(Dix heures onze
minutes)
M. Couillard
: Alors, bonjour tout le
monde, bon matin. D'abord, saluer les collègues qui m'entourent :Mme la ministre de la Famille, Francine
Charbonneau; Mme Caroline Simard, députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
également l'adjointe parlementaire… mon adjointe parlementaire pour la
jeunesse, la petite enfance et la lutte contre l'intimidation. Une salutation
particulière à nos deux collègues des partis de l'opposition, M. Mathieu
Traversy, député de Terrebonne et porte-parole de la première opposition pour
la famille; de même que Mme Lise Lavallée, députée de Repentigny et
porte-parole de la deuxième opinion… opposition — parce que, ça, c'est aussi la deuxième opinion parfois — pour la
famille et les aînés.
Alors, bonjour.
Nous voici au lendemain d'un événement charnière dans la lutte contre
l'intimidation au Québec. On a eu un très bon forum d'échange hier, mais c'est une première étape, c'est
une étape qui nous mène à la destination. La consultation se poursuit, les
échanges avec les groupes se poursuivent jusqu'à l'élaboration d'un plan
d'action plus complet dont je vous parlerais dans quelques instants.
Je voudrais
remercier de nouveau toutes les personnes qui ont participé à ce forum pour
leur grande disponibilité, leur générosité, leur patience également, parce que
vous avez vu, ceux et celles qui sont restés jusqu'à la fin, que ça nous a
amenés jusqu'à 21 h 30, presque 22 heures.
Je voudrais
également remercier les collègues de l'Assemblée nationale, du Conseil des
ministres, qui ont été pour... les collègues de l'opposition, présents du début
à la fin également, mais les ministres qui ont fait le tour et qui sont venus
écouter les remarques des différentes personnes ou groupes qui s'exprimaient
hier.
C'est bon de voir qu'il est
parfois... Et évidemment les sujets ne sont pas nombreux, mais il existe des
sujets sur lesquels on peut travailler de façon non partisane. Je vous donne
toujours l'exemple des soins de fin de vie comme un repère absolument
exemplaire, mais cet enjeu, me semble-t-il, devrait être un enjeu du même type.
On a été touchés
par trois témoignages. Je vais très rapidement les résumer, parce qu'ils ont
coloré les discussions de la journée. D'abord, il y a eu Jenny, une autochtone
de Betsiamites, qui a vécu une intimidation basée sur sa nationalité
autochtone, sa langue, au point où elle a abandonné ses études. Mais l'histoire
se termine bien, elle est revenue au cégep, terminer son cégep. Elle est
maintenant intervenante elle-même maintenant. La petite Émilie, bien sûr, des beaux
malaises, qui est venue nous parler avec toute sa joie de vivre puis son
sourire qu'elle aussi, malgré sa situation qui peut paraître enviable, a eu à
vivre cette situation, a même, par la suite aidé une autre jeune fille. Elle ne
l'a pas dit hier, mais elle a aidé une autre jeune fille à se sortir d'une
situation semblable. Et Charles-Antoine, à la fin, qui nous a parlé
d'intimidation directe, mais indirecte également, lorsqu'on entend, par
exemple, des gens faire des commentaires sur une situation dont on fait
soi-même partie. Charles-Antoine est venu près d'une tentative de suicide... en
fait, il a fait une tentative de suicide. Je le dis parce qu'il l'a dit
publiquement hier. Mais il a transformé ce statut de victime en victoire parce
que lui aussi maintenant fait des conférences dans les écoles pour parler aux
jeunes de cette question-là.
On a également
vu que c'est une chaîne d'évènements qui
conduit à l'intimidation. Bien sûr, il faut toujours demander : Qui? Parce qu'il faut que les gens assument la
responsabilité de leurs actes et de leurs paroles, et également que s'est-il
passé, quelle est la chaîne d'évènements. Et parfois ça remonte loin et fait en
sorte qu'on est dans la situation
d'intimidation.
On a également
appris — et ce qu'on savait peu, je
crois, autour de la table, hier — que 85 % des gestes
d'intimidation se déroulent devant des témoins. Donc, les gens qui voient la
situation ou qui l'entendent font partie également de tout cet enjeu, et il
faut s'assurer qu'elles puissent ou qu'ils puissent s'exprimer sans craindre des
représailles ou des conséquences négatives.
On a constaté
que le forum lui-même a été une occasion pour tous ces organismes, qui ne se
connaissaient pas tous, d'apprendre à se connaître mieux et de travailler
ensemble, de sorte qu'on va garder le site Web
au ministère de la Famille, intimidation.gouv.qc.ca, pour d'abord recueillir
encore les commentaires des citoyens, des organismes, mais aussi de permettre à
chacun de ces organismes qui étaient hier de mettre leur lien Internet, leur
lien de médias sociaux pour qu'ils puissent
maintenant avoir un véritable réseau qui a suivi ces rencontres d'hier.
Je veux indiquer
qu'en 2015 nous présenterons un plan d'action concerté de lutte contre
l'intimidation. Ce sera un plan transversal avec des volets précis, des
objectifs précis et du financement précis. D'ici là, on a du travail à
continuer et on va le faire avec ces consultations, qui nous amènent jusqu'au 30 novembre.
Je peux déjà
vous donner quelques éléments sur lesquels on s'est déjà entendus. D'abord,
comme l'intimidation ne touche pas que les jeunes, mais beaucoup les jeunes dans
les milieux scolaires, dans les milieux de travail, Caroline, qui s'occupait de
cette question avec le Secrétariat à la jeunesse, s'est rendue au moment où on
peut dire qu'on va effectivement renouveler… faire une nouvelle politique jeunesse pour le Québec — la
précédente date de 2001, et le monde a beaucoup changé, la jeunesse a beaucoup changé depuis 2001 — de même qu'une stratégie d'action.
Il y aura
également — et on est tous d'accord là-dessus — un volet
autochtone spécifique. Évidemment, l'intimidation se décline dans plusieurs milieux, à
plusieurs moments de la vie, mais la réalité autochtone est tellement
spécifique qu'elle mérite d'être traitée de façon séparée.
On a également
eu une discussion sur les nouveaux médias, la cyberintimidation, et, bien sûr, là-dessus, il va
falloir continuer le travail. On nous a appelés à la prudence sur la
législation dans ce domaine, tout en nous disant que le projet de loi n° 56,
qui avait été adopté précédemment, est une bonne base de travail pour
l'ensemble du problème de l'intimidation. Pour ce qui est de la
cyberintimidation, évidemment, le Code criminel est de ressort fédéral, mais, ceci étant
dit, on nous a appelés à la prudence, et on va être en consultation très
précise là-dessus. D'ailleurs, on va réunir des experts pour partager avec nous
une réflexion là-dessus, faire un groupe de travail, des intervenants, des
chercheurs qui auront à soumettre leurs recommandations pour améliorer
l'intervention de tous les acteurs concernés dans ce phénomène, et on intègrera
leurs recommandations au plan d'action qui sera éventuellement présenté en
2015.
On a également
entendu à quel point la collaboration des écoles publiques et des
établissements d'enseignement privés avec les corps de police est devenue
importante, même indispensable, et devient même un facteur important de
réussite dans ce combat contre l'intimidation.
On a également
entendu qu'il fallait — et on était prêts à le faire et on va le faire — déposer un
projet de règlement qui vient de la loi n° 56 pour mieux encadrer les ententes de collaboration entre
les milieux scolaires et les milieux policiers. On a l'intention de présenter
ce règlement pour en faire l'adoption à l'hiver 2015. Ce règlement fournira des
balises sur les rôles, responsabilités de la commission
scolaire, de l'école et du corps de police
qu'il faut prendre en compte dans les trois contextes d'intervention : la prévention, l'enquête et l'urgence. Il y aura de la
marge de manoeuvre aux commissions scolaires et aux corps de police pour tenir compte, bien sûr, des réalités
locales.
