(Quinze heures cinquante-deux minutes)
M.
Therrien
:
Alors, bonjour. Je suis ici aujourd'hui avec vous pour réagir au point de
presse de M. Martin Coiteux, président du Conseil du trésor. Si on veut
apprécier, si je peux me permettre le mot, cette conférence de presse ou mieux
la comprendre, il faut d'abord mettre un peu dans le contexte les actions du
gouvernement à l'intérieur, là, justement, des récentes manoeuvres politiques
et économiques qu'ils ont franchies.
Ça a commencé par des coupures assez
importantes, voire drastiques, et ceux qui ont écopé, c'est les régions. Les
régions, les CLD ont été éliminés ou presque; les carrefours jeunesse-emploi, on
a délaissé notre jeunesse; les CRE ont aussi été abolies; les municipalités se
retrouvent avec moins d'argent dans les poches.
Du côté des familles, les CPE, on le sait
très bien, ça a sorti la semaine passée, l'augmentation très, très élevée des
tarifs, aussi une menace d'augmentation des taxes via soit les commissions
scolaires ou les municipalités. Alors, les familles sont affectées grandement
également.
Ce qu'on remarque aussi au niveau
économique, c'est du dogmatisme, c'est d'être déconnecté de la réalité. Les
actions qu'ils posent n'ont jamais de… ils ne font jamais de réflexion ensuite
sur ce qui va se passer dans l'économie par la suite. On est déconnecté de
cette réalité-là.
Par rapport aux CPE, par exemple, on ne
sait pas si les femmes vont retourner à la maison dans une certaine proportion.
Tout le monde convient qu'il y a un grave danger, mais les auteurs, soient la
ministre de la Famille et le président du Conseil du trésor, ce sont les
seuls… je vous le dis, là, ce sont les seuls qui disent que ça n'aura pas
d'impact sur le retour des femmes sur le marché… à la maison. Alors donc, on
voit ici un gouvernement qui fait des actions et qui ne suit pas du tout les
conséquences de ces actions-là.
Et ensuite on a eu la commission
Robillard, avant-hier, qui a déposé un rapport qui nous dit quoi? C'est un
rapport qu'on a payé 3,8 millions, là, pour l'année durant, et qui nous
arrive avec des choses qui n'ont pas de sens. Même le ministre de l'Agriculture
nous a dit que la partie, le 300 millions qu'ils allaient chercher avec
l'assurance récolte, ça n'avait pas de sens. De prendre 2,3 milliards et, sur
ce 2,3 milliards, d'aller chercher 1,3 milliard dans les
municipalités, ça fait un non-sens parce qu'on pellette le problème dans la
cour des municipalités. On leur demande d'être plus efficients.
Face à ce dogmatisme ultime, extrême, de
cette commission, aujourd'hui, ce qu'on a, c'est un ministre qui essaie de nous
faire croire qu'eux aussi vont utiliser l'optimisation de leurs ressources pour
justement montrer qu'ils veulent mettre l'épaule à la roue pour dire aux
familles : Bien, écoutez, il n'y a pas seulement vous qui allez écoper;
nous aussi, on va travailler sur notre fonction publique pour faire en sorte
que de l'optimiser et de l'améliorer.
Le bouquet de mesures qu'on nous propose,
bien, écoutez, c'est des choses qu'on a déjà vues ou à peu près. Il n'y a pas
grand nouveauté là-dedans. On dit qu'on va couper 1 150 postes par
attrition parce qu'ils disent qu'il y a 15 000 personnes qui partent à la
retraite annuellement. Alors, c'est ce qu'on convient, on va… parmi les
15 000, là, on va se trouver à économiser 1 150 travailleurs. Et évidemment,
dans toute cette optique-là, on a le Conseil du patronat qui nous dit, lorsqu'on
a les a écoutés par rapport au projet de loi n° 15, ils nous disent :
Si vous voulez couper dans l'appareil public, c'est terminé le temps où on nous
disait que c'était couper dans le gras, qu'il n'y aurait pas d'impact dans la communauté.
