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Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'enseignement supérieur

Version finale

Friday, December 12, 2014, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-quatre minutes)

Mme Hivon : Bon, bien, bonjour, tout le monde. On devrait probablement ne plus s'étonner de rien avec les coupes qui se succèdent depuis le début de l'automne avec ce gouvernement-là qui affiche son manque de vision, toutes ces décisions, en fait, qui déconstruisent des acquis importants de la société québécoise, mais je dois vous dire qu'aujourd'hui je suis particulièrement choquée d'apprendre que l'on coupe clairement, avec des petits montants qui pouvaient faire toute une différence, dans le savoir, dans la culture scientifique, dans la vulgarisation scientifique, dans le développement des connaissances.

Alors, on a appris ce matin deux coupes très significatives pour le milieu de la science et de la recherche. Tout d'abord, une coupe dans les magazines des éditions, donc, BLD, qui publie Les Débrouillards, Les Explorateurs et Curium, qui sont des magazines qui visent vraiment à donner le goût des sciences aux jeunes du primaire et du secondaire, alors que c'est vraiment le moment par excellence pour développer ce goût-là, pour développer cet intérêt-là pour des carrières scientifiques, donc une coupe de 175 000 $ pour ces publications-là.

Évidemment, Les Débrouillards, on connaît tous ça, on a grandi avec Les Débrouillards. Et, juste à regarder les médias sociaux aujourd'hui, on voyait à quel point il y a beaucoup de gens qui disent que ça a changé leur parcours, que c'est là qu'ils ont appris l'intérêt pour les sciences qui a pu se concrétiser plus loin. Donc, c'est vraiment un manque de vision assez grave auquel on assiste. Et ça, c'est jumelé au fait qu'on apprend aussi que l'Agence Science-Presse va probablement carrément devoir être abolie parce que la subvention qu'elle a du gouvernement, de l'ordre de 120 000 $, qui représente 70 %, donc, de ses subsides, est abolie également. L'Agence Science-Presse, bien, évidemment, c'est la seule agence francophone de vulgarisation scientifique. C'est celle qui nourrit les médias pour pouvoir transmettre de l'information sur la science, sur la recherche.

Donc, c'est vraiment très grave, c'est un jour très triste, c'est un jour très sombre pour la science, pour la curiosité scientifique, pour les carrières scientifiques, pour, je vous dirais, l'appropriation des connaissances scientifiques, du savoir scientifique et, je vous dirais, de manière générale, pour le savoir tout court. On aurait pu penser qu'après l'épisode des livres, des déclarations malheureuses de M. Bolduc qui avait dit que personne au Québec… il n'y a aucun enfant qui ne mourait du fait de ne pas avoir accès à autant de livres, on aurait pu penser que le gouvernement aurait appris, aurait appris à quel point c'est important pour les jeunes de donner le goût des connaissances. Or, aujourd'hui, le gouvernement récidive, cette fois par le biais du ministre M. Daoust, du ministère de l'Économie, qui vient dire, et je cite, que «la promotion de la science ne fait plus partie des priorités du gouvernement». C'est donc ce qui a été déclaré à la direction de l'Agence Science-Presse par le sous-ministre, rien de moins, que… du ministère de l'Économie, que ce n'est plus une priorité.

Je vous rappelle qu'on parle de montants, dans un cas, de 175 000 $ pour Les Débrouillards et les magazines de vulgarisation pour les plus petits, et de 120 000 $ pour l'Agence Science-Presse. Ce sont vraiment des économies de bouts de chandelles pour le gouvernement, alors que, pour tout ce milieu-là de la connaissance scientifique chez les jeunes, de la vulgarisation scientifique, ce sont des montants qui peuvent faire toute la différence et qui risquent maintenant de complètement déstructurer ces lieux-là de savoir. C'est particulièrement odieux d'apprendre ça cette semaine, alors qu'on a aussi appris que le ministre D'Amour avait investi plus de 275 000 $ dans un nouveau bureau de circonscription, quand on sait aussi que le ministre Bolduc n'a toujours pas renoncé à sa prime dans son entièreté, qui était de 215 000 $. Donc, vous vous imaginez que, juste en cumulant les deux, on est capables de complètement rembourser… pas rembourser, mais complètement combler cet écart qui, aujourd'hui… ces coupes qui, aujourd'hui, sont demandées de manière totalement non justifiée au milieu de la vulgarisation scientifique.

