(Neuf heures onze minutes)
Mme Poirier
:
Alors, bonjour. Carole Poirier, députée d'Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole
en matière d'habitation.
Alors, ce matin, je réagis… je viens
réagir fortement à l'effet de la démission de deux membres du conseil
d'administration de la Société d'habitation du
Québec, démissions qui s'inscrivent avec une troisième démission qui est
annoncée et celle de deux membres du conseil
d'administration qui ont avisé du non-renouvellement de leur mandat.
Donc, c'est cinq membres sur neuf, incluant le président-directeur général,
nommé par le gouvernement. Alors, on voit
qu'actuellement le conseil d'administration Société d'habitation du Québec n'est plus fonctionnel à
l'heure où on se parle.
Alors, pourquoi ces gens-là ont démissionné?
Bien, ils ont démissionné parce que les décisions du gouvernement en matière de
logement social ne sont pas du tout à l'enseigne des orientations qu'a pris la
Société d'habitation depuis des décennies. On
se rappelle le programme AccèsLogis. Le programme AccèsLogis, c'est un
programme qui permet la construction de logements sociaux, tant des coops ou
par des organismes à but non lucratif qui construisent
des logements sociaux pour permettre, justement, aux gens ayant de
faibles revenus de pouvoir habiter dans des logements convenables à meilleur
prix, à prix accessible pour ces gens-là. Alors, la Société d'habitation a sorti une directive en catimini sans que son conseil
d'administration, même,
soit au courant, la
semaine passée, venant réduire de façon importante
les contributions au programme d'AccèsLogis.
Ces contributions sont nécessaires, particulièrement en
région, et viennent… l'annonce de la semaine passée vient menacer la
construction des programmes… des projets en cours, mais ceux à venir, mais tout
particulièrement en région.
Qu'est-ce que ça vient faire? Eh bien, c'est que le programme,
pour lequel on avait ajouté 50 millions pour,
justement, répondre aux besoins du marché… Vous
savez, les coûts ont augmenté, les coûts de construction ont augmenté et le
gouvernement, en 2012, avait, justement, ajusté l'enveloppe pour permettre, justement, qu'on puisse faire des logements sociaux au Québec.
Malheureusement, cette enveloppe, elle est épuisée.
C'est une enveloppe qui était là pour jusqu'en 2016, elle et épuisée
présentement, et elle va… Le gouvernement a annoncé qu'il
ne renouvelait pas l'enveloppe, mais en plus qu'il
venait s'attaquer directement à la possibilité de voir émerger de nouveaux
projets.
On voit que la Société d'habitation et le
gouvernement du Québec, tout particulièrement,
ont décidé de venir sabrer dans le programme AccèsLogis. Alors, il va falloir
qu'on comprenne les messages de ce
gouvernement. En décembre dernier, la ministre Charlebois nous annonçait 500
nouveaux logements pour répondre à l'itinérance. Eh bien, ces 500 logements
sont aujourd'hui menacés parce que les régions du Québec ne pourront répondre à
la demande par faute d'argent, par faute de moyens. Et ça vient directement
pénaliser l'ensemble des régions du Québec.
Alors, on voit
là un geste de mauvaise gouvernance, de mauvaise foi. Un geste où on va
encore mettre ça au nom de l'austérité libérale,
qui vient, tout simplement, sabrer dans la venue de nouveaux logements pour
répondre aux besoins, mais aussi d'une industrie, parce qu'il y a un vieux
dicton, on le dit tout le monde : Quand
la construction va, tout va. Eh bien, là, le gouvernement vient tout simplement
rompre des engagements en stoppant le programme AccèsLogis.
Alors, moi, ce que je demande au
gouvernement ce matin, c'est de venir
confirmer qu'il ajoutera les montants
nécessaires, qu'il va venir confirmer qu'il recule devant ces mesures d'austérité qui vont
faire, justement,
le contraire de ce qui est nécessaire. Et je nous rappellerais qu'en 2002
Pauline Marois, ministre des Finances, justement dans un moment de crise
financière, avait fait un budget spécial dans lequel elle avait investi dans
AccèsLogis pour repartir la construction et avait,
justement, fait un projet de 5 000
logements à Montréal et aussi des logements en région. Alors, c'est ça que le
Québec a besoin, c'est ça que nos régions ont besoin.Alors, moi, je demande au gouvernement du
Québec aujourd'hui, je demande au ministre Moreau de revenir sur sa décision,
d'injecter les sommes nécessaires et de faire en sorte que l'on puisse repartir
le programme AccèsLogis.
De plus, les organismes communautaires qui
s'occupent de logements sociaux sont subventionnés par un programme qui
s'appelle le PAOC, le Programme d'aide aux organismes
communautaires. Eh bien, imaginez qu'ils n'ont pas encore reçu les
sommes nécessaires au fonctionnement des organismes. C'est
seulement quatre organismes qui ont reçu leurs subventions cette année. Les
groupes de ressources techniques n'ont pas reçu leurs sommes, alors ces groupes-là
fonctionnent, justement, à partir de cette subvention à la mission, et je demande au
gouvernement de verser immédiatement les sommes et de confirmer que les sommes
seront au rendez-vous dans le prochain budget.
Alors, il est urgent, à ce moment-ci, de
venir rassurer le monde du logement social au Québec. On a besoin de la
construction de logements sociaux. Il y a des centaines de milliers de
personnes qui attendent, hein? On parle de 40 000 personnes qui sont en
attente de logement social au Québec. Il y a des dizaines de milliers de
personnes qui paient 30 % de leurs revenus et plus en loyer au Québec. Le
logement social est important.
On voit aussi des messages qui sont
envoyés, actuellement,
par la direction de la SHQ aux groupes voulant favoriser plutôt le supplément
au loyer, donc l'aide à la personne. Alors, c'est
encore là une dérive libérale de vouloir investir dans le privé au lieu de
venir investir dans le social. Alors, moi, je demande au gouvernement
d'arrêter, d'arrêter, là, de menacer les logements sociaux, de venir confirmer
que le logement social est encore une priorité pour le gouvernement libéral et
de faire en sorte que l'on puisse, justement, prolonger le programme AccèsLogis. Il y a des
projets sur la table, il y a des plans de construction sur la table, et il faut
que les réalisations de ces projets-là soient faites. Merci.
(Fin à 9 h 17)