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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition et député de l'Assomption et M. François Bonnardel, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Friday, December 5, 2014, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures quatre minutes)

M. Legault : Bonjour, tout le monde. Donc, on est à la fin de la session, et je crois qu'on peut dire clairement, ça a été une des sessions les plus sombres de l'Assemblée nationale pour la classe moyenne au Québec. On a huit mois qui nous séparent de la dernière élection et, en huit mois, on a vu les deux visages du Parti libéral, mais maintenant, le vrai visage du Parti libéral. On a vu, durant la campagne électorale, le visage qui nous disait qu'il n'y aurait pas aucune hausse de taxes ou de tarifs qui excéderait l'inflation, puis depuis huit mois, bien, on a vu continuellement un gouvernement qui pigeait dans les poches de la classe moyenne. Donc, on peut vraiment dire aujourd'hui que le gouvernement libéral a été élu sous de fausses représentations. Je pense qu'il y a beaucoup de gens au Québec aujourd'hui qui pourraient dire, là, avec clairement la vérité qu'ils n'avaient pas voté pour un parti qui augmenterait les taxes et les tarifs comme on l'a vu depuis huit mois.

On a vu rapidement un gouvernement qui, dans le fond, s'était mal préparé, un gouvernement qui n'avait pas de plan, un gouvernement qui improvise, et ce sont les contribuables qui en paient le prix. Rappelez-vous, pendant la campagne électorale, surtout les derniers jours de la campagne électorale, je vous avais prédit que, si les Québécois élisaient un gouvernement libéral, ils se réveilleraient, après l'élection, avec un gros mal de tête. Bien, je pense, c'est ce qu'on vit, là. Malheureusement, ma prédiction s'est avérée vraie.

Donc, on a un gouvernement, autant le premier ministre que le ministre des Finances, là, qui est vraiment déconnecté de la réalité des familles québécoises. Écoutez, en quelques mois, on a annoncé des hausses sur les tarifs de garde, sur les tarifs d'électricité, sur les taxes scolaires, sur l'assurance auto, sur les droits d'immatriculation. Au total, ça donne une moyenne de 1 300 $ par famille, en moyenne. C'est énorme, 1 300 $ après impôts. C'est beaucoup plus que l'inflation, donc ça vient diminuer le pouvoir d'achat des familles de la classe moyenne.

Au total, c'est 1,4 milliard de dépenses qu'on va chercher dans les poches des contribuables sur un déficit à résorber de 2,8 milliards. Donc, c'est 50 % de l'effort qu'on demande aux contribuables. C'est en pleine contradiction avec ce qui était promis par Philippe Couillard durant la campagne électorale et même par le ministre des Finances lors du dépôt du budget en juin.

Donc, on a un gouvernement qui fait des choix. Gouverner, c'est faire des choix. Bien, on a un gouvernement qui choisit de sacrifier la classe moyenne en amputant leur pouvoir d'achat. Et ça va nuire évidemment aux familles, mais ça va nuire aussi à l'économie du Québec. Ça, on ne semble pas le comprendre que, dans un deuxième temps, on va se tirer dans le pied pour ce qui est des revenus du gouvernement. Et d'ailleurs, on le voit déjà, il y a un climat d'incertitude. C'est vrai qu'il y en avait un avec le Parti québécois, mais il y en a un depuis que le Parti libéral est là, justement à cause des hausses de taxes et de tarifs.

Il y a des entreprises qui attendent pour investir, qui se demandent quelle va être la prochaine mauvaise nouvelle, et, quand on regarde les résultats de l'emploi… il faut être prudent quand on regarde les résultats mensuels. Il y a eu un très mauvais mois d'octobre, un très bon mois de novembre, mais, quand on regarde au total depuis le 1er avril, bien, il s'est perdu, au Québec, 53 000 emplois à temps plein puis, pendant la même période, il s'en est créé 107 000 dans le reste du Canada.

