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Point de presse de M. Mario Laframboise, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'affaires municipales et d'occupation du territoire

Version finale

Monday, November 24, 2014, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures quarante-huit minutes)

M. Laframboise : Bonjour. Aujourd'hui, nous voudrions réagir aux déclarations du ministre des Affaires municipales et ainsi que celles du premier ministre au cours des dernières semaines, par rapport à pas de hausse de taxes, ni de coupes de services dans le milieu municipal. Je vous dirais que ce n'est pas pour rien, les villes… vous n'avez pas vu grand budgets de villes disponibles, parce que les villes, les 1 100 municipalités du Québec, sont à faire et refaire, pour plusieurs, leurs budgets. Donc, pour les contribuables municipaux du Québec, c'est une journée grise, c'est un temps gris par cet automne.

Pourquoi je vous dis ça? Parce que le gouvernement nous a mentionné que l'effort qu'il demandait aux municipalités — je les ai entendus, même, tantôt, le président du Conseil du trésor — était raisonnable. Souvenons-nous, c'est un effort de, disait-il, de 1,2 % sur les revenus des villes. Évidemment, vous allez comprendre, ça comprend les revenus globaux. Je ne vais pas faire une guerre de chiffres, là, mais 1,2 % sur les revenus globaux, quand on parle du 300 millions, là, c'est… donc, sur les revenus globaux de 19 milliards, c'est 1,2 %. Mais sur les revenus de perception de taxes et de tarifs, celles pour lesquels les villes contrôlent, c'est 10,9 milliards de revenus qui proviennent des taxes. Donc, l'effort est de 2,61 %. Donc, plusieurs villes qui ont communiqué avec nous nous ont dit que c'était un… sur leurs budgets, c'est de 4 % à 5 % d'effort sur le compte de taxes, ce qui pourrait dire une augmentation de taxes de 100 $ par résidence pour la prochaine année. Donc, c'est vers ça qu'on est présentement.

Pourquoi on vous dit ça? Parce que l'effort, il est phénoménal, et, encore une fois, les solutions… il n'y a pas de miracle en politique municipale. Les 1 100 municipalités qui sont à préparer leurs budgets n'ont pas de miracle. La première solution, c'est les coupures de services. Ça, on coupe aux citoyens et on coupe maintenant aux entrepreneurs, aux services aux entrepreneurs, parce que souvenez-vous qu'il y a 55 % de la facture des CLD qui ont été envoyés dans les MRC qui, elles… ce n'est pas des miracles. Ils font des quotes-parts qui sont payées par les villes. Donc, présentement, pourquoi certaines villes retardent? C'est que les MRC étaient à revoir tous leurs investissements dans les CLD, donc, d'où les retards pour certains d'avoir leurs chiffres et de préparer… et d'où la… Quand je vous dis qu'ils sont en train de refaire leurs budgets, c'est une des parties de la réponse à cette question.

Deuxièmement, on coupe… on retarde les investissements. Donc, l'autre solution, c'est de retarder les investissements. Quand on veut récupérer des sous, bien, on retarde les investissements, et, si vous me dites que c'est une bonne solution, peut-être que pour certains… sauf que… souvenons-nous du déficit des infrastructures au Québec. Deloitte & Touche, en 2011, estimait à 34 milliards le déficit des villes en infrastructures au Québec. Donc, on peut toujours leur dire : Vous pouvez retarder les investissements, mais, encore une fois, vous passez dans les mêmes nids-de-poule que je passe. Souvent, c'est simple de dire : On les remplit, les nids-de-poule, mais le problème, souvent, c'est la route elle-même, là. Quand il y a une rue ou une route qui a plusieurs nids-de-poule, c'est parce qu'en quelque part, la fondation, elle est à refaire, puis c'est un investissement majeur. Donc, ça, présentement… Donc, certaines villes reporteront des investissements.

