(Treize heures cinquante-six minutes)
M. Barrette :
Alors, merci d'assister à ce point de presse. Comme vous le voyez, je suis
accompagné de ma collègue Mme Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, aux Services sociaux et… Voilà.
Alors, écoutez, on fait le bilan aujourd'hui des commissions parlementaires. Et
j'ai entendu, évidemment, le point de presse
de ma collègue critique à la santé, et je veux d'abord, mais avant tout faire le
point sur un certain nombre de choses. Nous avons été élus le 7 avril
dernier dans un contexte qui est très particulier. Et, en ce qui a trait à la
santé, la population était très claire, elle veut du changement. Et elle veut
du changement parce qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas dans notre système
de santé, qui sont bien connues. Et, après certaines expériences passées, elle
s'attend à ce que notre gouvernement fasse quelque chose, et le projet de loi
n° 10 est définitivement un pas dans la bonne direction.
Je rappellerai que le Parti québécois a
pris des décisions qui ont mis le système de santé québécois dans l'embarras et
le désordre pendant presque 20 ans et que, dans son dernier mandat, il n'y a eu
absolument aucune amélioration dans notre système de santé et particulièrement en
ce qui a trait aux GMF, bien qu'évidemment le projet de loi n° 10 ne
s'adresse pas à cet élément spécifiquement.
Le projet de loi n° 10, je l'ai dit
lors de son dépôt, c'est un projet de loi qui vise à faire en sorte que le
patient soit au centre des décisions et que l'on puisse terminer la réforme qui
a été commencée en 2003, à savoir une intégration des soins et des services
sociaux. Ça a été dit clairement, et c'est ce que ça fera, et je pense que
c'est ce que la population s'attend.
Alors, je peux le dire, et je l'ai dit à
plusieurs reprises, dans les commissions parlementaires, le projet de loi
n° 10 ne s'adresse pas à l'accessibilité. Ce sera un élément auquel on va
s'adresser par une autre voie sur laquelle, actuellement, nous travaillons.
Mais le projet de loi n° 10 vise à mettre en place une structure dans
laquelle va venir s'intégrer un certain nombre de mesures qui touchent tous les
aspects du système de santé et des services sociaux. Le projet de loi
n° 10 fera en sorte qu'il y aura une intégration verticale et horizontale
de tous les soins et les services sociaux et il y aura aussi une imputabilité
qui, pour une fois, sera introduite dans le système.
Alors, les décisions qui seront prises
dans le futur seront en fonction du bénéfice des patients et, comme je l'ai dit
dans une tournée d'administrateurs que j'ai faite il y a trois semaines, ce
n'est pas compliqué, là, l'imputabilité, ça va commencer par ceci : posez-vous une question quand vous prenez
une décision : Est-ce que c'est bon ou
non pour le patient? Alors, l'accès sera réglé par un autre élément, et le
cheminement du patient, dans notre système de santé, se fera d'une façon plus
fluide, plus efficace, avec un maximum de qualité et certainement une quantité
appropriée.
Alors, le projet de loi a certains
éléments qui sont particuliers, on y a fait référence à plusieurs reprises, qui
est celui des pouvoirs spécifiques du ministre. Je l'ai dit plus d'une fois,
ces pouvoirs sont transitoires et ces pouvoirs ne dépasseront pas, évidemment,
le mandat actuel. Et, comme je l'ai dit, la LSSSS sera réécrite, et elle sera
réécrite dans ce mandat, et les pouvoirs qui existent, notamment en termes de
nomination, reviendront à ce qu'on pourrait qualifier à certains standards qui
sont connus dans le réseau. Mais, pour le démarrage de cette réforme, le
ministre, c'est-à-dire moi-même, aura certains pouvoirs.
Je pense qu'il est important ici de
retenir que les commissions parlementaires qu'on a eues aujourd'hui ont été
faites dans un climat très particulier. Pendant trois semaines, on a vu
l'opposition essentiellement déformer la réalité. Au lieu de s'adresser à des
problématiques qui touchent les patients, l'opposition s'est attardée à des
structures, et ça m'amuse beaucoup. C'est très ironique parce que le Parti
québécois, qui critique le fait qu'on s'adresse trop aux structures et pas
assez aux patients, bien, on n'a fait que des critiques à propos des structures.
