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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins, M. Sébastien Schneeberger, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de santé publique, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, November 20, 2014, 9 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures six minutes)

Mme Bois (Geneviève) : Bonjour à tous, merci d'être avec nous ce matin. Merci d'être venus pour ce point de presse où on lance notre campagne 10 dans 10. Je m'appelle Geneviève Bois, je suis la porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Je suis avec ma collègue, Mme Mélanie Champagne, qui est directrice des questions d'intérêt public à la Société canadienne du cancer, puis aujourd'hui, on est là pour introduire une campagne dans laquelle on lance un objectif au Québec, on lance un objectif au gouvernement du Québec, qui est de viser 10 % de tabagisme dans 10 ans. Une publicité a été publiée ce matin dans sept quotidiens : LaPresse, Le Soleil, La Tribune, LeDroit, Le Nouvelliste, Le Quotidien et La Voix de l'Est, qui a été endossée par plus de 50 groupes du domaine large de la santé, des groupes qui endossaient cet objectif ambitieux là de réduire le tabagisme au Québec.

Pourquoi on lance cette campagne? Pourquoi on demande tout ça? En fait, il est grand temps, au Québec, là, de se donner un objectif concret de réduction du tabagisme. On ne peut pas simplement se contenter du statu quo. Et donc c'est le but de la campagne, le 10 dans 10. Le taux de tabagisme au Québec, en ce moment, est de plus de 20 %.

Mme Champagne (Mélanie) : On lance cette campagne-là après plus de neuf ans d'inaction législative au Québec et malgré que le tabagisme demeure la première cause de mortalité, et c'est 100 % évitable. On entend, des fois, dire que la lutte au tabagisme est gagnée. Je ne pense pas qu'on puisse dire ça aux 200 personnes qui meurent à chaque semaine du tabac. Il n'y a aucun autre produit de consommation qui tue tant de gens. C'est une catastrophe perpétuelle qui ne fait pas la manchette. Et pourtant, je ne sais pas si vous avez déjà vu quelqu'un qui décède d'une maladie reliée au tabagisme, mais c'est beaucoup de souffrances. On parle de pas capable de manger seul, pas capable de se laver. C'est épouvantable, et il faut que ça cesse.

En 2012, le Dr Couillard disait avec raison que le tabagisme demeure un fléau. On est bien d'accord avec lui, et le fléau, c'est que ça n'a pas changé depuis huit ans. Ça, ça veut dire que, si le tabagisme stagne depuis huit ans, que pour chaque personne qui meurt il y a un fumeur de remplacement, et c'est un jeune. Et les jeunes commencent, en moyenne, à 12 ans et demi. 12 ans et demi, c'est l'été entre le primaire et le secondaire. Ce n'est même pas encore des adolescents. C'est des enfants qui commencent à fumer.

Le tabagisme est responsable du tiers des journées d'hospitalisation, le tiers des lits sont occupés par des patients dont la maladie est liée au tabagisme. Ça nous coûte aussi collectivement 4 milliards par année à un moment où les finances publiques n'en peuvent plus, sont à bout de souffle. 4 milliards par année contre 1 milliard de taxes que ça rapporte, je pense qu'il faut arrêter de dire que c'est payant pour le gouvernement.

Et je pense que je terminerai en disant que 650 jeunes s'initient au tabagisme à chaque semaine. Et ça, c'est la semaine passée; la semaine prochaine, ça va continuer. Alors, on doit se doter d'un objectif ambitieux, et très clair, et précis sur où on veut aller dans la lutte au tabagisme au Québec.

Mme Bois (Geneviève) : Il est grand temps, au Québec, qu'on se fixe des objectifs qui sont concrets puis qui sont chiffrés de réduction du tabagisme. Un problème qui est aussi grave que celui du tabagisme, qui est aussi dramatique, qui est aussi perpétuel, qui cause autant de souffrances, mais aussi de coûts à notre société, on ne peut pas se permettre de ne pas traiter un problème de cette taille-là avec un grand sérieux. Puis là avoir du sérieux quand on en vient au tabagisme, c'est de se dire où on veut aller, qu'est-ce qu'on vise au Québec. On ne peut pas se permettre de rester à 21 % pour toujours. On ne veut pas que cette catastrophe-là, que 10 000 personnes par année, ça se répète année après année. Donc, nous, on propose de viser 10 % dans 10 ans.