Et la troisième solution, celle qu'on pense qui va être utilisée le plus, c'est l'augmentation de taxes. Donc, on estime qu'il y aura plus de la moitié des contribuables du Québec qui vont avoir un effort important, là, dès que les budgets seront rendus disponibles, et ça… Et il y en avait une, quatrième solution, mais le ministre des Affaires municipales, avec le rapport Robillard, l'a rejetée du revers de la main, qui est le droit de lock-out aux villes. Parce qu'en quelque part, si on veut redonner de l'oxygène, bien, évidemment, la grosse partie des dépenses de l'administration publique, que ce soit au municipal, que ce soit ici, à Québec, au provincial, c'est la masse salariale. Donc, une des recommandations de la commission Robillard, c'était de donner le droit de lock-out aux villes, et là le ministre Moreau, ce matin, a rejeté ça du revers de la main. Donc, il n'y aura pas d'oxygène qui va être donné aux villes par rapport à ça. 

Et je terminerai en vous disant, par rapport aux surplus, parce qu'il a été véhiculé que les villes avaient des surplus, il faut comprendre, 1,2 milliard de surplus non affecté… puis je vais reprendre ce que disait la présidente de l'Union des municipalités du Québec, évidemment, c'est le fonds de roulement, là, c'est 7 %, parce que les villes n'ont pas le droit de faire de déficit. Ça représente à peu près 7 % des revenus des villes, alors qu'en Ontario, pour le même objectif de fonds de roulement, ils ont 14 %. Et là-dessus il faut que je vous dise qu'il y a 1,3 milliard d'investissements qui sont prévus au budget. Donc, on a du fonds de roulement, mais on a aussi des investissements prévus à même le budget, qui est à peu près l'équivalent de ces sommes-là.

Donc, c'est pour vous dire qu'on pense sérieusement, à la Coalition avenir Québec, que le gouvernement, encore une fois, se sert des villes pour sous-traiter les taxes. Il le fait avec les commissions scolaires. Et l'effort sera supérieur au taux d'inflation. Donc, encore une fois, on va enlever, dans la poche des contribuables, du revenu disponible pour faire rouler l'économie. Donc, ce n'est rien d'intéressant par rapport à cette situation-là. Donc, je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.

Mme Biron (Martine) : Que pensez-vous de la croissance des dépenses des municipalités à 5,8 %?

M. Laframboise : Bien, d'abord, premièrement, la croissance des dépenses des municipalités… d'abord, il y a eu un pacte fiscal qui a été signé en 2006, qui a redonné de l'oxygène aux villes. On vient de leur en enlever, mais on leur en avait redonné pour qu'ils fassent des investissements.

Et il y a 1 100 municipalités au Québec, là. Donc, moi, je représente… je suis un député de banlieue, je suis à Blainville, c'est une ville qui est en croissance. Je peux comprendre quand le maire décide de rajouter un peu de personnel pour être capable de subvenir aux demandes des citoyens qui augmentent dans sa municipalité. Donc, ce n'est pas… à 1 100 municipalités, la situation n'est pas égale à travers le Québec. C'est pour ça que je vous dis que c'est peut-être facile dans certaines grandes villes qui, eux, ont une masse salariale très importante, de dire : On va revoir le personnel. Mais, dans beaucoup de villes et des villes de région, le personnel a déjà été revu.

Mme Biron (Martine) : Mais vous ne trouvez pas ça beaucoup? Quand même, c'est près de 6 %; le gouvernement est à 1,3 %.

M. Laframboise : Bien, écoutez, par rapport à cette augmentation-là, il faut comprendre que, si… et là tout le détail des budgets qui sont donnés, s'il y a une augmentation par rapport à régler une partie du déficit en infrastructures, je pense qu'elle est justifiée. Quand tu as 34 milliards de déficits en infrastructures, il faut, à un moment donné, que tu remettes un peu plus d'argent pour être capable de régler ton problème de déficit en…

Mme Biron (Martine) : …3,8 % par année…

M. Laframboise : Bien, écoutez, une des façons de régler ça, c'est le droit de lock-out puis régler les conditions de travail. Et ça, encore une fois, moi, je peux vous donner l'exemple du projet de loi n° 3, où la Coalition avenir Québec proposait qu'à la fin ce soit la ville qui tranche, et on a choisi, encore une fois, de l'arbitrage. Les relations de travail sont une partie importante de cet écart-là, et, encore une fois, il va falloir… quant à nous, il aurait fallu que le gouvernement ne rejette pas tout de suite, du revers de la main, le droit au lock-out.