Alors, à un moment donné, à partir du moment où on dit que les pouvoirs, entre
autres, du ministre sont transitoires et qu'on passe des heures, et des heures,
et des heures là-dessus de la part de l'opposition, ça ne m'apparaît pas très
constructif. Je pense que la CAQ a fait un travail tout à fait constructif,
dans l'esprit des commissions parlementaires, qui est d'entendre des gens qui
ont des critiques à formuler et des améliorations à suggérer. Et je l'ai dit,
je le redis aujourd'hui, là, nous étions en mode écoute et nous le sommes.
59 groupes ont été entendus, 88 mémoires
ont été déposés et nous l'avons dit, je l'ai dit personnellement à plusieurs
reprises, chaque mémoire sera pris en considération, même si les gens n'ont pas
été physiquement entendus lors des commissions parlementaires. Nous avons toujours
dit que nous étions ouverts aux amendements, nous le sommes encore, et il y
aura, évidemment, des amendements. Encore faut-il qu'on puisse se rendre, d'une
façon, je dirais, fluide, dans l'esprit du projet de loi n° 10, à cette
période. Alors, à cette étape-ci, nous espérons que l'adoption de principe du projet
de loi se fera rapidement pour qu'on puisse passer encore plus rapidement aux amendements,
à l'étude article par article pour discuter des amendements éventuels et
adopter le projet de loi.
Ce projet de loi là est bénéfique pour la société
et bénéfique pour les patients et je pense que nous avons tous intérêt à ce
qu'il soit adopté le plus vite possible et mis en application le plus rapidement
possible.
Je passe la parole à ma collègue Mme Charlebois.
Mme
Charlebois
: Merci, M. le ministre, Gaétan. Tout
d'abord, bien, je ne veux pas reprendre tous les propos qu'a entretenus mon ministre,
mais ce que j'aurais le goût de vous dire, c'est que, tout au long de la commission,
on s'est affairés — parce qu'on parle de santé et services
sociaux — à rassurer beaucoup les gens au niveau des services
sociaux. Pourquoi? Parce qu'il y a des gens qui se sont intéressés, on va dire
ça comme ça, à faire en sorte que les gens qui sont autour des services sociaux
soient un petit peu inquiets, et ça m'a grandement déplu parce qu'honnêtement
les usagers, les citoyens qui reçoivent des services ont besoin de ces
services-là, et on a dit à maintes reprises, et mon collègue le ministre de la
Santé et moi, qu'il n'était pas question d'affaiblir les services sociaux. Au
contraire le projet de loi n° 10 va justement dans la veine de rassurer,
protéger les budgets, faire en sorte qu'il y ait une reddition de comptes, et
on a parlé beaucoup du maintien de l'expertise. Le ministre de la Santé est
ouvert à ça puis, évidemment, moi aussi.
Alors, moi, ce que je veux encore dire
aujourd'hui qui va s'ajouter aux propos de mon collègue le ministre de la Santé,
c'est évidemment que les amendements qui seront éventuellement déposés iront
dans ce sens-là encore davantage. Et je peux assurer les citoyens… parce que,
comme je l'ai dit à un moment donné hier, pendant la commission, les services
de santé et services sociaux, ce n'est pas en opposition, c'est souvent
complémentaire. Les services sociaux sont souvent là en avant des services de
santé, mais il arrive qu'ils soient après et même pendant le curatif. Alors, on
ne peut pas diviser ça, on ne peut pas faire en sorte que ces gens-là soient
traités comme deux citoyens. Non, non, Lucie Charlebois, c'est une personne,
puis, quand je vais pour des services sociaux ou des services de santé, il peut
arriver que j'aie besoin des deux services concomitants à la fois. Le projet de
loi n°10 va exactement dans ce sens-là, de jumeler, de faire l'amalgame de tous
les services et faire en sorte qu'il y ait une continuité, qu'on tienne compte
du patient, de l'usager et du citoyen, tous dans la même personne. Et moi, je
suis ravie de voir le projet de loi n°10, qui va commencer à être étudié
éventuellement, et je souhaite que ça aille le plus rapidement possible, dans
l'intérêt de notre population.
M. Robillard (Alexandre)
: M. le ministre, pourquoi ne pas avoir
inscrit dans le projet de loi dès le départ que certains pouvoirs du ministre
seraient transitoires?
