(Neuf heures trente-six minutes)
Mme
Maltais
: Je
veux vous parler ce matin du texte qui est apparu dans LaPresse,
qui concerne spécifiquement la filature qu'il y a eu auprès de gens du Parti
libéral. Évidemment, en dehors de ce que là on sait, qu'il y a eu quand même
une fin tragique à cette filature, il y a une famille qui est extrêmement
éprouvée. Dès le départ, je veux dire que je ne traiterai pas de cela, mais que
nous continuons à éprouver beaucoup de compassion pour la famille, et, dès le
premier jour, nous avons posé les questions pour essayer de comprendre et que,
de ce côté-là, nous attendons tout simplement, comme tous les Québécois, comme
la famille, des explications du Directeur des poursuites criminelles et
pénales.
Maintenant, au sujet de ce matin, Philippe
Couillard est devenu chef du Parti libéral en avril 2013. Nous apprenons ce
matin qu'il y a eu une importante enquête ouverte par l'UPAC en août 2013, donc
après qu'il soit devenu chef du Parti libéral, et que des filatures étaient
nécessaires auprès de dirigeants du Parti libéral. Ces filatures ont eu lieu en
février 2014, soit un an après qu'il soit... presque un an après qu'il soit
devenu chef du Parti libéral. Pourtant, depuis le début, depuis qu'il est chef
du Parti libéral, Philippe Couillard a toujours dit : Nous collaborons,
nous collaborons entièrement aux enquêtes.
Or, pour avoir droit à une filature, il y
a des critères. Il faut que les enquêtes soient très importantes et qu'elles
touchent à des crimes graves. Philippe Couillard a ordonné à ses troupes, ses officiers
et à tous ceux qui ont obtenu un poste de direction, dans le passé, du Parti
libéral de collaborer. Il doit aujourd'hui ordonner à ses troupes de
collaborer. Il doit faire un signal clair, public, que ces officiers doivent
collaborer.
Deuxièmement, Roberto Iglesias, secrétaire
général du gouvernement, doit faire la même chose aux hauts fonctionnaires, car
ce que nous apprenons dans ce texte aussi, c'est que de hauts fonctionnaires
seraient impliqués. Philippe Couillard a failli à la tâche comme chef de
l'opposition officielle, il ne peut pas et ne doit pas faillir à la tâche comme
premier ministre. Je rappellerai la citation, je citerai le premier ministre
quand il avait appris qu'il y avait eu une... quand il y a eu une perquisition
au Parti libéral le 18 septembre 2013, il a dit ceci : «Le passé est là.
On ne le refera pas. On va l'assumer. On va s'assurer que les gens aient à
répondre de leurs actes.»
Ce que je lis ce matin dans ce texte de LaPresse
veut dire que le passé, il serait en train de le refaire. Ça veut dire que le
passé, il ne l'assume pas et, pire, qu'il serait en train d'impliquer de hauts
fonctionnaires. Alors, le texte laisse entendre qu'il y aurait collusion pour
couvrir la corruption. C'est quelque chose de très sérieux.
Je demande une dernière chose après ces
deux gestes qui doivent être posés de façon très sérieuse de la part du premier
ministre et du secrétaire général. Enfin, c'est qu'il y aurait des officiers de
l'État ou de hauts fonctionnaires qui ont été impliqués et qui sont couverts
par l'enquête; je voudrais savoir s'il y a encore des hauts fonctionnaires, qui
sont au service de l'État, qui sont couverts par ces enquêtes. Le premier
ministre doit s'en assurer que plus aucun haut fonctionnaire qui pourrait être
impliqué dans de la collusion soit au service de l'État. Imaginez-vous ce que
ça veut dire si moi, comme ministre, j'ai travaillé avec quelqu'un qui pourrait
être couvert par ces enquêtes sans savoir — c'est ça que ça veut dire — ou
qui serait encore actuellement au service de l'État. Nous devons avoir un
signal que... Je ne veux pas connaître... Je veux savoir, à tout le moins,
qu'ils ne sont plus au service de l'État.
Mme Biron (Martine)
:
Mme Maltais, est-ce que vous pensez que le premier ministre était au courant de
ces informations-là?
Mme
Maltais
: Je
ne sais pas s'il était au courant, mais je sais une chose : il y a des
dirigeants du Parti libéral qui seraient au courant. Et c'est lui, le chef du Parti
libéral, c'est à lui à assumer, et à nous dire, et à ordonner qu'il y ait collaboration.
Il y a des filatures parce qu'il n'y a pas collaboration sur des crimes graves.
