(Treize heures vingt-huit minutes)
M.
Arcand
:
Alors, aujourd'hui, c'est une journée spéciale puisque je suis en compagnie de
mon vis-à-vis de l'Ontario, l'honorable Bob Chiarelli, ministre de l'Énergie,
et je tiens à le remercier d'être venu dans la Vieille Capitale aujourd'hui. So thank you, Bob, for being here with me today.
Par leur proximité
géographique, mais également historique, le Québec et l'Ontario ont toujours
été des partenaires, particulièrement au niveau économique et commercial. Dans
plusieurs domaines, nous travaillons déjà de pair, et l'accord de commerce et
de coopération entre le Québec et l'Ontario, signé par nos deux gouvernements
en septembre 2009, ce sont un des exemples les plus puissants de cette
collaboration.
Et d'ailleurs un des domaines dans lequel
le Québec et l'Ontario excellent est celui de l'énergie. Nous sommes des
leaders en la matière au Canada et en Amérique du Nord. Le Québec est un chef
de fil mondial en production d'hydroélectricité et l'un des plus grands
producteurs d'énergie renouvelable en Amérique du Nord. Nous soutenons
également l'innovation énergétique et le développement des nouvelles sources
d'énergie verte.
Nous avons également le Plan Nord où le
Québec entend mettre en valeur l'immense potentiel énergétique du territoire
nordique. C'est un projet qui mise entre autres sur le développement minier,
forestier et touristique du Nord-du-Québec, qui stimulera le savoir-faire
québécois en matière d'innovation afin de répondre à la demande énergétique de
tous les projets qui vont démarrer dans le Nord. Notre volonté est donc de
travailler ensemble afin de profiter des possibilités et des avancées en
matière d'énergie.
Cette volonté, elle s'est concrétisée à la
Conférence des ministres de l'Énergie et des Mines, qui s'est tenue à Sudbury
en août dernier. Je me suis engagé alors, avec M. Chiarelli, à créer un groupe
de travail sur les enjeux énergétiques, et c'est pour les travaux de ce groupe
que nous sommes réunis aujourd'hui. Ce groupe a pour mandat d'étudier les
possibilités d'accroître le commerce énergétique et de comparer des stratégies
et des pratiques dans certains domaines énergétiques. De plus, pour soutenir le
groupe de travail, nous avons créé trois sous-comités qui vont se pencher sur
des enjeux majeurs pour le secteur de l'énergie dans nos deux provinces.
Le premier concerne les collectivités hors
réseau, «off-grid», pour employer une expression bien connue. Ces communautés,
souvent situées en régions éloignées, ne sont pas connectées aux réseaux électriques
et sont dépendantes du diesel pour générer leur électricité. Au Québec, 22
réseaux autonomes, dont 14 situés au Nunavik, desservent une population de
35 000 habitants, dont plusieurs appartiennent à des communautés
autochtones. Le comité va donc échanger de l'information, de l'expertise
technique sur les approches et les projets actuels afin de réduire leur
utilisation de combustible fossile et d'encourager la participation de ces
communautés dans le secteur de l'énergie.
Le deuxième sous-comité est celui du
commerce de l'électricité. Il va explorer, en fonction des infrastructures
existantes, des possibilités d'affaires qui profiteraient aux deux provinces à
court et à moyen terme, et examinera également l'étendue des investissements
nécessaires pour favoriser d'autres échanges d'électricité. Par exemple, les
deux provinces explorent actuellement la possibilité d'échanger davantage de
l'électricité en période de pointe. Il s'agit d'une piste intéressante puisque
le Québec et l'Ontario n'ont pas leur période de pointe de consommation en même
temps. Celle du Québec est en hiver et celle de l'Ontario est en été. Nous
examinons actuellement les façons de profiter de cette complémentarité pour
améliorer la stabilité de nos réseaux à faible coût.
Enfin, le troisième sous-comité, c'est le
sous-comité du pétrole et du gaz naturel. Il va déterminer les intérêts et les
prises de position communes au Québec et à l'Ontario concernant le projet
Énergie Est de TransCanada, qui a récemment été déposé devant l'Office national
de l'énergie.
Je tiens à souligner ici que le Québec et l'Ontario
ont des préoccupations communes en ce qui concerne Énergie Est, et c'est pour
cela qu'on travaille ensemble sur cette question. De plus, nos deux provinces
travailleront également sur d'autres enjeux liés au gaz naturel et aux produits
du pétrole afin d'assurer la sécurité des approvisionnements et de maintenir
les prix à des niveaux raisonnables dans les questions de coûts, entre autres,
à long terme dans les deux marchés.
Les travaux, donc, de ces trois
sous-comités avancent rondement. Plusieurs projets à l'avantage des deux
parties ont déjà été proposés. Les travaux vont se poursuivre au cours des
prochains mois, et il est clair également que nous aurons l'occasion d'en discuter
lors de la réunion qui aura lieu à la fin novembre avec les conseils des
ministres du Québec et de l'Ontario.
