(Seize heures)
Mme
Maltais
:
Merci, merci. Bonjour. Je voudrais commenter le fait que le gouvernement vient
de nous annoncer que le Conseil de presse a refusé de
diriger un peu, là… enfin, de prendre sous sa responsabilité le comité
d'experts qui aurait pu juger de la motion qu'on avait déposée la semaine
dernière.
D'abord, la
première question qui se pose, c'est : Pourquoi le Conseil de presse
a-t-il refusé? Quel est le mandat que le gouvernement lui avait demandé
d'examiner? Parce que, si vous regardez le communiqué
du 9 octobre présenté par le Conseil de presse, vous y verrez ceci, le titre, c'est : Le débat doit
porter sur l'indépendance de tous les journalistes, et je vais citer un
bout de ce communiqué : «Il existe peut-être de nouveaux mécanismes
permettant d'établir ou de rétablir le proverbial "mur
de Chine" qui doit protéger les salles de
nouvelles de toute ingérence externe ou interne. C'est ce sur quoi le conseil se penchera.Le reste est affaire d'éthique politique et ne le
concerne pas.» Le Conseil de presse avait bien cadré le débat, et notre motion
respectait tout à fait ce qu'avait demandé le Conseil de presse. Le Conseil de
presse, c'est un tribunal d'honneur, ce n'est
pas un tribunal politique.Il tenait de le rappeler. Bon.
Suite au dépôt de notre motion qu'on avait
faite la semaine dernière, le gouvernement avait annoncé qu'il y aurait des
développements cette semaine. Ce matin, j'ai reçu,
effectivement, un coup de fil du leader du gouvernement.
Le leader avait très peu de temps pour me parler, il n'avait pas le temps de
discuter, il ne m'a pas fait d'offre de rencontre pour discuter de libellé de
motion ou de mandat donné au Conseil de presse, il n'a pas offert de libellé de
mandat, de discussion sur un potentiel de mandat, en aucun cas. Tout ce que m'a
annoncé Jean-Marc Fournier ce matin, je vais vous le dire en une phrase, et
c'est la phrase qu'il m'a dite : «Nous
avons demandé au Conseil de presse de travailler — je
le cite — sur le dossier de Québecor et Péladeau», sur le dossier de
Québecor et Péladeau. Donc, c'est normal qu'un tribunal d'honneur n'ait
pas voulu devenir… se faire instrumentaliser, devenir
un tribunal politique.
Les seuls partis,
jusqu'ici, qui n'ont jamais bougé, qui sont toujours
au même point et qui se refusent toujours à ce qu'on offre, c'est-à-dire, une véritable réflexion sur l'indépendance
journalistique, c'est le Parti libéral et la CAQ. Ils ont voulu transformer
l'Assemblée nationale en tribunal politique et
partisan, nous le refusons, nous le refusons toujours. Alors, ce qu'ils
ont essayé de faire, ce que je comprends, c'est qu'ils ont essayé de
sous-traiter au Conseil de presse cette transformation d'un sujet, d'un débat
important en tribunal politique et partisan. La manoeuvre est grossière, personne n'est dupe.
Alors, voilà ce qui s'est passé ce matin.
Nous le regrettons et nous disons que nous sommes toujours prêts à travailler
sur un libellé de mandat intéressant.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Partant de là, qu'est-ce que vous proposez au leader du gouvernement, M. Fournier?
Mme
Maltais
: Est-ce
qu'on peut faire les choses correctement?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais de façon plus précise?
Mme
Maltais
: Est-ce
qu'on peut faire les choses correctement, dans
les formes? On continue à travailler sur coups de gueule, motions imposées,
coups de force, coups de téléphone, libellés qu'ils déposent tout seuls au Conseil de presse. Ce qui se passe dans les règles, qui nous permette
de naviguer ensemble, qui nous permette de travailler
de façon raisonnable, c'est qu'on s'assoie ensemble
puis qu'on discute, ça a toujours été ça
avant d'établir des commissions parlementaires. Dans ce cas-ci, le gouvernement
refuse de travailler avec nous, c'est inacceptable. Il faut qu'on fasse les
choses dans l'ordre et correctement. Nous nous offrons encore à le faire.