M. Barrette :
Écoutez, je l'ai dit au dépôt, dans la première conférence de presse, que
c'était une loi de transition. J'accepte la critique et je peux vous dire qu'il
est tout à fait probable qu'un amendement soit fait au projet de loi pour qu'il
y ait une date de fin de ces pouvoirs-là. Je n'ai aucun problème avec ça. Ça
n'a jamais été conçu ni construit pour être un pouvoir permanent. Et j'ai même
dit, et je le répète — et je le répète — je ne donnerais
jamais ce projet de loi là, tel qu'il est écrit aujourd'hui, dans les mains de
mon prédécesseur, par exemple, ni de quiconque au Parti québécois.
Mme Dufresne (Julie)
: Juste pour bien comprendre, vous
seriez prêt à l'écrire noir sur blanc que c'est un projet de loi qui est
transitoire et fixer une date?
M. Barrette :
Tout à fait. J'ai dit, je vous le redis... non, ça, je vous l'ai dit ce matin,
là, mais ce projet de loi là, nous étions en mode écoute. Nous avons mis des
balises au projet de loi et des finalités qui sont claires. En commission
parlementaire, nous avons dit que nous étions prêts à entendre et à écouter les
gens, et certainement à faire les amendements, et c'est ce qui sera fait. Je
peux vous dire aujourd'hui qu'à toutes les critiques fondées, là, pour ceux qui
sont venus vraiment parler du projet de loi n°10 et non de la politique
gouvernementale complète, là, alors à ceux qui sont venus faire des critiques
fondées sur le projet de loi n°10, il y a un amendement potentiel qui sera
présenté et qui devrait répondre aux appréhensions des gens. C'est ça, une
commission parlementaire, là.
M. Robillard (Alexandre)
: Quels sont les pouvoirs,
M. Barrette, à ne pas placer entre les mains de tous les ministres?
M. Barrette :
Quoi?
M. Robillard (Alexandre)
: Quels sont les pouvoirs à ne pas
placer entre les mains de tous les ministres?
M. Barrette :
Écoutez, essentiellement, aujourd'hui, le Parti québécois a passé
essentiellement toute la commission parlementaire à débattre des pouvoirs
qu'eux autres considèrent comme étant excessifs, malgré le fait que l'IGOPP ait
considéré que c'était recevable. Alors, il n'y a aucun problème. Ces pouvoirs-là,
tel qu'ils sont conçus aujourd'hui, je ne les donnerais pas à mon prédécesseur,
ou à quiconque du Parti québécois, d'ailleurs, parce qu'à un moment donné ces
pouvoirs-là, entre les mains de gens qui ont d'abord
et avant tout une idéologie et non le service aux patients comme objectif, ça
peut être un peu particulier. Moi, ici, actuellement, mon objectif est le
service aux citoyens et la mise en place d'un système qui donne des résultats,
et c'est ce que l'on va faire. Oui?
Journaliste
:
Quels sont les pouvoirs…
Mme Prince (Véronique)
: C'est quoi, les autres ouvertures que
vous êtes prêt à manifester? Parce qu'il va-tu en avoir d'autres, amendements?
Par exemple, les critiques étaient sur la grosseur des territoires, entre
autres.
M. Barrette :
Alors, par exemple — c'est un bon point — nous, à
l'intérieur du projet de loi, par exemple, si on prend la Montérégie, nous
avions prévu une fragmentation dans la gestion du territoire. Je comprends que
les gens, par exemple, préfèrent avoir des administrations indépendantes. O.K.
Alors, nous sommes tout à fait disposés à faire des aménagements territoriaux
de ce type-là, mais évidemment on ne va pas faire des aménagements pour revenir
à la case départ. Mais des aménagements sont tout à fait possibles, et il y
aura certainement des amendements qui seront proposés.
M. Caron (Régys)
: Mais, M. Barrette, le réseau de
la santé, infirmières, médecins, gestionnaires, même les patients, les gens du
communautaire sont venus vous dire que votre projet de loi n'est pas
acceptable. Est-ce que ces gens-là sont déconnectés ou est-ce qu'ils essaient
de protéger leurs royaumes? Comment interprétez-vous cette opposition
généralisée à votre projet de loi?
