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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Wednesday, November 12, 2014, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-quatre minutes)

Mme David (Gouin) : Mesdames, messieurs, bonjour. Je suis entourée aujourd'hui de membres militants, militantes de la Coalition Solidarité Santé, une coalition importante, syndicale, communautaire, féministe dont les membres sont très actifs dans le secteur de la santé et services sociaux. La coalition va s'exprimer cet après-midi en commission parlementaire sur le projet de loi n° 10, le projet de loi du Dr Barrette, du ministre Barrette, qui réforme, de façon très importante, les structures dans tout le domaine du réseau des services sociaux et de santé.

Les gens qui sont avec moi aujourd'hui peuvent témoigner du bilan des 10 dernières années d'une autre réforme du système de services sociaux et de santé et, étant des gens de terrain, ils peuvent vraiment nous dire comment ça s'est passé et comment ça se passe encore sur le terrain. Je passe donc tout de suite la parole à Jacques Benoit.

M. Benoit (Jacques) : Bonjour. Le 12 mars dernier, la Coalition Solidarité Santé a tenu à Montréal une assemblée, une assemblée publique sur le thème de Les fusions des CSSS, quel bilan après 10 ans? On trouve dommage que le Dr Barrette n'ait fait aucune évaluation, aucun bilan de ces fusions-là, de ces 10 ans là de CSSS avant de faire son projet de loi. Parce que, nous, le bilan que nous en avons tiré, ce n'est pas nécessairement très positif, on a plutôt relevé les problèmes qui ont été causés par les fusions. Je vous les nomme, on en a trouvé 10 pour 10 ans de fusion : l'augmentation du pouvoir des médecins au détriment de la première ligne, la perte de proximité de services, peu ou pas d'intégration ni continuité de services et une approche populationnelle trop complexe à utiliser, des coupures et des réductions de services, la détérioration des services sociaux, des structures trop grosses et ingérables, un recul de la démocratie, un impact négatif sur le personnel et les relations de travail, une gestion inappropriée, qu'on appelle la nouvelle gestion publique et une augmentation de la privatisation.

Dans tout ça, le pire, c'est l'augmentation de la privatisation. Mes amis, ici, autres représentants des membres de la coalition, on va pouvoir vous parler très concrètement de certains de ces éléments-là, vous donner des exemples concrets de ce que ça a voulu dire.

M. Fournier (Jacques) : Alors, bonjour, mon nom est Jacques Fournier. Je suis un retraité bénévole et je suis le responsable bénévole, donc, du dossier santé à l'AQDR. L'AQDR, c'est l'association québécoise de défense des droits des retraités.

Deux points que je voudrais aborder avec vous.Vous dire à quel point, pour les retraités, le projet de loi n° 10 est dommageable. Le projet de loi n° 10, en créant de nouvelles structures, va concentrer encore davantage le pouvoir entre les mains des hôpitaux. Et ce qu'on a observé depuis les fusions qui ont eu lieu il y a 10 ans, c'est que plus le pouvoir est concentré entre les mains des hôpitaux, moins il y a d'argent pour les services à domicile, qui est une nécessité extrêmement importante et reconnue par tout le monde. Il y a la Protectrice du citoyen qui, il y a deux ans, a démontré carrément que les hôpitaux avaient confisqué des sommes d'argent destinées au maintien à domicile pour combler leurs déficits. Le ministre nous dit : Ah non! Grâce à l'article 55, les hôpitaux vont devoir laisser l'argent du maintien à domicile là où il est. Eh bien, c'est une arnaque, cet article 55, parce qu'en pratique, quand les hôpitaux font face à un déficit, même s'il y a des articles de loi qui les empêchent de faire des choses, ils les font quand même. Donc, davantage d'hospitalocentrisme.

L'autre point dont je voudrais témoigner, j'étais un employé du réseau de la santé en 2003, au moment des fusions, je travaillais dans un CLSC qui fonctionnait très bien. Nous étions 240 employés et, du jour au lendemain, on est passés à 4 000 employés. Eh bien, ça a complètement détruit les solidarités entre les employés. On était habitués, nous… Des complicités professionnelles s'étaient développées avec les années. On était habitués à s'entraider, à bien fonctionner en équipe, on connaissait les problématiques. Et, du jour au lendemain, tout ça a été défait. On était pris dans des nouveaux organigrammes incompréhensibles. Les cadres se chicanaient entre eux pour les postes.

Alors, imaginez, là, c'est des fusions exposant 10 que le ministre ajoute. Alors, qu'est-ce qu'on vivre avec ça? Bien, davantage de douleur. Parce que, moi, le témoignage que j'ai eu de mes consoeurs de travail — par chance, j'ai pu prendre ma retraite un peu après le début des fusions — bien, mes consoeurs de travail, ce qu'elles m'ont dit, c'est que ce n'est plus travaillable dans le réseau, c'est de la douleur, c'est des statistiques à remplir, c'est pas de temps pour voir nos usagers. Alors, il faut vraiment dénoncer cette détérioration importante qui est à l'horizon. Merci.

Mme Marcotte (Josée) : Bonjour, Josée Marcotte, vice-présidente à la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN, et je suis également responsable du dossier de condition féminine à la fédération.