Donc, on voit vraiment, là, malheureusement, qu'on est une société qui est distincte, mais pas pour les bonnes raisons dans ce dossier-là. Et ce que ça veut dire, c'est que le Québec va recevoir encore plus de péréquation. Pourquoi? Parce qu'on est, de plus en plus, plus pauvres que le reste du Canada. Déjà, on a un écart de 15 % avec l'Ontario, 25 % avec le reste du Canada, et le Conference Board prévoit que, pour l'année prochaine, donc pas pour cette année, pour 2015, le Québec va être la pire province, en termes de croissance économique, à l'exception du Nouveau-Brunswick. Donc, au lieu de réduire l'écart de richesse, on grandit l'écart de richesse puis on devient de plus en plus dépendants de la péréquation. Puis on a un gouvernement libéral qui n'avait pas de plan pendant la campagne électorale puis que, huit mois plus tard, n'a toujours pas de plan pour relancer l'économie du Québec.

Donc, il y a beaucoup de choses qui ont été dites à propos de notre plan, de leur plan. Il y a une chose qui est claire, là, c'est que, nous, on avait deux plans. On avait un plan pour réduire les dépenses puis arriver à l'équilibre budgétaire puis on avait un plan pour créer de la richesse, le Projet Saint-Laurent, donc autour, entre autres, des zones d'innovation.

Commençons par le plan économique. M. Couillard a dit clairement, là, je lui ai posé trois, quatre fois des questions sur les zones d'innovation, il a dit qu'il ne croyait pas à ça, lui, les zones d'innovation. Moi, je veux bien que Philippe Couillard nous dise : Je ne suis pas d'accord avec le plan de croissance économique de la CAQ; mais qu'il nous en dépose un. Ça devient vraiment urgent, la situation s'en vient dramatique. 53 000 emplois à temps plein de moins, c'est vraiment inquiétant.

Du côté du retour à l'équilibre budgétaire, c'est important, là, on a déposé un plan, puis c'est sur notre site, donc ceux qui veulent le lire, là, Cap sur nos familles , c'est un plan où on dit : c'est possible d'atteindre l'équilibre budgétaire seulement en réduisant les dépenses. Il faut être courageux. Si on prend les postes administratifs, là, on parle de réduire par attrition, donc avec les départs à la retraite, de 22 000 le nombre de postes, là. On est loin de là. Donc, le gouvernement n'a pas copié une grande partie, peut-être une très petite partie de notre plan de réduction des dépenses. Le gouvernement a surtout annoncé des hausses de taxes et de tarifs.

Il y a une chose qui est claire après cette session, c'est que la CAQ est la vraie opposition officielle. C'est nous qui sommes une opposition constructive. Regardez ce qu'a fait le Parti québécois pendant la session. Systématiquement, de façon irresponsable, ils se sont opposés à tout. Quand il vient le temps de réduire les dépenses, le PQ s'oppose. Quand il vient le temps d'augmenter les taxes et les tarifs, le PQ s'oppose. Le Parti libéral dit : Moi, je veux faire un peu des deux, mais beaucoup d'augmentation de tarifs. La position de la CAQ est claire : nous, on veut seulement réduire les dépenses. Quelle est la position du PQ? On ne la connaît pas. Le PQ est irresponsable, puis probablement, là, Stéphane Bédard va venir vous voir tantôt, après moi, il va vous dire : Ah! La CAQ puis le Parti libéral, c'est la même chose. Ce n'est pas vrai. Le Parti libéral veut augmenter les taxes et les tarifs, la CAQ veut surtout et uniquement réduire les dépenses du gouvernement. Donc, il y a une grande différence entre les deux. Mais ce qu'on ne sait pas, c'est qu'est-ce que propose le Parti québécois. Le Parti québécois n'est pas une opposition constructive. La vraie opposition officielle, c'est la CAQ.

