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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Wednesday, January 28, 2015, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures quarante-cinq minutes)

Mme David (Gouin) : Mesdames messieurs, bonjour. Le ministre François Blais, ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, auteur d'un livre, il y a quelques années, sur le revenu minimum garanti, vient de nous annoncer quoi? De nouvelles compressions à l'aide sociale. En fait, ce ministre fait comme tous les ministres, ou à peu près, qui l'ont précédé, tous gouvernements confondus, il coupe à la sécurité du revenu, prétendant ainsi sortir les gens de la pauvreté. C'est quand même assez extraordinaire.

Donc, je dois vous dire que moi, qui travaille dans ce dossier de la lutte à la pauvreté depuis 25 ou 30 ans, j'ai vraiment l'impression de jouer dans un vieux film : un autre ministre qui s'en prend aux plus pauvres du Québec, qui entretient encore des préjugés vis-à-vis les plus pauvres du Québec,et tout ça prenant un ton vertueux et nous disant qu'il veut permettre aux gens de retourner sur le marché du travail. Intellectuellement, ça ne se tient pas du tout, et ce qui est extrêmement dommage, c'est que ce ministre braque les projecteurs sur des pratiques qui, peut-être, peuvent arriver parfois par une infime minorité de gens à l'aide sociale, par exemple des gens qui quitteraient le Québec longtemps, etc., infime, infime, infime minorité, mais, pendant ce temps-là, il fait quoi pour les gens à l'aide sociale, qui vraiment vivent dans la pauvreté, paient des loyers qui sont très chers, ont de la difficulté à se nourrir, recourent aux banques alimentaires et ne savent plus comment arriver à la fin du mois? Qu'est-ce qu'il fait, ce ministre-là, là, pour 99,9 % des gens à l'aide sociale? Bien, il ne fait rien du tout, en fait. La réalité, là, c'est ça.

Et quand il dit : Il faut aider les gens à retourner sur le marché du travail, 700 000 emplois sont disponibles — et là c'est extraordinaire — de 2013 — 2013, c'est il y a deux ans, je vous le rappelle — à 2017, bien, moi, je les cherche, les emplois. Ils sont où, tous ces merveilleux emplois disponibles que des personnes à l'aide sociale pourraient occuper? Et y a-t-il adéquation entre les exigences du marché du travail d'aujourd'hui, marché du travail très exigeant, demandant des travailleurs, des travailleuses hautement qualifiés, y a-t-il adéquation, donc, entre les besoins du marché du travail et ce qu'on sait des personnes à l'aide sociale, y compris des personnes aptes au travail ou dites aptes au travail, qui sont souvent des personnes avec de grandes difficultés de détresse psychologique, des problèmes de santé physique, des problèmes d'analphabétisme, des personnes souvent éloignées du marché du travail depuis longtemps et pour qui c'est difficile d'y retourner sans un bon coup de main des centres locaux d'emploi, des organismes communautaires nombreux qui aident les personnes et qui n'ont pas tellement d'argent?

Tous ces jeunes, là, qui sont au chômage, à l'aide sociale ou sans chèque, qui ont besoin des carrefours jeunesse-emploi, le même ministre dit aux carrefours jeunesse-emploi : On va maintenant changer votre mission, et puis, attention, les budgets, ce n'est pas sûr. Elle est où, la logique du ministre, là? Si on veut vraiment, premièrement, qu'il y ait de l'emploi au Québec, bien, il va falloir que le gouvernement du Québec s'organise pour qu'il y ait des emplois créés dans les services publics, dans l'économie sociale, dans la PME, et ce, dans toutes les régions.

Il va peut-être falloir aussi arrêter de couper des emplois, hein? On coupe les CRE, on coupe les CLD, on coupe l'argent dans les CDEC, on met des gens au chômage. Mais, en même temps, il nous dit : Non, non, il y a plein d'emplois, il y a 700 000 emplois, les gens à l'aide sociale, ils vont pouvoir occuper tous ces emplois-là. Bien, dans le fond, il n'y aura presque plus de gens à l'aide sociale, mais c'est faux, et je suis tellement tannée d'entendre des faussetés. Créons des emplois, occupons-nous-en sérieusement et occupons-nous sérieusement de lutter contre la pauvreté et les inégalités.

Et ça, ça prend bien plus qu'une mini-indexation au mois de janvier. Ça prend un rehaussement substantiel des prestations à la sécurité du revenu. Québec solidaire propose un revenu minimum garanti. Avant d'y arriver, on pourrait, à tout le moins, augmenter de façon importante les prestations. Celles-ci devraient couvrir au moins ce que beaucoup d'organismes appellent le panier des besoins essentiels, hein : pouvoir se loger, se nourrir convenablement sans recourir à des banques alimentaires, pouvoir avoir une carte de transport collectif, pouvoir se chauffer, s'éclairer, s'habiller. Vous savez, les choses normales de la vie, là, bien, moi, je voudrais que toutes les personnes, les familles, tous les enfants du Québec, ils aient ce droit-là d'une vie décente, y compris quand ce sont des gens qui sont à l'aide sociale.

