(Neuf heures trente-cinq minutes)
Mme
Maltais
:
Bonjour, tout le monde. Je suis ici avec le leader adjoint, député de Verchères,
pour vous parler de la motion inscrite par le leader du gouvernement, visant
spécifiquement M. Pierre Karl Péladeau.
Malheureusement, c'est un débat qui est né
dans la partisanerie et qui se poursuit dans la partisanerie. Alors que les
leaders du gouvernement plaidaient hier pour une motion rassembleuse, disaient
vouloir ramener le Parti québécois, il n'y a eu aucune, aucune communication
avec le leader du gouvernement. Il n'a jamais appelé ni moi, ni le leader
adjoint, ni qui que ce soit. J'étais disponible, j'ai eu des contacts jusqu'à
11 heures hier soir, attendant, de d'autres députés… attendant un appel du
gouvernement. Jusqu'à ce matin, rien, rien, rien, toujours rien.
Le but du gouvernement est clair et ne
vise que le député de Saint-Jérôme. D'ailleurs, tout ça est né d'une motion qui
présentait une modification à un projet de loi, modification qui aurait été
inconstitutionnelle. On continue, et le résultat de cet autre mandat est dans
la même lignée, dans la même démarche, il nous amènerait une modification à un
projet de loi qui serait toujours inconstitutionnel. Le but du gouvernement
n'est pas de chercher à garantir l'indépendance des médias envers leur
propriété et envers les élus. Le but du gouvernement est de tout mettre en
place pour empêcher Pierre Karl Péladeau de siéger.
Élu en toute connaissance de cause, le
député de Saint-Jérôme a mérité son siège à l'Assemblée nationale et respecte
en tous points les règles qui sont dans le code d'éthique, mais on veut
l'expulser de l'Assemblée nationale. On veut l'expulser de l'Assemblée
nationale. Une motion a été donc déposée pour confier un mandat à la Commission
des institutions pour évaluer si Pierre Karl Péladeau peut siéger à l'Assemblée
nationale.
La preuve? Première chose, les problèmes de
cette motion sont nombreux, et une des preuves qui montre que... un des
éléments qui prouvent que cette motion vise spécifiquement M. Péladeau, c'est
que toutes les commissions parlementaires qui ont été débattues dans le passé
en ce sujet — et j'ai moi-même participé à une en
2001 — toutes les commissions parlementaires étaient à la Commission
de la culture. Or, on s'en va à la Commission des institutions. Pourquoi? Parce
que ce qu'on veut, c'est expulser Pierre Karl Péladeau, changer le code
d'éthique et de déontologie pour le faire sortir. Toutes les fois où il y a eu
des débats à ce sujet, tous les gouvernements, surtout le gouvernement libéral,
ont demandé à des commissions d'experts de se pencher sur le sujet pour leur
émettre des recommandations. Dans ce cas-ci, on fait disparaître les experts,
on s'en va dans une commission parlementaire. Or, comment travaille une
commission parlementaire? Bien, elle travaille à partir de la majorité. Donc,
si on travaille en majorité, on s'en va vers nos institutions démocratiques et
on travaille en ce qui va devenir un tribunal politique et partisan, et nous
allons tomber dans une parodie de justice.
Six éléments qui font foi de ce que je
viens de vous dire, six problèmes identifiés dans cette commission.
D'abord, tenir une commission
parlementaire plutôt que former un comité d'experts. Nous aurions dû avoir des
experts qui se prononcent là-dessus. Ils viendront devant la mauvaise
commission ensuite au lieu d'être à la Commission de la culture, là où on
aurait vraiment pu débattre de l'étanchéité des salles de presse, du problème
des patrons face aux journalistes, toutes ces règles. On s'en va à la
Commission des institutions et on va donc être focussés sur le code d'éthique
et de déontologie.
Une commission parlementaire travaille à
majorité. Actuellement, quelle est la majorité à la commission parlementaire?
C'est le Parti libéral, évidemment, qui peut donc décider tout, puis, en plus,
elle est acoquinée avec la CAQ dans le même débat. Donc, si vous regardez la
commission parlementaire, elle peut convoquer les autres personnes et organismes
qu'elle jugera nécessaire de convoquer. Aujourd'hui, on a à peu près six noms
qui sont... qui pourraient être convoqués, mais, si la commission parlementaire
majoritaire libérale et caquiste décide d'ajouter 20 autres noms, nous n'avons
rien à dire. Nous ne pouvons… nous sommes pieds et poings liés.