De façon constructive, on a fait plusieurs propositions pendant la session. François Bonnardel va vous en parler tantôt pour ce qui de chaque projet de loi, mais on a proposé d'abolir les élections scolaires. On aurait pu sauver 20 millions. Les deux vieux partis ont refusé. On a proposé de faire une commission d'enquête sur les contrats informatiques; ;es deux vieux partis ont refusé. On a proposé une nouvelle façon de faire des nominations partisanes… d'arrêter de faire des nominations partisanes, de faire des nominations selon la compétence des gens en les faisant passer devant une commission parlementaire; les deux vieux partis ont refusé.

Ça fait deux ans qu'on dit : Il faut réclamer l'argent qu'on s'est fait voler dans le domaine de la construction. Les deux vieux partis n'ont rien fait. On vient d'avoir un projet qui a été déposé, un projet qui n'a pas de dents puis qui n'a pas d'objectif. On a un projet où on se dit… le meilleur argument qu'on a, c'est-à-dire arrêter de donner des contrats publics, bien, ça ne se retrouve nulle part dans le projet de loi. Puis, dans la mise à jour qui a été déposée cette semaine, on prévoit un grand total de 0 $ qui sera recouvré de l'argent qu'on s'est fait voler. Donc, c'est clair qu'on a deux vieux partis qui n'ont aucune ambition d'aller se battre avec les SNC-Lavalin de ce monde pour récupérer notre argent qu'on s'est fait voler.

Donc, la CAQ va continuer d'être constructive à l'Assemblée nationale. La CAQ a été constructive en dehors de l'Assemblée nationale. On a eu notre congrès. À ce congrès, on a déposé une nouvelle façon de présenter l'affirmation de l'identité québécoise. On a appelé ça le nationalisme d'ouverture, qui est basé sur trois piliers. Le premier : rapatrier 100 % des pouvoirs dans le domaine de la sélection des immigrants. Actuellement, on a 70 % seulement. Deuxièmement : étendre la Charte de la langue française aux entreprises à charte fédérale. Ça toucherait 135 000 Québécois. Puis troisièmement : affirmer notre laïcité comme valeur. Ça veut dire interdire aux employés qui sont en position d'autorité de pouvoir avoir un signe religieux. Et vous avez vu la réaction de Philippe Couillard, là, un malaise total de son côté à chaque fois qu'on parle de l'identité québécoise, même pour un policier. Donc, voilà que M. Couillard, qui avait promis que ça serait pendant la session qui vient de se terminer aujourd'hui qu'il y aurait un projet de loi de déposé sur la laïcité, bien, a rompu aussi cette promesse-là.

Durant la session aussi, j'ai donné à André Lamontagne un gros dossier sur lequel on va revenir évidemment en 2015 : qu'est-ce qu'on fait avec nos régions? Il y a évidemment des régions qui souffrent beaucoup quand on parle de l'emploi, il y a des prix des ressources naturelles qui sont à la baisse, donc il va falloir être capable de proposer un peu d'espoir puis des mesures concrètes pour les régions. André Lamontagne, député de Johnson, va nous revenir, en 2015, avec ça.

Et je termine en vous disant : Il y a un autre événement qui s'est produit en dehors de l'Assemblée nationale durant la session, à Lévis, hein, à Lévis. D'abord, on est allés chercher un excellent nouveau député, François Paradis, et je pense aussi que cette élection est venue confirmer d'abord que la CAQ est l'opposition officielle réelle. Écoutez, le Parti québécois a eu seulement 8 % d'appui, donc je pense que les gens de Lévis — c'est une circonscription très francophone — sont venus dire clairement : On ne veut rien savoir de ça, un référendum sur la souveraineté; et sont venus aussi envoyer un message au gouvernement libéral pour dire : Vous ne pouvez pas rire de nous continuellement en promettant une chose pendant la campagne électorale puis en pigeant dans nos poches après l'élection.

