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Point de presse de M. Éric Caire, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de santé et de services sociaux

Version finale

Friday, October 3, 2014, 9 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures quarante-sept minutes)

M. Caire : Alors, bonjour. Je voulais vous rencontrer aujourd'hui pour vous faire part des objectifs de l'interpellation de ce matin avec le ministre de la Santé, objectifs qui vont être en lien avec la question que je lui ai posée hier.

Le ministre de la Santé nous propose une réforme, et je vais être d'accord avec lui sur un point, elle est majeure. Ceci étant dit, ce ne sera pas la première fois que le Parti libéral va nous proposer une réforma majeure. L'actuel premier ministre, Philippe Couillard, au moment où il était ministre de la Santé, a fait la même chose et, sensiblement, a proposé la même recette aux Québécois, c'est-à-dire : abolition des régies régionales, regroupement administratif de différentes entités du réseau de la santé, introduction de cliniques réseau, donc augmenter l'offre de soins. Et aujourd'hui, le constat, il est désastreux. Ça n'a pas fonctionné.

Donc, de reprendre la même recette, si on est d'accord que la recette fonctionne et qu'on n'a pas obtenu les bons résultats, c'est donc que le problème est ailleurs. Et ce que je veux savoir, entre autres, du ministre de la Santé actuel, c'est : Quelles sont ces erreurs qui ont été commises? Pas dans l'objectif de l'embêter, mais dans l'objectif de m'assurer qu'on ne les répétera pas.

Et là-dessus on sera, évidemment, très vigilants parce que le réseau de la santé, comme je l'ai dit, dans les 10 dernières années, a traversé plusieurs réformes. Que ce soit avec Philippe Couillard ou Yves Bolduc qui est arrivé avec sa fameuse méthode Toyota, on a toujours cherché des façons d'améliorer le réseau de la santé, on est toujours arrivés avec des recettes soi-disant très efficaces et on a échoué. Donc, si la recette est bonne, c'est celui qui l'a appliqué qui ne l'était pas ou alors il y a d'autres problèmes d'autre nature ailleurs dans le réseau.

Et je reviens sur un commentaire qui a été fait par le ministre de la Santé, qui nous disait : Écoutez, oui, la recette est bonne et, oui, le premier ministre actuel, à l'époque où il était ministre de la Santé, a bien fait les choses. Le problème, c'est qu'il n'avait pas tous les outils. Écoutez, à sa face même, c'est un commentaire qui ne tient pas la route quand on sait que, de 2003 à 2008 ou, en tout cas, de 2003 à 2007 minimalement, Philippe Couillard était ministre de la Santé d'un gouvernement majoritaire et qu'après cette date-là, donc à partir de 2007, et je suis bien placé pour le savoir, il aurait certainement pu compter sur l'opposition officielle s'il avait vraiment voulu mettre en place des mesures de réduction de la bureaucratie pour augmenter l'efficacité. L'ADQ était exactement dans cette perspective-là.

Donc, c'est un peu ce qu'on veut voir aujourd'hui avec le ministre de la Santé, s'il est conscient des problèmes, s'il est conscient des motifs qui ont amené les échecs du gouvernement libéral dans les 10 dernières années et si, à partir de là, il est en mesure de proposer des solutions qui vont faire en sorte qu'on ne va pas rebrasser des structures, relancer le réseau de la santé dans une autre réforme qui va conduire à un autre constat d'échec dans quelques années parce que je pense que les Québécois qui investissent des milliards dans le réseau de la santé sont maintenant en droit de s'attendre à des résultats, et ce, à courte échéance.

Là-dessus, si vous avez des questions, je suis prêt à…

M. Caron (Régys) : M. Caire, pourquoi annoncer à l'avance que cette réforme-là va être un échec?

M. Caire : Je n'annonce pas à l'avance que cette réforme-là est un échec. Ce que je dis, c'est que la recette qui est proposée par Gaétan Barrette, c'était la même recette que proposait Philippe Couillard en 2003, et là je peux vous donner un paquet de preuves à l'appui — de toute façon, je vais le faire pendant l'interpellation — et aujourd'hui, notamment entre autres avec le rapport du commissaire à la santé qui a analysé la performance des urgences dans le réseau de la santé de 2003 à 2013, on constate que cet un échec.