M. Dutrisac (Robert) : Le président du Conseil du trésor a quasiment passé une commande aux municipalités en disant : 5,8 %, c'est insoutenable, il faut réduire cette croissance des dépenses là. Et pensez-vous que les villes peuvent y arriver?

M. Laframboise : Bien, écoutez, si… parce que, quand vous regardez la croissance, quand vous regardez l'augmentation de la masse salariale par rapport aux dernières décisions arbitrales, les villes ont contesté, c'est les arbitres qui ont tranché. C'est un modus operandi qui est à la grandeur du Québec. Quand il y en a une qui passe devant l'arbitre, les autres, on se sert de cette décision-là pour avoir une influence sur les autres. Donc, les relations de travail sont une bonne partie du problème dans les villes. Et ça, il faut être capable de leur donner… Ils n'ont pas le choix que le gouvernement du Québec a avec ses propres employés. Le gouvernement du Québec, à la fin, peut trancher, alors que les villes ne peuvent pas le faire.

M. Caron (Régys) : Globalement, M. Laframboise, quand on regarde l'évolution de certains dossiers au gouvernement, exemple, les dépassements de coûts faramineux pour l'informatisation en santé; 1,6 milliard, c'est trois fois plus que le gouvernement avait prévu; les dépassements de coûts pour le CUSM, pour le CHUM, la lune qu'on a donnée aux médecins.

Est-ce que le gouvernement, lui-même, ne doit pas donner l'exemple avant d'aller piger dans les poches des citoyens?

M. Laframboise : Vous avez tout à fait raison, et d'ailleurs, sur le dossier de l'informatisation en santé, vous avez mon collègue Éric Caire qui a dit… depuis trois semaines, là, depuis le projet de loi n° 10 qu'on dit : Si on ne règle pas le problème du système informatique en santé, toute la réforme est menacée, comme celle de 2003 que M. Couillard a voulu réaliser. Et ce n'est qu'en fin de semaine que le ministre Barrette a dit que c'était une catastrophe le dossier de l'informatique au Québec.

Vous avez raison, il faut être capable de faire le ménage, et c'était ce à quoi s'était engagé la Coalition avenir Québec, comment on fait le ménage dans notre propre cour, et on n'augmente pas les tarifs plus que l'inflation. C'était le message qu'on a livré dans la campagne électorale puis qu'on aurait livré si on avait été au gouvernement.

M. Harrold (Max) : Vous avez parlé d'une hausse de taxe de 100 $ dans certaines villes. Quelles sont ces villes? C'est-u des petites villes, des moyennes villes? C'est qui…

M. Laframboise : Ça peut… Nous, on estime que plus de 300 municipalités, qui peuvent représenter plus de la moitié de la population du Québec, vont avoir un impact important, qui va être plus élevé que l'inflation. Et ça, encore une fois, je vous le dis, les chiffres sont têtus, les miracles, ça ne se fait pas. Quand on manque de revenus, je reviens aux trois solutions, c'est qu'il faut soit couper dans le service aux citoyens ou aux entrepreneurs, soit reporter des investissements ou soit augmenter les taxes, et beaucoup de villes choisiront probablement d'augmenter les taxes. Et, encore une fois, je les… Moi, là, je ne les blâmerai pas comme le gouvernement, là, mais, bien au contraire. Il faut qu'ils gèrent leurs municipalités, ils sont 1 100, ils connaissent leur ville, beaucoup plus que le gouvernement du Québec qui a de la misère à gérer ses propres effectifs puis ses propres dépenses.

Donc, encore une fois, moi, je fais confiance aux villes, mais, s'il y a des augmentations de taxes, à quelque part… et surtout à ce moment-ci de l'année, où ils sont en pleine préparation de budget, je vous dis, c'est… Tu aurais voulu avoir un pire scénario, tu n'aurais jamais fait ça, là.

M. Croteau (Martin) : Trouvez-vous que les municipalités ont un quelconque rôle à jouer dans l'atteinte de l'équilibre budgétaire?

