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Point de presse de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux, et Mme Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique

Version finale

Thursday, November 13, 2014, 13 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinquante-six minutes)

M. Barrette : Alors, merci d'assister à ce point de presse. Comme vous le voyez, je suis accompagné de ma collègue Mme Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, aux Services sociaux et… Voilà. Alors, écoutez, on fait le bilan aujourd'hui des commissions parlementaires. Et j'ai entendu, évidemment, le point de presse de ma collègue critique à la santé, et je veux d'abord, mais avant tout faire le point sur un certain nombre de choses. Nous avons été élus le 7 avril dernier dans un contexte qui est très particulier. Et, en ce qui a trait à la santé, la population était très claire, elle veut du changement. Et elle veut du changement parce qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas dans notre système de santé, qui sont bien connues. Et, après certaines expériences passées, elle s'attend à ce que notre gouvernement fasse quelque chose, et le projet de loi n° 10 est définitivement un pas dans la bonne direction.

Je rappellerai que le Parti québécois a pris des décisions qui ont mis le système de santé québécois dans l'embarras et le désordre pendant presque 20 ans et que, dans son dernier mandat, il n'y a eu absolument aucune amélioration dans notre système de santé et particulièrement en ce qui a trait aux GMF, bien qu'évidemment le projet de loi n° 10 ne s'adresse pas à cet élément spécifiquement.

Le projet de loi n° 10, je l'ai dit lors de son dépôt, c'est un projet de loi qui vise à faire en sorte que le patient soit au centre des décisions et que l'on puisse terminer la réforme qui a été commencée en 2003, à savoir une intégration des soins et des services sociaux. Ça a été dit clairement, et c'est ce que ça fera, et je pense que c'est ce que la population s'attend.

Alors, je peux le dire, et je l'ai dit à plusieurs reprises, dans les commissions parlementaires, le projet de loi n° 10 ne s'adresse pas à l'accessibilité. Ce sera un élément auquel on va s'adresser par une autre voie sur laquelle, actuellement, nous travaillons. Mais le projet de loi n° 10 vise à mettre en place une structure dans laquelle va venir s'intégrer un certain nombre de mesures qui touchent tous les aspects du système de santé et des services sociaux. Le projet de loi n° 10 fera en sorte qu'il y aura une intégration verticale et horizontale de tous les soins et les services sociaux et il y aura aussi une imputabilité qui, pour une fois, sera introduite dans le système.

Alors, les décisions qui seront prises dans le futur seront en fonction du bénéfice des patients et, comme je l'ai dit dans une tournée d'administrateurs que j'ai faite il y a trois semaines, ce n'est pas compliqué, là, l'imputabilité, ça va commencer par ceci : posez-vous une question quand vous prenez une décision : Est-ce que c'est bon ou non pour le patient? Alors, l'accès sera réglé par un autre élément, et le cheminement du patient, dans notre système de santé, se fera d'une façon plus fluide, plus efficace, avec un maximum de qualité et certainement une quantité appropriée.

Alors, le projet de loi a certains éléments qui sont particuliers, on y a fait référence à plusieurs reprises, qui est celui des pouvoirs spécifiques du ministre. Je l'ai dit plus d'une fois, ces pouvoirs sont transitoires et ces pouvoirs ne dépasseront pas, évidemment, le mandat actuel. Et, comme je l'ai dit, la LSSSS sera réécrite, et elle sera réécrite dans ce mandat, et les pouvoirs qui existent, notamment en termes de nomination, reviendront à ce qu'on pourrait qualifier à certains standards qui sont connus dans le réseau. Mais, pour le démarrage de cette réforme, le ministre, c'est-à-dire moi-même, aura certains pouvoirs.