Donc, moi, on me dit : La recette est bonne, mais pourtant, ça a donné des mauvais résultats. Donc, si la recette est bonne et qu'on n'a pas des bons résultats, c'est celui qui a mis la recette en application qui ne l'a pas été. Donc, pourquoi? Donc, tout ce que je veux savoir, c'est : Est-ce que Gaétan Barrette va nous prémunir de répéter les erreurs du passé?

M. Boivin (Simon) : Quelles sont ces erreurs-là?

M. Caire : Bien, c'est la question que je lui pose, et vous comprendrez que, comme architecte de ce projet-là, c'est à Gaétan Barrette à identifier les erreurs du passé, et, comme il est à la tête du réseau, il a la capacité, justement, de fouiller dans toutes les entités du réseau pour savoir qu'est-ce qui n'a pas marché. Et c'est fondamental parce que le réseau de la santé, puis je le disais encore hier… écoutez, là, quand on a compilé à date les résultats pour 51 hôpitaux, bien, ça donne près de 162 000 personnes au Québec, en 2013‑2014, qui sont allées à l'urgence, se sont enregistrées et ont quitté avant de voir un médecin. C'est un constat d'échec. C'est un constat d'échec.

Alors, je faisais le parallèle avec l'Hôtel-Dieu de Lévis pour ramener ça à une échelle plus humaine. En 2013‑2014, l'Hôtel-Dieu de Lévis, 1 560 personnes sont allées à l'urgence, se sont enregistré et ont quitté l'urgence avant d'avoir vu un médecin. Alors, on ne peut pas minimiser des résultats comme ça.

Et on constate que, de 2003 à 2013, malgré une augmentation du nombre de médecins, d'infirmières, malgré une augmentation de la proportion du budget qu'on mettait en santé, les délais d'attente augmentent. Alors, je fais ce constat d'échec là et je demande au ministre de la Santé de me dire qu'est-ce qui n'a pas fonctionné. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné? Parce que, s'il n'est pas capable de me dire ça, comment peut-il garantir aux Québécois que la réforme dans laquelle il nous lance présentement ne subira pas le même sort?

M. Caron (Régys) : Croyez-vous qu'il est réaliste quand le gouvernement dit : Il ne faut pas toucher aux services, on ne touchera pas aux services malgré l'ampleur des coupes qui sont envisagées? Est-ce que c'est réaliste de dire : Les services ne doivent pas êtes touchés?

M. Caire : C'est réaliste, si on est ambitieux au niveau des gains d'efficacité. Et là-dessus je dois vous dire que, par rapport à ce qui a été déposé, et je vous ramène au document que je vous ai présenté, là, le fameux document de communication qui a été préparé par le ministère de la Santé, où on nous dit : L'objectif de la réforme, c'est de dégager des marges de manoeuvre à terme de 200 millions, alors que… Et je l'ai relu avec attention. Raymond Bachand, dans LeQuébec face à ses défis, parlait bel et bien d'économies de 600 millions sur la base de la double structure : le ministère et les agences. Alors, dans le document de marketing préparé par le ministère de la Santé, on nous prépare déjà à diminuer les attentes en expliquant : Bien oui, mais il y a déjà un 225 millions qui a été fait dans les gains d'efficacité qu'on a demandés aux établissements. C'est inexact, ça ne correspond pas à l'analyse qui a été faite par les experts du comité Bachand, experts qui, soit dit en passant, se retrouvent sur le comité de révision des programmes actuel, hein?

Alors, il faut être ambitieux, il faut aller chercher les économies là où on peut les faire, notamment dans la bureaucratie, notamment dans la perte d'efficacité du réseau de la santé, et, si on est capables de faire ça de façon précise, j'oserais dire chirurgicale, bien, oui, moi, je pense qu'on peut maintenir les services et on peut même les améliorer.

M. Boivin (Simon) : Ce matin, dans Le Devoir, il est question d'une espèce d'omerta qui est imposée par le ministre de la Santé dans le réseau par rapport au projet de loi n° 10, des hauts dirigeants, là, des agences de santé qui se voient dans l'obligation de signer des ententes de confidentialité pour ne pas critiquer publiquement. Est-ce que c'est préoccupant, ça, pour vous?