En terminant, tout le milieu de la science et de la recherche est aujourd'hui inquiet, encore plus inquiet qu'il ne l'était au cours des derniers mois, parce que, depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, ils attendent un signal, un signal d'espoir par rapport à la place qu'aura la science, la recherche pour ce gouvernement-là. Vous vous rappellerez qu'on avait déposé la Politique nationale de recherche et d'innovation, qui a été une politique qui a été saluée par tous les acteurs, unanimement, dans le milieu de la recherche, de la science et de l'innovation. Or, tout le milieu est sans nouvelle des intentions du gouvernement par rapport à cette politique-là.

On a vu que, cette année, il y a eu des coupes de 30 % dans le milieu de la recherche et il n'y a aucune indication quant à la place que la recherche et l'innovation auront pour le futur. C'est complètement déstructuré, vous en avez un exemple aujourd'hui. Est-ce que c'est normal que de telles décisions se prennent au sein du ministère de l'Économie, alors que ça touche l'enseignement, l'éducation, l'initiation aux sciences?

Avant, toute cette politique-là, toute la notion de recherche, tout le dossier de la recherche et de l'innovation relevaient du ministre de l'Enseignement supérieur. Aujourd'hui, c'est scindé en deux, la politique relève à la fois de l'Enseignement supérieur et à la fois du ministre Daoust, donc de l'économie. C'est quelque chose, bien sûr, qu'on a décrié. À ce jour, ça n'a pas été changé, mais aujourd'hui on assiste à des résultats qui nous montrent très bien qu'il n'y a aucune espèce de préoccupation, au sein du ministère de l'Économie, pour la science, la recherche. Et ce qu'on demande très simplement, c'est que le gouvernement, donc, annule ces coupes-là qui vraiment vont déstructurer le milieu de la vulgarisation scientifique et qu'il envoie un signal clair au milieu de la recherche qui est très mobilisé. Il y a plus de 5 000 chercheurs. Vous savez que les chercheurs, ce ne sont pas les premiers qui sortent dans la rue, mais il y a 5 000 chercheurs qui, à ce jour, ont signé une pétition initiée par l'ACFAS pour demander des orientations pour s'assurer que la Politique nationale de la recherche et de l'innovation va être maintenue.

Donc, ce qu'on demande au gouvernement, c'est un signal clair de rassurer le milieu, d'éliminer ces coupes-là et de rassurer quant à l'avenir, quant à l'importance de la science et de la recherche. Merci.

Mme Dufresne (Julie) : En même temps, Mme Hivon, si on se fait un peu l'avocat du diable, pour un gouvernement qui cherche des économies à tout prix et qui dit vouloir choisir les priorités, entre la santé et Les Débrouillards, il va certainement répondre que la santé est une priorité.

Mme Hivon : Bien, moi, je vous dirais que c'est la prévention qui devrait être importante et c'est aussi de donner des connaissances aux jeunes. Je veux dire, à un moment donné, là, si tout passe sous le joug des coupes, d'économies de bouts de chandelles, là… On ne parle pas de dizaines de millions de dollars. Quand on a vu, cette semaine, des dépenses absolument odieuses du gouvernement, quand on voit ce deux poids, deux mesures, je pense que les gens en ont assez.

Un moment donné, il faut avoir une vision. Elle est où, la vision de ce gouvernement-là? Elle est où la vision du gouvernement pour dire qu'on va former des citoyens qui vont être allumés, qui vont avoir des connaissances, qui vont avoir le goût d'apprendre? On est en train de déstructurer tout ça. C'est complètement contre-productif, d'un point de vue de la connaissance, du savoir, mais d'un point de vue économique aussi. On se bat pour avoir des jeunes qui ont le goût d'aller dans des carrières scientifiques, qui ont le goût d'aller en recherche, puis là on enlève les outils par excellence pour développer ce goût-là à la science et à la recherche, aussi à la connaissance des enjeux, je vous dirais, de l'environnement. C'est autant d'éléments comme ceux-là qu'on peut apprendre avec ces outils-là de vulgarisation.

Donc, bien sincèrement, c'est une absence totale de vision, c'est une absence totale, je vous dirais, de savoir miser sur les bons leviers pour qu'à long terme le Québec se développe comme on le souhaite.

M. Lecavalier (Charles) : Est-ce que ça ne met pas… Ces coupures-là, est-ce que ça ne met pas en danger… est-ce que ça ne met pas en doute la capacité des Québécois de lire des nouvelles scientifiques en français?

