(Neuf heures trente et une minute)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à tous, bienvenue à cette conférence de presse. D'abord, prendra la
parole Mathieu Traversy, député de Terrebonne et porte-parole en matière de
famille; ensuite, prendra la parole le chef de l'opposition officielle,
M. Stéphane Bédard. Ce sera suivi du président-directeur général de
l'Association québécoise des CPE, M. Louis Senécal, et, finalement, la
présidente du conseil d'administration de l'association, Mme Gina Gasparrini.
M. Traversy
: Merci
beaucoup de vous être déplacés ce matin. Nous assistons aujourd'hui à des
événements assez rarissimes et d'une gravité, quand même, exceptionnelle.
Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, vous avez vu les nombreux
rebondissements qui ont eu lieu dans le dossier famille depuis la dernière
élection du 7 avril dernier, des rebondissements qui ont amené à des
trahisons de promesses électorales, qui ont amené les libéraux à changer complètement
leur discours du moment où ils étaient en campagne à celui où ils ont été au
pouvoir. Ils ont berné la population du Québec, les ont trahis, ont trahi leurs
partenaires du milieu, mais également trahi les familles du Québec qui, depuis
des semaines, vous le savez, tentent de lancer un cri du coeur à la ministre
Francine Charbonneau pour lui demander de revenir en arrière, de revenir à la
raison, d'écouter leurs préoccupations et de respecter l'engagement solennel
que ce parti avait tenu face à la population dans le cadre de notre élection
démocratique du printemps dernier.
Aujourd'hui, on peut comprendre la
population du Québec d'être cynique envers ses politiciens lorsque nous voyons
de tels comportements. Pour le Parti québécois, c'est inacceptable. Nous
demandons donc aujourd'hui aux libéraux de faire face à leurs promesses et à
leurs gestes. Nous allons déposer une motion de censure, une motion qui est
extrêmement rare, qui arrive dans des cas exceptionnels et qui est un outil
législatif importantpour une opposition
officielle. Nous l'utilisons lorsque les promesses sont rompues, nous
l'utilisons lorsque le bris de confiance est irrémédiable.
Il y a quelque chose de démocratique qui
ne marche pas dans la stratégie libérale actuelle et il est temps que ce
gouvernement y fasse face. Nous allons demander aujourd'hui à chaque député du
Parti libéral de se lever, de regarder dans les yeux les électeurs et les
jeunes familles du Québec et leur demander de trancher entre leurs promesses
électorales, entre la défense des jeunes familles, la défense du réseau de la
petite enfance du Québec ou encore l'idéologie comptable du président du
Conseil du trésor, M. Martin Coiteux. Cette situation est inacceptable,
et, cet après-midi, nous allons les forcer à faire face à leur trahison
électorale. Je passerai maintenant la parole au chef intérimaire de l'opposition,
M. Stéphane Bédard.
M.
Bédard
: Bon,
merci, Mathieu. Effectivement, c'est une journée où on est tristes. En même
temps, le gouvernement compte sur une chose, c'est que les gens baissent les
bras, que l'imposition de la taxe famille va exister et que les gens vont
laisser aller ultimement ce choix qui a été fait par le gouvernement. Et moi,
ce que je veux dire au gouvernement qu'on ne lâchera pas. On va continuer à
appuyer les familles, appuyer le réseau, appuyer les enfants du Québec, parce
qu'on ne peut pas, à partir, je vous dirais, d'un choix, là, qui est exprimé
depuis quelques semaines, mettre fin à ce qui est de plus précieux au Québec,
notre politique familiale. Ce n'est pas strictement un choix budgétaire, c'est
un choix de société, et le gouvernement avait dit exactement le contraire
pendant la campagne électorale.
Les promesses ont été rompues, oui, par le
gouvernement, mais, à trois reprises, la première en disant, évidemment, qu'il
n'y aurait pas de choc tarifaire, qu'il n'y aurait pas de hausse substantielle
pour les tarifs en garderie, mais, en même temps, le gouvernement s'est engagé
à continuer à développer le réseau. Et il l'a dit encore, souvenez-vous, un peu
après le budget, lors de la lecture du budget. Ils font exactement le contraire
jusqu'à maintenant.