M. Caire : C'est préoccupant. Malheureusement, je vous dirais, c'est devenu chose commune. Moi, ça fait sept ans que je suis élu. J'ai été porte-parole en santé et services sociaux le plus clair de mon temps comme député à l'Assemblée nationale et je dois vous dire que, que ce soit Philippe Couillard, Yves Bolduc ou Gaétan Barrette, ça a toujours été la même chose.

Et je vous dirais... Je vous donne un exemple. Moi, quand on a des briefings techniques, il n'est pas question d'avoir un briefing technique s'il n'y a pas quelqu'un du cabinet qui est là. Pourquoi? Tu sais, qu'est-ce que la personne apporte, sinon de s'assurer que les fonctionnaires disent ce qu'ils doivent dire et ne disent pas ce qu'ils ne doivent pas dire? Et c'est la même chose quand on demande des informations. Vous comprendrez que ce n'est pas toujours très collaboratif.

M. Bergeron (Patrice) : C'est une culture du secret, de...

M. Caire : C'est une culture du secret, clairement.

M. Bergeron (Patrice) : On a peur de se faire attaquer? Comment vous expliqueriez l'origine de cette culture du secret?

M. Caire : Bien, écoutez, je dois vous...

M. Gentile (Davide) : Qu'est-ce que vous nous dites, c'est une culture du secret?

M. Caire : Je vais juste répondre à la question. Oui, c'est une culture du secret parce que, de façon culturelle, effectivement, je pense que le gouvernement est habitué à mettre de l'avant ses réformes et à prendre ses décisions en vase clos. Et le moins de comptes on a à rendre, le mieux on se porte; et le moins les députés de l'opposition ont accès à de l'information, le moins on a de comptes à rendre. Donc, c'est une roue qui tourne. Donc, oui, effectivement, je pense qu'il y a une culture du secret au niveau du gouvernement.

Il y a des améliorations... Par contre, il faut que je sois honnête, il y a des améliorations qui ont été apportées. Il y a des informations qui sont maintenant rendues disponibles de façon rapide et transparente, mais il reste encore des vieux réflexes.

Mme Prince (Véronique) : Mais pensez-vous qu'il va y avoir un braquage qui pourrait provenir des intervenants du milieu? Il y a la Cité de la santé à Laval où huit postes ont été coupés à l'unité de débordement suite aux compressions. Ça découle des compressions du gouvernement, me dit-on, et les gens veulent provoquer une grève illégale pour forcer le Conseil des services essentiels à intervenir puis rétablir.

M. Caire : Oui, c'est clair. C'est clair qu'il va y avoir de la résistance au changement. Écoutez, on parle... si tant est que cette réforme-là été faite de la façon dont nous, on le souhaite… On parle de couper des postes dans l'administration, on parle de couper dans la bureaucratie. Même si je déplore un peu le manque d'objectifs clairs dans le projet de loi, j'espère qu'on parle aussi de réduire la paperasse.

Il y a des gens dont l'emploi dépend de ça, il y a des gens qui font ça... qui sont ça depuis des années et des années, à qui on dit : Bien, écoutez, à partir de maintenant... On ne peut pas se passer de vous autres, mais, à partir de lundi, on va essayer, tu sais. Alors, c'est clair que ces gens-là se sentent attaqués. Ils vont résister, c'est clair, et c'est pour ça que je veux du ministre un plan qui est clair et qu'on est capable de suivre pas à pas. Je ne pense pas qu'on puisse décemment, compte tenu des objectifs, compte tenu des déceptions du passé, je ne pense pas aujourd'hui que la meilleure stratégie du ministre, c'est de garder une espèce de voile autour de ce qu'il entend faire, puis autour de ses objectifs, autour de ses échéanciers, puis autour de l'ensemble du plan qu'il veut mettre en place. Parce que j'imagine qu'il y en a un, j'imagine qu'on n'est pas à la pièce, là. Et ça, ça va faire en sorte qu'il va se trouver, oui, des ennemis, mais il va se trouver des alliés naturels. Et, en agissant comme il le fait présentement, il n'a que des ennemis, parce que ses alliés naturels, qui pourraient être, notamment, la Coalition avenir Québec, on est craintifs parce que, comme je vous dis, dans le projet de loi, je ne retrouve pas d'objectif clair.