Je pense qu'il est important ici de retenir que les commissions parlementaires qu'on a eues aujourd'hui ont été faites dans un climat très particulier. Pendant trois semaines, on a vu l'opposition essentiellement déformer la réalité. Au lieu de s'adresser à des problématiques qui touchent les patients, l'opposition s'est attardée à des structures, et ça m'amuse beaucoup. C'est très ironique parce que le Parti québécois, qui critique le fait qu'on s'adresse trop aux structures et pas assez aux patients, bien, on n'a fait que des critiques à propos des structures. Alors, à un moment donné, à partir du moment où on dit que les pouvoirs, entre autres, du ministre sont transitoires et qu'on passe des heures, et des heures, et des heures là-dessus de la part de l'opposition, ça ne m'apparaît pas très constructif. Je pense que la CAQ a fait un travail tout à fait constructif, dans l'esprit des commissions parlementaires, qui est d'entendre des gens qui ont des critiques à formuler et des améliorations à suggérer. Et je l'ai dit, je le redis aujourd'hui, là, nous étions en mode écoute et nous le sommes.

59 groupes ont été entendus, 88 mémoires ont été déposés et nous l'avons dit, je l'ai dit personnellement à plusieurs reprises, chaque mémoire sera pris en considération, même si les gens n'ont pas été physiquement entendus lors des commissions parlementaires. Nous avons toujours dit que nous étions ouverts aux amendements, nous le sommes encore, et il y aura, évidemment, des amendements. Encore faut-il qu'on puisse se rendre, d'une façon, je dirais, fluide, dans l'esprit du projet de loi n° 10, à cette période. Alors, à cette étape-ci, nous espérons que l'adoption de principe du projet de loi se fera rapidement pour qu'on puisse passer encore plus rapidement aux amendements, à l'étude article par article pour discuter des amendements éventuels et adopter le projet de loi.

Ce projet de loi là est bénéfique pour la société et bénéfique pour les patients et je pense que nous avons tous intérêt à ce qu'il soit adopté le plus vite possible et mis en application le plus rapidement possible.

Je passe la parole à ma collègue Mme Charlebois.

Mme Charlebois : Merci, M. le ministre, Gaétan. Tout d'abord, bien, je ne veux pas reprendre tous les propos qu'a entretenus mon ministre, mais ce que j'aurais le goût de vous dire, c'est que, tout au long de la commission, on s'est affairés — parce qu'on parle de santé et services sociaux — à rassurer beaucoup les gens au niveau des services sociaux. Pourquoi? Parce qu'il y a des gens qui se sont intéressés, on va dire ça comme ça, à faire en sorte que les gens qui sont autour des services sociaux soient un petit peu inquiets, et ça m'a grandement déplu parce qu'honnêtement les usagers, les citoyens qui reçoivent des services ont besoin de ces services-là, et on a dit à maintes reprises, et mon collègue le ministre de la Santé et moi, qu'il n'était pas question d'affaiblir les services sociaux. Au contraire le projet de loi n° 10 va justement dans la veine de rassurer, protéger les budgets, faire en sorte qu'il y ait une reddition de comptes, et on a parlé beaucoup du maintien de l'expertise. Le ministre de la Santé est ouvert à ça puis, évidemment, moi aussi.

Alors, moi, ce que je veux encore dire aujourd'hui qui va s'ajouter aux propos de mon collègue le ministre de la Santé, c'est évidemment que les amendements qui seront éventuellement déposés iront dans ce sens-là encore davantage. Et je peux assurer les citoyens… parce que, comme je l'ai dit à un moment donné hier, pendant la commission, les services de santé et services sociaux, ce n'est pas en opposition, c'est souvent complémentaire. Les services sociaux sont souvent là en avant des services de santé, mais il arrive qu'ils soient après et même pendant le curatif. Alors, on ne peut pas diviser ça, on ne peut pas faire en sorte que ces gens-là soient traités comme deux citoyens. Non, non, Lucie Charlebois, c'est une personne, puis, quand je vais pour des services sociaux ou des services de santé, il peut arriver que j'aie besoin des deux services concomitants à la fois. Le projet de loi n°10 va exactement dans ce sens-là, de jumeler, de faire l'amalgame de tous les services et faire en sorte qu'il y ait une continuité, qu'on tienne compte du patient, de l'usager et du citoyen, tous dans la même personne. Et moi, je suis ravie de voir le projet de loi n°10, qui va commencer à être étudié éventuellement, et je souhaite que ça aille le plus rapidement possible, dans l'intérêt de notre population.

M. Robillard (Alexandre) : M. le ministre, pourquoi ne pas avoir inscrit dans le projet de loi dès le départ que certains pouvoirs du ministre seraient transitoires?