Nous, ce qu'on demande à tous les députés,
c'est de faire entendre leur voix auprès du gouvernement, d'entendre leurs
familles dans leurs comtés, parce qu'on arrive à la période des fêtes, et le
mouvement de réprobation et même littéralement d'écoeurement des familles du
Québec, bien, il ne cessera pas, lui, parce que les taxes, elles vont
s'appliquer tout le temps. C'est un mauvais choix pour le réseau, c'est un
mauvais choix pour les familles, mais c'est surtout un mauvais choix pour le
gouvernement. Ça va avoir de l'impact négatif sur la situation des femmes, un
impact négatif sur l'emploi, et ce choix-là ne peut, en aucun temps, être
appuyé par l'opposition officielle.
Donc, on va demander aux députés, à tous
les députés de tous les partis de se lever pour exprimer ce qu'ils pensent
vraiment de ce qu'on doit faire avec cette politique familiale. Est-ce qu'on
doit la charcuter? Est-ce qu'on doit y mettre fin, ou on doit plutôt la
maintenir parce qu'il y va de l'avenir de nos enfants? Donc, je suis très
heureux d'être accompagné par les gens du réseau, qui s'occupent de nos enfants
tous les jours. Puis ce qu'on doit dire au gouvernement : Comme eux, on ne
lâchera pas prise. Ce n'est pas une décision unilatérale du gouvernement qui va
nous faire fléchir sur l'importance d'être fou de nos enfants au Québec. Merci.
M. Senécal.
M. Senécal (Louis) : Alors,
bonjour. C'est un moment qui est sérieux et assez grave. La raison pour
laquelle on est ici pour soutenir l'opposition dans son dépôt de motion de
censure, c'est en raison du fait que les canaux de communication sont brisés
entre les familles et le gouvernement libéral qui est majoritaire, alors on
appuie cette démarche-là.
Les libéraux disent qu'ils se préoccupent
des familles. Alors, on va partir en tournée, nous, lundi, pour aller expliquer
aux familles comment les libéraux se préoccupent de leur sort. Comment ils le
font? Bien, c'est en attaquant les parents. C'est sans précédent. Hier, Mme
Charbonneau, la ministre de la Famille, le premier projet de loi qu'elle a
déposé est un projet de loi qui sanctionne les familles. Imaginez le monde à
l'envers. La ministre de la Famille, dans son premier geste législatif,
sanctionne les familles. C'est à n'y rien comprendre.
Le problème n'est pas un problème de
places fantômes. En fait, oui, les vraies places fantômes sont celles que le
gouvernement libéral refuse de créer, parce que, si les places étaient existantes,
il n'y en aurait pas de problématique.
Alors, on a refusé d'abord de financer les
places. On a annoncé cette semaine que le projet de financer… le projet de
développer des places devait être financé à 50 % par les CPE. Après avoir
reporté dans le temps à 2021 le développement des places, bien là on vient
finalement dire à plus de 95 % des places qui avaient pourtant été
allouées qu'elles ne pourront pas aller de l'avant parce que, finalement, les
CPE n'ont pas les sommes d'argent suffisantes, qu'on leur a coupées dans leurs
actifs au printemps dernier. Donc, le réseau ne pourra pas se développer, c'est
donc une promesse brisée.
Alors, comment on se préoccupe des
parents? Deuxième item, en augmentant les tarifs. 20 $ pour une famille
avec un revenu de 150 000 $, ça représente un petit brin, selon la
ministre, un petit brin de 4 000 $ par enfant. C'est scandaleux
d'affirmer, d'abord, de cette manière-là, «un petit brin». C'est scandaleux!
Pour moi, 4 000 $, ce n'est certainement pas un petit brin et, pour
la population du Québec qui n'arrive pas, ce n'est certainement pas un petit
brin non plus. On ne va pas investir la hausse dans les services de garde non
plus, alors on crée une taxe famille. On l'a répété à différents moments, mais
on continue de le répéter, c'est d'une injustice incroyable. Les parents n'ont
pas à payer pour un déficit qui appartient à tout le monde, et c'est ce qui se
passe avec l'augmentation qui ne sera pas réinvestie dans les tarifs... dans les
services de garde.