En 1998, la Loi sur le tabac a été adoptée pour la première fois au Québec, puis on était perçus, partout dans le monde, comme un leader. On était le leader du contrôle tabagique. En 2005, quand la loi a été révisée par Dr Couillard, encore une fois, c'était une loi qui était ambitieuse, c'était une loi qui était forte, avec des mesures portantes. Encore une fois, c'était une loi qui a été vue, de par le monde, comme un exemple à suivre.

Malheureusement, on a perdu cette place de leader depuis plusieurs années. Le tabagisme stagne. On n'a pas de nouvelles mesures depuis neuf ans. Pendant ce temps-là, d'autres pays ont continué d'innover, puis c'est des pays qu'on devrait voir comme des modèles pour le Québec. Je pense à l'Australie, qui a atteint un taux de tabagisme de 12,8 %, le plus bas au monde, grâce à une politique rigoureuse au niveau du prix, l'emballage neutre et standardisé puis des campagnes de prévention qui sont percutantes. Je pense aussi à la France qui récemment s'est visée… s'est donnée trois objectifs très précis pour dans cinq, 10 et 20 ans. C'est un modèle qui est vraiment à suivre pour le Québec, puis on espère qu'au Québec aussi on va justement se doter d'un objectif comme ça, qui est ambitieux et porteur.

10 % dans 10 ans, c'est baisser de 1 % par année. C'est quelque chose qu'on a déjà fait au Québec. On a déjà baissé de 1 %, le tabagisme, par année. Pour chaque pourcentage qu'on diminue au Québec, c'est 41 millions de dollars récurrents qui vont être économisés par l'État. On pense qu'il est vraiment temps de reprendre cette ambition qu'on avait en 1998 et en 2005, de retrouver cette ambition-là de réduire le tabagisme au Québec,et puis de la garder bien vivante pour atteindre ce message porteur là.

Merci beaucoup. Je vais maintenant céder la parole aux trois députés qui nous accompagnent. D'abord, Mme Diane Lamarre, du Parti québécois; puis M. Sébastien Schneeberger, de la Coalition avenir Québec; et puis finalement M. Amir Khadir, de Québec solidaire. Merci.

Mme Lamarre : Merci beaucoup. Écoutez, les 200 patients dont on a parlé, les 200 personnes qui décèdent par année, moi, dans ma pratique, j'ai fait beaucoup de soins palliatifs, et, pour moi, ces personnes-là, elles ont un nom, elles ont un visage, elles ont des souffrances que j'ai vues réellement, et c'est terrible. Et c'est… Si on était conscients davantage de tout ce que ça comporte comme conséquences, le fait de fumer, alors que c'est une des causes évitables, c'est la cause évitable qui génère le plus de décès et sans compter les années de difficultés respiratoires… Il y a des gens qui sont en perpétuelle situation… comme s'ils avaient toujours à courir après leur souffle. comme s'ils étaient en train de se noyer, pratiquement. Alors, c'est très, très dur, ce type de conséquence du tabagisme.

On ne porte pas de jugement sur les gens qui fument oui qui ont commencé à fumer il y a plusieurs années parce qu'on n'avait pas les connaissances qu'on a maintenant. On espère de tout coeur que ces gens-là vont faire la démarche, et plusieurs d'entre eux la font, et on les félicite. Mais on doit travailler sur nos jeunes. Il n'y a plus aucune raison pour qu'un jeune commence à fumer en 2014, et ça, il faut que le message soit clair. C'est un produit toxique qu'on met dans nos poumons et qui va causer des conséquences désastreuses.

Alors, je pense qu'on doit vraiment, vraiment passer rapidement à notre révision législative. On a besoin de ces mesures-là, et il y a des mesures concrètes dans ça qui sont… qui ont des impacts sur la population. Alors, on appelle la ministre déléguée à vraiment passer rapidement en mode révision de la législation et on joint la coalition pour assurer qu'on va atteindre notre objectif de 10 % dans 10 ans. Je pense que c'est quelque chose qui est un beau défi pour les Québécois. On aime relever ces défis-là, et je pense qu'on est capables, tous ensemble, d'y arriver avec une collaboration, une compréhension des enjeux et surtout avec la perspective de protéger nos jeunes pour qu'ils ne commencent jamais à fumer. Je laisse la parole à M. Schneeberger.