Donc, je pense que le message qu'on peut retenir de Lévis, c'est que, de plus en plus, la CAQ est un gouvernement en attente pour dans quatre ans. Et on prend ça très au sérieux, on va continuer de travailler fort, et, là-dessus, je passe la parole à notre leader, François Bonnardel.

M. Bonnardel : Oui. Un court commentaire sur le bilan législatif. Je pense humblement qu'on mesure la qualité d'une équipe par ses interventions au salon bleu, le travail fait en commission parlementaire et, là-dessus, je suis fier de vous dire qu'on a déposé, donc, trois lois pendant cette session-ci : le projet de loi n° 192, qui est la protection des dénonciateurs — Marc Picard — qui vise à mieux protéger ceux qui dénoncent des actes de collusion, corruption; le projet de loi n° 196 de Benoit Charette, le pouvoir de la Protectrice du citoyen, qui vise à étendre les pouvoirs de la protectrice, notamment pour recevoir et traiter les plaintes concernant les sociétés d'État. Encore Benoit, hier, qui a déposé une loi, le 393, sur les nominations politiques. Comme mon chef l'a mentionné, depuis le début de la législation, c'est cinq lois que nous avons déposées contrairement à deux du côté du Parti québécois.

Du côté des projets de loi du gouvernement, vous avez vu le travail incroyable que Mario Laframboise a fait sur le projet de loi n° 3 sur les régimes de retraite, un travail extrêmement constructif.

Le projet de loi n° 10 aussi, Éric Caire, sur le système de santé. Vous le savez, on a parlé d'amendements pour améliorer le projet de loi : meilleure répartition régionale des CISSS, un comité de vigilance pour surveiller l'implantation de la réforme, un plan pour éviter, encore une fois, un autre bordel informatique et des indicateurs de performance.

Le projet de loi n° 27 sur les garderies, vous avez vu aussi l'excellent travail de Lise Lavallée, pendant cette session, sur Francine Charbonneau. On va continuer de travailler pour se battre contre la volonté du gouvernement de faire payer les parents pour les places fantômes en garderies.

Projet de loi n° 26 sur le remboursement de l'argent volé. Le chef aussi l'a mentionné, donc un travail où, depuis deux ans, nous demandions qu'une loi soit déposée, autant du côté du Parti québécois que du Parti libéral du Québec.

Deux gains sur des motions qui ne sont pas banales : celle sur l'indépendance du pouvoir politique et des médias, la motion que nous avions déposée, donc, pendant un mercredi de cette session-ci, et aujourd'hui, bien, le gouvernement a mandaté, et on espère avoir une réponse positive, que l'Université Laval, donc, puisse trouver des pistes de solution pour modifier ou améliorer notre code d'éthique dans le futur face au cas particulier de Pierre Karl Péladeau.

Et, en terminant, la motion sur le régime de retraite des députés. Si nous avons... et nous avons demandé, donc, de la part du gouvernement et par tous les députés de l'Assemblée nationale, hormis ceux du Parti québécois, que les employés municipaux doivent partager 50-50 des déficits de retraite, bien, je pense que tous les députés de la Coalition avenir Québec ont eu du courage de demander, pendant cette motion, que nous devions aussi appliquer cette norme aux députés de l'Assemblée nationale. Merci.

Le Modérateur : On va maintenant passer à la période des questions en commençant par le micro situé à votre gauche et en vous limitant, s'il vous plaît, à une question et une sous-question. Donc, Charles Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, M. Legault. Il y a quelques semaines, durant une mêlée de presse, les journalistes vous ont abandonné pour aller poser des questions à Pierre Karl Péladeau. Est-ce que ce n'est pas un peu le symbole d'une session parlementaire où vous avez essayé d'incarner l'opposition officielle, mais, finalement, les journalistes s'intéressaient uniquement à Pierre Karl Péladeau?