M. Barrette : Écoutez, je l'ai dit au dépôt, dans la première conférence de presse, que c'était une loi de transition. J'accepte la critique et je peux vous dire qu'il est tout à fait probable qu'un amendement soit fait au projet de loi pour qu'il y ait une date de fin de ces pouvoirs-là. Je n'ai aucun problème avec ça. Ça n'a jamais été conçu ni construit pour être un pouvoir permanent. Et j'ai même dit, et je le répète — et je le répète — je ne donnerais jamais ce projet de loi là, tel qu'il est écrit aujourd'hui, dans les mains de mon prédécesseur, par exemple, ni de quiconque au Parti québécois.

Mme Dufresne (Julie) : Juste pour bien comprendre, vous seriez prêt à l'écrire noir sur blanc que c'est un projet de loi qui est transitoire et fixer une date?

M. Barrette : Tout à fait. J'ai dit, je vous le redis... non, ça, je vous l'ai dit ce matin, là, mais ce projet de loi là, nous étions en mode écoute. Nous avons mis des balises au projet de loi et des finalités qui sont claires. En commission parlementaire, nous avons dit que nous étions prêts à entendre et à écouter les gens, et certainement à faire les amendements, et c'est ce qui sera fait. Je peux vous dire aujourd'hui qu'à toutes les critiques fondées, là, pour ceux qui sont venus vraiment parler du projet de loi n°10 et non de la politique gouvernementale complète, là, alors à ceux qui sont venus faire des critiques fondées sur le projet de loi n°10, il y a un amendement potentiel qui sera présenté et qui devrait répondre aux appréhensions des gens. C'est ça, une commission parlementaire, là.

M. Robillard (Alexandre) : Quels sont les pouvoirs, M. Barrette, à ne pas placer entre les mains de tous les ministres?

M. Barrette : Quoi?

M. Robillard (Alexandre) : Quels sont les pouvoirs à ne pas placer entre les mains de tous les ministres?

M. Barrette : Écoutez, essentiellement, aujourd'hui, le Parti québécois a passé essentiellement toute la commission parlementaire à débattre des pouvoirs qu'eux autres considèrent comme étant excessifs, malgré le fait que l'IGOPP ait considéré que c'était recevable. Alors, il n'y a aucun problème. Ces pouvoirs-là, tel qu'ils sont conçus aujourd'hui, je ne les donnerais pas à mon prédécesseur, ou à quiconque du Parti québécois, d'ailleurs, parce qu'à un moment donné ces pouvoirs-là, entre les mains de gens qui ont d'abord et avant tout une idéologie et non le service aux patients comme objectif, ça peut être un peu particulier. Moi, ici, actuellement, mon objectif est le service aux citoyens et la mise en place d'un système qui donne des résultats, et c'est ce que l'on va faire. Oui?

Journaliste : Quels sont les pouvoirs…

Mme Prince (Véronique) : C'est quoi, les autres ouvertures que vous êtes prêt à manifester? Parce qu'il va-tu en avoir d'autres, amendements? Par exemple, les critiques étaient sur la grosseur des territoires, entre autres.

M. Barrette : Alors, par exemple — c'est un bon point — nous, à l'intérieur du projet de loi, par exemple, si on prend la Montérégie, nous avions prévu une fragmentation dans la gestion du territoire. Je comprends que les gens, par exemple, préfèrent avoir des administrations indépendantes. O.K. Alors, nous sommes tout à fait disposés à faire des aménagements territoriaux de ce type-là, mais évidemment on ne va pas faire des aménagements pour revenir à la case départ. Mais des aménagements sont tout à fait possibles, et il y aura certainement des amendements qui seront proposés.

M. Caron (Régys) : Mais, M. Barrette, le réseau de la santé, infirmières, médecins, gestionnaires, même les patients, les gens du communautaire sont venus vous dire que votre projet de loi n'est pas acceptable. Est-ce que ces gens-là sont déconnectés ou est-ce qu'ils essaient de protéger leurs royaumes? Comment interprétez-vous cette opposition généralisée à votre projet de loi?