Alors, moi, j'invite vraiment le ministre à renoncer à ces compressions. C'est un règlement où des groupes pourront apporter des commentaires, et je sais déjà que des groupes vont lui dire à quel point ça n'a pas de sens. J'invite le ministre à reculer sur des mesures vraiment vexatoires. Je prends un exemple, celui de ne plus accorder d'aide sociale si la valeur d'une maison, pour une personne à l'aide sociale dite apte au travail, est autour de 140 000 $ par année.

Écoutez, on va être concrets, là, un travailleur de la Mauricie a perdu son emploi, parce qu'il travaillait dans les pâtes et papiers, l'usine a fermé. Bien sûr, il va essayer de se replacer. Il va être à l'assurance-emploi, il va peut-être y avoir des mesures de recyclage, de qualification, mais ce n'est pas facile se retrouver un emploi dans une région en perte d'emplois. Ce travailleur-là, qui a une famille sûrement, vit dans une maison, et ça se peut que, compte tenu de la hausse de la valeur foncière des maisons dans les dernières années, sa maison vaille 200 000 $. Alors, quoi, il n'aura plus droit à l'aide sociale? Ou alors on va lui dire : Vends ta maison? Mais attends, vendre sa maison en Mauricie pour aller habiter où? Dans quel logement? Ça existe où, en dehors de Trois-Rivières, ça, des loyers? Shawinigan, peut-être. Où?

Alors, est-ce qu'on est en train de dire à toutes les personnes du Québec qui ont une maison qui peut être relativement modeste, mais qui vaut maintenant dans les 200 000 $ : Bien, arrangez-vous pour ne pas perdre votre emploi puis pour ne pas tomber à l'aide sociale parce que, là, vous allez être vraiment dans la misère? C'est inconcevable. C'est inconcevable, ce genre de mesure. C'est mesquin. Il faut le dire, là, clairement, c'est mesquin.

Je voudrais dire aussi que ce ministre encourage les préjugés vis-à-vis les gens à l'aide sociale. À croire qu'ils sont nombreux à se précipiter dans le Sud l'hiver. Mais avec quel argent, grands dieux? Ils ne seraient même pas capables de se payer un billet d'autobus pour la Floride. Alors, on parle de quoi ici, là? Des gens qui auraient oublié, un mois, de déclarer qu'ils ont pu travailler et… Donc, ils ont droit à 200 $ de gains permis, ils le déclarent le mois suivant, bien, «too bad», ils vont se faire couper. Écoutez, là, ce n'est pas sérieux. Ce n'est vraiment pas sérieux, tout ça pour économiser quelques millions encore sur le dos des plus pauvres.

Un gouvernement qui nous avait dit : Oui, on va atteindre l'équilibre budgétaire, mais sans s'en prendre aux personnes les plus vulnérables. Ce gouvernement ment. Ce n'est pas la première fois que je le dis, il ment clairement. Il veut atteindre l'équilibre budgétaire le plus rapidement possible, ils nous l'ont assez dit. À Québec solidaire, on trouve que c'est de la folie, surtout à ce prix-là. L'équilibre budgétaire, un jour, serait sans doute une bonne nouvelle. On peut le faire en mettant bien davantage à contribution les pharmaceutiques, les minières, les banques, les très grandes entreprises, les contribuables à revenus très élevés. Mais non, le gouvernement, lui, il s'en prend à qui? Il s'en prend aux plus pauvres, aux plus vulnérables, il s'en prend aux familles, il s'en prend aux travailleuses, aux travailleurs du secteur public.

Alors, écoutez, moi, tout ce que je souhaite… Nous, à Québec solidaire, nous allons continuer, évidemment, de faire notre travail comme d'habitude. Nous allons dénoncer haut et fort ces mesures vraiment mesquines et vraiment appauvrissantes pour les plus pauvres d'entre nous.

Mais ce que je sais aussi, c'est que cet hiver, ce printemps, l'automne prochain… Moi, je pense et je l'entends de plus en plus dans ma circonscription et dans d'autres, il se pourrait bien que le bruit des casseroles résonne de nouveau. Est-ce que je le souhaite? Oui. Ce n'est pas moi qui vais l'organiser. Ils n'ont pas besoin de moi, les gens, pour s'organiser. Mais j'y serai, j'y serai avec Québec solidaire, parce que c'est le peuple du Québec qui, à un moment donné, tout entier, va vraiment en avoir assez et va dire au gouvernement du Québec : Vous ne pouvez pas continuer comme ça, nous ne l'acceptons plus. C'est, en tout cas, mon souhait le plus cher, au nom des personnes les pauvres, des familles, des travailleuses et des travailleurs du secteur public. Merci.

(Fin à 10 h 54)

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