Alors, l'augmentation des tarifs, c'est
une promesse brisée; le développement des places, c'est une autre promesse
brisée; et l'attaque aux parents par la sanction dans un premier projet de loi
que la ministre dépose — et, encore une fois, elle le fait avec
fierté — c'est scandaleux. Alors, on est ici pour appuyer le
gouvernement, parce que, si les libéraux se préoccupent des familles de cette
façon-là, bien, les familles nous appellent pour nous demander :
Pouvez-vous leur dire d'arrêter de se préoccuper de nous pour qu'ils se
préoccupent un peu des autres? Merci.
Mme Gasparrini (Gina) :
Bonjour. Nous constatons que le gouvernement procède à une attaque en règle des
CPE. Depuis des années, les libéraux ont reporté le développement de places. Ils
reprennent aujourd'hui là où ils avaient laissé en 2012, mais ils nous
trouveront sur leur chemin. Nous ne les laisserons pas démanteler le réseau de
qualité si cher aux familles et qui fait la fierté du Québec.
L'approche à court terme, à courte vue du gouvernement,
purement comptable, met en péril l'égalité des chances des générations à venir.
Les CPE sont le choix des parents, c'est aussi un choix de société. Les CPE
offrent des services de qualité, des éducatrices formées, un accueil unique
pour tous les enfants, quels que soient leurs besoins. Comme directrice de CPE,
je vois au quotidien l'importance que nos établissements ont pour les familles
et le milieu. Oui, nous sommes le levier de développement économique, parfois
une roue de secours et presque toujours des membres de la famille sur qui on
peut compter.
Comme présidente du conseil
d'administration de l'AQCPE, je suis extrêmement inquiète. Nos membres le sont
tout autant. Depuis quelque temps, chaque jour, ils me témoignent leur
désarroi. Ce sont eux qui répondent aux inquiétudes des parents, eux qui ont
investi énergie et ressources pour développer de nouvelles places qui répondent
au besoin du milieu. Et ce gouvernement, qui n'a pas à coeur l'intérêt de
toutes les familles, reporte ses projets, augmente les tarifs, sanctionne les
familles. Il est temps de se demander, comme société, ce que nous voulons
vraiment. Veut-on le meilleur pour nos enfants? Sommes-nous toujours fous de
nos enfants? Le gouvernement nous a asséné un coup de massue, mais nous sommes
forts. Nous poursuivons la mobilisation et invitons toutes les familles du
Québec à y prendre part. Merci.
La Modératrice
: Pour
la période de questions, je vais vous demander de poser votre question et votre
sous-question au micro. On va commencer avec le micro de gauche. Véronique
Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique)
:
Ma question serait pour M. Senécal, peut-être. M. Senécal, on comprend la
pression des parents de payer cinq jours-semaine, alors qu'ils n'envoient que
quatre jours-semaine, par exemple, leur enfant en CPE. Ils ont une pression
énorme. On comprend également la pression des CPE qui, pour rentrer aussi dans
leurs revenus, demandent à ce que ce soit cinq jours-semaine qu'ils soient
payés.
Mais, en même temps, comment on devrait
s'attaquer au problème des places fantômes alors qu'on a l'air d'être dans une situation
sans issue? Parce que la commission permanente de révision des programmes
disait que c'est à peu près 280 millions de dollars qui est perdu par
rapport aux places fantômes. Vous proposez quoi, vous?
M. Senécal (Louis) : Bien, d'abord,
on va enlever un certain nombre de mythes, là, dans cette affirmation-là de Mme
Robillard. Le chiffre avancé par Mme Robillard correspond, par enfant, à 45
jours d'absence, O.K., si on fait la division. Ce 45 jours là, il y a 13 jours
fériés, il y a 15 jours de vacances, hein? On est contents quand les parents
s'en vont en vacances; j'espère qu'on n'est pas en train de dire que ce n'est
pas une bonne chose. Il y a cinq jours à Noël qui sont également prévus. Ça
fait que, quand on fait la soustraction des ces éléments-là, bien, on arrive
avec un 12 jours de maladie, donc peut-être une journée par mois où l'enfant a
le droit d'être malade et d'être avec ses parents. Alors, c'est ça, le chiffre
dont on parle, là. Il ne faudrait quand même pas non plus exagérer.
