(Neuf heures dix-huit minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Alors, merci d'être présents. Pour le point de presse de ce matin,
prendront la parole la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Manon Massé; le
député de Lac-Saint-Jean ainsi que porte-parole de l'opposition officielle pour
les communautés nordiques, Alexandre Cloutier; la chef des jeunes de
Mistissini, Amy Linton; ainsi que le grand chef des jeunes de la nation crie,
Joshua Iserhoff.
Mme Massé : Merci. Bonjour
tout le monde. On est très heureux et heureuses d'être à l'intérieur, il fait moins
froid. Et on lève définitivement notre chapeau à ces gens qui marchent déjà
depuis plusieurs jours et qui n'ont pas terminé. Beaucoup de courage.
Grande salutation pour leur initiative. C'est
clair qu'il est essentiel qu'autochtones, non-autochtones, en fait l'ensemble
de la population se lève pour dire non à l'uranium. Et, comme vous le
savez, hier, j'ai déposé une motion qui a été adoptée à l'unanimité ici, à
l'Assemblée nationale, qui demande notamment de reconnaître que les Cris, les
jeunes Cris et les Cris de façon plus générale, disent non à l'exploration
de l'uranium au Québec.
Québec solidaire, depuis longtemps, depuis
sa création — on a même déposé un projet de loi en
2011 — réitère, répète que nous n'avons pas besoin de cette forme d'exploitation
ici, au Québec. Et, au contraire, c'est même dangereux pour les générations
actuelles et les générations à venir.
Alors, je remercie profondément le jeune
chef Iserhoff, la jeune Amy Linton, les marcheurs et marcheuses, dont vous en
avez quelques-uns ici, pour leur initiative. Et je laisse la parole à mon
collègue Alexandre Cloutier.
M. Cloutier
: Alors, à
mon tour de saluer cette grande contribution que vous apportez à la société
québécoise par votre implication dans ce dossier important, important pour
l'avenir du Québec. Le Québec est fier de ses ressources naturelles, est fier
des richesses de son territoire, mais encore faut-il que les communautés qui
habitent ce territoire, qui le connaissent, qui le choisissent pour établir leurs
familles, participent et soient partie prenante de l'exploitation et de la mise
en valeur de ces richesses naturelles.
Aujourd'hui, nous avons des jeunes leaders
des communautés qui sont avec nous, qui ont eu ce courage de se prendre en
main, de s'investir dans ce projet. Simplement rappeler que le gouvernement du
Québec du Parti québécois a toujours été un partenaire direct de l'ensemble des
nations autochtones, mais cela est particulièrement vrai pour la nation crie,
fier de l'entente Eeyou Istchee que nous avons signée avec, aussi, les
municipalités du nord du 49e parallèle, fier de ce travail de collaboration.
Mais je ne saurai jamais suffisamment
souligner l'importance du partenariat, l'importance du dialogue, l'importance
que les communautés soient partie prenante, mais aussi respectées, que les
nations cries habitent ce territoire depuis des centaines d'années, voire des
millénaires, et que nous devons plus que jamais être respectueux de leur
initiative et de leur prise de position. Merci.
Mme Linton (Amy) : Good morning everyone. I would like to thank you all for coming to
join us. Our walk against uranium is very important for all of Québec. We
encourage all supporters to follow us as we make it to Montréal for the 15th of
December. This walk, this march against uranium is to show the Québec Government
that all youth of the Cree Nation are opposed… in opposition of uranium. Our
opposition against uranium is important to all future generations. We would
like to keep our land and our water clean and also the animals. We are still
strongly traditional and users of the land. Therefore, we would like to keep
the land, all territory, Cree territory and all of Québec uranium free for
generations to come. Thank you all.
M. Iserhoff (Joshua) : Bon matin, tout le monde. First of all (S'exprime dans une langue
autochtone). So, with that being said… Ça, c'est la langue crie, au nord
du Québec. Premièrement, je suis vraiment content d'être ici aujourd'hui et je
vais m'efforcer de parler français. Il y a des journées que je peux parler
bien, il y a des journées que je ne peux pas. Je pense que ce matin, que je
peux… ce n'est pas si compliqué. Merci beaucoup à Mme Massé and to Mr. Cloutier for
being here, and to the walkers, and to all the media here.
La raison de faire
cette marche, c'est vraiment qui touche notre coeur. C'est vraiment… Le message
est vraiment simple, que c'est… on ne veut pas que nos terres et l'eau soient
contaminées, parce que c'est un mode de vie, c'est nécessaire d'avoir de l'eau.
