(Onze heures trente-huit
minutes)
M. Roberge :
Bonjour. Il me fait plaisir de m'adresser à vous aujourd'hui pour revenir sur
la période de questions et sur ce que le ministre nous a dit. Ça a été extrêmement
difficile de comprendre ce qu'il nous a dit. En fait, je pense, comme on dit des fois, ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. Manifestement,
la réforme ou les modifications que les libéraux essaient de faire ne se
conçoivent pas bien parce qu'ils ne savent absolument pas où ils s'en vont,
comme en bien d'autres domaines. Le problème, c'est que la population ne peut
plus suivre ce ministre qui improvise encore, et encore, et encore, jusqu'à
perdre la confiance des gens, perdre la confiance de l'Assemblée et de tous les
intervenants en éducation. On le voit dans les médias, on le voit depuis ce qui
est sorti.
Alors, on est dans une situation grave parce
que, suite aux résultats des élections scolaires, où 95 % des gens ne sont
pas allés voter, le statu quo est évidemment intenable. D'ailleurs, le ministre
et le premier ministre l'ont dit. Par contre, si on refuse le statu quo, bien,
il faut proposer quelque chose. Manifestement, le gouvernement, et particulièrement
le ministre de l'Éducation, n'a absolument rien à
proposer. D'un ballon d'essai à l'autre, là, il nous a dit dernièrement
qu'il voulait fusionner des commissions scolaires. Je pense qu'il n'a aucune
idée pourquoi il veut les fusionner. Il sent qu'il faut faire quelque chose,
alors il va fusionner. Il est incapable de nous dire combien d'argent on
pourrait économiser. Il est incapable de nous dire si on pourrait économiser de
l'argent. Talonné de questions, il précise sa pensée d'une réponse à l'autre.
Il nous dit qu'il voudrait peut-être donner plus de pouvoir aux écoles. Encore
une fois, il ne sait pas comment.
Ce matin, j'ai interpellé directement le
premier ministre pour qu'il joue son rôle et qu'il confie cette importante
réforme, cette réforme majeure qu'on doit faire avec nos institutions
scolaires, à quelqu'un qui sera capable de mener le navire à bon port. En ce
moment, j'ai l'impression que le navire de l'éducation
erre, erre sans capitaine.
Il faut
se rappeler les déclarations du ministre de l'Éducation depuis qu'il est là.On va de
gaffe en gaffe, quand on ne parle pas de primes. Il nous a dit qu'on n'avait
pas besoin de livres dans nos bibliothèques scolaires. Il nous a dit qu'il
fallait couper dans les services aux élèves. Il a autorisé des hausses de taxe
scolaire sans qu'il n'y ait aucun service
supplémentaire pour les élèves. Il nous a dit qu'on pouvait baisser les
exigences au cégep.
Manifestement, il est hors de sa zone de
confort, et je dirais même hors de sa zone de compétence. C'est pourquoi, ce
matin, j'ai demandé au premier ministre de confier cet important ministère à
quelqu'un de plus qualifié, quelqu'un qui pourra mener la réforme à bon port.
Merci.
La Modératrice
: Questions?
M. Caron (Régys)
: Le ministre Bolduc n'a plus de
légitimité, dites-vous? Vous demandez sa tête?
M. Roberge :
Tout à fait. Je pense qu'il est temps,
vraiment, là, de passer ce ministère à quelqu'un qui,
manifestement, sait de quoi il parle. On parle
du ministère de l'Éducation, là, et c'est très large, là, on part du primaire
jusqu'à l'université, et on a un ministre qui
improvise et qui y va par essais-erreurs, puis manifestement, à date, c'est
surtout par erreurs et erreurs. Donc, si on joue aux serpents et échelles, là,
les échelles seraient rares.
M. Caron (Régys)
: Mais, dans le cas de son projet de
fusionner les commissions scolaires, il n'est pas un peu tôt pour dire que
c'est une erreur? Parce que, bon, on annonce une
intention. Est-ce qu'il n'y a pas lieu d'attendre quel sera le résultat?