M. Schneeberger : Alors, bon matin à tous, Mme Bois, Mme Champagne, chers collègues. Je joins ma voix et celle de mon parti, ce matin, pour justement demander que, dans la prochaine politique, qu'il y ait des objectifs chiffrés clairs et… parce qu'il faut mettre des priorités, des cibles. Et surtout, qu'il y ait une approche très coercitive et… au niveau des jeunes, au niveau des écoles… parce que, bon, il y a des personnes, comme Mme Lamarre disait tout à l'heure, qui sont plus âgées, qui ont développé des habitudes au niveau du tabac, on les comprend, ce n'est pas évident d'arrêter. Mais surtout la guerre à faire, c'est vraiment au niveau des jeunes, c'est là que… les nouveaux qui commencent au niveau des écoles, c'est là qu'il faut mettre vraiment l'attention avec des campagnes de sensibilisation et autres et dire, enfin pour tout, que le tabac, les cigarettes, ce n'est pas une… c'est «out».

Alors, ça, je pense qu'au niveau de la loi il faudra que ce soit très clair. Et c'est comme ça, tous ensemble, qu'on va pouvoir faire une approche cohérente, et ne pas faire de la politique, mais en faire une politique claire pour tout le monde. Merci.

M. Khadir : Alors, comme parti, nous sommes ici, dans le fond, avec la coalition pour lutter contre le tabagisme, pour dire que, quand il y a une volonté politique, dans les pays où il y a une volonté politique, et cette volonté politique a été maintenue par des mesures législatives, par des objectifs, le tabac a reculé. Et ce dont on a besoin, c'est d'une volonté politique renouvelée au Québec, comme il y en a eu il y a à peu près une dizaine d'années, de vraiment prendre des mesures qui cadrent avec les objectifs à long terme, d'où l'idée que propose la coalition, qui n'a rien d'excessif, mais a tout du raisonnable, c'est-à-dire de viser une réduction sensible d'ici une dizaine d'années, soit de réduire de moitié la consommation du tabac au Québec.

On est à 20 %. Viser 10 %, c'est dans les capacités de notre société, pourvu qu'il y ait une volonté politique, des mesures législatives, de l'argent pour appuyer les campagnes. Je sais que la coalition en a, l'Association pulmonaire du Québec en a, il y a des perspectives quant à la possibilité de taxer le toxique, comme toutes les sociétés modernes en font la promotion, que ce soit pour l'essence, que ce soit pour le tabac. Donc, il y a une série de mesures qui ont besoin de l'intervention forte du médicament.

Alors, comme médecin, comme pharmacienne, comme citoyen, comme, en fait, parents et enfants de personnes dans notre entourage qui ont souffert du tabac, qui peuvent être victimes du tabagisme, de ce côté plus laid du capitalisme, hein… on en parle aujourd'hui à propos de CN et du pont, mais le capitalisme, parfois, a des visages relativement laids. Et là on a une industrie qui empoisonne notre monde, et cette industrie-là fait énormément de bénéfices. Et ce n'est pas une politique à chaque 10 ans qui suffit. Il ne faut pas baisser la garde, et on est là pour dire au gouvernement du Québec : Il est temps, il est plus que temps qu'au Québec, collectivement, politiquement, on refasse, disons, nos devoirs et qu'on agisse politiquement avec un objectif clair, soit de réduire le tabac et son utilisation de moitié en 10 ans. Merci.

Mme Bois (Geneviève) : Merci beaucoup. On va prendre les questions…

M. Corbeil (Michel) : Vous proposez un objectif, mais je ne vois pas trop, trop les moyens. Vous parlez vaguement de réviser la loi. C'est quoi, au juste… c'est quoi, les moyens pour atteindre l'objectif?