M. Legault : Non, je ne pense pas. J'ai vécu la même chose, mais dans les souliers de Pierre Karl Péladeau. Rappelez-vous, lorsque j'ai créé la Coalition avenir Québec, j'avais de la difficulté à aller aux toilettes. Tout le monde voulait me poser des questions sur tous les sujets. On trouvait que je ne couvrais pas assez avec mes quatre sujets à l'époque. Donc, ça dure un temps, je suis bien placé pour le savoir.

M. Lecavalier (Charles) : Donc, vous n'avez pas l'impression d'être dans l'ombre de Pierre Karl Péladeau?

M. Legault : Pas du tout, pas du tout. Là, je ne pense pas, là, que ça reflète — on l'a vu dans Lévis — ce que les citoyens sur le terrain souhaitent. Je pense qu'actuellement, là, les gens, entre la dinde puis les atocas, là, vont pas mal plus parler des augmentations de taxes et de tarifs que de M. Péladeau.

M. Lecavalier (Charles) : Il reste que, je veux dire, vous avez eu une preuve tangible du fait que, des fois, les projecteurs peuvent tourner de bord. Quel est votre plan pour vous distinguer là-dedans?

M. Legault : Bien, une lune de miel, ça dure un temps. Donc, il faut… Il y a le temps qui fait son oeuvre, mais, à un moment donné, que ça soit M. Péladeau ou quelqu'un d'autre, l'article 1 va rattraper le prochain chef du PQ. Est-ce que les gens, au Québec, ils veulent qu'on parle d'économie, ils veulent qu'on arrête d'augmenter leur fardeau fiscal ou si c'est un référendum qu'ils veulent, sur la souveraineté? Moi, je pense que la réponse est assez claire, mais c'est sûr que la nouveauté, pendant un certain temps, ça excite tout le monde.

M. Lecavalier (Charles) : Pensez-vous que la décision du gouvernement d'augmenter les frais, par exemple, quant aux services de garde, est-ce que vous avez l'impression que ça va laisser un stigmate ou est-ce qu'après Noël les gens seront passés à autre chose? Bref, est-ce que vous allez pouvoir capitaliser là-dessus ou est-ce que les gens vont oublier?

M. Legault : Bon, écoutez, c'est clair, actuellement, là, que les citoyens de la classe moyenne sont choqués, sont en colère. C'est beaucoup d'argent, là. On parle en moyenne de 1 300 $ par famille, mais, dans certains cas, c'est 2 000 $, 3 000 $, les augmentations de taxes et de tarifs. Donc, ça, c'est de l'argent après impôt. Donc, les gens, actuellement, je ne sais pas comment ils vont faire pour trouver cet argent-là.

Donc, je ne pense pas qu'après Noël ils vont avoir oublié ça, puis je ne pense pas, même, que, dans quatre ans, ils vont avoir oublié ça. J'entendais aujourd'hui Philippe Couillard dire : Quand j'aurai des surplus, je réduirai la taxe santé. Bien, le premier 1 300 $ qu'il va aller redonner, là, ça va juste être pour aller redonner ce qu'il est allé chercher lui-même dans les poches des contribuables. Donc, non, je pense que ça va marquer vraiment le gouvernement Couillard jusqu'à la fin, là, de son mandat.

Le Modérateur : Patrice Bergeron.

M. Bergeron (Patrice) : Oui. Bonjour, mesdames messieurs. Bonjour, M. Legault. Tout à l'heure, vos collègues de l'opposition officielle ont dit que M. Couillard n'avait pas le mandat pour faire ce qu'il avait à faire. Vous-même avez fait, donc, une liste des promesses rompues ou du problème de cadre financier des libéraux.

Est-ce que vous pensez que le gouvernement Couillard a aussi un problème de légitimité?

M. Legault : Oui. Je pense que M. Couillard, actuellement, a un problème de légitimité, de crédibilité, et il n'a pas été élu en promettant des hausses de taxes et de tarifs. Donc, les gens sont en droit de se dire… Écoutez, moi, je me rappelle d'avoir entendu, en débat, Philippe Couillard dire au Parti québécois que ce n'était pas acceptable les augmentations de tarifs dans les garderies, puis il a fait pire.