Ceci étant dit, c'est vrai qu'il y a un problème
de système. Le problème, c'est un problème de système. La base du financement
est fondée sur les jours d'occupation, et, par exemple, dans le système
scolaire, là, vous allez convenir avec moi que les parents reçoivent une lettre
une fois par année où on dit : Aujourd'hui, on prendra les présences, et
le financement pour l'année va être attribué en fonction de la présence de
cette journée-là, et, en CPE, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Alors, effectivement,
il faut trouver une solution, mais ce n'est certainement pas en nous refusant
accès à son bureau, en n'appelant pas les partenaires pour participer à une
réflexion.
C'est nous qui connaissons la
problématique au quotidien. On est capables de trouver des solutions, mais ce
n'est pas les parents qui ont à subir les inconvénients du manque de leadership
d'un gouvernement qui ne consulte pas ses partenaires qui connaissent le sujet.
Mme Prince (Véronique)
:
Vous dites que vous n'avez pas de contact avec la ministre.
M. Senécal (Louis) :
Non, absolument pas, d'aucune manière. C'est une première. L'AQCPE existe
depuis 11 ans, et il n'y a jamais eu de gouvernement… même le gouvernement
libéral qui a précédé le gouvernement du Parti québécois n'a jamais été, de cette
manière-là, aussi peu soucieux d'avoir des contacts avec le réseau qui
représente 75 % des CPE au Québec.
Mme Prince (Véronique)
:
J'aurais juste une dernière question. Avec ce projet de loi là, pour les CPE,
ça peut représenter combien en perte de revenus? Parce que vous allez en
perdre, des revenus, là, si les enfants maintenant vont trois jours-semaine,
ils ne paient pas cinq.
M. Senécal (Louis) : Bien,
nous autres, on est à l'étape de calculer les conséquences, mais honnêtement,
là, la vraie conséquence, pour l'instant, qui nous préoccupe, c'est celle qui
est liée aux parents parce que les parents sont doublement victimes dans cette
affaire-là. Non seulement on leur dit : Vous n'avez pas de place, puis on
va les reporter ou les empêcher… N'oublions pas, hein, qu'en finançant 50 %
des projets ce que ça revient à dire, c'est qu'il y aura 90 projets… 90 %
des places annoncées qui ne vont pas se matérialiser. Ça fait que les parents
n'auront pas de place. Ce n'est certainement pas en n'ayant pas de place qu'on
va régler le problème.
Nous, ce qu'on dit : Ayons un
courage, au Québec, de revenir sur les bases solides d'un Québec fou
de ses enfants. Investissons pour que tout le monde ait accès à une place,
et il n'y en aura plus de problème. Le calendrier des naissances au Québec, là,
ce n'est pas un calendrier qui est réglementé à ce que je sache, et là, bien,
il faut faire rentrer dans les petites cases, là, les naissances en fonction
d'un calendrier scolaire. Alors, c'est certain qu'il faut qu'on trouve des
solutions, mais, en même temps, sanctionner les parents, ça n'a aucun sens,
hein?
La Modératrice
: Davide
Gentile, Radio-Canada.
M. Gentile (Davide) : Je
répète la question, M. Senécal : Qu'est-ce que vous avez proposé, vous, à
la ministre là-dessus, si vous avez proposé des solutions?
M. Senécal (Louis) : Bien,
dans le cadre du chantier, là, qui a donné lieu au rapport Boisvert, qui est un
rapport gouvernemental, on était d'avis qu'effectivement il fallait revoir
l'ensemble du financement parce que ses règles actuelles ne correspondent plus
aux besoins d'aujourd'hui.
Alors, ce n'est pas en faisant des coupes
paramétriques pendant les 10 dernières années, qui ont amputé de
250 millions le réseau, et en préservant le fondement même de ce
financement-là sur une base de journées d'occupation qu'on va continuer à
pouvoir trouver des solutions. Il faut revoir l'ensemble et prendre pour acquis
qu'un enfant a le droit d'être malade, a le droit de passer du temps avec ses
parents, a le droit d'être avec ses grands-parents, et que ce n'est pas sur ces
bases-là qu'on va financer. Parce que sinon, si c'est ça qu'on fait, on revient
à dire qu'on aurait théoriquement une liste d'attente d'enfants qui pourraient
combler les places d'un enfant qui a de la fièvre un matin. C'est ça qu'on
vient de dire, là; on va aller chercher, sur une liste d'attente, un enfant à
quelque part, puis on va lui dire : Tu vas occuper une place d'un enfant
qui vient de quitter. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Un enfant, on le
prend pour ce qu'il est, on prend les parents pour ce qu'ils sont. C'est les
premiers éducateurs de leur enfant, et on souhaite qu'ils soient investis, et
le Québec va être de bons parents, mais la ministre de la Famille, dans son
premier geste législatif, fait la démonstration que ce n'est pas ce qu'elle
pense.