Mme Bois (Geneviève) : Nous, on propose un objectif aujourd'hui parce qu'on n'en a pas au Québec. On ne pense pas qu'il faut réviser la loi pour réviser la loi. Il y a énormément de mesures qui sont à notre portée, qui sont excellentes, qui sont basées sur des données probantes, qu'on pourrait mettre en place. On en recommande plusieurs, on a une liste de recommandations qu'on fait depuis longtemps, par rapport à la révision de la loi, parce qu'elle se fait attendre depuis très longtemps.

Il n'y a pas une seule mesure qui va réduire le tabagisme de 21 % à 10 % au Québec. Il va falloir une politique qui est cohérente. C'est certain qu'une politique cohérente, ça va devoir passer par une révision de la Loi sur le tabac. Dans cette révision-là, il va falloir qu'il y ait un certain nombre de mesures. C'est certain qu'il faut continuer de s'intéresser au prix, on a les cigarettes les moins chères au Québec de tout le Canada, mais il va falloir s'intéresser aussi à l'aromatisation des produits. Si les jeunes commencent à 12,7 ans, c'est parce qu'il y a des petits cigares à la cerise puis qu'il y a des cigarettes au menthol qui sont attirantes, qui sont mises dans des emballages qui ont l'air d'un emballage de jouet. Donc, il va falloir s'attarder à l'emballage, à l'aromatisation, au prix, à la prévention. Il y a plusieurs choses auxquelles il faut s'attarder.

Les mesures, elles sont déjà là. Par contre, on pense qu'il ne faut pas juste mettre en place les mesures, il faut aussi dire où est-ce qu'on veut aller. On ne pense pas qu'on peut continuer de stagner avec 1 %. C'est inacceptable qu'on accepte, année après année, que 10 000 personnes de plus décèdent du tabagisme. C'est tout à fait à notre portée de changer le cours des choses, c'est simplement une question de volonté. Il y a des États où ça a été fait, on pense qu'on peut le faire au Québec. On a déjà eu cette capacité-là. Malheureusement, en ce moment, on ne le fait plus.

M. Corbeil (Michel) : Vous n'êtes pas rassurés par la ministre qui dit : La révision, ça va aller… je dépose un projet de loi…

Mme Champagne (Mélanie) : On est très contents, en fait, que la ministre se soit avancée sur la révision d'un projet de loi. Ceci étant dit, ça passe par un objectif. Tout plan, tout bon plan passe par : on se dote d'un objectif chiffré puis, après ça, on prend les moyens pour y arriver.

Il y a quelques années, au Québec, on s'est donné un objectif chiffré, un objectif administratif, je dirais, qui était de 16 %, d'atteindre 16 % de taux de tabagisme en 2012. On est à 21 % environ et on a dépassé 2012 parce qu'on n'a jamais eu objectif politique. Là, ce qu'on demande, c'est une révision politique. Après ça, on déterminera les objectifs pour y arriver.

En même temps, on a quand même vu passer trois gouvernements depuis la dernière révision de la Loi sur le tabac. On attend toujours. Donc, c'est très encourageant de voir que Mme Charlebois s'avance, mais on aimerait maintenant qu'elle aussi chiffre ses objectifs pour y arriver.

M. Khadir : Bien, si je peux me permettre, Michel, votre question vient justement cerner pourquoi la coalition mise sur des objectifs plutôt que des mesures. Il y a 10 ans, on a adopté des mesures puis on s'est contenté de dire : Les mesures sont en place, ça y est, la bataille est gagnée. Mais les mesures en elles-mêmes, si elles ne sont pas rattachées à l'atteinte d'objectifs, peuvent se perdre, et c'est ce qui est arrivé. C'est qu'actuellement on stagne parce qu'il n'y a pas eu de volonté politique attachée à l'atteinte… la déclaration qu'on doit atteindre un objectif au bout de tout ça, d'où l'importance d'insister que, si on fait tout ça dans le fond, ce n'est pas juste pour mettre des mesures en place, mais c'est pour arriver à quelque chose. Et je pense que c'est très raisonnable, compte tenu de ce que d'autres pays ont fait, de viser 10 points de réduction, donc de passer de 20 % à peu près à 10 % en 10 ans.