Mme Hivon : Ça met carrément en danger la capacité des Québécois de lire, d'avoir accès à des nouvelles scientifiques en français. On sait très bien que ce ne sont pas tous les médias qui sont capables d'avoir des journalistes, des correspondants spécifiquement attitrés, donc, aux nouvelles scientifiques. Or, avec l'Agence Science-Presse, on avait ce moteur-là, et, bien franchement, quand on regarde à un coût de 120 000 $, je pense que ça vaut l'investissement. À un moment donné, couper tous azimuts, là, ça serait peut-être bien qu'on s'arrête. Le fameux cran d'arrêt du gouvernement, peut-être que, des fois, il devrait se l'appliquer dans les coupes aussi puis d'essayer de voir la déstructuration que ça risque d'amener.

Ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'on ne sera plus capables d'avoir de l'information de qualité, de l'information scientifique de qualité qui, elle aussi, a un effet boule de neige, qui, elle aussi, développe de l'intérêt, peut stimuler des carrières, d'autres recherches. Donc, je pense que c'est vraiment contre-productif, ce à quoi on assiste aujourd'hui, puis, bien sincèrement, le ministre Bolduc, qui nous ne a pas beaucoup impressionnés avec sa déclaration sur les livres, ce serait peut-être le temps aujourd'hui qu'il se resaisisse et qu'il dise que, lui, il va faire un cheval de bataille de l'accès à cette culture, à cette connaissance, à ce savoir scientifique, particulièrement pour les jeunes, et qu'il va se battre auprès du ministre Daoust, avec qui maintenant il est coresponsable de toute la question de la recherche et l'innovation, puis qu'il va en faire un cheval de bataille, qu'on va reculer sur ces coupes-là.

Mme Dufresne (Julie) : Qui sont les premières victimes, si vous me permettez l'expression, de ces coupes-là? Les jeunes?

Mme Hivon : Bien, ça va être… Écoutez, très concrètement, ça va être les jeunes, les jeunes, d'une part, avec les magazines de vulgarisation scientifique pour les jeunes. Il y en a trois, donc, pour le primaire et le secondaire, qui sont mis en péril, qui vont donc fragiliser toute l'organisation, là, de la maison d'édition par rapport à ces publications-là. Ce sont les jeunes, mais c'est toute la société, parce que des jeunes qui ne s'intéressent pas aux sciences, qui vont avoir leur premier contact avec les sciences beaucoup plus tardivement, qui ne, par exemple, pourront peut-être plus avoir accès à ce matériel-là, à développer une conscience scientifique, une curiosité intellectuelle par rapport aux sciences, une conscience par rapport aux enjeux environnementaux, bien, c'est toute la société qui va en pâtir. Puis je le répète, mais les carrières scientifiques, c'est important. On se bat à plein d'égards, à plein de points de vue dans les commissions scolaires, au cégep, à l'université pour favoriser l'émergence de ces carrières-là, et puis là, au moment où on est capables de venir semer une petite graine, un intérêt, d'éveiller la curiosité de nos jeunes par rapport à ça, on va dire : Ah! bof, ça, ce n'est pas important, on va couper là-dedans.

      Puis, même chose du point de vue de l'agence, l'Agence Science-Presse, c'est une agence qui, franchement, pour tout ce qu'elle accomplit, je pense, représente un bon investissement de deniers publics avec 120 000 $, qui fait beaucoup de chemin avec ce 120 000 $ là, qui permet à la population en général d'avoir accès à des nouvelles scientifiques qui intéressent beaucoup les gens. On a juste à regarder combien il y a d'auditeurs, combien ça fait d'années que Découverte vit. D'ailleurs, c'est ce qui alimente le site Découverte, le site Web de Découverte, entre autres choses, à quel point les gens sont intéressés par ces sujets-là. Donc, on est en mesure de se poser des questions.

      Puis, je vous le dis plus largement, on n'a eu aucun signal de ce gouvernement-là par rapport à ses intentions sur la Politique nationale de la recherche et de l'innovation, sinon que pour nous annoncer qu'on scindait ça entre deux ministères puis qu'on déstructurait toute l'affaire. Donc, aujourd'hui, on s'attend à ce que cet épisode-là puisse peut-être leur permettre de se ressaisir et d'envoyer un signal clair au milieu de la recherche, des sciences et de l'innovation.