Donc, comment il peut être légitime aujourd'hui? Comment il peut regarder en pleine face les Québécois puis dire : Non, non… D'ailleurs, quand je l'entendais tantôt dire : Je vais réduire la taxe santé lorsque j'aurai des surplus, que vaut sa parole aujourd'hui?

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que vous trouvez ça plus difficile en tant que deuxième opposition, maintenant que le gouvernement est majoritaire, de faire entendre votre voix?

M. Legault : Je ne pense pas, parce que, comme on l'a vu, là, le Parti québécois, il s'oppose pour s'opposer, là. Peu importe ce que dit le gouvernement, ils sont toujours contre, là. Une journée c'est pour protéger les syndicats; l'autre journée, c'est pour protéger les CPE. Dans le fond, ils sont contre tout. Je pense que ce n'est pas crédible, ce n'est pas responsable. Les gens savent qu'on vit au-dessus de nos moyens. Il faut trouver une manière de revenir à l'équilibre budgétaire.

Le PQ n'a rien à proposer. Puis, écoutez, comptez sur les candidats à la chefferie pour parler de la date du référendum puis de confronter les différentes stratégies référendaires. On va entendre parler de ça jusqu'au mois de mai. Moi, je pense qu'ils sont complètement déconnectés de la réalité des familles québécoises.

Le Modérateur : Véronique Prince.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour.

M. Legault : Bonjour.

Mme Prince (Véronique) : Avant le début de la session, vous avez perdu votre poids lourd en économie, qui était ouvertement respecté, même par les autres partis. Depuis ce temps-là, est-ce que vous avez réussi à combler son absence en matière d'économie?

M. Legault : Bon. D'abord, vous le savez, puis je pense que la plupart vont l'accepter, je pense, c'est ma passion, l'économie, là. Donc, comme chef, je me sens pas mal solide avec les deux autres pour parler d'économie. Maintenant, qu'on parle de Claire Samson, qu'on parle de Claude Surprenant, qu'on parle d'André Lamontagne, là, je peux vous dire, juste ces trois personnes-là ont beaucoup plus d'expérience dans les entreprises que le trio économique libéral. On a un trio économique libéral, là, qui est dans la théorie, qui est dans l'abstrait, qui est déconnecté de la réalité et des familles, mais aussi des entreprises.

Donc, non. Je trouve qu'on a une très bonne équipe. Vous allez apprendre à les connaître.

Mme Prince (Véronique) : Aussi, au cours des deux dernières campagnes électorales, vous avez dit que vous vouliez abolir les commissions scolaires. Vous vouliez aussi, il me semble, abolir les agences de santé, vous aviez parlé de gel d'embauche, de gel d'effectifs. Donc, c'est tous des fronts sur lesquels veut agir présentement le gouvernement Couillard et c'est déjà commencé. Est-ce que ça ne vous place pas dans une position un peu délicate dans laquelle vous êtes un peu forcé de les appuyer dans certains dossiers.

M. Legault : Oui, mais c'est pour ça que je dis qu'on est constructifs. C'est que, dans le fond, dans notre plan, on dit : On va atteindre l'équilibre budgétaire, 100 % des mesures vont être pour réduire les dépenses. Le Parti libéral nous dit aujourd'hui : 50 % des mesures vont être pour réduire les dépenses — donc on risque d'être d'accord avec ce 50 % là — mais l'autre 50 %, on va augmenter les taxes et les tarifs. Ça, on va s'opposer, là, fortement à cette approche.