Il est d'usage que, quand on fait une
commission parlementaire, il y ait contact entre les leaders et que nous
discutions ensemble du nombre d'intervenants. Par exemple, projet de loi
n° 10 qu'il y a à l'heure actuelle, le ministre Barrette n'arrête pas de
dire que ce n'est pas de sa faute s'il n'y avait pas plus d'intervenants, s'il
n'y avait pas plus de temps. Je m'excuse, c'est parce que le Parti libéral
voulait seulement 40 intervenants. On est rendus aujourd'hui à 79. Pourquoi?
Parce qu'il y a eu discussion entre les partis politiques et qu'on a réussi à
convaincre le gouvernement qu'il y avait des gens qu'il fallait entendre. C'est
comme ça que ça se passe dans notre institution qu'est l'Assemblée nationale.
Qu'est-ce qu'on a aujourd'hui? Que fait
Jean-Marc Fournier, l'auteur des basses oeuvres du gouvernement Couillard? Il
remet en les mains de la commission parlementaire, où il est majoritaire,
appuyé par la CAQ, combien de gens vont intervenir. Ça ne se fait pas quand on
est sérieux et qu'on parle de non-partisanerie. Je vous le dis : née dans
la partisanerie, se continue dans la partisanerie.
Dans le rapport, on laisse l'organisation
du mandat aux membres de la commission parlementaire : combien de temps
les gens vont venir, combien de temps, comment ça va se discuter, quand est-ce
qu'elle va se terminer. On dit qu'elle pourrait finir le 28 novembre, mais,
s'ils veulent continuer jusqu'au mois d'avril, mai, nous, on n'a rien à dire.
On ne peut rien, on est pieds et poings liés. Il n'y a pas de discussion, il
n'y a pas de négociation, que de la partisanerie.
Et, dans le rapport… On veut un rapport
qui va ouvrir sur la possibilité d'ouvrir sur les meilleurs moyens législatifs
à prendre, mais ils ont la majorité pour produire le rapport qu'ils veulent,
qui mènera sur un projet de loi ou… Jusqu'ici, à ce que je sache, normalement,
quand on parle du code d'éthique et de déontologie, on a toujours réussi à
s'entendre et on a resserré, dans le passé, les règles du code d'éthique. Puis
on y croit en ce code d'éthique puis on a toujours réussi… Donc, une parodie de
justice, un tribunal politique et partisan. Ils se sont créé une commission
clés en main pour arriver à leurs fins.
Ceci dit, le caucus du Parti québécois se
réunit en début d'après-midi. Tout ce cirque partisan, nous l'avions anticipé,
on en a parlé hier soir au caucus du Parti québécois. Et je vais vous dire, là,
ce que j'ai expliqué aux députés du Parti québécois, c'est que la manoeuvre la
plus grossière qu'ils pourraient utiliser, c'est exactement celle qui est
déposée ce matin. C'est la manoeuvre la plus grossière que pouvait utiliser le
Parti libéral pour régler un problème autour duquel on est prêts à s'asseoir,
mais pas de cette manière-là.
Alors, après notre caucus, nous aurons
l'occasion d'échanger à nouveau avec vous. Via votre entremise, puisque c'est
ainsi que le Parti libéral a décidé de travailler, au lieu de travailler, comme
d'habitude, en étant en échange, l'appel qu'on aurait dû avoir, bien, on va
passer par vous. Et cet après-midi, après notre caucus, on va entrer en
communication et on va essayer de sortir l'Assemblée nationale de ce geste
hautement partisan et qui est dommageable pour nos institutions. Voilà. Nerci.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Pourquoi, selon vous, le Parti libéral veut expulser M. Péladeau?
Mme
Maltais
:
C'est à eux à répondre à cette question-là, mais je pense que les citoyens de Saint-Jérôme
ont peut-être leur mot à dire. Ils l'ont élu en toute connaissance de cause, et
il s'est conformé aux règles d'éthique en vigueur, et il a dit qu'il pourrait
même resserrer les règles. Il était prêt à ça, puis on était prêts à regarder
ça.
M. Pépin (Michel)
:
Est-ce qu'il est possible que vous ne participiez pas à cette commission
parlementaire?
