(Dix heures trente-neuf minutes)
M. Khadir
: Alors,
bonjour, tout le monde. Après plusieurs années de travail, et de participation,
et de discussions, au Québec comme ailleurs dans le Canada, bien, on apprend aujourd'hui
que désormais la plus haute justice canadienne juge qu'un médecin peut aider un
patient qui souffre, une patiente qui souffre d'une maladie incurable à mourir
dans des conditions, évidemment, bien encadrées.
Je pense que c'est une bonne nouvelle pour
les citoyens, pour le Québec, pour le Canada, surtout pour les malades qui sont
gravement affectés de certaines maladies, par exemple, neurodégénératives très
avancées et qui sont cause d'énormes souffrances pour plusieurs patients et
patientes. Alors, nous nous réjouissons de ça, mais ça jette une lumière crue,
je dirais aussi, sur une réalité, c'est-à-dire lorsqu'il y a une collaboration,
lorsqu'un ministre ou un gouvernement est ouvert à travailler avec l'opposition,
avec le public, à améliorer une situation, on est capable.
Or, aujourd'hui même, on est à l'Assemblée
nationale en train de faire passer par bâillon un projet de loi que le ministre
prétend vouloir nous rentrer dans la gorge, dans la gorge du système de santé
québécois pour améliorer l'accessibilité aux médecins, alors que tout le monde
dans le réseau demande : bien, si c'est ça qu'on doit faire, bien,
travaillons ensemble, faites la tournée des régions, un sommet d'accessibilité
à des médecins de famille. Je viens encore, au moment où je vous parle,
d'entendre plusieurs témoignages là-dessus.
Alors, bravo pour tous ceux qui ont
travaillé. Je tiens à féliciter particulièrement ma collègue Véronique Hivon
qui a été à l'initiative de ce projet de loi qui vient un peu forcer la main de
tout le monde à l'échelle canadienne pour nous remettre à jour et nous mettre à
l'écoute de la population. Et bravo aussi à toutes les collègues qui ont travaillé
avec nous depuis, je crois… on a commencé en 2009, 2010, je ne me souviens
plus.
Merci de votre attention. Est-ce qu'il y a
des questions?
M. Pépin (Michel)
: On
sait que le projet de loi sur l'aide médicale, sur les soins en fin de vie, est
contesté devant les tribunaux. De quelle manière est-ce que cette décision de
la Cour suprême va affecter cette clause à vos yeux?
M. Khadir
: Écoutez, je
ne suis pas un juriste, mais il me semble qu'à partir du moment où il y a une
disposition du Code criminel qui vient d'être invalidée par la Cour suprême, je
pense que, là, la discussion est close pour cette contestation.
Mme Plante
(Caroline)
:
Mr. Khadir, this is a victory for Québec, in sort?
M. Khadir
: It's a victory for patients
who suffer. It's a victory for, I would say, common sense. I'm glad that it's
coming from Québec, but I'm
glad also that the Canadian
Supreme Court has surrendered, I would say, to facts, to common sense, to the
desire of people and to what I consider to be good medical practice. That means
that, at the end of life, when the suffering is too high, it could be part of
the medical treatment and the responsibility of physicians in the health system to alleviate undue and incurable
suffering.
Mme Plante (Caroline)
: Do you agree with Dr. Barrette that Québec has had great leadership in this file?
M. Khadir
: Well, yes, I agree with him,
but I would say the leadership
came from the fact that the Government was open to work with Oppositions and to listen to people, which is
contrary to what Mr. Barrette is doing today. He's pretending that his law that
he's enforcing to us is to improve access to doctors, but nobody agrees apart
him, you know. Everybody else in the health system, and the commentators, and
the experts, and the doctors, and the faculties are saying : No, he's
going the wrong way. If we want to do so, let's work together. Bring it to the commission, open up to people, to
suggestions. We're going to work together to find solutions. But that's not the
way he's dealing with that.
Mme Plante (Caroline)
: How will this decision affect the suit challenging Québec's law?
M. Khadir
: Well, I think the judicial
suits could not... I'm not a specialist, but, from the moment that the Supreme
Court invalidates the dispositions of the Criminal Code that were forbidding doctors to help those
who want to die because they suffer too much, I think there is no case anymore.