M. Barrette :
Alors, l'opposition généralisée à laquelle vous faites référence, elle est
organisationnelle. On est dans une période de négociation. Et je vous ferais
remarquer que les groupes qui sont venus, essentiellement, sont de trois types : il y a les groupes que je qualifierai
d'institutionnels, les professionnels de la santé, il y a le communautaire, qui
a été très, très, très représenté — et c'était très bien, d'ailleurs,
parce que leur discours a été très clair — et le milieu purement
syndical. Bon, moi, je comprends que le milieu syndical… Je vous invite à
réécouter la présentation qu'a faite la FTQ hier après-midi, on n'a pas
prononcé le projet de loi dans la présentation de 10 minutes. Alors là…
M. Caron (Régys)
: La CSQ, ce matin… un mémoire avec des
suggestions, il me semble.
M. Barrette :
Tout à fait. Alors, par exemple, des mémoires avec des suggestions. Puis je
vous invite à regarder la dernière page du mémoire de la FIQ. Regardez la
dernière page, on nous présente la possibilité de faire des économies d'impôt
de 10 milliards de dollars en taxant tout le monde plus. Bien là, on tombe
dans un agenda qui est d'abord et avant tout
politique, qui tombe complètement en dehors du projet de loi n° 10, qui
devient à ce moment-là une occasion de faire un autre débat.
Quand qu'on a reçu le communautaire, au
contraire — ça, c'était extraordinaire — les gens sont
venus nous parler de choses réelles, réelles, là, des
problèmes quotidiens et d'inquiétudes. Alors, comme on nous a dit… Et là
je vais même citer à cet égard-là la Protectrice du citoyen, qui nous a appuyés dans nos finalités. Elle nous a
appuyés de a à z. Elle n'a fait qu'une mise en garde :
Faites une transition bien ordonnée et claire, vous allez arriver à la
destination que nous appuyons. La Protectrice du citoyen, là, elle est en
faveur de notre finalité. Elle nous a mis en garde simplement sur la transition,
on devait bien la faire. Bon, on a rapporté…
M. Caron (Régys)
: La transition, c'est la loi, c'est le
projet de loi.
M. Barrette :
Bien oui, mais la… Non, la transition étant l'application de la loi comme telle. Alors, moi, je retiens, moi, ces éléments-là,
comme je retiens les témoignages qui sont venus du communautaire, qui nous
disent : Oui, oui, c'est vrai qu'il y a ces problèmes-là, c'est vrai que, si vous arrivez à régler ça, c'est très bien, mais on craint que... Évidemment, l'opposition
officielle, elle, elle est embarquée dans le train de dire : Non seulement on craint que, mais vos
craintes vont se réaliser. C'est vraiment ça
qui va arriver, là, ça va être un désastre : on
va privatiser le système de santé — qu'on n'a jamais annoncé — on va abolir, à
toutes fins utiles, les sages-femmes, alors c'est…
on ne parle pas de ça dans le projet de loi, et ainsi de suite. À un moment
donné, là, la participation, entre guillemets,
épouvantail à une commission parlementaire, je ne suis pas sûr que c'est constructif, et c'est
ce que l'opposition officielle a décidé de faire. Moi, je pense qu'aujourd'hui on constate que… on constate deux, trois choses, là : Un, à la fin de ces commissions, de ces
audiences-là, zéro personne, pas une seule personne ou organisation n'est venue
supporter le maintien des agences, zéro. Vous n'avez pas entendu ça.
Essentiellement, à peu près personne en
dehors du milieu syndical n'a contesté la finalité du projet de loi, personne. Tout
le monde est venu dire : Oui, mais on a
des craintes si ce n'est pas appliqué de la bonne manière. Parfait. On a des
craintes et des critiques sur le pouvoir du ministre.
Parfait. On a des craintes sur le maintien de l'accès aux services en langue anglaise. Parfait. Et là je
pourrais continuer comme ça, là, mais je peux répondre par des amendements, essentiellement,
à toutes les craintes. Mais, dans un contexte où personne n'a contesté ni la
finalité du projet ni l'abolition des agences, est-ce qu'on peut travailler
dans le bon sens tout le monde, puisqu'on
s'entend là-dessus? Et, si vous me le permettez, ce matin, j'ai quand même réussi à faire admettre à la CSQ que ce
qui a été fait à date, bien, ils s'en trouvaient satisfaits. Ce matin, là, et
je l'ai dit, hein, personne, dans ces audiences, n'a remis en question la
dernière réforme. Il y a des gens qui ont critiqué certains aspects, mais
personne ne veut revenir à avant la réforme. Je les comprends, ils vont revenir
aux temps du Parti québécois, quand le Parti
québécois a mis le réseau à feux et à sang. Je comprends qu'ils ne veulent pas
revenir là.