Mme
Maltais
: Ce
que je souhaite, c'est qu'on y participe, mais qu'on y participe à partir de
bases qui auront fait l'objet d'échanges et sur lesquelles on s'entendra, qui
seront non pas des bases partisanes, mais des bases qui permettront d'élever le
débat, comme le demandait, d'ailleurs, le premier ministre.
M. Pépin (Michel)
:
Comment, si ça reste comme ça, là, est-ce que, vous, là, vous allez
recommander...
Mme
Maltais
: Je
ne pense pas que ça peut rester comme ça. Je ne peux pas croire que le
gouvernement va continuer dans une ligne aussi partisane, politique sur un débat
aussi sérieux.
M. Laforest (Alain)
:
Mais on comprend que vous n'allez pas y aller, Mme Maltais. On comprend que
vous n'allez pas y aller dans ces conditions-là.
Mme
Maltais
: Je
ne peux pas répondre à ça pour le moment, mais je ne peux pas croire qu'ils
vont continuer comme ça. C'est impossible. Ils ne peuvent pas travailler comme
ça.
M. Laforest (Alain)
:
M. Péladeau nous a dit ce matin qu'il était prêt à y aller, lui.
Mme
Maltais
:
M. Péladeau est prêt à discuter avec nous, hier, mais je vous dis que
M. Péladeau sait depuis longtemps que nous sommes prêts à travailler sur
un type de commission parlementaire. Sauf que l'appel du gouvernement libéral
n'est jamais venu.
Journaliste
: Mais
qu'est-il prêt à faire, M. Péladeau?
Mme
Maltais
:
Permettez-nous de vous revenir cet après-midi.
M. Robillard (Alexandre)
:
Pourquoi vous avez dit qu'il faudrait resserrer les règles? Vous dites :
On est ouverts à resserrer les règles...
Mme
Maltais
:
C'est ce que M. Péladeau lui-même a discuté. Il dit : Moi, je suis
prête à débattre d'une façon non partisane et de répondre à ce qu'on aura,
alors...
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais le Parti québécois... vous, vous représentez le Parti québécois aujourd'hui.
C'est quoi, la position du Parti québécois sur le type de situation comme celle
de M. Péladeau? Est-ce qu'il faut resserrer les règles ou non?
Mme
Maltais
:
Nous avons besoin d'une commission parlementaire et peut-être d'une commission
d'experts pour discuter de ça. C'est exactement ce qu'on s'attendait comme proposition,
mais là, ce qu'on a, c'est un débat partisan né dans la partisanerie et qui se
continue dans la partisanerie.
La base du débat, à l'heure actuelle,
n'est pas ça. La base du débat, c'est : est-ce qu'on expulse Pierre Karl
Péladeau ou pas? C'est ça, la base du débat qu'ils nous proposent. Ça fait que
les questions que vous me posez ne sont pas là-dessus. Les questions que vous
me posez sont... Le débat qui est enclenché est un débat partisan. On n'est pas
là-dedans. C'est ça, le problème.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais vous reconnaissez la nécessité de resserrer les règles au Parti québécois?
Mme
Maltais
:
Nous reconnaissons que nous avons besoin d'une discussion là-dessus, comme le
reconnaît le Parti libéral. Lui-même, le Parti libéral, et la CAQ n'arrivent
pas, supposément, à la conclusion... sauf dans la motion initiale, motion
initiale qui disait que le député de Saint-Jérôme ne pourrait pas siéger.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais pourquoi M. Péladeau a-t-il dit aujourd'hui qu'il va accepter de
participer à cette commission-là, alors qu'il s'était retiré lors du vote puis
du débat sur la motion? N'est-ce pas contradictoire en vertu de
l'article 25?
Mme
Maltais
: Écoutez,
M. Péladeau essayait, je pense, de montrer une ouverture, mais je pense
que les règles du jeu qui nous ont été proposées ce matin sont absolument
incompatibles avec l'idée qu'on a du débat.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais, comme leader, vous, est-ce que vous l'autorisez à participer au débat?
Mme
Maltais
:
D'autres questions que monsieur...
M. Robillard (Alexandre)
:
Bien, non, mais, Mme Maltais, c'est…
Mme Dufresne (Julie)
:
Bien là, vous voulez que ça prenne la forme d'une commission parlementaire, mais
pas avec un libellé comme celui-là.
