(Quatorze heures quarante-huit minutes)
M. Coiteux : Alors, bonjour,
messieurs mesdames. Je souhaitais aujourd'hui réagir au dépôt des demandes de
la table centrale dans le cadre du renouvellement des conventions collectives.
Écoutez, c'est une demande qui m'apparaît venir d'une autre époque, une époque
où on vivait au-dessus de nos moyens. Malgré tout, évidemment, le gouvernement
va prendre connaissance, et en toute bonne foi, de ces demandes, et les suites
à y adresser se feront aux tables de négociation.
Sans vouloir entrer dans une guerre de
chiffres, je vous rappelle quand même que 1 % d'augmentation représente
388 millions de dollars par année pour l'État, et, cette fois-ci, je ferai
les calculs, ça représente plus de 5 milliards de dollars par année.
Comme je vous l'ai dit d'ailleurs un peu
plus tôt cette semaine, nous allons plus tard, cet automne, présenter les
offres gouvernementales, qui, je le rappelle, vont prendre en compte évidemment
les demandes syndicales, mais d'abord surtout les intérêts des Québécois, eu
égard à leur capacité réelle de payer.
Je tiens à souligner que l'objectif du
gouvernement de rétablir l'équilibre budgétaire en 2015‑2016 et de le maintenir
par la suite sans augmenter le fardeau fiscal des Québécois est ferme. Nous
n'allons plus pelleter dans la cour de nos enfants nos responsabilités, et c'est
dans ce contexte que nous allons analyser, au cours des prochaines semaines,
les demandes qui ont été reçues cette semaine. Nos offres suivront d'ici Noël.
Journaliste
: Vous leur
dites clairement non aujourd'hui.
M. Coiteux : Écoutez, ce que
je dis, essentiellement, c'est que ce sont des demandes qui, à leur face même,
apparaissent venir d'une époque où, effectivement, on s'endettait pour payer
les dépenses d'épicerie, chose que nous ne ferons plus, chose... D'ailleurs,
les Québécois nous ont élus pour qu'on mette de l'ordre dans les finances
publiques, et on ne posera aucun geste qui pourrait remettre en question le
retour à l'équilibre budgétaire et son maintien par la suite.
M. Ouellet (Martin)
:
Mais c'est une fin de non-recevoir carrément qu'on entend aujourd'hui, là.
M. Coiteux : On va analyser
les demandes, mais j'ai eu l'occasion de discuter, au cours du mois de
septembre, avec l'ensemble des parties, hein, l'ensemble des parties
syndicales, de la situation financière du gouvernement, d'une situation qui est
sérieuse et de l'intention ferme du gouvernement de ne pas endetter les
Québécois davantage pour payer les dépenses courantes.
Alors, on doit s'asseoir, négocier de
toute bonne foi, mais dans ce contexte-là, qui est le contexte réel dans lequel
on vit, qui n'est pas le contexte d'une autre époque où on a fait les choses
différemment. Pelleter en avant nos responsabilités, c'est terminé.
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce que c'est un gel?
M. Coiteux : Écoutez, nos
offres ne sont pas déposées.
M. Laforest (Alain)
:
Non, non, mais vous l'avez déjà évoqué. M. Leitão l'a déjà évoqué, là, que...
M. Coiteux : Nos offres ne
sont pas déposées, elles vont être déposées d'ici Noël. Elles doivent être compatibles,
nos offres, avec le retour et le maintien de l'équilibre budgétaire.
M. Caron (Régys)
: M.
Coiteux, vous dites : plus de 5 milliards, une demande de 13,5 %
pour trois ans. Incluez-vous là-dedans, comme le disent les syndicats, les
salaires des juges, des policiers, des médecins?
M. Coiteux : Écoutez, chacun
peut calculer son propre 1 % et croire que son 1 % n'est que pour
lui. Dans les faits, lorsqu'on commence les négociations, ce 1 % finit par
s'appliquer à tous, en général. Alors, lorsqu'on regarde les conséquences de
1 %, pour l'ensemble des employés du secteur public, on en arrive aux
chiffres que j'ai mentionnés.
M. Caron (Régys)
: Donc,
ça comprend les juges, les policiers, les médecins.
M. Coiteux : Bien, c'est parce
qu'il y a des vases communicants.