M. Barrette : Alors, l'opposition généralisée à laquelle vous faites référence, elle est organisationnelle. On est dans une période de négociation. Et je vous ferais remarquer que les groupes qui sont venus, essentiellement, sont de trois types : il y a les groupes que je qualifierai d'institutionnels, les professionnels de la santé, il y a le communautaire, qui a été très, très, très représenté — et c'était très bien, d'ailleurs, parce que leur discours a été très clair — et le milieu purement syndical. Bon, moi, je comprends que le milieu syndical… Je vous invite à réécouter la présentation qu'a faite la FTQ hier après-midi, on n'a pas prononcé le projet de loi dans la présentation de 10 minutes. Alors là…

M. Caron (Régys) : La CSQ, ce matin… un mémoire avec des suggestions, il me semble.

M. Barrette : Tout à fait. Alors, par exemple, des mémoires avec des suggestions. Puis je vous invite à regarder la dernière page du mémoire de la FIQ. Regardez la dernière page, on nous présente la possibilité de faire des économies d'impôt de 10 milliards de dollars en taxant tout le monde plus. Bien là, on tombe dans un agenda qui est d'abord et avant tout politique, qui tombe complètement en dehors du projet de loi n° 10, qui devient à ce moment-là une occasion de faire un autre débat.

Quand qu'on a reçu le communautaire, au contraire — ça, c'était extraordinaire — les gens sont venus nous parler de choses réelles, réelles, là, des problèmes quotidiens et d'inquiétudes. Alors, comme on nous a dit… Et là je vais même citer à cet égard-là la Protectrice du citoyen, qui nous a appuyés dans nos finalités. Elle nous a appuyés de a à z. Elle n'a fait qu'une mise en garde : Faites une transition bien ordonnée et claire, vous allez arriver à la destination que nous appuyons. La Protectrice du citoyen, là, elle est en faveur de notre finalité. Elle nous a mis en garde simplement sur la transition, on devait bien la faire. Bon, on a rapporté…

M. Caron (Régys) : La transition, c'est la loi, c'est le projet de loi.

M. Barrette : Bien oui, mais la… Non, la transition étant l'application de la loi comme telle. Alors, moi, je retiens, moi, ces éléments-là, comme je retiens les témoignages qui sont venus du communautaire, qui nous disent : Oui, oui, c'est vrai qu'il y a ces problèmes-là, c'est vrai que, si vous arrivez à régler ça, c'est très bien, mais on craint que... Évidemment, l'opposition officielle, elle, elle est embarquée dans le train de dire : Non seulement on craint que, mais vos craintes vont se réaliser. C'est vraiment ça qui va arriver, là, ça va être un désastre : on va privatiser le système de santé — qu'on n'a jamais annoncé — on va abolir, à toutes fins utiles, les sages-femmes, alors c'est… on ne parle pas de ça dans le projet de loi, et ainsi de suite. À un moment donné, là, la participation, entre guillemets, épouvantail à une commission parlementaire, je ne suis pas sûr que c'est constructif, et c'est ce que l'opposition officielle a décidé de faire. Moi, je pense qu'aujourd'hui on constate que… on constate deux, trois choses, là : Un, à la fin de ces commissions, de ces audiences-là, zéro personne, pas une seule personne ou organisation n'est venue supporter le maintien des agences, zéro. Vous n'avez pas entendu ça.

Essentiellement, à peu près personne en dehors du milieu syndical n'a contesté la finalité du projet de loi, personne. Tout le monde est venu dire : Oui, mais on a des craintes si ce n'est pas appliqué de la bonne manière. Parfait. On a des craintes et des critiques sur le pouvoir du ministre. Parfait. On a des craintes sur le maintien de l'accès aux services en langue anglaise. Parfait. Et là je pourrais continuer comme ça, là, mais je peux répondre par des amendements, essentiellement, à toutes les craintes. Mais, dans un contexte où personne n'a contesté ni la finalité du projet ni l'abolition des agences, est-ce qu'on peut travailler dans le bon sens tout le monde, puisqu'on s'entend là-dessus? Et, si vous me le permettez, ce matin, j'ai quand même réussi à faire admettre à la CSQ que ce qui a été fait à date, bien, ils s'en trouvaient satisfaits. Ce matin, là, et je l'ai dit, hein, personne, dans ces audiences, n'a remis en question la dernière réforme. Il y a des gens qui ont critiqué certains aspects, mais personne ne veut revenir à avant la réforme. Je les comprends, ils vont revenir aux temps du Parti québécois, quand le Parti québécois a mis le réseau à feux et à sang. Je comprends qu'ils ne veulent pas revenir là.

