(Treize heures trente-trois minutes)
M. LeBel : Bonjour, tout le
monde. Ce que je veux faire aujourd'hui, c'est, avec les dernières sorties de
médias, différents médias, sur la condition de vie des aînés, je veux
interpeller la ministre des Aînés, voir ce qu'elle fait depuis le 7 avril.
On ne l'entend pas beaucoup sur les aînés. Elle est très embourbée dans les
histoires de CPE et des garderies, je la comprends bien, mais elle a la responsabilité
des aînés, et on doit l'entendre, on doit l'entendre prendre position.
Ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est que,
par manque de surveillance dans les centres d'hébergement, ce sont une
vingtaine de personnes âgées qui sont décédées après s'être étouffées avec de
la nourriture. On est en 2015, c'est des situations qu'on ne peut pas accepter.
Hier, on apprenait, sur la santé buccale de nos aînés qui était soulevée,
11 % des gens âgés de 65 ans et plus qui n'ont pas d'assurance… qui ont
une assurance dentaire au Québec, seulement 11 %.
Comme député de Rimouski, ça a été un de
mes premiers cas, je n'en revenais pas, c'est une réalité des personnes âgées,
des fois pas très âgées, qui ont ces problèmes, et qui doivent se réinsérer, et
continuer à travailler ou briser l'isolement, et c'est des réalités qu'on vit
sur le terrain. Et où est la ministre des Aînés? Elle est toujours très
silencieuse. D'ailleurs, ça va faire un an qu'on a vécu l'incendie de
L'Isle-Verte et on ne l'a pas entendue parler non plus. Pourtant, les libéraux,
quand ils étaient dans l'opposition, avaient réclamé un mandat d'initiative en
commission parlementaire sur la sécurité des CHSLD.
On apprend aussi que les ententes
régionales pour l'amélioration des conditions de vie des aînés, qui était
gérées en région avec les CRE… qu'on apprend, on a su, là, la fin des CRE, et
les ententes spécifiques, ces ententes… une de ces ententes spécifiques,
c'était sur la situation des aînés, les conditions de vie des aînés, et ça
touche… tu n'avais pas de mur-à-mur. Dépendamment des régions, on pouvait vivre
des situations différentes. Entre autres, la Côte-Nord, on travaillait beaucoup
sur l'habitation spécifique pour les aînés.
Maintenant, on parle d'un impact de
1,3 million qui est en jeu et qui pourrait briser des projets qui étaient
spécifiques pour la Côte-Nord, pour les aînés de la Côte-Nord. Dans le Bas-Saint-Laurent,
c'est un peu la même chose, on avait choisi de travailler sur la participation
sociale des aînés, la lutte à la maltraitance, les aînés vulnérables, les
relations intergénérationnelles, l'accès à la culture pour les aînés, les
technologies de l'information pour briser l'isolement, l'amélioration des
conditions de vie. Tout ça, il y avait des projets autour de ça, des gens
mobilisés, et c'est 1,5 million qu'on vient de couper, d'enlever, et on se
demande comment ça va se traduire éventuellement. On centralise à Québec,
autour de la ministre, autour du cabinet de la ministre, sans s'occuper des
priorités régionales, et ça rend tout le monde, partout en région, très
inquiet.
La FADOQ aussi, on les a rencontrés
souvent en commission parlementaire sur le projet de loi n° 28, la FADOQ
très inquiète, là, sur ce qui se passe avec les piluliers. Ça aussi, c'est… on
parle d'une coupe, là, de 17 $ à 12 $ par mois pour des piluliers,
mais on peut penser que ce n'est pas grand-chose, mais, pour beaucoup de personnes
âgées, l'accès au pilulier puis les gens qui les accompagnent… moi, je l'ai
vécu de mon côté, c'est… Sans ça, sans les pharmaciens qui préparaient les
piluliers, jamais on n'aurait pu garder ma mère aussi longtemps, jamais on
n'aurait pu se débrouiller à travers tout ça. Et ce n'est pas des gros montants
d'argent, mais c'est très important pour les aînés, pour le maintien à domicile
des aînés.
Même chose, le docteur Barrette, le
ministre Barrette qui parle de faire payer davantage pour le transport ambulancier,
puis on sait que les aînés en ont besoin plus souvent. Pour des régions comme
la nôtre, des grands territoires, c'est une catastrophe. La même chose pour
certaines régions, on parle de… la ministre n'intervient pas sur la livraison
du courrier à domicile. Pour bien des aînés, aller chercher le courrier dans
les fameuses grosses boîtes, c'était une problématique dans les villes, dans
plein de régions rurales. C'est une problématique, les aînés nous en parlent
beaucoup dans nos bureaux de comté. Là-dessus encore, on n'entend pas la
ministre.
On apprenait dans les journaux, on dit :
150 personnes âgées se suicident; encore une fois, se suicident, mais encore
une fois on n'entend pas parler de l'isolement de nos aînés, on n'entend pas
parler de cette problématique-là. Bref, je pense que la ministre doit
absolument sortir de sa torpeur, doit absolument intervenir. On ne peut pas
laisser ces informations-là circuler partout dans les médias, voir cette
situation-là et sans être un peu sensible à tout ça.