M. Gentile (Davide) : Mais ce
serait quoi? Un financement par enfant au lieu d'avoir un financement à la
journée?
M. Senécal (Louis) : Bien, je
vous ai donné l'exemple scolaire, c'est une des hypothèses possibles. Il faut
le regarder une base annuelle puis prendre pour acquis qu'évidemment, dans le
contexte des CPE, contrairement au contexte scolaire qui commence en septembre
pour tout le monde, bien, on est ajustés en CPE parce que les enfants quittent
nos CPE pour s'en aller à l'école. Alors, il faut prendre pour acquis qu'il
peut y avoir un décalage entre les naissances au Québec et le fameux mois de
septembre. J'espère qu'on n'est pas en train de dire qu'au Québec on doit faire
les enfants en février et mars pour rentrer dans un calendrier qui ferait
plaisir à la ministre de la Famille, là.
Journaliste
: Vous
parlez de l'exemple du milieu scolaire, donc des services de garde en milieu
scolaire, mais en milieu scolaire, quand l'enfant ne va pas au service de
garde, par exemple pour une journée pédagogique ou l'été, ils ne paient pas...
M. Senécal (Louis) : Non,
mais je vous parle des...
Journaliste
: ...et l'État
non plus.
M. Senécal (Louis) : Mais je
vous parle de l'école. Je vous parle de l'école, pas les services scolaires de
garde. Je vous parle de l'école. Quand on est à l'école, un enfant va avoir une
place, évidemment, à l'école, et on finance en fonction d'une journée où on a
pris les présences cette journée-là. Puis c'est un financement qui est annuel,
malgré le fait que, pendant l'été, les écoliers sont en vacances, malgré le
fait qu'ils sont en vacances aussi pendant la période de Noël et malgré le fait
que les écoliers vont aussi être malades à certains moments dans l'année. On
n'est pas en train de dire aux écoles : parce que des enfants sont
malades, on va couper dans votre financement. Et on n'est surtout pas en train
de dire : parce qu'ils sont malades, on va sanctionner les parents. Alors,
pourquoi est-ce qu'on le ferait en petite enfance? Pourquoi les règles seraient
différentes? C'est ça qui n'a pas d'allure.
Journaliste
: Vous
dites : C'est déplorable que la ministre veuille sanctionner les parents,
là, dans le cas de son nouveau projet de loi. Vous proposez quoi? Que les parents
ne soient pas sanctionnés, seulement les garderies?
M. Senécal (Louis) : Non, on
propose de travailler sur les vrais problèmes, qui est le problème du
développement de places. Quand on va avoir le courage, au Québec, de créer des
places pour l'ensemble des besoins, pour l'ensemble des parents, ces
situations-là n'arriveront pas. C'est des situations qui sont venues d'un
système qui ne répond pas à la demande. Alors, ça s'est créé juste à cause de
ça.
Et regardons les dernières années, là. Les
10 dernières années ont été dirigées en grande partie par le Parti libéral, et
le développement de places s'est fait à un rythme très lent. Et là on est
presque arrivés, là, au moment où on va être capable d'offrir une place par
enfant, mais ce n'est pas ce qu'on fait. Ce qu'on fait, c'est qu'on dit :
Avant d'arriver à cette étape-là, on va juger les parents sur les bases d'un
système qui fonctionne mal. Reprenons, là, la logique au départ, et assurons
les besoins des parents en leur donnant une place, puis, après ça, on va avoir
réglé, moi, je dirais, plus qu'une moitié du… 50 % du problème,
certainement.
Journaliste
: Donc, si
je vous comprends bien, il ne faudrait ni sanctionner les parents ni les
garderies pour les fameuses places fantômes.
M. Senécal (Louis) : Ce que
je vous dis, c'est qu'il faut avoir le courage, quand on est ministre de la
Famille, de s'attaquer aux vrais problèmes. Puis des fois, avoir du courage,
c'est d'investir dans une solution, et non pas de pénaliser des gens qui n'ont
rien à voir avec le problème. C'est ça que je dis.