Mme
Maltais
:
Nous allons vous revenir après le caucus cet après-midi, mais je vous rappelle
qu'il y avait deux mandats, deux types d'événement. Commission d'experts, ce
qu'avait toujours privilégié le Parti libéral, il y a en a eu un, Armande
Saint-Jean il y a le rapport d'Armande Saint-Jean, il y a le rapport de
Dominique Payette. D'habitude, il y a des comités d'experts qui, ensuite, nous
amènent vers une discussion, un avant-projet de loi ou un projet de loi. Là, on
travaille dans le cadre d'une commission parlementaire qui est ciblée, ce qui
n'a aucun sens. C'est une parodie de justice, c'est un tribunal politique,
c'est un tribunal partisan qu'on est en train de préparer.
M. Bélair-Cirino (Marco) : …une
personne comme Dominique Payette qui est une ancienne candidate du Parti
québécois; Henri Brun, constitutionnaliste qui est aussi vu comme un expert du
droit; le président de la Fédération professionnelle des journalistes du
Québec, de l'Association des journalistes indépendants du Québec, ça ne semble
pas être des intervenants qui sont appropriés pour discuter d'enjeux comme
celui de l'indépendance journalistique?
Mme
Maltais
:
Mais, excusez-moi, c'est parce que ce n'est pas un mandat sur l'indépendance
journalistique. Je suis d'accord avec vous que ces gens-là pourraient tous
débattre d'indépendance journalistique. Ce n'est pas un mandat d'indépendance
journalistique et ce n'est pas une commission qui normalement se penche sur
l'indépendance journalistique. C'est un mandat sur un député pour… dans une
commission qui jase d'un code d'éthique. On n'est pas du tout dans la vision
qu'on nous propose depuis une semaine.
En fait, je vous le dis, là, Philippe
Couillard essaie de… fait semblant d'avoir un discours de hauteur pendant que
notre ami Jean-Marc Fournier fait les basses oeuvres puis fait le contraire de
ce que dit son premier ministre. Donc, il faudrait qu'ils s'ajustent, eux
autres, là, là.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Mme Maltais, que ce soit la Commission de la Culture ou des Institutions, les
libéraux et les caquistes seront toujours une majorité.
Mme
Maltais
:
Oui. C'est pour ça que j'ai nommé six éléments qui font problème. Il y a six
éléments qui font problème dans la motion.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Non, mais vous semblez préférer la Commission de la culture, vous.
Mme
Maltais
:
Bien, ça aurait dû être à la Commission de la culture, très clairement ou une
commission d'experts. Mais, je vous le dis — c'est pour ça que je
parle de six éléments — dans toutes les commissions parlementaires,
quand on est sérieux… puis même à partir d'un projet de loi déposé par le
gouvernement, il y a échange pour essayer d'entendre les gens à partir d'une
liste qui corresponde à ce que tout le monde… C'est vraiment une négociation.
Pas un appel de Jean-Marc Fournier, ni sur le contenu du mandat, ni sur la
commission, ni sur qui devrait y venir défiler. Rien, rien, rien. Quand un
exercice politique est partisan…
M. Lavoie (Gilbert)
:
S'il y avait… s'ils acceptaient la proposition que vous semblez faire, d'un
comité d'experts, là, nécessairement, ça reporterait tout ce débat-là au dépôt
du rapport du comité d'experts qui pourrait se faire en février, mars, avril,
en pleine course à la direction du Parti québécois. Vous ne craignez pas ça non
plus?
Mme
Maltais
:
J'ai un caucus cet…
M. Lavoie (Gilbert)
:
Un comité d'experts, ça ne durera pas un an, là.
Mme
Maltais
:
Sur l'avenir, là, j'ai un caucus cet après-midi. Je vous annonce une communication
plus tard, où on va s'entendre avec le caucus. Je vous le dis, là, le problème
qu'on a, c'est que c'est la manoeuvre la plus grossière qu'on pensait. Je l'ai
dit hier : La manoeuvre la plus grossière, voilà… la voici.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce qu'on peut la contester? Est-ce qu'il y a des recours?
Mme
Maltais
:
S'ils adoptent la motion à l'Assemblée nationale, il va y avoir demain un débat
d'une heure, puis c'est fini, fermé, bâclé. On est pieds et poings liés, voilà,
c'est terminé. Voici ce qu'a choisi Jean-Marc Fournier, le Parti libéral et la
CAQ. Ils nous livrent après une heure de débat… Une heure de débat, là, ce n'est
pas un long débat parlementaire, là. Une heure de débat, c'est parti, puis ils
contrôlent tout. Ce n'est pas comme ça qu'on travaille dans une assemblée
nationale.