Comme je dis, on est en 2015. Nos aînés, c'est
nos parents, c'est nos grands-parents. Déjà, on sait que la vie est compliquée,
on court partout, on est impliqués partout, on travaille fort puis on a
tendance à oublier ces aînés-là qui sont dans leurs maisons tout seuls, qui
écoutent la télé, qui essaient de se donner une qualité de vie, et il y en a
plusieurs qui n'ont pas cette qualité de vie, et il faut trouver une solution
pour leur dire qu'on est sensibles à ce qu'ils vivent, et la ministre doit…
comme ministre responsable, elle a effectivement cette responsabilité-là
d'intervenir et de dire que l'État québécois se préoccupe de ce phénomène
d'isolement de nos aînés et d'abandon dans plein des… dans bien des domaines de
nos aînés, et surtout, encore en régions périphériques, où l'isolement est encore
plus pesant. Ça fait que merci. Si j'ai des questions…
M. Caron (Régys)
:
Bonjour M. LeBel. Le Journal de Québec rapporte aujourd'hui qu'il y a
une vingtaine de cas de personnes qui sont décédées après s'être étouffées avec
leurs aliments. Est-ce que le vieillissement de la population est à ce point
que les CHSLD ne puissent plus suffire à répondre aux besoins de leurs
patients, leurs pensionnaires?
M. LeBel : Il y a une question
à se poser, là. Il y a un phénomène qui ne fait que commencer, et c'est pour ça
que j'interpelle la ministre. Ces situations-là, il n'y a peut-être pas de
réponse immédiate à donner, mais il faut s'en inquiéter et il faut commencer à
en discuter avec les différents responsables et au moins ne pas donner le
message comme on donne actuellement, dans cette grande politique d'austérité
gouvernementale, où on décide de tout couper. Il faut investir dans une
politique de vieillissement, il faut investir dans le soutien à nos aînés pour
briser l'isolement puis s'assurer de la sécurité de nos aînés dans ces… entre
autres dans les CHSLD. Mais ça, il y a là… dans plein d'autres domaines, et
actuellement on sent un désarroi de plusieurs organismes qui travaillent auprès
des aînés.
M. Caron (Régys)
: Le
gouvernement dont vous avez fait partie avait une politique d'assurance
autonomie. Le gouvernement a écarté cette politique-là. Êtes-vous inquiet quant
à, comment dire, l'avenir ou les coûts qui pourraient s'ensuivre quant à la
politique vieillesse? Parce que le prédécesseur de M. Barrette disait : Si
on le fait, ça va coûter cher, mais, si on ne le fait pas, ça va coûter encore
plus cher.
M. LeBel : Moi, je suis très
inquiet, mais, comme je vous dis, dans plusieurs commissions parlementaires que
j'ai assisté, entre autres sur la loi n° 10, mais dans… sur d'autres, sur
le fonds de retraite, à chaque fois que les groupes représentant des aînés
venaient nous rencontrer, nous parlaient d'un besoin d'une politique de
vieillissement au Québec parce que, la situation des aînés, ce n'est pas que
dans un seul domaine. L'isolement des aînés, l'abandon, souvent, de nos aînés,
c'est dans plusieurs domaines, et il faut avoir un portrait plus global, et
c'est ce portrait global là que je voudrais voir. Puis, pour l'instant, ce
qu'on a de besoin surtout, c'est une ministre qui répond, qui répond présente,
et actuellement on ne l'entend pas.
Ça fait que c'est la première étape que
j'aimerais voir, c'est une ministre qui va réagir, qui va dire un peu qu'elle
est sensible à toute cette situation-là puis qu'elle a un genre de vision, au
moins. Et l'autre étape, c'est de voir avec elle est-ce qu'on est capable
d'aller plus loin puis d'avoir une véritable politique de vieillissement parce
qu'on sait que ça va nous rattraper dans plusieurs domaines, des situations
difficiles.
Et pour quelqu'un comme moi, d'une région
ressource qu'on appelle souvent, plus éloignée, ça a encore plus d'importance.
Les régions comme la Gaspésie, comme le Bas-du-Fleuve, comme la Côte-Nord, déjà
qu'on a de la difficulté à garder nos plus jeunes, il faut s'assurer que nos
aînés qui décident de continuer à vivre en région… puis qu'ils aient toujours
une qualité de vie en région, qu'ils puissent rester dans leur maison, même en
milieu rural, avec une qualité de vie adéquate. Et ça, ça se rajoute à
l'ensemble. Actuellement, tout ce qu'on voit, c'est un gouvernement qui n'est
pas sensible, qui avait des mesures pour essayer de coller des programmes ou
des projets pour nos aînés sans avoir de mur-à-mur, avec les partenaires
régionaux, et tout ça est comme arrêté. On recentralise à Québec, c'est Dieu le
Père qui est à Québec qui va encore décider pour tout le monde, et, dans le
domaine des aînés, ce qu'on s'aperçoit, c'est sans vision.
Puis je rajouterais une autre chose. On
dit que, par rapport aux aînés, la pauvreté des aînés, c'est 20 % des
aînés qui vivent sous le seuil de la pauvreté au Québec. On est comme les
champions au Canada de la pauvreté des aînés. Il y a une loi qui existe au
Québec pour lutter contre la pauvreté, puis, dans cette loi-là, on avait réussi
à intégrer ce qu'on appelait la clause d'impact, et ça veut dire que le
gouvernement, dans chacune de ses actions, devait mesurer l'impact sur la
pauvreté. Et je peux vous dire, actuellement, personne ne va me faire accroire
qu'au Québec, actuellement, on a un gouvernement, entre autres dans le domaine
des aînés, qui respecte la clause d'impact, qui a mis ses lunettes pour voir
l'impact sur la pauvreté des aînés, là, ce qui se passe au Québec.
Je pense que cette clause-là n'est pas respectée
puis je pense que la loi même n'est pas respectée par le gouvernement,
notamment par rapport aux aînés.
Merci. Merci, tout le monde.
(Fin à 13 h 41)