Alors, la réforme du premier ministre a eu des effets qui étaient positifs, qui ne sont pas contestés, qui sont imparfaits et qui, à la fin, après l'application du projet de loi n° 10, ça sera meilleur.

M. Robillard (Alexandre) :M. Barrette, c'est quoi les pouvoirs auxquels vous êtes prêt à renoncer? Et on a parlé de la nomination des…

M. Barrette : Je ne vous ai pas dit… Je m'excuse, excusez-moi.

M. Robillard (Alexandre) : …il y a eu la nomination des membres des conseils d'administration.Est-ce qu'il y a d'autres pouvoirs qui doivent demeurer transitoires? Est-ce que vous êtes capable juste de nous donner…

M. Barrette : Oui, alors, écoutez, les pouvoirs qu'on me reproche sont des pouvoirs, essentiellement, de nomination. Alors, le processus de nomination devrait, entre guillemets, se standardiser. Même aujourd'hui il est quasi standard. Je vous ferai remarquer qu'aujourd'hui, quand on nomme, au Québec, un directeur général d'un grand hôpital ou d'un petit hôpital, il y a un comité de nomination qui est mis en place par le conseil d'administration, il y a des candidats qui se présentent, il y a des premières évaluations qui sont faites pour faire une sélection, les sélectionnés sont interviewés, le ministre a un représentant sur le comité de nomination et, à la fin, il y a une nomination qui est proposée et approuvée par le ministre. Ce n'est pas très différent de ce qui est dans le projet de loi actuel. Et, comme je l'ai dit à tous les gens qui sont dans le réseau, il n'y a pas un seul administrateur, actuellement, dans le réseau qui n'aura pas la possibilité de postuler pour ces postes-là, aucun. La seule chose que j'ai dite, et c'est très simple, lorsque la filtration sera faite, là — actuellement le filtre se fait par le conseil d'administration, il va falloir le nommer, le conseil d'administration — on nommera un groupe d'experts qui aura le mandat, non pas la commande de nommer un individu, le mandat de faire une évaluation des candidatures basée sur la compétence en termes de gestion et sur la connaissance suffisamment approfondie du milieu. Après ça, ces gens-là qui seront présélectionnés, oui, c'est vrai que je vais faire une sélection. Ce n'est pas très différent de ce qui se passe aujourd'hui.

Alors, ce mode de nomination là, tel qu'on le connaît aujourd'hui, devrait revenir. Alors, ça ne sera pas le ministre, là, qui va faire le même exercice dans le futur. Par contre, il est de la responsabilité d'un ministre, lorsqu'il constate que ça ne fonctionne pas dans un milieu, d'intervenir. Dans le passé, il y a eu des situations problématiques. Je ne reviendrai pas sur ce qui a fait les manchettes, mais le gouvernement était tardif dans son intervention. Je pense qu'aujourd'hui, à la fois on doit avoir une imputabilité chez les gestionnaires et aussi la capacité pour le ministre d'intervenir si ça va mal. Comme je disais au vice-président de la CSN ce matin, si la CSN vient me voir pour me dire : Regardez, là, Dr Barrette, là, ça va mal dans tel CISSS, puis on pense que le problème est à la direction et que mes officiers me confirment là chose, bien là il va bien falloir que quelqu'un intervienne. Si le CISSS lui-même n'a pas le pouvoir de s'autoréguler, il faut que quelqu'un les régule. Alors, je ne vois pas où est le problème.

Mme Dufresne (Julie) : M. le ministre, vous avez dit que l'opposition est essentiellement organisationnelle, les syndicats et au communautaire. Très bien. Mais est-il possible qu'il n'y ait pas d'opposition populaire parce que les gens ne comprennent pas encore exactement comment ça va s'articuler et quels impacts ça va avoir dans leurs vies?