M. Lavallée
(Hugo)
: Pourriez-vous élaborer un peu sur le rôle de pionnier
du Québec en la matière? Vous y avez fait allusion brièvement tout à l'heure.
M. Khadir
: Bien, je
dis que c'est formidable, que le Québec a fait oeuvre de pionnier, a pris un
leadership dans ce dossier-là pour surmonter les tabous, je dirais, nos vieux
réflexes. Mais, si on l'a fait, c'est parce qu'il y a eu un travail collégial,
parce qu'il y a eu un gouvernement qui a montré de l'ouverture sur ce
dossier-là.
Mais je dirais qu'il y a un autre
problème, qui est l'accessibilité à notre système de santé qui fait gravement
problème, et tout le monde s'accorde qu'il faut le régler. On aurait pu
approcher ce problème-là de la même manière. Et M. Barrette, qui se réjouit de
ce leadership que le Québec a exercé, devrait s'en inspirer, et, s'il veut s'en
inspirer, ça veut dire qu'il devrait être à l'écoute pour l'amélioration du
système de la santé et non pas concentrer tous les pouvoirs et imposer ses
points de vue à tout le monde.
M. Lavallée (Hugo)
:
Donc, vous mettez sur le même pied un grand débat éthique sur l'aide médicale à
mourir et un projet de loi sur la structure des hôpitaux?
M. Khadir
: Non, mais
on peut s'inspirer… Bien non, mais on peut s'inspirer…
M. Lavallée (Hugo)
:
C'est deux mondes, non?
M. Khadir
: C'est deux
mondes, mais l'approche qui a permis qu'on dégage un consensus fort qui a
apporté ces transformations, c'est parce qu'on a travaillé ensemble. Alors, si,
pour un débat de société aussi sensible, aussi difficile, comme vous le dites,
aussi important, on a été capables de le faire, imaginez pour régler des
problèmes de notre système de santé, s'il y avait un minimum de bonne foi de la
part de ce ministre d'être à l'écoute de ce que lui disent les gens qui veulent
améliorer l'accessibilité. Il n'y a rien qui nous interdit d'être excellents
dans tous les domaines. Il n'y a rien qui nous interdit. Et M. Barrette ne
pourra pas vraiment prétendre qu'il s'inspire ou qu'il est en cohérence avec ce
résultat, parce que ce résultat a été obtenu grâce à une chose, c'est que tout
le monde a travaillé ensemble, le gouvernement a mis de côté la partisanerie
puis sa courte vue puis n'a surtout pas essayé d'imposer son point de vue. Et
vous voyez le résultat formidable qu'on a obtenu.
Mme McKinnon (Catou)
:
Mr. Khadir, you said that the Supreme Court of Canada has surrendered. What do you mean by that?
M. Khadir
: I mean, you know, our system, at every level of
power — and the judiciary is one level of power — would
improve greatly the life of citizens of Canada if they were more attentive to
the desire of the people, because after all these institutions should
correspond to what people need and think in majority. And since we have 80% of
the population which is agreeing, which has come to the notion that we don't
need to prolong the suffering of people for whom we have no alleviation, no
treatment, no cure, it's a good thing that centers of power, the Government as
well as the Supreme Court, surrender to this generous and wise idea.
Mme McKinnon (Catou)
:
As a physician, what difference do you think it will make for those people who
are in those positions of insufferable…
M. Khadir
: I don't know if you remember several of the
testimonies we've had from people who were suffering of from family members of
people who, themselves, took their life in a violent manner because they
couldn't bear anymore the sufferings. Imagine how… «soulagement»…
Une voix
:
Relief.
M. Khadir
: …how relieved they must be at the idea that nobody
else will have to go through the same suffering, through the same violence,
through the same burden for their belongings, for their
most valuable, most loved people.
Mme McKinnon (Catou)
: When should physicians be allowed to begin? Allowing people helping
people to die?
M. Khadir
: Well, as soon as the
accompaniment, as soon as we will have the appropriate bylaws and also
facilities, because it needs, as you remember, a «consentement éclairé»…
Des voix
:
…
M. Khadir
: …informed
consent. All these things need to be implemented. It takes
some time…
Mme McKinnon (Catou)
: We already have that in the bill that Québec prepared and was almost ready to vote on…
M. Khadir
: Yes. But when you ask me
when, well, as soon all these things are implemented. Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 49)