Alors, la
réforme du premier ministre a eu des effets qui étaient positifs, qui ne
sont pas contestés, qui sont imparfaits et qui, à la fin, après l'application
du projet de loi n° 10, ça sera meilleur.
M. Robillard (Alexandre)
:M. Barrette,
c'est quoi les pouvoirs auxquels vous êtes
prêt à renoncer? Et on a parlé de la nomination
des…
M. Barrette :
Je ne vous ai pas dit… Je m'excuse, excusez-moi.
M. Robillard (Alexandre)
: …il y a eu la nomination des membres
des conseils d'administration.Est-ce qu'il y a d'autres pouvoirs qui doivent
demeurer transitoires? Est-ce que vous êtes capable
juste de nous donner…
M. Barrette :
Oui, alors, écoutez, les pouvoirs qu'on me reproche sont des pouvoirs, essentiellement,
de nomination. Alors, le processus de nomination devrait, entre guillemets, se standardiser. Même aujourd'hui il est quasi
standard. Je vous ferai remarquer qu'aujourd'hui, quand on nomme, au Québec, un directeur
général d'un grand hôpital ou d'un petit hôpital, il y a un comité de nomination
qui est mis en place par le conseil d'administration, il y a des candidats qui
se présentent, il y a des premières évaluations qui sont faites pour faire une
sélection, les sélectionnés sont interviewés, le ministre a un représentant sur
le comité de nomination et, à la fin, il y a une nomination qui est proposée et
approuvée par le ministre. Ce n'est pas très
différent de ce qui est dans le projet de loi actuel. Et, comme je l'ai dit à tous les gens qui sont dans le réseau, il
n'y a pas un seul administrateur, actuellement, dans le réseau qui n'aura
pas la possibilité de postuler pour ces postes-là, aucun. La seule chose que j'ai dite, et c'est
très simple, lorsque la filtration sera faite, là — actuellement le
filtre se fait par le conseil d'administration, il va falloir le nommer, le
conseil d'administration — on nommera un groupe d'experts qui aura le
mandat, non pas la commande de nommer un individu, le mandat de faire une
évaluation des candidatures basée sur la compétence en termes de gestion et sur
la connaissance suffisamment approfondie du milieu. Après ça, ces gens-là qui
seront présélectionnés, oui, c'est vrai que je
vais faire une sélection. Ce n'est pas très
différent de ce qui se passe aujourd'hui.
Alors, ce mode de nomination là, tel qu'on le connaît aujourd'hui, devrait revenir. Alors,
ça ne sera pas le ministre, là, qui va faire le même exercice dans le futur.
Par contre, il est de la responsabilité d'un
ministre, lorsqu'il constate que ça ne fonctionne pas dans un milieu,
d'intervenir. Dans le passé, il y a eu des situations problématiques. Je ne
reviendrai pas sur ce qui a fait les manchettes, mais le gouvernement était
tardif dans son intervention. Je pense qu'aujourd'hui, à la fois on doit avoir
une imputabilité chez les gestionnaires et aussi la capacité pour le ministre
d'intervenir si ça va mal. Comme je disais au vice-président de la CSN ce
matin, si la CSN vient me voir pour me dire :
Regardez, là, Dr Barrette, là, ça va mal dans tel CISSS, puis on
pense que le problème est à la direction et que mes officiers me confirment là chose, bien là il va bien falloir
que quelqu'un intervienne. Si le CISSS lui-même n'a
pas le pouvoir de s'autoréguler, il faut que quelqu'un les régule. Alors, je ne
vois pas où est le problème.
Mme Dufresne (Julie)
: M. le ministre, vous avez dit que
l'opposition est essentiellement organisationnelle, les syndicats et au
communautaire. Très bien. Mais est-il possible qu'il n'y ait pas d'opposition
populaire parce que les gens ne comprennent pas encore exactement comment ça va
s'articuler et quels impacts ça va avoir dans leurs vies?