M. Laframboise : Si on leur donne les moyens de contrôler leur masse salariale, oui, les villes, une fois qu'on leur aura donné les moyens de réduire… parce que c'est vrai, puis, je vous dirais qu'il y a un constat, il y a des transferts qui se font du gouvernement du Québec vers les villes. Mais, tu sais, quand on voit la recommandation du rapport Robillard qui dit : Bon, bien, on va piger dans les en-lieu de taxes qui sont versés ou sur les immeubles du gouvernement; ce sont des immeubles pour lesquels les villes fournissent l'aqueduc, fournissent les égouts, ramassent les vidanges, je veux dire, donnent le même service à ces immeubles-là qu'ils donnent aux usines, aux industries puis aux résidences.

Donc, on peut toujours dire : Demain matin, ils ne paieront plus leurs taxes, mais, en quelque part, le service à ces bâtiments-là, il faut qu'il soit continué à être offert par les villes. Donc, c'est sûr que, si on veut faire ça, bien, il va falloir qu'on compense les villes ailleurs. Donc, si on veut, dans les relations de travail, être capable de faire des économies très importantes, ça prend des mesures en relations de travail très importantes, dont le droit au lock-out.

M. Croteau (Martin) : Mais, à vous entendre, on dirait qu'il n'y a pas de gras du tout à couper dans les villes, hein?

M. Laframboise : Bien, écoutez, je vous dirais, là, il faut faire attention, là. Il y a des villes d'envergure qui, elles, ont fait des demandes, mais il y a 1 100 municipalités au Québec, là. Il y a des municipalités qui sous-traitent à l'entreprise privée les ordures ménagères, leurs routes, l'ouverture des routes. Je veux dire, on peut dire, demain matin, tu as trois… Moi, j'ai visité une MRC, là, de la Rive-Nord de Montréal, il y a trois employés au bureau de la MRC. Moi, je peux bien, demain matin, je peux bien décider, mais ils s'occupent quand même du schéma d'aménagement du territoire.

Tu sais, c'est qu'il y a eu des efforts de faits dans les villes, ce n'est pas la première fois. Il y a eu des coupures dans les années 90, il y en a eu, des coupures, au début des années 2000, puis là on leur impose. Oui, mais il faut leur donner les moyens… dans le plus important de leurs dépenses, qui sont les relations de travail, bien, il faut être capable d'aller… d'oser, puis d'aller plus loin, puis de leur dire qu'on va les aider là-dedans.

M. Croteau (Martin) : Donc, en accordant le droit de lock-out aux municipalités, on va automatiquement tout régler ou…

M. Laframboise : Je ne vous dis pas qu'on va…

M. Croteau (Martin) : …ou couper le gras qu'il y a dans les municipalités? Il n'y a absolument…

M. Laframboise : Je ne vous dis pas qu'on va tout régler. Ce qu'on va faire, c'est qu'on va leur donner une façon, à elles, aux villes, d'améliorer leur sort. Puis après ça, une fois que tu as fait ça, là, tu peux dire aux villes : Maintenant, tu vas contribuer à l'atteinte du déficit du gouvernement.

Donc, c'est pour ça que… Les villes, vous savez, quand je regardais… J'ai été président de l'Union des municipalités du Québec. Je regardais la présidente de l'UMQ puis le président de la FQM signer le rapport en disant : C'est la dernière fois. Bon, bien, moi, j'en ai signé un, pacte, dans la fin des années 90, donc, bon, c'est… Tout le monde s'attend à ce qu'il y ait une amélioration du sort puis qu'il y ait un nouveau pacte en 2016, mais, si vous avez entendu le président du Conseil du trésor, il n'a pas dit qu'en 2016 le nouveau pacte… Oui, il va y en avoir un, mais ça ne veut pas dire que les villes vont récupérer l'argent qu'elles ont donné, là. Donc, c'est loin d'être assuré.

Donc, c'est… À quelque part, les villes, ce qu'elles veulent, c'est, compte tenu qu'elles ont une masse salariale qui est importante puis qui est réglée par des arbitres, bien, évidemment, à un moment donné, elles ont besoin de revenus supplémentaires, sinon — le miracle n'existe pas — l'augmentation des tarifs, l'augmentation des taxes ou coupures de services et/ou reporter des investissements. Ça fait plaisir. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 1)

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