      Mme Dufresne (Julie): Puisque vous parlez de Découverte, vous avez aussi, dans un communiqué de presse, laissé connaître votre inquiétude quant aux coupes à Radio-Canada. Pourquoi est-ce que ça vous inquiète?

      MmeHivon: C'est très inquiétant l'impact supplémentaire qu'on a pu noter, apprendre hier des coupes, des compressions record qui sont faites à la Société Radio-Canada.

      Pourquoi c'est si inquiétant? Bien, qu'est-ce qu'on anticipait est en train de se concrétiser. C'est maintenant l'information régionale qui est une victime des coupes à Radio-Canada, et on voit donc que, dans plusieurs… dans la majorité, en fait, des régions qui ont des bulletins régionaux, la part de l'information régionale va être réduite de moitié. Pourquoi c'est si inquiétant? Bien, c'est inquiétant parce que l'accès à l'information, à une information de qualité, diversifiée avec différents médias, c'est, bien sûr, un pilier de la démocratie, c'est une manière, encore une fois, de faire en sorte que les citoyens sont des gens qui sont au courant de ce qu'il se passe dans leur environnement et c'est particulièrement important en région.

      Quand on voit les mauvaises nouvelles qui se succèdent en ce qui a trait à l'information régionale… On a vu, au cours des derniers mois, le nombre excessivement élevé d'hebdos régionaux, locaux qui mettaient la clé sous la porte. On a vu aussi que Gesca avait l'intention, donc, de cesser complètement la publication de ses quotidiens en région au cours des prochaines années. Donc, c'est autant d'éléments qui font en sorte que les Québécois des régions risquent d'avoir énormément de difficulté à rester connecter bien concrètement sur les enjeux qui les affectent au quotidien dans leur vie locale et régionale.

Et aujourd'hui j'en appelle à la ministre de la Culture et des Communications du Québec qui doit vraiment prendre son bâton de pèlerin, frapper à la porte de sa vis-à-vis fédérale et lui dire que ces coupes-là n'ont aucun sens et qu'au Québec on les rejette, qu'au Québec on croit dans l'importance d'une information de qualité accessible partout au Québec, y compris en région. Et on lui demande finalement de sortir de son mutisme parce que, malheureusement, ça a pris une motion, une motion qui heureusement a été unanime à l'Assemblée nationale il y a deux semaines, pour que, pour la première fois, la ministre David se prononce sur le dossier de Radio-Canada.

Mais, depuis et avant, on n'a eu aucune idée de quelles sortes de démarches, si même il y a eu des démarches auprès des homologues fédéraux, pour faire revoir ces décisions de compression record dans le réseau de Radio-Canada. Donc, on lui demande aujourd'hui d'agir, de défendre les Québécois, de défendre les intérêts des Québécois pour l'information régionale.

Mme Dufresne (Julie) : Mais elle a un peu les mains liées parce que, vous le dites vous-même, le budget de Radio-Canada est de juridiction fédérale. Ultimement, c'est le fédéral qui accorde les fonds. Mme David ne peut pas faire grand-chose, sinon que de prendre son bâton de pèlerin.

Mme Hivon : Bien, ce serait déjà une bonne nouvelle de sentir qu'elle est avec les Québécois, les dizaines de milliers de Québécois qui ont marché dans la rue il y a quelques semaines. Je pense qu'ils seraient très heureux de sentir que leur gouvernement au Québec prend fait et cause pour eux puis qu'il va se battre à leurs côtés. Mme David, elle a été excellente pour demander au milieu de la culture de se battre, mais maintenant c'est à son tour de se battre, c'est ce qu'on aimerait voir.

On l'a vu, le gouvernement du Québec, toutes allégeances confondues, à différents moments, a agi très fermement par rapport au fédéral. On peut penser à la Loi sur les jeunes contrevenants, on peut penser au registre des armes à feu, on peut penser à toutes sortes d'enjeux sur lesquels on est capables de se mobiliser. Comment se fait-il qu'on n'a rien entendu à ce jour, sauf au moment du dépôt de la motion, parce qu'elle y était contrainte? Comment ça se fait qu'on n'a pas entendu, à ce jour, un mot de la ministre David pour nous dire ce qu'elle demandait au fédéral, quelles représentations elle avait faites, ce qu'elle souhaitait obtenir comme résultat? C'est ça qu'on attend, puis je pense que c'est ce que les Québécois sont en droit d'attendre de leur gouvernement québécois. Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 51)

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