On a également, bien sûr, abordé la
question des aînés à leur résidence, dans leur milieu familial, mais également
dans les milieux d'hébergement et on… bien sûr, on entend tout faire pour favoriser la bientraitance… d'ailleurs,
un mot qu'on a entendu hier, plutôt que de parler de maltraitance, essayons de
favoriser la bientraitance des personnes hébergées, des personnes aînées
hébergées. On se souvient que notre collègue Marguerite Blais avait présenté,
dans l'opposition, un projet de loi, le projet de loi
n° 399 sur cette question, qui encadrait
la divulgation et le signalement de ces situations. C'est un projet de loi qui suscite
des questions dans le milieu, sur lequel on va poursuivre la consultation, mais
on va s'inspirer largement de ce projet de loi là pour poser un geste législatif sur cette question de la
bientraitance ou de favoriser la bientraitance des personnes aînées dans les
milieux d'hébergement.
On a également l'intention
d'instaurer un prix Hommage pour soit une personne, soit une institution. On en parlait tantôt et on se disait…
Mme Lavallée, vous me faisiez remarquer que, comme on a entendu, la prévention
dans la petite enfance, dans l'enfance, était d'importance majeure, peut-être
cibler davantage les services de garde ou les écoles où les enfants sont encore
jeunes et on doit leur apprendre des comportements prosociaux par opposition
aux comportements antisociaux. Donc, on aura l'occasion de vous revenir sur ce
prix qu'on décernerait, pour la première fois, en octobre 2015, le
2 octobre, à l'occasion de la Journée internationale de la non-violence.
Alors, le signal
qui a été envoyé, je crois, hier, était très fort. La société québécoise dit
non à ces comportements qui compromettent directement la dignité humaine. On a
pu mettre les bases… jeter les bases d'un mouvement de mobilisation de toute la
société afin d'offrir aux citoyens et aux citoyennes la possibilité de vivre
dans un milieu sain et sécuritaire. Et, en affirmant clairement et ensemble
notre réprobation sociale contre de tels comportements, nous disons non à l'intimidation sous toutes ses formes. Voilà donc un bel
engagement collectif que nous allons poursuivre ensemble. Merci. Francine,
maintenant, je crois.
Mme
Charbonneau
: Oui, oui. Merci. Alors, M. le premier ministre, chers
collègues de l'Assemblée nationale… parce que c'est
comme ça qu'on le dit. On dit : Chers collègues
de l'Assemblée nationale parce que c'est ce
qu'on fait aujourd'hui, on est ici sans partisanerie, et ça continue comme ça.
Mmes et MM. représentants des médias, bonjour.
D'abord, un
grand merci à toutes les personnes qui ont participé hier au forum. La participation
était exceptionnelle. Et je vous dirais… malgré la fin, hein, le moment où on a
dit que c'était fini, les gens restaient, on
se parlait encore. On s'est couchés quand même
un peu plus tard qu'on pensait, puisque ça ne finissait plus de finir. On avait
un plaisir d'échange incroyable. Les échanges ont été tenus et ont alimenté la
réflexion qu'on avait à faire pour un plan de match de société sur lequel on va
se pencher pour lutter contre l'intimidation. Merci également à mes collègues
des partis de l'opposition, je le disais tantôt, mais surtout collègues parce
que, sur ce sujet, il n'y a pas d'opposition, il n'y a qu'une avancée pour
pouvoir avoir un monde meilleur.
Le Forum sur la
lutte contre l'intimidation est une étape importante à une démarche qui est
commencée. Nous menons cette démarche pour vraiment arriver à améliorer la
société dans laquelle nous vivons. En tant qu'individus ou en tant
qu'organisations, nous avons tous un rôle à jouer pour prévenir et agir de
façon efficace. C'est la raison pour laquelle
le forum a réuni des acteurs clés de… à participer à la réflexion et nous a
guidés dans la recherche de solutions.
Parallèlement,
je tiens aussi à nous rappeler que nous avons convié la population québécoise
et les organisations à un exercice de réflexion sur le sujet dans le cadre
d'une consultation publique au cours des… qui dure jusqu'au 30 novembre
prochain. Tous les citoyens et citoyennes peuvent participer à la consultation
en ligne, je nous le rappelle, hein, c'est
www.intimidation.gouv.qc.ca.Il est aussi possible de transmettre des
mémoires pour celles ou ceux qui aimeraient
exprimer leur opinion de façon plus élaborée. Parce
que l'intimidation touche tout le monde, il est
essentiel de connaître les points de vue de l'ensemble de la population sur les actions prioritaires à poser pour prévenir
l'intimidation et agir contre celle-ci, mais aussi sur le rôle que chaque
personne et chaque organisation peut jouer en cette matière.
Toutes les
pistes d'action proposées hier au forum, dans les mémoires et dans le cadre des
consultations particulières et de la consultation publique seront analysées en
détail pour l'élaboration d'un plan concerté. Aujourd'hui, nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité de
cette démarche. L'exercice d'hier a renforcé notre conviction que la
contribution de chacun d'entre nous est nécessaire pour agir efficacement
contre l'intimidation. Tout le monde doit être responsabilisé face à l'intimidation et le
travail à faire en ce sens. C'est un grand défi
que nous relevons avec nos partenaires et avec l'ensemble des citoyens. C'est ensemble qu'on lutte contre l'intimidation, et hier on a vu l'engagement de l'ensemble des gens qu'on avait convié, mais
aussi le vôtre, M. le premier ministre, puisque vous avez réaffirmé avec une ferme intention de continuer
dans ce sens. Et je vous dirais qu'au nom de la petite enfance, mais aussi
jusqu'aux aînés, je vous remercie de garder cette confiance que vous avez
envers les Québécois pour arriver à combattre l'intimidation. Merci. Bonne
journée.
Oh! C'est vrai. M. Traversy
va vous dire un mot.
M. Traversy
: Merci beaucoup, Mme la ministre. On voit qu'on était
inoubliables à vos yeux.
Mme
Charbonneau
: Oui, oui.
M. Traversy
: J'aimerais saluer
également le premier ministre, l'ensemble de mes collègues qui sont ici, vous
dire que le Parti québécois est satisfait des discussions que nous avons eues
hier au forum sur la lutte à l'intimidation. Des gens qui provenaient de tous
les horizons, qui sont venus, évidemment, nous témoigner leur passion par
rapport aux différentes solutions possibles afin de sensibiliser davantage les
gens à cette réalité, faire de la prévention le plus rapidement possible, dès
le tendre jeune âge, pour essayer, justement, de corriger la problématique en
amont plutôt que de la corriger une fois que le malheur est fait.
Également, vous
dire à quel point je pense que les Québécois ont soif de ce genre d'initiative,
soif de voir des partis politiques capables de travailler ensemble et de mettre
au-dessus de la partisanerie certaines problématiques qui touchent l'ensemble
du territoire québécois et qui méritent d'être solutionnées par l'ensemble des
idéologies politiques qui composent notre Assemblée. J'ai été, donc, très interpellé pendant toute la journée
hier. J'ai bien hâte de suivre aussi, avec
l'ensemble de mes collègues, la suite des choses.
Il est évident,
M. le premier ministre, que nous ne pouvons pas être d'accord sur tout. Et
d'ailleurs, à l'Assemblée nationale, ce n'est
pas les sujets qui manquent à cet effet, vous avez raison de le rappeler. Nous
avons, des fois, des petites inquiétudes en ce qui a trait à certaines
décisions, mais j'ai senti hier que la volonté
de vouloir aller plus loin au niveau de la lutte à l'intimidation était présente. Évidemment, après les discussions, après la
volonté, il faudra que les possibilités, les fonds et les moyens soient au
rendez-vous pour pouvoir livrer concrètement la marchandise. Et là-dessus vous
pouvez compter sur mon entière collaboration pour y parvenir. Mes 135 livres
seront mises dans la balance pour avoir le maximum dans le cadre de cette
initiative. Je vous remercie beaucoup, et je passe la parole à ma collègue,
Lise Lavallée.
Mme Lavallée
: Merci. Bonjour, tout le monde. Je tiens à remercier le premier ministre et la ministre de nous avoir
invités à cet exercice démocratique qui a eu lieu hier. La rencontre a été
franchement intéressante et va enrichir notre réflexion pour les jours et les semaines
à venir. Je me rappelle de l'intervention du jeune Alexis, hier, qui invitait
les parlementaires à devenir des exemples en matière de lutte à l'intimidation,
donc, dans nos comportements. Donc, je conviens à ce que tous les
parlementaires qui sont à l'Assemblée
nationale fassent un effort, effectivement,
pour montrer patte blanche parce que je pense que, comme adultes, on doit montrer l'exemple. Et je
retiens aussi ce… Hier, on a entendu qu'on voulait une société bienveillante,
donc j'aspire à ce qu'à la fin de cet exercice-là, effectivement, au Québec, nous devenions une
société
bienveillante. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Nous allons maintenant procéder à la période de questions
destinée aux membres des médias. Donc, il y a un micro à la gauche et à la
droite, je vous demande de vous identifier ainsi que le média que vous
représentez. Tel qu'il a été convenu, ça va être une période de questions sur
le sujet. Alors, nous allons commencer par le micro de gauche, Mme Dufresne.