Nous poursuivons donc notre collaboration
en matière de politique énergétique. Nous espérons amener des changements
positifs qui vont profiter à la fois au Québec, à l'Ontario et à tout le
Canada.
J'aimerais maintenant céder la parole à
mon collègue de l'Ontario, l'honorable Bob Chiarelli, qui est le ministre de
l'Énergie de l'Ontario. Bob.
M. Chiarelli (Bob) : Merci, Pierre. Bonjour à tous. C'est un plaisir d'être ici, à Québec, pour rencontrer M. Arcand, ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles. Nous sommes heureux de vous revoir pour notre réunion conjointe de
membres des conseils des ministres à Toronto le 21
novembre.
Premier Couillard and
Premier Wynne are continuing our traditional partnership. Québec and Ontario
are great trading partners and great friends, with many common interests, and,
in August, Premier Couillard and Premier Wynne spoke about exploring the viability
of increased electricity trade. I had the chance to meet with Minister Arcand
in Sudbury in August, in Ottawa earlier this fall and now here today. It is
clear that we share a long-term vision for electricity that is clean, reliable
and affordable. We also agree that we should have a collaborative approach on
important subjects like climate change and oil and gas infrastructure. As new
governments, we've moved quickly and now we have three subcommittees at work.
The first of these is
looking at improving energy options for remote First Nation communities,
particularly where it is not economical to connect them to the grid. The
current practice of shipping barrels of diesel into these communities is difficult,
expensive and emissions intensive.
Next, the oil and gas
subcommittee is looking at both our domestic refining and petrochemical sectors
and the issues around interprovincial pipelines. With the filing of the
TransCanada's Energy East application with the National Energy Board, our work
on this area is timely, and we will work cooperatively with the province of
Québec.
The third subcommittee on electricity trade gets to the heart of what
Premiers Wynne and Couillard committed to this summer. How can we improve the
potential of our electricity systems? By cooperating, by planning and by
working together. And the reality is that Ontario and Québec already trade a significant amount of electricity as part of the
regular operations of our electricity markets. For example, in 2013,
6.4 terawatthours of electricity flowed, back and forth, across our
interties, across our borders. That's the equivalent to about 4% of all of Ontario's electricity production that year.
And now we're looking at
what we can do to further enhance the flexibility, reliability and the cost
effectiveness of our existing systems in the near term and what types of mutual
beneficial trade arrangements may be viable over the long term. We're very
happy to say that this subcommittee is working out arrangements for a seasonal
capacity exchange. This will allow us to take advantage of the fact that our
provinces face the highest electricity demands at different times of the year.
And other near term initiatives include more frequent scheduling of Québec
imports in Ontario's wholesale electricity market and increasing the amount of
the operating reserve that Québec can provide to Ontario.
Québec and Ontario are
neighbors, friends and trading partners. The energy sector is just one of the
many ways we will work to strengthen our friendship in the coming years. Thank
you.
M. Lavallée (Hugo)
: M.
Arcand, donc, à quel moment est-ce qu'on pourrait s'attendre à obtenir du gouvernement
du Québec qu'il exporte davantage d'énergie vers l'Ontario? Parce que, jusqu'à
présent, le Québec semblait très porté à exporter vers la Nouvelle-Angleterre. Je
pense qu'il y a une volonté de votre gouvernement d'accroître les échanges avec
l'Ontario, mais de quelle manière, à quel moment est-ce que ça pourrait se
matérialiser?
M.
Arcand
:
Bien, on travaille actuellement… comme on l'a expliqué, on travaille actuellement
avec les sous-comités qui sont là. Je vais... Vous savez, on continue quand
même à exporter davantage. D'abord, il y a un lien de complémentarité, on a
besoin de l'Ontario durant la période hivernale, l'Ontario a besoin de nous
pendant la période d'été. Donc, il y a eu, quand même, des échanges qui ont été
faits. Si je regarde, par exemple, 2006, on n'avait même pas un térawattheure
d'exportation vers l'Ontario et on n'importait même pas un térawattheure. En
2013, lorsque je regarde le chiffre, on a exporté quatre térawattheures et
c'est deux que nous avons importé. Donc, il y a une augmentation qui se fait de
façon importante.
Je pense qu'on peut améliorer et
intensifier cela. On va certainement le faire de façon importante au cours des
prochaines années, parce que, comme vous le savez, l'Ontario a à prendre des
décisions sur la question de la centrale nucléaire, et ils ont des investissements
également, je dirais, à faire éventuellement si on veut encore améliorer les
choses, et ce sont des questions qu'on va certainement discuter lors du conseil
des ministres conjoint entre autres qui aura lieu au mois de novembre à Toronto.
Mais, en attendant, on se prépare. Je pense qu'il y a des occasions qui peuvent
être intéressantes pour augmenter davantage nos interconnexions avec l'Ontario,
et il est clair que, pour nous, l'Ontario est un ami, un partenaire qui est important
et sur lequel on va continuer de travailler ensemble. Et le Québec est prêt à
travailler avec l'Ontario.