Mme Champagne (Mélanie) : Et j'ajouterais que le Dr Couillard, en 2005, a vraiment fait tout en son pouvoir, à cette époque-là, pour atteindre… pour lutter contre le tabagisme. Vraiment, la loi était costaude, la loi était ambitieuse, la loi était complète pour l'époque, mais les temps ont changé, puis je pense que maintenant on est dû pour une révision tout aussi ambitieuse. On ne veut pas se contenter de mesures à la pièce, on veut vraiment quelque chose de cohérent, de global, puis 10 dans 10… 10 %, donc, dans 10 ans, c'est ce qu'on souhaite que la ministre endosse.

M. Corbeil (Michel) : M. Couillard avait signé, avec M. Rochon, évidemment, le père de la Loi sur le tabac, une lettre incitant le gouvernement de l'époque — c'était un gouvernement du Parti québécois — à justement réviser la loi. Est-ce que vous savez pourquoi?

Mme Bois (Geneviève) : C'est la citation de M. Couillard qui est sur la publicité, qu'il a écrite en 2012 avec M. Rochon, avec Dr Rochon, par rapport à…

M. Corbeil (Michel) : Savez-vous, Mme Lamarre, pourquoi le Parti québécois n'a pas procédé à cette révision-là? Il y a quand même eu 18 mois, il n'y a pas eu de dépôt de projet de loi, rien, depuis…

Mme Lamarre : Bien, je sais que c'était dans les priorités. Pendant les 18 mois où on était là, c'était quelque chose qui était en priorité. Pourquoi ça n'a pas été complété, je ne le sais pas, mais c'était quelque chose qui était vraiment priorisé.

Moi, je vous dirais que ce qu'on décode aussi de ce message-là, c'est l'importance d'investir dans la santé publique. Vous savez, la prévention et la santé publique, ce sont les grands oubliés dans nos budgets de santé, et ça, c'est déterminant. Regardez la statistique : un tiers des coûts encourus par les journées d'hospitalisation au Québec sont directement attribuables au tabagisme. Écoutez, ce n'est pas banal. Donc, même sur un plan économique, on a toutes les raisons du monde de vouloir travailler pour que cette situation-là change au Québec. Mais tout ce qui est prévention, il faut y accorder les budgets nécessaires, il faut y mettre l'énergie nécessaire. Et je pense qu'on a eu des beaux succès avec des campagnes, par exemple sur l'alcoolisme, sur l'alcool au volant, on a vu l'intensité qui a été mise. Ça fait longtemps qu'on a vu cette intensité-là au niveau de la prévention du tabagisme. Et il y a toutes sortes de stratégies parce qu'effectivement il faut transformer ce qu'on est en train de réintroduire.

Il y a actuellement, du côté de l'industrie des produits du tabac, des nouvelles stratégies qui viennent séduire nos jeunes avec des approches qui sont très, très attrayantes, qui sont des approches… Vous savez, quand on fait des saveurs de cigarettes électroniques à la gomme balloune, là, ce n'est pas pour aider les gens de 60 ans à arrêter de fumer. Alors, on vient vraiment actuellement réintroduire des stratégies pour amener les jeunes à commencer à fumer, et ça, c'est vraiment quelque chose… Il faut réagir et il faut réagir rapidement.

M. Corbeil (Michel) : Si je comprends bien, la cigarette électronique, en tout cas, sinon à bannir, c'est à…

M. Khadir : Ça doit faire partie de la réflexion.

Mme Lamarre : Ça doit faire partie de la réflexion, et il y a une place pour la cigarette électronique, mais cette place-là, elle est pour certains sous-types de fumeurs et elle n'est certainement pas pour qu'on puisse en faire quelque chose qui est une normalité pour les jeunes et qui est attrayant pour les jeunes. Je pense qu'on doit être prudents, très, très prudents. Mais il y aura une réflexion à faire là-dessus.

M. Corbeil (Michel) : Une dernière question. Pourquoi personne du gouvernement n'est là? Est-ce que vous avez invité la ministre déléguée à la santé?

Mme Bois (Geneviève) : En fait, aujourd'hui, on interpelle le gouvernement. On est ravis que Mme Charlebois se soit engagée à réviser la loi. Je ne doute pas de ses bonnes intentions, je suis certaine qu'elle veut réviser la loi, et puis on espère que ça va se faire rapidement au printemps, puis c'est ce qu'elle a dit aussi. Donc, on espère que ça va se faire avec des mesures fortes.