M. Barrette : Eh bien, c'est exactement le contraire, madame. Parce que, quand on va sur le terrain et quand on va rencontrer des administrateurs, comme moi, hier soir, pendant trois heures, bien, moi, je constate que, un, les administrateurs sont prêts à aller dans cette direction-là, mais on n'est pas dans un climat où va aller se vanter d'être en faveur de ça, là, ce n'est pas ça. Et, sur le terrain, la population, on nous dit constamment : Continuez. Pourquoi ils nous disent ça? Parce que ça fait des années que ça ne change pas et que ça n'avance pas dans le système de santé, et ils veulent avoir des résultats.

La population ne s'attend pas à ce qu'on résout tout, là, la population s'attend à ce qu'on prenne des décisions qui vont aller dans la direction de. La population ne s'attend pas à ce qu'on marche sur les eaux, mais la population ne tolérera pas que rien ne soit tenté. Et la population constate qu'il y a de la bureaucratie. La population constate que le cheminement est difficile. La population est d'accord que les soins sont de bonne qualité, mais la population constate que ça ne fonctionne pas.

Et, quand on est rendus à marcher sur la rue puis se faire arrêter par des gens qui nous donnent leurs exemples personnels de ceci et de cela, bien, je les comprends, moi, la population, de vouloir que quelqu'un fasse quelque chose. Et je peux vous dire que la population nous dit une chose : N'arrêtez pas. Peu importe où on va, dans les grands centres, dans les milieux plus ruraux, en périphérie, c'est ça qu'on entend : N'arrêtez pas. On n'arrêtera pas.

Mme Dufresne (Julie) : Vous avez entendu ça souvent?

M. Barrette : Pardon?

Mme Dufresne (Julie) : Vous avez entendu ça souvent?

M. Barrette : On n'entend que ça. Je n'ai pas rencontré un seul administrateur, un seul employé — et j'en rencontre — ni un citoyen qui nous a dit d'arrêter, aucun. Il n'y a personne, là, qui a la peur bleue de ce qui est décrit par l'opposition comme étant essentiellement l'apocalypse, personne.

M. Caron (Régys) : Dr Barrette, est-ce que les centres intégrés de santé et de services sociaux, est-ce que ce n'est pas les agences de santé sous un autre nom?

M. Barrette : Pas du tout. Non, pas du tout. Parce qu'à ce moment-là, si c'était ça, ils seraient où, les établissements?

M. Caron (Régys) : Bien, les gens du réseau, ils nous disent ça.

M. Barrette : Bien oui, mais les gens du réseau qui vous disent ça, évidemment, sont les gens qui sont interpellés, on va dire, par le projet de loi. On comprendra, tout le monde, que tous ceux et celles, peu importe leur niveau, qu'ils soient administrateurs, qu'ils soient médecins, vont vous trouver une formule pour dire que, bon, bien, il y a tel risque de ceci ou de cela. On comprend ça, là.

M. Caron (Régys) : Mais quelle est la différence entre les deux?

M. Barrette : La différence entre les deux, c'est que nous mettons en place une entité administrative qui a la responsabilité complète en termes de gestion de l'organisation régionale de soins. Une agence, c'est censé être une organisation qui autorise des budgets, qui décide d'orientations et ainsi de suite, c'est censé être l'extension du gouvernement. Avez-vous constaté ça dans le Québec, là? Bien, pas moi. En tout cas, je n'ai pas trouvé que ça fonctionnait, puis tout le monde est d'accord que ça ne faisait pas ça. Non seulement ça ne faisait pas ça, mais ça faisait, des fois, le contraire. Pas toujours, mais c'est arrivé.

Une administration hospitalière, ça a le rôle d'organiser la dispensation de soins. Mais là tout ça est amalgamé, là, dans l'organisation du CISSS. Il n'y a pas deux piliers de... je m'excuse, deux niveaux de gestion dans le territoire.Il y en a un qui fait toutes ces fonctions-là dans un cadre où le gouvernement donne des orientations, et ces gens-là ont à livrer la marchandise dans un cadre imputable.