La Modératrice
: Michel
Pépin, Radio-Canada.
M. Pépin (Michel)
:
Oui, bonjour. Est-ce qu'actuellement… J'ai manqué un petit bout de la
conférence de presse, vous me pardonnerez, peut-être que je reviens sur des
choses. Mais actuellement, si un enfant est malade, est-ce que la fiche
d'assiduité dit : présent? Est-ce que, s'il dit absent, normalement, il
n'est pas calculé, si je comprends bien? Quelle est la réalité?
M. Senécal (Louis) : Moi, je
vais régler quelque chose. Je vous remercie de la question, je vais régler
quelque chose avec vous. Les situations qui figurent sur les documents,
évidemment qu'on fait la promotion qu'elles représentent la réalité, évidemment
qu'on ne fait pas la promotion de faire de fausses déclarations dans une fiche
d'assiduité. Et, clairement, la grande majorité des gestionnaires dans notre
réseau s'assurent que ce soit fait correctement.
Mais le problème n'est pas là, comme je le
disais. Le problème vient du fait que, s'il y avait suffisamment de places,
cette pression-là n'existerait pas. Et les parents, quand ils ont une place,
bien, ils cherchent à la garder, cette place-là. Et il y a différentes
problématiques qui se sont installées au cours des années, et, plutôt que de
régler ça en développant des places, bien, on sanctionne les parents.
M. Pépin (Michel)
: Je
veux revenir sur une statistique évoquée par la commission Robillard, également
qui vient du ministère de la Famille, qui m'a confirmé les mêmes chiffres ce
matin. Les 10 millions de jours entre les jours d'occupation prévus, si je
comprends bien, les jours de présence réelle… Est-ce que ces 10 millions
de jours, qui représentent 280 millions de dollars, semble-t-il, est-ce
que vous recevez ces sommes-là ou vous ne les recevez pas, en fait?
M. Senécal (Louis) : En fait,
ce que j'ai mentionné tantôt, c'est que ce 10 millions de jours là, quand
on le divise par le nombre d'enfants qui occupent ces places-là, ça revient à
45 jours par enfants. Et, dans les 45 jours, vous avez 13 jours fériés, vous
avez 15 jours pour les vacances des fêtes... pour les vacances d'été, vous avez
cinq jours à Noël, et il vous reste 12 jours pour que l'enfant soit malade. C'est
ça qui est le 10 millions de jours dont Mme Robillard parle.
M. Pépin (Michel)
: Ce
n'est pas prévu dans la fiche d'inscription, ça, au départ, qu'il y a des jours
fériés, il y a ci, il y a ça ou ainsi de suite?
M. Senécal (Louis) : Non,
mais ce que je dis, c'est que Mme Robillard laisse entendre par ses propos — puis,
dans le rapport, c'est ce qu'elle laisse entendre — c'est que ce sont
des places qu'on pourrait faire occuper par quelqu'un d'autre ou attribuer par quelqu'un
d'autre. Mais, je veux dire, on ne va pas attribuer des places qui sont
laissées vacantes parce que les gens sont partis en congé à Noël puis on ne va
pas le faire parce qu'un enfant, un matin, va dire qu'il a la fièvre, et puis
là ça laisse une place vacante. Il n'y a pas une liste virtuelle qui nous
permet d'aller chercher un enfant pour aller l'envoyer sur une place qui est
vacante parce que l'enfant est malade.
M. Pépin (Michel)
: Et
ce ne sont pas des places payées. Donc, vous ne recevez pas la subvention
pour...
M. Senécal (Louis) : Non. Non,
non, ces places-là sont payées. Ces places-là sont payées comme le financement
scolaire va être un financement annuel, même s'il y a de grandes périodes dans
l'année où les étudiants et les élèves ne sont pas dans l'école. C'est un
financement qui est annuel. Alors, c'est logique qu'on ait une certaine
flexibilité, parce que, si c'était calculé comme je viens de vous le décrire,
ce serait difficile à assumer, là.
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin)
:
Bonjour. Vos membres sont-ils en mesure... parce que je comprends vos arguments
contre la réforme qui est proposée. Mais, sachant que le gouvernement est
majoritaire et qu'il y a de fortes chances qu'elle soit adoptée, est-ce que vos
membres peuvent adopter des aménagements, justement, pour combler ces fameuses
places fantômes et éviter des amendes aux parents?