M. Corbeil (Michel) : Mais vous ne l'avez pas invitée.

Mme Bois (Geneviève) : Par contre, ce matin, on a décidé de lancer un appel au gouvernement. Il y a trois porte-parole en matière de santé qui ont décidé de se joindre à nous. Tout comme les 50 endosseurs de cette publicité-là, c'est des groupes qui disent : L'objectif de 10 dans 10, c'est quelque chose qu'on trouve porteur, c'est quelque chose que, nous aussi, on veut atteindre. Je serais ravie que la ministre dise : Oui, 10 % dans 10, c'est un objectif qu'on veut atteindre. Ça serait idéal.

Par contre, aujourd'hui, on lance une question, on espère que la réponse sera positive, mais on n'est pas dans les mesures, on n'est pas dans les détails. Si la loi est révisée au printemps, c'est excellent. Par contre, on ne veut pas réviser une loi pour réviser une loi, c'est pour ça qu'aujourd'hui on vous parle d'un objectif. On pense qu'au Québec on est rendus à un point où il faut se dire où est-ce qu'on veut aller, puis nous, on pense qu'on devrait viser 10 % dans 10 ans. Il ne faut pas adopter des mesures simplement pour adopter des mesures. Il y a des choses qui pouvaient se faire quand on avait 40 % de tabagisme puis il y a des choses qui ne peuvent pas se faire. À 20 %, il y a des nouvelles choses qu'on peut faire puis il y a d'autres choses qu'on ne peut pas encore faire qu'on pourra faire quand on sera à 10 %.

Là où on est rendus au Québec, c'est de se dire : On veut aller là. On ne veut pas se contenter, là, de fluctuer entre 18 % puis 25 %. On ne veut pas que le taux de tabagisme se maintienne, puis que des jeunes fumeurs, qui ont en général 12 ans, commencent à fumer pour remplacer ceux, de peine et de misère, qui arrêtent de fumer ou qui malheureusement en décèdent. On veut arriver à 10 % dans 10 ans. On pense que plus que 10 %, c'est inacceptable d'accepter ça aujourd'hui au Québec. Un fardeau qui est 100 % évitable, on devrait toujours vouloir perpétuellement le réduire. Le tiers de nos lits d'hôpitaux tous les jours, tous les ans, ce n'est pas une situation qu'on doit accepter.

S'il y a un message, en fait, là, que je voudrais réitérer ce matin, c'est que ce taux de tabagisme là de 21 %, là, ce n'est pas une fatalité au Québec. On a comme un peu accepté qu'on était rendus là, qu'on avait fait ce qu'on avait à faire, puis là on a arrêté. On pourrait être à 12 % comme l'Australie, on pourrait être à 10 %, on pourrait être à 8 % si on voulait. Il ne faut pas accepter ça comme une fatalité puis il ne faut pas accepter ça comme une catastrophe qui continue à arriver. On en est rendus un peu immuns, mais on ne devrait pas l'être parce que ces 10 000 personnes là, justement, elles ont un visage, puis c'est 10 000 personnes qui meurent dans des terribles souffrances faisant souffrir 10 000 familles.

Puis 4 milliards de dollars, dans un État comme le Québec, ce n'est pas de l'argent qu'on a à perdre. Le tiers de nos lits d'hôpitaux, là, ça ferait une fichue différence pour nous comme médecins dans les salles d'urgence, ça ferait une fichue différence pour nous sur les étages des hôpitaux. Si on veut réduire la pression sur le système de santé, la première chose à faire puis la chose la plus importante à faire, c'est de réduire le tabagisme.

M. Vendeville (Geoffrey) : Que pensez-vous d'une taxe sur la cigarette électronique?

Mme Bois (Geneviève) : On n'a pas de position sur une taxe sur la cigarette électronique parce que la taxation du tabac, c'est une mesure qui est excessivement efficace pour réduire la consommation. Par contre, en ce moment, on n'a pas le désir de réduire la consommation de cigarettes électroniques. C'est un sujet, en soi, qui doit être abordé. On veut, bien sûr, s'assurer de protéger les non-fumeurs et puis les jeunes de ces saveurs attrayantes là, par exemple, ou d'un certain marketing, puis la révision de la loi doit inclure la cigarette électronique, mais je suis tout à fait confiante que la ministre va le faire et va bien le faire, là. C'est un sujet qui est important puis qui est nouveau.