Donc, peut-être, je dirais, là,  quand il y a des réductions de dépenses, on va les appuyer. On l'a fait avec le projet de loi n° 3 dans les municipalités parce que je pense que c'est irresponsable que le PQ ne propose rien. On l'a fait avec le projet de loi n° 15 aujourd'hui. Le PQ dit : Ce n'est pas important de contrôler les effectifs dans le réseau. Bien, nous, on pense que oui. On pense qu'il y a 22 000 emplois, là, par attrition qui doivent être réduits. Donc, moi, je pense qu'on va continuer d'être constructifs. Quand le gouvernement va vouloir améliorer l'efficacité de l'État, on va être là pour les appuyer, mais, quand le gouvernement va aller vouloir piger dans les poches des contribuables, ils vont nous voir contre eux sur leur chemin.

Le Modérateur : Martin Croteau.

M. Croteau (Martin) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Oui. Bonjour.

M. Croteau (Martin) : Dans la même veine, la rigueur budgétaire dont se réclame le gouvernement Couillard, c'est un peu votre pitch de vente aux dernières élections, c'est-à-dire de mettre de l'ordre dans les finances publiques. En parallèle, il y a M. Péladeau qui pourrait très bien prendre la tête du Parti québécois, qui est quelqu'un que vous auriez bien aimé avoir dans votre parti.

Sentez-vous que l'offre politique que vous faites aux Québécois est en quelque sorte prise d'assaut en ce moment? Et qu'est-ce que vous comptez faire pour vous démarquer de vos adversaires, qui veulent peut-être tous les deux un peu piger là-dedans?

M. Legault : Bon, d'abord, soyons clairs, là, on va tout de suite régler le cas du PQ. J'ai été là, je les connais bien. D'ailleurs, M. Péladeau l'a dit aussi, il y a un objectif unique, hein? Ça fait qu'on n'a pas besoin de chercher longtemps sur leur priorité, là, il y a un objectif unique, c'est la souveraineté du Québec, bon. Les Québécois pour qui c'est l'objectif unique, la souveraineté, ils ont un parti pour qui voter, ça sera le Parti québécois.

Maintenant, reste comment on fait pour d'abord équilibrer le budget. Là, on a un parti qui dit : 100 % de l'effort devrait être fait et peut être fait en réduisant les dépenses — ça, c'est la CAQ — puis on a le Parti libéral qui dit : Nous, on veut que 50 % de l'effort soit fait en augmentant les taxes et les tarifs des citoyens, 50 % en réduisant les dépenses. Donc, tout de suite, on voit une différence.

Deuxièmement, parce que c'est une priorité aussi importante, sinon plus que les finances publiques, comment on fait pour réduire l'écart de richesse? Comment on fait pour arrêter d'avoir de la péréquation, arrêter d'être dépendant du reste du Canada? Bien, il faut créer de la richesse, il faut avoir des emplois de qualité. Nous, on a un projet qui est sur la table, qui est le Projet Saint-Laurent. Pour l'instant, M. Couillard n'en a pas de projet, puis les résultats, au niveau de l'économie, sont désastreux en 2014, et le Conference Board dit : Ça va être désastreux aussi pour le Québec en 2015. On va être avant-dernier, juste devant le Nouveau-Brunswick.

Donc, moi, je pense que c'est un sujet pas facile. Moi, je vais convenir avec vous, là, parler d'économie, ce n'est pas facile. Il faut d'abord trouver des journalistes qui s'intéressent à l'économie. Mais c'est un sujet qui va être de plus en plus présent dans l'actualité parce que tout le monde commence à connaître quelqu'un qui a perdu son emploi, que ce soit un beau-frère, une belle-soeur, un enfant, ou qui cherche un emploi, et je pense que l'emploi, ça va devenir un sujet important.

M. Croteau (Martin) : Mais vous ne sentez pas que vous êtes un peu pris d'assaut ou votre électorat est pris d'assaut par les deux partis politiques que vous affrontez à l'Assemblée nationale?