M. Couillard
: Bonjour.
Mme Dufresne
(Julie)
: M. Couillard,
d'abord, sur le forum, j'aimerais savoir quel engagement précis vous prenez à
l'issue de ces discussions-là. Je sais qu'il y a encore des périodes de
délibérations à venir, mais vous dites en faire une priorité. Est-ce que vous
pouvez prendre un engagement ferme aujourd'hui?
M. Couillard
: Bien, l'engagement… D'abord, le fait que, durant… avant la campagne
électorale, pendant la campagne électorale, alors que l'issue était incertaine,
je me suis engagé pour présider ce forum si nous formions le gouvernement. C'est clair
qu'au moment où ça se fait, ça devient une priorité gouvernementale. Alors, il
y aura un plan d'action étoffé, transversal, avec des moyens financiers
attachés, bien sûr, aux différents volets. Aujourd'hui, je vous ai donné quelques éléments, mais le travail se poursuit. Clairement, il
fallait envoyer le signal aujourd'hui qu'il y aurait un volet autochtone spécifique, qu'on
allait poursuivre la législation sur la maltraitance des aînés, qu'on allait également
adopter le règlement sur les relations entre les commissions scolaires et les forces
policières. Ce sont des éléments qui vont se retrouver plus tard dans le plan
d'action qui va être élaboré au cours des prochaines semaines. Je vous rappelle
que la consultation se termine jusqu'au 30 novembre, donc le forum d'hier,
ce n'était pas le point final du travail. C'est un élément important, mais ce
n'est pas le point final.
Mme Dufresne
(Julie)
:Maintenant, vous dites que vous allez donner des moyens
financiers. Or, ce matin, Québec solidaire est absent de ce point de presse. Manon
Massé disait hier sur nos ondes qu'elle ne pouvait pas s'associer à la
conférence de presse parce qu'elle dénonçait le fait qu'il va manquer de moyens et que le Québec n'aura pas les
moyens de ses ambitions, en fait, pour faire de la lutte contre l'intimidation
une priorité. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Couillard
: Bien, d'abord, Mme Massé est bienvenue pour se
joindre à nous à nouveau à n'importe quel
moment. Moi, j'ai beaucoup apprécié... Mes
collègues me disent qu'elle a participé entièrement aux travaux de préparation
qui ont mené au forum. Moi, je souhaite qu'elle revienne travailler.
Ce n'est évidemment pas facile de travailler dans un contexte
non partisan parce qu'on se trouve au carrefour de décisions d'allocations
budgétaires, de choix politiques. Mais, sur cet enjeu-là, me semble-t-il, on
pourrait travailler de cette façon.
Elle est partie
un peu de façon précipitée, hier, parce que la synthèse n'avait pas eu lieu
lorsqu'elle a quitté le forum. C'est dommage,
mais je pense qu'elle pourra peut-être se rattraper. Je veux juste répéter, là,
puis je ne veux pas aller plus loin dans ce débat-là, qu'elle est tout à fait
la bienvenue pour revenir travailler avec nous.
Mme Dufresne
(Julie)
: Mais ma question,
plus précisément, c'est sur les moyens de vos
ambitions. Quels types de moyens financiers vous allez donner à ce plan de
lutte?
M. Couillard
: Alors, il y aura les moyens nécessaires pour mener à bien
les différents actes du plan d'action. Si moi, j'ai décidé d'en faire une priorité pour moi, pour le gouvernement, c'est qu'il y aura des moyens.
Maintenant, la
bonne nouvelle... Il y a deux bonnes nouvelles associées à ce plan d'action.
D'abord, c'est que, pour ce genre de phénomène
là, les sommes en cause ne sont pas des sommes énormes. On ne parle pas de
bâtir un nouvel hôpital universitaire, là, on n'est
pas dans cette ampleur d'investissement là. Et c'est le genre de domaine, ce domaine, où il est beaucoup question de
personnes, d'interventions où le dollar va loin, comme j'aime dire. On est
capables de faire beaucoup avec des sommes qui sont relativement faibles par
rapport à ce qu'on voit dans d'autres domaines
comme le réseau de la santé, par exemple, ou les grands réseaux publics.
L'autre bonne
nouvelle — et c'est pour ça que je
pressentais que ce serait le cas, mais j'en ai eu la conviction
hier — c'est que les actions qu'on va poser, notamment avec nos enfants, avec les aînés,
sont les actions qui vont avoir des impacts bénéfiques pour la société au-delà
de la seule intimidation, qui est déjà un enjeu très important. Alors, pour ces
deux raisons-là, c'est un enjeu prioritaire.
Quand on fait
les priorités, on les considère, et on les traite comme telles, et on doit travailler
de façon à ce que, pour chaque axe du plan d'action, encore une fois, on ait
des objectifs, des moyens appropriés. On a eu beaucoup de recommandations hier,
mais le travail n'est pas fini.
Le Modérateur
: Micro de droite.
M. Laforest
(Alain)
: Alain Laforest, TVA.
Bonjour. Le discours de Québec solidaire, c'est
que c'est un écran de fumée.
M. Couillard
: Oui. Je trouve ça un peu négatif, là, en tout respect. Je
pense qu'il y a beaucoup de travail, il y a des heures, des semaines, des mois
de travail derrière l'organisation de ce forum, hier, puis il y a encore des
semaines de travail devant nous. C'est évident
qu'on peut dénigrer rapidement toute
initiative de cette façon, mais j'engagerais à poursuivre la réflexion puis
surtout la collaboration.
Mais je répète : Ce n'est pas facile. Ça
prend un effort, de travailler de façon non partisane. Ce n'est pas dans notre culture politique. Alors, faisons-le
ensemble, cet effort.
M. Laforest
(Alain)
: En période
d'austérité budgétaire, est-ce que l'argent va être là, 2015‑2016, 2016‑2017,
après l'atteinte de l'équilibre budgétaire ou…
M. Couillard
: Alors, évidemment, l'équilibre budgétaire, il est là pas juste pour faire
des colonnes de chiffres qui marchent ensemble, il est là pour nous redonner la
liberté de choix d'investir dans les domaines qui nous tiennent à coeur. Et je
peux vous dire que, pour nous, pour les membres du gouvernement, de la
députation puis, je pense, pour tous les députés de l'Assemblée nationale,
cette question qui a été discutée hier est un élément qui nous tient tous et
toutes à coeur, sur laquelle on veut investir de l'argent public.
Journaliste
: À court, moyen ou long terme?
M. Couillard
: Ça va commencer dès la publication du plan d'action, qui
va être annoncée en 2015. On serait déjà capables, cette année, d'en faire un,
plan d'action, avec des moyens, mais il ne serait pas aussi complet puis aussi
transversal que je voudrais… qu'on voudrait qu'il le soit. On va faire le
travail correctement.
Journaliste
: Bonjour, M. Couillard. Un petit peu un suivi sur les
moyens. Le meilleur moyen, quand même, de changer les… la sensibilisation en
société, c'est les campagnes de sensibilisation, les publicités. Ça pourrait
coûter combien, ça, ce plan d'action là?
M. Couillard
: Bien, il y a plusieurs éléments. Ça va certainement être plusieurs millions
de dollars, là, mais je n'irai pas, aujourd'hui, vous donner
une définition précise de ça, avant qu'on l'ait établi, puis qu'on l'ait
calculé, et validé.