Par contre, la taxation du tabac, c'est très important, c'est une des mesures qui a été la plus efficace au Québec et partout dans le monde, puis on a encore les cigarettes les moins chères de tout le Canada et de loin, loin derrière l'Ontario, loin derrière la moyenne canadienne. Donc, c'est certainement une mesure qui a été sous-utilisée, là, dans les dernières années au Québec, puis on espère un certain rattrapage. En fait, toute hausse de taxe, en ce moment, là, c'est à peine du rattrapage parce qu'on est tellement loin de la moyenne canadienne qu'on n'est pas encore en véritablement hausse, mais c'est certain que c'est quelque chose qu'il va falloir aborder, là, dans les prochaines années.

M. Vendeville (Geoffrey) : Et puis vous parlez pour toute la coalition?

M. Khadir : Écoutez, c'est parce que c'est des mesures qui ne peuvent pas être prises à la pièce. S'il faut parler de la taxe sur les cigarettes électroniques, il faut parler aussi de leur accessibilité, si ça doit être accompagné d'une consultation médicale pour ne pas que ça soit une introduction aux fumées, plutôt pour mettre fin à l'usage du tabac.

Donc, je pense que ça fait partie d'une panoplie, et c'est à dessein que la coalition tente aujourd'hui de dire : Au-delà de ces mesures individuelles, puis on peut en nommer 10 autres, c'est surtout une volonté d'arriver à un objectif. Parce qu'on peut installer les mesures, si ce n'est pas rattaché à un objectif, bien, en cours de route, bien, on ne sait pas si ça a fait l'affaire ou pas parce que, dans le fond, c'est juste des mesures. Il faut un objectif : réduire de moitié la consommation, atteindre une baisse de 10 %... en fait, 10 points de pourcentage en 10 ans.

Mme Champagne (Mélanie) : Mais je pense qu'il faut préciser aussi que, quand on taxe le tabac, pourquoi on taxe le tabac de façon aussi importante, pas assez importante selon nous. Bien, c'est parce que c'est pour compenser pour les coûts de santé, les soins de santé qui sont encourus, alors que cette même logique là ne s'applique pas, pour le moment, à la cigarette électronique. On n'a pas de données là-dessus.

Mme Plante (Caroline) : If I may in English. What has changed since 2005 or 2012? What's new in the world of tobacco?

Mme Bois (Geneviève) : Lots of things are new, and that's why actually we are stagnating, as far as the smoking rate in Québec. Since the mid-2000… so around 2005, we started seeing a lot a flavoured products arriving on the market. It was all over Canada but in Québec in particular. We've seen that that's really what is getting our youth smoking now. We were actually seen the smoking rates go down as far as cigarettes, which is a traditional way that we're looking at smoking rates, but now we do have to look at usage of all tobacco products because there is a significant difference.

If you look at youth, about 12% are using cigarettes, but about 20% are using all tobacco products in general, and that means they're using flavoured small cigars, or smokeless tobacco, or shisha, but there are definitely not just using the cigarettes, and the flavors are really the beginning of smoking. It's really smoking with training wheels. You start with a small cigar that's cherry flavored or caffe latte and then you eventually graduate to adult cigarettes. Menthol is also a very important flavor, it's the most popular flavor amongst youth. That's what a third of young people in Québec have smoked in the past month. They have chosen menthol because it sooths the throat. It makes it seem better, it makes it seem nicer to smoke. So flavored tobacco is definitely a very big part of why youth smoking rates have not bulged.

So, as cigarettes were going down, small cigars went up. So that's one big tactic that happened recently. But also the packaging has been very crucial. So we've seen packages get smaller, get prettier, get shinier, and that's why also we're pushing for plain packaging, because right now there are many billboards. Every single package is now a little promotional message for youth, something that they can share together.

Mme Plante (Caroline) : Where do e-cigarettes come in?