M. Caron (Régys)
: Est-ce
que les syndicats sont déconnectés? Vous dites : Leurs demandes relèvent
d'une autre époque. Est-ce que…
M. Coiteux : Voyez-vous, il y
a deux choses. À une autre époque, on se permettait de faire des déficits même
pour financer des dépenses courantes. On ne fera plus ça. À une autre époque,
les recettes fiscales augmentaient beaucoup plus rapidement que ça, qu'aujourd'hui
aussi. On s'entend, là, les revenus du gouvernement, la capacité financière des
Québécois, elle ne va pas augmenter de 14,1 % dans les trois prochaines
années. Et on n'a pas l'équilibre budgétaire actuellement. On va retourner à
l'équilibre budgétaire en 2015‑2016, on va le maintenir. Donc, il va falloir
qu'on négocie de bonne foi des deux côtés à l'intérieur de ces paramètres-là.
M. Chouinard (Tommy)
:
Pour arriver à l'équilibre budgétaire l'an prochain, vous avez tablé sur quelle
croissance de la rémunération?
M. Coiteux : Les offres que
nous allons déposer vont être déposées d'ici Noël, et, en attendant, bien
entendu, on ne va pas négocier sur la place publique. Vous savez, on va déposer
ces offres-là aux tables de négociation en temps opportun.
M. Chouinard (Tommy)
:
Pour que ce soit crédible, vous avez dû fixer, dire : Bon, bien, on va
augmenter… la rémunération, on croit qu'elle va augmenter d'un certain
pourcentage. Ce pourcentage-là…
M. Coiteux : Vous connaissez
que… vous savez d'abord la situation actuelle, c'est qu'on est en train de
faire un exercice important de modernisation du gouvernement, de
repositionnement de l'État au Québec. On ne le fait pas pour des raisons
dogmatiques, on le fait parce que, visiblement, on est en train d'endetter les
Québécois. On a endetté les Québécois au cours des dernières années et on n'a
plus l'intention de poursuivre dans cette voie.
Donc, on va passer par une période, une
période pendant laquelle nos dépenses vont augmenter beaucoup moins rapidement
que dans les dernières années. Il va falloir, dans ce contexte, que les
dépenses de rémunération accompagnent aussi ce geste-là.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Limiter la croissance des dépenses à 0,7 % l'an prochain, c'est donc
limiter la hausse des salaires à 0,7 % aussi l'an prochain?
M. Coiteux : Nos offres ne
sont pas déposées. Vous savez qu'il y a des besoins qui croissent dans
différents domaines au sein du gouvernement. Il y a des besoins en santé, il y
a des besoins en éducation, il y a des besoins partout. Il y a des choix
difficiles à faire. On a parlé d'un effort national de redressement, un effort
national de redressement qui appelle la collaboration de tous, et, bien
entendu, ça doit inclure nos employés.
M. Chouinard (Tommy)
:
Juste une précision, M. Coiteux. Il va y avoir, le 31 mars, une augmentation de
1 %. Est-ce que, cette augmentation-là, il faut en tenir compte dans le
cadre des négociations pour les prochaines conventions collectives? Est-ce que,
pour vous, vous allez vouloir montrer que, dans le fond, en 2015, là, il va y
avoir une augmentation de 1 % garantie?
M. Coiteux : Bien, on va
respecter les conventions collectives. On va respecter les conventions
collectives. Maintenant, il s'agit maintenant de parler de la prochaine
convention collective. Alors, on va négocier dans des paramètres réels de la
capacité de payer des Québécois, avec l'objectif ferme de retourner à
l'équilibre budgétaire, de ne pas remettre à plus tard le retour à l'équilibre
budgétaire et de ne pas augmenter le fardeau fiscal des Québécois.
La Modératrice
: Une
dernière question.
M. Chouinard (Tommy)
:
Le 1 % d'augmentation pour 2015, alors que vous prévoyez 0,7 % d'augmentation
des dépenses de programmes et que la rémunération, c'est 60 % de dépenses
de programmes, il n'y a comme pas de marge, là, pour augmenter davantage.
M. Coiteux : Écoutez, on a
discuté avec nos vis-à-vis syndicaux, au cours du mois de septembre, du cadre
financier du gouvernement, de la situation réellement difficile qu'on vit
aujourd'hui, des efforts qu'on demande à chacun. On a fait preuve de beaucoup
de franchise, de transparence. On va négocier à l'intérieur de ce cadre-là.
M. Laforest (Alain)
:
Si Tommy me le permet, vous me le permettez, M. Boyer, a dit quelque chose, et
je voudrais le citer au texte. Il dit : «L'opération de destruction
massive des services de l'État, il peut se le mettre où je le pense.»
M. Coiteux : Écoutez, j'espère
que le ton va devenir aussi constructif que celui qu'on a eu lorsqu'on s'est
rencontré, au mois de septembre, pour discuter avec les syndicats. Je tends à
nouveau la main qu'on travaille ensemble de manière constructive et dans le
respect. C'est ce à quoi s'attendent les Québécois. Merci beaucoup. Merci.
(Fin à 14 h 56)