C'est quoi, son objectif, en termes de réduction de personnel? C'est un tableau qu'il refuse de rendre public. Et ça a été demandé par vous, les journalistes, ça a été demandé par nous, la Coalition avenir Québec, puis il refuse de le rendre public. Mais pourquoi? Tu sais, c'est quoi, l'intérêt stratégique de cacher une information comme celle-là? Moi, je ne la vois pas, honnêtement.

M. Bergeron (Patrice) : M. Caire, donc vous demandez des preuves, vous demandez, là, que le ministre dévoile le plus possible ses plans. C'est parce que vous avez des doutes. Mais ça fait donc… M. Barrette, ça fait donc six mois qu'il est en place, là. Quel bilan vous tireriez, là, de ces six mois là? Parce qu'il a brassé beaucoup, mais quel bilan… Parce que c'est peut-être le passé qui est garant de l'avenir aussi, là.

M. Caire : Oui, bien, vous savez, une carpe, ça brasse beaucoup aussi, mais ça fait lever bien de la poussière puis ça ne change pas grand-chose, là. Alors…

M. Bergeron (Patrice) : C'est pour ça que je vous pose la question.

M. Caire : Non, mais… Écoutez, moi… D'abord, il y a une chose qu'on ne peut pas faire, c'est dire : Gaétan Barrette est là depuis six mois. Parce que ça, c'est le scénario habituel. Ah! Philippe Couillard était là seulement depuis six mois en 2003, Yves Bolduc était là seulement depuis six mois en 2008. Tu sais, ils ont tous été là seulement depuis six mois, mais globalement, le Parti libéral, dans les, quoi, 11 dernières années, a été au pouvoir 10 ans. Et ça, je pense que, si on veut tracer un fil conducteur, il faut quand même considérer que c'est une gouvernance libérale.

M. Caron (Régys) : Vous êtes en train de nous dire, M. Caire, que, parce qu'ils ont échoué dans le passé, ils vont nécessairement échouer cette fois-là aussi. C'est ça que vous nous dites?

M. Caire : Pas nécessairement. Si le ministre est capable de faire les bons constats et de nous dire pourquoi le soufflé n'a pas levé, bien là, s'il veut recommencer la recette, moi, je… on va être des partenaires. Mais, s'il n'est pas capable de m'expliquer ça… Écoutez, moi, quand il me dit : Philippe Couillard, il a été bon, c'est juste qu'il a manqué d'outils; en partant, je me dis : Bien, voyons donc! De 2003 à 2007, Philippe Couillard était ministre de la Santé d'un gouvernement libéral majoritaire. Quel outil n'avait pas Philippe Couillard que Gaétan Barrette a aujourd'hui?

Et, de 2007 à fin 2008, l'opposition officielle adéquiste aurait été tout à fait d'accord qu'on abolisse les agences de santé, aurait été tout à fait d'accord qu'on amène le financement à l'activité dans les hôpitaux. C'étaient des éléments de notre programme, donc qu'on réduise la bureaucratie, donc il aurait trouvé un allié. Donc, jamais, dans son passage comme ministre de la Santé, Philippe Couillard n'a été empêché de faire quelque réforme que ce soit, sinon parce qu'il n'avait pas la volonté de le faire.

Et je vais même aller plus loin que ça. On parle aujourd'hui de financement à l'activité. Le ministre dit : C'est dans le programme. Parfait, mais il ne faut pas oublier que son gouvernement a voté contre une motion qui lui demandait de faire ça. Donc, non seulement… ce n'est pas qu'ils manquaient d'outils, mais ils ont même été, jusqu'à tout récemment, hostiles à ce genre de changement là.

Donc, est-ce que Gaétan Barrette amène une nouvelle philosophie au Parti libéral? Peut-être. Mais, s'il est incapable de nous dire ce qui n'a pas fonctionné, il se condamne à recommettre les mêmes erreurs.

Ça va pour tout le monde? Merci.

(Fin à 10 heures)

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