C'est terrible.
Mme Biron (Martine)
: Quels
dirigeants seraient au courant, selon vous?
Mme
Maltais
:
C'est à Philippe Couillard de répondre. C'est le chef du Parti libéral, et il y
a des filatures. On apprend dans le texte que l'UPAC est obligée de filer, de
faire des filatures autour d'anciens dirigeants du Parti libéral parce qu'ils
ne collaborent pas.
Mme Biron (Martine)
:
Mais vous pensez que l'UPAC aurait informé des gens au Parti libéral ou des
gens au cabinet de M. Couillard?
Mme
Maltais
: M.
Couillard, lui, s'est-il informé? Il a ordonné à ses troupes de collaborer. Il
doit envoyer un signal clair et ordonner à ses troupes de collaborer. Il l'a
dit lui-même, tout le monde le sait. Nous, là, on collabore. Il faut qu'il
collabore.
Mme Biron (Martine)
:
Vous prétendez que M. Couillard aurait... doit s'informer régulièrement auprès
de l'UPAC pour savoir...
Mme
Maltais
: M.
Couillard doit s'informer auprès des gens du Parti libéral. Il est chef du Parti
libéral, c'est à lui à faire le ménage dans ses troupes. Actuellement, il a dit :
Nous collaborons. Il assume, là, il dit publiquement : Nous collaborons.
Il sait qu'il a un pouvoir sur ses troupes, c'est lui qui est le chef du Parti
libéral. Il dit : Nous collaborons, puis on apprend qu'il y a des
filatures parce qu'on ne collabore pas. C'est au chef du Parti libéral, il est
premier ministre.
Journaliste
: Ce n'est
pas possible qu'il y ait une filature même si le Parti libéral collabore?
Mme
Maltais
: Le
texte nous dit : Il y avait filature parce qu'il n'y avait pas collaboration.
Je lis le texte, c'est ce que je lis.
M. Lacroix (Louis)
: M.
Parent a été nommé directeur du Parti libéral au moment où M. Charest arrive
comme premier ministre, autour de 2003, si je ne m'abuse. Philippe Couillard
arrive à peu près au même moment, il est élu dans l'élection de 2003. À votre
avis, est-ce que c'est possible que M. Couillard, qui occupait un poste très
important, qui était un des hommes de confiance de M. Charest à l'époque, n'ait
pas été au courant de cette histoire sur laquelle enquête l'UPAC?
Mme
Maltais
: Un
jour, l'UPAC nous apprendra, je le souhaite… fera des poursuites. J'espère que
tout ça va résulter, là, puis qu'on finisse par savoir ce qui s'est passé. Puis
on saura tout ce qui s'est passé un jour.
Ceci dit, pour les… moi, ce qui
m'inquiète, là, c'est qu'aujourd'hui, aujourd'hui, au Parti libéral, on ne
collabore pas. Et le texte laisse entendre… écoutez bien, là, ces mots-là… le
texte laisse entendre qu'il y aurait collusion pour couvrir la corruption entre
des hauts dirigeants du Parti libéral et des hauts fonctionnaires. C'est très
sérieux. C'est très, très, très sérieux. Aïe! Il faut que le premier ministre
nous dise ce qu'il va faire, qu'est-ce qu'il va ordonner à ses troupes… de
collaborer. Il faut que les gens, qui actuellement collaborent aux enquêtes de
l'UPAC, parlent. Le texte nous dit que, tout à coup, depuis à peu près fin
2013, début 2014, les gens ne veulent plus parler, ils sont obligés de faire
des filatures. C'est sérieux, c'est très grave.
Mme Prince (Véronique)
:
Est-ce que vous allez jusqu'à prétendre que le manque de collaboration qui mène
à des filatures peut nuire à la sécurité du public?
Mme
Maltais
:
Écoutez, ce qui nuit à la sécurité du public, c'est qu'il y ait corruption,
O.K., qu'il y ait collusion et corruption. Ça, on le dénonce depuis des années.
Là, on est en train d'essayer… Nous, là, tous les parlementaires, on dit :
Nous voulons nous débarrasser de ça. Tout le monde s'assume et dit :
Écoutez, il faut qu'il y ait un ménage complet. Mais là, s'il n'y a pas
collaboration de la part de hauts dirigeants du Parti libéral, s'il y a des
rencontres entre des hauts dirigeants du Parti libéral et des fonctionnaires,
il y a un problème.
Mme Prince (Véronique)
:
Mais est-ce que ce manque de collaboration met en danger la sécurité du public?