M. Senécal (Louis) : Bien,
d'abord, je veux revenir sur la terminologie, là. Moi, je refuse de dire qu'il
y a des places fantômes. Les places fantômes sont celles que le gouvernement
libéral n'a pas créées. Les membres vont être en mesure de s'ajuster à partir
du moment où le problème va être assumé, quand le gouvernement va prendre ses
responsabilités. Il y a une partie, là, que le gestionnaire fait depuis 10 ans
en voyant ses subventions coupées annuellement. Il y a 250 millions de
coupés depuis 10 ans. Il y a 70 millions, en arrivant, que le gouvernement
libéral a coupés.
Et je vous explique un détail important. Là,
on vient de dire que ça prend 50 % de financement qui vient du CPE pour
faire les places que Mme Charbonneau a décrites. Je vais vous donner un
exemple. Le CPE la Planète soleil à Chibougamau, il y a 550 000 $ qui
étaient disponibles et qui avaient été affectés dans leur actif. Ça avait été
fait dans le but de construire un CPE, O.K.? En arrivant au pouvoir, le
gouvernement a dit : Vous ne pouvez pas garder ce surplus-là, ce
surplus-là retourne dans les coffres de l'État. Et, il y a quelques jours, on
est venus leur dire à eux : Vous devez financer 50 % du projet,
550 000 $ est nécessaire. On vient d'aller chercher l'argent qui
n'était pas… qui était attribué pour le financement de places qui régleraient
la problématique dont on parle aujourd'hui dans le cas des sanctions de
parents, mais on a enlevé l'argent pour pouvoir développer ces places-là.
M. Croteau (Martin)
: Je
comprends, mais là on est dans l'application concrète et la manière dont cette
loi va être mise en oeuvre. Qu'est-ce que ça implique comme réorganisation pour
vos membres pour éviter que les gens soient mis à l'amende?
M. Senécal (Louis) : Bien, ça
va avoir un impact majeur au niveau du financement, là. La liste d'attente, là,
elle est pleine, au Québec. Elle est pleine, il y a plein de parents qui
veulent avoir une place à temps plein. Alors, vous voyez le capharnaüm, là? Les
parents qui ont un besoin de place à temps partiel, ça va être très difficile
de pouvoir les accommoder, dans la mesure où le financement est associé à une
place à temps partiel, versus un autre parent qui est sur la même liste
d'attente, qui, lui, à un besoin pour une place à temps plein. Là, la logique
que le gouvernement nous demande de faire, c'est une logique fondée sur le
financement. On refuse d'embarquer là-dedans. Nous, on dit : Tous les
parents ont le droit d'avoir une place au Québec, peu importe leurs besoins, et
c'est là-dessus que le gouvernement doit avoir le courage de s'attaquer.
La Modératrice
: Donc,
en anglais, Ryan Hicks.
M. Hicks (Ryan) : Mrs. Gasparrini… Louis Senécal, si vous répondez en anglais,
c'est bon aussi. But Mrs. Gasparrini, what are your major
issues with this reform, especially the bill to deal with the phantom spaces?
And what would you propose to do differently to deal with this problem?
Mme Gasparrini (Gina) : OK. Well, our major issue is that, as we've been saying for a long
time, is that there's a problem with the system; there's a problem the way it's
set up, the way it's financed. And this Minister has decided that she's going
to go get some money off the backs of parents and she's going to fine them, and
penalize them, and suspend them, and all sorts of actions against parents who
are at no fault but to be victims of a system that doesn't work and that needs
to be adjusted.
Our solution is, and we've been saying this since the beginning, is that we want
to… we have solutions proposed through a report from Mr. Boisvert and we want
to be able to sit down… Because we live the reality, we're there everyday, and
we know what happens with these families, and we have a lot to say and a lot to
contribute. But she very clearly said that there was to be no consultation and
that she and her colleagues were going to make the decision.
And so what we're saying
is : Sit down with us, stop hitting onto the heads of young families.
They've increased their daycare fees and now they're going to penalize them if
their child is sick too often in a year. That's absurd.
Des voix
: Merci.
(Fin à 9 h 57)