Maintenant, sur la
question de la campagne de publicité, parce que vous y faites allusion, ça a
été mentionné hier, notamment une campagne qui a été reportée, là, dans le cas de
l'homophobie. Bien, c'est important, ces campagnes-là, je veux juste m'assurer
que c'est de l'argent employé au meilleur endroit. Si on dit que 1 million de dollarsconsacrés à une campagne a un impact positif démontré sur le problème,
moi, j'en suis, mais il faut juste s'assurer qu'on cible bien la campagne,
qu'on cible bien ses bénéfices parce qu'il n'y a pas des millions partout. Si
on met 1 million là, bien, il y a un
million qu'on n'a pas pour mettre sur autre chose. Sans vouloir absolument
rétrécir ça à un choix binaire entre les deux, pour 1 million de dollars,
vous le savez très bien, qu'on peut faire énormément de choses dans nos milieux
scolaires et préscolaires, donc il faut faire des choix.
Journaliste
: Mais est-ce que le Québec a les moyens présentement
d'investir des millions de dollars comme ça en publicité?
M. Couillard
: Je pense, sur un enjeu qu'on estime prioritaire, oui.
C'est ça… En fait, moi, j'aime mieux le mot «rigueur», comme vous le savez, que
celui que vous avez employé, mais ce mot-là signifie quoi? Signifie qu'on veut
récupérer la capacité de faire des choix. Je peux vous dire qu'actuellement la
capacité de faire des choix du Québec, malheureusement, est très, très limitée
à cause du contexte financier dans lequel on est actuellement. Il faut s'en
sortir. Il faut continuer à avancer.
Journaliste
: Mais tellement limité que, pour l'instant on fait des
compressions, justement, qui touchent des services, comme vous avez mentionné,
pour la lutte à l'homophobie. Donc, on va transférer ces budgets-là vers…
M. Couillard
: Non. Ce serait un exercice un peu simple de faire ça. Il y
a, chaque année, des sommes qui s'ajoutent dans le budget du Québec, il s'agit
juste de faire des choix. Moi, je veux bien qu'on fasse des choix puis qu'on
les exprime clairement. Prioriser, ça veut dire quoi? Ça veut dire mettre des
enjeux au premier plan et d'autres qui sont un petit peu en arrière du premier
plan. Alors, cet enjeu-là, pour moi, il mérite d'être au premier plan.
La bonne
nouvelle, c'est que ça ne nécessite pas, encore une fois, des sommes énormes
pour avoir un impact significatif.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: M. Couillard, l'intimidation, ça se passe entre
autres dans les cours d'école, vous l'avez entendu hier. On sait qu'il y aura
des compressions dans les commissions scolaires. Est-ce qu'il n'y a pas un risque que ça affecte d'éventuelles politiques
ou…
M. Couillard
: Bien, on veut que non, bien sûr, puis on va cibler des
actions étiquetées avec des sommes étiquetées pour ça. Dans les écoles, ce
qu'on me dit, c'est que les réseaux d'alliés, les réseaux d'entraide ont un
impact considérable, la formation à la médiation entre les enfants également,
on a entendu hier, a un impact très favorable. Il faut également s'enseigner à
nous-mêmes, puis ça inclut les adultes dans tous les milieux professionnels,
l'empathie.
Je voudrais dire
quelques mots là-dessus parce que, moi, ça m'a frappé hier. On entend beaucoup
dire, dans notre société, il faut s'écouter, penser à soi, comment est-ce qu'on
est là-dedans, etc. C'est bien, mais apprendre
également à voir et à entendre l'autre, c'est
une habileté essentielle à développer dans l'enfance. Il y aura des sommes pour
ça. La question des commissions scolaires, c'est
une question séparée, là, mais il y aura des sommes pour ça.
Journaliste
: Est-ce que vous envisagez de modifier ou de renforcir
certaines lois, là, pour punir, entre guillemets, l'intimidation?
M. Couillard
: Alors, on nous a mis en garde sur une approche strictement
punitive. Je pense que l'ensemble des collègues ont entendu ce que j'ai entendu
hier. Oui, il faut que les gens répondent de leurs actes, en soient
responsabilisés, il n'y a aucun doute là-dedans. Cependant, il faut également
aborder ça du point de vue préventif.
Sur le plan
législatif, ce qu'on a devant nous, c'est le
projet de loi n° 56, qui est devenu une loi. On nous a dit hier que cette
loi était satisfaisante, qu'on n'avait pas besoin de la réécrire puis d'en
faire une autre. On est mieux de l'adopter… pardon, de l'appliquer et,
nécessairement, d'avoir un plan d'action qui en découle. Il y a un règlement
qui doit être appliqué, qui vient de la loi, qui va codifier les ententes entre
les forces policières et les commissions scolaires. On va le faire.
J'avais comme
préimpression, avant le forum, qu'il fallait légiférer sur la sphère
intimidation. Hier, on nous a dit : Soyez
prudents, mis à part la question du Code criminel qui n'est pas de votre juridiction, la question, par exemple, de
forcer la divulgation de l'identité de personnes sur les réseaux sociaux, bien,
ça peut avoir des effets indésirables dans certaines communautés. Alors, on
nous a amenés à la prudence, c'est pour ça
qu'on veut réunir un groupe d'experts qui va nous conseiller là-dessus.
Le Modérateur
: Micro de droite.
M. Couillard
: Excusez-moi. Le dernier élément législatif, c'est pour les aînés en milieu d'hébergement, donc, en nous
inspirant de ce que Marguerite Blais avait déposé alors qu'elle était dans
l'opposition avec nous.
Le Modérateur
: Micro de droite.
Journaliste
: Oui. Moi, ça serait pour un autre sujet. Je ne sais pas si
on peut passer...
Le Modérateur
: Est-ce qu'il y aurait des questions en anglais?
M. Couillard
: Si c'est un autre sujet,
on va le faire ensemble, monsieur, dans quelques instants.
Le Modérateur
: Sur le sujet?
M. Couillard
: Sur le sujet.
Journaliste
: Oui. J'aimerais les députés d'opposition,
M. Traversy, Mme Lavallée. Pourquoi êtes-vous restés, vous? Pourquoi
vous affichez-vous aux côtés du premier ministre aujourd'hui tandis que votre
collègue Manon Massé, elle, a décidé de claquer la porte, de se dissocier de
cet exercice-là? Pourquoi? Vous, vous êtes le… M. Traversy, vous êtes le
porte-parole de l'opposition officielle, pourquoi ne pas vous opposer?
M. Traversy
: Bien, écoutez, comme je vous ai dit, en entrée de jeu,
moi, les sons de cloches que j'ai entendus de la population puis des
intervenants qui font partie du milieu, c'est
qu'ils veulent que les gens puissent travailler ensemble sur des dossiers non
partisans et être capables de les faire avancer le plus loin possible. C'est certain qu'on a des idéologies qui sont différentes,
hein? Je ne vous ferai pas la démonstration de la social-démocratie et du
libéralisme aujourd'hui, mais, dans un couple, des fois, on peut avoir des
petites chicanes, mais il faut être capables aussi, des fois, de se retrouver.
Il est certain — et M. le premier ministre l'a dit — qu'on
ne serait pas d'accord sur tout. Hier, on a appris des nouvelles sur lesquelles,
effectivement, j'ai beaucoup d'inquiétudes, on les a mentionnées, en ce qui a
trait, justement, à certaines coupures qui sont en lien un peu avec
l'intimidation. Le premier ministre se fait rassurant
aujourd'hui
en disant qu'il veut en faire une priorité.
Donc, moi, je préfère donner la chance au coureur, essayer d'amener le projet
le plus loin possible dans l'intérêt, dans le fond, de la lutte à l'intimidation au Québec et de laisser de
côté la partisanerie pour mettre le citoyen en avant plan. Je ne sais pas si Lise, tu veux…
Mme Lavallée
: Oui. Quant à moi, je trouve que le sujet est trop important pour qu'on démissionne en cours de route. Tout à l'heure, on a eu
une rencontre privilégiée avec le premier
ministre, qui nous a assuré que les sommes d'argent seraient là. C'est sûr qu'on va être
vigilants, mais je ne veux pas démissionner, je veux croire qu'on peut encore faire des choses. Nous, hier, à la coalition,
nous avons déposé un mémoire avec des propositions. Donc, ça va amener le débat
à l'avant, mais on ne peut pas démissionner pour les jeunes. Moi, je pense que c'est trop important, puis il faut mettre de côté la partisanerie. Le débat est trop important.
Journaliste
: M. le premier ministre,
hier, la présidente des commissions scolaires, Josée Bouchard, a dit que les commissions scolaires
n'avaient pas d'autre choix que de couper dans les services aux élèves, notamment dans l'aide aux
devoirs puis dans la lutte contre l'intimidation.