Mme Bois (Geneviève) : E-cigarettes are quite different, because they can be used in a variative way. Right now, one of the concerns is that we're seeing a lot of promotion that resembles what we've used to see, we were used to see before, as far as tobacco. So there definitely needs to be some restrictions put on the type of advertising or the type of product and who had sold you. It's not OK that it's accessible to minors legally, right now.

But it's a product that can be used in many ways. We don't want to impact the access for adult smokers that would like to use electronics cigarettes in a way of reducing and quitting tobacco eventually. What we do need to keep... to be mindful of youth and their... and non-smokers.

So what we are suggesting at the coalition is that we actually bring electronic cigarettes within the law on tobacco, which will do three things mainly : it would ban sales to minors, it would ban the use and places where tobacco is currently not permitted, and finally with limited advertising, but that would not touch access for adult smokers whatsoever.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Khadir, the Government's inaction on this issue, what does it say about prevention in this province?

M. Khadir : Well, unfortunately, as it was said by my colleague, Mme Lamarre, prevention is the forgotten... prevention is, unfortunately, not very well supported in Québec. We know that what we spend in preventive measures is allowing us to make a lot of economies downward. But unfortunately the way our system has been managed so far is that we spend very little on prevention. And, imagine, we understand very well that in tobacco... for the use of tobacco, if we can just curb down only a percentage of smoking rate in the long-term, 10 years, 15 years, 20 years from now, we'll be saving billions of dollars. But, to our discontent, the reality is: our governments don't put enough on prevention.

Mme Plante (Caroline) : Mrs. Lamarre, is this really your intention to block Bill 10… use filibuster on Bill 10? What are your intentions?

Mme Lamarre : Oh! I will try to make my best for this bill, but, for now, we have... we asked our minister to give us the full picture of this reform. For now, we only have one piece of the puzzle and we can not support this because we don't have anything that support the first article of this project, which is increasing access, which is the major... what the population needs and asks for. And 64 groups came and asked for this increase in accessibility, and we don't have anything about that, and the project says that it will support access.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Barrette says he has amendments already, you know, written up. Are you going wait to see what those amendments are?

Mme Lamarre : I'm sorry.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Barrette has amendments to present. Are you going to wait to see what the amendments are before choosing to block the bill?

Mme Lamarre : Je m'excuse.

M. Khadir : M. Barrette a des amendements.

Mme Plante (Caroline) :Il y a des amendements. Il y a des amendements qui sont écrits. Are you going to wait to see those amendments before...

Mme Lamarre : Yes. Until now... Sorry, that was the «amendment» I didn't... For now, the amendments that he said he would agree are mostly geographic, you know. He will probably suggest a second CISSS in Montérégie, for example, instead of only one. He will just cut somewhere differently or merge certain regions. So, until now, we don't have a confirmation that he will agree to other amendments. We will ask him if he opens it, but, as I told, we need to have a complete perspective of what is in it because we have... we will suffer from this first part of... of the first step of the project. And, if we don't have the confirmation and all the plan, it's very difficult to support this kind of bill.

Mme Plante (Caroline) : So will you block it?

Mme Lamarre : For now, we will collaborate. I will collaborate as long as I can and I hope he will understand and he will listen, because he has to listen. He said that we don't want to listen; he has to listen. He is the one who started this. I asked to all the groups, almost all groups if... Have you been consulted? He never consulted nobody. So he has to listen and to make changes, not only cosmetic changes, but he has to really understand that this bill will have a lot of impact and will paralyze many, many, many sectors of our health care system, and that is not what we need. We need access for now.

M. Khadir : If I may add something, Mr. Barrette pretends that the Opposition is blocking his bill.

Mme Plante (Caroline) : That's what he's saying.

M. Khadir : Yes. But let me say something. If this bill is passed as Mr. Barrette intends to do, the system will be blocked for many years. The last change in structure that we introduced in Québec, that was less substantial than this one, brought our system to a stalemate for years. We are just getting out of the problems we had to endure in the public system, in the health system, because of the last one. So he will be blocking our health system for many years if something is not done to stop his bill.

Mme Lamarre : And I think he underestimates the impact of this project, on the way people will have to work on different things that are not patient care.

M. Khadir : Merci beaucoup de votre attention.

(Fin à 9 h 36)