M. Barrette :
Eh bien, c'est exactement le contraire,
madame. Parce que, quand on va sur le terrain et quand on va rencontrer des
administrateurs, comme moi, hier soir, pendant trois heures, bien, moi, je
constate que, un, les administrateurs sont prêts à aller dans cette
direction-là, mais on n'est pas dans un climat
où va aller se vanter d'être en faveur de ça,
là, ce n'est pas ça. Et, sur le terrain, la
population, on nous dit constamment :
Continuez. Pourquoi ils nous disent ça? Parce que ça fait des années que ça ne
change pas et que ça n'avance pas dans le système de santé, et ils veulent
avoir des résultats.
La population ne s'attend pas à ce qu'on résout tout, là,
la population s'attend à ce qu'on prenne des
décisions qui vont aller dans la direction de. La population ne s'attend pas à ce qu'on marche sur les eaux, mais la population
ne tolérera pas que rien ne soit tenté. Et la population constate qu'il y a de
la bureaucratie. La population constate que le cheminement est difficile. La population
est d'accord que les
soins sont de bonne qualité, mais la population constate que ça ne
fonctionne pas.
Et, quand on est rendus à marcher sur la
rue puis se faire arrêter par des gens qui nous donnent leurs exemples
personnels de ceci et de cela, bien, je les
comprends, moi, la population, de vouloir que quelqu'un fasse quelque chose. Et
je peux vous dire que la population nous dit une chose :
N'arrêtez pas. Peu importe où on va, dans les
grands centres, dans les milieux plus ruraux, en périphérie, c'est ça qu'on
entend : N'arrêtez pas. On n'arrêtera
pas.
Mme Dufresne (Julie)
: Vous avez entendu ça souvent?
M. Barrette :
Pardon?
Mme Dufresne (Julie)
: Vous avez entendu ça souvent?
M. Barrette :
On n'entend que ça. Je n'ai pas rencontré un seul administrateur, un seul
employé — et j'en rencontre — ni un citoyen qui nous a dit
d'arrêter, aucun. Il n'y a personne, là, qui a la peur bleue de ce qui est
décrit par l'opposition comme étant essentiellement
l'apocalypse, personne.
M. Caron (Régys)
: Dr Barrette, est-ce que les
centres intégrés de santé et de services sociaux, est-ce que ce n'est pas les agences de santé sous un autre nom?
M. Barrette :
Pas du tout. Non, pas du tout. Parce qu'à ce moment-là, si c'était ça, ils
seraient où, les établissements?
M. Caron (Régys)
: Bien, les gens du réseau, ils nous
disent ça.
M. Barrette :
Bien oui, mais les gens du réseau qui vous disent ça, évidemment, sont les gens
qui sont interpellés, on va dire, par le projet de loi. On comprendra, tout le
monde, que tous ceux et celles, peu importe leur niveau, qu'ils soient administrateurs, qu'ils soient médecins, vont vous trouver une formule
pour dire que, bon, bien, il y a tel risque de ceci ou de cela. On comprend ça,
là.
M. Caron (Régys)
: Mais quelle est la différence entre
les deux?
M. Barrette :
La différence entre les deux, c'est que nous
mettons en place une entité administrative qui a la responsabilité complète en
termes de gestion de l'organisation régionale de soins. Une agence, c'est censé être une organisation qui autorise des
budgets, qui décide d'orientations et ainsi de suite,
c'est censé être l'extension du gouvernement. Avez-vous constaté ça dans
le Québec, là? Bien, pas moi. En tout cas, je n'ai pas trouvé que ça
fonctionnait, puis tout le monde est d'accord
que ça ne faisait pas ça. Non seulement ça ne faisait pas ça, mais ça faisait,
des fois, le contraire. Pas toujours, mais c'est
arrivé.
Une administration hospitalière, ça a le
rôle d'organiser la dispensation de soins. Mais là tout ça est amalgamé, là,
dans l'organisation du CISSS. Il n'y a pas deux piliers de... je m'excuse, deux
niveaux de gestion dans le territoire.Il y en a un qui fait toutes ces fonctions-là dans
un cadre où le gouvernement donne des orientations, et ces gens-là ont à livrer
la marchandise dans un cadre imputable.
Comme j'ai dit au vice-président de la CSN,
qui a posé une excellente question ou qui a fait un excellent commentaire ce
matin : Le dialogue social doit rester.