Ils prennent une manoeuvre exceptionnelle,
là. Ce n'est pas une manoeuvre ordinaire, là, c'est exceptionnel, ce qu'ils
font. C'est de la partisanerie comme rarement on en voit et c'est dommage parce
que c'est nos institutions qui vont en faire les frais.
M. Boivin (Simon)
: Mais
quand le gouvernement libéral était minoritaire, Mme Maltais, il y a eu, à deux
reprises, l'opposition, dont le PQ faisait partie, des commissions
parlementaires où on a fait parader le président de la Caisse de dépôt, un
délégué à New York. Est-ce que, ça, c'étaient des parodies de justice aussi?
Mme
Maltais
: Il
y avait entente. Il y avait entente sur… attendez un peu, je vais aller
chercher, là, l'affaire sur le délégué à New York…
M. Boivin (Simon)
: M.
Corbeil, il me semble.
Mme
Maltais
: M.
Corbeil, et vous remarquerez qu'il s'en est bien tiré. Ça a été un beau travail,
sauf que ce n'était pas… dans ce cas-ci, il y a un projet de loi au bout du
compte, et ça part d'une motion… Regardez l'exercice. C'est parce que vous…
L'exercice, c'est une motion, dès le départ, une motion qui est
anticonstitutionnelle, à notre avis… enfin, le projet de loi qui en découlerait
serait anticonstitutionnel, qui vise un député. Tout le monde le sait, c'est
pour essayer de le sortir de l'Assemblée nationale, puis qui chemine vers le
même but, tout le temps. Il y a un sérieux problème là-dedans. Il y a un
sérieux problème.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais pourquoi vous êtes si inquiète si le projet de loi, vous l'estimez d'ores
et déjà inconstitutionnel?
Mme
Maltais
:
Bien, parce qu'il ne vise qu'un député.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bien, c'est ça. Pourquoi autant d'inquiétude de votre part…
Mme
Maltais
: Il
ne vise qu'un député. Mais pourquoi autant d'inquiétude?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
…si le projet de loi, c'est un projet de loi qui ne passerait pas le test des
tribunaux?
Mme
Maltais
:
Oui, bien, c'est parce qu'il va falloir aller devant les tribunaux. L'Assemblée
nationale va aller se défendre…
M.
Bergeron
: C'est…
Mme
Maltais
:
Vas-y donc.
M.
Bergeron
: C'est
que ce n'est pas simplement un débat juridique. C'est sûr que nous sommes
confiants que la démarche est inconstitutionnelle, mais c'est le côté grossier,
au niveau politique, de la manoeuvre qui est éminemment contestable.
Imaginez, là, à ma connaissance, le
dernier député élu au Canada à avoir été expulsé d'une assemblée démocratique,
c'est Louis Riel, à la Chambre des communes du Canada. Et là c'est comme si on
n'avait rien appris de notre expérience démocratique que de vouloir retomber
dans des gestes semblables, alors que les gens, dans le comté de Saint-Jérôme,
ont élu en toute connaissance de cause, démocratiquement, le député de Saint-Jérôme.
Là, on voudrait s'arroger le droit de pouvoir déterminer des règles qui vont
nous permettre de l'expulser. C'est totalement inacceptable d'un simple point
de vue démocratique et politique et c'est, je pense, ce qui explique la vigueur
de notre réaction aujourd'hui. On ne veut pas attendre au terme du processus
pour voir que les tribunaux auront, oui ou non, confirmé notre évaluation selon
laquelle toute cette démarche serait anticonstitutionnelle. Le fait est qu'à sa
face même la démarche est grossière et totalement inappropriée.
M. Laforest (Alain)
:
Louis Riel, c'était pour traîtrise cependant.
M.
Bergeron
:
Peu importent les motifs.
Mme Montgomery (Angelica)
:
Il y avait un homme en Colombie-Britannique, par exemple.
M.
Bergeron
:
Puis, peu importent les motifs, il y a…
Journaliste
: Il y a Yves
Michaud.
M.
Bergeron
:
Moi, je me permets de vous signaler, pour avoir siégé à la Chambre des
communes, nous avons débattu et continuons de débattre sur la révocation de cette
condamnation pour traîtrise. C'est donc dire qu'il y a peut-être un jugement
rapide qui a été posé à ce moment-là et qui a fait en sorte qu'on a expulsé un
député démocratiquement élu par la population, et plusieurs décennies plus
tard, on s'interroge sur l'opportunité du geste qui a été posé à ce moment-là.