M. Couillard
: Je vais vous arrêter là. Je ferai des commentaires là-dessus… Je ne me
sauverai pas de votre question, mais on va le faire séparément, je ne veux pas mettre mes
collègues de l'opposition dans une situation où ils sont
derrière moi alors que je dis quelque chose qui, cette fois, pourrait faire l'objet de désagrément
entre nous.
Une voix
: Bien, vous pouvez juste vous tasser un petit peu.
Des voix
:Ha, ha, ha!
M. Couillard
: Mais on ne se sauve pas de la question, on fera tantôt
un petit point de presse, puis je répondrai à votre question, soyez sans
crainte.
Journaliste
: Merci.
Le Modérateur
: Donc, on va passer en anglais. Micro de droite.
M. Heinrich (Jeff)
: Jeff Heinrich, from The Gazette. Hello ladies and gentlemen. A few school board
commissioners said yesterday that they don't have the money to maintain basic
services, let alone fight bullying. What's your message to them?
M.
Couillard
: We will discuss the school boards separately, after we
finish this period… this segment of the questions from the media. What I would
like to say is that we will have a plan of action, it's going to be precise, funded
to its various elements with deadlines and objectives. It is going to be done,
and it will be labelled, and money will have to be spent accordingly. This will
remain to be seen when we table the action plan somewhere in 2015. And we will
work at this with our colleagues from other political parties. The school board
issue is a separate issue, but I will discuss it with you separately.
M.
Heinrich (Jeff)
:OK. Despite Bill 56, a few school boards in Montréal do not have a joint action plan with the police. What do
you… How do you plan to act on that?
M.
Couillard
: That's why… Actually, we heard that yesterday. And, in Montréal, it is always more complex because the social
characteristics of the island of Montréal, but what we heard yesterday, well, we have to
table and adopt a regulation that is coming, stemming out of Bill 56,
which we will do. And this regulation defines the relationship that has to be
established between the police and the school boards.
Le
Modérateur
: Micro de gauche.
M.
Hicks (Ryan)
: Ryan Hicks, CBC News. Yesterday, at the forum, I spoke
with Égide Royer, who is an expert in bullying, and I talked to him about, you
know, what's the most important part in prevention, and he said that it is
necessary that the Government has a public awareness campaign like ads before
they can do anything else. And he said that the ads fighting homophobia that
the Government had are necessary and that he believes that
they should have been suspended this year because it is a crucial part of
fighting homophobia. Are you looking at reinstating these ads?
M.
Couillard
: Yes, we will consider this, but after we've discussed with
those experts. And we know that that data actually show that it does have an
impact. Why? Because only to tell me that that number of people saw the ad
doesn't tell me that they change their behavior after that, first. And, second,
what we could do with the same amount of money being invested directly in
schools and daycare centers is quite significant. So we have no objections at
all and we will certainly be open to the idea of reinstating those ads…
M.
Hicks (Ryan)
: For this year or for…
M.
Couillard
: Well, you know, we have to finish the current financial
year, that's for sure, but, if it is going to be back, it's going to be part of
the action plan that we will table in 2015. Ça va?
Des
voix
: …
M.
Couillard
: Moi, je remonte, là, je
m'en vais, là? Je reste ici, moi? O.K.!
Des voix
:Ha, ha, ha!
M. Couillard
: C'est correct, le monde voit bien qu'on est capables
d'avoir du plaisir entre nous un peu. Allons-y! Bonjour.
Journaliste
: M. le premier ministre, M. Pierre Karl Péladeau, qui pourrait bien, un jour
pas si lointain, devenir votre vis-à-vis à l'Assemblée nationale, dit que la situation financière du Québec n'a rien de dramatique. Est-ce que vous exagérez?
M. Couillard
: Non, je crois qu'il devrait faire un examen sérieux de la situation. Pour ma part,
et je ne suis pas le seul qui l'ai dit, malheureusement, je ne suis pas heureux de dire ça, là, mais la situation
financière du Québec, toutes catégories confondues, est du calibre négatif de
celles qu'on a connues en 1982 et en 1997.
Alors, on a devant nous un défi considérable et, si on ne sort pas de cette situation, on va
s'enfoncer dans un gouffre dont on ne pourra plus se sortir et qui va être sur
les épaules de nos enfants dans la prochaine génération. Alors, il faut agir.
Je suis très surpris de voir cette déclaration, d'autant plus que M. Marceau, son collègue juste à
côté de lui, il y a à peine quelques mois, insistait sur l'importance de l'équilibre
budgétaire sur l'environnement économique général du Québec.
M. Ouellet
(Martin)
: Mais comment vous
expliquez que M. Péladeau, qui est derrière une grande série qui s'appelaitLe Québec dans le rouge, dise aujourd'hui que,
finalement, tout ça était peut-être moins important que ce qu'on laissait croire? Comment vous
expliquez le virage à gauche de M. Péladeau?
M. Couillard
: Bien, je laisserais les experts commenter là-dessus. Je dirais certainementqu'il y a une course à la
direction, de toute évidence, qui est déjà enclenchée. Chaque candidat, candidate veut se positionner
dans un débat qui, d'après moi, va être...
puis je n'irai pas plus loin parce que je n'aime pas parler des autres partis
politiques, mais, historiquement, ce parti, le Parti québécois s'est accordé ou
s'est uni derrière la cause, l'objectif. Mais ça ne suffit plus maintenant, il
faut qu'ils soient capables de dire à la
population quel genre de société, également, ils veulent construire, au Québec,
et là les différences sont très marquées. Donc, chacun et chacune aura à se
définir là-dessus. Et éventuellement la personne qui sera élue à la direction
du parti, qui deviendra chef de l'opposition officielle, transportera ce
message-là. Mais c'est à eux de faire le
débat, je ne le ferai pas pour eux.
M. Ouellet
(Martin)
: Mais est-ce que ça vous
surprend, ce virage-là de M. Péladeau? On ne le voyait pas comme quelqu'un
d'autant à gauche.
M. Couillard
: Non, je ne commenterai pas plus, M. Ouellet. Je vais
le laisser lui-même expliquer ses positions là-dessus.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: Oui. Alors, je reviens avec ma question concernant les
commissions scolaires. Hier, la présidente de la fédération, Josée Bouchard,
disait que votre gouvernement avait demandé aux commissions scolaires de couper
dans une enveloppe qui, en fait, servait à financer des programmes, des
services aux élèves, notamment, bon, l'accueil francisation, l'aide aux
devoirs, la sécurité d'emploi, Écoles en forme et en santé, la lecture.
Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui aux commissions scolaires qui veulent...
en fait, qui s'estiment comme un gouvernement local, qu'ils sont les mieux
positionnés pour prendre des décisions? Est-ce que vous leur dites que c'est terminé, c'est vous ou
M. Bolduc qui prenez les décisions, qui dites où couper ou est-ce qu'il va
mieux... Est-ce qu'il est préférable de leur donner toute la marge de
manoeuvre, à ce moment-ci?
M. Couillard
: Alors, non, on est très clairs, et c'est le rôle du gouvernement du Québec de fixer les
objectifs budgétaires. Ça a toujours été comme ça, ce sera toujours comme ça.
On a envoyé également un message très clair que les services, notamment les
services aux plus vulnérables, il est certain que des services devront être
modifiés et revus, mais notamment pour les aspects prioritaires comme ceux qu'on discute ou pour les personnes vulnérables, ce n'est pas acceptable. Puis on va regarder cette situation de
très près parce qu'évidemment, si la conclusion des commissions scolaires est
que, dans le cadre financier actuel, il leur est impossible d'accomplir leur
mandat, la solution, ce n'est pas d'éloigner
l'équilibre budgétaire, c'est de revoir
profondément le rôle des commissions scolaires. Alors, pour moi, c'est la prochaine étape logique qui suit.
Journaliste
: Donc, ces mauvaises décisions-là prises par les
commissions scolaires sont une nouvelle illustration de leur incompétence à
prendre des décisions réfléchies ou...
M. Couillard
: Non, ce n'est pas ce que
j'ai dit. Vous mettez des mots dans ma bouche que je n'ai pas prononcés.
Journaliste
: Mais est-ce qu'elles doivent être abolies, ces commissions
scolaires là?