M. Legault : Mais non parce qu'on a un parti qui est souverainiste puis on a un parti qui pige dans les poches des contribuables puis qui n'a pas de plan économique. Donc, non, moi, je me sens très confortable. Plus les gens vont connaître le programme de la CAQ, plus la CAQ va avoir de support au Québec, puis on est un gouvernement en attente pour dans quatre ans, je suis convaincu de ça.

M. Croteau (Martin) : Je me permets une troisième question. Qu'est-ce que vous avez retenu du rapport du Commissaire à l'éthique sur M. Péladeau?

M. Legault : Bien, j'ai retenu que, dans le fond, il dit deux choses. Il dit : M. Péladeau n'a pas respecté le code d'éthique en appelant chez Investissement Québec pour favoriser l'acquisition d'une entreprise qui lui appartenait, là, Mel's, mais achetée par Québecor. Par contre, le Commissaire à l'éthique dit : C'est un manque de jugement, c'est un manque d'expérience, et il n'y aura pas de pénalité. Bon, il s'agit de s'assurer que M. Péladeau a bien compris puis que ça ne recommence pas.

Le Modérateur : On va passer aux questions en anglais. Max Harrold, micro de droite.

M. Harrold (Max) : Yes. Hello, sir. You said in French that there is a «manque de» legitimacy. So let's… What I'm asking you is : so you think that the Couillard's Government does not have the mandate from the April 7th election to do the cuts it is doing? Because it did say it needed to reach a balanced budget. It's pretty clear about that.

M. Legault : I think we have a party, the Liberal Party, having two faces. During the electoral campaign, Mr. Couillard was very clear that there would be no increase in taxes and tariffs. Since April 7th, we've seen that in average all families in Québec, they'll have $1,300 more to pay in news taxes and tariffs. So of course that was not the promise. So we can say today that he was elected on false representation.

M. Harrold (Max) : And I guess I'd like to know, in terms of Pierre Karl Péladeau coming in the leadership race, how do you position yourself, your party to, you know, steer away people who might see the PQ in a new light if he takes over?

M. Legault : I think there will be two steps, two periods. The first one, and I know that very well because I was in this position a couple years ago, there will be a honeymoon period for Mr. Péladeau. He's the new guy, new kid on the block and he'll get some support without making any efforts. But after, let's say, six months, people will come back to the article 1 of the Parti québécois about the sovereignty. Mr. Péladeau was clear that he'll have only one objective : sovereignty of Québec. I don't think he's connected with the population in saying that. So, as soon as the honeymoon will be over, I think that it'll be very tough for him or for whoever will be the new chief of the Parti québécois.

Le Modérateur : Caroline Plante.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Legault, the Liberals say that the economy is doing better. I understand you have a different view?

M. Legault : Of course. We had a bad month in October and a good month in November. We have to be careful with monthly results, and I think that even StatCanada would say that. But, if we take the cumulative results since April 1st, we see that we lost, in Québec, 53,000 full-time jobs, and during the same period, in the rest of Canada, 107,000 jobs were created, and, of course, the unequalization payments will increase. And the Conference Board is saying that, for 2015, Québec will have the worst economic growth, except for New Brunswick.

So, of course, it means that the spread will increase between Québec and the rest of Canada, and I cannot see how Mr. Couillard can say that it's going well, because we... He first needs to accept that there's a problem, because, if he doesn't accept that there's a problem, he won't work on solutions, and we need urgently some solutions, some action plans.

Mme Plante (Caroline) : You say it's urgent, but do you think your message is being heard in the population?

M. Legault : Partially, partially. I think that it's not easy to talk about economy. I think also that Mr. Couillard doesn't understand that, in increasing taxes and tariffs, of course it will hurt families, but it will hurt also the economy, because, in the GDP, you have 60% of the total of the economy which is consumptions. So I expect that 2015 will be very tough for consumptions. So I think it won't help the economy to reduce the purchasing power of the middle-class families.

Le Modérateur : Merci, tout le monde.

M. Legault : Merci, tout le monde.

(Fin à 14 h 36)

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