Comme j'ai dit au vice-président de la CSN, qui a posé une excellente question ou qui a fait un excellent commentaire ce matin : Le dialogue social doit rester. Et je lui ai répondu la chose suivante : Le dialogue social, là, ça veut dire que ça doit rester aussi avec le gouvernement. Le gouvernement est là pour répondre à la population, et c'est par le dialogue social ou à la suite de ce dialogue-là que des orientations ministérielles sont données, et les gens sur le terrain ont à livrer la marchandise. Ça m'apparaît assez sain, là, par rapport à ce qui se passe aujourd'hui.

La Modératrice :English questions now.

M. Harrold (Max) : Mr. Barrette, you said you're open to what you've been hearing, to making changes. Will you consider…

M. Barrette : Not… I'm sorry, not changes but amendments.

M. Harrold (Max) : …amendments, I thought they were the same thing. Will you consider, for example, creating a CISSS that would be essentially regrouping anglophone institutions on the Island of Montréal, for example? Because they say they will be represented but it will be diluted, their influence, their impact. Are you hearing that? Is that something you would consider?

M. Barrette : This is not something that will happen because this is not the way it is designed today. Actually, on the Island of Montréal, there will be two CISSSs, if you wish, that will be serving the English speaking community on Montréal, and those CISSSs will be managed by people from the community, which will be Anglophones, obviously. So, I don't see the need to have two different CISSS in order to achieve what we want to achieve. English speaking community, they want to have a significant if not a majority control on their institutions, they will have that in those two CISSSs. They want to have access to care in English, they will have that. So, on the Island of Montréal, I don't see where the problem lies because if we were to… and again, if we were to create a bigger CISSS, well, than we would go back to the same kind of problem that we've already discussed.

M. Harrold (Max) : We just heard Mme Lamarre say that, in fact, it's been a majority of the people that have come here, the large unions, AQESSS doctors, she said, citizens groups, but yet you're hearing a different story. Tell me a little bit about what you're encountering when you…

M. Barrette : From the field, what we hear from the general public on the field, on the street, wherever we go, people, what they're saying to us is quite simple : Go on, don't stop. When we are… those things that are said to us by the Anglophones : Protects our rights. And I always answer that, yes, it will be protected. As we speak, we have conversations with community leaders, as we speak, from the anglophone community about the writing of some articles in the bill. We believe that the way it is written today will protect their right to access to care in English. They feel that it's the writing… the wording is not strong enough. Fine. We are working on propositions that will address that. At the end of the day, those are the kind of amendments that we will make to satisfy all populations, including English speaking communities.

M. Vendeville (Geoffrey) : Mr. Barrette, you've heard people's concerns over the last three weeks, what kind of amendments are your anticipating?

M. Barrette : Well again, as I said moments ago, we heard concerns, as you say, and most of those concerns are… based, I would say, and we can answer that. All concerns that were addressed to us that were based on some aspects of the application of Bill 10, we can address that. We will not repeal that bill at this time, we will not do some... what some unions are asking for, but from those coming from the grounding communities, those are things that we can address.

M. Vendeville (Geoffrey) : And, Mme Charlebois, a few youth centers had said that their voices won't be heard in a CISSS that includes a big hospital center, for example. What do you think of that? Vous pouvez répondre en français, si vous le voulez.

Mme Charlebois : You're telling me that they don't think that they are not going to be heard? Well, there is a seat for them at the «conseil d'administration». And you know what? There's a law for youth protection. So, of course they are going to be heard and of course they are going to have their place. And we won't let down our youth, you know, it's a matter of priority. And, as Mr. Barrette says, we'll see there is some amendments that can comfort them but, as social services, youth protection and readaptation are going to be a part of the project that… they are going to be more protected now than they were never in the past.

M. Barrette : I can tell you one thing : There's nothing I can decide in that area without the approval of my colleague. And I can tell you one other thing : We sent to those people, and I said it myself… they are… it's a specific area where they do have some aspects of their practices that are different that what we see in other fields, and we will protect that. And our goal was to make sure that when things are going outside the specific aspect of their practices like towards primary care or… and other things like that, we need to facilitate the flow from their field of practice through what I call the more classic part of our health care system. But about the specificity, it will remain and my colleague will make so that it will remain.

La Modératrice : Merci beaucoup. I thank you both.

M. Barrette : All right?

(Fin à 14 h 24)

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