M. Roberge :
Mais c'est qu'on n'a plus confiance en ce ministre-là,
qui est allé de gaffe en gaffe depuis sept mois. Normalement, quand on annonce
une mesure, en fait, on commence par annoncer où est-ce qu'on s'en va. C'est
quoi, la vision du ministre? Où est-ce qu'il veut atterrir? Là, il fait
décoller l'avion, là : On va fusionner
des commissions scolaires, nous a-t-il dit. Il n'a aucune idée où est-ce qu'il
s'en va. Quels pouvoirs il veut garder? Quels pouvoirs il veut déléguer aux
écoles? C'est une improvisation…
M. Ouellet (Martin)
: Qu'en savez-vous?
M. Roberge :Bien, parce qu'on le questionne et qu'il n'a rien
d'autre à nous servir que des lieux communs. Et d'ailleurs ceux qui lui parlent
nous disent la même chose. Et on voyait, là, que les réactions d'à peu près
tous les intervenants scolaires sont du même acabit, c'est-à-dire : Où est-ce qu'on s'en va, là? Comme si on
avait besoin d'encore plus d'insécurité.
M. Ouellet (Martin)
: Non, mais le projet de
loi — excuse-moi, Régys — c'est
après les fêtes. C'est ça qu'on comprend.
Aujourd'hui, vous devriez avoir le plan par le menu? C'est
ça que vous dites?
M. Roberge :
S'il pouvait nous dire honnêtement sa vision, où
est-ce qu'il s'en va. S'il nous dit qu'il va déposer le projet de loi
après les fêtes, bien, il ne peut pas nous déposer le projet
de loi avant les fêtes, je le comprends.Je
le comprends, mais, avec toutes les gaffes
qu'il a faites depuis qu'il est là, il a besoin de
rassurer, pas juste de dire :
Savez-vous quoi? Je vais brasser les structures, je ne sais pas trop comment ça
va finir, je vous en reparle dans deux mois, salut!
Ce n'est pas de ça dont le réseau scolaire a besoin. Puis je pense que c'est un secret de polichinelle, là, il y aura un remaniement à un moment donné. Tant qu'à faire un
remaniement, bien, faisons-le tout de suite parce que ça serait… Déjà, c'est une catastrophe, je pense, que de confier à ce ministre-là la réforme qui
s'en vient. S'il faut en plus qu'on change de ministre au milieu de la réforme,
je pense que ça serait le comble.
M. Caron (Régys)
: Le fait qu'il ne puisse pas chiffrer
les économies souhaitées avec les fusions, est-ce que ce n'est pas ça qui fait déborder le vase pour vous?
M. Roberge :
Oui, exactement. Ce matin, je lui ai posé la question pour voir, justement, là. Il nous dit qu'il va faire des fusions.
J'imagine qu'il visait des économies d'échelle. Il y a une armée de
fonctionnaires, des gens compétents qui travaillent pour lui. Je ne sais même
pas s'il leur a posé la question. Il est incapable de nous dire combien d'économies
il va faire. Quand je lui ai demandé combien, ce matin, on l'a bien vu, il a
été incapable de nous dire combien. Quand? En temps
et lieu. Alors, quand je vous dis qu'on navigue à vue, là, c'est ça.
M. Ouellet (Martin)
: Mais vous réclamiez sa démission, à un certain moment, à
cause de la prime, mais là vous ne réclamez plus sa démission, vous
réclamez qu'il change de ministère. C'est un
petit peu… Est-ce que c'est ça?
M. Roberge :
Non, je réclame toujours. C'est juste que je
ne peux pas dire la même chose à tous les jours et répéter sans cesse. Il a
perdu, je pense, la confiance des Québécois, là, la
confiance du peuple avec son histoire de prime,
là. Il s'est fait prendre les mains
dans le plat de bonbons, puis il en a remis quelques-uns, puis il s'est sauvé avec le
reste. Donc, ça, c'est maintenu, et il me
semble que c'est évident, il n'a pas fait
amende honorable là-dessus. Sauf que le premier ministre a fait le choix,
l'erreur de le laisser en poste. Et là on voit que ce n'est
pas juste une question, là, d'éthique, c'est une
question de compétence.Et c'est ce qu'on voit depuis quelques mois, on a un problème de compétence. Il est
manifestement incapable de diriger ce ministère-là
correctement. Donc là, je demande au premier ministre : Écoutez, je ne sais pas si vous voulez le
garder dans le Conseil des ministres, là, mais, s'il vous plaît, pas en
éducation.
La Modératrice
: Merci beaucoup.
M. Roberge :
Merci. Au revoir.
(Fin à 11
h 45)