
cette version-là que celle qui avait été amenée par le gouvernement péquiste au
printemps.
M. Laframboise :
Oui, oui. C'est d'ailleurs pourquoi on a voté pour le principe de la loi, là.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous pensez
quoi du congédiement de huit pompiers à Montréal suite à une
manifestation qu'il y a eu à l'hôtel de ville?
M. Laframboise :
Bien, ça, écoutez, ça, c'est… moi, quant à moi, la façon dont les employés se comportent… et, si jamais ils ne respectent pas la loi, bien, il
faut qu'il y ait des sentences qui vont avec les gestes qu'ils ont posés. Moi, je ne suis pas contre. Il y aura des enquêtes
policières qui vont être tenues. Moi, je pense que, s'ils ont fait quelque
chose de répréhensible, il faut qu'ils soient punis,
là.
Mme Biron (Martine)
: Outre les policiers de Montréal, est-ce
qu'il y a d'autres conventions collectives comme ça qui… où il y a des négociations
à la baisse, selon vous, pour avoir un meilleur régime de retraite?
M. Laframboise :
Oui. Bien, c'est parce qu'il y a beaucoup de… c'est qu'il y a beaucoup de
régimes qui sont au-dessus de 90 %, puis pour lesquels vous avez, de mémoire, là… certains cadres qui m'ont… où le
pourcentage de masse salariale est à 34 %, et c'est des conditions de
travail qui sont négociées entre l'employeur et les employés. Si le régime est
en bonne santé financière, pourquoi nous, on intervient là-dedans? Pourquoi on
dit, exemple, comme le ministre l'a dit :
Les indexations automatiques, on les enlève? Ça, évidemment, c'est des
conditions qu'il faut qu'elles soient négociées entre l'employeur et l'employé.
Ça fait partie des contrats qui sont signés. Et je
vous le dis, là, on a beaucoup de difficulté, à la Coalition avenir Québec,
avec déchirer les contrats. Quand… en une situation exceptionnelle, on comprend
qu'il y a des régimes qu'il faudra probablement aller jusque-là, mais on n'est
pas là pour baisser la rémunération des salariés du Québec, peu importe le
secteur.Ça va? Merci.
(Fin à 12 h 23)