Et je pense que les Premières Nations… Et je sais que les Premières Nations
sont des «stewards of the land». Ce sont des gardiens de la terre. Et de
marcher 850 kilomètres de Mistissini à Montréal, c'est une démarche et c'est un
défi, mais c'est que c'est une… C'est comme une responsable qu'on doit faire
pour notre peuple et pour le Québec.
On a traversé le Lac-Saint-Jean, traversé
Iberville, Laurentides à des… The weather was unpredictable, mais on a marché.
Je pense que, quand ma mère m'a dit que vous avez vécu tous les temps que nos
ancêtres ont marché… On a marché durant la pluie, du presque moins 28 °C, du
vent fort. Mais c'est pour une raison : de se placer devant le BAPE, le
Bureau d'audiences publiques de l'environnement et de donner ce message en
marchant de Mistissini à Montréal et de dire : On ne veut pas de l'uranium
dans nos terres. Et j'espère que Québec va nous joindre dans ce message, dans
cette démarche.
Donc, le message est simple. Donc, c'est
ça qu'on se présente ici aujourd'hui. Et je suis fier d'être un Cri, Eeyou
Innue de Eeyou Istchee et certainement d'être Québécois. And I
want the Quebeckers to stand with us on this important, pivotal moment of our
lives, that we do not want our waters to be contaminated. And it's a simple
message. And I think it's our… C'est notre responsabilité des citoyens
du Québec de protéger nos rivières, nos lacs et notre terre partout. Il y a des
développements d'uranium partout au Québec, Outaouais, Estrie, Côte-Nord, et je
sais que les gens innus, ça fait quelques ans qu'ils se battent contre
l'uranium. Et c'est la même affaire, la même histoire que les Cris au Nord-du-Québec.
So, with that being said,
I thank you for being here and again I say : No uranium in Eeyou Istchee
et au travers du Québec, and I
hope you can join us.
On va marcher
encore 300 kilomètres d'ici à Montréal, sur la 132, autoroute 132, et, si
vous nous voyez, «and if you do see us», si vous nous voyez en marchant, s'il
vous plaît, apportez du Tim Hortons. Merci beaucoup. Thank you. Merci.
Mme Massé : Alors, merci
beaucoup, et, effectivement, sur la 132, on connaît ça, allons les rejoindre,
allons marcher avec eux autres. Pourquoi pas? Il reste encore quelques jours
avant le 15 décembre. Donc, on est bienvenus à se joindre. Merci, tout le monde.
Je vous... On prend les questions maintenant.
La Modératrice
: Je
vais demander aux journalistes de se présenter avant de poser sa question ainsi
que d'adresser votre question à une personne en particulier.
Journaliste
: ...CBC Radio. I didn't get
your names. Either... I just got here for you in the picture. If you could tell
me your names.
M. Iserhoff (Joshua) : Yes. Joshua Iserhoff.
Journaliste
:
O.K., you're Joshua. I'm sorry. We spoke on the phone.
And your name?
Mme Linton (Amy) : Amy Linton.
Journaliste
:Amy Linton. O.K. Well, Joshua, can you tell me... You've got the support of these
two parties. What exactly are you expecting from the Liberal Government today?
M. Iserhoff (Joshua) : We got the support from these two people and we want others to join
into our «démarche». I think that every riding association, you know, should
really educate the people on this, opposing uranium. And I'm glad that,
hopefully, with this press conference and our walk, that we will attract other
riding associations to join us, because it's very important that, for… we're
doing this walk for future generations, not for First Nations but for everyone.
So, with that being said, hopefully that the people will join us. Thank
you.
Journaliste : (S'exprime dans
une langue autochtone).
M. Iserhoff (Joshua) : (S'exprime
dans une langue autochtone).
Journaliste : (S'exprime dans
une langue autochtone).
M. Iserhoff (Joshua) :
(S'exprime dans une langue autochtone). En français, je vais le dire, je voudrais…
une question comment que le gouvernement de… libéral…
Journaliste : Comment le
gouvernement libéral va… Qu'est-ce que vous attendez du gouvernement libéral
que… en termes de support et d'appui pour la cause que vous faites présentement
ici? C'est la question que je vous posais en cri.
M. Iserhoff (Joshua) : J'aimerais
bien que le gouvernement libéral nous supporte et qu'il passe, c'est-à-dire
qu'il… that would pass a resolution, that would pass a law… il adopterait une
résolution, il adopterait une loi d'avoir ou bien de… extend, a moratorium… as
I say it in French, un moratoire, parce que vous savez que la
Colombie-Britannique et puis la Nouvelle-Écosse, il y a un moratoire pendant 30
ans. Si on peut avoir 60 ans, 100 ans de «moratorium» pour Québec, ça serait
idéal pour tout le monde, hein? Donc, c'est ça que je voudrais avoir du
gouvernement libéral. Oui. Thank you.