M. Couillard
: On est en train de faire cet exercice de réflexion sur
leur mandat, et il n'y a pas un élément plus que d'autres, actuellement, qui
est favorisé. Mais je veux juste insister sur le mode de décision, là. C'est une question logique. Il y a un mandat, des moyens
financiers puis une institution. L'institution dit : Peut-être on ne peut pas faire le mandat avec les moyens financiers.
Alors, la réponse, c'est soit abandonner
l'équilibre budgétaire, ce qu'on ne fera pas,
soit revoir l'institution profondément pour
qu'elle puisse accomplir le mandat. Ça m'apparaît logique comme approche.
Le Modérateur
: Micro de droite.
M. Laforest
(Alain)
: Rebonjour,
M. Couillard. M. Péladeau a critiqué votre régime d'austérité en
disant que vous ne créez pas de richesse, que vous n'aviez pas de politique
industrielle. Est-ce qu'il vit avec des lunettes roses?
M. Couillard
: Bien, surtout, il vit, malheureusement, avec une ignorance totale du passé récent. Je vous
rappellerais quand même, puis j'aurai l'occasion de le faire au cours des
prochains jours parce que je sens que cette question va revenir à quelques
reprises, que les chiffres — non pas nos chiffres, mais les chiffres
d'observateurs indépendants — nous plaçaient cette année, et c'était
connu clairement du gouvernement précédent, devant une impasse budgétaire de 5,8 milliards pour 2014‑2015, 7,2 milliards pour 2015‑2016. Alors, ma question : Comment pense-t-il que le gouvernement du Parti québécois,
s'il avait été réélu, aurait réalisé l'équilibre budgétaire auquel
M. Marceau s'engageait? D'aller faire croire à la population qu'il n'y
aurait pas eu des exercices de compression sérieux, ça m'apparaît manquer un
peu de respect à leur endroit.
M. Laforest
(Alain)
: Sur un autre sujet,
la Cité de la santé de Laval, l'unité de débordement annonce une grève
illégale, justement, pour dénoncer ces compressions-là. Êtes-vous en train de
perdre le contrôle avec vos employés puis les employés des réseaux?
M. Couillard
: Regardez, non, non, M. Laforest. Puis je vais vous
dire, on n'est pas nés de la dernière pluie. Quand on a ce genre de période de
rigueur budgétaire où il faut faire des choix, c'est évidemment que les choix
les plus faciles qui sont présentés par les appareils multiples, c'est de nuire
au service des gens en espérant que le gouvernement va reculer puis va
abandonner son objectif d'équilibre budgétaire. Alors, le signal que je vais
lancer, c'est qu'on ne reculera pas parce que, justement, on veut préserver le
système de santé, on veut préserver les soins, on veut préserver l'éducation à
nos enfants et, si on laisse le Québec s'enfoncer dans le rouge davantage, on
n'y arrivera plus.
M. Laforest
(Alain)
: Passible de
sanctions?
M. Couillard
: Pardon?
M. Laforest
(Alain)
: Passible de
sanctions?
M. Couillard
: Je vais laisser Dr Barrette, il est en train
d'évaluer cette situation-là.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: Bonjour, M. Couillard.
M. Couillard
: Bonjour.
Journaliste
: Il y a quand même plusieurs… sur plusieurs fronts, ça
semble chauffer. Du côté de la santé, les cadres ne sont pas contents, la
réforme, le projet de loi n° 3 va certainement faire réagir beaucoup dans
les jours à venir, en éducation… Est-ce que vous sentez que la soupe est chaude
à l'heure actuelle?
M. Couillard
: Le changement n'est pas facile, l'exercice dans lequel on
est engagés n'est pas facile, et même difficile, j'en suis conscient, mais je
vais encore dire de façon très ferme… Vous avez vu qu'on a dit, avec le projet
de loi n° 3, que nous ne bougerions pas sur les objectifs fondamentaux?
Nous n'avons pas bougé sur les objectifs fondamentaux. J'ai dit : Notre gouvernement dit que nous atteindrions l'équilibre
budgétaire et que nous le ferions. Nous ne bougerons pas cet objectif-là.
Alors, il va falloir prendre les moyens pour que ça se produise.
Bien sûr, il y a
des efforts sur la colonne des dépenses, mais il faut également continuer nos
efforts sur la colonne des revenus. C'est pour ça qu'on veut travailler sur le
Plan Nord, la stratégie maritime, les PME, les ressources naturelles,
l'hydroélectricité et éventuellement même, la nouvelle économie verte. Alors,
ce genre de manoeuvre doit être fait en même temps. Mais d'aller croire que
c'est… d'aller faire croire aux gens que c'est facile et qu'on ne s'apercevra
pas de l'impact de réduire un déficit de 7,2 milliards à zéro en 2015‑2016,
ce serait leur manquer… manquer de respect envers leur intelligence. C'est certain qu'il faut faire des actions absolument
déterminantes.
Mais vous me
parliez de la santé et de l'éducation, puis ça me permet de vous expliquer
comment moi, je vois ça. Pour moi, la santé, fondamentalement, c'est l'interaction entre le soignant puis le patient. Tout
le reste est supposé être là pour soutenir ça et faire en sorte que ça se
réalise. Même chose pour l'éducation, le moment qu'il faut préserver, qu'il
faut cristalliser, c'est la salle de classe,
le contact entre l'enseignant, l'enseignante et l'élève. Tout le reste est là
pour favoriser ça. Si le reste devient plus important que la mission
fondamentale, on a un problème, et c'est ce
que je crois percevoir parfois dans le domaine de l'éducation et dans le
domaine de la santé.
Journaliste
: Puis on a senti, entre autres, avec votre président du
Conseil du trésor, hier, que le ton montait. Vous dites vous-même : On va prendre les moyens pour que ça se produise. Vous
êtes de plus en plus ferme, me semble-t-il, quitte à ce que la grogne augmente
aussi du côté, par exemple, des syndicats.
M. Couillard
: Alors, je n'ai aucune illusion quant à la facilité de l'exercice essentiel devant lequel on est actuellement. Je
n'ai pas, non plus, de lunettes roses de quelque façon que ce soit. Il est
clair que, quand on demande à des organismes dont la mission est d'exister
entre autres de nous faire des suggestions pour diminuer les dépenses
publiques, c'est certain que, souvent,
malheureusement, les premières suggestions qui sont faites sont, comme par
hasard, des situations ou des suggestions qui diminuent les services aux gens.
Alors, le
message que M. Coiteux a envoyé hier, c'est
que nous voyons cela, nous allons prendre les moyens qu'il faut également pour
nous assurer que ce n'est pas nécessairement
uniquement les cadres qu'on veut qui soient heureux dans le domaine de la
santé, on souhaite qu'ils le soient, qu'elles le soient, mais le patient doit
être heureux et doit s'apercevoir que les services ont augmenté.
Journaliste
: Mais qu'est-ce que ça veut dire «prendre les moyens»?
Qu'est-ce que vous voulez dire, «on va prendre les moyens»?
M. Couillard
: Bien, vous allez voir dans quelques jours, dans très peu
de temps. On va se donner les outils, au gouvernement, pour pouvoir agir. Je
vous rappellerais une chose que j'ai dite à mon arrivée comme premier ministre,
j'ai dit… On me demandait : Qu'est-ce que
vous avez constaté qui vous a surpris? Bien, une chose que j'ai constatée, c'est qu'on n'est pas
capables de vous dire avec précision, aujourd'hui, combien de personnes
travaillent dans nos réseaux santé, éducation, et quelle est la catégorie
d'emploi de ces personnes. Combien il y en a qui servent les gens, qui éduquent
les enfants, qui soignent les patients, qui sont du personnel technique?
Combien il y en a qui sont du personnel de soutien, du personnel administratif?
On n'a tout simplement pas cette mesure-là en temps réel. On l'a deux ans plus
tard au moment où il est trop tard pour prendre des décisions. Alors, on va se
donner les moyens pour faire ça, puis prenez quelques jours de patience, et
vous allez les voir.
Le Modérateur
: Micro de droite.
Mme Biron
(Martine)
: Bonjour, M. le
premier ministre. Selon vous, est-ce que le Canada, par ricochet le Québec,
doit s'engager au sein de la coalition pour combattre le groupe armé de l'État
islamique?