C'est terminé. Ça, le Conseil du patronat du Québec qui nous a dit lorsqu'il a
fait son passage lors du projet de loi n° 15.
Bien, écoutez, ça veut dire qu'à la
seconde où on coupe dans la… probablement la meilleure fonction publique au
Canada, on va faire en sorte d'avoir un impact sur les services offerts à la
population. C'est automatique. Et, en plus, on va mettre, d'une certaine façon,
en péril la pérennité de la qualité des ces services-là parce qu'il faut
comprendre que les gens qui travaillent pour la fonction publique du Québec ont
déjà fait leur part et beaucoup, beaucoup à bien des niveaux, et là ce qu'on
fait, c'est qu'on leur demande encore une fois un effort supplémentaire. Moi,
j'ai peur pour, justement, le phénomène d'attraction que la fonction publique québécoise
peut avoir dans de telles situations. Et moi, je vous dis : Il faut y
aller avec parcimonie quand on va traiter avec les employés de l'État, comme je
vous dis depuis le début, des employés qui sont extrêmement performants.
Alors, moi, je vous dis : Si vous
voulez aller chercher des gains faciles, commençons par la prime de
215 000 $ du ministre Bolduc. Si vous voulez montrer un exemple, si
vous voulez faire un exemple, dire : Nous, là, on est prêts à faire un
exemple, on est prêts à participer à la tâche, bien, allons chercher le
215 000 $ de prime de M. Bolduc, annulons la commission qui nous
arrive avec des évidences, qui nous coûte 3,8 millions. Et, en plus de
nous arriver avec des évidences, des choses qui sont peu imaginatives, en plus,
les ministres nous disent : Ça n'a pas de bon sens. Puis on paie
3,8 millions pour ça.
Moi, je vous dis : Si vous voulez
faire travailler vos fonctionnaires dans le bon sens, moi, je suis convaincu
qu'ils sont amplement capables de faire le travail de la commission et que ça
ne coûterait pas 3,8 millions à la société québécoise. Je peux vous le
garantir.
M. Croteau (Martin)
: …une
idée de l'impact de l'abolition de 1 150 postes dans la fonction publique
sur les services aux citoyens.
M.
Therrien
:
Bien, écoutez, ça va dépendre où ils vont couper. C'est à peu près 1 % à
2 % de la fonction publique. Moi, ce que je remarque, c'est que moi,
j'aimerais que le ministre réponde à cette question-là. S'il propose une
coupure de cette ampleur-là, c'est quoi, les effets, les conséquences? Moi,
j'aimerais bien les savoir, les connaître. S'il propose des coupures, qu'il
arrête d'être déconnecté de la réalité puis qu'il nous dise qu'est-ce que ça va
changer. Moi, je poserais la question au ministre à la place.
M. Croteau (Martin)
:
Bien, c'est quoi, il manque de transparence à cet égard-là...
M.
Therrien
:
Depuis le début, depuis le début, le Parti libéral manque de transparence dans
ses actions politiques, dans ses actions économiques. Ça n'a aucun sens. Il n'y
a aucune réflexion dans ce qu'ils font. Je vous dis... Écoutez, je vais vous
donner l'exemple qu'on sort toujours mais qui est tellement évident. Quand on
arrive puis qu'on coupe de 20 % l'ensemble des crédits d'impôt, ça, c'est
la belle preuve qu'on n'a aucune réflexion dans nos agissements. On ne se pose
même pas la question si tel secteur est capable de tolérer cette baisse de
20 %. Ils n'ont pas fait d'analyse. Ça va peut-être mettre fin à certains
secteurs puis créer des pertes d'emploi. Il n'y a aucune étude d'impact dans ce
qu'ils font. Quand la ministre de la Famille nous a dit : Ah bien, on a
oublié de parler au Conseil du statut de la femme pour savoir c'est quoi, les
impacts d'une diminution… d'une augmentation des tarifs…
Commençons par être raisonnables et
responsables dans nos actions si on veut être pris au sérieux. Moi, c'est ce
que je vous dis. Merci.
(Fin à 15 h 59)