Mme Senay (Cathy)
:
Cathy Senay, de Radio-Canada. J'ai une autre question pour vous. Le prix
de l'uranium peut être très, très, très alléchant. Qui êtes-vous pour stopper
le développement au Québec? Comment votre initiative peut stopper ce développement-là,
ce potentiel marché là? Parce que l'exploration, quand même, dans les années
passées, a été très, très, très active, là. Il y a de l'argent possiblement à
faire là. Qui êtes-vous pour stopper ça?
M. Iserhoff (Joshua) : Je
pense que je peux dire que c'est une meilleure question, c'est une bonne
question. Et puis je sais que je parle pour tout le monde, ce n'est pas juste
moi. C'est le peuple d'Amérindiens partout ici, au Québec, que je peux les
parler… je suis le porte-parole, et d'autres leaders aussi, et vous savez que
les Premières Nations sont des… they are the stewards of the land and… pour
sauver de l'eau, de ne pas avoir l'eau contaminée… I think that's a very… un
personne vraiment qui a la force de dire… d'avoir une voix, de dire non à ça.
On n'est pas contre le développement de minières au Québec. On a de l'or, on a
des diamants et surtout d'autres ressources naturelles au Québec. Pour dire non
à l'uranium, c'est vraiment… ça me touche au coeur, et c'est ça que je suis
ici, pour la marche.
Mme Senay (Cathy)
: Pour
protéger l'eau, vous dites.
M. Iserhoff (Joshua) : Bien
sûr, yes. Parce qu'il y a tout le monde… je peux dire que le tourisme est vraiment
bien au Nord. Je pense qu'avec toutes les personnes, les célèbres qui viennent
pêcher au Nord-du-Québec dans le lac Mistassini, «the freshwater lake», c'est
la plus fraîche de l'eau. C'est plus grand que le Lac-Saint-Jean, c'est 90 kilomètres
de long… «wide, and 190». Ça, c'est toute de l'eau fraîche. Si jamais ça
contamine de l'eau, that will be désastreux. C'est pour ça que je suis la personne
de parler avec tous les marcheurs derrière moi et j'espère que le restant du
Québec me… you know, en support avec ça.
Journaliste : …
Mme Massé : J'en profiterais
pour rappeler deux choses. Premièrement, bien sûr, leur voix, elle est
fondamentale, mais elle n'est pas unique. Il y a plein de gens, de Québécois et
de Québécoises — ah oui, là, il y a d'autres marcheurs qui se
joignent — plein de Québécois et Québécoises qui disent non aussi à
l'uranium, et je nous rappellerais que, depuis les événements qui nous ont
démontré…
Une voix
: …
Mme Massé : Joignez-vous,
joignez-vous, les courageux.
Alors, je nous rappellerais que l'Europe
est en train tranquillement de se retirer aussi de l'uranium. On prend
collectivement, mondialement conscience qu'il y a un problème avec cette matière
première. Alors, l'idée de mettre un moratoire est essentielle et l'idée de
voir comment on peut faire en sorte que les matières premières qui sont dans
nos sous-sols soient… bien sûr, qu'on puisse aller les chercher, mais dans la
mesure où ils ne mettent pas en péril la génération actuelle et les générations
à venir.
Alors, moi, je pense que la prise de
conscience de l'uranium, elle est chez les Cris, elle est chez les Premières
Nations, elle est chez les Québécoises et Québécois, mais elle est aussi chez
plusieurs personnes sur la planète.
Journaliste
: Somebody in Cree, please, maybe Joshua or Amy. What
about Saskatchewan? Natives over there have uranium
mines very close to their communities, and it seems that it's doing OK, and the
concentration over there of the level of uranium is much more concentrated than
it is in Mistissini. Furthermore, the mine will be 225 kilometers from
Mistissini. How can you compare the two situations?
Mme Linton (Amy) : The uranium mine in Saskatchewan…
Journaliste
:
In Cree, please.
Mme Linton (Amy) : Oh! Sorry.
(S'exprime dans sa langue)
So his question was about the Natives in Saskatchewan. I have met with a doctor
that's lived with the natives in Saskatchewan, and she knows… she's been treating the Natives there, and there's a
large group of the population
that have different diseases, lung cancer and asthma, and this is related to
uranium mining.
And the mine in
Mistissini, if it was, it would be 200 kilometers away, but the radon
would still travel in the air. It would be affected through the animals and
would also affect the people living there, even if it's 200 miles away.
The way that they plan to mine, with the open pit mine, will affect the health
of all people in that region. Thank you.
(Fin à 9 h 40)