Et je lui ai répondu la chose suivante :
Le dialogue social, là, ça veut dire que ça doit rester aussi avec le gouvernement.
Le gouvernement est là pour répondre à la population, et c'est par le dialogue social ou à la suite de ce
dialogue-là que des orientations ministérielles sont données, et les gens sur
le terrain ont à livrer la marchandise. Ça m'apparaît assez sain, là, par
rapport à ce qui se passe aujourd'hui.
La Modératrice
:English questions now.
M. Harrold (Max) : Mr. Barrette, you said you're open to what
you've been hearing, to making changes. Will you consider…
M. Barrette : Not… I'm sorry,
not changes but amendments.
M. Harrold (Max) : …amendments, I thought
they were the same thing. Will you consider, for example, creating a CISSS that would be essentially regrouping anglophone institutions on the Island of Montréal, for example? Because they say they will be represented but it will be diluted, their influence,
their impact. Are you hearing that? Is that something
you would consider?
M. Barrette : This is not
something that will happen because this is not the way it is designed today. Actually, on the Island of Montréal, there
will be two CISSSs, if you wish, that will be serving the English speaking
community on Montréal, and
those CISSSs will be managed by people from the community, which will be
Anglophones, obviously. So, I don't see the need to have two different CISSS in
order to achieve what we want to achieve. English speaking community, they want
to have a significant if not a majority control on their institutions, they will have that in those
two CISSSs. They want to have access to care in English, they will have that.
So, on the Island of Montréal, I don't see where the problem lies because if we
were to… and again, if we were to create a bigger CISSS, well, than we would go
back to the same kind of problem that we've already discussed.
M. Harrold (Max) : We just heard Mme Lamarre say that, in
fact, it's been a majority of the people that have come here, the large unions,
AQESSS doctors, she said, citizens groups, but yet you're hearing a different
story. Tell me a little bit about what you're encountering when you…
M. Barrette : From the field,
what we hear from the general public on the field, on the street, wherever we
go, people, what they're saying to us is quite simple :
Go on, don't stop. When we are… those things
that are said to us by the Anglophones :
Protects our rights. And I always answer that, yes, it will be protected. As we
speak, we have conversations with community leaders, as we speak, from the
anglophone community about the writing of some articles in the bill. We believe
that the way it is written today will protect their right to access to care in
English. They feel that it's the writing… the wording
is not strong enough. Fine. We are working on propositions that will address that. At the end of the day, those are the kind
of amendments that we will make to satisfy all
populations, including English speaking communities.
M. Vendeville
(Geoffrey) :
Mr. Barrette, you've heard people's concerns over the last three weeks, what kind of
amendments are your anticipating?
M. Barrette : Well again, as I said moments ago, we
heard concerns, as you say, and most of those
concerns are… based, I would say, and we can answer that. All concerns
that were addressed to us that were based on some aspects
of the application of Bill 10, we can address that. We will not
repeal that bill at this time, we will not do some... what some unions are
asking for, but from those coming from the grounding communities, those are
things that we can address.
M. Vendeville
(Geoffrey) : And, Mme Charlebois, a few
youth centers had said that their voices won't be heard in a CISSS that
includes a big hospital center, for example.
What do you think of that? Vous pouvez répondre en français, si vous le voulez.
Mme
Charlebois
: You're telling me that they don't
think that they are not going to be heard? Well, there is a seat for them at
the «conseil d'administration». And you know what? There's a law for youth
protection. So, of course they are going to be heard and of course they are going to have their place. And we won't let down our
youth, you know, it's a matter of priority. And, as
Mr. Barrette says, we'll see there is some amendments that can
comfort them but, as social services, youth protection and readaptation are
going to be a part of the project that… they are going to be more protected now
than they were never in the past.
M. Barrette : I can tell you
one thing : There's nothing I can decide in that area without the
approval of my colleague. And I can tell you one other thing :
We sent to those people, and I said it myself… they are… it's a specific
area where they do have some aspects of their practices that are different that
what we see in other fields, and we will protect that. And our goal was to make
sure that when things are going outside the specific aspect of their practices
like towards primary care or… and other things like that, we need to facilitate
the flow from their field of practice through what I call the more classic part
of our health care system. But about the specificity, it will remain and my
colleague will make so that it will remain.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. I thank you both.
M. Barrette : All right?
(Fin à 14 h 24)