M. Couillard
: Alors, là-dessus, Mme Biron, bien sûr, je garderais une
certaine réserve, compte tenu des juridictions que le gouvernement fédéral a
pour les affaires étrangères, et notamment les engagements militaires du
Canada. Je dirais que, pour moi et pour le Québec, je pense que ça a toujours
été le cas, pas pour l'unanimité de la population, mais pour une bonne part de
la population, ces interventions militaires se justifient quand elles se font
sous l'appui d'une action concertée de la
communauté internationale et, par définition, des Nations unies et de son Conseil
de sécurité. Alors, je pense que c'est
là-dessus qu'il faut juger ces décisions si elles font partie d'un effort concerté. D'autre part, quand on envoie
nos jeunes risquer leurs vies, il faut qu'on soit capables de
dire à la population quel est l'objectif, quel est l'adversaire, quelle est la définition de la
victoire et quelles sont les conditions d'engagement. Alors, c'est au gouvernement fédéral de
faire cette communication.
Mme Biron (Martine)
: Bon, la Chambre des
communes a quand même débattu toute la semaine, la décision va être prise
aujourd'hui. Quelles seraient… j'imagine que vous y avez réfléchi un peu,
quelles seraient les conséquences pour le Québec et les Québécois si le
gouvernement…
M. Couillard
: Bien, j'irais plutôt sur l'autre aspect, là, c'est un peu comme les changements climatiques, où on parle
des coûts de la lutte aux changements climatiques, mais on ne parle pas des
coûts de ne rien faire contre les changements climatiques, c'est-à-dire qu'à l'opposé on a là un mouvement qui, de toute
évidence, suscite la réprobation internationale, qui nuit à la stabilité
également, qui a des comportements que, je crois, la majorité de nos
concitoyens trouvent certainement odieux. Et je crois que, là-dessus, beaucoup
de citoyens sont de cet avis-là.
Maintenant, je
veux juste répéter que, lorsqu'on prend — puis c'est le père d'un
militaire qui vous le dit, là — la
décision d'envoyer des jeunes hommes ou femmes risquer leurs vies en notre nom,
on doit dire à la population : Voici
l'adversaire, voici l'objectif, voici la définition de la victoire et voici les
conditions d'engagement et de retrait.
Mme Biron (Martine)
: Je détecte une petite opinion favorable?
M. Couillard
: Bien, c'est-à-dire que
moi, je crois que le Canada ne peut échapper à ses obligations internationales
de participer avec la communauté internationale à des actions concertées.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: Bonjour. Peut-être juste pour emboîter le pas à ma
collègue, considérez-vous qu'il y a un consensus international suffisamment
fort pour justifier que le Canada s'engage en Irak?
M. Couillard
: Bien, je pense que la communauté internationale s'attend à
ce que le Canada joue un rôle, clairement. C'est
au gouvernement de le définir.
Journaliste
: Sur un autre sujet, pourquoi votre gouvernement
envisage-t-il de couper dans l'aide sociale, qui vient en aide aux plus démunis
de la société?
M. Couillard
: Alors, comme je le dis à chaque fois qu'il y a des
articles de ce type dans les journaux, attendez de voir les décisions. On est
dans une période où on observe, où on étudie toutes sortes d'hypothèses. On les
présente, on les discute, on les évalue correctement et sérieusement. Ça serait
rendre un très mauvais service au processus que de dire qu'il faut tout arrêter
les discussions parce que ça suscite un peu d'inquiétude. On ne commente pas
les rumeurs, on va commenter les décisions. Lorsque les décisions seront
annoncées, on les commentera.
Journaliste
: Mais estimez-vous qu'il y a du gras à couper dans ce
programme-là?
M. Couillard
: Il y a de l'amélioration, on peut faire mieux, beaucoup,
beaucoup, à beaucoup d'endroits dans le gouvernement du Québec, dans les
services publics, et il n'y a pas de secteur qui peut échapper à ce regard-là.
Journaliste
: Y compris l'aide sociale?
M. Couillard
: Tous les secteurs peuvent être améliorés.
Le Modérateur
: Micro de droite.
Journaliste
: Bonjour, M. le premier ministre. Mes collègues vous ont
interrogé sur la résistance de certains gestionnaires, là, aux changements vers
lesquels vous voulez aller. Vous avez fait, si je ne me trompe pas, référence
au projet de loi à venir sur le contrôle, les effectifs, qui vous permettra de
savoir qui fait quoi, quand, où, etc. Je ne vois pas le lien parce que vous ne
déplacerez pas les gens, de toute façon. Vous êtes interrogé sur la résistance
de ces gens-là, vous faites référence à ce projet de loi à venir, mais en quoi
vous aidera-t-il à venir à bout de cette résistance, si tant est qu'elle existe?
M. Couillard
: Oh! Bien, c'est-à-dire
que c'est la force du leadership puis de la
direction du gouvernement qui, également, fait
ce travail-là. Les gens du réseau public et parapublic sont des employés de
l'État, et c'est l'État, qui est gouverné par
le gouvernement démocratiquement élu, qui prend les décisions, et c'est leur
devoir de faire en sorte que ces décisions s'appliquent.
Ceci dit, il y a
également une question de gestion d'effectifs, une gestion de priorités, d'encadrement
administratif. Dr Barrette a fait un bon bout dans sa réforme proposée du
système de santé, il y a d'autres gestes à poser également.
Journaliste
: Sur le Parti québécois, vous avez dit : La cause ne suffit plus à rassembler les troupes, il y a
maintenant d'autres…
M. Couillard
: Non. Je n'ai pas parlé des troupes, j'ai parlé devant la
population. Je ne me mêle pas de leurs débats internes, mais ceux qui les
regardent, là.
Journaliste
: C'est donc dire que ça va être un débat déchirant, dans
cette course-là, pour les candidats? C'est ce que vous laissez entendre?
M. Couillard
: Bien, j'ai l'impression que, pendant des années,
l'objectif ultime de l'indépendance du Québec a occulté les autres enjeux, et
on est rendus au moment où ces autres enjeux, d'après moi, vont devenir aussi
importants, mais c'est à eux d'en décider, puis c'est à eux de faire le débat.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: Bonjour, M. Couillard. Je veux justement revenir sur
les déclarations de M. Péladeau. Est-ce que vous considérez que c'est… que
de faire des déclarations comme celles-là, de ne pas reconnaître l'importance
de la situation financière du Québec, est-ce que ça le disqualifie d'être le
chef d'un parti sérieux à l'Assemblée nationale?
M. Couillard
: Bien, ça, c'est une décision que les militants du Parti
québécois prendront…
Journaliste
: Mais à vos yeux à vous? À vos yeux à vous?
M. Couillard
: Mais, moi, je dirais que, s'il refait l'examen objectif
des finances publiques, s'il voit les déclarations de ses collègues lorsqu'ils
étaient au gouvernement, notamment de M. Marceau lorsqu'il était ministre
des Finances, il va constater que… et, s'il voit les chiffres également, il va
constater que la situation, en fait, est très préoccupante. Et je comprends,
c'est un peu l'exercice que font certains groupes dans la société : ils regardent nos niveaux de taxation, ils regardent notre
niveau d'endettement puis ils comparent ça au niveau international : Dans le fond, on n'est pas si mal. C'est certain que, si
on nous compare aux milieux… aux pays européens, parfois, la comparaison est favorable,
mais ce n'est pas là, la question. La question, c'est nos voisins, avec
lesquels on est en compétition pour attirer les entreprises et avoir la
croissance économique la meilleure possible. Alors, c'est dans le contexte
nord-américain qu'il faut faire la comparaison. Et, je pense, parfois, on
échappe cette réalité.
Journaliste
: Une question, revenir sur l'implication du Canada. Vous
qui connaissez bien le Moyen-Orient — bon,
vous y avez travaillé pendant plusieurs années — est-ce que vous craignez la menace de l'État islamique?
M. Couillard
: Oui. Je crois que c'est une menace importante pour nos
sociétés. Et le Canada et le Québec, en passant, font partie du paysage, et
n'ayons pas la naïveté de croire que, nous, comme Québécois, parce qu'on a eu
la chance énorme de vivre en paix pendant des siècles, on est immunisés contre
le risque. Le risque existe pour nous aussi. Ces mouvements, là, meurtriers
sont mobiles, sont imaginatifs dans le mauvais sens et n'hésiteront pas à
s'attaquer à ce qu'ils considèrent comme leurs adversaires, qui sont
nécessairement les sociétés démocratiques. Alors, le Canada et le Québec,
malheureusement, font partie des régions à risque.