Je pense qu'il faut faire confiance au
jugement des citoyennes et des citoyens qui l'ont élu et l'ont envoyé ici en
toute connaissance de cause. Je pense que l'exemple historique doit nous
éclairer sur l'à-propos du geste qui est en train d'être posé par le
gouvernement. Et je pense que ma collègue a parfaitement raison de s'indigner
du fait que le gouvernement a manifesté des ouvertures disant qu'il voulait la
motion la plus rassembleuse qui soit sans jamais même consulter l'opposition
officielle. Moi, ça me rappelle, je me permets de vous le signaler, là, ça me
rappelle la patente à gosses. Ça me rappelle la patente à gosses où Robert
Dutil clamait haut et fort qu'il attendait des suggestions de l'opposition
alors qu'il concoctait en catimini cette patente à gosses sans jamais nous
demander quoi que ce soit. Bien, on voit encore une fois les vieilles habitudes
libérales qui ressortent. Indépendamment des belles paroles de Philippe
Couillard qui voulait se distancier de son prédécesseur, bien, c'est encore les
mêmes pratiques qui ont cours au Parti libéral.
Mme Plante (Caroline)
:
Mr. Bergeron, Mrs. Maltais said that the PQ is ready to sit down to solve the
problem with PKP. What you recognize that there is a problem? What is the
problem?
M.
Bergeron
:
We don't recognize that there is a problem, we recognize that the other parties
have another opinion. So we're in a democratic body, we're ready to discuss
this question with them, but not with this diktat over our heads. So we want to
have a discussion on the basis of this commission and then we might have a
discussion with the other parties about this so-called problem.
Mme Montgomery
(Angelica)
: …this hearing that make do you feel that it will
be partisan? What is it about this hearing that makes you feel that it will be
partisan?
M.
Bergeron
:
Because we haven't been consulted on the mandate of… on the writing of this
motion. Jean-Marc Fournier told everybody that he wants a motion that will be a
get together motion, which is not the case right now.
And the other thing is that we put… le sort.
Une voix
: The faith.
M.
Bergeron
: …the faith of the Member for Saint-Jérôme in the hands of the majority, which is the Liberal
Party and the CAQ. Is it a democratic process? I don't
think so.
Mme Plante (Caroline)
: You're saying that it's unacceptable; yet Mr. Péladeau himself this
morning said he would be willing to take part.
M.
Bergeron
: We are willing to take part. There is no contradiction, but we are
not willing to take part in anything that would be presented by the Government. We have to be part of the
process that would decide in what we would take part.
Mme Plante (Caroline)
: So I'm confused. If this remains unchanged, will you take part or
you won't take part?
M.
Bergeron
: We will have a caucus this afternoon and we will come back to you
to answer all those questions.
Mme Plante (Caroline)
: Why do you make comparisons with Louis Riel? Are you comparing PKP
with Louis Riel?
M.
Bergeron
: It's not a comparison. I am only saying that one of the last times
that an elected member was expulsed from a democratic body, it was Louis Riel.
Mme Plante (Caroline)
: Why do you think the Liberals want to oust Mr. Péladeau?
M.
Bergeron
: You should ask them the question.
Mme Plante (Caroline)
: You don't have any opinion on that?
M.
Bergeron
: I think you should ask them that question.
Mme
Maltais
:
Une dernière chose. Tout à l'heure, c'est parce que vous m'avez pris par
surprise, il y avait M. Lavoie qui était là, qui disait : Oui, il y a eu
des commissions parlementaires, mais…
M. Lavoie (Gilbert)
:
Ah non! Je parlais de la motion sur Yves Michaud.
Mme
Maltais
:
…sur Yves Michaud.
M. Lavoie (Gilbert)
: Je
comprends que ce n'est pas la même chose, là…
Mme
Maltais
:
Non, non, ce n'est pas la même chose.
M. Lavoie (Gilbert)
:
…mais lui, il vous dirait que ça se ressemble un peu.
Mme
Maltais
: La
dernière fois qu'il y a eu un cirque comme ça, là, qu'on a amené un élu à l'Assemblée
nationale, c'était Daniel Breton. Et regardez, là, ce qu'ils ont fait, là. Moi,
je m'en souviens très bien, je vois le même genre de travail. Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 56)