Mme
Maltais
: Je
ne peux pas vous répondre à cette question pour le moment. Je n'ai pas les
éléments de l'enquête, sur ce quoi elle touche.
M. Boivin (Simon)
: Sur
les hauts fonctionnaires, là, vous dites que le premier ministre doit s'assurer
que les gens qui sont présentement sous enquête par la police ne sont plus au
service de l'État et ne peuvent pas sévir présentement, comme ils auraient pu
le faire, là, disons, sous votre règne. Vous dites : Ça se peut que j'aie
travaillé avec des gens comme ceux-là. Mais je vois mal comment le premier ministre
pourrait être au courant des gens qui sont sous enquête par la police.
Mme
Maltais
:
Bien, il peut peut-être parler aux gens du parti Bien, c'est… il peut peut-être
parler au Parti libéral.
M. Boivin (Simon)
:
Vous pensez que les gens au Parti libéral vont…
Mme
Maltais
:
Les hauts dirigeants du Parti libéral doivent s'assurer de donner l'information
au premier ministre pour que l'État soit libéré de toute pression. Voyons!
C'est important. Moi, ce qu'il y a dans ce texte-là ce matin, là, je le trouve
extrêmement sérieux et grave. Je trouve ça très sérieux. Des filatures, ça ne
se fait que quand il y a un manque de collaboration et qu'il y a des crimes
graves, importants. Ça coûte de l'argent, c'est du monde, c'est des policiers.
Alors, comment ça se fait qu'on a besoin
de filer des hauts dirigeants du Parti libéral pour qu'ils collaborent? Aïe! Ce
n'est pas ça que je m'attendais du chef de l'opposition officielle, quand il
était chef de l'opposition, et ce n'est pas ça que je m'attends d'un premier
ministre.
Mme Biron (Martine)
:
Mais ça peut être aussi pour valider des informations. Ce n'est pas nécessairement
l'unique critère d'une filature.
Mme
Maltais
:
Bien, c'est parce que tu files quand tu n'as pas la collaboration. Lisez le
texte, lisez le texte. Je lis le texte, je lis ce qu'il y a dans le texte.
Alors, je vous remercie beaucoup.
M. Lacroix (Louis)
:
Une dernière question, Mme Maltais. O.K. Parce que vous avez dit tout à l'heure
que vous ne vouliez pas revenir sur l'histoire du petit garçon, mais je...
Mme
Maltais
:
Oui, c'est parce que c'est à côté puis c'est tellement triste, ce qui est
arrivé.
M. Lacroix (Louis)
:
Non, non, puis je suis d'accord avec ça, sauf que M. Cloutier, en Chambre cette
semaine, a demandé à Mme Vallée d'intervenir. On ne savait pas toute cette
histoire-là, mais est-ce que les faits qui sont révélés dans l'article qui... Justement,
là on sait qu'ils répondaient à un appel... en fait, qu'ils étaient en
filature, etc. Est-ce que ça justifie toujours la demande de M. Cloutier faite
à Mme Vallée d'intervenir dans ce... pour qu'il y ait des accusations portées,
à votre avis? Parce que je comprends que c'est triste, mais M. Cloutier a fait
cette affirmation-là.
Mme
Maltais
: O.K.
Regarde, cette affirmation-là, je m'en souviens très bien, M. Cloutier, parce
qu'on a pesé nos mots. Ce qu'on a demandé, et ce que tous les Québécois
demandent, comme la famille le demande, c'est qu'on ait l'information, c'est
que le DPCP, qui est celui qui a décidé qu'il n'y aurait pas de poursuite,
rencontre la famille d'abord et ensuite qu'il livre aux Québécois — parce
qu'il doit le faire normalement, il s'est un peu engagé à ça, d'ailleurs il y a
un écrit là-dessus — et qu'on comprenne un peu les circonstances de
la chose, pourquoi il n'y a pas de poursuite. Ça, c'est ce qu'on a demandé.
Elle a dit qu'ils le feront, et même le
DPCP nous a dit qu'il irait publiquement. Alors, on attend les explications du
DPCP. Si vous nous demandez ce qu'on pense du fait que quelqu'un roule à 122
kilomètres-heure dans une zone de 50, là, c'est qu'on est aussi révoltés que
les Québécois. Mais on attend les explications. Merci.
M. Hicks (Ryan) : Est-ce que
vous pouvez dire juste un petit peu en anglais?
Mme
Maltais
:
Non, je suis désolée. Merci.
(Fin à 9 h 47)