Journaliste
: Et, s'il y a un risque, comme vous dites, pour le Québec,
est-ce que vous avez demandé à ce qu'on prenne des mesures particulières?
M. Couillard
: Bien, on est en lien, et c'est le cas, toujours, hein? Nos
services de sécurité, la Sûreté du Québec sont en lien constant avec la
Gendarmerie royale du Canada et les services de renseignements canadiens pour
partager les informations et s'assurer de maintenir le niveau de sécurité au
maximum pour nos citoyens. Maintenant, ne déclenchons pas de panique dans la
population, là, il n'y a pas d'éléments qui nous amènent, à court terme, à
craindre quoi que ce soit, mais on doit être vigilants, et on doit l'être et c'est notre devoir de l'être.
Le Modérateur
: Micro de droite.
Journaliste
: Oui, rebonjour, M. le premier ministre. Votre collègue
M. Fournier, à Ottawa, hier, a parlé abondamment de la Constitution.
Croyez-vous qu'il faut rouvrir la Constitution
pour...
M. Couillard
: Bien, M. Fournier, franchement, je vous engage à lire
son discours, il est excellent. Il est sur son site Web, vous pourrez le lire
en détail. En fait, il a répété ce que moi, je dis depuis que je suis arrivé à
la tête du gouvernement du Québec. Le fait que le Québec n'ait pas ratifié
l'amendement de 1982 — non pas la
Constitution, mais l'amendement de 1982 — est regrettable. Le fait que la tentative de réparer ça ne
se soit pas confirmée est regrettable également. Il y a également eu des
progrès du Québec. C'est ce qu'il a dit hier. Il a donné plusieurs exemples qui faisaient
en sorte que le concept de société distincte, par exemple, s'incarnait
davantage maintenant dans des choses plus concrètes et que le Québec sera
toujours là. C'est notre responsabilité, c'est ma responsabilité historique de défendre et de faire la
promotion du caractère spécifique du Québec, et on le fera sur toutes les
tribunes.
Journaliste
: À nouveau sur M. Példeau. Suite à votre visite du
chantier de l'amphithéâtre à Québec la semaine dernière, bien, M. Péladeau
a tenu des propos, via sa page Facebook, dans l'hypothèse d'un
financement éventuel du public pour le retour des Nordiques. On sait qu'il est toujours actionnaire majoritaire, donc est-ce que
vous ne voyez pas là une situation d'apparence, à tout le moins, de conflit
d'intérêts? Et, s'il devient chef, doit-il vendre ses actions?
M. Couillard
: Bien, je pense que la question va lui être posée de façon
croissante au cours de la campagne à la direction, puis ce sera à lui d'y
répondre.
Sur
l'amphithéâtre, je vais répondre ce que j'ai dit, puis il n'a pas dû lire
correctement ma déclaration, qui a été bien rapportée dans les médias : Il n'y aura pas une cent de subvention pour une équipe de
hockey professionnelle à Québec, c'est clair.
Nous, on est prêts, toujours, à faire des transactions d'affaires qui sont
bonnes pour les contribuables du Québec. Alors, je disais un peu de façon
ironique : Si on veut partager les
profits avec les contribuables du Québec, tant mieux, mais j'ai comme un doute que ça va se produire.
Le Modérateur
: Dernière question en français, micro de droite.
M. Couillard
: Ça va? En français encore, oui?
Journaliste
: Oui. Rebonjour, M. Couillard. Désolé, juste un peu un
suivi sur ce que M. Gagnon a demandé. Est-ce que M. Péladeau peut se
lancer dans la course à la direction du PQ tout en étant actionnaire de
contrôle de Québecor?
M. Couillard
: Je crois que ça pose une situation difficile, et c'est à lui... Je ne veux pas rentrer… Parce que, là, vous
m'amèneriez à rentrer dans la course à la direction avec différents candidats
qui auront l'occasion de s'exprimer là-dessus, j'en suis persuadé. C'est à lui d'expliquer ça. Moi, je ferai des commentaires
s'il est élu chef du parti et s'il devient chef de l'opposition.
Journaliste
: Mais il n'y a pas là un...
M. Couillard
: Pardon?
Journaliste
: Il n'y a pas là un avantage indu pour être dans une course
à la direction?
M. Couillard
: Bien, c'est-à-dire que, là, il est député,
il est soumis au code d'éthique, le Commissaire à l'éthique, je suppose, étudie
cette question avec lui. La situation change à partir du moment où il devient
chef de parti et chef de l'opposition.
Le Modérateur
: Merci. Micro de gauche, en anglais.
Journaliste
:Yes. Mr. Couillard, Pierre
Karl Péladeau is a controlling
stockholder in Quebecor. This company gets public contracts, his television
station broadcasts content that benefits from cultural subsidies and he is
going on the air talking against austerity. It could be argued that the
position he's taking could benefit his own company. Is he in conflict of
interest?
M.
Couillard
: You know, I think Quebeckers and…
At the first stage, members of the PQ are well-placed and have the judgment
necessary to pass judgment on that. I said just before, in French, that as for
now, M. Péladeau is a member of the Assembly. He's subjected to
the Code of Ethics, to the Commissioner of Ethics. When he becomes… if he
becomes Leader of the PQ and Leader of the Opposition,
then it changes. Then, we will comment on the situation at
that time. But my impression is that this will be raised during the leadership
campaign. It will be up to him to answer.
Journaliste
: OK, but
I'm not talking about something that he would do as a head of an opposition.
He's making comments now as the economic critic that some could say are in
conflict of interest. Does this not concern you?
M.
Couillard
: Well, the fact that one is occupying a position of
influence in politics while controlling, even from a distance, a large part of
the media environment in Québec raises questions. But again, I'm sure that
members of the PQ will raise this during the campaign and of course after the
campaign. If he is elected leader, questions will come back and we will discuss
that.
Journaliste
: Can I
also ask you his… He said on RDI last night that he… He wouldn't say whether or
not he believed that we should attain deficit zero in the next upcoming budget.
What do you make of that?
M.
Couillard
: Well, he has to have a clear position. First, he's trying
to dilute and put some — should we say pink glasses? Rosy glasses? What's
the…
Journaliste
:
Rose-colored glasses.
M.
Couillard
: … — rose-colored glasses on the situation, which is serious, and it's serious in the North American
context. I was saying before that it's a tradition now for people that believe
we shouldn't make any efforts to balance the budget, to compare Québec'ssituation with European countries, Scandinavian countries, for example, in which
the context is completely different. We have to look at the North American
context and our neighbors who compete with us to attract businesses and job
creation. I think he should be clear on that, on that point.
Le
Modérateur
:
Dernière question, micro de droite.
Journaliste
: Ryan Hicks from CBC. I just
wanted to follow up on a question that one of my colleagues asked and you said
that you were going to give the Government tools within the next few days to
deal with finances. So what can you… Can you just elaborate what you meant by
that?
M.
Couillard
: Well, one thing that we discovered — and I, you know… even after I had been Health Minister for
five years, I was not conscious of this until I came back as head of the Government — we don't have the tools now to tell you how many people
exactly work in the big networks, healthcare and education, and who does what,
who does direct patient care, who does technical work, who does management, who
does cleaning. We don't know
that and we need to know this in order to make better decisions and make sure
that our budgetary objectives are not accomplished at the expense of patient care
or educating our kids in the Education network.
Journaliste
: There are
a few school boards, including the English-Montréal School Board, that are
going to run deficits and then other school boards that are not making cuts
that… managing their finances, it seems, in a way that the Government wants them to manage their finances. What questions does
that raise about the role of school boards?
M.
Couillard
: It raises issues, of course, and we will face them. You
see, the situation… I tried to make the situation as
simple as possible in order to make decisions. You have institutions and you
have a budgetary reality. Now, if the institution says : I cannot meet my objectives or execute my mandate with the
budgetary reality, then you have two solutions : on the one hand, you can forget about budgetary reality — which we will
not do — or you can significantly review the role and the structure
of these institutions. I think we may be close to that point. Merci.
(Fin à
11 h 4)