M. Lacroix (Louis)
: Avez-vous
parlé, vous-même, au
Conseil de presse, Mme Maltais, à la suite de la décision?
Mme
Maltais
:
Non, non, non.
M. Lacroix (Louis)
:
Donc, vous présumez de la mauvaise foi de M. Fournier.
C'est ce que je comprends?
Mme
Maltais
: Je
suis obligée parce que je vous dis que, ce matin, je le cite au texte, ils ont
demandé de travailler dans le dossier Québecor
et Péladeau. Or, directement, le Conseil de presse
avait dit : L'éthique politique, ce n'est pas nous, il faut
travailler sur l'indépendance des choses. Et
notre motion était là-dessus. Alors, voilà.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, vous estimez que, si M. Fournier avait
demandé au Conseil de presse de se pencher sur la question de l'indépendance
des journalistes, le Conseil de presse aurait accepté?
Mme
Maltais
:
Non, je n'ai pas… Non, non, non. Moi, je ne me mettrai
pas à décider qu'est-ce que…
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
aurait dû accepter?
Mme
Maltais
: …le Conseil de presse doit faire ou ne pas faire. Je
vous dis que, quand on veut faire les choses correctement, eh bien, on appelle
l'opposition officielle et on discute avec eux parce qu'on veut faire avancer
le dossier. Mais, jusqu'ici, les seuls qui ne travaillent pas dans les cadres
normaux, qui travaillent en dehors des règles, qui essaient d'imposer des
motions puis qui, ensuite de ça, font des appels
d'urgence, travaillent sans réunion, c'est le gouvernement. Quand est-ce
qu'ils vont entendre raison et faire les choses correctement? C'est la seule
chose que j'ai à leur demander.
M. Boivin (Simon)
: Donc là, M. Fournier attend un coup de fil de votre part. Est-ce que vous
allez l'appeler pour lui suggérer une rencontre?
Mme
Maltais
:
Est-ce qu'il a dit ça?
M. Boivin (Simon)
:
Oui. La balle est dans votre camp.
Des voix
: La balle est
dans votre camp.
M. Boivin (Simon)
:
Donc, vous allez l'appeler pour lui suggérer…
Mme
Maltais
: Les seuls qui n'ont pas bougé jusqu'ici, c'est le
gouvernement. Les seuls qui sont toujours crampés dans la même position, c'est
le gouvernement. Alors, je vais voir ce qu'on va faire, mais je constate
vraiment qu'ils ne veulent pas faire les choses correctement. Nous, on veut
faire les choses correctement. Je vous dis ceci : On va réfléchir, mais
l'usage, c'est que c'est le gouvernement qui devrait nous téléphoner. Ça a
l'air qu'ils ne veulent pas du tout travailler dans
les normes. Maintenant…
M. Boivin (Simon)
: Et
donc, vous, une rencontre des quatre leaders… des
leaders et Mme David, disons?
Mme
Maltais
:
Bien, c'est ça qu'on fait d'habitude. Voyons donc!
M. Boivin (Simon)
: Ça
pourrait être une façon d'essayer de dénouer l'impasse?
Mme
Maltais
: Bien, c'est… Ça aurait dû être ça dès le départ. Ça
aurait dû être ça dès le départ.
Journaliste
: Est-ce
que ça ne vous rassure pas de savoir qu'un tribunal d'honneur des médias n'ait
pas voulu statuer sur le cas d'un député de l'Assemblée nationale?
Mme
Maltais
:
Bien, tout à fait, parce que c'est ça,
exactement, c'était de la sous-traitance d'un débat partisan, politique. Il
faut absolument qu'on discute de façon raisonnable,
et de façon, surtout,
réfléchie, et de façon
d'élever de la hauteur. M. Couillard demande de la hauteur, pendant ce temps M. Fournier
travaille d'une façon qui est inacceptable.
Journaliste
: Et
justement, dans le concret, comment tenir ce débat?
Mme
Maltais
:
Posez la question au gouvernement.Pour le moment, et on n'arrive pas à le faire parce
qu'ils ne veulent pas nous répondre.
(Fin à 16 h 6)