Alors, à chaque fois qu'il y a eu une réforme, alors, ce sont surtout les femmes qui font les frais de cette réforme-là. Alors, pourquoi ce sont les femmes? Parce que 80 % des gens qui travaillent dans le réseau de la santé, ce sont des femmes. Alors, on y écope parce que nous sommes les principales travailleuses, donc, lorsqu'il y a des coupures dans le réseau de la santé.Lorsqu'il y a des privatisations, ce sont aux femmes qu'on s'attaque. Pourquoi ce sont les femmes? Parce que, dans le réseau de la santé, alors, ce sont les femmes qui sont les principales utilisatrices du réseau public. Pourquoi ce sont les femmes? Parce que, lorsqu'on décide, comme État, alors, de couper des services ou de privatiser, bien, ce sont les femmes, alors, qui doivent, elles, assumer, alors, des services qui, autrefois, étaient assumés par l'État, alors, que ce soient des soins pour les enfants, les personnes âgées. Donc, M. Couillard, alors, les femmes aujourd'hui vous disent : Alors, c'est assez, les réformes, alors, ça suffit, alors, les femmes ne veulent plus faire les frais des réformes.

M. Falardeau (Denis) : Denis Falardeau, je suis de l'ACEF de Québec, l'Association coopérative d'économie familiale. Nous sommes un groupe de défense et de promotion des droits des consommateurs, des citoyens consommateurs, devrais-je dire.

À la lumière de la lecture de ce projet de loi, sans faire un… ça va être un jeu de mots facile que je vais vous présenter, mais, à mon avis, ce projet de loi n'est pas le remède à toutes les inquiétudes que les citoyens, citoyennes peuvent avoir en termes d'amélioration de l'accès à des soins… à un médecin, premièrement. À notre avis, ça ne vient pas répondre à ces inquiétudes-là. Ça ne vient pas répondre non plus à des inquiétudes concernant l'accès à des soins de santé valables, rapides et de façon la plus humaine possible.Ça ne vient pas répondre, grosso modo, à d'autres attentes.

Par le passé, rappelons-nous, il y a quelques années, on nous servait la mécanique, là, du soin à domicile, il fallait dégraisser les établissements de santé, il devait y avoir une espèce de système avec l'assurance maladie qui venait compenser le fait qu'on n'allait pas être longtemps à l'hôpital, ainsi de suite. Rien n'a été livré. C'est pour ces motifs-là qu'à notre avis ce projet de loi n° 10 est simplement une espèce de révolution administrative, une révolution de palais. On change les maux de place, mais il n'y a pas de solution pour les régler complètement. Merci.

Mme David (Gouin) : J'aimerais conclure en disant que ces personnes, qui nous arrivent du terrain, disent à peu près la même chose qu'au moins 90 % des organismes qui sont venus en commission parlementaire, c'est assez fascinant. Et, pas plus tard que ce matin, la FADOQ, qui représente un grand nombre d'aînés, le regroupement… le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes, qui représente 300 000 femmes, sont venus dire, à peu de chose près, la même chose. Ce qui est assez fascinant, aussi, c'est de voir des fédérations médicales, de voir une association que j'appellerais patronale, hein, comme l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux, l'AQESSS, elle aussi être très critique vis-à-vis le projet de loi n° 10, et tous ces gens-là le font souvent pour les mêmes raisons.

Les femmes, parce qu'elles disent : Mais nous, on écope tout le temps, étant donné qu'on est les travailleuses, étant donné qu'on est les usagères.Dès qu'il y a des coupes de services, dès que l'État décide de tout centraliser, de prendre des décisions à des niveaux qui n'ont plus rien à voir avec les services de proximité, bien, c'est nous qui allons nous retrouver avec les problèmes puis, comme usagères, bien, c'est nous qui n'aurons pas suffisamment de services.

Les établissements, ce qu'ils disent, ce n'est pas compliqué, c'est : Trop de centralisation tue une bonne gestion de proximité. Et en plus, dans ce projet de loi, le ministre s'arroge tous les pouvoirs. Vous le savez, il nomme tout le monde, il gère tout et, si quelqu'un ne fait pas son affaire quelque part, il nous dit : On va le changer. C'est hypercentralisé comme système, alors que les expériences récentes de pays où on a des systèmes de santé et de services sociaux forts, les pays scandinaves, par exemple, ce que ça nous apprend, c'est que plus les décisions sont proches des gens, mieux ça fonctionne.

Beaucoup de gens sont venus aussi nous dire : Attention, il n'y a à peu près rien pour la prévention, rien pour la première ligne, on a même coupé 30 % des budgets de santé publique. Et, unanimement, les gens décrient ces gestes-là en disant : Le curatif, c'est une chose, bien sûr, il faut soigner les gens malades, mais il faut éviter que les gens tombent malades. Et ça, ça fait au moins 40 ans qu'on le dit, au Québec, je ne comprends pas pourquoi on ne le fait pas.

Donc, le ministre nous dit : Mon projet de loi va améliorer la fluidité des services, le passage de la première à la deuxième ligne. Beaucoup, beaucoup d'intervenants lui disent que, non, ce n'est pas ça qui va se passer, que ça va être une lourdeur administrative sans nom. Et on sait aussi qu'il veut récupérer 220 millions de dollars non pas pour le réinvestir dans des services, là, mais pour contribuer à l'atteinte de l'équilibre budgétaire, donc pour remettre ça dans les coffres de l'État.

Si le ministre tient à tout prix à récupérer de l'argent, nous, on a des propositions, à Québec solidaire : Pharma-Québec, pôle centralisé d'achat de médicaments, cesser le surtraitement, le surdiagnostic, la surmédicalisation.Il y en a plein, de moyens d'économiser tout en offrant vraiment des services de proximité et qui répondent aux besoins des gens.

Alors, j'annonce, bien sûr, que Québec solidaire aura des amendements, et des amendements de fond, à proposer au projet de loi n° 10. Nous espérons que le ministre sera à l'écoute et des dizaines et des dizaines de groupes qui sont venus le voir et des parlementaires qui vont apporter des propositions d'amendement. Merci.

(Fin à 13 h 45)

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