M. Lavallée (Hugo)
:
Dans le sens où ça prendrait davantage d'infrastructures, là.
M.
Arcand
: C'est-à-dire
de la part... Il y a un certain nombre de mégawatts, là, on peut aller jusqu'à
1 000 mégawatts, qui nécessitent des investissements de la part de
l'Ontario, mais qui n'en nécessitent pas de la part du Québec. Alors, ce sera
une décision éventuelle qui pourra être prise par le gouvernement ontarien, et
il y a d'autres options également qui existent de ce côté-là. Alors, on travail
de pair, comme je vous dis, ensemble, et nous avons également demandé, de façon
conjointe, dans plusieurs, je dirais, communications que nous avons eues avec
le gouvernement fédéral, de travailler également ensemble pour aider nos
communautés éloignées, comme vous le savez, que ce soit dans le cadre du Plan
Nord ou dans le Nord de l'Ontario, pour avoir un appui supplémentaire du
gouvernement fédéral pour essayer, évidemment, d'avoir moins de diesel entre
autres et plus d'énergies renouvelables dans ces régions-là qui ne sont pas
connectées au réseau hydroélectrique.
M. Lavallée (Hugo)
:
Concernant l'île d'Anticosti, on apprenait que la compagnie Junex n'a pas
trouvé, là, d'investisseurs pour pouvoir procéder aux travaux exploratoires qu'elle
avait l'intention de mener. Comment vous interprétez l'absence d'appétit de la
part d'investisseurs pour mener des travaux, alors qu'on semble voir un
potentiel important sur l'île d'Anticosti?
M.
Arcand
:
Écoutez, pour l'instant, vous comprenez, nous avions demandé à Junex d'avoir
une entente avec un partenaire privé. Il est clair actuellement que, compte
tenu que le prix du pétrole ait vraiment baissé de façon significative, il
semble y avoir, donc, certains surplus dans le domaine pétrolier actuellement,
il est clair que Junex, à ce stade-ci, n'a pas réussi à trouver preneur.
M. Lavallée (Hugo)
: …le
gouvernement du Québec ne pourrait-il pas investir davantage?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, pour l'instant, je pense qu'on est en période, actuellement, de
restructuration, on est en période également où on recherche des
investissements à l'extérieur, mais je pense qu'il y a déjà le projet qui
existe avec Pétrolia, sur lequel on est en train de faire les recherches
nécessaires, l'exploration, si on veut. On est en train de terminer le
carottage à ce niveau-là, mais on se concentre sur ce projet-là pour l'instant.
Mais je pense que pour... Moi, j'ai
rencontré beaucoup d'autres entreprises, non pas du domaine pétrolier, mais du
domaine minier, et c'est là-dessus actuellement que l'on se concentre.
M. Lavallée (Hugo)
:
Une dernière question. On entendait M. Hollande faire référence aux gaz de
schiste dans son point de presse, en réitérant son opposition ou ses fortes
réserves aux gaz de schiste. Est-ce que, donc, au Québec on ne devrait pas
tenir compte davantage du point de vue exprimé par le gouvernement français qui
voit une menace environnementale à l'exploitation de ces gaz-là?
M.
Arcand
:
Bien, vous savez, d'abord, premièrement, au Québec, il n'y a pas... Depuis
2010, là, on a à peu près cessé l'exploration du gaz de schiste dans le cas du
Québec. L'ancien gouvernement avait demandé un rapport sur le gaz de schiste,
et donc on va attendre la conclusion de ce rapport-là, qui... ce rapport-là va
servir à l'évaluation environnementale stratégique, et, par la suite, bien, on regardera
qu'est-ce qu'on fait avec le gaz de schiste au Québec. Mais, pour l'instant, il
n'y a pas vraiment de projet, il n'y a même pas de demande, actuellement, même
d'explorer cette chose-là actuellement.
M. Gagné (Louis) : Vous avez
parlé... Excusez-moi. Pour revenir au transfert d'électricité, si j'ai bien
compris, ça nécessite la construction d'infrastructures du côté ontarien
pour...
M.
Arcand
:
Oui, bien, favoriser certaines interconnexions, là, je comprends, surtout dans
la région de Gatineau et d'Ottawa, je pense, hein? On a besoin d'avoir des
investissements de ce côté-là pour pouvoir augmenter l'interconnexion.
M. Gagné (Louis) : Puis est-ce
que le gouvernement du Québec ou Hydro-Québec pourrait participer à la
construction de ces infrastructures-là, sachant que c'est pour acheminer de
l'électricité québécoise?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, pour l'instant, c'est une décision du gouvernement ontarien,
qu'ils doivent prendre, mais nous sommes prêts à travailler avec eux, bien sûr,
pour faciliter les exportations. Mais je ne pense pas qu'on doive investir dans
les coûts d'infrastructures en Ontario.
(Fin à 13 h 44)